Allez, je vais être parfaitement honnête : je n’ai pas la moindre idée de pourquoi j’ai décidé de commencer mes petites vacances à Lumiris à proximité d’un foutu désert. La chaleur accablante m’est insupportable et je déteste marcher dans le sable, c’est compliqué et je manque de me casser la gueule tous les trois pas. Mais je suis là quand même, comme guidé par le destin, comme si j’avais fait la même erreur débile de partir directement en direction d’un désert dans une vie précédente. Vraiment, quel idiot…

Hadès, qui marche tant mal que mal dans le sable des dunes à mes côtés ne sera pas celui qui prendra ma défense quant à ce choix plus que douteux de destination. Ses petites pattes peinent à gambader dans le désert, sûrement encore plus que moi. En plus j’ai plein de sable dans les chaussures, ça me saoule ! Quelle galère, je déteste cette journée, je hais cet endroit, j’abhorre la chaleur.

Je me passe la main sur le visage en soufflant lourdement, déjà exténué alors que nous ne sommes que dans le milieu de l’après-midi. Qu’est-ce qui m’empêche de faire demi-tour et de rejoindre un endroit plus accueillant et agréable dans le but de retrouver la civilisation, me demanderez-vous ? Bien qu’elle puisse sembler plutôt simple au premier abord, la réponse découle en réalité d’une suite d’événements plus compliqués à expliquer les uns que les autres.

Pour faire simple, je suis perdu.

Oui, bon, ça va, hein. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Je décide alors de me diriger à grandes enjambées vers le sommet de la dune la plus haute des alentours, en courant presque la chaleur étouffante et les rayons du soleil qui tapent sur mon fruit déjà luisant de sueur. Derrière moi, Hadès me suit comme il peut, galopant presque dans le sable. Enfin arrivé sur le promontoire, je pose mon regard sur les environs.

Il faut que je l’avoue, même si je n’aime pas trop la chaleur de ce désert, le paysage qui s’entend sous mes yeux a le mérite d’être magnifique, presque à m’en couper le souffle que je peine déjà à retrouver après l’effort modéré que je viens de fournir. De là, je tourne lentement sur moi-même, à la recherche d’une quelconque indication sur ma position ou sur un signe qui pourrait me mettre sur la voie de la civilisation.

Je crois apercevoir quelques installations humaines au loin, probablement éphémères : l’on dirait des tentes d’après ce que je pense identifier d’aussi loin. Peut-être me trompe-je, mais cela ressemble à un camp de nomades. Une aubaine dans ma journée, moi qui commençait à penser que je serai forcé à passer la nuit dans le désert alors que je n’ai absolument rien pris pour me couvrir et me protéger du froid qu’il fait la nuit dans les dunes.

Me voilà en train de commencer à m’élancer dans leur direction quand, soudain, mon regard se pose de l’autre côté. Bien plus proche de ma position se trouve ce qui ressemble à un mur de pierre, ou quelque chose du genre. Ma curiosité piquée par l’étrangeté de cette trouvaille, je fais signe à Hadès que nous allons plutôt aller voir de ce côté-là.
Une fois au pied du mur – à la fois littéralement et figurativement au vu de ma situation dans ce foutu désert – j’effleure ce vestige de construction d’une main curieuse, du bout des doigts. Les pierres sont douces, comme polies par le sable et le vent qui les fouettent depuis bien longtemps, attestant de leur âge avancé. Me trouver en des lieux si anciens, qui ont dû voir défiler nombre de personnes et ont certainement assisté à bien des événements me fait tressaillir.

Il faut avouer que la chose a quelque chose de grandiose. Bien que le mur ne soit pas si grand que ça, à peu près ma taille – du moins pour ce qui dépasse du sable – je me sens vraiment minuscule à côté de lui et de l’Histoire qu’il a vécue et dont il a été témoin depuis qu’il a été érigé.

Je suis bien heureux d’avoir fait ce détour plutôt que de foncer directement en directement du campement sans réfléchir. Bien que loin d’être archéologue, ce genre de sites me procure une étrange satisfaction.

