| Comme un homme feat. Bunji
Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
Age : 23
Région : Unys
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À l'heure où le soleil est le plus chaud, une imbécile s'entraîne durement dans la clairière, au pied des champs de tournesols. Cette idiote qui crève de chaud et suant à grosse goutte, c'est moi. Mon t-shirt ample colle à ma peau, mes pieds carbonisent dans mes sneakers bleus et même si je porte un mini-short, une casquette et une queue de cheval, je peine à rafraîchir mon corps. Cependant, je n'abandonne pas l'effort : il faut continuer à travailler pour le prochain match d'arène.
Méga-Kangourex affronte Pingoléon. Le but de l'exercice est que Mama apprenne à s'harmoniser avec le petit. Ce dernier, entré en crise d'adolescence, écoute de moins en moins sa mère, voulant s'affranchir des limites qu'on lui impose.
« Mama, utilise Ultimapoing ! »
La Kangourex regarde son petit, cherchant un signe d'approbation. Le gamin est prêt à en découdre mais je crains que son impulsivité nuise à leur coordination. Les deux pokémons chargent leur poing d'énergie avant de frapper.
Quant à Ophélia, elle doit apprendre à maîtriser la capacité Z de l'aquazélite.
« Allez Ophélia ... »
J'active mon bracelet scintillant d'une lumière bleutée. J'active l'aquazélite et débute la chorégraphie : les bras croisés puis décroisés, j'effectue des mouvements de vagues avec mes bras. Pingoléon réagit immédiatement et utilise le Super Tourbillon Abyssal.
Il faut dire qu'Ophélia gère comme une pro : une vague déferlante percute Kangourex, submergé par l'eau, un typhon infernal aspire les deux kangourous dans les abysses.
« Ok, PAUSE ! »
Il faut dire que ce bain de fraîcheur fait du bien, même si je suis complètement trempée. Kangourex, elle, n'est sûrement pas de cette avis : la violence de l'attaque a sonné elle et son petit. Je me dirige vers eux pour leur donner un Total Soin. Puis je reviens vers Ophélia pour la féliciter.
« C'est l'heure du déjeuner. Ouuh j'ai hâte ! »
Pour l'occasion, Astelle m'a préparé un délicieux pique-nique hoennien, autrement appelé bentō, dont il me tarde de goûter. Des petits légumes sautés, un œuf dur, des saucisses en forme de Poulpaf et du riz pour accompagner le tout, que demander de plus ? Voilà un repas équilibré qui va me donner de l'énergie pour le reste de la journée ! Je remarque alors, collée sur la boîte, un mot attendrissant :
- Astelle a écrit:
“Défonce-toi, puis défonce-les tous, Manon ! \o/
ps : et puis rentre à la maison sans te faire de vilains bobos, d'accord ?
À ce soir !”
Nous nous posons sur un banc en bois, la vue sur les collines. Un arbre nous abrite du soleil, parfait pour déjeuner. Je dévore avec amour le repas, en songeant à mon amie qui cuisine avec beaucoup d'attention et d'effort pour moi. Je te promets Astelle, tu n'auras pas fait ça pour rien ! En attendant, je me torture l'esprit pour trouver une stratégie contre le champion d'arène de type Sol : Bunji. Je l'ai brièvement rencontré à la suite d'une mission qui a magnifiquement échoué fonctionné. Cependant, je n'ai vu guère ses pokémons à l'œuvre, ce qui ne m'aide pas à anticiper ses attaques.
Je termine mon repas en buvant de l'eau et en allumant une cigarette. Alors que je feuillette mon carnet de note, j'entends un bruit qui capte mon attention. Qu'est-ce que c'est ?
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|  | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
Née le : 18/08/1996
Age : 27
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| Mais quel était ce bruit dans les collines ? C’était un sifflement.
Un bruissement. Un son à la fois sec et caressant.
Semblable au bruit du vent qui se perd dans les arbres.
C’était comme si quelque chose était en train de se déplacer.
Au-dessus de nos têtes. Au-delà de la canopée. Au-delà même de la mer de nuages.
C’était gros. C’était vivant.
A la manière dont la chose louvoyait au-dessus des branches, perdait ou gagnait en altitude, au gré des caprices du vent, on devinait sa silhouette, son épaisseur. Une créature de plusieurs mètres de long. Large comme un homme fait. Qui rôdait au-dessus des vertes collines Kishikiennes.
...peut-être était-ce le moment de rentrer à la maison ?
Non, Manon était une personne courageuse, n’est-ce pas ? Pas vraiment le genre à abandonner au premier signe de danger.
Parfois, à travers les branchages, on distinguait l’éclat mat de ses écailles.
L’ombre terrible qu’elle posait sur la clairière.
Seulement pour un bref instant.
Quel genre de créature pouvait s’emparer du ciel, ainsi ?
Blanche et bleue.
Bête volante et colossale.
…la jeune femme était-elle sûre de vouloir le savoir ?
Émergeant du couvert des bois, Manon risquait fort de tomber nez-à-nez avec un terrible… - Un parfaitement terrible…!:
LÉVIATOR ! Cette expression courroucée, à la limite de la constipation, qu’on ne pouvait retrouver chez aucun autre poképoisson…!
Il n’y avait pas de doute ! Non aucun !
C'ÉTAIT UN LÉVIATOR. - Un Léviator, vraiment ?:
Ah. Non. Pas du tout. Ou alors, celui-ci était tellement vieux et fripé qu’il avait pratiquement une tronche en papier mâché. Et puis, le bruit qu’il faisait. L’impression qu’il dégageait…  A mieux y regarder, on aurait vraiment dit qu’il était simplement fait de papier. Au gré d’une embardée aérienne, le Léviator-déjà-mâchouillé remonta se perdre dans les nuages, en compagnie d’un Magicarpe tout aussi plat. Et tout aussi moche. Des fils argentés, scintillant sous le soleil, reliaient ces vilains poissons-en-papier à une silhouette, un peu plus loin, sur la colline. Les mouvements de ses mains rappelaient ceux d’un chef d’orchestre. Et puisqu’il semblait beaucoup trop grand pour être un enfant, cette activité ludique n'était vraiment plus de son âge. ...car même si leur apparence était inhabituelle, les monstres qui avaient envahi la colline étaient de simples cerf-volants. Du même genre que ceux dont on embellissait le ciel, lors des festivités traditionnelles du Hoenn oriental.
 Derrière le jeune homme, se tenait un vieux moulin décrépi. Manifestement inhabité depuis un certain temps. La population de Kishika étant sur le déclin, nombreux étaient ceux à quitter le patelin en rêvant d’une vie meilleure, et seuls demeuraient les vieilles personnes et les paysans endurcis. Il n’était donc pas rare qu’on trouve ce genre de bâtiments en périphérie du village, ayant appartenu à une famille de fermiers qui avait renoncé à vivre de la terre. Manifestement, on avait commencé à restaurer le moulin, qui semblait en plein travaux. On avait bâti un four à pierre tout neuf contre le vieux bâtiment. Plusieurs établis et des matériaux de construction traînaient également à l’air libre. Des tas de choses curieuses. Des pierres. De la toile colorée. Et beaucoup d’objets manufacturés en argile. C’était un vrai chantier. Mais pour le moment, revenons-en plutôt à nos cerf-volants.Un poképoisson-de-papier dans chaque main, Bunji infléchissait la course du Magicarpe et du Léviator. Faisant monter les deux au ciel à la manière de grands rubans torsadés, d’orange et de bleu, se tournant autour, et se querellant parfois. Quelque part, on aurait dit une danse. Aérienne et gracieuse. Un genre de spectacle traditionnel qui aurait la faveur de l’est. ...et maintenant que Manon était suffisamment proche pour assister à la scène, le curieux voyageur semblait l’avoir repérée aussi. Pivotant souplement sur lui-même, Bunji parut rembobiner les fils d’argent autour de ses poignets. Dans une cadence qui avait quelque chose de saccadé. Qui donnait l’impression aux pokémons-de-papier naviguant le ciel d’être soudain emportés par les vagues d’une mer houleuse. Les deux énormes cerf-volants dérivèrent brutalement le long du flanc de la colline. Dans un bruit terrible, un froissement sinistre, non seulement du papier qui couvrait les cerf-volants, mais également de la fine armature interne en zinc qui leur servait de squelette. — Réfléchis vite… et fais gaffe ! lui cria-t-il avec un sourire carnassier. Car oui. Ayant pris note de la présence de sa spectatrice... ...c’est manifestement à dessein que Bunji était en train de lui faire tomber les deux-cerfs volants sur la tronche.  ...mais quel fumier. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
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Soudain, l'ombre d'un monstre nous avale, attirant mon regard vers le ciel pour le mirer de mes propres yeux. Est-ce un oiseau ? Un avion ? Non, c'est ...
« UN LÉVIATOR !!! »
Ne réfléchissant pas une seconde de plus, je bondis du banc en pointant l'ennemi du doigt, exigeant à mon Kangourex d'utiliser Lame de Roc. Très volontaire, Mama exécute mes ordres, faisant trembler la terre où jaillissent des pierres aussi tranchantes que la lame d'un couteau.
Lorsque la tête du Léviator se déchire en lambeaux comme du papier, je réalise qu'il est factice. C'est alors qu'un Magicarpe volant surgit au dessus du feuillage. Admirant les rubans qui le décorent, je comprends que quelqu'un s'amuse à faire du cerf-volant et je viens d'en bousiller un. Mince alors.
Balayant le paysage du regard, je tombe sur l'homme au cerf-volant. Son visage caché par une grosse frange en bataille, je peine à le reconnaître.
« Réfléchis vite… et fais gaffe ! » Me met en garde l'homme aux canines apparentes.
Les yeux rivés sur les cieux, j'aperçois le Magicarpe en papier piquer en ma direction. L'air sérieux, je ne change pas d'attitude et demande à Ophélia de massacrer ce cerf-volant de pacotille. Et elle va s'en donner à cœur joie.
« Ophé', utilise Hydroblast. »
On ne rigole pas durant les entraînements de Manon. L'impératrice ouvre le bec, concentrant une énergie aqueuse phénomènale avant de tirer droit sur le Magicarpe. Sans aucune résistance, il se désintègre et les restes s'effondrent dans l'arbre.
« C'est super, vous êtes super réactifs, les gars. Continuez comme ça, et on ne fera qu'une bouchée du champion de l'arène sol ! »
D'ailleurs, je ne me suis toujours pas informée sur la nouvelle personne qui occupe l'arène sol. Ça sera la prochaine étape de mon entrainement : apprendre à anticiper ses pokémons et trouver les meilleurs combinaisons pour le défoncer.
Je m'approche de l'inconnu, la mine boudeuse. Il ose m'attaquer avec ses avions en papier pendant que je déjeune ? Quel sacrilège. Il ne va pas s'en sortir comme ça.
« Dis donc toi, t'es qui pour venir me faire chier pendant que j'bouffe ? C'est quoi ce manque de respect ? » lui dis-je d'une voix de loubard.
Je toise le jeune homme, analysant son visage de plus près. Sa tronche me dit quelque chose mais impossible de m'en souvenir.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
Née le : 18/08/1996
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| Pas trop mauvais, les réflexes.La Lame de Roc du Kangourex se fracassa dans la tronche fripée du Léviator-en-papier ! Soulevés du sol par la violence de l’attaque, des débris de roche s’enfoncèrent dans l’armature éventrée du cerf-volant, lequel avait tout perdu de sa superbe. Manon l’avait envoyé valdinguer à la manière d’un vulgaire déchet ! L’orbe aquatique d’un Hydroblast percuta le Magicarpe à son tour ! Traversé puis emporté par le courant, la force de l’impact parut proprement nettoyer le poisson de toute sa chair, ne laissant de lui que le squelette (soient les arêtes en zinc) tandis que tout le papier était réduit à l’état de pulpe visqueuse et dégoulinante. — C'est super, vous êtes super réactifs, les gars. Continuez comme ça, et on ne fera qu'une bouchée du champion de l'arène sol !Bunji eut un demi-sourire. Elle ne croyait pas si bien dire…Les bras toujours emmêlés par les fils d’argent, le jeune homme sentit croître la traction. Les deux cerf-volants, quoiqu’en bouillie, étaient partiellement toujours dans les airs… et projetés à forte vitesse par la puissance des deux capacités. Tiré vers l’arrière, ses pieds glissèrent. Il se sentait attiré par le précipice.— Dis donc toi, t'es qui pour venir me faire chier pendant que j'bouffe ? C'est quoi ce manque de respect ?Le jeune homme ne répondit pas. Et pour cause : il avait trop solidement noué les fils autour de ses poignets, laissant le minimum de jeu possible pour contrôler ses engins volants avec le maximum de précision. Le poids des deux projectiles, de roche, de zinc et de papier mâché le forçaient à tendre violement les bras vers l’arrière. Chaque débris de cerf-volant pesait peut-être 7 ou 8 kilos seulement… mais chacun était long de six mètres et offraient une très grande prise au vent. ...et le vent venait de se décider de souffler.  — Ah… crotte, marmonna-t-il, l’air résigné. Et soulevé de ses pieds, le voyageur tomba à la renverse. L’appeler précipice était peut-être lui faire trop d’honneur, mais la colline était caillouteuse et pentue. Ce dénivelé de cinq mètres - du genre assez douloureux, surtout si on s’amusait à le descendre sur les fesses, ou disons, en roulé-boulé - dura bien vingt-cinq secondes. Sacrée gamelle...~ Vingt-cinq secondes de patatra plus tard ~ ...finalement parvenu tout en bas, le jeune homme demeurait étendu sur l’herbe rase. Couvert de poussière et de gravillons. Les bras en croix. Sa pauvre carcasse se traîna sur quelques dizaines de centimètres encore, avant que les débris de cerf-volant ne heurtent finalement le sol avec un bruit mou. Et à condition de se rapprocher pour constater de l’ampleur des dégâts...
Manon pourra entendre le jeune catastrophé baragouiner ces bien curieuses paroles. — F-… félicitations, Manon…
Tu viens de n’faire qu’une bouchée du champion de l’Arène Sol…
Tu peux r’partir avec le badge Cerf-Volant… (Félicitations Manon !
Tu es la toute première personne à acquérir un badge des mains de Bunji d’Izabe !
Il n’a… peut-être pas l’air très officiel, mais comme personne dans la région n’a encore battu le Champion Sol, personne n’est capable de prouver le contraire !) |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
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Aucune réponse de la part de l'inconnu. À la place, j'assiste à un spectacle comique d'un mec, tombant d'une colline à cause de la gravité de ses cerfs-volants délabrés. Ne pouvant plus volés, ils s'écrasent tout comme leur possesseur en bas de la pente rocheuse. Je me précipite à sa rencontre et, au lieu de me demander si tout va bien, j'explose de rire lorsqu'il m'annonce à demi-mot :
« F-… félicitations, Manon… Tu viens de n’faire qu’une bouchée du champion de l’Arène Sol … Tu peux r’partir avec le badge Cerf-Volant … »
Pingoleon et Kangourex me regardent, exaspérés par ma réaction. Essuyant mes larmes de rire, je me décide enfin à l'aider. Je lui tends ma main, le sourire aux lèvres.
« T'es Bunji c'est ça ? Le champion d'arène de type Sol, j'crois qu'on s'est déjà vu quelque part. »
J'époussette le garçon avant de regarder ses mains toutes abîmées.
« Moi, c'est Manon Dubell. Dis donc, c'est une sacrée chute qu't'as fais là, t'es tout amoché ... »
J'amène le jeune homme sur le banc avant de sortir ma trousse de secours.
« Heureusement que ma copine m'a apporté ça ! J'vais pouvoir te soigner. »
Sans lui donner son avis, je tapote sa plaie sur le genou à l'aide d'un coton imbibé d'alcool.
« C'est marrant quand même ... »
Une fois désinfecté, j'applique le bandage avant de relever mon regard vers le jeune homme.
« Je me préparais justement avec mes pokémons pour venir te défoncer à l'arène. »
Je me rassieds sur le banc pour m'occuper de ses mains.
