Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiSous la surveillance d’un croissant de lune somnolant, les pas hâtant et le souffle saccadé d’un homme venaient prouver à quel point le prétendu calme de la nuit n’est qu’une vaste blague. La forêt avait été le bon choix. Elle était l’endroit sans barrière où il fallait fuir, le lieu de toutes les possibilités et de toutes les chances, comme celles de parvenir à semer la mort derrière la végétation dense en cet automne pas encore né. Ses pas craquaient sur le sol forestier, glissaient sur la terre humide. Ses bras frôlaient ou heurtaient les branches et les feuilles, laissant des plaies qui resteraient silencieuses jusqu’à l’aube. Ses jambes faiblissaient. Sa respiration, en proie au désordre, masquait tous les autres bruits, ceux qui l’auraient aidé à comprendre que rien ne peut échapper à la faucheuse. L’homme aux portes du désespoir, ne cessait de perdre du temps, de se faire plus bruyant sous le poids de la fatigue, de jeter des regards affolés derrière lui pour ne rien voir dans la nuit noire. Presque devenu fou, il avait libéré son Pokémon pour l’abandonner là. Peut-être avait-il pensé que son compagnon de toujours allait lutter vaillamment, retenir l’ennemi assez longtemps pour lui offrir une chance de fuir… Futile. Son Pokémon s’était presque aussitôt fait massacrer, petite forme maigrichonne offerte à la mâchoire vorace de celui qui se proclame messager de la fin. Sans véritable raison, peut-être parce qu’il venait d’atteindre ce mi-chemin entre l’accablement et l’acceptation, ou peut-être parce qu'il était tout simplement à l’agonie après avoir couru comme une pauvre bête prise en chasse, l’homme s’était arrêté. Presque immédiatement, il avait fondu sur lui.
Les semelles crantées de mes bottes piétinaient les vestiges de l’été, écrasant les feuilles et les brindilles alors que mon corps suivait sagement les plaintes et les supplices, les utilisant comme repères pour me guider dans la pénombre jusqu’à ma cible. Je marchais d’un pas modéré parce que la nuit n’était qu’à son commencement, promettant encore bien des longueurs. Au détour d’un grand arbre, j’avais aperçu la silhouette sonnée d’un Pokémon dont l’entrée en scène s’était presque faite précédée par sa sortie. La fumée se dégageant encore de son corps m’alertait quant à la nature de l’attaque qui l’avait terrassée. Puis, la promenade dans les bois s’était achevée. Ma silhouette s'était détachée du cadre sylvestre par la fuite d’un nuage qui avait laissé la veilleuse lunaire caressait mes contours. Je n’avais pas pu m’empêcher de trouver la scène divine. Dans ce cadre fait d’ombres et de formes obscurcies, la lueur argentée sublimée la machine de mort qu’incarnait le dragon noir. Sa lourde patte était posée sur le ventre de l’homme plaqué au sol, les griffes du monstre s’enfonçant dans la chair de sa proie à chaque mouvement imprudent. La silhouette imposante du dragon était courbée, sa tête se voulant le plus près possibles de celle de l’homme, comme s’il souhaitait le fouetter de son souffle. Son aileron dorsal abimé se dressait comme le drapeau d’un envahisseur embrassant l’après carnage. Akuro était sublime dans toute cette retenue qui, sur un simple ordre, un ridicule courant d’air ou un mouvement inattendu, pouvait mourir pour renaître en violence.
- « Je suis de mauvaise humeur alors, faisons court. » Ma voix frappait la nuit, soulignant mon agacement suite à cette chasse grotesque. J’avais alors répété ma question, celle qui avait provoqué la fuite de l’homme stupide. - « Comment atteindre Lestat Burton ? » Sifflais-je. Le Carchacrok noir avait légèrement penché la tête sur le côté, ses yeux glacials attendant sagement la réaction de sa proie. Il n’avait guère besoin de comprendre le langage humain pour suivre le fil des événements, tant tout cela lui était familier.
- « Ne me tue pas… S’il te plaît... » Ce n’était pas une réponse ça… La mâchoire abritant une multitude de lames s’était ouverte, une haleine empestant la viande calcinée et la mort avait soufflé avant que les poumons du dragon ne se gonflent d’air et que, dans un mouvement brusque... Un rugissement puissant avait secoué la nuit. Durant un court instant, j’avais eu peur que l’homme perde connaissance, tant j’avais déjà assez perdu de temps, mais il avait repris ses supplices, probablement trop bête pour comprendre l’enjeu de ce qui pouvait sortir de sa bouche infâme. J’allais perdre patience, prendre un rôle de méchant bien moins tendre, mais… - « Pour l’atteindre, il faut passer par Madelyn Lodge ! C’est elle qui gère ça ! Moi, j’y suis pour rien, j’ai rien fait dans toute cette histoire !! » J’avais froncé les sourcils. J’avais un nom, mais ce dernier me confirmait que j’avais eu raison de penser que la nuit allait être longue…
- « Akuro. » Ordonnais-je. L’homme avait supplié de vive voix, mais la lueur des flammes avait fait vibrer les écailles sombres de la gorge du dragon en grimpant, véritable torche dansant dans sa gueule, prête à brûler la vie pour ne laisser que des cendres. L’homme avait, cette fois-ci, perdu connaissance. Soudainement, la gueule enflammée du dragon noir s’était fermée. Sans plus de cérémonies, j’avais fait demi-tour, l’ombre du démon noir retournant se cacher dans l’obscurité pour me suivre. L’homme inconscient et son Pokémon sonné venaient d'être abandonnés dans les bois. Je suis un mercenaire, pas un assassin. Il est un guerrier, pas un tueur… Je devais impérativement atteindre Lestat au plus vite.:copyright:️ 2981 12289 0
Madelyn Lodge
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Lorsque la source est trouble ce qui en sort l'est aussi
ft. Akari & Lestat Burton
Le simple fait de porter le nom Lodge était un fardeau dans la vie de tous les jours. On vous envie, on vous idolâtre mais aussi, on vous déteste. ‘Cela fait partie de la vie, ma chérie’, c’est ce que ta mère te répétait sans cesse. Ah ton père accusait cela surtout sur le dos de la jalousie et l’envie. Mais honnêtement? Ça te fatiguait de toujours devoir être sur le qui-vive, au cas où tu venais à faire la rencontre fatidique et ce, avant même d’avoir 25 ans. Avant même d’avoir 25 ans. Tu étais tellement jeune et pourtant? Tu étais terriblement fatiguée. Et plutôt que t’aider, tes parents t’avaient poussé dans les bras d’un être aussi dangereux et puissant que pouvait l’être ton père.
Heureusement pour toi, Lestat avait rapidement comprit la réalité derrière ton masque et celui qui ne devait qu’être un prétendant, un pion sur l’échiquier des Lodge, se trouvait maintenant à prendre la place du Roi. Alors que toi, fière, tu te dressais droite à ses côtés, telle la pièce maitresse de la partie. C’est ton échiquier et personne ne pourra t’enlever ta couronne Madelyn. C’est toi la Reine ici.
La soirée se veut des plus ordinaires pour une fois. Il n’y a pas de grand évènement, pas de fête, pas de gala, ce n’est qu’une soirée des plus régulières au casino de Nemerya. Avec ou sans évènement, il était connu que Madelyn ne sortait jamais sans se mettre sur son 31. Une tenue beaucoup trop dispendieuse, un maquillage un peu trop bien appliqué, des boucles d’oreilles de diamants trop voyante et ta longue crinière de blé, ondulée, qui bougeait telle une cascade dans ton dos découvert. Tu savais te mettre à ton avantage, après tout, tu restes une Lodge d’abord et avant tout. L’art de la séduction, tu le maitrisais depuis bien longtemps. Bien qu’il y ait une assez bonne foule ici présente, tu surveillais le tout d’un œil jaloux, du haut de tes escaliers, verre en main, alors que ton regard déviait plutôt vers le bar, là où travaillait Lestat ce soir. Car bon, s’il était le propriétaire et maitre des lieux, c’était aussi un barman expert en la matière. D’ailleurs, sans doute le seul apte à combler tes rêves alcoolisés les plus fous.
Même s’il avait fortement insisté pour que tu restes sagement à la maison ce soir, sous prétexte que ce serait une soirée tranquille et un peu ennuyeuse, tu ressentais le besoin de rôder dans les environs ce soir. Ton intuition sans doute? Mais tu serais nettement plus anxieuse à attendre le retour de ton promis. Ce pourquoi tu soupirais avant de prendre une gorgée de ta boisson alcoolisée et enfin, daigner descendre de ton perchoir pour rejoindre tout ce beau monde qui s’amusait à l’étage principal.
Les machines étaient bien occupées, les tables aussi, ça faisait plaisir à voir, ce côté presque normal de vos affaires. D’un pas lent, tu te dirigeais vers le bar, non sans échanger ce regard que seul ton partenaire saurait reconnaitre. Tu faisais mine de ne pas être intéressée bien qu’entre toi et moi Madelyn, tu n’as de yeux que pour ton bel albinos. D’ailleurs, une fois assise au bar, tu ne peux t’empêcher de venir lui souffler quelques mots au creux de l’oreille avant de te reculer, non sans glousser de rire et détourner la tête.
« Vous savez, Mr Burton, je… »
Mais voilà que le videur et garde du corps de Lestat s’approchait en votre direction, ce qui ne manquait pas de te faire froncer des sourcils, alors que tu te redressais sur ta chaise, droite et attentive… Alors que Tyson s’adressait directement à toi? On te demandait dans une pièce vip? La confusion se lisait que trop bien sur ton visage. Mais aussi dans le regard que tu lançais à ton petit ami avant de finir ton verre, cul sec, et reprendre ton sac à main.
