Il a beau dire tout ce qu’il veut. Je ne le crois pas. Il faut se rendre à l’évidence. Les gens sont des menteurs et on ne peut pas leur faire confiance. Ils font des promesses et assurent plein de choses, mais quand il faut les montrer, il n’y a plus personne. Ça je le sais puisque je ne montre jamais que j’apprécie quelqu’un. Déjà parce que je n’apprécie pas beaucoup de personne et surtout… je ne sais pas comment faire. Mais on ne va pas me faire croire que personne ne sait montrer son affection. Leonard par exemple, sait très bien le faire.

Mais les autres. Entre Yokoss qui vient voir Ange juste pour me refiler ces deux gamins pendant qu’elle part risquer sa vie. Même pas de ouai, je ne suis plus en fauteuil roulant ou je te présente mes bébés et leur père. Ou vient on fête la naissance. Non. Juste tiens, je pars à l’aventure, occupe-toi de ça.

Je ne sais pas comment m’occuper de mon propre bébé. Et voilà que je suis baby-sitter. Je vous jure.

Et puis il y a l’autre. Il m’a fait une sérénade sur la trahison, la douleur, le fait que je sais plus quoi à la croisière et la centrale. Il parait qu’on est ami. Je n’ai pas assez de recul pour en juger mais en tout cas, il est un peu plus qu’un simple punching ball ou un remplacement. C’est même bien plus que ça parce que jamais je n’aurai imaginé une seconde laisser mon arène à quelqu’un en qui je n’ai pas confiance et que je n’aime pas. Donc, je pense qu’on peut dire qu’il est mon ami. Et techniquement, les amis, c’est gentil.

Alors pourquoi Ethan n’est toujours pas venu voir Ange ? Ça m’énerve ! Je suis sûr qu’il s’est encore foutu de moi et qu’il voulait juste se servir de moi pour s’entrainer et prendre ma place. Je m’étais promise de ne plus tomber dans ce genre de piège. Et là, bim, je n’étais pas sur mes gardes et le coup de couteau dans le dos. La prochaine fois que je le vois, je le défonce. Il va regretter de s’être payé ma tête.

Je lance un nouveau couteau vers la cible. Il s’y fige avec un bruit net, dans le centre, juste à côté des deux précédents.

Son indifférence m’agace tellement que je n’arrive pas à rester concentrée sur mon entrainement. C’est dangereux et surtout inutile. Je tire toujours au même endroit alors que mon exercice consiste à tirer dans les différentes zones de la cible, pas juste au milieu.

Mais c’est sa faute aussi. Il n’a même pas répondu à mes messages je crois. Je ne vais tout de même pas lui courir après pour venir voir ma fille. C’est tellement un gars pitoyable. Le pire c’est que plein de gens sont venus voir Ange. Toute la famille de Leonard pour commencer. Un passage très pénible, parce que personne n’est venu de ma famille, parce que je n’ai pas de famille. Je me suis sentie tellement seule dans ce monde, avec juste Ange comme ancrage. Puis il y a eu les amis de Leonard. Je ne les aime pas. Et puis les connaissances de Leonard. Et des gens qui ont juste entendu la nouvelle et vu Leonard une seule fois. Et moi, de mon côté, mon seul ami n’est pas venu une seule fois. Un ami, tu parles.

Et merde, je viens encore de tirer dans le centre. Okay, ça ne sert à rien, je remballe. Je quitte le jardin, pénètre dans la maison, juste à temps pour entendre la sonnette.

Qui ça peut bien être ? J’attends personne ? Je suis immédiatement sur mes gardes, un couteau à la main, dissimulé dans mon dos, l’oreille aux aguets, pendant que j’ouvre la porte.
Qu’est-ce que tu fous là ? Dis-je avec véhémence.

Surprise. Sérieusement. Il croit s’en sortir avec une simple surprise ? Pour une surprise, c’est une surprise, et elle n’est pas pire qu’une autre. Mais ça reste une surprise, les surprises, ce n’est jamais bon. Mais il a un sacré culot. Plusieurs mois de silence radio et là, il se pointe chez moi, comme une fleur. Surprise et ça fait un long moment. Je n’aurai clairement pas commencé par ça. Et…

Qu’est-ce que c’est que ça. Dis-je d’un ton cassant.

Il est devenu facteur maintenant ? Pourquoi il me tend un paquet. Je regarde la boite avec un air perplexe et ramène mon regard violet sur Ethan sans prendre la boite.