« Ça s'rait dommage que le champion qu'je compte affronter tombe en morceau. Alors guéris vite, p'tit gars. »
Une fois les premiers soins appliqués, je lui donne une bonne tape amicale sur le dos, oubliant les griffures causés par la caillasse qui recouvrent sa peau. Je me rallume une clope en me vautrant sur l'assise, sans quitter le garçon des yeux.
« Plus sérieusement, qu'est-ce tu fous là ? T'as pas des noobs qui veulent t'affronter à l'arène ou tu préfères emmerder des jeunes filles qui travaillent dures pour te laminer ? »
- Notes:
Je veux un sprite du Badge Cerf-volant.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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| Homme de peu de mots, Bunji laissait la jeunette palabrer dans le vide. Il ne présenta aucune résistance lorsqu’elle se proposa de l’aider, et sans réaction particulière, se contenta de porter un regard attentif sur ses faits et gestes. « T'es Bunji c'est ça ? Le champion d'arène de type Sol, j'crois qu'on s'est déjà vu quelque part. » Ils s’étaient croisés à l’Arène de Kishika, il y avait seulement quelques jours de cela. Qu’elle ne le reconnaisse pas était un signe évident de l’état de stupeur béate dans lequel se trouvait constamment la dénommée Manon. « Moi, c'est Manon Dubell. Dis donc, c'est une sacrée chute qu't'as fais là, t'es tout amoché … » Les présentations étaient superflues... mais Bunji s’abstiendrait cependant de tout commentaire en ce qui concernait la chute. Il préférait passer à autre chose. « Heureusement que ma copine m'a apporté ça ! J'vais pouvoir te soigner. » La trousse de secours ne lui appartenait donc pas. Ce qui expliquait ses hésitations ponctuelles et ses soins maladroits. ...elle s’entraînait donc dans la clairière sans même le nécessaire pour se soigner en cas de mauvais coup. L’opinion de Bunji périclitait de seconde en seconde. « C'est marrant quand même … » Ah bon ?« Je me préparais justement avec mes pokémons pour venir te défoncer à l'arène. » En effet, hilarant.« Ça s'rait dommage que le champion qu'je compte affronter tombe en morceau. Alors guéris vite, p'tit gars. » Une déclaration assez présomptueuse... mais au moins avait-elle un peu de gueule, à défaut d’autre chose. Le bilan d’évaluation que Bunji dressait de ce challenger potentiel n’était pas très positif. Ses réflexes étaient passables ; au moins ne risquait-elle pas de se faire éclater au détour du chemin si elle errait dans un coin un poil sauvage. Ses soins étaient plutôt médiocres ; Manon ne semblait pas d’un naturel prévoyant, au contraire, c’était sans doute le genre de courge qui jugeait malin de se promener torse-nu dans le désert. Sa formule d’entraînement était assez naze ; faire s’affronter ses pokémons entre eux ? C’était à peu près aussi pertinent que de jouer tout seul aux échecs. Quel intérêt ? Son attitude, quant à elle, n’était pas mauvaise....mais cette confiance en soi ne reposait que sur du vent. Bunji pariait sur une façade creuse : au premier obstacle un peu sérieux, Manon s’écroulerait comme un château de cartes. Pour quelqu’un qui prétendait obtenir un deuxième badge, c’était un peu léger. Voire même carrément minable.
Voilà qui lui donnait envie de la bousculer un peu. « Plus sérieusement, qu'est-ce tu fous là ? T'as pas des noobs qui veulent t'affronter à l'arène ou tu préfères emmerder des jeunes filles qui travaillent dures pour te laminer ? » — Je crèche ici, parfois. Les villageois lui avaient donné la permission de rénover le moulin et d’y installer son atelier, mais il ne voyait aucune raison de confier cette information à la jeune femme. Au contraire, l’ignorance présumée de son adversaire... tout comme son attitude laxiste étaient en train de le foutre gentiment de travers.— Je t’écoute bavasser depuis tout à l’heure, grogna le "sympathique" gaillard, et t’as franchement pas l’air de savoir de quoi tu parles.Et aux yeux de Bunji d’Izabe, il n’y avait rien de pire que de se comporter en touriste. De débarquer, les mains dans les poches, convaincu que les gens voudraient bien vous aider. La nonchalance creuse de Manon ne lui inspirait rien d’autre qu’une profonde incompétence. Le voyageur se redressa, le regard mauvais et dédaigneux.
— Un prétendu challenger devrait pourtant connaître les modalités du défi : y’a pas d’arène.
N’importe qui peut me défier. N’importe où, n’importe quand. A deux reprises déjà, Manon Dubell s’était prétendue capable de le “défoncer”, ou de le “laminer”.
Eh bien… c’était là l’occasion rêvée de lui démontrer toute l’étendue de sa médiocrité.
Qu’elle ose seulement le défier.
Il la pulvériserait fissa, puis rentrerait se préparer pour ce soir.
La grand-mère d’Ombline l’avait convié à dîner. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
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D'abord, le gars me répond un peu sèchement, sans chercher la conversation. C'est peut être dans sa nature, il n'est probablement pas bavard. Puis, il me parle avec son air présomptueux :
« Je t’écoute bavasser depuis tout à l’heure, et t’as franchement pas l’air de savoir de quoi tu parles.
- Par ... Pardon !? »
Je fais les gros yeux, le sourcil qui tique. Sans prendre gare à ma réaction, le mec me toise avec son regard de poufiasse populaire et ajoute sans mâcher ses mots :
« Un prétendu challenger devrait pourtant connaître les modalités du défi : y’a pas d’arène. »
Que veut-il me dire par là ? Qu'à n'importe quel moment je peux lui casser la gueule ?
« N’importe qui peut me défier. N’importe où, n’importe quand. » me lance-t-il d'un regard provocateur, presque moqueur.
Peut-être est-ce une tentative de sa part pour que je lui dévoile ma stratégie de combat. Il est hors de question qu'il m'épie pour mieux me contre-attaquer par la suite. Je ne suis pas encore prête, je veux attendre le bon moment.
Je prends une profonde inspiration, me suppliant intérieurement de ne pas craquer. J'ai mûri, je vais pas me laisser m'emporter pour si peu. Mon regard noir se plante dans le sien et ma main serre malgré tout sa plaie bandée.
« Eh ? Tu crois pas qu't'es un peu culottée de m'parler comme ça alors que j't'ai sauvé ?, bon ok il n'est pas en danger de mort mais je veux le faire culpabiliser, j'aurais pu m'foutre de ta gueule, te filmer et poster ta chute minable sur Instagram. »
Merde, je m'emporte avec mes scénarii bidons. Je libère son bras avant de saisir une clope que j'allume.
« Mais bon t'inquiètes, j'vais faire comme si tu m'avais jamais demandé en duel. À moins que tu fasses un concours de gros muscle ? »
Je glousse de rire, essayant de remettre de l'ambiance avant que Bunji ne casse tout. Je tire longuement une latte avant de réfléchir à ce que je vais dire. J'ai décidé d'être réglo.
« J't'avoue, j'suis pas encore prête à te battre avec mon équipe, je me confie avec un certain détachement, ma fierté mise de côté, mais si tu veux, on peut faire un concours de bras d'fer ! »
Je me lève pour me placer en face du type, lui exhibant mon biceps un peu dodu.
« J'ai battu pleins de mec avec mes p'tits bras ! Donc si t'es un homme, vient m'affronter ! »
Mes yeux ne sont plus écarquillés de colère mais brillent de malice. Une fois d'accord, je vais lui présenter une pierre aussi plate qu'une table faisant office de ring. Je balance la Pokéball de mon formidable Granbull, qui fera office d'arbitre et de porte-cigarette.
« Tiens mon gros. Tu peux tirer s'tu veux. » je tends ma clope à mon chien avant de lui donner une caresse.
Je me tourne vers mon adversaire, le regard aussi espiègle que le sien.
« PP sera l'arbitre. Trois manches. Le perdant devra faire quelque chose pour l'autre. »
Ça peut être n'importe quoi. Pour ma part, j'ai déjà ma petite idée en tête, il n'aura pas d'autres choix que d'accepter. Si je gagne. Alors Bunji d'Izabe, es-tu aussi joueur que Manon Dubell ?
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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|  ~ Le joyeux Bunji d’Izabe ~
D’excellente humeur, aujourd’hui encore. Sans cette prise de responsabilités nouvelles qui accompagnait son titre de champion, Manon Dubell était typiquement le genre de personne dont il n’aurait jamais croisé le chemin. De seconde en seconde, il se sentait moins d’humeur à plaisanter. De l'avis de Bunji, il y avait comme un état de mollesse stagnante chez les dresseurs de Lumiris. Un flegme, un manque de combativité, une indolence pathétique. Pas étonnant de les voir se faire ravager à répétition par la Team Mistral. Ça, c’était le problème. Et pour lui, la solution était simple. Un bon coup de pied au cul. Rien de tel pour vous remettre les idées en place. « J't'avoue, j'suis pas encore prête à te battre avec mon équipe. Bon, c’était la première chose pertinente qu’il l’entendait prononcer (et il avait d'ailleurs ignoré tout le reste, ce sagouin), mais c’était déjà quelque chose. Au moins, elle n’était complètement inconsciente de ses lacunes. En insistant beaucoup, peut-être qu’on pourrait en faire quelque chose... — ...mais si tu veux, on peut faire un concours de bras d'fer ! » ...ou pas. Le jeune homme lui tourna un regard profondément blasé. — J'ai battu pleins de mec avec mes p'tits bras ! Donc si t'es un homme, vient m'affronter ! » Qu’est-ce qu’elle racontait ? Pourquoi un bras-de-fer ? Un éclair d’agacement passa un instant sur le visage sombre du voyageur. — J'suis pas là pour amuser la galerie, Manon.Assis sur une pierre, Bunji joignit les mains. Lourde et grondante, sa voix pesait sur le vallon. Le jeune homme avait ce timbre très particulier, qu’on ne pouvait obtenir autrement qu’en mâchonnant fréquemment des cailloux. Si, si, promis.— Mettons les choses au clair, la seule raison pour laquelle on cause encore, c’est qu’tu participes au défi des arènes. C’est tout. J’ai pas vraiment d’temps à perdre, mais t’as raison sur un point : t’es pas prête pour un deuxième badge, et c’est même pire que ça, j’ai rarement vu un dresseur aussi à la ramasse que toi.La réplique claqua. Cinglante comme un coup de fouet. Bunji d’Izabe était un juge sévère, et depuis qu’il avait remporté son titre de champion, cette nature ne s’était pas arrangée. Au contraire, son mépris pour les dresseurs paraissait chaque jour plus criant. — C’est d’autant plus révoltant de te voir te la jouer. Tu crois que ça impressionne quelqu’un ? Aucun adversaire digne de ce nom ne te prendrait au sérieux.Le jeune homme ficha son regard dans celui de Manon. Noir et tranchant comme une lame d’obsidienne. — Aujourd’hui, t’as une occasion. T’es un challenger, je suis un champion. Autant que possible, c’est ma responsabilité d’essayer de t’pousser dans la bonne direction. Pour parler franchement, je pensais qu’une bonne raclée pour te dégonfler un peu serait nécessaire avant de tenter quoi que ce soit....mais là-dessus, elle l’avait détrompé. Au prix de grands efforts, Manon avait ravalé sa colère, et même un peu de sa fierté. Bunji n’était pas infaillible, et ses mauvais a priori sur les citadins étaient légions... peut-être qu'au fond de lui, c'est parce qu'il en avait conscience qu'il acceptât de se prêter au jeu. Poussant un soupir, il vint s’installer face à la jeune femme. — Plutôt que de vouloir me jouer un tour pendable, tu devrais profiter de l’occasion et essayer d’en tirer quelque chose.Sans ménagement, son poing se referma sur le sien. Un bras de fer, donc. Quel que soit le sale coup qu’elle entendait lui jouer, ses chances de l’emporter sans ruser étaient bien maigres. — Ne me déçois pas trop. Ou alors gâche cette opportunité, comme toutes celles que t’as gâchées jusqu’à présent....il était dur, l'ordure. Mais il acceptait son défi. Et maintenant, quoi ? Allait-elle utiliser un pokémon pour le distraire ? La roche elle-même présentait-elle un piège quelconque ? Quoi qu’il en soit, et en dépit de cet instinct qui lui donnait de sévères envies de l’envoyer bouler : Bunj d’Izabe allait lui laisser une chance, une seule, de le détourner de l’opinion déplorable qu’il se faisait de ses qualités de dresseuse. Même s’il l’emportait, il n’y avait absolument rien qu’il voulait d’elle. C’était juste sa façon à lui de se montrer un poil conciliant à l’égard de ce challenger, qui, rappelons-le, ne lui avait rien demandé du tout avant de se faire soudain balancer un cerf-volant à la tronche. ...c’était dans les situations de ce genre que le jeune homme regrettait férocement la présence de Kiana à ses côtés. La petite ilienne qui aurait dû rejoindre son arène savait mieux y faire que lui, avec les gens. Mais elle n’était pas là, et il se retrouvait seul pour interagir avec des créatures de la sorte de Manon Dubell. ...et comme méthode pédagogique, lui ne connaissait pas mieux que le coup de pied au cul. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
Age : 23
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Le gars, impossible qu'il se détende le sphincter. Il a l'air complètement sur la défensive, préférant me renvoyer à nos statuts respectifs : lui le talentueux champion d'arène et moi la challengeuse de pacotille. Ce n'est clairement pas en me rabaissant qu'il gagnera mon respect. J'en ai connu des plus impitoyables que lui : mes professeurs qui ont toujours pensé que je suis une incapable, mon grand frère qui a tabassé mainte et mainte fois Ophélia pour m'emmerder et surtout, ma mère qui n'éprouve que dégoût pour moi. Je sais que ma nonchalance me rend détestable mais c'est pour mettre les gens à l'aise. Je sais que mon niveau en combat pokémon est médiocre mais je suis en soif d'apprendre et je suis prête à me remettre en question pour progresser. Ayant l'image d'une Astelle au sourire tendre et lumineux dans ma tête, je ne faiblis pas devant les propos de Bunji. Pire, je me mets à pouffer de rire.
« Très bien monsieur Boundji ! Saches que j'adore me prendre des fessées alors tu pourras m'en mettre autant qu'tu veux ! » je le provoque, juste un petit peu.
Finalement, Bunji ressemble à mon frère. Pas la même culture certes, mais ce sont des personnes qui sont durs de façade sauf qu'en réalité, ils sont beaucoup plus gentils qu'on ne le crois. Sérieusement, qui aurait accepté de défier une vieille fille au bras de fer dans un endroit paumé au milieu de nulle part ?
Refermant ma main sur la sienne, mon regard brillant de malice et de détermination se plante dans celui du garçon. Mon sourire carnassier s'étire sur mes lèvres, je suis maintenant prête à me battre.
« Prêt ? Une manche. Trois, deux, un ...
- WOOF »
Je prends une brève inspiration avant de forcer. Je contracte tout mon biceps en prenant soin de contrôler mon souffle. Pour l'instant, j'encaisse bien mais pas moyen de le faire bouger d'un pouce. Sa poigne est tellement forte qu'elle écrase mon métacarpe. Ceci dit, je n'ai pas dis mon dernier mot.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
Née le : 18/08/1996
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| « Prêt ? Une manche. Trois, deux, un …
— WOOF »
Aucune pitié. Pas de tests. Pas de petits jeux. C’est avec plus de 90 kilos de barbaque que Bunji s’engagea dans le bras-de-fer. Avec des mains cuites et recuites par des décennies de travail, forgées dans la chaleur des fourneaux, plus semblables à des battoirs, aux outils du céramiste qu’à des appendices humains. Qu’était la main de Manon Dubell, en comparaison ? Rien, sinon une petite chose molle et fragile, qu’on ne saurait que trop aisément briser. Sa poigne lui broya les phalanges. L’élan lui tordit le bras. Et sans retenue aucune, le voyageur fracassa la main de sa rivale sur la pierre. Il y eut un bruit mat. Une décharge de violence absurde, vive et soudaine, comme frappe un éclair.Impitoyable, le jeune homme baissa les yeux sur "son adversaire". Terrassée. — Un point pour moi, gronda-t-il, bien plus semblable à une bête lui-même que le chien à leurs côtés. Imperturbable, il se remit en position. Le poing brandi, le regard dédaigneux. — Deuxième manche.Cette situation : c’était de sa propre faute.