« Je serai brève… »
Un baiser volé et voilà que tu quittais le bar pour mieux suivre Tyson, non sans ressentir une certaine anticipation. La dernière fois qu’un homme t’avait convoqué seule, c’était au sujet de tes parents. Alors ton hésitation était plus que justifiée. Tu n’avais pas spécialement envie de parler d’eux ce soir à vrai dire. Tu ne désirais qu’une chose, profiter d’une soirée normale et retrouver ton promis à la fermeture du bar. Est-ce trop demandé ?
Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiLa collecte d’informations et l’infiltration n’ont jamais été mes corvées favorites. Pourquoi faire un détour quand la cible se manifeste à une distance qu’on peut franchir en s’élançant simplement, quitte à faucher tout ce qui ose devenir un obstacle… Seulement, Lestat Burton était un homme prudent. Le simple fait qu’il soit toujours en vie avec des ennemis aussi déterminés que les siens justifiaient sa retenue. J’avais eu bon trainer dans les environs de son casino et surveiller toutes les entrées et sorties, m'être rapproché des habitués au point de les suivre dans leur va-et-vient quotidien, être devenu un véritable fauve attendant que le lapin blanc sorte de son terrier, mais rien. Je ne pouvais même pas identifier quel homme il était lorsqu’une voiture passait chercher quelques prestigieux passagers. Il jouait d’hommes de mains et d’une intelligence si naturelle à être inaccessible en dehors de son antre, qu’il devait avoir épousé la possibilité que chaque jour, pouvait être celui où on tentera de mettre fin à son règne.
Seulement… Un humain a toujours des faiblesses. Il n’en existe pas un capable d’exister sans rien posséder, errant dans ce triste monde sans avoir de convoitise et en s’abstenant de se lier à autrui. Madelyn Lodge était celle qui allait me mener à Burton. Dans une Ball sagement rangée à ma ceinture, j’avais offert une nuit à la traque d’un des caprices de la demoiselle sous forme d’un Pokémon canin au pelage particulièrement en vogue dans les hautes sphères. Un canidé aux couleurs atrocement rares, tant il faut percer les brumes d’une forêt austère et trouver des représentants d’une meute particulièrement timide… Heureusement, mes partenaires étaient des prédateurs hors pairs. L’ouïe d’un Bruyverne, l’odorat d’un Lougaroc, le radar d’un Carchacrok… Une seule Luxeball avait suffi à capturer la bête farouche.
Quelques jours seulement après, ma silhouette, vêtue de mes vêtements habituels, lesquels ressemblaient un peu trop à de l'équipement militaire pour ne pas en être, s’était stationnée devant le casino alors que ce dernier fermait ses portes à la clientèle nocturne. Je m’attendais à devoir cogner ou être cogné, mais les gros bras chargés de sceller le portail m’avaient subitement accordé un tant soit peu d’existence lorsque j’avais prononcé le nom de la demoiselle Lodge. Je devais voir Madelyn Lodge, ici et maintenant. Mes mots avaient été crachés par l’urgence et grogner par la gravité d’une situation que j’étais, ici-bas, le seul à connaître. On avait alors informé la dame de cette apparition aussi désagréable qu’inattendue.
- « Bonsoir, Miss Lodge. Pardonnez mon étiquette, je ne me soucie pas vraiment de ces choses-là, à vrai dire... » Mon soupir s’était alors dessiné en brume. J’avais fait un pas, imposant ma carrure à celle de la jeune femme sans craindre cette soudaine proximité, qui soulignait sans peine la possibilité que je puisse brusquement devenir sauvage. Son odeur était raffinée. Ses cheveux blonds bouclés brillaient sous l’éclaircie d’un réverbère haletant. Ma silhouette, la pénombre lui collant comme une amante accro, contrastait comme l’opposée parfaite de la sienne. - « J’ai eu vent que vous cherchez un Medhyena aux couleurs particulières… J’ai pensé qu’en vous l’amenant, vous prêterez une oreille attentive à ma voix et à mes paroles... » Ma main gantée de noir s'était refermée sur la Luxeball à ma ceinture pour l'y ôter. J’étais honnête et absolument tout dans ma voix et mon attitude vacillait entre le désintérêt et le franc-parler. Mon regard portait les couleurs d’un ciel généreux et pourtant, rien ne semblait plus tranchant que son jugement. J’avais un secret à confier, alors je m’étais rapproché dans un dernier pas, lequel avait oublié de faire du bruit en tonnant contre le sol, approchant mes lèvres de l’oreille de la belle pour murmurer… - « La tête de Lestat Burton a été mise à prix… Je connais l’identité du commanditaire. »:copyright:️ 2981 12289 0
Madelyn Lodge
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Lorsque la source est trouble ce qui en sort l'est aussi
ft. Akari & Lestat Burton
Si tu avais l’habitude d’être celle qu’on envie et qu’on désire comme cible potentielle, tu réalisais rapidement que tu n’étais pas la seule à vivre avec un tel poids sur les épaules et ce, constamment. Bien que Lestat n’en parle jamais, tu le savais aussi visé… Pour des raisons nettement moins roses que toi, Madelyn. L’être humain est d’une laideur qui ne cessait jamais de t’impressionner, tu le savais que depuis trop longtemps. Mais à chaque jour qui s’écoulait, tu ne pouvais que te réconforter dans cette laideur. Faire confiance à autrui est inutile. Utiliser ou être utilisé, tuer ou être tué. Tu es tellement lasse et pourtant, tu as l’air tellement heureuse par la vie que tu mènes. Tu es si belle, si fière aux cotés de ton albinos.
Qu’en est-il vraiment de la réalité?
Il n’était pas rare qu’on cherche à t’isoler au casino. Souvent, ça venait de tes parents directement. Et très souvent, tu trainais Lestat à tes cotés mais il travaillait au bar ce soir. Et si un soupire s’échappait de tes lèvres rouges, tu ressentais le besoin d’aller vers celui qui te désirait tant ce soir. Car oui, la seule chose que tu savais à son sujet était son genre. Enfin, son apparence physique? C’était compliqué ce truc pour toi.
Une fois ton verre terminé, tu suivais Tyson la main droite et garde du corps de ton chéri, au travers du casino. Bien qu’à ta surprise, il te guidait vers la porte d’entrée…? Intriguée, tu fronçais les sourcils, alors que tu approchais Thoma, qui était chargé de fermer les portes ce soir.
« Tu peux y aller Thoma, je m’occupe du reste avec Tyson. »
Sans plus attendre, le videur acquiesçait alors qu’il te laissait seule face à la porte d’entrée, fermée. Tyson était à quelques mètres de toi. Invisible pour les autres mais tu sentais sa présence. Ça suffisait amplement.
À ta grande surprise, un jeune homme se trouvait de l’autre côté de la porte. Il était considérablement plus grand que toi, après tout, ce n’est pas difficile de faire mieux que 1m60, ses mirettes saphiriques ne manquaient pas de transpercer tes émeraudes, alors que naturellement, tu haussais un sourcil. Ah, il te connaissait? Il s’excusait pour sa tenue, en effet, ce n’était pas l’idéal pour aller au casino. Mais voilà que ça te poussait à réfléchir… Ton père ne tomberait pas aussi bas pour…?
Non, tu te fais des idées ma chérie.
Un rictus t’échappe, alors que tu lui adresses un sourire
« N’ayez craintes pour votre tenue. Néanmoins, peut-être qu’arriver à 3 :57 du matin n’est pas l’idéal? Nous fermons nos portes officiellement à 4h, notre horaire est facilement accessible sur les internet. »
Mais en le voyant faire un premier pas vers toi, tu sentais une certaine panique te secouer. Trop proche. Beaucoup. Trop. Proche. Tu sentais ton pauvre petit cœur manquer un bond ou cinq, alors que tu inspirais lentement. Pourquoi ressentait-il ce besoin d’être aussi proche de toi tout d’un coup?
« Sans offense, vous êtes un peu trop pro… »
… Attends, quoi. Tu étais devant Robert Lodge tout d’un coup ou bien? Cette manie qu’il avait de t’acheter tout ce que tu désires en quête de ton attention t’étais que trop familière. Tu connaissais ce pattern et pourtant? Voilà que tu fronçais les sourcils, non sans poser ta main droite contre ta fine taille.
« Un Medhyena? Et puis quoi encore? »
Naturellement, tes mirettes se posaient contre cette sombre ball ornée d’or qui venait tout juste de décrocher de sa ceinture. Il était vrai que tu avais mentionné ton intérêt pour les Medhyena il y a quelques semaines sur ton compte principal sur ton site de partage de photos. Mais de là à ce qu’un étranger se démène pour t’en ramener un? Ça frisait le ridicule un peu. Mais alors que tu te portais dans tes songes, cela permettait à ton interlocuteur de s’approcher ultimement de toi. Tu le réalisais que trop tardivement en sentant son torse contre ta poitrine, le souffle chaude de ses paroles au creux de ton oreille. Et ton cœur s’arrêtait net.
À quoi jouait-il? Pour qui jouait-il surtout, là était la véritable question.
Réagit Madelyn.
Heureusement, ou pas, ta première réaction était de glousser de rire, non sans relever la tête pour répondre à l’infime proximité qui vous séparait tous les deux.
« Je crois que nous ne sommes pas au bon endroit pour ce genre de discussion, chéri. ~ »
Et profitant du manque de distance entre vos deux corps, tu glissais délicatement ta main dans la sienne, nouant vos doigts ensemble, alors que tu te retournais pour retourner à l’intérieur du casino. Tu remarquais sans mal l’absence de Tyson, tu le devinais déjà aux cotés de Lestat, ça suffirait pour le laisser réagir à sa guise. Tout comme toi, ça te donnait le temps d’entrainer ton invité d’honneur surprise vers ta petite cachette personnelle. La mezzanine bien sûr, que serait Madelyn sans son précieux petit perchoir, loin, cachée, en hauteur et en contrôle de tout. Tu ne voulais pas attirer l’attention, tu ne voulais pas passer devant Lestat. Il te connaissait assez bien pour savoir où te chercher à travers cet immense casino. Et puis, vue l’heure tardive, l’endroit était pratiquement vide maintenant…
« Bien, je suppose qu’on peut discuter un peu plus proprement, d’abord et avant tout, qui êtes-vous? »
Tu semblais sincèrement intriguée par ses propos. Oh tu n’avais pas pris la Pokéball encore, tu n’acceptais pas les pots de vin aussi facilement après tout. Et puis, il était question de Lestat, ce serait idiot de plonger sans prendre conscience de potentiel danger.