Je repousse le Beldeneige délicatement. Ils sont de l’autres côté, dans le jardin. Tu peux aller les voir si tu veux. Dis-je au Pokémon pour qu’il aille voir ailleurs.

Discrètement, je range mon couteau dans son fourreau, dans mon dos. Certains diront que je suis armée parce que Voltapolis est devenue dangereuse depuis la fermeture de la centrale. Moi je réponds que je suis toujours armée. Mon couteau ne me quitte presque jamais, c’est mon bien le plus ancien. Celui qui contient mon plus terrible secret.

La pire des merdes. Oui. Il était une larve pour les entrainements, mais je n’attendais finalement pas grand-chose de lui en tant qu’être humain. J’ai failli croire qu’on pouvait lui faire confiance, mais on ne peut pas faire confiance aux humains. Donc finalement, suis-je vraiment surprise.

Mais bien sûr entre donc. D’un ton faussement avenant en faisant mine de laisser passage. Mais je reviens vite en place avec un regard noir. Tu te fous de ma gueule? J’en ai rien à foutre que tu n’ais pas été là pour moi. Tu m’as fait tout un discours sur l’amitié et toi, du jour au lendemain, tu viens, on s’entraine et puis plus de nouvelles. Rien. Et là tu crois que me tendre une boite en te pointant à l’improviste va tout arranger. Non. Tu vas me donner une explication maintenant sinon tu…

Je m’arrête net en entendant un petit glapissement, rapidement suivit d’un râle et de pleurs. Ange vient de se réveiller, certainement un mauvais rêve. Il est trop tôt pour la nourrir.

Sans faire plus attention à Ethan, je m’enlève de l’encadrement et monte à l’étage pour prendre mon bébé. Je la berce et la dorlote. Lui parle d’une voix douce, avec un sourire. Je la caresse, puis Ethan revient à ma mémoire. Je redescends donc pour voir ce qu’il est en train de faire. Je ne vais pas laisser mon trésor comme ça, toute seule. Si elle a fini sa sieste, on va pouvoir la mettre dans son parc pour qu’elle joue un peu. Peut-être se balader à quatre pattes. C’est une vraie exploratrice maintenant.

Ange dans les bras, je redescends dans le salon, en ayant complètement oublié la présence d'Ethan. Ma fille représente tout pour moi. C'est la chose qui m'est la plus précieuse. Et même si elle m'en fait baver à cause des nuits incomplète et de l'attention continuelle qu'elle demande, je suis heureuse d'être là pour elle. Comme un refrain, je me répète que son bonheur dépend de moi, de la manière dont je serai à ses côtés, dont je lui transmettrais ce que je sais. Et contrairement à moi, elle ne sera jamais seule.

Mais en arrivant en bas, je vois Ethan. Et je me fiche. Il ne me faut pas longtemps pour me rappeler qu'il était là avant qu'Ange ne pleure. Et que j'ai laissé la porte ouverte. Il a certainement pris ça pour une invitation à entrer alors que pas du tout. Ce garçon a complètement oublié mon existence et il se ramène comme une fleur maintenant pour voir Ange.

D'un côté, c'est une bonne raison et une bonne façon de s'excuser. D'un autre côté, il m'a complètement abandonnée après m'avoir fait tout un sermon sur l'amitié, qu'il faut être là pour les autres, blablabla. Et lui il m'a oublié. Genre... il avait une excuse je crois. Je ne sais plus q'il l'a dit. Franchement je m'en fous.

J'ouvre la bouche pour le dire de partir, avec une phrase polie parce qu'Ange écoute, mais il est plus rapide.

Oui, c'est ma fille. C'est Ange. Qu'est-ce que tu montres encore avec ta boite?

C'est là que je vois qu'il a ouvert la boite et me montre un pendentif. Je ne porte pas de bijou, parce qu'ils sont gênant quand on se bat. Les boucle d'oreilles se coincent, les bagues et les bracelets s'agrippent et les colliers déséquillibrent. Mais aussi parce que je n'ai jamais eu les moyens d'ne avoir jusqu'à très récemment. Sauf qu'aujourd'hui, je m'en moque des bijous. Je n'en vois pas l'intérêt. Alors je ne m'en paye jamais. Le seul que je porte est là barrette que Leonard m'a offerte. Une barrette simple mais qui ne me quitte jamais. En dehors de ça... je n'ai jamais eu beaucoup de cadeau. On peut les compter sur une main sans problème, aussi loin que remonte ma mémoire.