Manon ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.Quelle idée de défier un homme fait dans une épreuve aussi physique ? Était-ce encore une expression de sa nonchalance naturelle ? Bunji, lui, n’avait pas l’intention de jouer. Elle aurait dû avoir un tour dans son sac ; il avait espéré qu’elle n’était pas assez sotte pour lui faire face sans même une petite idée derrière la tête. Seuls les imbéciles se battaient en sachant pertinemment qu’ils couraient droit à leur perte. Et Bunji n’était pas tendre avec les imbéciles.Alors quoi, avait-elle espéré de la pitié de sa part ? Il avait annoncé que c’était peine perdu. Tout ce qu’il avait sous les yeux, c’était un challenger médiocre. De la matière première à travailler, qui supporterait la morsure du burin... ou exploserait sous l’impact. Les dresseurs étaient légions à se lancer sur les routes... mais combien arrivaient au bout du chemin ? Manon avait voulu un bras-de-fer, et elle l’avait eu. La victoire se décidant en trois manches, tout ce qu'il restait à voir, c'était si elle aurait le cran de revenir lui offrir sa main en pâture après pareil massacre. Lui ne se retiendrait pas : s’il devait lui péter les os pour la soigner de sa nonchalance, alors il le ferait.Ou alors, elle pouvait prendre la fuite. Ici et maintenant. Si elle lui avait lancé ce défi sans la moindre idée de comment elle pourrait l'emporter, alors c'était peut-être encore la décision la plus sage. Bunji n’était vraiment pas impressionné par sa rencontre avec Manon Dubell. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
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Je peine à retenir mes gémissements de douleur. J'entends mes os hurler de détresse, pourtant, cela ne me décourage pas. En un instant, Bunji arrive à m'éclater le bras sur la pierre, à croire qu'il a fait exprès pour m'affaiblir lors des prochaines manches. Je me mords la lèvre, étouffant comme possible mes couinements d'agonie.
« Un point pour moi. »
Sans sourciller, l'homme replace son bras, prêt à enchaîner. Je masse du mieux que je peux mon épaule et mes phalanges violentées.
« Deuxième manche. »
Son regard est froid et méprisant. Il a cru m'intimider ? Je fronce les sourcils, plantant mes yeux brillant de détermination dans les siens. Une fois ma main bien échauffée, j'aggrippe celle du jeune homme. Un deuxième WOOF retentit.
Cette fois-ci, je plante mes ongles dans sa peau. Je bouge mon poignet en espérant que cela puisse donner de l'élan à ma poigne, dans l'espoir de renverser la balance. Je peux le vaincre, c'est possible. Il suffit de croire en moi, au pouvoir de l'amitié et de l'amour ! Je n'ai qu'à lever le bras gauche vers le ciel, demander à tout les humains de la planète et les pokémons d'apporter leur aide, afin de vaincre le terrible Freezer Bunji et sauver la Terre entière. Puis, le verdict tombe.
SPLAQ, oui, c'est le son d'une main qui se fracasse contre de la roche.
Bunji est le vainqueur, sans équivoque. Il me bat à plat de couture, mais je n'ai pas dis mon dernier mot. Pourtant, je vous jure qu'il pourrait broyer un Laporeille avec sa paluche. Ma main a morflé. Je frotte mes égratignures dans l'espoir d'apaiser la douleur.
« Kh ... c'est pas fini ! Gh– il reste la troisième manche. »
Je prends une profonde inspiration avant caler mon bras sur le caillou. Toujours avec ce même regard, je ne lâche pas Bunji des mirettes.
Après le WOOF final, nos muscles se contractent. Ceci dit, je n'y mets pas toute ma force. Un sourire mesquin s'affiche sur mes lèvres, tandis que mon index s'accroche au col de mon débardeur.
« Bunji ... »
Soudain, je tire sur mon t-shirt, offrant au jeune homme une vue imprenable sur mes pare-chocs. Il aura beau fuir du regard, il aura bel et bien aperçu ce décolleté plongeant.
« T'as vu ça ? » je le taquine, un peu essoufflée.
Je profite de ce coups-bas pour épuiser toute ma force dans ma poigne, jusqu'à ce que j'arrive à coucher la main du gaillard sur la pierre.
Désolée, Astelle. C'est pour le bien de mon ego. Je t'en parlerai lors de tes cours sur « Comment devenir une véritable Poum-Poum Tchaa Tchaa », tu comprendras que les femmes aussi peuvent battre les hommes.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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| Le poignet de Bunji perdit toute force.
Et son regard, toute lumière.
Ce devait être une sensation familière, pour Manon Dubell…
...que de se faire observer comme si elle n’était rien d’autre qu’un déchet. — C’est tout ? Sa voix s’était adoucie. Mais il y avait de l’acier sous ce velours. — Aussi minable soit-il, si tu n’as qu’un seul atout à disposition, alors ne propose pas de régler l’affaire en trois manches.Dans son poing, la force qui s’était évanouie fit son retour. Pareille à une lame de fond. Sans lâcher prise, Bunji se releva lentement, forçant la jeune femme à suivre le mouvement, son poignet prisonnier d'un véritable étau. Pourquoi la regardait-il comme ça ?
Pourquoi une telle intensité ?
Pourquoi une telle colère ?— Je cause, mais on dirait que tu piges que dalle.C’était ce genre de morveuses qu’on avait envoyées à la Centrale ?
C’était ça, la chair-à-canon dont Lumiris se servait pour régler ses problèmes ?
Cette gamine, pour qui tout était un jeu ? Incapable de réaliser le danger même après avoir sauté à pieds joints dedans ?— Alors j’ai fini de causer. Je vais m'exprimer dans le seul langage que tu comprennes.Rudement, il la repoussa en avant. ...mais son geste suivant était de ceux qu’on ne peut pardonner. Tourbillonnant sur lui-même, avec la violence soudaine d’une tornade, le champion faucha le Granbull d’un coup de talon à l’estomac. Expédié au sol, le chien recracha la saleté qu’il était en train de fumer après une quinte de toux étranglée. — Répugnant. Tu ne te contentes même pas d’être naze. C’est toutes tes bestioles que tu traînes dans ta fange.Ou du moins était-ce le point de vue d’un ascète, aux yeux duquel aucune raison ne pouvait justifier qu’on permette à ses pokémons de développer pareille dépendance. La seconde suivante, Bunji jetait deux pokéballs dans les airs. Il ne sous-estimerait pas le Kangourex dont le regard flambait d’inquiétude et d’indignation. Les pokémons avaient une façon bien à eux de compenser les faiblesses de leurs dresseurs. L’équipe d’une gamine aussi brisée que Manon possédait au moins un ou deux pokémons d’exception. Un éclair de lumière rouge zébra l’azur.  Le pokémon se libéra haut dans le ciel. Révélant la masse rocheuse de 300 kilos d’un Grolem, qui en poussant un rugissement furieux, retombait pile sur l’endroit où se tenait Manon. Sa carapace de pierre vibrait de la puissance contenue d’un Séisme. Voilà qui occuperait le Kangourex.S’éloignant tranquillement du point d’impact à venir, les yeux calmes du champion étudiaient la situation. Le Granbull intoxiqué ne serait pas debout tout de suite, et même si c’était le cas, il serait à bout de souffle, et facile à neutraliser. Restait le Pingoléon, qui s’était tenue un peu à l’écart de l’affrontement. Celle-ci était différente. Fébrile, peut-être ? Se tenant face à elle, le sourire de Bunji lui découvrait les crocs.— Y’a pas d’raison que tu t’fasses mettre en morceaux pour ta dresseuse moisie, t’sais ? Si tu veux dégager, j’te laisse partir.Contrepoint de ces paroles cruelles, Grolem percuta le vallon dans une véritable déflagration terrestre. Le sol se souleva par vagues craquelées. Les ondes de choc firent momentanément flancher le jeune homme. Les poussières lui griffèrent la peau. Et puis, se tenant dos au vallon dévasté, Bunji d’Izabe releva lentement la tête vers Ophélia, sans se soucier de masquer la lueur démente et sauvage qui couvait dans son regard.— Choisis. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
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Mon plan fonctionne ! Le gaillard relâche sa poigne, me donnant l'opportunité de le vaincre. Fournissant toute l'énergie nécessaire pour que son bras touche la pierre, je suis convaincue de ma victoire. Alors que sa peau frôle la roche, Bunji me souffle avec moquerie :
« C'est tout ? »
Il dénigre ma prestation, affirmant que je n'aurai jamais gagné toutes les manches avec cette ruse pathétique. J'ignore ses remarques piquantes, me concentrant plutôt sur mon bras. Je lutte jusqu'au bout pour que ma main ne s'aplatisse pas sur la table naturelle. Je tente vainement d'étouffer mes râles, mon bras tremble et de la sueur perle à mon front mais je n'abandonne pas.
« ... ngh !
- Je cause, mais on dirait que tu piges que dalle. »
Non je t'écoute pas mec, tes mots sont du poison. T'es même pas pédagogue, t'es juste un vieux mec frustré qui se croit supérieur à tout le monde. Et plus tu vas m'énerver, plus ma force va décupler.
« Alors j’ai fini de causer. »
Sans crier gare, Bunji retire son bras, me tirant en avant. Je me vautre violemment sur la table en pierre, n'arrivant pas à comprendre ce qu'il se trame.
« Je vais m'exprimer dans le seul langage que tu comprennes. »
Un peu sonnée, je ne remarque que trop tard mon toutou blessé : cet homme crapuleux vient de frapper brutalement mon Granbull dans le bidon. Ouvrant grand la gueule pour respirer, PP s'étouffe dans sa fumée et fini plié en deux sur le sol. Là, je vois rouge.
« Mais, qu– !? »
Ne prenant plus gare à mes blessures, je me précipite vers PP pour l'allonger dans mes bras.
« PP ! » je m'écrie, toute affolée.
Le chien continu de tousser, je le positionne donc sur le ventre en tapotant son dos.
« Répugnant. Tu ne te contentes même pas d’être naze. C’est toutes tes bestioles que tu traînes dans ta fange. »
Ne l'écoute pas Manon, protège d'abord tes compagnons. Si je perds mon sang froid, ce sont eux que je mets en danger. De l'eau, il me faut vite de l'eau pour Granbull !
« Mama, apporte moi la bouteille ... »
Pendant que je m'occupe de mon PP en pls, Bunji en a profité pour sortir un de ses monstres. Je devrais être admirative devant ce Grolem de trois cents kilos mais actuellement j'ai plus envie de le voir disparaître qu'autre chose.
Il pousse un hurlement effroyable et fait gronder la terre dès qu'il atterrit au sol. Tout aussi redoutable que son maître, le Grolem n'hésite pas une seconde à utiliser Séisme, mettant la vie d'un humain en jeu. Heureusement, Mama nous rejoint juste à temps pour nous protéger avec son abri de verre.
« Mais qu'est-ce qui va pas avec ce mec !? Qu'est-ce que je lui ai fais !? Qu'est-ce que PP lui a fait !? »
La veine apparente sur ma tempe et mes yeux exorbités trahissent ma colère. J'ai beau prendre sur moi, là c'est trop. Me dénigrer ok, me faire mal parce que je l'ai plus ou moins demandé ok, mais s'attaquer à des pokémons innocents et les rabaisser sans raison valable, là il y'a de quoi péter un câble. Pour m'apaiser, je tente vainement de contrôler ma respiration.
Une fois le dôme de verre brisé, nous voilà de nouveau vulnérable. J'ordonne à Mama de se mettre à l'abri avec son camarade, le temps que j'aille régler mes comptes avec ce Bunji. Avant de partir, j'offre une caresse au Kangourex avant de lui murmurer quelque chose dans l'oreille. Puis, nous nous quittons, partant chacune à l'opposé.
Je cavale jusqu'à Ophélia, espérant l'atteindre à temps. Je remarque du coin de l'œil le Grolem préparer une nouvelle attaque et je ne veux pas qu'elle en fasse les frais.
« Ophé' ! »
***
Ophélia toise le gaillard. Son sourire la répugne et ne lui inspire aucune confiance. Il propose à l'impératrice de s'enfuir, comme ci celle-ci est une lâche capable d'abandonner ses amis. Oui, derrière ses grands airs impénétrables, Ophélia a un cœur sensible. Si elle n'a pas de nouveau fugué, c'est qu'elle se plaît dans cette grande famille. Certes, sa maîtresse est une immature impulsive et les autres pokémons ont tous des comportements aussi étranges les uns que les autres mais en aucun cas ils sont aussi cruels comme ces deux zigotos qui lui font face.
Voilà que le gros caillou qui bouge se défoule sur la falaise. Pathétique. Alors même qu'Ophélia ne se soucie pas de son sort, un poids sur son dos vient la bousculer, tombant à plat ventre sur le sol. Au même moment, une onde de choc vient la percuter mais l'impératrice semble abrité par la silhouette allongée sur son poitrail.
« Ophé' ! Tu n'as rien ? »
C'est Manon, toute pouilleuse à cause du sable, qui affiche un sourire réconfortant. C'est la honte de se faire protéger par la personne qu'on est censé défendre. Une fois que la terre cesse de craqueler, la Pingoléon se redresse en s'époussetant avec ses nageoires.
« Pin. » lance-t-elle à sa maîtresse, le regard perçant.
Quand on réfléchit bien, Manon a toujours été là. Elle est toujours là quand Ophélia est malade, la soutient dans ses rêves de pop star, la protège lorsqu'il est nécessaire, l'écoute quand elle a besoin de réconfort ... Malgré le mauvais caractère de l'impératrice, sa maîtresse ne l'a jamais abandonné. C'est pour cela qu'elle est bien décidée à lui obéir. Un rictus se dessine sur mes lèvres.
« On va leur défoncer la gueule. Ils vont payer pour ce qu'ils ont fait à PP. »
C'est impardonnable : ils ont heurté le meilleur compagnon d'Ophélia. Granbull est comme un petit frère pour elle, le perdre serait comme tuer un membre de sa famille.
« Pin ! »
Pingoléon se tient droite devant le Grolem, révoltée. Elle attend les ordres de Manon qui se redresse à son tour.
« Occupe le, je te fais confiance. »
Pour la première fois, la dresseuse ne donne aucun ordre précis : Ophélia va devoir décider de son propre chef. L'impératrice accepte sans broncher, laissant ainsi sa maîtresse partir.
Pour espérer calmer le pokémon roche, Pingoléon a bien l'intention d'utiliser ses atouts. Comme à l'entraînement, Ophélia transforme son pelage en une peau d'acier suffisamment épaisse pour parer les offensives physiques. Puis, elle entre en action : toujours à distance de son ennemi, Pingoléon prépare dans son bec un puissant jet d'eau qu'elle balancera sur son rival. Le dernier exercice a consisté à développer la précision de l'attaque spéciale, c'est donc une excellente mise en application des connaissances pour l'impératrice.
***
J'opte pour un détour derrière la falaise pour atteindre le dresseur sans être repérée. Je suis tellement en rogne que je trace comme une fusée. Ophélia doit suffisamment accaparer l'attention pour qu'il ne me remarque pas. Me cachant dans les buissons, j'aperçois la touffe brune du jeune homme. Je dois agir maintenant, sinon il va me reconnaître et anticiper ma prise. C'est alors qu'une Manon furieuse bondit sur la cheville du gars, la saisissant pour lui faire perdre l'équilibre. Je plante mes ongles dans sa cuisse en espérant l'immobiliser.
« TOI. »
Je chevauche le garçon en agripant ses gros bras et je resserre mes jambes contre sa taille pour le neutraliser.
« C'EST QUOI TON PROBLÈME HEIN ?! TU PEUX M'DIRE C'QUE J'T'AI FAIS !? CE QUE MON POKÉMON T'AS FAIS !? »
Difficile de ne pas le frapper. À la place, je plaque mon corps contre lui afin de bloquer ses deux bras.