Fidèles au poste, Chubby et Prada ne trainaient pas trop loin, si ta Lippouti dormait sur le canapé, la Chaglam surveillait son royaume depuis la barrière qui te séparait du petit peuple à l’étage inférieur. Et surtout, elle surveillait les mouvements de son dresseur en approche.
(c) TakeItEzy & Ellumya
Lestat Burton
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Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l'est aussi.
Akari
Madelyn
Connaissez-vous Lestat Burton ? Le barman du casino ? Non, lui, personne ne sait vraiment son nom. LE Lestat Burton. Eh bien…. Il est comme une légende urbaine. Des mensonges, et surtout des demi-vérités, à son sujet circulent, on dit qu’il s’agit d’une personne puissante dans le domaine du marché noir. Certains disent qu’il est dangereux, violent, sans scrupule. Personne ne sait son ‘body count’, et personne ne veut vraiment le savoir. La réponse les effraie trop, j'imagine. Je ne connais pas Lestat Burton, j’en ai seulement entendu parler. On m’a dit qu’il est fou, qu’il n’a rien à perdre et qu’il n’avait pas peur de tout détruire pour gagner, lui y compris. Un riche excentrique, à qui il manque quelques boulons dans la tête… C’est vrai ? Enfin, ce ne sont que des rumeurs. Et toi ? Connais-tu Lestat Burton ? C’est…compliqué. Peut-être préfères-tu ne pas répondre ? Je comprends.
Il t’arrive de te perdre dans tes songes. Mais ça fait partie de vivre dans ta tête.
La soirée achevait que tu montrais à ta nouvelle barmaid comment fermer et compter la caisse. Il était tard le soir, ou plutôt, tôt le matin, et c’était le moment où Lestat Burton retournait se réfugier dans son terrier. Mais pas ce soir. Parce que depuis un moment, tes hommes de main avaient remarqué quelque chose d’étrange dans les environs. Tes corbeaux avaient remarqué que quelqu’un te prenait pour un pigeon, que tu étais traqué et suivi. Une personne mal intentionnée ? Probablement. Ce n’était pas la première ni la dernière, et ça ne te dérangeait pas et ne t’effrayait pas plus que ça. Il n’y avait rien de satisfaisant à mettre fin à la vie de l’homme qui rampait doucement vers la tête de la mafia, du plus gros réseau d’activités illégales à Lumiris. Qu’autant de politiciens, de citoyens, et que d’autres criminels veuillent ta tête pour l’exposer en trophée au-dessus de leur foyer, comme un vulgaire animal, ne t’effrayait ni t’étonnait. Car si tu étais menacé, c’est que tu étais une menace. Les gens qui avaient de l’argent avaient tendance à vouloir combattre le feu par le feu. Tu prétendais être occupé que ton ami fidèle de toujours, Tyson, t’avait approché avec le dernier potin de l’heure. Le renard avait enfin réussi à introduire le terrier, et Madelyn était sa première proie. Tu n’avais pas de détail que tu ne faisais que sourire à Tyson.
Comme c’est excitant.
Tu lui tapotais l’épaule en laissant le reste de ton travail à ta nouvelle barmaid, pour te glisser doucement le long du mur vers le grand escalier de marbre qui menait à la mezzanine, pour retrouver ton perchoir, Monsieur Corbeau. Tu pourrais certainement mieux converser avec le renard. Tu ne pus qu’être amusé en remarquant la Sombre Ball personnalisée entre les mains de Madelyn, c’était donc lui qui avait le fromage ? Quelle ironie d’essayer d’acheter Madelyn, elle qui avait déjà tout.
Tu étais encore bien heureux que personne n’avait encore remarqué ta présence sauf ta fidèle Chaglam, qui s’avançait vers toi en roucoulant. Tu interrompais visiblement un moment important.
Tiens donc… Lorsque le Persian n’est pas là, les Rattata dansent…
Prada venait t’accueillir en se frottant à tes jambes, non sans lancer un regard désagréable au nouvel arrivant, celui qui se pensait assez rusé, assez puissant, pour mettre fin à la vie de Lestat Burton. Tu t’appuyais doucement contre la rampe de l’escalier, non sans scruter des yeux de haut en bas l’étranger qui se trouvait devant toi. Une grande silhouette sombre, au teint pourtant clair, de magnifiques yeux bleus, probablement la chose qui sautait le plus aux yeux, qui sortait de l’ordinaire chez cette personne. Tu penchais la tête sur le côté, en fronçant les sourcils, comme si tu faisais mine d’écouter attentivement.
Alors ? Tu ne parles pas ? Réponds-lui donc. Qui es-tu ?
Ta présence gênait, visiblement. Bien. C’est ce que tu voulais. Et en voyant que la conversation ne continuait pas, tu soupirais lourdement, non sans rouler les yeux pour venir glisser entre tes lèvres le coeur de ton addiction, la seule chose qui arrivait à te tuer à petits feux sans doute. Et après avoir tiré longuement dessus, tu t’étais permis de prendre la parole.
J’ai espionné de mon petit œil une silhouette dans les ombres de mes clients, une personne étrange qui se mourrait d’envie de rencontrer un certain quelqu’un. Et je vois quelque chose qui commence par ces magnifiques yeux bleus…
Tu t’approchais doucement du duo, coinçant ce pauvre individu entre toi et Madelyn. Et tu ne pouvais t’empêcher de le regarder directement dans les yeux.
Je me fiche un peu de qui t’envoie, ce n’est pas la première fois et ça m’est franchement égal. Ma question est : qu’est-ce que tu attends ? T’attends quoi, pour mettre Lestat Burton six pieds sous terre ?
Tu ricanais un peu, avant de t’éloigner à nouveau, en tirant sur ta cigarette. Ton sourire en ce moment étrange ne faisait que prouver à quel point ton esprit était tordu. Personne ne savait ce qu’il y avait dans la tête de Monsieur Corbeau. Pas même ce renard. Peut-être était-ce mieux ainsi ?
Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiDeux silhouettes si différentes figées devant l'entrée encore tout public d'un casino, de quoi attirer le coup d’œil indiscret de n'importe quel passant doté d'un tant soit peu d'intérêt pour son environnement. Mais j'étais du même avis que boucles d'or. Ce n'était pas le bon endroit pour démêler les langues, mettre en lumière les sous-entendus et mordre les non-dits... J'avais aperçu du coin de l’œil sa main prendre la mienne, et peut-être parce que j'avais perdu le sens du toucher à cet endroit, je l'avais comme temporairement accepté. C'était dans mon intérêt d'être docile, pour le moment... Bien que, dans une autre situation, ma réaction aurait été comparable à la première foudre d'un orage. Inutile de devenir tempête. J'avais obtenu ce que je désirais. Madelyn Lodge m’entraînait joyeusement à l'intérieur du casino. Mentalement, mon esprit dessinait méticuleusement un plan de l'endroit, insistant sur les entrées, les sorties et chaque passage ou porte menant vers un endroit dont je ne voyais pas forcément le bout. Il me fallait déjà songer à comment j'allais quitter ce guêpier... L'endroit où m'avait emmené la jeune femme dominait les lieux, prenant suffisant de hauteur pour qu'un esprit non préparé juge l'endroit comme sans issue... Le vide et la chute n'étaient pas mes ennemis. Néanmoins... Il était assez évident de comprendre que je n'étais pas venu toquer à l'entrée pour m'enfuir aussitôt une fois les lieux envahis.
- « Bien, je suppose qu’on peut discuter un peu plus proprement, d’abord et avant tout, qui êtes-vous? »
J'avais soupiré, souriant presque. Quelle ironie du sort... Qui suis-je ? C'était une redoutable question à laquelle je n'avais aucune réponse. Un mercenaire récemment apparu comme quelqu'un d'aussi violent qu'efficace ? Cet Akari à « elle » qui semblait plus humain qu'il ne l'était réellement ? Cet imposteur qui avait pris possession de ce corps mutilé sans se soucier d'à qui il appartenait ? Ou encore, cet autre, tombé dans les profondeurs de l'abysse, ayant oublié jusqu'à la seule raison le maintenant encore en errance dans ce monde... Je n'étais, tout simplement, personne. Je n'avais aucune véritable réponse à apporter à cette interrogation.
Une voix s'était élevée dans la pénombre et tous les visages s'étaient aussitôt tournés vers elle. C'était comme l'entrée du personnage principal d'une pièce prestigieuse, laquelle attire inévitablement toutes les lumières des projecteurs sur sa silhouette mouvante.
- « Tiens donc… Lorsque le Persian n’est pas là, les Rattata dansent… » Sacrée entrée en scène... Ou mise en scène ? Non. Il ne jouait pas un personnage. Il était son personnage. Il s'avançait d'un pas qui soulignait ô combien il était ici chez lui. Et si certains osaient encore en douter, un matou affectif venait appuyer l'évidence. - « Alors ? Tu ne parles pas ? Réponds-lui donc. Qui es-tu ? » Pouvais-tu seulement imaginer à quel point cette question était lassante et gênante ?
La fumée d'une cigarette volait en soupir alors que l'homme qui se dévoilait lentement au clair de lune livrait le compte-rendu de ce qui s'apparentait à une enquête de routine, celle qu'exige un homme prudent et potentiellement menacé. Sa peau était pâle, son regard était perçant et sa démarche ne trahissait aucune position de faiblesse. Lestat Burton... Si j'étais resté impassible et calme comme de l'eau de roche, je n'avais pas pu m'empêcher d'arquer un sourcil de perplexité lorsqu'il fit mention de mes magnifiques yeux bleus... J'en venais presque à me questionner sur le fait qu'ils étaient, peut-être, bien plus particuliers que je ne pouvais le penser, tant ils captivaient, envoûtant mes alliés et arrachant des flatteries à mes ennemis. L'homme s'était approché jusqu'à effleurer la zone que je considérais comme à ma portée. Son regard s'était braqué dans le mien, creusant mes azures à la recherche de fissures pouvant devenir des failles. Mais il n'y avait dans mon ciel bleu qu'une tranchante réalité.
