« Bzzzzt… Bzzzzzt… Bzzzzzzzt.. »

Le téléphone indique 5h. À cette heure-ci, même le soleil semble faire la grasse-matinée, lui qui est pourtant toujours aux aurores. Cassandre ouvre difficilement les yeux, réclamant au petit matin de lui accorder encore quelques instants de répit supplémentaire, en vain.
Il regarde son téléphone, c’est un message de sa mère. Les yeux encore dans le flou, il ne le lit qu’à moitié, comprenant tout de suite qu’elle s’inquiète pour son petit garçon. Ce n’est pas facile de devoir dire « au revoir » à sa famille, loin du cocon familial que ses chers parents ont construit de tout leurs amours. Il aurait souhaité lui répondre que tout va bien, qu’il n’était pas encore arrivé à destination et qu’elle pouvait se rendormir. Que ce n’était que le Samedi, et qu’on a pas idée de se lever si-tôt un week-end.

Mais pour cette même raison, il abandonna toute motivation de lui répondre, n’envoyant qu’un vague « ça va » avant de plonger à nouveau sa tête dans l’oreiller. Se laissant doucement bercer par le tangage du navire, en direction de Lumiris. Il avait encore quelques petites heures devant lui..


La mer était belle ce jour-là et emporte avec elle, son lot d’inquiétudes.
Le bleu des vagues et leurs reflets cristallins font remémorer à Cassandre sa vie a Hoenn, qu’il venait alors, tout juste de quitter. Cette belle vie aux bords des eaux de Nenucrique, où il vivait une existence des plus paisibles.

Voir les yeux humides de ses mères lui dire « au revoir » fut un spectacle qui lui laissa le coeur meurtris mais c’était pourtant nécessaire. L’espoir d’un jour pouvoir le revoir, l’espoir que peut-être, il reviendrait vers sa terre chérie, pour y crouler quelques jours heureux, était une idée qui animait doucement les paroles et la volonté de ces femmes, qui ne souhaitaient que le mieux pour leurs petits. Mais les rêves ne sont que des échos, disparaissant au loin, alors que la peur prend doucement le dessus, et hurle à la nuit.
Lumiris. Voilà maintenant quelques années que cette région s’est fait connaître, à travers ses évènements des plus particuliers et dangereux. Nombreux sont ceux qui ont eu pour désir de rejoindre ses nouvelles terres, et bien plus sont ceux qui jamais, n’ont pu en revenir. Destructions, vols, insécurités.. Ce n’était pas une destination de rêve. Et pourtant, c’est là que se rendait Cassandre, dans l’espoir de terminer ses études, dans l’espoir d’obtenir un emploi… De trouver quelqu’un.

Cette destination est pour lui, l’unique rempart permettant d’accéder à ses objectifs. Bien qu’il ne s’en vante pas, Cassandre à passé de nombreuses années de sa vie dans l’espoir de devenir un jour aviateur, s’approcher au plus proche du ciel. Chose qui n’en en rien aisé, disons-le, surtout avec l’affluence des Pokémons servant de moyen de transports, aux dresseurs souhaitant voyager. Mais qu’importe, lui, ça lui plaisait, de voyager parmi les cieux. De s’approcher du soleil, quitte à se brûler, ou de parcourir la pénombre lors de ses nombreuses nuits, couleur encre. Savait-il seulement que son parcours allait-être des plus ardu. Se serait-il ainsi jeté à corps perdus vers l’avenir ?
...Sur une note plus positive, lui, ne se fait pas de soucis à se rendre à Lumiris. Y’a du soleil, de beaux paysages, et surtout, il arrivera en pleine période de vacances alors, c’est plutôt cool. Ca fait longtemps qu’il n’a pas pu piquer une tête dans la mer, ce n’est pas l’envie qui lui manque.

Bref.

Le téléphone résonne à nouveau dans cette petite cabine boisée. Il est maintenant 8h20, heure à laquelle notre étudiant décide finalement de se lever. Il enfile péniblement son haut avant de passer par la salle de bain, et se préparer pour la journée. Jeudi. Le dernier jour de croisière du Costa Corsola, celui qui l’amènera à Lumiris. L’excitation était grande, mais la pression n’en était pas moins importante. Il savait qu’il ne serait là que pour quelques mois, et pourtant, l’inconnu était excitant, avec quelques notes amères. Il était intenable, au point qu’il n’arrivait à rien avaler. Ou peut-être est-ce ce fruit, mangé la veille, qui l’a rendu malade..

Il accourt jusqu’à la proue du navire, avec une moue radieuse. Elle était enfin là, sa destination, se dessinant à l’horizon ! De son sac, il en sort un appareil photo, où il immortalise ce précieux instant de quelques photographies, dont il ne verra jamais la couleur. Un mouvement soudain lui fait perdre l’équilibre, et...Son appareil, qui finit aux fonds des eaux. Heureusement, les signaux du navire ont pu couvrir les injures sortant de sa bouche. Il n’aurait pas fallu choquer les enfants, n’est-ce pas.
Le soleil brille, et..