Je fixe donc bêtement le collier. Puis je regarde l'image. J'ai l'air tellement sévère. C'est à ça que je ressemble en réalité? J'ai déjà vu mon reflet dans un miroir et je sais que je n'ai pas le visage le plus souriant du monde, mais là, je fais carrément la gueule. Une autre photo me vient à l'esprit et c'est celle de ma mère. Immédiatement, la ressemblance est frappante, en dehors du sourire et des yeux. Ceux de maman sont tellement chaleureux et son sourire illumine son visage. Moi, même l'image semble refroidir la pièce.

Je bégaye un moment, Ange toujours dans les bras. Qu'est-ce qu'on fait dans ce cas là? Quand on reçoit un cadeau, on dit quoi? Je dois les prendre? Je dois aller les ranger tout de suite. Lui dire de partir.

Le collier est magnifique, mais je ne comprends pas pourquoi il a fait ça? A la naissance d'Ange, les amis et la famille de Leonard ont fait des cadeaux à Ange, mais pas à moi. On en a eu quelques uns pour nous deux, mais c'était des trucs ennuyeux. Mais là, c'est pour moi et rien que pour moi.

Je... Euh...

Ethan vient à mon secours. Il continue de parler. Et je reste comme un débile debout, avec Ange dans les bras, ce qui n'était absolument pas prévu au départ.

Il ne m'avait donc expliqué son silence radio. Et l'explication est... terrifiante. C'est vraiment le roi des débile. Comment il a pu se faire un traumatisme? Pourquoi dès que quelqu'un s'approche de moi, il lui prend l'envie d'aller se suicider ou de faire des trucs dangereux et mortels. Heureusement que Leonard a arrêté ce genre de bétise et qu'il ne lui prendra pas l'envie de foncer dans un bâtiment pour récupérer un Pokémon. Au moins, il m'apperlera avant pour que je vienne l'aider.

T'es venu t'entrainer avec moi? Avec un traumatisme cranien? Dis-je d'une voix blanche. Oui c'est tout ce que j'ai retenu pour l'instant. Chaque chose en son temps. D'un pas lent, je me dirige vers le parc d'Ange et l'y dépose. Je la baise sur le front et reviens calmement vers Ethan.

D'un coup, je lui mets une tape sèche derrière la tête. Un coup rapide et peu douloureux, pas facile pour une petite comme moi mais j'ai l'habitude.

Mais tu es complètement débile ou quoi? Et même pas tu viens me le dire? Pauvre idiot. Tu as de la chance que cette Lys soit plus intelligente que toi et s'occupe de toi. Mais j'en reviens pas! Et tu veux prendre ma place à l'arène de Glace? Ouai tu aurais dû me prévenir et pas venir te faire secouer comme une pauvre brique. T'es le prince des idiots. Mais avec encore moins de jugeote que Leonard. J'en ai rien à faire que tu aies eu le badge de Yokoss. Tu aurais pu ne plus rien avoir de ta vie, abruti. Et... Raaaah!

Une deuxième tape gratuite parce que les mots c'est compliqué. Je ne pense pas pouvoir transmettre ma frustration, ma peur d'après coup, ma colère, mon soulagement et ma joie de le voir avec des mots. Un coup derrière la tête qui ne le met pas à terre devrait être éloquent.

Je ramène mon attention vers la boite. D'abord la photo. Je la prend doucement, toujours les sourcils froncés.

Comment tu as pris cette photo? Et quand ? Tu as l'air tellement misérable dessus et moi... tellement méchante.

Je suis méchante, je le sais. Je n'ai pas appris à être gentille et je n'en ai jamais trouvé d'intérêt. Mais sur cette photo, c'est tellement évident.

Je regarde alors le collier et ça me ramène à la question d'Ethan sur comment Ange est arrivé. C'était douloureux. Mais aussi une libération. Comme un poids qu'on enlève. Autant en image qu'en vrai. Je me sentais plus légère mais aussi plus libre. J'avais enfin l'occasion de réparer les erreurs passées. Je tenais dans mes bras le résultat de l'amour. Ange est mon foyer, l'ancre qui m'assure la présence de Leonard pour toujours, la certitude de ne jamais être abandonnée de nouveau.