- « Je me fiche un peu de qui t’envoie, ce n’est pas la première fois et ça m’est franchement égal. Ma question est : qu’est-ce que tu attends ? T’attends quoi, pour mettre Lestat Burton six pieds sous terre ? » Que cherchait-il à provoquer comme événement tordu en propageant des phrases sonnant comme le glas d'un jugement imminent ?
Un soupir brûlant avait quitté mes lèvres, murmurant quelque chose d'aussi fatigué et mauvais que l'être qui me toisait. - « La réponse va te déplaire... Pourquoi ? » Une question en guise de riposte. - « Pourquoi devrais-je tuer Lestat Burton ? Se dresse-t-il sur mon chemin ? » J'avais haussé les épaules d'une manière désinvolte. - « Complote-t-il pour me renverser ? » Un sourire amer avait tiré sur le coin de mes lèvres. - « Cherche-t-il à me nuire ou à m'abattre ? » Mes bras s'étaient alors levés de façon théâtrale. - « Non... Parce que je ne suis personne. » Et soudain, toute la comédie avait volé en éclats pour laisser place à la froide réalité. - « Je ne suis pas un chien qui obéit simplement parce qu'on lui a ordonné de mordre... Tuer est un acte qui ne laisse aucune place au doute, à l'hésitation, à la discussion ou à la mise en scène... Alors, si j'étais venu avec l'intention de te tuer, tu n'aurais pas eu tout le loisir de contempler mes magnifiques yeux bleus... Je n'ai aucune raison de te tuer, Lestat Burton. » Terminais-je dans un murmure.
Quelque chose qui n'aurait jamais dû bouger avait soudainement remué au sol. Ce n'était rien de naturel. Un tremblement. Un grésillement. Comme une vieille télévision qui ne capte plus d'images. Quelque chose dans mon ombre venait de remuer de façon macabre.
- « Mon problème... C'est que pour me demander de te tuer, on m'a d'abord trouvé... Je ne suis pas quelqu'un d'accessible, à vrai dire. Plutôt du genre à vouloir me faire oublier de tous... Vois-tu où je veux en venir ? Qui peut représenter une menace pour moi ? Quelqu'un qui ne sait pas qui je suis... Ou des gens me traquant dans l'espoir de m'acculer suffisamment proche de leur cible pour que j'en vienne à commettre l'irrationnel ? » Une lueur affreusement claire abritait mes prunelles faites d'un ciel bleu vibrant à l'approche de la tempête. :copyright:️ 2981 12289 0
Madelyn Lodge
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Lorsque la source est trouble ce qui en sort l'est aussi
ft. Akari & Lestat Burton
Sans doute faisais-tu une grossière erreur en invitant le Renard dans ta tanière Madelyn. Était-ce seulement une bonne raison de dévoiler l’emplacement de ton Corbeau si rapidement? Pourtant, tu avais envie de jouer. Tu voulais voir jusqu’où ce bel inconnu pouvait aller. Oh, tu ne te méfiais pas spécialement de lui, à vrai dire. Sans doute était-ce ta plus grande erreur. Mais il avait su allumer ton intérêt pour ta piètre personne à l’évocation d’un Pokémon que tu convoitais personnellement. Et puis, quiconque intéressé par Lestat se devait de passer par toi d’abord et avant tout. Il était donc naturel que tu cherches à satisfaire ton insatiable curiosité.
Sauf que, Lestat a été plus rapide que toi. Sans doute prévenu par Tyson. Car à peine étiez-vous tous les deux dans la mezzanine, toi et ce bel étranger, que la voix de ton partenaire de crime résonnait au creux de tes oreilles. Et ton visage se crispait dans un sourire si grand. Tu ne manquais pas de ricaner malgré tout. Pourquoi donc? Eh bien, tu sais que trop bien que strictement rien ne peux t’arriver, quand ton chéri est à tes côtés.
Et si tu doutais de ta sécurité à la base, tu savais que trop bien que tu pouvais te dresser fièrement, du haut de ton mètre soixante, bon quasi soixante-dix avec tes semelles rouges mais ça, c’est de la triche. Et je doute très fortement que ‘Beau yeux bleu’ soit impressionné par tes Louboutin. Meilleure chance la prochaine fois, Maddy.
Contrairement à ton habitude, toi qui n’avais pas forcément ta langue de ta poche, voilà que tu te montrais très docile et sage. Une première te concernant à vrai dire. Toi qui aime te moquer et provoquer les réactions d’autrui. Ce soir, tu es sage, calculée même. Si bien qu’après avoir salué ton petit ami du regard et d’un sourire, tu marquais ton semi retrait en te dirigeant vers ta réserve de boisson pour te servir un verre de champagne. Après tout, c’était un évènement unique qui se déroulait. Ça méritait d’être souligné!
Fidèle à tes habitudes, un verre de champagne en main, tu ne pouvais que le savourer, alors que ton fessier se posait sur le canapé à quelques mètres des garçons. Lestat pouvait très bien se débrouiller quelques instant seul. Et puis, cela te permettait de mieux observer ton invité surprise pour essayer de mieux le comprendre.
Accompagnée de Chubby Doll, ta précieuse Lippouti, tu ne manquais pas d’incliner de la tête en écoutant les propos de ‘beau yeux bleus’. Bien qu’en vrai, tu ne portais que trop peu attention aux propos qu’ils échangeaient ensemble. Non, autre chose avait su capturer ton attention. Et ça, Chubby l’avait ressentie. Elle s’était même réveillée pour mieux observer la situation. Puis d’un commun accord, voilà que le bébé Pokémon Glace & Psy quittait le canapé pour doucement s’approcher du duo masculin. Comme intrigué par cette nouvelle source d’énergie. Il cachait quoi le beau ténébreux?
Sans doute était-ce risqué de laisser Chubby Doll s’en approcher. Mais sa petite taille pourrait sans doute l’avantager à s’approcher sans se faire remarquer. Espérons seulement que Prada ne soit pas trop chiante à l’approche du jeune Pokémon.
Un soupir s’échappait de tes lèvres, alors que tu relevais tes mirettes d’émeraudes vers les saphirs de votre invité.
« Pour quelqu’un qui dit ne pas obéir comme un chien, je te trouve assez loyal à celui qui t’envoie ici. Car bon, je doute que tu aies fait tout ce chemin rien que pour m’offrir un Pokémon, n’est-ce pas? Mais je suis impolie, on ne m’a pas invoquée encore. Continuez, je vous en prie. Vous m’intriguez, messieurs. ~ »
D’une arrogance pure, tu levais ton verre vers eux, non sans savourer une nouvelle gorgée, sourire aux lèvres, alors que tu les balayais l’un après l’autre du regard. Avec un peu de chance, Chubby devrait avoir eu le temps de s’approcher proprement pour satisfaire ta curiosité morbide.
(c) TakeItEzy & Ellumya
Lestat Burton
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Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l'est aussi.
Akari
Madelyn
Ton heure n’était pas venue, et tu le savais. C’était donc pour cela que tu étais aussi confiant de te présenter à cet intrus en tes lieux, plutôt que de tristement te cacher. Et même si tu étais réellement en danger, tu n’avais pas particulièrement peur d’une personne comme cet étranger ténébreux. Et même s’il essayait quelque chose, comment arriverait-il à se sortir de ta ruche sans se faire tuer par tes abeilles ? Eh, à ce moment, ça t’était plutôt égal, et tu le laissais répondre à tes dizaine de questions et à celles de Madelyn, aussi théâtral qu’il était. Alors, il n’était personne ? Il n’était pas qu’un Ponchien qui obéissait à quiconque lui donnait un os ? La remarque de Madelyn te faisait presque sourire.
Maddy, sois gentille, sers donc un verre à notre invité…
Et à toi, au passage. Que vous puissiez discuter doucement. Et toi, tu ne faisais que l’inviter à s’asseoir d’un geste de la main devant toi, avant d’écraser ta cigarette dans un cendrier.
Monsieur Personne m’est plutôt intéressant… Surtout s’il offre des présents pour corrompre ma conjointe ?
Tu ricanais légèrement, en ajoutant que tu le taquinais un peu. Mais le taquinais-tu réellement, ou disais-tu cela par politesse ? À autrui d’en juger, tu t’en fichais à vrai dire. Tu avais remarqué que l’ombre de cet inconnu n’était pas normale, tu avais capté ces tremblements. C’était le genre de détail qui n’échappait pas à Lestat Burton, au Maître Corbeau. Il semblait avoir un problème, parce que quelqu’un avait entendu parler de lui alors qu’il faisait surtout affaire sous la table. Tu haussais un peu un sourcil; tu te doutais bien que c’était exactement pour cela qu’il était venu jusqu’à toi. Mais tu te contentais de l’écouter, et prendre le temps de bien réfléchir entre chacune de ses phrases. Tu glissais doucement ton index et ton majeur le tour de la coupe de champagne que Madelyn t’avait apportée, ton regard argenté verrouillé en celui bleuté de ton maintenant invité.
Hmm, je vois… Eh bien, c’est sûr que sans nom, je ne pourrais pas avoir d’explication claire et précise.
Tu haussais les épaules en soupirant, alors que Prada grimpait sur tes genoux pour venir s’y coucher, alors que tu gratouillais doucement son menton pour activer la machine à ronrons.
Je suis plutôt actif dans le domaine des activités illégales, tu comprends donc que tu n’es pas le premier à être employé pour me mettre une balle dans la tête, oui ? C’est un petit monde, cher. Beaucoup de bouche à oreille, ça parle, ça parle… Je suppose que tu es un mercenaire discret et efficace, je me doute que quelqu’un a dû échapper l’information et que ça ait fait boule de neige.