« Mec, j't'ai soigné, j'te propose un bras d'fer amicale et toi tu fais quoi !? TU T'ATTAQUES À MES POKÉMONS !? À MES BÉBÉS ?! » je postillonne dans son oreille, sans vraiment le vouloir.
Il aura beau me frapper, me donner des coups de poing ou des coups de pied, je le lâcherai pas.
« J'ai toléré ta façon méprisante de m'parler, mais t'en prendre à des bêtes qui n'ont rien demandé, ça c'est encore plus minable que d'te montrer mes nibards ! »
Je finis par le libérer puis je me relève. Les bras croisés, le regard strict, je lui dis sur un ton sévère :
« Maint'nant, tu vas rentrer ta Grossm–, je reprends ma respiration car si je continue à perdre mon sang froid je perds toute crédibilité, ton Grolem dans ta pokéball et tu vas t'excuser au près de mon Granbull. C'est une honte de la part d'un champion de s'en prendre à plus faible que soit. C'est toi le naze. »
Ça fait longtemps qu'un garçon ne m'a pas mit dans cet état. Je fais la moue avec des yeux de boudeuse. Ce n'est que maintenant que je réalise que ses mots m'ont atteint. Peut-être qu'il dit vrai, peut-être que je ne suis pas digne d'être prise au sérieux, peut-être que mes pokémons sont répugnants, peut-être que c'est moi, la naze. J'aurai aimé être réconforté, à ce moment-là.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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| Il y avait toujours une limite.Parfois, il fallait juste appuyer un peu plus fort pour la trouver. Presser le point sensible. Avec insistance. Jusqu’à ce que la façade se fissure. Puis s’effondre. — Mais qu'est-ce qui va pas avec ce mec !? Qu'est-ce que je lui ai fais !? Qu'est-ce que PP lui a fait !?Un rictus animal déformait le visage de Bunji d’Izabe. Pour Manon, la faiblesse était là. ...pas étonnant que ses provocations n’aient rien donné. Il était inutile de s’en prendre directement à elle. Sous une apparente bravado, l’ego de la jeune femme était déjà complètement vermoulu. Les paroles hostiles d’un étranger ne sauraient l’atteindre. ...alors il n’était plus nécessaire de parler.Sa décision était déjà prise. Et le réveil serait des plus douloureux pour Manon Dubell. Des bruits de pas fracassants se firent entendre dans son dos. — ...qu’est-ce que tu viens foutre là, Grolem ?L’imposant pokémon Roche émit un grognement. Voyant son dresseur, seul face au Pingoléon, il était venu lui prêter main-forte. ...mais ce n’était pas du tout ce que Bunji attendait de lui. Et sans doute Grolem en avait-il conscience. Le pokémon avait été entraîné pour réagir à certains stimulis, aussi, il n’était pas étonnant de le voir frapper immédiatement avec toute la puissance d’un Séisme une fois libéré dans les airs. Toutefois, chaque pokémon avait une personnalité bien précise... Et confronté à une Manon éplorée, à un Granbull blessé, et à un Kangourex qui faisait de son mieux pour protéger ses camarades… Grolem avait décidé qu’il n’y avait pas ici de combat à livrer. Qu’il ne s’agissait pas là d’adversaires qu’il désirait attaquer. — ...j’aurais dû mieux choisir, grommela le voyageur. L’idée avait été de séparer Manon de son Pingoléon. De forcer un combat sur deux fronts. Grolem aurait dû rester sur place, pour occuper la jeune femme, tandis que lui-même se chargeait du pingouin. ...cette désobéissance compromettait ses plans de combat, elle ouvrait même une faille dont son adversaire pourrait tirer parti....restait à voir si une dresseuse du niveau de Manon Dubell était à même d’exploiter la situation. Avec un sourire en coin, le champion claqua des doigts en direction du Pingoléon. — Tant pis. Fais c’que tu veux.Et aussitôt, Grolem se rua à l’assaut. Frappé d’un jet d’eau, puis d’un second, sans reculer, pour se jeter voracement au contact d’Ophélia. La traîner au sol, l’écraser de son poids, la forcer à lutter dans un corps à corps harassant, où il lui serait le plus difficile de réunir la concentration nécessaire à l’emploi de ses capacités spéciales. Et la seconde suivante, Bunji lui-même était fauché. Propulsé à terre avec fougue et avec rage. Distrait par la désobéissance du Grolem, il n’avait rien vu venir. — C'EST QUOI TON PROBLÈME HEIN ?! TU PEUX M'DIRE C'QUE J'T'AI FAIS !? CE QUE MON POKÉMON T'AS FAIS !? lui hurlait au visage la jeune femme. Bunji tâcha de se libérer les poignets, pour se rendre compte que son adversaire tenait bon. L’adrénaline décuplait ses forces. Elle résistait désormais avec bien plus de force qu’au moment du bras de fer. ...son sourire s’élargit. — Mec, j't'ai soigné, j'te propose un bras d'fer amicale et toi tu fais quoi !? TU T'ATTAQUES À MES POKÉMONS !? À MES BÉBÉS ?!Oui, c’était bien là son point sensible.Manon Dubell elle-même n’avait aucune valeur, ou du moins le pensait-elle. Peu lui importait qu’un étranger ne traîne son nom dans la boue. Cependant, s’il osait s’en prendre à l’un des siens… — Maint'nant, tu vas rentrer ton Grolem dans ta pokéball et tu vas t'excuser au près de mon Granbull. C'est une honte de la part d'un champion de s'en prendre à plus faible que soit. C'est toi le naze.Étendu au sol, le jeune homme restait calme. Et calme, il le serait resté même après avoir été roué de coups, même une fois le visage en sang. Car c’était bien ce genre de fanatique que Manon Dubell avait sous les yeux. Si obnubilé par ses propres idées que plus rien d’autre n’avait d’importance ou d’intérêt. Il était simplement vain de le considérer comme un dresseur, comme un champion ou même… ...comme un homme.— ...ton tacle, c’était correct. Pas assez décisif, mais correct, observa-t-il, comme perdu dans son propre monde. Les réclamations de la jeune femme semblaient glisser sur lui, comme de l'eau. Le sens commun ricochait sur la carapace de Bunji d’Izabe. Peut-être était-il temps pour Manon Dubell de réaliser… qu’elle venait de faire une terrible mauvaise rencontre. De celles, impitoyables, qui vous saisissent sans crier gare, et vous abandonnent fracassés. — ...mais pourquoi t’en es encore à bavasser ? Présenter des excuses ? Une honte ? Pourquoi t’es si… raisonnable, Manon ? chuchotait le jeune homme avec une intensité mauvaise et gluante, toisant la jeune femme comme on observe le Papilusion se débattre, prisonnière de sa toile. Tu crois vraiment que les choses vont s’arranger si on en cause ? Que je vais réaliser mes erreurs ? Me comporter d’une façon mieux conforme à tes attentes ?
...en dépit des airs que tu te donne, tu es bien naïve.Bien que libéré après que Manon se soit relevée, Bunji, lui, restait couché à terre. ...mais à la façon condescendante dont il observait la jeune femme, il n’aurait pas été étonnant que ce fut-elle qui soit en train de ramper à ses pieds. — Tu attends beaucoup trop avant d’envisager le pire scénario possible. Tu perds beaucoup trop de temps à te demander “pourquoi”, et pas assez à te demander “comment”, continuait-il, de cette voix suave et détestable qui semblait laisser penser… que le pire était encore à venir. Même maintenant… tu comptes attendre qu’il soit trop tard pour réaliser que t’es vraiment dans la merde ?
Que je vais tous vous démolir. Toi, puis chacune de tes bestioles, une à une. Son sourire découvrait ses canines.
Ses yeux luisaient de l’éclat froid de l’obsidienne. Ce n’était pas la première fois que Manon était confrontée à pareille malice. Cette catégorie d’individu, qui se repaissait de la souffrance d’autrui… elle en avait déjà croisé. ...et cette expérience aurait dû lui servir de leçon.Car maintenant, il était trop tard. — Combien de pokéballs j’ai lancé, Manon ? demanda soudain la créature mauvaise qui se tortillait à ses pieds. Peut-être Manon se souviendrait-elle, dans un flash de lucidité, des quelques secondes ayant suivi l’attaque qu’avait subie Pépé. Après avoir frappé le Granbull, le jeune homme avait… ...lancé deux pokéballs dans les airs.Grolem combattait toujours contre Ophélia. Deux pokémons... alors, où était le second ?Des griffes noires se refermèrent soudain sur la gorge de Manon.
Par-derrière, sans un bruit, le spectre sifflait avec délice en resserant son étreinte sur la chair fragile de la jeune femme. D’abord suffisamment fort pour l’empêcher de parler. Et puis… de respirer. Jailli des ombres, Tutétékri accentuait lentement la pression.
Et observant la jeune femme qu’on étranglait, puis qu’on forçait à tomber à genoux, Bunji se redressa à demi. — ...tu vois, maintenant, c’est trop tard, lui souffla-t-il au visage, avec un sourire de dément.
Pourtant, t’as été à la Centrale, pas vrai ?
Après avoir fait la rencontre de ce genre de tarés.
Et après que le champion-coordinateur Narcisse ait tué le doyen.
Est-ce que tu n’aurais pas dû rester sur tes gardes ?
...était-ce si difficile de penser qu’il y aurait plus d’un champion du côté de Mistral ? Manon avait vu le visage de Diomède, l’un des administrateurs de la Team Mistral. Représentait-elle un risque ? Se pouvait-il que certains dans leurs rangs se demandent s’il ne serait pas plus sage de tous les éliminer ? Tous les membres du groupe de la Salle d’Opération ? — Je me suis déjà occupé de Joeffrey, persifla le voyageur. Ce foutu clodo n’a même pas résisté.
...maintenant, c’est ton tour. Ensuite, ce sera le tour de ta copine à Kishika. Et puis, j’irai chercher les autres…Privée d’oxygène, le champ de vision de Manon devait commencer à noircir. Comme pour lui donner le coup de grâce lui-même, la main rude et épaisse du voyageur se rapprocha. Elle vint graduellement emplir son champ de vision. De plus en plus… jusqu’à ce que ne subsiste plus que la promesse d’une mort imminente. — ...maintenant, crève....et très violemment, Bunji lui pinça, puis tordit le nez.Au même moment, Tutétékri libéra sa prise sur le cou de la jeune femme. Inexpressif, le champion tomba à croupetons, pour observer pensivement Manon tandis qu’elle reprenait son souffle et ses esprits. — ...ou en tout cas, ce genre de trucs pourrait arriver, tu sais ?
Ça te ferait pas d’mal d’être un peu plus vigilante. De pas laisser les gens s’essuyer gratuitement les pieds sur ton visage, au moins.Trois attentats avaient été perpétrés par Mistral ces trois dernières années.
Il y avait eu des casualités à chaque fois. Et les victimes étaient trop souvent des personnes telles que Manon. Tétanisées, incapables de prendre une décision, perdues dans leurs atermoiements… jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard. Que ce soit pour combattre ou fuir, un minimum de sang-froid était requis. ...mais vivre à Lumiris rendait manifestement les gens mous et lascifs. Complètement sans défenses le jour où il y avait finalement un problème.— T’as le droit d’hurler, si jamais ça t’aide à encaisser. Me coller un gnon ou deux aussi, continua le jeune homme, sans guère plus d’hostilité. Que t’en aies voulu ou pas, tu viens de recevoir une bonne leçon. Et je plains presque le prochain crevard qui va vouloir t’emmerder. Parce que je doute qu’y soit même moitié moins flippant qu’moi... mais lui, ne se contentera pas de t’pincer le nez s’il parvient à ses fins.Sur le visage de Bunji, les ombres s’étaient comme envolées. Comme un ciel de fin d’orage, sa noirceur entièrement lavée par la pluie. Il restait cependant comme une touche de malice. Une excentricité qui semblait appropriée pour un homme qui passait l’après-midi à faire planer des cerfs-volants. Certes inquiétante... si on considérait la vitesse avec laquelle la lumière pouvait s’assombrir, et la tempête se lever dans ses yeux noirs. A n’en pas douter, le voyageur était un vrai lunatique. A tel point qu'il aurait été futile de le juger selon les critères de ceux qui mènent une vie citadine et bien rangée. Cassé à un niveau plus fondamental que la jeune femme qui lui faisait face, le dénommé Bunji d’Izabe ne se conformait ni aux lois, ni à la morale. — J’aurais éventuellement d’autres trucs à dire sur le sujet, mais comme tu t’es faite à moitié étrangler, j’imagine que t’en as rien à carrer.
Alors j’vais en rester là pour cette fois.Il se releva, comme pour s’en aller. Cependant, ses yeux s’arrêtèrent sur la silhouette alanguie du Granbull. Étendu sur le dos, reprenant lourdement sa respiration. Comme si le gros pépère venait de faire une crise d’asthme. — Ah…
Alors... avec une grimace, Bunji fit demi-tour, et se laissa tomber assis en tailleur devant Manon. — Ouais… désolé pour ton clébard, commença-t-il, et peut-être pour la toute première fois depuis le début de leur échange, il paraissait presque mal à l’aise. Rien de ce que j’ai pu dire ne semblait t’faire réagir, j’ai cherché une autre méthode. Ceci dit, j’avais pas prévu qu’un simple coup dans l’bide lui ferait aussi mal. ...sérieux, tu ferais bien de revisiter son alimentation. J’ai rarement vu un sac-à-bière pareil. Le jeune homme ne semblait pas très acclimaté aux excuses. Ceci dit, il avait effectivement dépassé les bornes en frappant le pokémon. Même selon ses propres critères… c’étaient les dresseurs qu’il fallait punir pour leurs bêtises, et en aucun cas les pauvres bestioles qui les accompagnaient. — Quoi qu’il en soit… s’ma faute.
T’voulais me coller un gage, tout à l’heure. Si ça t’permets de t’sentir mieux, j’veux bien l’accepter. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
Age : 23
Région : Unys
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Le sang froid extrême de Bunji va me faire péter un câble. Il en a que faire de mes plaintes, préférant poursuivre ses jugements sur mes performances. Mes poings se serrent et tremblent comme s'ils s'apprêtent à bondir sur le jeune homme. Je me demande pourquoi à ce moment-là je ne lui colle pas une beigne dans la figure, probablement parce que j'accorde trop de crédits à ses dires. C'est quand même un champion, un gaillard qui fait deux têtes de plus que moi et qui semble bien plus expérimenté sur la vie. J'ai toujours un profond respect pour mes aînés mais celui-ci ne le mérite pas et je vais bientôt le regretter.
« ... mais pourquoi t’en es encore à bavasser ? Présenter des excuses ? Une honte ? Pourquoi t’es si … raisonnable, Manon ? tu crois vraiment que les choses vont s’arranger si on en cause ? Que je vais réaliser mes erreurs ? Me comporter d’une façon mieux conforme à tes attentes ? ... en dépit des airs que tu te donne, tu es bien naïve. »
Je fusille cette langue de Serviper du regard. Alors que pour une fois j'adopte un comportement mature, le mec me provoque délibérément.
« Quoi, tu préfères que j'me comporte comme une adulte irresponsable comme TOI tu l'fais là ?! » je réplique avec ma grosse voix féminine.
Mes yeux sortent de leurs orbites. Ma rage est de plus en plus difficile à contenir, parasitant mon esprit raisonné. Comment suis-je censée agir dans cette situation ? Devrais-je le laisser piétiner mon ego ou riposter en espérant récupérer un semblant de dignité ? Figée à cause du venin contenu dans ses paroles, je suis incapable de riposter. Bunji le constate bien, il en profite même pour rajouter une couche. Le gars me reproche de ne pas anticiper le pire scénario possible car selon lui, je perds mon temps à me demander pourquoi une situation se passe ainsi plutôt que de me questionner sur la façon dont comment je vais m'en sortir. C'est ce que j'ai cru comprendre sous ce ton méprisable à souhait.
« M-mais qu'est-ce t'en sais mec pour m'dire ça ? D'où tu t'permets d'me donner des leçons comme si tu m'connaissais pas cœur ?!
- Même maintenant … tu comptes attendre qu’il soit trop tard pour réaliser que t’es vraiment dans la merde ? Que je vais tous vous démolir. Toi, puis chacune de tes bestioles, une à une.
