Tu n'es pas du genre à être sentimental, la majorité du temps. Sauf ce jour-là d'août. C'était une tradition avec tes parents en août d'aller voir la tombe de tes ancêtres au cimetière de Fort-des-songes. Ce lieu un peu déserté qui abrite l'âme et les vestiges des personnes originaire de Lumiris la majorité du temps. Le gardien des lieux vous a vu à chaque année, en petite famille, voir la tombe de tes défunts grand-parent, et bien que tes parents soient désormais loin du cimetière, tu continues cette tradition seul, à chaque année. Tu emmènes toujours avec toi des fleurs fraîchement cueillies par le fleuriste de Port-Corail, comme en guise de cadeau pour le bagage familial qu'ils ont pu t'apporter dans la vie avant leur décès. Cette année, tu penses acheter des roses, pour faire différent des autres fois où tu as apporté des tulipes, ou du lys.

Ce sont lesquels tes préférées ? Les roses rouges ou les roses blanche ?

Tu montres le bouquet au Morpeko qui s'amusait à te grimper dessus depuis une bonne dizaine de minute. Ce dernier porte enfin attention à ce que tu lui montres puis prend le temps de sentir les deux bouquets, comme si les roses sentaient différemment selon leur couleur, avant de choisir les roses blanches en la pointant de sa petite patte. Accord silencieux, tu t'approches de la caisse puis dépose l'argent nécessaire pour payer le total de la facture avant de quitter la boutique.

Le chemin jusqu'à Fort-des-Songes se fait dans un silence assez solennel, parfois brisé par les petits grattements d'Amoris sur ton épaule qui tente de se placer confortablement. Tu arrives enfin devant le cimetière, le cœur plein de souvenirs qui ne te rendent pas indifférent. Des souvenirs d'avant. Des souvenirs de lorsque tes parents étaient encore sobres, ou du moins capables de rester sobre pour cette journée de tradition familiale. Un soupir t'échappe alors que tu passes devant la cabane du gardien, lui envoyant la main au passage avant de t'approcher doucement de la tombe de tes grands-parents, une tombe assez sobre qui s'effrite au fil du temps. Elle fait partie des plus éloignées du cimetière, te laissant ainsi un peu d'intimité pour vivre cette peine qui t'habite.

Je suis revenu, comme toujours.

Souffles-tu avant de déposer le bouquet devant la pierre tombale. Tu soupires le temps d'un instant et ferme les yeux, dans l'espoir qu'ils t'entendent de là-haut leur dire qu'ils te manquent, et que tu les aimes. Un bruit vient néanmoins te tirer de ton monologue silencieux, te faisant tout de suite ouvrir les yeux, et tu as à peine le temps de te pencher pour attraper cette boule blanche qui s'approche dangereusement du bouquet de fleur que tu venais tout juste de déposer.

Un… Togepi ? Ici ?

Tu n'es pas un expert de la faune, mais voir un Togepi tout étourdi arriver à cette allure dans le cimetière… tu as un doute que ce n'est pas un phénomène naturel. La Morpeko monte sur la pierre tombale pour pouvoir sentir le nouvel arrivant de façon curieuse avant de sourire, sortant une friandise de tu-ne-sais-où pour lui tendre. Et c'est à cet instant que le Pokémon commence à pleurnicher, te laissant clairement incrédule, tout autant qu'Amoris qui range sa friandise, presque vexée. Et avant même que tu aies le temps de déposer la boule par terre, on t'agresse. Il s'agit-là du dresseur qui doit s'occuper de ce Togepi. Misère.

Bonjour. Dix secondes seront suffisantes. Votre Pokémon a failli écraser les fleurs que je viens d'acheter pour les déposer ici. Je l'ai rattrapé avant qu'il se fasse mal ou qu'il détruise mes fleurs. Bon, peut-être que dix secondes n'étaient pas suffisantes après tout, vous m'en voyez désolé.

Tu n'avais pas compté, mais tu semblais avoir trop parlé pour respecter ce laps de temps établi par cet agressant jeune homme qui t'as interpellé sans même un signe de politesse. Dans tous les cas, tu lui redonnes son Pokémon sans plus attendre plus longtemps, parce que son côté pleurnichard commence déjà à t'irriter, sachant que la journée est un peu mal choisie pour t'agresser auditivement et verbalement. Tu secoues un peu tes mains sur ton pantalon pour retirer la terre qui y était resté.

Loin de moi de vouloir paraître impoli, mais à voir la fragilité des Togepi, vous devriez être plus prudent. Il aurait pu se faire mal ou pire, attaquer par les différents spectres qui se rôdent ici. Mais bon, ce n'est qu'un conseil, vous en faîtes bien ce que vous voulez.

Amoris regarde l'inconnu et par le sentir avant de revenir se percher sur ton épaule alors que tu regardes l'autres, les bras croisés sur ton torse. À voir la réaction de l'autre en te voyant tenir le Togepi, tu es curieux de le voir réagir à tes paroles.