Tu te renfonçais un peu contre le dossier de ton siège pour venir t’appuyer contre ton coude droit, menton au creux de la paume. Ton petit sourire arrogant ne venait pas trahir ta curiosité envers cet étrange individu sans nom qui était assis devant toi, et qui n’avait pas touché à sa coupe de champagne. Tu scrutais le moindre de ses gestes, après tout, tu ne pouvais pas faire confiance à qui que ce soit. Il était là d’abord et avant tout pour te tuer. Tu n’avais pas peur. Mais tu aimais toujours déjouer les gens qui voulaient s’en prendre à toi.
Donc je m’excuse, Azur. Mais j’ignore qui a fait appel à tes services, et d’où la personne qui veut ma tête a entendu parler de toi.
Et déjà qu’il venait un peu trop jouer dans tes plates bandes en essayant d’amadouer Madelyn, à qui tu jetais un court regard d’ailleurs. Tu ne le lâchais pas du regard, c’était ton tour de poser les questions, et c’était un détail qui t’agaçait.
Et pourquoi offrir un Pokémon à Madelyn ? C’est presque comme si tu avais prévu te faire refuser ici. Sauf si elle en sait plus qu’elle en dit…
Ta dernière remarque était dite sur un ton si froid qu’elle frigorifierait de peur n’importe quel de tes employés ayant reçu ce commentaire à son égard. Mais à en juger de ce que Madelyn dirait, si elle resterait honnête… Cette personne t’intriguait, mais l’information qui te manquait n’était nulle autre que son nom. Avec un nom, ce serait sans doute plus clair.
Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiIls étaient si... imprudents. Le mot était peut-être trop droit, trop littéraire, pour parfaitement épouser ma pensée. Ils ne prenaient aucune mesure susceptible de me couper tout élan. Je m'attendais, d'une minute à l'autre, à ce que la plaisanterie cesse et que des hommes armés viennent me contraindre à me mettre à genoux, les mains derrière le dos. Et pourtant... Le temps s'écoulait aussi paisiblement que s'il ne s'agissait que d'une curieuse rencontre, si improbable et hasardeuse, qu'elle intriguait suffisamment pour faire saliver les palais et démêler les langues. Ce masque aux faux sourires, cette intonation de vérité volée, cet aspect détendu sur les traits... Était-ce juste un accessoire qu'ils avaient enfilé le matin par habitude et qui, au fil des années, avait fini par s'engluer à leur épiderme jusqu'à devenir un mensonge qu'ils ne peuvent plus ôter ? Au fait... Qui étais-je pour les juger, moi, l'imposteur ? Probablement le seul qu'on ne pouvait pas berner, qu'importe le prodigieux niveau de comédie.
L'homme à la cigarette ne me sous-estimait pas. Ce simple fait me laissait craindre un élément que je n'avais pas encore entraperçu. Quelque chose pouvait m'abattre à tout moment, mais je n'arrivais pas à en deviner la nature... Lestat devait se douter que mon arme n'était pas juste un couteau plus aiguisé que celui des précédents prétendus tueurs. Il savait désormais qu'on avait été jusqu'à traquer celui qui ne veut pas être trouvé, qu'on avait été jusqu'à le chercher dans les profondeurs des zones les plus hostiles de la région, au lieu de tout simplement embaucher le premier psychopathe, aux mains expertes en bain de sang, venu. Ma simple présence ici était une anomalie. La femme semblait se détendre depuis l'apparition de Lestat, son visage arrogant se complaisait sereinement sous la saveur pétillante d'une coupe de champagne. Madelyn Lodge m'observait. Je sentais son regard sur moi et un frisson de dégoût en avait parcouru ma colonne vertébrale. Je n'aimais pas être observé comme un animal exotique qu'expose en cage ceux qui ont les moyens de soutenir l'illégalité... Seulement, il n'y avait aucun barreau, aucune cage et aucun lien pour la bête que j'étais censé incarner. Avoir l'habitude de jouer avec des jouets dangereux n'enlève rien à leur tranchant...
- « Pour quelqu’un qui dit ne pas obéir comme un chien, je te trouve assez loyal à celui qui t’envoie ici. Car bon, je doute que tu aies fait tout ce chemin rien que pour m’offrir un Pokémon, n’est-ce pas ? Mais je suis impolie, on ne m’a pas invoquée encore. Continuez, je vous en prie. Vous m’intriguez, messieurs. ~ » Une longue réplique, trop longue pour que mon esprit déjà focalisé sur des menaces - réelles quant à elles - puisse s'en offusquer. - « N'est-ce pourtant pas évident ? » Demandais-je en arquant un sourcil, fronçant l'autre. Ce n'était en rien une boutade mordante, mais une véritable question. J'avais alors remarqué l'étrange petit Pokémon qui observait l'obscurité à mes pieds. - « Qu'il n'approche pas trop... » Avais-je lâché. Je venais de détourner mon regard bleu. J'avais alors penché ma tête vers l'arrière pour dévoiler davantage la cicatrice horizontale à ma gorge, l'offrant à la pâleur de la lune. - « Ce n'est pas quelque chose qui se tient tranquille ou qui obéit. » Avais-je prévenu. Ce qui se cachait dans mon ombre était à la fois mon pire ennemi et mon seul ami.
- « Maddy, sois gentille, sers donc un verre à notre invité… »
Aussi loin que vogue ma mémoire, je n'ai jamais expérimenté le massacre. Je n'ai jamais eu de pulsion assez puissante pour m'arracher à moi-même, du moins, suffisamment longtemps pour que la scène ne se transforme en une véritable piscine écarlate. Pourtant... L'odeur rouillée du sang m'était aussi familière qu'insupportable. Je connaissais le bruit presque inaudible du glissement d'un liquide fuyant la vie et un corps, lequel me rendait fou. La couleur rouge noyant les globes oculaires jusqu'à en lacérer la cervelle était une douleur que j'appréhendais plus que le tranchant certain d'une lame. Le seul fait de songer au sang avait accéléré les battements de mon cœur et rendu ma respiration secrètement irrégulière. Même sans avoir la moindre attention meurtrière... Même sans savoir si j'étais réellement un meurtrier... Je ne pouvais m'empêcher de me demander... Comment ferais-je pour les tuer tous les deux le plus rapidement et le plus efficacement possible ? Oh, l'après n'avait aucune importance. Il ne s'agissait pas ici de « continuer » mais d'en « finir ».
- « Monsieur Personne m’est plutôt intéressant… Surtout, s’il offre des présents pour corrompre ma conjointe ? »
Corrompre ? Quelle idée disproportionnée... Néanmoins, ses paroles m'avaient arraché à mon tribunal intérieur. Aucun sang n'avait besoin d'être versé. Je n'avais aucun motif pour me mutiler dans la violence. Néanmoins, plus j'écoutais Lestat Burton parler, une coupe de boisson alcoolisée que je ne boirais jamais dans une main, plus je réalisais un peu mieux pourquoi cet homme était aussi craint.
- « Donc je m’excuse, Azur. Mais j’ignore qui a fait appel à tes services, et d’où la personne qui veut ma tête a entendu parler de toi. » J'avais émis l'hypothèse qu'il disait vrai. - « Et pourquoi offrir un Pokémon à Madelyn ? C’est presque comme si tu avais prévu te faire refuser ici. Sauf si elle en sait plus qu’elle en dit… » Ce point était différent des précédents. C'était une affaire bien plus personnelle que le mercenaire envoyé pour le tuer. Peut-être était-il temps de mettre à plat quelques réponses ?
- « Afin d'être certain de ne pas perdre mon temps à venir jusqu'ici pour me faire abattre à la porte d'entrée. Il était évident qu'avoir une offrande allait considérablement changer la direction du vent... En ma faveur. Quelqu'un qui ramène un pot-de-vin est quelqu'un qui vient marchander, qui vient discuter, qui a des informations à offrir, pas quelqu'un voulant poignarder le maître de la cérémonie à la gorge... Du moins, les autres agissent ainsi, non ? » Pour ce qui était du reste... Je n'étais pas sans information. - « Je ne suis pas venu te tuer Lestat Burton. » Répétais-je. Si cela avait été mon intention, le travail aurait été fait... N'est-ce pas ? Seulement... - « Je connais le nom de mon commanditaire. Je ne suis pas venu les mains à moitié vides... Néanmoins, j'ai bon savoir qui il est, l'atteindre, c'est autre chose... Si je ne l'atteins pas, il enverra un « autre » assassin, probablement pour moi dans un premier temps, et ensuite pour toi... Au fait... » Mon regard froid avait dévié vers la femme, sagement assise. - « Je te trouve particulièrement calme pour quelqu'un qui connaît ce fameux commanditaire... » Lâchais-je. :copyright:️ 2981 12289 0
Madelyn Lodge
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ft. Akari & Lestat Burton
Pour une fois, ne pas être le centre de l’attention ne semblait pas complètement te gêner Madelyn. Tu étais même, particulièrement calme. Assise sur ton canapé, à siroter ton champagne. Tu écoutais attentivement les garçons parler entre eux. Tu écoutais, sans réellement porter attention à ce qui se disait. Après tout, cela ne te concernait pas. Là était sans doute une erreur de ta part. Mais vois-tu, tu n’es pas complètement sobre. Oh pas plus sous l’effet complet de l’alcool. Mais disais que tu n’étais pas au maximum de tes performances. D’où tu te contentais de poser ton regard et attention sur ce qui se passait directement devant toi. Ce qu’ils disaient? Tu n’écoutais que de moitié.
Tu avais que trop l’habitude d’être là, sans véritablement l’être. Sans doute une bien mauvaise habitude. Mais faire acte de présence, tu savais que trop bien le faire. Tu n’avais pas toujours besoin de te l’ouvrir pour te faire intéressante. Du moins, c’est ce que tes parents t’avaient dit trop souvent. Tu es tellement plus agréable quand tu réfléchis ou surtout, quand tu te tais et reste sagement à ta place. Ta place? Mais elle est aux cotés de Lestat Burton. Ce songe même te pousse à incliner la tête avant de baisser les yeux.