- De quoi ch'uis dans la merde !? C'est toi qui es dans la merde ! Tu crois qu'tu vas t'en sortir comme ça !? »
Là c'est trop. Je saisis ce clodo par le col, prête à lui coller mon poing dans la gueule. N'étant absolument pas intimidé, le jeune homme me pose une question.
« Combien de pokéballs j’ai lancé, Manon ? »
Mes phalanges à quelques millimètres de son pif, je stoppe mon mouvement le temps de me rappeler la scène. Au début il en a lancé deux. La première, c'est celle de Grolem qui affronte Ophélia, quant à la deuxième ... attend, il y a un autre pokémon !? Mais où est-il passé ? Je tourne ma tête dans tous les sens pour analyser les environs, persuadée que le deuxième attaquant n'est pas loin. Malheureusement, mes suppositions s'avèrent justes car ce pokémon se cache justement derrière mon dos. À peine je le remarque que mon cri se fait instantanément étouffé par la bête. Ses griffes fantomatiques emprisonnent ma gorge, se resserrant progressivement jusqu'à écraser ma pomme d'Adam pour me couper le souffle.
« AaaAh, ggh ... arrête ! »
J'ai beau me débattre, rien y fait. Le monstre ne lâche pas sa prise, se délectant même de ma détresse. Plus je lui donne des coups, plus il est difficile pour moi de lutter. Le manque d'oxygène affecte mes muscles, puis mon cerveau jusqu'à atteindre ma vue. Pendant ce temps là, le gaillard se redresse tranquillement, poursuivant sa tirade sans se préoccuper de mon cas. D'un coup, il me ramène à mes souvenirs de la Centrale et aux faits qui se sont déroulés dans la région.
« Est-ce que tu n’aurais pas dû rester sur tes gardes ? ... était-ce si difficile de penser qu’il y aurait plus d’un champion du côté de Mistral ? »
Mais de quoi il me parle lui, j'en ai rien à fiche de ces histoires. Le pire, c'est que je ne peux rien lui rétorquer puisqu'il est en train de m'agresser physiquement ! Il veut que je sorte de mes gonds ou quoi ? Mais qu'est-ce qu'il cherche en faisant cela ? Il croit qu'en s'attaquant à plus faible que soit, cela va rebooster son égo à deux balles ? Étrangement, cela me renvoie à moi-même et à toutes ces victimes que j'ai pu cogner dans la rue.
« Je me suis déjà occupé de Joeffrey, je n'entends plus très bien ses déclarations mais je crois qu'il m'a révélé un meurtre, ... maintenant, c’est ton tour. Ensuite, ce sera le tour de ta copine à Kishika. Et puis, j’irai chercher les autres …
- aa..AHHG »
Ses mots sonnent si lointain mais je les écoute encore distinctement. Je ne me suis jamais sentie aussi mal depuis que je suis à Lumiris, jamais je n'ai connu pareille sensation ici – hormis les évènements traumatisants à la Centrale. Un homme, que dis-je, un monstre est en train de me trucider et profite de ma mort lente et douloureuse pour menacer la personne que j'aime. Il prend plaisir à me dévoiler cela alors qu'il sait très bien que je suis incapable de contre-attaquer. C'est un cauchemar.
Mes yeux fatiguent mais ne sont pas clos. Mon champ de vision est flou mais je distingue très bien la silhouette imposante de Bunji se rapprocher de moi. Malheureusement, je ne peux rien faire d'autre à part lutter. Je n'ai même pas la force de lui cracher au visage, obligée de subir sa sentence.
« ... maintenant, crève. »
Il pince mon nez qui pourtant me permet de rester consciente. Bannissant mes organes respiratoires de tout oxygène, le monde s'obscurcit autour de moi jusqu'à me plonger dans les ténèbres. Je crois que je me suis évanouie.
Puis brusquement, la libération. Je suis libérée de l'emprise de mes assassins, pouvant à nouveau respirer. Ma bouche avale une énorme bouffée d'air jusqu'à ce que je sois prise par des quintes de toux. Étalée au sol, je peine à reprendre mon souffle. Ayant encore la sensation d'être étouffée, ma gorge me fait souffrir. Le pokémon aurait très bien pu casser ma nuque.
« ... ou en tout cas, ce genre de trucs pourrait arriver, tu sais ?
Ça te ferait pas d’mal d’être un peu plus vigilante. De pas laisser les gens s’essuyer gratuitement les pieds sur ton visage, au moins. »
Ce qui m'agace le plus, c'est qu'il n'a pas tort. Bunji aurait très bien pu aller jusqu'au bout de sa démarche et je n'aurais rien pu faire, j'aurais succombé. Il m'a fait redescendre sur terre, me faisant comprendre que je ne suis pas aussi intouchable que je le pensais.
« T’as le droit d’hurler, si jamais ça t’aide à encaisser. Me coller un gnon ou deux aussi. Que t’en aies voulu ou pas, tu viens de recevoir une bonne leçon. »
Je serre les dents, c'est tout ce que je peux faire. Impossible de faire quoique ce soit pour que ce gars ferme son clapet. Dans tous les cas, pour lui, je serai en tort alors qu'il aura toujours raison. L'homme remue le couteau dans la plaie, m'avertissant que mon prochain ennemi ne sera pas aussi magnanime. Finalement, il m'abandonne à mon sort, s'en allant sans payer les pots cassés.
Quant à moi, je reste à terre. Dépitée. Ophélia accourt vers moi sans se soucier de son adversaire. Elle ne m'a jamais vu dans un état aussi pitoyable. L'impératrice ne sait pas si elle devrait avoir honte ou pitié de sa dresseuse mais dans tous les cas, elle tend sa nageoire pour l'aider à se redresser. Sauf que sa maîtresse ne donne aucun signe de vie, n'osant plus faire face à qui que ce soit. Elle vient de se faire humilier.
Je l'ai mauvaise mais tellement mauvaise. Comment réagir à quelqu'un d'aussi dangeureux et prétentieux ? Je me demande encore comment ce mec a pu devenir champion. Et pourtant, une partie de moi ne peut pas s'empêcher de l'admirer. Cet aplomb, cette confiance en soi infaillible, cette force surhumaine ... voilà à quoi j'aspire. Sa méthode a beau être ultra violente et dégradante, elle reste néanmoins efficace pour les effrontés comme moi. J'ai envie de me dépasser, de prouver à ce type que je suis bien plus qu'une gamine perdue. Cela me remémore le temps où mon grand frère m'a coaché, un peu de la même façon que Bunji mais avec plus de compassion. Ce sont ces entraînements intensifs qui m'ont permit d'avoir de bonnes bases en combat pokémon. Alors qui sait où Bunji pourrait m'amener ?
Reprenant de la vie, je commence à me relever, sans m'appuyer Ophélia. Assise en tailleur, je masse mon cou pour faire disparaitre la douleur. C'est alors que le garçon revient vers moi, à ma grande surprise. Son humeur a changé subitement, s'excusant même pour le mal qu'il a fait subir à mon PP adoré. Mes yeux cachés derrière mes mèches, je foudroie le malotru du regard. Il arrive tout de même à justifier ses actes et à traiter mon Granbull de sac-à-bière. Je reste silencieuse jusqu'au bout, ne quittant pas ses yeux bruns des miens.
« Quoi qu’il en soit… s’ma faute. T’voulais me coller un gage, tout à l’heure. Si ça t’permets de t’sentir mieux, j’veux bien l’accepter. »
Je le scrute un instant. L'homme semble sincère, bien moins sûr de lui que tout à l'heure. Cela me rassure de savoir qu'il lui reste encore une part d'humanité mais je n'en suis pas moins méfiante. Le gage est dans un coin de ma tête depuis que je lui ai proposé le bras de fer et après ce qu'il sait passé, je suis d'autant plus certaine de ma décision. Le regard moins meurtrier, c'est avec beaucoup de sérieux que je fixe le jeune homme. Je pose ma main sur son bras costaud, ne pouvant m'empêcher de planter mes ongles dans sa peau.
« Apprend moi à être comme toi. »
Un peu étrange comme punition. Il faut croire que je suis complètement maso, or, j'ai mes raisons et je compte bien les lui partager.
« Puisque j'ai l'air si faible à tes yeux et que t'as l'air d'avoir la science infuse, je veux que tu m'apprennes à dev'nir plus forte. J'veux qu'à l'avenir j'puisse faire face à des gens comme toi et Diomède, que j'puisse vraiment sauver les miens et pas juste me contenter d'intimider et de jurer. »
J'aurai pu m'exercer avec Astelle, comme d'habitude. Sauf qu'à ses côtés, j'ai tendance à me la péter et à plus m'amuser qu'autre chose. Bunji a su, alors qu'on se connait à peine, pointer mes défauts du doigt et me pousser dans mes retranchements. La brunette n'aurait jamais été capable de me causer autant de peine. Même si je vais douiller, je sais que cette expérience ne peut que m'enrichir. Cependant, les actes du jeune homme ne vont pas rester sans conséquence.
« Oh, et ... »
Voilà que je lui offre ma plus belle torgnole sur sa joue droite. N'ayant pas l'énergie de brandir mon poing, une claque sera tout aussi efficace avec moins d'effort.
« Ça, c'est pour avoir frappé PP. »
Puis, une deuxième claque se perd. Cette fois-ci, c'est le côté gauche du visage qui prend et pas des moindres.
« Ça, c'est pour avoir menacé ma copine. »
Enfin, une dernière gifle sur les deux joues fait rougir le visage du jeune homme.
« Et ça, c'est pour avoir étranglé une femme. »
Clairement, ce mec ne devrait jamais être en couple, sinon je plains sa concubine. J'ai été clémente et j'estime que nous sommes quitte, nous allons pourvoir repartir sur des bases saines. Enfin, tout va dépendre de Bunji maintenant.
« Ok tu peux t'en prendre à moi parce que j'le cherche. Par contre, j'accepte absolument pas que tu t'en prennes à des innocents qui t'ont rien d'mandé. Alors r'fais plus jamais ça, JAMAIS. » je l'avertis d'un ton ferme, en espérant que le message est bien passé.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
Née le : 18/08/1996
Age : 27
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| La tempête s‘était tue. La tension s’était éteinte.
Insondable. Bunji était là, mais il semblait également absent.
La brise aussi, ne se fait entendre que lorsqu’elle enfle et tempête.
Elle-aussi, est insaisissable. Assis en tailleur, l’air vaguement désintéressé, le voyageur attendait sa sentence. Dans cette situation, il n’y avait déjà plus d’enjeux. Bunji avait délivré son sermon : et c’était tout ce qui lui importait. Que Manon se venge donc de la façon qui lui semblait la plus adéquate. — Apprend moi à être comme toi, gronda la dresseuse en lui saisissant le bras. Furieuse et humiliée, les mains de la jeune femme tremblaient encore. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau. Bunji haussa le sourcil. — Puisque j'ai l'air si faible à tes yeux et que t'as l'air d'avoir la science infuse, je veux que tu m'apprennes à dev'nir plus forte. J'veux qu'à l'avenir j'puisse faire face à des gens comme toi et Diomède, que j'puisse vraiment sauver les miens et pas juste me contenter d'intimider et de jurer.Voilà qui était un peu inattendu.Lui, s’était préparé à subir une vengeance puérile. Car c’était derrière une façade puérile que Manon abritait ses réels sentiments. ...mais cette façade, il l’avait faite voler en éclat. Cependant, le jeune homme n’en demeurait pas moins perplexe. Finalement, elle voulait apprendre.Et dans l’absolu… si on excluait les railleries et les provocations destinées à la secouer, c’était bel et bien ce qu’il lui proposait depuis le début : de tirer profit de l’occasion. De choisir d’apprendre. Et c’était la raison de sa perplexité. Sa discussion avec Manon avait été un véritable désastre. Leurs personnalités semblaient complètement incompatibles. Et la façon dont s’était achevé leur entretien lui laissait penser qu’il avait globalement raté son coup. Qu’il avait sans doute échoué à actionner les bons leviers et à provoquer une réaction adéquate chez la jeune dresseuse. Finalement, il n’avait trouvé d’autre moyen que de lui infliger une leçon qu’elle ne pourrait pas ignorer. Avec plus de perspicacité et de doigté, sans doute aurait-il pu parvenir à un meilleur résultat.Du moins, c’était la conclusion qu’il avait tiré de cette rencontre... jusqu'à présent. Il faut bien avouer que la racaille et les citadines délurées n'étaient franchement pas sa tasse de thé, impossible de savoir ce qui leur passait par la tête… mais finalement, si Manon finissait par lui demander son aide : c’est que l’électrochoc avait été efficace. Et donc… est-ce que sa méthode était correcte ? Devait-il également botter le derche du prochain délinquant qu’il croiserait pour espérer lui mettre un peu de plomb dans la cervelle ? Difficile à dire, néanmoins, il avait manifestement touché juste en exposant sa faiblesse. — Oh, et …Perdu dans ses “réflexions éducatives”, Bunji releva la tête pour voir ce qu’elle voulait ajouter d’autre. Et sentit sa tête partir vers l’arrière tandis qu’on lui torgnolait la tronche.— Ça, c'est pour avoir frappé PP.Honnêtement, c’était le seul coup qu’il pensait mériter....il serra les dents pour attendre la baffe suivante. — Ça, c'est pour avoir menacé ma copine.La claque lui cingla puissamment l’autre joue.S’il ne fit pas de commentaires, Bunji n’en pensait pas moins, car cette gifle-là lui semblait entièrement superflue. L’oncle et la tante d’Astelle comptaient parmi ses plus précieux amis. Et la mère de la petite postière était originaire de son village natal. Il ne lui aurait jamais fait le moindre mal. C’était même souvent le contraire qui se produisait. ...vu qu’au premier mot de travers, la gamine lui tirait dessus à coup de Draco-Rage. — Et ça, c'est pour avoir étranglé une femme.Là-aussi, le grief lui paraissait discutable. Même confrontée à une hostilité extrême, même après qu’on lui ait crûment annoncé ses intentions de nuire, Manon s’était montrée incapable de faire preuve de vigilance, incapable de prendre la mesure des risques qu’elle encourait. De son point de vue, lui faire prendre conscience de sa vulnérabilité, c’était lui rendre service. Et ça lui paraissait presque aussi naturel que d’avertir quelqu’un que sa braguette était ouverte. Pour le coup, Bunji se sentait presque serviable. ...si elle n’était pas jouasse, elle n’avait qu’à mieux se défendre.— Ok tu peux t'en prendre à moi parce que j'le cherche. Par contre, j'accepte absolument pas que tu t'en prennes à des innocents qui t'ont rien d'mandé. Alors r'fais plus jamais ça, JAMAIS.Bien. Elle avait pu relâcher un peu la pression.Encore une fois, Manon avait fait un effort notable pour maîtriser sa frustration. Une tendance qu’il n’appréciait pas, même s’il lui fallait bien reconnaître que c’était plus constructif dans la situation présente. Plus important, elle semblait faire des efforts pour assimiler la leçon. ...ç’aurait sûrement été plus facile pour elle de le traiter de dégénéré et de péter les plombs.Mais elle se retenait. Depuis le début, elle se retenait. Étouffant sa colère pour se montrer conciliante. Même face à une injustice criante, elle essayait d’abord d’arrondir les angles. Un réflexe idoine quand on vivait dans le cocon douillet de la société. ...mais ce cocon-là s’était déchiré pour Manon, le jour où elle avait été confrontée aux manigances cruelles de la team Mistral. Ce jour-là, elle avait choisi de se battre. Et il lui fallait maintenant réaliser que cet engagement avait des conséquences. Qu’il existait d’autres réflexes tout aussi cruciaux qu’il lui fallait adopter. — Combien de dresseurs collectent les badges à Lumiris, tu crois ? interrogea-t-il en se massant les joues des deux mains. Y'en a quelques dizaines, c’est tout. La communauté de champions est représentée par une petite élite venue d’autres régions, et les maigres effectifs de la police et des Rangers locaux peinent à réagir en cas de problèmes. C’est normal, Lumiris est loin de tout. Sa voix avait changé depuis tout à l’heure. Pas d’hostilité. Aucun mordant. — Ce qui veut dire qu’en cas d’emmerdes, avant que la police ne se mobilise, ce sont les challengers dans ton genre, les dresseurs les plus compétents du coin. Comme c’était le cas le jour où t’as cru malin de te pointer à la Centrale.Il la regardait également dans les yeux. Sans plus aucun mépris. — Le jour où y’a un problème, ta réaction va faire la différence. Elle pourrait même déterminer le nombre de personnes qu’on peut, ou qu’on peut pas sauver. Tu t’es déjà dit que si t’avais été plus compétente, la Centrale n’aurait pas explosé ? Que Voltapolis serait une ville brillante et pas en phase de devenir un camp de réfugiés miteux, que y’aurait pas un mémorial pour se rappeler le nombre de victimes ?Bon, il ne faudrait pas qu’elle s’imagine des trucs, non plus.Quand bien même l’attentat de la Centrale était un élément pivot de sa réflexion, et de ses motivations pour secouer les dresseurs les plus indolents, il aurait été stupide de nourrir la culpabilité de ceux qui s’étaient bougés le mou pour s’y opposer. Pour cette raison, peut-être, Bunji reprit un poil plus doucement. — J’suis pas en train de te blâmer, Manon.