Je prends le collier. Je n'ai pas répondu à sa question ailleurs que dans ma tête.

Je n'ai jamais eu de collier. Je me tourne vers Ethan. Merci.

Je regarde le fermoir et essaye de l'ouvrir. J'ai vu des gens le faire régulièrement au loin. Ça ne doit pas être si compliqué. Je m'escimine dessus, mais je ne comprends pas comment ça fonctionne. Je n'arrive pas à l'ouvrir. J'essaye alors de le passer directement mais il est trop petit et j'ai maintenant l'air débile. Je l'enlève et réessaye, grogne et siffle entre mes deux en vain.

Je ne peux que lui tirer la langue en fronçant les sourcils quand il me dit qu’il est content que je m’inquiète pour lui. Ça surprend toujours les gens quand je montre que je me suis inquiétée pour eux. Ils ne sont pas nombreux pour qui je m’inquiète, ils sont trois. Mais tout de même, Leonard a déjà cette réflexion. C’est normal de s’inquiéter pour les autres normalement. J’ai aussi découvert que tirer la langue peut remplacer une beigne dans la tête quand les gens m’énervent mais pas au point de se faire engueuler et tabasser.

Non. J’aime pas les idiots. Et je ne t’apprécie pas. Mais de toute manière, les gens sont stupides. J’y peux rien. Mais toi, tu en tiens une couche.

Qu’est-ce que j’apprécie chez Ethan. Probablement pas grand-chose. Peut-être même rien. Je ne me suis pas posée la question. Peut-être sa volonté de devenir champion. Je sais. C’est surtout sa capacité à rester près de moi, à me supporter et à ne pas m’avoir abandonné. Il y a trop peu de gens qui sont prêts à me supporter et qui y arrive. Inconsciemment je dois l’apprécier et respecter cette force et stupidité destructrice.

Son stratagème pour prendre des photos est excellent. Je le regarde en plissant des yeux.

Qui t’a donné cette idée ? Elle ne vient certainement pas de toi. Tu l’as toi-même avoué, tu es un idiot.

Je regarde la photo. Non. Je n’ai pas l’air déterminé. Si, un peu, mais c’est tellement froid, comme détermination. Tellement… terrifiant. C’est bizarre. Je m’étais toujours imaginée désagréable, et méchante, mais plus comme une adolescente grognon. Tout le monde me prend pour une gamine mécontente quand je voulais travailler. Ce n’est pas moi qui m’imagine trop jeune. Mais en fait, j’ai juste l’air méchante et en permanence mécontente et énervée.

Ethan vient me donner un coup de main avec le collier. J’ai appris plusieurs choses auprès de Leonard et d’Ethan. Eux, ils ne se moqueront pas de moi s’ils doivent m’aider. Moi, je râle et les insulte quand ils ont besoin d’aide ou qu’ils font quelque chose seuls alors qu’ils devraient demander de l’aide (ça veut dire que je râle et les insulte tout le temps). Mais pas eux. Il m’aide à mettre le collier sans commentaire et en ayant quelque difficulté. Et là, je me dis que si je dois l’enlever, je n’y arriverai certainement pas seule. C’était une mauvaise idée.

J’essaye de le regarder pour voir ce qui le rend plus joli, mais je ne vois pas grand-chose, en dehors de ma poitrine qui maintenant est bien plus grosse qu’avant. Je plains les filles qui vivent éternellement avec une peur de seins énormes.

Pourquoi est-ce qu’il ne serait pas confortable ? Comment je sais qu’il n’est pas confortable ? Je veux dire, je n’ai jamais eu de collier. Comment je peux savoir qu’il peut être plus confortable qu’un autre collier ?

Je lâche le collier et bouge un peu. C’est rigolo. Il bouge avec du retour. Pas très pratique certainement pour le sport mais sinon, ce n’est pas gênant.

Non. Leonard est sorti pour un truc de sa machine. C’est son nouveau projet et sa vie maintenant tourne autour de ça et d’Ange. Je ne sais pas quand il va rentrer. Pourquoi tu veux le rencontrer? Tu vas pas faire comme Yokoss à juger les gens que je fréquente tout de même. Tu pourras pas te cacher derrière ton trauma éternellement. Et d’ailleurs. C’est qui cette Lys? Ta copine?