Je contourne alors le mur dans l’espoir de trouver restes de bâtiment, mais rien. L’étrangeté de la chose me frappe : il me semble inconcevable qu’un unique mur ait survécu au passage implacable du temps, il doit forcément y avoir les vestiges du reste du bâtiment quelque part, même s’ils sont ensevelis.

Je commence alors à fureter dans le coin, tandis qu’Hadès s’accorde une pause bien méritée à l’ombre du mur à côté duquel j’ai précédemment passé un bon quart d’heure. À force de recherches et d’effort, je finis enfin par faire une découverte bien plus importante qu’un simple mur. M’étant éloigné de mon Solochi de quelques dizaines de mètres je siffle pour l’appeler – un signal que nous avons entre nous depuis que je suis enfant – et que nous examinions ça ensemble.

Je viens en effet de tomber sur ni plus ni moins qu’une entrée. Sombre et fraîche – comme c’est agréable – celle-ci semble s’enfoncer sous terre. Je n’ai pas la moindre idée d’où cela va bien pouvoir nous mener, mais au diable l’appréhension et la sécurité, c’est parti !

Une quinte de toux s’empara du Pulsar. L’air était si sec ici qu’il avait l’impression de respirer du sable. Il avait besoin d’une pause, comme il l’indiqua d’ailleurs en s’asseyant contre un mur vieux de plusieurs centaines d’années. Pas le moins du monde rassuré lorsqu’il avait commencé à arpenter ce souterrain, Auguste avait néanmoins pu constater le savoir-faire des gens ayant autrefois érigé ces murs. Bien que ce tunnel soit partiellement écroulé sur certaines portions et que plusieurs artères soient condamnées par des éboulis, , il fallait reconnaître que le simple fait de pouvoir s’enfoncer aussi loin à l’intérieur en disait long sur les bâtisseurs.

« Ça va, vous ? »

Une question à laquelle Chrom répondit avec un grognement tandis que du coin de l’œil, le brun vit Hel se matérialiser et hausser les épaules. Sa capacité à traverser les murs en faisait un éclaireur très utile. C’était Noctunoir qui indiquait à Auguste quel chemin prendre à chaque croisement. Gallame, lui, était là pour la sécurité. Il dissuadait les habitants de ces tunnels de s’approcher très près mais plus que l’intimidation, son rôle était aussi de sortir son dresseur de là au moindre signe de danger. S’il venait à se retrouver coincé par un effondrement, Chrom aurait recours à Téléportation pour le ramener l’entrée du souterrain. Sans lui, le champion psy ne se serait pas lancé dans cette aventure commencée un peu par hasard quand il était tombé sur une ruine partiellement enfouie dans le sable. La curiosité l’avait emporté et il était parti explorer l’endroit alors qu’il n’était pas aussi préparé qu’il l’aurait souhaité. Lui qui était d’habitude si méticuleux, le voilà qui s’était enfoncé dans les entrailles du désert avec son portable pour seule source de lumière et une gourde à moitié vide dans son sac à dos. Clairement, il n’envisageait pas d’y passer la nuit. C’était un caprice sur le moment, celui de découvrir où cela menait.

À en juger par les nombreuses intersections et carrefours, il semblait probable que ces tunnels relient plusieurs bâtiments entre eux. Pour quelle raison, ça il n’en savait rien et il doutait être capable de trouver une réponse seul. L’homme vida ce qu’il lui restait d’eau d’un trait et se releva, indiquant à ses compagnons qu’il était l’heure de se remettre en route. Après un passage plutôt technique où il dût se contorsionner pour emprunter un passage exigu, seul accès laissé libre par les ravages du temps, qu’il traversa grâce à Chrom, ce dernier ayant mis sa force à disposition pour déplacer un gros bloc de pierre, la suite de la balade s’avéra tranquille. Auguste découvrit même ce qui avait autrefois été un nid de Mascaïmans dont il prit plusieurs photos. Les hommes avaient déserté ces lieux depuis longtemps mais la vie continuait de s’y développer. L’endroit servait de refuge à de nombreux Pokémons, comme le prouvait ce nid tout juste découvert ou encore les Nosféraptis dérangés par la lumière de son téléphone.