Moi, j’étais même pas sur place, et j’ai servi à rien tandis que ces connards piétinaient les cœurs tendres dans ton genre. Le genre qui pense que c’est dans ses cordes de jouer les héros. On le sentait partagé sur la question. Pour fonctionner, la police et les rangers requéraient tous deux l’aide des dresseurs de Lumiris. ...mais il arrivait que les missions bénignes qu’on leur confie se révèlent plus dangereuses que prévues. — Quoi qu’il en soit, les dresseurs capables d’amasser des badges sont une ressource précieuse à Lumiris. Et j’attends d’eux - et de toi - le minimum syndical. Le jour où ça pète, t’as pas l’droit de rester plantée là comme une nigaude, à essayer de raisonner avec un psychopathe jusqu’à ce qu’on te refroidisse. C’est pas franchement digne d’un prétendant au badge Loi ; c'est pas digne d’un de mes challengers à moi.
Que tu parviennes à te protéger, ou à te barrer d’là, ne serait-ce que pour appeler à l’aide, c’est ça, le minimum syndical.
Il n’y a pas la main-d'œuvre pour faire autrement.
C’est ça, l’état dans lequel se trouve Lumiris, aujourd’hui.
Et c’est ce que je considère comme ta responsabilité.
Comme votre responsabilité, à vous, les challengers.Sa tirade enfin épuisée, il se releva en grognant. Il avait l’impression d’avoir plus parlé ces cinq dernières minutes qu’au cours du mois dernier… Les discours de ce genre n’étaient pas son style, mais il fallait admettre qu’il aurait probablement beaucoup moins de difficultés à parvenir à ses fins s’il prenait parfois la peine d’expliquer le raisonnement qui se cachait derrière ses actions. ...ça ne lui plaisait pas, mais lui-aussi retirerait quelque chose de cette leçon.— ...n’empêche, si je dois tous vous botter l’trognon pour vous faire prendre vos responsabilités, ben, je vais pas m'gêner. Foutus dresseurs. Je t’en foutrais, moi, “des innocents”... sortez-vous les doigts, un peu.Ce marmonnement hostile et désagréable ne semblait pas tout à fait s’adresser à Manon. Se grattant la tête d’un air dubitatif, Bunji baissa les yeux pour voir si la petite dresseuse réussissait à digérer ses déclarations. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
Née le : 16/05/2000
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Je crève d'envie de me griller une clope. De décharger toute ma frustration dans une simple latte. Alors que Bunji commence à me parler, je l'interrompt.
« Combien de dresseurs collectent les badges à Lumiris, tu cr–
- Attends. Deux s'condes. »
J'abandonne le gars quelques minutes, le temps de rejoindre mon sac et récupérer mon paquet de cibiche ainsi que mon briquet. Mes pokémons accourent vers moi, espérant des soins et de l'attention de ma part.
« Attendez les loulous, je discute avec l'aut' taré là-bas. Tenez, utilisez ça, mangez ça, je reviens vite vous voir. »
Mama, infirmière Joëlle à mi-temps, récupère les vivres que je lui donne. C'est elle qui s'occupera des blessures de Granbull et Pingoléon. Puis, comme si de rien est, je retourne vers Bunji, m'asseyant sur les fesses avec une certaine nonchalance. Enfin je vais pouvoir fumer.
« Qu'est-c'tu disais ? Ah, oui. Combien y'a de gens qui ont leurs badges ? ... bah j'en sais rien. »
Je crame le bout de ma cibiche en écoutant Bunji. Celui-ci me révèle la situation de Lumiris vis à vis de ses dresseurs experts : ils sont très limités, trop peu pour protéger les civils. Ce qui explique pourquoi j'ai été engagé pour une mission aussi dangereuse à la Centrale. Balançant doucement mon ischion vers l'arrière, je prends un peu de distance avec l'homme pour éviter de l'intoxiquer avec ma fumée. Puis, je me repositionne sans le lâcher des mirettes. Le comportement du jeune homme a subitement changé : depuis que je lui ai révélé mon gage, il n'est plus aussi méprisant et hautain que tout à l'heure. C'est beaucoup plus agréable de l'écouter ainsi.
« Le jour où y’a un problème, ta réaction va faire la différence. Elle pourrait même déterminer le nombre de personnes qu’on peut, ou qu’on peut pas sauver. Tu t’es déjà dit que si t’avais été plus compétente, la Centrale n’aurait pas explosé ? »
Je me le répète souvent. À chaque fois que je me remémore les évènements, la culpabilité ne cesse de me ronger. Je n'ai pas été capable de défendre correctement ceux que j'aime. Astelle a failli finir en poulet rôti et moi, probablement morte d'une balle tirée dans le crâne. Restant silencieuse face aux mots durs de Bunji, je me mords la lèvre en baissant le regard.
« J’suis pas en train de te blâmer, Manon. Moi, j’étais même pas sur place, et j’ai servi à rien tandis que ces connards piétinaient les cœurs tendres dans ton genre. Le genre qui pense que c’est dans ses cordes de jouer les héros. »
C'est vrai ça, il était où à ce moment-là ? Ok, personne n'aurait pu deviner ce qui s'est passé mais c'est facile de blâmer quelqu'un alors qu'on a même pas assisté à la scène. Il aurait été à ma place, je doute qu'il se serait permit un tel jugement. Une moue sur la face, je marmonne toute bougonne :
« T'étais où toi d'ailleurs ? Si t'es si fort et si intelligent qu'ça, pourquoi t'as pas participé à la mission et laissé des incompétents mener la bataille ? »
Inutile de lui faire davantage de reproches. Bunji a probablement ses raisons et là n'est pas le propos : il tente de m'enseigner quelque chose. Alors pour me faire taire, je fume ma cigarette en restant concentrée sur son discours. Selon le Champion d'arène, les individus concourant les arènes sont importants pour la région, justement parce qu'ils peuvent venir en renfort lors des attaques des Mistrals. Néanmoins, ces dresseurs dont j'en fais partie, n'ont pas forcément le physique ni le mental pour affronter de tels terroristes. La preuve, nous avons tous échoué lamentablement face à Diomède. Nous avons été incapable d'attraper le commanditaire de cet attentat, ce qui veut dire qu'il risque d'y avoir d'autres victimes, d'autres blessés, d'autres morts, d'autres traumatismes.
« [...] Le jour où ça pète, t’as pas l’droit de rester plantée là comme une nigaude, à essayer de raisonner avec un psychopathe jusqu’à ce qu’on te refroidisse. »
C'est pas mon genre Bunji, tu sais. Cependant, t'ignore encore tout de ma personnalité. Bientôt, tu comprendras un peu mieux.
« C’est pas franchement digne d’un prétendant au badge Loi ; c'est pas digne d’un de mes challengers à moi. Que tu parviennes à te protéger, ou à te barrer d’là, ne serait-ce que pour appeler à l’aide, c’est ça, le minimum syndical. »
Quelques parts, ses déclarations me rassurent, elles me motivent même. Il est hors de question que je fasse partie des mollusques qui contemplent les catastrophes sans même agir. Je veux accomplir les choses par moi-même, prendre des initiatives qui aidera un maximum de personne. Mon poing se serre sur ma cuisse.
« Il n’y a pas la main-d'œuvre pour faire autrement. C’est ça, l’état dans lequel se trouve Lumiris, aujourd’hui. Et c’est ce que je considère comme ta responsabilité. Comme votre responsabilité, à vous, les challengers. »
Finalement, le comportement du jeune homme fait sens. Si il agit de manière aussi impitoyable et arrogante, c'est parce qu'il tente de prévenir ses challengers : le monde est cruel, il faut se battre pour subsister. Mon grand frère tient le même discours : selon lui, il faut vaincre le mal par le mal, inutile de prendre des pincettes puisque les aléas de la vie n'en prennent aucune. J'ai adhéré ses propos lorsque papa est mort.
Ignorant les grognements de Bunji, je rétorque à sa tirade les yeux plantés dans les siens.
« T'sais, j'suis totalement de ton avis. C'est pour ça que j'te demande ton aide. »
Je termine ma barrette de nicotine avant d'enchaîner.
« Mon grand frère aussi, y m'entraînait à la dure. C'est grâce à lui qu'j'ai appris à me battre et qu'ch'uis encore là ... »
Je déteste lui faire des éloges alors je vais nuancer mes propos.
« ... mais il m'a clairement pas tout appris. Il est assez limité dans sa tête donc j'ai pas toutes les ressources qu'y m'faut. J'pense qu'avec ton QI bien supérieur au sien, y'a moyen qu'j'parvienne à mes fins. »
Et voilà que maintenant je fais de la lèche. Sérieux, je suis pitoyable aujourd'hui : non seulement je me fais humilier mais je me prosterne devant mon agresseur, en quémandant son aide. Clairement, mon ego en prend un sacré coup et une partie de moi se manifeste pour ma dignité.
T'as vraiment aucune honte Manon, sérieux t'es même pas foutue d'apprendre les choses par toi-même.
Mon visage se crispe et mes joues rougissent. Je détourne mon regard vers mon mégot.
« B-bref ... »
Cherchant mon cendrier miniature dans mes poches, je réalise qu'il l'a disparu. Il a dû tomber pendant l'altercation.
« Merde, j'ai rien pour l'j'ter ... »
De toute façon, je ne vois pas pourquoi on reste assis sur cette terre poussiéreuse, on devrait bouger. Écrasant mon mégot sur le sol, je me relève en le gardant dans ma main.
« Bref. Allons en parler ailleurs, j'ai pas forcément envie de rester en plein cagnard ici. »
J'époussette fissa mes vêtements souillés.
« En tout cas, crois moi chuis pas du genre à m'tourner les pouces. Si m'remettre en question m'permet de devenir une meilleure personne, alors je le ferais. Si j'dois morfler pour apprendre une leçon alors je morflerais. Mais clairement, j'vais pas rester là à me morfondre. » dis-je à Bunji, en lui tournant le dos.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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| — Bref. Allons en parler ailleurs, j'ai pas forcément envie de rester en plein cagnard ici.L'expression indéchiffrable, le voyageur l’observa épousseter ses vêtements, puis se lever pour partir. — En tout cas, crois moi chuis pas du genre à m'tourner les pouces. Si m'remettre en question m'permet de devenir une meilleure personne, alors je le ferais. Si j'dois morfler pour apprendre une leçon alors je morflerais. Mais clairement, j'vais pas rester là à me morfondre, lui dit-elle en lui tournant le dos. L’esquisse d’un sourire sadique lui découvrit les crocs. — Manon, la prévint-il. La seconde suivante, Bunji s’élançait. Presque en silence, avec ces mouvements sinueux qui empruntaient à la danse du Séviper, il fut sur elle en un instant. Pied levé, et sans le moindre impact, il exerça une pression sur le flanc de la jeune femme. Absorbant toute la violence de l’assaut par un astucieux transfert de poids, afin de la repousser et de l’envoyer rouler au sol, sans douleur. — ...ton problème le plus urgent, dit-il en reposant lentement son pied à terre, c’est celui-là. Se rapprochant de la dresseuse qu’il venait d’envoyer valdinguer dans la boue, Bunji vint s’accroupir à ses côtés. Il s’empara d’une des pokéballs à la ceinture de Manon pour la lui agiter sous le nez. — Même chose que tout à l’heure : peu importe à quel point tu beugles, à quel point tu t’fais secouer, ou à quel point t’es en danger, tes pokémons ne réagissent pas pour venir t’aider. En effet, aucun des pokémons de Manon ne s’était libéré spontanément pour venir à son aide. Ni maintenant, alors qu’il venait de la projeter au sol, ni plus tôt, au cours de leur prise de bec. — La plupart des pokémons sont capables de quitter leurs pokéballs sans permission... commença-t-il à lui expliquer, toujours de cette voix de basse calme, presque lointaine, qui donnait l’impression qu’il n’était pas concentré. ...mais une fois à l’intérieur, tous ne sont pas égaux dans la manière dont ils perçoivent leur environnement. N’importe quel dresseur savait utiliser une pokéball. Et pourtant, tous semblaient se moquer de savoir comment fonctionnait ce qui était leur outil de prédilection. Un autre exemple de leur négligence. Les gens se contentaient de capturer, de miniaturiser, et de stocker. Le strict minimum… alors qu’il y avait tellement plus de potentiel à exploiter. — Ça dépend de leur nature, de leur type, et d’autres facteurs dont j’ai même pas idée. A l’intérieur d’une pokéball, certains pokémons sont en sommeil. D’autres sont obéissants et disciplinés. D’autres encore réagissent au moindre stimulus. C’est vrai qu’tu manques globalement de vigilance, mais stimuler le sens de l’initiative de tes bestioles... voilà sur quoi tu peux commencer à travailler. Ce sont tes alliés, faut qu’ils apprennent à se comporter comme tels.De manière générale, qu’un pokémon sache faire preuve d’autonomie, sache réfléchir et agir par lui-même, faisait souvent la différence en combat réel. Ce qui permettait, par exemple, de ne pas crier à tout-va les capacités qu’on souhait utiliser, mais aussi de se reposer sur son partenaire pour rester attentif et neutraliser les menaces qui pourraient échapper à son dresseur. Les avantages tactiques étaient légions. — Percevoir que tu puisses être en danger, se fier à leurs instincts pour intervenir en cas de besoin : ce sont des choses que tu peux leur enseigner. C’est même pas très compliqué… et pourtant, j’en reviens pas du nombre de prétendus dresseurs qui n’ont jamais même un peu réfléchi à ce que vivent et ressentent les pokémons, une fois dans leurs pokéballs.Bunji poursuivit en lui détaillant par le menu les quelques exercices, très basiques, avec lesquels on pouvait stimuler la conscience des pokémons. Un peu de travail au quotidien suffisait. Par exemple, on pouvait simplement les faire rentrer dans une pokéball, et leur demander de s’en libérer d’eux-mêmes dix minutes plus tard. Et puis rallonger la durée, au fil des jours, pour qu’ils développent leur capacité à jauger du temps qui passe, même contenus dans la pokéball. D’autres pratiques consistaient à leur demander de réagir à certains mots-clefs et gestes précis, et petit à petit, d’affûter leur vigilance. — ...et à partir de là, tu peux aller toujours plus loin. Rien qu’à la façon dont j’vais lancer la pokéball, le pokémon à l’intérieur voit déjà ce que j’attends de lui. Tout à l’heure, rien qu’en se basant sur sa sensation de vertige, Grolem savait quand se libérer, et comment frapper en retombant. Sans même réfléchir. M’enfin, rien d’tout ça n’est bien utile dans un combat pokémon à la régulière… mais le jour où t’es dans la panade, c’est ce genre de détail qui va faire la différence.Et de l’avis de Bunji, vu sa négligence et sa naïveté bienveillante à l’égard des gens, c’était le genre de précautions que la jeune femme devait savoir prendre. Sans doute s'en serait-il un peu moins soucié si elle n’avait été en première ligne lors de l’épisode de la Centrale. ...après pareil incident, n’importe qui d’à peu près sensé aurait compris qu’il devenait urgent d’apprendre à se défendre. — Après, c’est pas la seule méthode, poursuivit-il d’un air las. Tu peux bêtement t’faire accompagner au quotidien par un p’tit pokémon, capable d’assurer tes arrières et de te protéger au besoin. Même si là encore, va falloir qu’il ait un minimum de jugeote et de débrouillardise. T’as mentionné ta copine la morveuse tout à l’heure. Ben, tu vois, ça m’étonnerait qu’elle ait pensé à tout ça, mais c’est exactement ce qu’elle fait avec son p’tit dragon.Peu importait le moyen, pourvu qu’il y ait des résultats. En ce qui concernait Bunji, ses pokémons avaient pour consigne expresse de ne pas quitter leurs pokéballs sans permission. Qu’il soit en danger ou non, le gaillard n’aimait pas qu’on se mêle de ses oignons. ...il existait pourtant une exception. Le Kicklee qui l’accompagnait - depuis toujours - dans ses voyages était souvent en liberté, à fureter dans les parages. Tout comme aujourd’hui, où le pokémon Combat épiait la scène depuis le sommet de la colline voisine, non pas pour le secourir, mais au contraire : pour le brider et intervenir avant que son partenaire trop violent ne fasse quelque chose qu’il pourrait regretter. Comme casser un challenger en deux. Si Manon n’avait pas pu se protéger du Séisme, un peu plus tôt, sûrement serait-il passé à l’action avant que quiconque ne soit réduit en purée.  C'est parce qu'il avait toujours été là pour lui servir de garde-fou que Bunji se sentait libre de se déchaîner. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
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À peine je me tourne pour zieuter Bunji que ce dernier, d'un sourire sournois, me susurre d'une voix inquiétante mon prénom. Sans même laisser le temps à mes yeux de se poser sur lui, il enchaîne deux trois techniques d'immobilisation avant de m'envoyer paître dans la boue. Putain, il agit si spontanément que je n'ai pas pu lui coller une beigne dans son minois. Pleine de crasse, je grogne avec agacement, époussetant tant bien que mal la poussière et la boue qui imprègnent mes vêtements. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas été autant humiliée : la dernière fois, c'est lorsque les policiers de la BAC m'ont plaqué au sol et menotté devant une foule de curieux. Ok, j'avoue avoir essayé de cambrioler un appart de bobo à Volucité mais c'est une erreur de jeunesse – ça ne vaut carrément pas les deux côtes brisées que j'ai subi. Bunji a le don d'exacerber mes défauts et mes faiblesses, ce qui me plonge dans une rage teintée de frustration. À peine mon ego se reconstruit qu'il se retrouve fracassé par un gars sorti de nulle part. Je suis encore plus pitoyable que je ne l'ai cru ...