Le trône des idiots est déjà pris. Et bientôt, il va falloir l'installer dans le salon parce que mon idiot de Leonard va certainement vouloir s'asseoir dessus tous les jours. Sérieusement, il me désole. Il invite plein de gens pour parler de truc absurde. Mais franchement... Il y a des gens qu'il ferait mieux de ne pas inviter. Genre... cette Maya pernicieuse. Je vais vraiment lui dévisser la tête si elle continue à venir comme ça dans la maison. Même avec une invitaiton de Leonard, ce ne sera pas suffisant.

Tu y as pensé toi-même ? Me fais pas rire. Tu avais un problème au cerveau y a pas si longtemps que ça. J'ai du mal à y croire, parce qu'il n'y a rien dans ton crâne. C'est pour ça qu'on peut cogner dessus sans craindre de séquelles chez toi.

Et attend une minute.

Qu'est-ce que tu entends par une tête aussi dure que la mienne ?

Sérieusement, qu'est-ce que ça veut dire ce truc ? La tête dure, comme certains Pokémons ? C'est un compliment ou une insulte ? Si c'est une insulte il va s'en prendre une. Mais après sa commotion, est-ce une bonne idée de lui mettre des tartes ?

En tout cas, il dit quelque chose de sensé. Non, il n'a pas à juger les gens que je fréquente. Parce qu'il en fait partie déjà et que... il a disparu pendant des mois sans donner de nouvelles, alors sérieusement, son avis, je m'en moque profondément.

Je le regarde prendre une expression gênée et baffouillante. Pourquoi on est toujours gêné de parler de ses amoureux ? Moi c'était compliqué parce que j'ai toujours vécu seule et était fière d'être indépendante, alors accepter qu'un autre puisse être dans ma vie et pire encore, que mon bonheur puisse dépendre de lui... c'était dur à accepter. Jusqu'à ce que je me rende compte que je n'étais pas heureuse avant. Ou alors trop rarement.

Je lève un sourcil perplexe. Il n'aura jamais de copine. Comment ça. Il est castré ? Genre, c'est une condition nécessaire pour avoir une copine. On est obligé d'avoir un pénis fonctionnel. Avec Leoanrd, il est vrai qu'après l'avoir fait une fois, on l'a fait très souvent et partout. Mais avant, on était bien tout de même, et maintenant, aussi. Alors pourquoi ?

Quoi ?

Je n'ai pas compris ce qu'il a dit.

Articule ou alors je te redresse la mâchoire de force.

Il aime les hommes. Je le fixe intensément, le temps que l'information progresse dans mon esprit. Puis une première question arrive.

Mais tu es un homme, non ?

J'ai déjà rencontré un homme qui aime les hommes, mais c'était un gars comme ça. Genre un type louche dans la rue. Ethan n'est pas louche ni bizarre. Juste stupide. Alors je ne comprends pas comment il pourrait aimer les hommes.

Mais tu aimes les femmes aussi ?

Mes sourcils sont froncés. La réflexion se lit sur mon visage alors que j'essaye de comprendre de quoi il parle. Un homme qui aime les hommes.

Qu'est-ce que tu entends par : j'aime les hommes. Genre... comme moi j'aime Leonard ? Ou comme dans j'aime les hommes plus que les femmes, je ne traîne qu'avec des hommes.

Ça ne fait aucun sens. Mais j'écoute Ethan puis je hausse les épaules et perds mon expression perplexe.

D'accord. Si tu veux.

J'en ai rien à faire. Il peut bien aimer qui il veut. Ce n'est pas mon problème. Je ramène mon attention sur la photo, puis sur Ethan. Puis sur le collier.

Normalement, je devrais t'offrir un cadeau en retour non ? Parce que... c'est pas mon anniversaire et que c'est pas pour Ange... mais j'ai rien pour toi. Tu aurais prévenu j'aurai pu faire quelque chose.

Du bruit dans le jardin attire mon regard. Ma Beldeneige joue bruyamment avec celle d'Ethan.

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Moi ? Têtue ? Et qu'est-ce que ça veut dire que ça peut être un défaut comme une qualité ? Il n'y a rien qui peut être les deux, c'est soit bien ou mal. Et je ne vois pas en quoi je suis têtue. C'est parce que je ne change pas d'avis avec le vent et que je reste attachée à mes choix par cohérence ? Si c'est ça, bah désolé, mais je suis comme ça. Je ne change pas d'avis pour faire plaisir ni ne m'excuse si ce que j'ai fait ne plaît pas. Parce que j'assume mes actions et je refuse de m'excuser pour un oui ou un non. Il est rare que je m'excuse, c'est souvent signe d'une grave erreur de ma part.

