tw ; idées suicidaires

Tendres amertumes...
Helia tu souriais. Tu esquissais des sourires comme un livreur distribuait ses lettres ; sombre rayon de soleil, lumière menaçant à chaque seconde de s'éteindre. Faisceau tamisé. Tu en oubliais ton vide projetant le bonheur que tu convoitais vers les autres. Parce que les rires et les sourires étaient contagieux et, si le tiens pouvais en dessiner d'autres, peut-être que celui qui ornait ton visage allait devenir plus sincère.
Tu avais besoin qu'on rallume ta flamme. Tu voulais te sentir utile en ce monde et sans trop vivre au dépend de la joie d'autrui, tu espérais un jour, toi aussi, te sentir bien. Te sentir légère.

Toi qui portais le poids de tes années passées ; toi qui personnifiait culpabilité et regrets, toi qui n'arrivait pas à penser à toi-même mais qui réprimandais ceux et celles qui esquissaient un air morose. Dans ton corps d'adulte, tu étais un enfant qui avait oublié de grandir.

Et maintenant la vie de grande personne t'inquiétait, rendant tes nouveaux problèmes plus réels. Les finances, le fait de devoir payer un loyer et subvenir aux besoins de ton frère ; le travail, le sentiment de devoir être irréprochable quand bien même ton équipe te répétait sans cesse que tu ne devais pas en faire trop. Tes soucis nocturnes qui s'étaient amplifiés, rendant maintenant tes journées difficiles, également. Tes mauvaises pensées ; tes idées noires qui parfois refaisaient surface. Tes souvenirs. Cette scène que tu te remémorais, Naal qui te retrouvait dans le brouillard, qui te suppliait de ne pas la rejoindre, parce qu'il ne pouvait pas supporter ton départ. Naal qui avait besoin de toi et qui t'avait sauvé la vie. Naal qui avait fait de toi une survivante. Pouvais-tu te permettre de le décevoir ?

Si, encore aujourd'hui, tu t'accrochais à la vie, c'était grâce à lui - ou par sa faute - tout dépendait de ton point de vue ; et il changeait de jour en jour. Helia, parviendras-tu à garder les pieds sur terre encore longtemps ?
Parfois, tu te le demandais. Mais tu espérais. Parce que cette flamme en toi elle brillait. Ta grande sœur pouvait t'attendre encore un peu, n'est-ce pas ? Tu sentais qu'elle aussi, parmi les étoiles, elle souhaitait te voir vivre.

Tu ouvrais la porte de l'aquarium ; c'était l'heure de ta pause de l'après-midi. La matinée avait été mouvementée ; à peine le temps de respirer, tu n'avais pas pris la peine de t'hydrater, ni même de manger. Ainsi donc, tu planifiais d'aller t'acheter une collation, et peut-être une boisson. Quelque chose pour te revigorer. Le reste de la journée s'annonçait plus calme, et tu allais pouvoir souffler.
Mais tu avais figé alors que l'écho de ton nom retentissait. Un Pokémon s'était avancé vers toi, mais tu savais que ce n'était pas lui qui t'avait parlé. Pourquoi ?
Tout d'abord, parce que les Ossatueurs, qu'ils soient chromatiques ou originaires d'Alola, ne pouvaient pas parler français. Et aussi, parce que tu avais reconnu la voix. Sa voix.
« Lys ! »
Ce sourire, contrairement à beaucoup d'autres, il était sincère.
« Qu'est-ce que tu fais ici.. ? Tu n'aurais pas dû, voyons... Je te dois déjà un venti latte marron praliné, et maintenant, je vais t'en devoir un autre. » Tu riais nerveusement, en tendant tout de même tes mains frêles vers le gobelet encore chaud. Il sentait bon. L'effluve de noisettes venait te chatouiller ; l'odeur t'appelait, t'obligeant à succomber à la tentation. « Merci... c'est gentil de ta part. Je ne savais pas que tu passais dans le coin. Ça me fait plaisir de te voir. »
Et comme si cette journée semblait te tendre ses bras, la superviseure de la journée était sortie au même moment, t'esquissant un sourire taquin. Elle voyait bien que tu ne savais pas où te mettre ; que tu étais tiraillée par le fait de devoir quitter ton amie dans quelques minutes pour retourner travailler. Elle s'était approchée de vous, une cigarette à la main. Elle était gentille, malgré ses mauvaises habitudes. « J'allais justement te demander si tu voulais partir plus tôt, Helia. C'est mort depuis une heure. Allez, tu t'es assez tuée à la tâche aujourd'hui. J'ai pas envie que mes employés fassent un burn out ! »
Tu n'avais pas eu ton mot à dire qu'elle était déjà partie.
Et toi, tu étais embêtée. « Oh... Est-ce que... tu as quelque chose de prévu cet après-midi, Lys ? »
Son attention t'allait droit au cœur. Mais si elle avait à faire dans le coin, tu ne voulais pas lui imposer ta présence. Et si elle devait partir, tu irais sans doute faire du ménage au studio. L'idée d'avoir un peu plus de temps pour toi t'enlevait un stress, parce que l'assistance gérante disait vrai ; tu travaillais beaucoup plus fort que tu ne le devrais, et ton envie de bien faire allait finir par te tuer. Comme quoi, même involontairement, tu frôlais la lumière céleste un peu trop souvent.
Mais en ta compagnie, je me sens vivante.
Reste avec moi.