Ce qui pose tes mirettes… Sur Chubby Doll? Tu la fixais, un peu malgré toi. Tu ne comprenais pas spécialement ce qu’elle visait, tu la laissais s’approcher sans trop savoir ce qui semblait tant l’intriguer. Mais voilà que ‘Azur’ l’arrêtait net, non sans t’intriguer au passage. ‘Ce n’est pas quelque chose qui se tient tranquille ou qui obéit’? Si tu sentais une certaine arrogance croitre en toi, rapidement tu te figeais de glace alors que tes grands yeux de Vivaldaim se posaient sur cette imposante cicatrice fraichement dévoilée pour ton propre plaisir. C’était donc du sérieux?!
« Chub’. » Ta voix était brève, ferme même, alors que tu te crispais malgré toi. Et si Chubby Doll était d’une nature un peu ‘je m’en foutisme’ à la base, elle semblait avoir captée le sérieux de la situation. Ce pourquoi la jeune Lippouti s’empressait de revenir à tes pieds et tendre les bras pour revenir sur tes cuisses. Ce que tu lui accordais, heureusement pour elle. D’ailleurs, tu la serrais doucement contre toi, comme pour la rassurer. Ou est-ce toi que tu essayais de calmer en fait? Difficile à dire… Mais le moment fut bref, puisque Lestat te demandait de servir à boire? Tiens, c’était nouveau ça. Mais d’un simple hochement de tête, tu te redressais pour aller au bar, non sans déposer ton jeune Pokémon contre le comptoir de marbre. Si tu lui soufflais quelques mots à peine audible, tu t’empressais de remplir les verres, comme demandé par ton partenaire, pour mieux te retourner vers eux et leur tendre, non sans adresser ton sourire dont toi seule avais le secret derrière.
« Messieurs, cheers. ~ »
Tu leur levais ton verre, à nouveau, non sans boire une généreuse gorgée. Ton arrogante était moins apparente cette fois. Étais-tu plus méfiante d’un coup? Quelque chose te gênait mais tu peinais à mettre le doigt sur quoi et surtout, pourquoi.
L’écho de tes semelles rouges contre le sol recouvert de marbre se faisait entendre, alors que les deux hommes continuaient leur échange. Tu semblais comme… troublée d’un coup? Tu ne leur faisais plus face, tu semblais… comme ailleurs? Ta partenaire te fixait de ses grands yeux turquoises, intriguée par ton trouble. Elle ne comprenait que trop bien tes émotions, malheureusement pour toi. Si bien que même si tu souriais et la soulevait doucement pour la reprendre contre toi, tu savais que tu lui mentais que trop mal. Ce pourquoi tu ne fis que soupirer pour lui indiquer de lâcher la chose. Ce n’était pas le moment, ni le lieu.
Tu devais rester agréable et droite devant votre invité. Enfin, aussi droite que tu puisses l’être en étant assise. Verre à la main, Chubby sur tes cuisses, une main caressant distraitement son adorable petit carré blond. Cet étranger t’offrait un enviable pot de vin pour éviter de se faire abattre à la porte principale du casino. Cet étranger que tu observais longuement de tes mirettes. Cet étranger qui te troublait, qui t’étouffait après chaque mot qui s’échappait de ses lèvres. Tu sentais ton souffle s’alourdir au son de sa voix. Comme s’il dévoilait quelque chose de plus sombre encore? Un autre assassin pour s’occuper de lui, puis de Lestat… C’était donc si sérieux? Tu sentais l’angoisse te dévorer de l’intérieur, si bien que tu t’en mordais la lèvre inférieure.
Puis ‘Azur’ lâchait sa bombe en s’adressant directement à toi. Tu étais calme pour quelqu’un qui connait ce commanditaire? De quel droit t’accusait-on de vouloir faire abattre ton propre petit ami?! Tu te crispais, si bien que ta Lippouti vint à gindre tout en secouant les bras pour te faire remarquer que ta main se serrait contre ses cheveux. Ce que tu arrêtais brusquement, non sans t’excuser au passage.
« Je te demande pard.. » Jusqu’à finalement comprendre. Non. Non, il n’était pas question de toi ici Madelyn. C’était un autre Lodge. Il était déjà si désespéré pour t'atteindre maintenant? Oubliait-il qu'il était celui qui t'avait poussé dans les bras de Burton? Et maintenant que son petit plan fonctionnait que trop bien, il pleurnichait pour ravoir son précieux petit trophée d'enfant parfait que tu représentais? Ce fut plus fort que toi, tu ricanais. Jusqu'à soudainement éclater de rire. Aurais-tu déjà perdue la raison Madelyn?
« Si c’est un message de Papa Lodge pour me ramener à la maison, saches que tu as le mauvais pigeon. »
Et si ta voix était douce, presque agréable, tes gestes l’étaient moins, puisque tu venais de te glisser entre Lestat et votre petit ami l’assassin, pour lui prendre le menton entre ton pouce et ton index, forçant un contact visuel alors que tu le fixais avec le plus grand des dégoûts.
« Si tu n’es pas ici pour Lestat, dis-moi ce que tu veux réellement. Que désires-tu tant pour être satisfait? L’argent ne me manque pas chéri, Papa Lodge joue un peu, beaucoup, avec ma patience. Je n’ai pas assez mangé et j’ai trop d’alcool dans le corps pour être saine d’esprit. Gardons ça bref, veux-tu? ~ »
(c) TakeItEzy & Ellumya
Lestat Burton
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Akari
Madelyn
Vous parliez, et vous parliez et vous parliez… Vous sous-entendiez que vous étiez tous deux plus dangereux l’un que l’autre. Mais cela valait-il vraiment le coût ? Qu’est-ce que cela vous apportait, de vous faire des menaces sous-vides ? Tu ne tenais pas assez à la vie pour t’inquiéter. Tu étais de glace face aux gens qui effrayaient et qui menaçaient. Tu avais vécu beaucoup trop d’horreurs, ton anxiété t’avait endurci et tu étais devenu froid… Tu étais cette personne sinistre de qui les gens parlaient en mal, de qui les gens se méfiaient. Savaient-ils vraiment ce qu’ils disaient ?
Sans doute. Azur, il était méfiant. Cette cicatrice, elle devait sans doute caché un passé tordu, une mauvaise expérience et une histoire marquante. Mais au diable ce que les autres vivaient, si toi tu n’avais pas eu le droit à une forme de conclusion, ni à une fin heureuse, alors les autres non plus. À ce point, tu t’en fichais un peu. Cette cicatrice, elle n’évoquait rien pour toi, tout contrairement à Madelyn, qui semblait pire que perturbée. Et c’était pour ça qu’elle s’empressait de se servir, en vous amenant également vos verres. Évidemment que la personne devant toi n’allait pas en boire une seule gorgée, un mercenaire se devait d’être complètement présent, non ? Mais toi, tu sirotais doucement ce que ta petite amie t’avait servi.
Il aurait donc décidé d’emmener un cadeau pour être certain de ne pas se faire refuser, il voulait donc si désespérément se jeter dans la gueule du loup ? Tu haussais un peu les épaules à cette réponse claire qu’il t’avait donnée, n’en pensant rien de plus.
Hm. Tu as déjà ça pour toi; tu es plus intelligent que les autres.
Pourquoi étais-tu aussi imprudent ? Quelle comédie jouais-tu ? Tu savais que ton enfant intérieur était mortifié sous la peur, mais tu étais si habitué de ressentir ton anxiété qu’elle ne te faisait plus rien. Ça te faisait toujours un petit frisson qu’un mercenaire vienne pour toi, encore plus maintenant que cet intrus était si proche de toi. Mais pourtant ? Tu tenais encore sur tes deux jambes. En vie. S’il voulait te tuer, il l’aurait déjà fait, non ?
Que ce soit toi ou un autre, personne n’aura ma tête comme un trophée.
Tellement de criminels voulaient ta peau, tu n’avais pas la meilleure des réputations, tu étais reconnu pour être une crapule avec plus d’un coup bas dans ta manche. Probablement pas un flex, cependant, tu préférais te vanter d’encore tenir sur tes deux jambes. Et lorsque l’eau sera trop chaude, tu pourras simplement t’effacer et disparaître de la société, tu avais certainement assez d’argent pour ça.
La dernière information qu’il vous avait donnée ne manquait pas de ramener un sourire à ton pâle visage. Ah bon ? Madelyn connaissait ledit commanditaire ? Ça ne prenait pas toute l’intelligence du monde pour faire 1+1, tu avais compris assez vite et tu n’étais pas surpris. Si Madelyn s’offensait en pensant qu’on l’accusait faussement, tu lui adressais un regard qui lui fit rapidement comprendre. Ah. La PCPG. Petite crise de petite garce. Madelyn avait bondi comme une féline sur sa proie, se plaçant entre toi et le mercenaire, ne manquant pas de physiquement s’imposer à lui pour forcer un contact visuel. À vrai dire, tu trouvais la scène à la fois surprenante et fascinante. Tu ne pouvais t’empêcher de sourire légèrement. Tu découvrais un nouveau visage de Madelyn qui te plaisait bien. Elle-même se montait contre son père ? Tu n’avais même pas eu besoin de beaucoup lui parler pour ça, et ça faisait ton affaire. Elle avait des parents toxiques, et ce ne serait pas difficile pour toi de les retirer de ton chemin. Par contre, Robert qui te voulait comme trophée, c’était un problème auquel tu voulais remédier. Il ne méritait pas l’honneur d’un assassin ou un mercenaire, tu avais presque envie de le tuer de tes propres mains, mais est-ce que ça valait vraiment la peine de souiller tes mains de sang de cochon ? La pensée te faisait presque ricaner.
Quel retournement de situation inattendu.