« Ah, je crois voir de la lumière là-haut. »

Face à un long mais étroit escalier de pierre, Auguste croyait discerner une source de lumière à son sommet. Il faisait encore jour dehors, donc il n’était pas impossible qu’il s’agisse d’une sortie. Il gravit les marches avec prudence. La lumière dirigée là où il posait le pied, il voulait à tout prix éviter une chute. Cela reviendrait à se briser le coup. Il avait certes Chrom derrière lui au cas où mais s’il pouvait éviter de glisser sur ces marches hautes, c’était tant mieux. Arrivé à la moitié de l’escalier, Auguste leva les yeux et vit une ombre de forme humaine se discerner dans la faible lumière en provenance de l’extérieur – preuve que l’escalier menait plutôt vers une pièce qui elle-même avait un accès pour sortir dehors.

« Hey ! Laissez-moi monter avant tout ! »

Histoire qu’ils ne se retrouvent pas bêtement l’un face à l’autre, l’escalier étant trop étroit pour permettre un passage dans les deux sens. Le brun ne pressa pas le pas pour autant et termina son ascension avec tranquillité. La probabilité de croiser quelqu’un dans les ruines par hasard était faible mais plutôt que de se hâter à la rencontre de cet inconnu, Auguste préféra se montrer prudent jusqu’à la fin. Couvert de sable et de poussière, il émergea dans une petite pièce où se trouvait un autre escalier menant à l’air libre. À sa suite se trouvait Gallame tandis que Noctunoir se matérialisa près de la sortie. S’il n’avait pas réagi avant, c’est qu’il avait estimé que cet homme ne représentait pas une menace.

« Pfiou. enfin sorti. » souffla-t-il en se passant une main dans les cheveux. « Je ne sais pas si vous comptiez descendre mais je dois vous avertir, vous ne trouverez rien en bas. Juste de longs tunnels impraticables – au mieux, à moitié effondrés. »


• Apparition d'un Pokémon

Croiser des gens par hasard dans le désert était une occurrence rare. D’habitude, Auguste en profitait pour faire un brin de conversation. Savoir ce qu’ils faisaient là, ce qu’ils cherchaient, ce qui justifiait leur présence dans ce milieu aride que d’aucuns qualifieraient même d’hostile. Tout ça l’intéressait car le champion psy était un éternel curieux. Il n’embêtait pas les petites gens qui faisaient leur vie en ville mais rencontrer quelqu’un dans un lieu aussi particulier invitait naturellement à la discussion. C’est ce qu’il fit aujourd’hui, en veillant à ne pas déranger trop longtemps cet inconnu.

« … Et à cet endroit-là, il y a une colonne de pierre à moitié écroulée. Évitez de passer au-dessus, elle n’a pas l’air stable et j’ai peur que si elle s’écroule, le mur sur lequel elle repose y passe aussi… et tout le reste avec. »

Mettre en garde un étranger des dangers qui l’attendaient en bas, un chemin que le brun avait lui-même emprunté juste avant, était naturel. Ainsi, Auguste lui avait un peu détaillé les passages à emprunter. Ceux à éviter, aussi, afin d’éviter qu’il ne se retrouve dans un cul de sac. S’il faisait attention, tout devrait bien se passer. L’endroit n’était pas dangereux per se, il convenait simplement d’éviter d’éprouver les structures fragilisées par plusieurs millénaires. Dans ce genre de lieu, la prudence était toujours de mise. Déjà parce que le risque d’effondrement était présent mais car ces lieux désertés par l’homme servaient désormais de refuge à la faune locale. Celle-ci ne voyait pas toujours d’un bon œil que quelqu’un vienne empiéter sur leur territoire.

« Bref ! Faites attention sur la route, et bonne journée ! »

Inutile de lui tenir la jambe plus longtemps. Auguste l’avait mis en garde et n’avait rien d’autre à ajouter. Sur ces bonnes paroles, il rajusta son sac à dos et, ses Pokémons sur les talons, quitta la fraîcheur des ruines pour retrouver le soleil ardent. Heureusement, il avait un bon sens de l’orientation et savait quelle direction emprunter pour ne pas se perdre dans ce désert qui s’étendait à perte de vue.


• Capture de Zarbi