L’écho des déraisons avait été rythmé par les pleurs d’un enfant ayant autrefois existé - sa présence aurait presque été l’enfant intérieur ignoré, délaissé, par ta propre personne, mais ce n’était pas l’histoire de l’être flottant tout près de toi.
Il n’avait voulu que des amis ; sous le bout de tes doigts pulsait encore les résultats de ta panique, de l’épuisement qui résonnait en ton être. (Cauchemars n’assumant pas le réveil; se refusant au silence)  
La mélodie de la pluie dérangeant le sommeil finalement arrivé, tes yeux s’étaient obstinés à demeurer fermés quelques instants avant que la résignation ne se produise.

Les grondements du tonnerre avaient achevé tes désirs de repos - alors que l’épuisement de la surcharge ne quittait pas ton être, ton corps - et que le soupir de l’agacement meurt sur tes lèvres asséchées.
Pour apaiser les tourments internes, ce fut une sortie improvisée lors de sa seule journée de congé, pour fuir le silence des murs qui te protégaient de la pluie; quand Izaiah n’était pas présent. (Tu pouvais supporter toutes les présences, excepté la tienne) - la solitude n’avait jamais été la meilleure de tes amies. Pourtant, elle avait celle t’accompagnant le plus souvent.

L’entêtement demeurait - quand tu sortis avec ton thermos à la main, sans parapluie pour protéger ton être; et tant pis si le lendemain, la maladie s’imprégnait de ton corps. Accompagnait ton désespoir la raison de ton dernier traumatisme : ce Brocélôme presque monochrome, si on excluait les feuilles rouges sang à ses branches.
Et bien entendu, Wisp ; toujours; s’adaptait à la rapidité de tes pas, alors que la musique résonnait dans tes oreilles, et que tu prenais une gorgée du café encore brûlant, laissant la sensation désagréable s’amplifier à la prochaine gorgée. Il était loin le moment où Wisp n’était qu’un bébé pleurnichard, qui espérait tout obtenir au moindre pleur; n’avait désormais qu’unique mission de t’accompagner et te protéger aux côtés du Kabutops que tu avais réveillé et apprivoisé.

Sous le rythme des gouttes d’eau et leur chant mélancolique, tu avançais - mais la sérénité précaire obtenue lorsque les vagues de sommeil furent finalement chassées, se retrouva mise en danger par un Dragapult ayant décidé que vous étiez sa cible. Tes cheveux ainsi tirés, tu ne pus que rire en agitant la main pour faire barrage; alors que Wisp enflammait son os, menaçant et s’approchant de l’intrus. « Eh, eh, du calme Wisp, ce n’est qu’un Dragapult, le combat sera entièrement inégal. Attendons déjà de voir… »
Le coeur s’arrête ;
Et tes yeux se posèrent sur celui qui venait de s’imposer dans ton champ de vision - le souffle qui se suspend, et l’océan déchaîné des souvenirs menaçait de nouveau de t’engloutir. « Hey… C’est - c’est ton pokémon ? »
Maintenant que les écouteurs étaient enlevés - « Tu ferais mieux de le rappeler s’il écoute, Wisp n’est pas très content.. »
Comment étais-je supposée
Réagir ?

Cosmog, sur ton épaule,
D'un regard mauvais également, se demandait comment juger les nouveaux arrivants - prêt à réagir, au moindre geste de ta part, moindre indication.

Dis-moi que je ne rêve pas

Désordre ordonnée des pensées avilissantes qu’on aurait préféré pouvoir étouffer;
Peut-être aurais-tu préféré rêver.
Le souffle s’était suspendu, les secondes s’étaient immobilisées - tu étais demeurée immobile, tous deux à l’orée du gouffre qui menaçait désormais de vous engloutir.
Pourquoi se revoit-on ainsi ?

Quand Voltapolis avait explosé, que vos vies avaient chaviré, il avait pensé - tout comme toi - rester derrière et désormais, tous deux, vous vous teniez l’un devant l’autre. Bien vivants. Et ton regard désormais éternellement abîmé, d’une prunelle fonctionnelle, tu le fixais. Qu’attendais-tu de cette rencontre ?
Tu revoyais le regard apeuré et coupable de Caël, tu entendais sa voix qui t’appelait, voulait te tirer de l’inconscience dans laquelle Voltapolis t’avait lancé, de tes jambes qui avaient cédées sous ton poids et du froid, du froid qui avait poursuivi ton éveil et tes songes si longtemps après les événements. Tu commençais tout juste à pouvoir respirer.
Tu commençais tout juste à ne plus ressentir le vide d’un amour que tu avais laissé filer entre tes doigts, des sentiments que vous aviez préservé de votre côté pour ne pas entraîner l’autre dans un quotidien qu’il aurait pu affronter - vous vous étiez mutuellement sous-estimés, vous aviez enchaînés les erreurs, Caël et toi. Et maintenant, tu rencontrais ton fantôme, ton miroir.