Pas vraiment. Tu espérais presque que ça arrive, tu avais envie de tramer un peu de trouble dans la vie de papa Lodge, lui donner une véritable raison de te détester. Il fallait juste trouver un moyen pour enclencher le payback.
Je suis intrigué également. Il y a moyen de s’arranger, sinon, on peut y aller avec le plan A. ~
Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiUne malédiction est un envoûtement condamnant sa cible à un état de malheur inéluctable. L'action punitive d'une divinité, un mauvais sort, un rituel ancien ou parfois même, tout simplement, le destin, peuvent être à l'origine d'une malédiction dite « punitive ». Elle ne se soucie guère de savoir si sa cible mérite ou non d'être condamnée, elle est une justice aveugle et sourde. Ainsi, le paysan comme le noble, l'enfant garnement comme le sage vieillard, le pire monstre comme le plus gentil des hommes, tous sont à la même enseigne, tous peuvent être fauchés par le même malheur.
En dehors des malédictions punitives, il en existe une autre variété, celles que j'appelle les « marchandeuses ». Elles vous proposent d'obtenir votre plus grande convoitise dans un futur proche en échange, d'un petit quelque chose dans un futur lointain... L'humain est un être terriblement impatient. Il veut tout et tout de suite. Ainsi, les malédictions marchandeuses sont rarement repoussées... Pourtant, le petit quelque chose en question, est toujours ce qu'un individu possède de plus précieux. Votre vie, vos capacités intellectuelles ou mentales, votre famille ou votre grand amour, elle prendra ce qui est irremplaçable. Cela se termine toujours dans la tragédie, transformant l'avarice en un amer regret, en la chose la plus insignifiante et ridicule au monde...
Un maudit n'a pas de futur. Il est condamné à goûter à toute l'amertume du malheur et à ramper sur un chemin boueux où, au bout, aucune fin heureuse ne l'attend. Seulement... Qu'arriverait-il si une personne sans futur venait à accepter un pacte avec une entité maudite ? Serait-ce réellement une malédiction, si ce dernier venait à atteindre ses objectifs avant la fin de son chemin qui, de toute évidence, se trouvait être un précipice...
- « Hm. Tu as déjà ça pour toi; tu es plus intelligent que les autres. » Ah oui, il y avait toujours cette voix calme et sombre comme une nuit sans lune. Dans une demi-pénombre colorée de bleu et de lumières criantes, Lestat Burton observait dans son verre le reflet de sa situation. Il en était à converser avec son prétendu assassin, lequel n'en était pas un. - « Que ce soit toi ou un autre, personne n’aura ma tête comme un trophée. » Était-ce seulement le genre de mots capables de renverser le principe de causalité ?
Ce n'était qu'une question de temps. Une montre de luxe abîmée qui ignore ses fissures et considère que les aiguilles continueront toujours d'avancer, car, jusqu'ici, elles ne sont jamais arrêtées... Lestat Burton pouvait survivre des mois, peut-être même des années, mais de toute évidence, tôt ou tard, il finira par recevoir l'une des balles de la rafale tirée dans sa direction. Il ne suffit jamais plus que d'une seule d'entre elle pour que le monde entier se voile de ténèbres puis s’éteint définitivement. Il n'était pas bête. Ma proximité avec lui, le fait qu'il soit parfaitement à la portée de ma lame, étaient des preuves accablantes quant au fait que l'horloge de mort allait finir par le rattraper.
- « Si c’est un message de Papa Lodge pour me ramener à la maison, saches que tu as le mauvais pigeon. » Un souffle avait quitté mes lèvres, vaguant à rester en suspens, suffisamment longtemps pour trahir mon agacement. Elle m'avait touché et toute ma sauvagerie me répétait en boucle dans ma tête : mords-la jusqu'au sang, sectionne ses doigts, fais la hurler puis fais en sorte qu'elle se taise. - « Si tu n’es pas ici pour Lestat, dis-moi ce que tu veux réellement. Que désires-tu tant pour être satisfait ? L’argent ne me manque pas chéri, Papa Lodge joue un peu, beaucoup, avec ma patience. Je n’ai pas assez mangé et j’ai trop d’alcool dans le corps pour être saine d’esprit. Gardons ça bref, veux-tu ? ~ » Trop d'alcool dans le corps... Elle ne mentait pas. Une enfant dans un corps d'adulte... - « Je suis impossible à satisfaire... » Soufflais-je en plissant le nez. Ma main froide et dure, ses cicatrices brillantes et mal pansées visibles, s'était chargée de repousser l'envahisseuse.
- « Quel retournement de situation inattendu. » Lestat avait repris le train de la conversation en route. Il mentait terriblement mal à mes oreilles. - « Je suis intrigué également. Il y a moyen de s’arranger, sinon, on peut y aller avec le plan A. ~ » Voyez-vous cela, l'homme à la cigarette avait un plan. J'avais également un début d'idée à soumettre. - « Connaissez-vous les hydres ? Un homme de pouvoir est une hydre... Tranchez une tête, une ou plusieurs repousseront juste après. Même si le vieux Lodge meurt, si une personne tout aussi problématique prend sa succession, alors nos sangs ne couleront pas plus lentement... » Si tuer le commanditaire avait été la solution, je n'aurais jamais pris le risque de me révéler aux portes du casino. J'avais pris une grande inspiration, rentrant dans le vif du sujet. - « Le vieux Lodge n'est pas celui que je veux trancher, c'est son pouvoir et son influence qui lui offrent la possibilité de me traquer... C'est cela, que je désire couper. Problème étant... Je ne suis qu'un mercenaire. » Armé de puissants dragons et de lames aiguisées, certes. - « Je n'ai pas le droit à l'hésitation sinon, je serais tué. La fille de mon commanditaire et le mafieux, dont il veut la tête pour l'accrocher au-dessus de sa cheminée, n'ont-ils pas des informations susceptibles de me guider jusqu'à un point faible qu'il me suffirait alors de poignarder pour que l'empire tremble... ? » Château de cartes balayé par le vent. Mes yeux s'étaient braqués sur l'homme à la peau trop pâle. Moins tempétueux, ils laissaient présager le ciel bleu que réservent les beaux jours. - « Une place de pouvoir pourrait se libérer, vous pourriez y glisser votre pion... » Je craignais moins une vipère qu'une hydre en guise de nouvelle tête...:copyright:️ 2981 12289 0
Madelyn Lodge
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Lorsque la source est trouble ce qui en sort l'est aussi
ft. Akari & Lestat Burton
Malgré ton agacement du moment, un détail t’échappait encore à l’instant, Madelyn. Mais tu étais bien trop alcolisée pour le réaliser encore. Tu peinais à suivre la conversation et ça se voyait. D’ailleurs, tu ne réagissais que trop peu lorsqu’on vint à te repousser, physiquement. Tu gênais. Et ce mouvement eu pour effet de te faire tituber et soupirer, alors que tu croisais les bras.
Oui, une enfant coincée dans le corps d’un adulte. Tu n’as jamais eu l’enfance et encore moins l’adolescence que tu méritais. Tu avais eu à grandir dans un monde d’adulte depuis… Depuis toujours en fait. Et maintenant que tu étais adulte, tu réalisais qu’à cet instant que tu n’étais pas tant plus en contrôle que tu aimerais réellement l’être. Tu parlais mais personne ne t’écoutait réellement, comme si ta vie n’était qu’un écho perdu dans le casino.
Comme à ton habitude, ta voix féminine n’était qu’un murmure que les hommes autour de toi ignoraient. Cela te décevait fortement, surtout venant de Lestat. Après tout, c’était un homme important dans ta vie. Mais visiblement, tu n’avais pas ta place dans cette conversation. Ce qui résultait d’un soupir de ta part, alors que tu reprenais place sur ton siège, rapidement accompagnée par ta Lippouti qui trouvait refuge sur tes cuisses.
Une hydre? C’est ainsi que votre interlocuteur percevait Robert Lodge? Avec un peu de recul, tu te devais d’approuver cette théorie. Puisque, dû au suicide de Oliver, tu étais la seule et unique héritière légitime à Lodge Inc. Ce qui te poussait à se mordre la lèvre, nerveusement. Tu n’aspirais pas spécialement devenir CEO d’une multinationale corrompue. Mais avais-tu seulement le choix? Tu n’as jamais eu ce luxe, à bien y réfléchir.
Tu ne faisais que suivre les autres. Oh tu as tentée, à maintes reprises de t’y opposer. Pourtant, tu étais sagement assise dans ton coin, à remuer lentement ton verre de champagne, alors que tes mirettes fixaient en vain les petites bulles qui remontaient à la surface. Un point faible à Robert? Tu remontais lentement les yeux vers le duo de testostérones, non sans croiser les bras, l’air pensive.
« Robert c’est un homme corrompu, une mine de scandale. Il a bâti son empire sur les mensonges, les femmes, le blanchiment d’argents. Et maintenant qu’il a perdu son joujou préféré, moi, il fait passer ses nerfs sur Lestat. En soit, un très agréable personnage. »
Tu parlais sans doute trop, comme à ton habitude. Mais tu n’étais pas spécialement en état d’utiliser proprement ta tête. Tu savais surtout que les faiblesses premières de ton père était, bien sûr, ta mère. Et ta propre personne. Mais tu n’allais tout de même pas t’abaisser au point d’attaquer ta mère. Malgré ses innombrables défauts, tu n’avais pas le cœur de lui tourner le dos… À ce point. Ce qui résultait à un énième soupire de ta part, alors que tu baissais la tête vers Chubby Doll. Tu qui ne désirait qu’une petite existence morne et paisible, ce n’est pas ce soir que tu allais l’obtenir.
(c) TakeItEzy & Ellumya
Lestat Burton
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Akari
Madelyn
Mais pourtant, tu étais en zone grise. Tu n’étais pas une hydre, toi, Lestat. Car une fois que ton empire tomberait, personne ne prendrait ta place. Tu t’étais toujours dit que tu allais goûter à une fin amère, violente. Et si personne n’arrivait à le faire, tu le ferais toi-même. On n’est jamais mieux servi par les autres que par soi-même, oui ? Si la violence et la colère, si l’agressivité d’Elijah t’avait corrompu, tu étais devenu cet homme calme en face du danger. Ce mercenaire pourrait te menacer de te tuer que ça ne te ferait pas plus trembler que toutes les carences que tu imposais à ton corps frêle. Il venait vous demander des informations, et toi, tu soupirais.