Je me contente de hausser les épaules. Qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça. Il me trouve têtu et il se trompe. Ce n'est pas la première fois. A quoi ça sert de remuer le couteau dans la plaie et encore dire qu'il est stupide et est dans l'erreur. On en reparlera sur le terrain quand il manquera de se casser une jambe. Ça le fera peut-être réfléchir.

Il m'explique alors sont truc de petit copain. Son truc de copain comme Leonard, j'y crois difficilement. Il n'y a qu'un seul Leonard et il est à moi. Je ne vois pas non plus comme un presque Leonard pourrait expliquer le fait qu'il ne peut pas avoir de copine.

Je le fixe intensément pendant que je digère l'information. Donc en fait, il avait un petit copain qui était un homme, ce qui est logique puisque c'est un copain. Mais ce que je ne comprends pas c'est que Ethan est un homme, donc il devrait avoir une petite copine. Pas un petit copain. Je fronce les sourcils.

Je comprends pas. T'es un homme pourtant non ? Je veux dire... Tu fais ce que tu veux. Je m'en fous. Mais tu devrais pas être avec des filles ? Genre... Enfin... tu fais comment pour... euh... avoir des enfants par exemple ?

Enfin c'est super bizarre comme idée. Et puis... les garçons, ils préfèrent les filles, donc il doit pas avoir beaucoup de garçon avec son délire. Il est tellement bizarre ce garçon. Mais bon, c'est sa vie, pas la mienne. S'il veut traîner qu'avec des garçon, il fait ce qu'il veut et... attends une minute...

Que les choses soient claires. Tu es bien au courant que je suis une femme. On est d'accord.

Qu'il ne traine pas avec moi parce qu'il me prend pour un garçon et et que d'un coup, il va avoir une mauvaise surprise. Ce serait gênant pour lui. Et douloureux.

Parlant du collier, je le regarde de nouveau.

Je l'aime bien.

Je ne sais pas trop comment faire quand on reçoit un cadeau. Je veux dire... avec Leonard, je lui fait un câlin, ou plutôt, il me fait un câlin quand il m'offre quelque chose. Mais il ne m'a pas tant offert de chose à l'exception de cette pince à cheveux. Et moi non plus je ne lui ai rien offert.

T'entraîner ? Pourquoi pas. Il faut bien que je rôde ma nouvelle équipe. Et peut-être que tu seras moins mauvais ici qu'à l'arène. Et contre autre chose que des Pokémons Glace. Tu apprendras peut-être deux trois choses nouvelles. Et si vraiment tu y tiens, je retiendrai mes coups. Pour t'éviter une nouvelle commotion, et pas convalescence, débile.

Il a même déjà oublié sa maladie en une conversation. Il n'est pas futé ce garçon.

Tu veux peut-être voir ma nouvelle équipe. Bah oui. Je ne vais pas retourner à mon horrible vie d'avant d'être championne. Il est hors de question que je redevienne serveuse, et que je serve une horde d'abruti dans ton genre. Non. Je vais débarrasser l'île d'un autre de ces boulets et vais prendre un autre poste. Tu vas vite comprendre.

Leonard est au courant, mais c'est tout. Personne d'autre ne le sait. Mais même Leonard ignore pourquoi ma deuxième équipe est une équipe Poison. Un de mes professeurs soupireraient certainement en pensant qu'il était temps. Un autre se dirait que je faisais enfin une croix sur mon passé pour prendre ma place. Mais je sais que celui qui aura raison se dira que je retombais dans mes anciens travers. Dans mes défauts. Dans mon erreur. Hélas, il ne sera plus là pour me sermonner. Il est mort peu après mon départ du dojo. Il a toujours été dur avec moi. Il était le plus gentil de tous, et avec tous les autres membres du dojo, sauf moi. Il était cruel et violent. Malgré son âge, je n'ai jamais réussi à le vaincre, ni même à lui porter un coup. Personne n'y arrivait. Mais personne ne finissait dans mon état après un combat. Il me rendait les coups avec bien trop de violence.

Je regrette sincèrement qu'il ne soit pas là, aujourd'hui, pour me prodiguer des conseils. Quand j'y pense, c'est peut-être la première personne qui ne m'a pas abandonnée.