Ton Phantump et ton Alolan Marowak ne désiraient pas la présence du pokémon qui venait d’être rappelé par son dresseur, écoutant sans trop de difficulté. Ce qui était sans doute mieux - un Dragapult connu pour ne pas savoir se débrouiller tout seul n’aurait jamais fait le poids face à un Alolan Marowak entraîné et connaissant même des CT’s.
Sa voix avait accroché, écorché, tes oreilles quand il avait décidé de ne pas s’inclure.  « Fuyez » qu’il avait dit, « toi aussi » que tu avais répondu. Tu lui avais implicitement fait promettre de vivre pendant que tu demandais à Vincent de te laisser derrière pour ne pas s’encombrer.

Le silence vous entourait - vos terreurs et craintes d’autrefois semblaient si dérisoires aujourd’hui, dans une Lumiris paisible et sur cette route où votre chemin avait aujourd’hui décidé de se croiser de nouveau. Doucement, il avait fallu que tu te rappelles de respirer, pour que tes cellules puissent continuer d’assumer leur rôle. “Je ne pensais pas non plus…” Mais tu ne pouvais qu’être apaisée à l’idée de le voir devant toi, sans les vêtements déchirés, ensanglantés, avec une apparence qui laissait entendre que sa vie se passait relativement bien… un minimum, tout du moins. “Je… toi aussi, tu as meilleure mine. C’est.. Un nouveau pokémon ? Ou elle t’accompagne depuis longtemps ? … Prisme, c’est beau, comme nom.” C’était si risible comme discussion, déphasé quand tu repensais au moment où vous vous étiez parlé pour la toute première fois. Quand le danger menaçait votre existence respective. Aujourd’hui, vous parliez presque du beau temps.

De ces moments déchirés, arrachés - envolés de la mémoire, des prières muettes, des supplications déchirés, et ton regard qui s’était ouvert sur une semi obscurité qui t’avait poussée à souhaiter ne jamais t’être réveillée. Souvenirs harcelants refusant de s’éteindre désormais que la flamme du passé était ravivée par la présence de Damien devant toi.
Vous aviez survécu - combattu les sombres instants que cette centrale vous avait imposé et maintes démons que vous n’aviez prononcé; et désormais, vous vous retrouviez.

La maladresse entourait l’échange qui n’avait jamais été anticipé. Comment pourriez-vous simplement faire autrement ? Tu cherchais les mots qui refusaient de venir à toi, tu pourchassais les pensées qui fuyaient vers d’autres contrées, refusant de s’approcher de toi, de laisser ta main les entourer, les attraper, pour formuler quelques phrases décousues.
Jamais tu ne pourrais le condamner d’avoir voulu y passer;
Toi-même avais désiré ne jamais te réveiller.

“Elle est adorable.” Bien que tes propres pokémons ne semblaient point en accord avec tes dires. Toi, tu trouvais la Dragapult adorable et son énergie semblait avoir le potentiel d’un salut pour lui, lui qui te faisait face. Lui qui vivait. Comme tu lui avais autrefois demandé, il y a un an de cela.
Le temps passait vite et la noirceur habitait toujours désormais ton quotidien; rappel constant de moments terrifiants.
Sourire tendre sur tes lèvres quand les banalités sonnant toujours aussi fausses revenaient, et pourtant, ce n’était que normalité. Demander le prénom d’une personne rencontrée n’avait rien de nouveau, ni même de superficiel - ce n’était que la logique, le déroulement habituel des rencontres. Néanmoins, vous n’aviez rien fait comme les autres. “Je m’appelle Lys… et toi, c’est Damien, c’est bien ça ?” Souvenirs incertains d’une époque brumeuse, souvenirs incertains se bousculant dans les cauchemars les plus violents. “À vrai dire… Je suis contente qu’on puisse se voir.”

J’ai failli ne pas te revoir;
Ne plus entendre ta voix, j’ai failli ne pas savoir que tu avais décidé de vivre finalement. J’ai failli t’abandonner.
Le goût amer de la possible trahison; il n’aurait jamais su pourtant.

(and the gods keep saying
"you've been warned")