Alors que je tente de me sauver la face, l'homme me fait la leçon. Je dois me rendre à l'évidence : aucun de mes pokémons n'ont prit l'initiative de me protéger. Ayant l'habitude d'avoir un toutou protecteur à mes côtés, mes autres pokémons n'ont jamais l'occasion de réfléchir par eux même. Après tout, peu importe ce qu'ils font, PP les empêche de sortir pour briller, en agissant systématiquement en premier et grognant après ceux tentant de lui voler la vedette. Je pousse un long soupir, obligée d'accepter l'évidence. J'aime pas l'admettre mais c'est le champion d'arène qui a raison.
Il saisit sans que je m'en aperçoive une de mes pokéballs.
« Eh ! » je gronde comme un Ursaring mal léché.
« Même chose que tout à l’heure : peu importe à quel point tu beugles, à quel point tu t’fais secouer, ou à quel point t’es en danger, tes pokémons ne réagissent pas pour venir t’aider.
- C'est bon, j'ai capté mon vieux, pas la peine de m'enfoncer encore plus. »
Je baisse les yeux, gonflant mes joues rougies par la honte. Bunji sensei n'en a que faire, il préfère me déblatérer un cours sur la pokéball. Les gens persuadés d'être supérieurs à moi ont la fâcheuse tendance à me couper la parole, comme le fait systématiquement mon grand frère. Alors que je l'entend que d'une oreille, un de ses propos me fait tilter.
« [...] C’est vrai qu’tu manques globalement de vigilance, mais stimuler le sens de l’initiative de tes bestioles... voilà sur quoi tu peux commencer à travailler. Ce sont tes alliés, faut qu’ils apprennent à se comporter comme tels. »
Je relève le menton, mes yeux brillant de détermination rivés sur l'homme. Je l'écoute sans broncher jusqu'à l'interrompre au milieu de son monologue.
« [...] C’est même pas très compliqué … et pourtant, j’en reviens pas du nombre de prétendus dresseurs qui n’ont jamais même un peu réfléchi à ce que vivent et ressentent les pokémons, une fois dans leurs pokéballs.
- Bah moi si, j'y ai d'jà réfléchi. J'sais et je r'ssens lorsqu'un Pokémon n'a pas envie de se libérer. »
Rien que d'imaginer l'aura sombre qui entoure la Pokéball d'Ophélia me fout des frissons. Bunji poursuit sa leçon s'en prendre garde à ma remarque. Il me partage ses exercices que je note soigneusement dans mon vieux portable.
« Ok, je vois ... faudrait que je trouve un code pour que mes pokémons réagissent au moindre danger ... » je marmonne dans ma tignasse toute grasse.
Mon aîné m'explique en quoi ces entraînements sont bénéfiques pour la suite. Je rejoins totalement son point de vue, aquiesçant avec vigueur chacun de ses mots. Il ajoute qu'il y a d'autre méthodes pour perfectionner ma coordination avec mes coéquipiers. En effet, il me dit ce que je fais déjà. Je le coupe en m'esclaffant :
« Justement m'sieur ! J'voulais vous en parler–
- T’as mentionné ta copine la morveuse tout à l’heure. Ben, tu vois, ça m’étonnerait qu’elle ait pensé à tout ça, mais c’est exactement ce qu’elle fait avec son p’tit dragon.
- Bah oui mais moi aussi j'le fai– »
Soudain, je réalise quelque chose qui me hérisse le poil.
« C-comment tu sais ... qu'elle a un p'tit dragon ? »
Je viens seulement de le réaliser : ma bien aimée connait cette énergumène. Mais d'où !? Comment !? Dans quel contexte !? Je n'ai pas le souvenir d'elle m'en parlant, même si avec mon cerveau de Poissirène alcoolique je ne me souviens de pas grand chose. Bizarrement, je ressens un pincement au cœur lorsque j'imagine Astelle avec un autre, surtout avec lui. Comme la racaille imbécile que je suis, je saisis l'homme par son col – sans parvenir à soulever sa montagne de muscles – avant de cogner mon front contre le sien.
« Depuis quand vous vous connaissez ? Tu lui as d'jà fait du mal !? J'te jure que si tu touches ne s'rait-ce qu'un d'ses ch'veux, j'te jure que j't'explo–
- WAF WAF :) »
L'aboiement sourd de mon pataud de Grandbull calme mes ardeurs. Dirigeant mon regard vers ce doux son, j'aperçois mon PP qui charge dans ma direction. Dans un ralenti surréaliste, je m'accroupis en ouvrant grand les bras pour réceptionner le toutou. Ce dernier, encore blessé et asthmatique, ne se décourage pas pour atteindre sa tendre maîtresse. Il parvient malgré tout à me sauter dessus, déstabilisant mes deux pieds. Perdant l'équilibre, nous déboulons lentement dans la boue pour s'échanger des câlins larmoyants.
« OooOh mon gros pEUpè ! Tu sais que môman était TRÈS inquiète ? »
Avant de dégoûter et faire fuir Bunji, je lui pose finalement mon interrogation concernant Granbull.
« Par rapport à c'que t'as dis ... justement, j'ai un pokémon qui prend les initiatives à chaque fois. Et c'est lui. Il est toujours avec moi et dès qu'il y a le moindre danger, c'est l'premier à réagir. Mais si d'autres de mes poké' ont le malheur de briller à sa place, il hésite pas à les r'caler. Et je sais pas comment faire avec ça, j'aurais beau stimuler mes pokémons, jamais ils oseront se confronter à la jalousie de mon Granbull ... »
Je gratte sous les oreilles de PP – l'endroit magique – avec un petit air contrarié. Devrai-je apprendre à le canaliser ou à tout miser sur lui ?
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
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| — Depuis quand vous vous connaissez ? Tu lui as d'jà fait du mal !? J'te jure que si tu touches ne s'rait-ce qu'un d'ses ch'veux, j'te jure que j't'explo–— WAF WAF :)Coupé dans son élan avant d’avoir pu fournir le moindre élément de réponse, Bunji se contenta de garder le silence. De toute façon, ayant reporté son attention sur le Granbull, il semblait que Manon avait eu tôt fait d’oublier la question qu’elle lui posait. — Par rapport à c'que t'as dis ... justement, j'ai un pokémon qui prend les initiatives à chaque fois. Et c'est lui. Il est toujours avec moi et dès qu'il y a le moindre danger, c'est l'premier à réagir. Mais si d'autres de mes poké' ont le malheur de briller à sa place, il hésite pas à les r'caler. Et je sais pas comment faire avec ça, j'aurais beau stimuler mes pokémons, jamais ils oseront se confronter à la jalousie de mon Granbull …Le voyageur coula un regard dubitatif au gros chien rose. — Va ptête falloir lui faire perdre son bide à bière, alors… et arrêter de lui donner des saloperies.Même pris par surprise, on n’était pas supposé mettre au tapis un pokémon tel que Granbull d’un seul coup de pied. Tout entraîné qu’il fut, Bunji n’était physiquement pas de taille à lutter contre une telle créature. Détournant les yeux tandis que la racaille et sa bestiole se léchaient la truffe, le jeune homme se frictionna la nuque d’un geste embarrassé. La sensation du ventre mou du Granbull lui restait comme gravée dans la jambe. Il n’aurait pas dû le frapper. Même selon ses standards, c’était aller trop loin que de faire payer la stupidité d’un dresseur à ses pokémons. — Ramenez-vous, soupira le champion en prenant la direction du moulin fraîchement rénové. *** — Y’a un tuyau d’arrosage derrière. Décrottez-vous et veillez à pas faire d'saletés, j’prépare de la bouffe là-dedans, termina-t-il en désignant l’édifice du pouce, dont émanait la bonne odeur caractéristique d’un fournil en action. A l’extérieur, l’arrière du moulin ressemblait à un petit jardin potager. Y poussaient des fleurs et des aromates d’orient, ainsi que plusieurs arbrisseaux contenant des baies. — Mange pas ça, ni ça, et surtout pas ça… tâcha-t-il de prévenir le clébard (et sa maîtresse), désignant les quelques plantes dangereuses, ...ou bien tu risques une sacrée diarrhée, avant de tourner talons pour laisser les deux énergumènes se nettoyer. Rentré à l’intérieur, il leur balança sans regarder deux serviettes par la fenêtre, puis poussa du pied le fatras qui s’accumulait dans le salon d’accueil... si tant est qu’on puisse qualifier de salon le petit espace qu’il avait dégagé autour de la meule. La décoration (un mot qu’il était bien généreux d’utiliser) du moulin était révélatrice des intérêts éclectiques de Bunji d'Izabe. Planisphères et vieilles cartes annotées disputaient l’espace aux collections de pierres et d’herbiers. Des squelettes en zinc de cerf-volants à l’effigie de larges pokémons emplissaient un pan de mur entier, aux côtés de pokéballs trafiquées et d’autres curieux outils semblables au pokendama d’Astelle. Beaucoup de documentation, sur de nombreux sujets, et les manuels de l’académie de Nemerya côtoyaient les e-makis traditionnels de Hoenn, rouleaux calligraphiés ou illustrés à la main. Les encriers et pigments artisanaux qui traînaient non loin témoignaient que nombre de ces documents étaient rédigés de sa main. Une échelle au milieu de la pièce menait à l’étage supérieur du moulin, et dans un coin : la porte qui les séparait de la cuisine était soigneusement verrouillée. Et si l’on voulait s’asseoir, c’était à même le sol ou rien. Lorsque Manon se présenta finalement aux portes de ce capharnaüm, le champion attendait avec une petite bouilloire, et trois tasses de thé. Déchaussé, assis en tailleur par terre, et manipulant soigneusement un vieil herbier, il releva un regard agacé vers la jeune femme. — Bon, parlons de ton clébard.
Qu’est-ce qu’y prend pour être aussi naze ?Manifestement, ça ne lui plaisait pas beaucoup de laisser quelqu’un entrer ici. |
| | | Manon DubellDresseur·euse PulsarMessages : 719
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Alors que Bunji me conseille d'arrêter de donner n'importe quoi à mon chien, ce dernier exhibe son gros bidon en tendant la patoune vers mon interlocuteur. Quant à moi, des larmes pleines d'émotions inondent mes globes oculaires : PP me manipule. Ses prunelles pétillant d'amour et d'émotion m'incitent à m'y dévouer corps et âmes. Pour ses beaux yeux, je peux lui donner n'importe quoi à manger – et à fumer. Complètement séduite par mon toutou, je caresse frénétiquement son ventre poilu en frottant ma joue contre sa peau.
« M-mé, mé regarde !!! Comment j'peux dire non quand il tire une tronche pareille !? »
Friand des gratte-grattes, la patte arrière de PP s'emballe et sa langue s'échappe de sa gueule. Son enthousiasme me contamine tandis que son aura chaleureuse annihile toutes mes pensées négatives. Ce pokémon a un véritable pouvoir : celui de me transformer en guimauve.
« BaAh vUI ! Ch'est bon heiiin !! Tu kiffes ça mon gros mOoOoh vui ! KOUJOUKOUJOUK–
- Ramenez-vous. »
J'ai presque oublié Bunji. Il a déjà décollé, partant du principe qu'on le suit. Mon cerveau fonctionne à deux à l'heure, mettant du temps avant de se rendre compte que l'homme n'en a pas fini avec moi. Ça veut dire qu'il est prêt à me partager ses secrets de guerrier ? Il accepte de me prendre en tant que disciple qui va morfler sous une cascade ? C'est parfait. Mes yeux encore plus étincelants que ceux de PP, je fonce rejoindre Bunji après avoir ramassé toutes mes affaires éparpillées sur le terrain.
***
C'est qu'il marche vite le bonhomme ! Pinky Poopy et moi, pleins de sueurs et de boue, arrivons à destination complètement essoufflés. À cause du goudron qui comprime mes poumons, je suis obligée de tousser pour décoller les glaires au fond de ma gorge. La fin de cette scène immonde se termine par un molard translucide qui s'écrase sur la pelouse. Heureusement que je ne suis pas en compagnie d'Astelle et que Bunji n'est pas vraiment un être humain : n'importe qui aurait pu être dégoûté de me voir dans cet état. Sauf PP qui met le pif dans mon crachat.
« Y’a un tuyau d’arrosage derrière. Décrottez-vous et veillez à pas faire d'saletés, j’prépare de la bouffe là-dedans. » nous balance Bunji, toujours sur un ton à la fois nonchalant et condescendant.
Ce n'est qu'une fois après avoir reprit mon souffle que je lève la tête. Le paysage est idyllique : perdu dans une vallée de verdure, un moulin trône fièrement sur une colline. Il est entouré de fleurs, de plantes aux parfums enivrants, d'arbres et de buissons fruités. Pour couronner le tout, la brise vient caresser nos cheveux chauffés par le soleil. Parmis les gazouillis des volatiles ayant assignés dans ce coin de paradis, une voix dénote dans cette symphonie : celle de Bunji. Il semble dire des choses pas très agréables à mon doge mais je n'écoute pas, trop captivée par ce monde sans béton.
Je tourne dos au moulin et à Bunji, admirant le spectacle naturel. Évidemment, j'ai galéré à allumer le tuyau d'arrosage. J'ai paniqué au début, donnant des coups de pieds désespérés sur le robinet jusqu'à ce que PP vienne à la rescousse. Debout sur ses deux pattes arrières, c'est sans aucune difficulté qu'il tourne le levier.