Stop.
Arrêtons-là.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Ni une délicate symphonie. Combien de temps encore pouvait-on laisser cette mascarade perduré ? Cette fois-ci, contons la vérité.

Cassandre est accusé d’Homicide.
17 ans. Un âge douloureux où les jeunes garçons et les jeunes femmes se questionnent sur leurs sexualités ou l’embrasse pleinement. Il avait alors rencontré une jeune demoiselle, du doux nom de Fyra, avec qui il entretenait une relation depuis presque deux ans maintenant, bien que les derniers mois de leurs relations ne désignaient en rien, une relation épanouie.
Leurs amours ne tenaient qu’à un fil. Lui, ne voyait la vie qu’à travers ses objectifs, son futur, et sa chérie elle, ne voulait que l’amour de son copain. Mais l’amour, avec le temps et les déceptions, se transforma en haine. Il aurait voulu la quitter mais ne le pouvait pas. Elle aurait voulu ne l’avoir que pour elle, mais ne le pouvait pas. C’est lors de l’un de leurs nombreux rapports que l’épée de Damoclès s’est refermé sur Cassandre.

Un bébé. Un petit-être, creusant sa place dans le ventre de la jeune femme. Ce petit miracle de la vie n’était en rien une bénédiction, et n’avait alors servi que de moyen de corruption. Elle connaissait bien Cassandre, et savait qu’il n’oserait pas abandonner un enfant, encore moins une maman. Qu’il allait assumer ses responsabilités et qu’il deviendrait un père, de gré ou de force. C’était le plan parfait, pour un amour sans défauts, teinté de rose.

Mais cette douce couleur, muée par les émotions, s’est alors mis à s’empourprer de rouge.

« Que vas-t'on faire maintenant ? Tu ne peux pas partir Cassandre. Pas avec cet enfant en moi. TON enfant. Quel monstre pourrait abandonner une créature si fragile.. Il faut que les gens sachent, que tes parents sache. Elles ont de l'argent ? On va en avoir besoin. » Avait-elle vraiment utilisée ses mots.. ?

Cette révélation, il s’en souviendra toute sa vie. C’était lors des vacances estivales, toute sa famille étant parti en voyage à Johto, alors que lui, était resté sur sa terre natale. Il avait invité Fyra et il lui préparait le repas, assidûment concentré sur le découpage de ses légumes dans cette grande cuisine aux airs boisés. Son regard était vide, ses mots tranchants comme une lame, résonnant dans sa tête.

Il voyait sa vie future, défilée sous ses yeux. Il voyait tous ses efforts réduits à néants, ses rêves, son bonheur, son futur. Il voyait la déception dans les yeux de ses parents, les jugements dans les regards des passants. Il voyait un avenir teint de gris, de la tristesse, de la détresse. Il n’y avait pas une seule once d’amour dans ce futur qui lui était tout écrit. Il.. Avait perdu. Perdu une vie, qui n’avait pas encore commencée pour lui.

Son esprit était embrumé. Sa respiration forte et lourde, son cœur battant à en exploser. Et quelques instants plus tard, il revint à la raison.
Coincé sous le poids de ses jambes, un corps sans vie, mutilé de plusieurs coups de couteau. Elle était devenue méconnaissable, défigurée par la douleur et les lacérations de sa lame, peinte en cramoisie, telle une rose. Et ses membres, eux, ont cessé de bouger..
Les évènements après cet acte sont confus. Cassandre fut retrouvé allongé sur le canapé de sa demeure, les vêtements changés et la maison, rangé, en ordre, comme si de rien n’était. Même l’Avaltout de la famille serein, comme si de rien n’était. Un mauvais souvenir, tout au plus, dont il n’en gardait guère des bribes.

Seul demeure, son mal de crâne, dont il ne connaissait nul l’origine. Depuis ce jour, des recherches ont été faites pour retrouver Fyra, en vain. Personne ne l’a revue. Personne n’a trouvé de piste, malgré les nombreuses battues réalisées. Et aucun des interrogatoires ne fu fructueux..Mais les soupçon demeurent, pour avoir été la dernière personne à avoir croisé la victime. L’enfer avait ouvert ses portes, et l’anxiété gagnait Nénucrique qui n’était alors, qu’un lieu des plus pacifique.

...
….

Le temps passe, telle une brise. Et éventuellement, la folie qui touche les hommes les protègent d’eux-même. Quand bien même, en garde-t-il le souvenir.

Cassandra, bagages en mains, foula le sol de Lumiris, qui l’accueille avec quelques nuages au-dessus de sa tête. Il pris rapidement la direction de Nemerya la Grande, pour s’installer, dans cet appartement étudiant où il y restera jusqu’à la fin de ses études. Si son intégration en Lumiris se fait lente mais certaine, il ne lui reste que quelques semaines de répit, avant de prendre le chemin des études.
Les bases sont écrites. C’est à vous de continuer ce récit..