« Ouais évidement qu't'as réussi, avec ton mètre soixante-dix et tes quatre-vingt kilos, FORCÉMENT t'as l'avantage. »
En vérité pas du tout, puisque je me suis acharnée à tourner le robinet dans le mauvais sens. Mais qu'importe ! L'eau fraîche jaillit du tuyau d'arrosage. Dans un premier temps, je pulvérise mon toutou avec le jet d'eau. Je l'admets, c'est plus pour jouer que nettoyer car mon canidé adore se battre avec l'eau. La gueule qu'il tire quand il se bat avec est à mourir de rire. Puis, Bunji perturbe nos bêtises en balançant des serviettes par la fenêtre.
« Merci ! »
Je m'en vais gentiment les ramasser et les poser sur une brique en pierre. Habituellement, je lui aurai fait bouffer ses morceaux de tissus mais ne souhaitant pas être exclue de ce havre de paix, j'évite de contrarier mon hôte.
Une fois que PP a récupéré son poil brillant — qu'il s'empresse de salir en se roulant dans l'herbe –, c'est à mon tour de me décrasser. L'eau froide est difficile à supporter mais très vite, une sensation de bien être m'envahi. Jamais je n'aurais cru qu'être à moitié à poil en pleine nature ne m'aurait fait autant de bien.
« AaAah, ça fait du bien. »
Je m'enveloppe dans ma serviette puis fouille dans mon sac à la recherche d'une cigarette. Avant de rejoindre mon sensei de substitution, je profite de cet instant pour évacuer toutes mes émotions. Débarrassée de mes rancœurs et de mes peurs, c'est ravie que je retrouve Bunji dans son habitat insolite.
Un petit rire immature s'échappe de ma bouche. L'antre de l'homme est rempli de bibelots venus du monde entier, de bouquins plus vieux que ma grand-mère et de papiers avec une écriture illisible. Il y a un certain charme dans ce décor désorganisé qui est indescriptible, mais j'hésite pas à lancer une pique.
« Eh beh, moi qui croyait qu'être champion d'arène payait bien ... elle est p'tite, ta piaule. »
On dirait un scientifique fou à l'époque Edo. Au moins, sa chambre a le mérite de sentir bon, contrairement à mes frères qui empestent la sueur et le mâle en pleine puberté. Au centre de ce capharnaüm, une table avec de jolies tasses à thé sont disposées. Tout comme Bunji, je m'assieds en tailleur avant de saisir délicatement le récipient encore chaud.
« Merci. » murmuré-je poliment.
Puis, je me brûle la langue, comme à chaque fois que je bois une boisson chaude. Tandis que je chasse d'un souffle la vapeur de ma tasse, la voix rauque de Bunji résonne dans la pièce.
« Bon, parlons de ton clébard.
Qu’est-ce qu’y prend pour être aussi naze ? »
Mes yeux se posent sur l'homme avant de tourner vers PP. Ses papattes sont hyper crades : j'ignore ce qu'il est parti faire dans le jardin mais pas question de le laisser salir l'intérieur ! Alors qu'il est sagement couché devant l'entrée, le toutou est rapatrié dans sa pokéball pour souci d'hygiène. Embarrassée, je me relève et me dirige vers la porte, là où Granbull a déposé de la terre et des poils.
« T, vo–..., je n'ai pas envie de vouvoyer un type pareil mais sans lui manquer de respect, je choisis donc une grammaire simple, y'a pas un balais ou quoi dans l'coin ? »
Le temps que Bunji m'indique l'endroit, je pose mes genoux deux minutes sur le tapis pour déguster mon thé. Toujours aussi amère, toujours aussi âpre, cela ne vaudra jamais un verre de gintonic.
« Oh et ... y'aurait pas du sucre pour mon thé ? Ou du gin pour améliorer la saveur ? »
J'abuse un peu de son hospitalité mais il me doit bien ça. Enfin, ma réponse à sa question est révélée.
« C'est pas que PP est nul, c'est qu'il est encore immature et j'arrive pas à améliorer son cas. »
Le coude sur la table, la paume de ma main invite ma tête à s'y loger. En pleine réflexion, je me rends compte que mon comportement a des similitudes avec ma mère. Cette dernière, incapable d'élever ses gamins comme des hommes, fait tout pour qu'ils restent au stade d'enfant. Elle n'accepte pas le fait qu'ils grandissent et deviennent indépendants car ça lui donne l'impression de ne plus exister.
« ... j'crois pas que le problème vient de Granbull. C'est moi qu'y'est naze. »
C'est moi qui rigole aux bêtises de Granbull. C'est moi qui lui offre des kebabs et des cigarettes. C'est moi qui l'encourage à me protéger à tout prix, au détriment de mes autres compagnons. C'est moi la responsable : ses agissements ne sont que la conséquence de mes choix. Ma main disponible chiffonne le bout de ma serviette, toujours enroulée autour de moi. Mes yeux reviennent vers Bunji, intimidés par son jugement.
« C'pour ça que j'ai besoin des conseils d'un pro. Si j'me reprends pas maint'nant, jamais j'pourrais d'v'nir une championne stylée. »
Mon regard fuit vers le liquide vert de ma tasse.
« Toi, t'es stylé. Moi, j'manque d'autorité. J'arrive pas à être ferme. J'essaie d'être dure mais c'est jamais cohérent avec mon comportement : tantôt j'engueule mes p'tits quand ils font une bêtise, tantôt j'leur donne une gâterie juste pour leur faire plaisir. Du coup, beeh au final ... ils n'en font qu'à leur tête, pour les moins soumis. »
Je pousse un soupir avant de me cacher derrière ma tasse en argile. Alors que je m'apprête à reprendre une gorgée de thé, quelque chose chatouille violemment mon nez, me forçant à éternuer comme une malpropre.
« AAATTCHA »
Sans élégance, j'aspire bruyamment par le nez la morve qui menace de couler.
« Au fait, j'ai étendu mes vêtements derrière l'moulin pour qu'ils sèchent ... J'sais qu'il fait beau aujourd'hui mais t'aurais pas un truc que j'peux mettre sur mes épaules ? Ça s'rait con d'attraper la crève. »
Et un mouchoir aussi, ça serait pas mal sauf si Bunji apprécie la vue d'une crotte de nez qui pendouille. J'espère qu'il ne m'en veut pas de l'avoir tutoyé, même si c'est probablement le cadet de ses soucis.
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| | | Bunji d'IzabeDresseur·euse Météore & Champion·ne d'ArèneMessages : 937
Née le : 18/08/1996
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| — Au fait, j'ai étendu mes vêtements derrière l'moulin pour qu'ils sèchent ... J'sais qu'il fait beau aujourd'hui mais t'aurais pas un truc que j'peux mettre sur mes épaules ? Ça s'rait con d'attraper la crève.Et hop, Bunji lui balança un drap à la figure. Problème réglé. La tasse de thé tenue entre le pouce et l’index, le voyageur était resté silencieux. Parfaitement stoïque, jugeant d’un regard sévère la petite saligaude qui réclamait du sucre pour gâcher le goût – parfaitement équilibré – de son thé vert traditionnel. Un froncement de sourcils fut d’ailleurs sa seule réponse. Qu’elle boive. L’amertume du breuvage médicinal lui décrasserait un peu les poumons. — Je n’suis pas un foutu éleveur de pokémons, lâcha-t-il au bout d’un moment, de cette voix lasse et inattentive qui était pareille au murmure moribond de la cendre. Après seulement deux ans de pratique, on pourrait même dire que j’ai à peine la qualification de dresseur. Alors j’vais pas m’amuser à t’expliquer comment tu dois discipliner ton clébard. Y faut qu’ça vienne de toi. D’autant plus que Snubull et Granbull, ce sont un peu les pokémons préférés des p’tites mémés. Des spécialistes canins, tu dois pouvoir en trouver treize à la douzaine, rien qu’à Nemerya.
…mais si on voyait beaucoup de p’tites vieilles à la Ligue Pokémon, ça se saurait. Un rictus de dérision conféra une brève étincelle de vie à son visage. Une lumière éphémère, pareille au premier coup d’une lame d’acier sur du silex. Bunji considéra d’un regard caustique l’adolescente évaporée qui se débattait avec son drap. Mieux valait rentrer dans le vif du sujet. Et vite. Il s’en fallait sûrement de peu pour que cette petite gourde ne se lève et déclare qu’elle partait à Nemerya aussitôt. C’était plus ou moins le genre de frasques auxquelles il s’attendait de la part de Manon. Pour éviter de provoquer un malentendu idiot, sans doute faudrait-il qu’il fasse l’effort d’être plus explicite. — ’fin bref, sur ce sujet comme pour tous les autres, y’aura toujours au moins deux approches : tu peux y aller mollo, ou tu peux y aller franco.
Si tu sens que ça colle à ta personnalité, tu peux t’adapter à chacun de tes partenaires, et adopter l’angle de communication qui convient à chacun d’eux. Ou alors, tu peux rester toi-même en toute circonstance, et forcer le foutu-reste-du-monde à s’adapter aux limites que tu poses. Sans tomber dans les extrêmes, y’a un dosage de force et de souplesse approprié à chaque situation.Lui-même pratiquait les deux méthodes. En dépit de la poigne de fer qui le caractérisait, il prenait soin de développer un mode de communication qui convenait aux spécificités de chacune de ses créatures. …mais cela demandait du temps, de l’inspiration et une bonne compréhension des affinités de chacun. — L’important, ce sont les résultats. Tant que ça marche, peu m’importe qu’tu gâtes ton clébard comme une grand-mère gâteuse.
M’enfin, si tu veux essayer une méthode qu’a fait ses preuves, j’ai ptête quelque chose pour toi.Claquant soudain des doigts devant son visage, il s’assura d’avoir bien toute son attention avant de continuer. Probablement qu’il se doutait que Manon commencerait à piquer du nez si on ne prenait pas soin de la secouer de temps en temps… foutue génération Z.— Je t’interdis de leur causer pendant toute la semaine qui vient.
La plupart des pokémons citadins – comme les tiens – sont capables de comprendre beaucoup, simplement à l’aide du contexte, du ton utilisé, et de quelques mots clefs : arrête de leur faciliter la tâche. Force-les à t’observer, à s’adapter, et à adopter un nouveau mode de fonctionnement. Même si ce n’est que temporaire, ce devrait être instructif. (Il marqua une pause.) …mais ça sert à rien si tu te contentes de glander chez ta copine, du coup : tu dégages.Il tendit le bras pour s’emparer d’une carte, qu’il déplia sur la table basse. Son doigt traça une ligne nonchalante, qui parut couper Lumiris en deux. — Tu pars d’ici, pour aller là.
Pas un mot, et pas de pokéballs non plus, tout le monde participe à la randonnée… ( Et tout le monde court le risque de se faire mordre le cul par un pokémon sauvage, mais ça, il ne l’ajouta pas à haute-voix.) Je te conseille de n’pas les libérer avant d’être paumés bien profond dans la pampa, sinon, y vont juste t’attendre à Kishika et t’auras pas moyen d’les faire crapahuter. Prends quand même d'la bouffe, par contre. Ça sert à rien si tu casses ta pipe en cours de route.En dépit de ces consignes simples, ce n’était pas un exercice facile. Mais c’était également une opportunité d’établir de nouvelles mécaniques de comportement. Avec six pokémons libérés en pleine nature, et l’interdiction de parler, il était pratiquement impossible de micro-gérer ses pokémons. Ceux-ci allaient devoir faire preuve d’attention, réfléchir par eux-mêmes à ce qu’on attendait d’eux, et trouver chacun leur propre réponse. Ceci dit, même si elle y mettait de la bonne volonté, il était peu probable que la jeune femme parvienne à se plier à l’exercice. Et à fermer sa gueule. Ne serait-ce que par frustration ou nécessité. Le voyageur le savait d’expérience. Le silence était un monde cruel. Et les gens comme Manon détestaient se retrouver seuls avec leurs pensées. Bah... peut-être que l’expérience la ferait mûrir un peu. Bien qu’il ne misait franchement pas là-dessus.— Et je t’attends à la fin du parcours, annonça-t-il, le doigt posé sur un point de la carte, avant de relever un regard tranchant vers la jeune femme. Qu’on vérifie tes prétentions à me “défoncer la tronche”. Fais ça sérieusement, et t’en apprendras bien davantage qu’en t’agitant toute seule dans la clairière comme une idiote. Au contraire, bâcle l’exercice, et sois certaine que j'vais te pulvériser en fin de course.
Mais si ça te convient pas…Il prononça les paroles suivantes bien plus doucement. — ...t'as plus qu'à prendre la fuite et te trouver un champion médiocre pour t’brosser dans le sens du poil. Pour faire semblant de n’pas constater tes faiblesses, et t’encourager à poursuivre sur un chemin qui ne mène qu’à l'anonymat.Ces mots doucereux et ce sourire caustique en disaient long sur la pensée du voyageur. Lumiris ne manquait pas de bonnes pâtes, de cœurs tendres et raisonnables. Probablement un résultat de la politique interne de l’île, qui dissimulait dans l’ombre ses complots et conflits sordides, pour offrir un quotidien de mensonges melliflus à sa populace. Leur faire vivre un rêve dont seul un attentat Mistral pouvait rompre la magie. — Maint’nant, si t’as fini ton thé : tire-toi.*** Trois tasses de thé avaient été préparées.
Deux seulement avaient été bues.
Manon partie, le voyageur s’interrogeait.
Lorsqu’il rentra à l’intérieur du modeste moulin. Bunji d'Izabe ne parla pas.
Il ne confia pas ses doutes au Kicklee, qui s’installait pour siroter la tasse qui lui était destinée. Bien qu’apparemment dépourvu de bouche. En cinq ans à voyager ensemble, le champion n’avait jamais réussi à découvrir comment le pokémon ingérait sa nourriture. Dans le silence épais qui tombait sur le moulin, ses propres paroles lui revenaient en pleine poire. Sans tomber dans les extrêmes, il y a un dosage de force et de souplesse approprié à chaque situation. Et lui ? Vivait-il en accord avec les principes qu’il prêchait ? Un sourire amer s'étira sur ses lèvres. Quand se déciderait-il à doser cette rudesse qu’il imposait à ses visiteurs ? Combien de temps encore laisserait-il la colère et le mépris lui dicter ses actes et ses paroles ? Oui, il n’existait à Lumiris qu’une poignée d’âmes qu’il jugeait dignes de son respect. Oui, leur mollesse, leur nonchalance et leurs faibles ambitions lui inspiraient un profond dédain. Ces gens n’étaient simplement pas capables de rugir avec la férocité qui était la sienne. Mais comment l’auraient-ils pu ? Un monde séparait leurs existences mièvres du travail de recherche, de perfectionnement, et de la profession de foi qu’il poursuivait avec acharnement. …son aigreur voilait tout bonnement sa vision. Aujourd’hui, il avait marché sur le fil. Avec ses méthodes forcenées, il avait failli perdre Manon. Qui ne manquait pourtant pas de courage, pour une adolescente mal-dégrossie. Il en avait eu la preuve : patiemment, et en faisant jouer ses contacts dans la police, Bunji avait rassemblé des témoignages sur les événements qui s’étaient déroulés à la Centrale. De la bouche des individus présents à la Salle de Communication, il avait entendu comment la jeune femme s’était retrouvée enchaînée, pistolet sur la tempe, et forcée de faire un choix. Elle avait fait celui du sacrifice.Quelle que soit la motivation à son origine, cette décision avait forcé son respect. Le voyageur soupira. Ses justifications importaient peu. La logique à la base de son attitude importait peu. Cette violence avec laquelle il bousculait les choses n’était rien moins qu’une agression. Causer une blessure, infliger une cicatrice, briser les os pour qu’ils se ressoudent plus puissants… c’était déjà l’approche qu’adoptait Mistral. Ne pouvait-il pas faire mieux ? Cette méthode rustre et dépourvue de sagesse était indigne du bagage culturel qui était le sien. Le jeune homme expira lourdement l’air de ses poumons. En effet… ...le silence était un monde cruel. A ses pieds, la tasse de thé était vide. Et le Kicklee s’en était allé. |
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