Tu ne connaissais pas Robert Lodge personnellement. Tu savais des choses plus personnelles sur lui et sur Lodge Inc., remercions tes recherches poussées. Mais pourquoi Azur voulait-il autant ces informations ? Cherchait-il à enfin faire tomber l’empire maudit de cette famille empoisonnée par une toxicité transmise de génération en génération ? L’idée te faisait sourire car tu aimais le chaos. Mais que Bobby Lodge vienne jouer dans tes platebandes, ça t’intéressait beaucoup moins. Et tu fronçais les sourcils. Tu savais des choses dégoûtantes sur cet homme, des choses que Madelyn elle-même ne pouvait pas savoir. Des choses qui concernaient Oliver Lodge, d’ailleurs. C’était une histoire pour un autre tantôt, ça.
Je dois souligner que Robert se tient parfaitement debout au milieu de ses articles scandaleux sur Internet. Sa réputation ne l’importe pas, et sa famille non plus. Entre son fils décédé d’un suicide, son ivrogne de femme, et sa fille qui n’en fait qu’à sa tête en planifiant se marier à un jeune millionnaire excentrique, je crois que la famille Lodge a son lot de failles dont les médias se raffolent. Il serait stupide de se pencher vers son image publique pour l’affaiblir, Azur.
Tu venais déposer ton verre sur la table marbrée, avant de dévier tes yeux sur la baie vitrée qui laissait une vue sur Nemerya en lumière. Même si la nuit menait doucement à sa fin, tu remarquais que les étoiles devenaient fades dans le ciel, comme si elles voulaient laisser place à un soleil qui se mourrait à l’idée de briller. Robert Lodge voulait t’empêcher de briller. Il était une hydre sans point faible parfaitement visible, hélas.
Il sait qu’il va toujours gagner, le vieux Lodge. Et c’est pour ça qu’il préfère me tuer, car s’il amène la flicaille dans ça, sa fille chérie en écopera et fera du temps derrière les barreaux car elle est ma complice. On ne peut pas avoir un Lodge en prison. Sinon, il y aurait pourri depuis longtemps… Très longtemps…
Tu soupirais en réfléchissant. Mais Madelyn ne t’aidait pas, alors qu’elle connaissait son géniteur mieux que n’importe qui d’autre. Tu relevais les yeux vers le mercenaire.
Que cherches-tu à faire avec ce point faible ? L’exploiter ? Le faire disparaître… temporairement ? De façon permanente ? Torturer et abuser de ce point faible sous ses yeux, jusqu’à ce qu’il craque ? Lui faire subir des horreurs au point où Robert en perdrait complètement la raison ?
Tu soupirais un peu alors que tu venais écraser ta cigarette dans un cendrier, tu regardais ta conjointe.
Parce que moi, je pense que j’ai trouvé le point faible de Robert Lodge. Il veut me l’enlever, et c’est pour ça qu’il t’a engagé.
Madelyn Lodge était sans aucun doute le point faible de Robert Lodge. C’était pour cela qu’il en avait après toi, tu y mettrais ta main au feu. C’était un homme qui voulait du contrôle sur tout ce qu’il possédait. Et que s’il ne pouvait pas contrôler son fils, autant le faire disparaître de la carte, complètement. Tu avais connu Oliver Lodge. Mais ça faisait quelques années que tu ne l’avais pas revu. Un jeune garçon ambitieux, rebelle… Il n’était pas trop différent de Madelyn, quand tu y pensais. Qui sait ce qui était advenu de lui, de ce soit disant Adrien Bellerose… Ou peu importe l’identité que tu lui avais donné.
Le point faible de Robert est ses enfants. Car s’il n’y a plus d’enfants, Lodge Inc. tombe. Qui pourra succéder de cette fortune, qui fera tomber l’entreprise familiale du jour au lendemain ? Parce que si Robert Lodge échoue, il deviendra la risée des Lodge… Assumant qu’il ne l’est pas déjà.
Tu haussais les épaules.
Que ses enfants échouent, il s’en fiche. Mais l’échec, lui, ça le dérange. Et il est prêt à n’importe quoi pour s’accorder la délusion de succéder dans tous les domaines possibles…
Tu venais déposer à nouveau ton regard sur le mercenaire, en venant reprendre ta coupe pour la porter doucement à tes lèvres.
Et tu appelles ça une hydre, Azur ? Il me donne plutôt l’impression d’être un cheval de Troie. Il prétend être quelque chose qu’il n’est pas. C’est un homme prévisible.
Et c’était pour cela que tu n’avais pas peur de lui. Ni de Madelyn. Ni de ce mercenaire… Et ni d’aucun autre mercenaire qui voulait t’exécuter. Ton heure viendrait en temps et lieux, et si c’était un tueur à gages qui devait t’avoir… Tant mieux. Mais toi, tu savais exactement ce que tu voulais et qui tu voulais être. Ton plan était déjà tout tracé pour le futur.
Donc ? Avec cette information, en quoi pourrais-je me faire agréable ?
Lorsque la source est trouble, ce qui en sort l’est aussiJ'avais été interloqué d'entendre le son de la voix, bien trop souvent dédaigneuse et coupante, de la jeune femme aux cheveux blonds et ondulés. Du moins, je m'attendais avec arrogance à ce qu'elle déballe des paroles sans intérêt, doux égarées de la logique et de la raison, n'abritant pas la moindre demi-information, une démonstration pure et simple du pourquoi je ne bois pas la moindre goutte d'alcool, et pourtant... Sous-estimer de tels personnages, ceux qui regardent le monde d'en haut, c'est comme jouer avec des allumettes au-dessus d'un bidon d'essence... Je m'étais alors souvenu que j'étais en territoire ennemi et que mes pions, astucieusement placés sur les sommets assombris des gratte-ciels, ne seraient d'aucune utilité si je venais à m'écrouler subitement. Ma meilleure arme restait mon intelligence et je me devais d'écarter tout comportement m'en éloignant. Les paroles de la demoiselle – ou madame, désormais ? - Lodge abritaient bien plus que des bribes d'informations. Elle venait de déballer, dans le grand des calmes et verre de champagne pétillant à la main, la solution...
- « Robert, c’est un homme corrompu, une mine de scandale. Il a bâti son empire sur les mensonges, les femmes, le blanchiment d’argent. Et maintenant qu’il a perdu son joujou préféré, moi, il fait passer ses nerfs sur Lestat. En soit, un très agréable personnage. »
Mon regard bleu avait, durant un instant éphémère, hanté la jeune femme, à la fois ahuri par une compassion rare et ébahi par le sous-entendu délectable, avant d'aller se heurter froidement à Lestat Burton... L'arme déloyale qui peut faire flancher Robert Lodge n'est nul autre que son propre sang, lequel, est détenu par Burton lui-même... Ainsi, l'homme à la cigarette pouvait parfaitement riposter... Mais comptait-il se risquer ?
- « Je dois souligner que Robert se tient parfaitement debout au milieu de ses articles scandaleux sur Internet. Sa réputation ne l’importe pas, et sa famille non plus. Entre son fils décédé d’un suicide, son ivrogne de femme, et sa fille qui n’en fait qu’à sa tête en planifiant se marier à un jeune millionnaire excentrique, je crois que la famille Lodge a son lot de failles dont les médias se raffolent. Il serait stupide de se pencher vers son image publique pour l’affaiblir, Azur. » Hum... Essayait-il réellement de protéger cette femme ? J'en avais le sentiment. Cela n'arrangeait guère mes affaires, mais cela avait le mérite d'être remarquable, du moins, remarquable pour un homme de la trempe de Burton...
Pourtant, s'il souhaitait faire avaler la poussière à ce bon gros cochon de Robert, il n'avait qu'à opter pour le choix des sacrifices nécessaires... J'avais doucement secoué la tête de droite à gauche en soupirant, le verre d'alcool d'ores et déjà gaspillé, ses bulles naïves dansant toujours aussi joyeusement, offrant un refuge à mon regard, cette curieuse mer tempétueuse au-dessus d'un ciel serein et bleu... Je n'étais pas en position de revendiquer l'idée d'utiliser Madelyn Lodge pour faire tomber son géniteur... N'avais-je pas dit que j'allais écarter l'idée d'arpenter des chemins accidentés ? Me taire était l'acte le plus intelligent. Parler, serait comme sonner la trompette d'une menace bien plus violente pour Lestat Burton que « Bonsoir, je suis venu avec pour ordre de te ôter la vie avant la cigarette ».
- « Il sait qu’il va toujours gagner, le vieux Lodge. Et c’est pour ça qu’il préfère me tuer, car s’il amène la flicaille dans ça, sa fille chérie en écopera et fera du temps derrière les barreaux, car elle est ma complice. On ne peut pas avoir un Lodge en prison. Sinon, il y aurait pourri depuis longtemps… Très longtemps… Que cherches-tu à faire avec ce point faible ? L’exploiter ? Le faire disparaître… Temporairement ? De façon permanente ? Torturer et abuser de ce point faible sous ses yeux, jusqu’à ce qu’il craque ? Lui faire subir des horreurs au point où Robert en perdrait complètement la raison ? » De sacrées accusations... Certes, je l'avais un peu cherché... Un peu.
- « Contrairement à l'étiquette de tueur à gages qu'on m'a collé sur le front, je n'ai aucun intérêt personnel à récolter d'une potentielle chute de l'empire Lodge. Cela ne m'intéresse pas... L'argent ? Le pouvoir ? L'image ? Ne me faites pas rire... » Et un sourire carnassier avait étiré le coin de mes lèvres jusqu'ici nauséeuses. - « Je ne suis qu'un gars qui essaye de survivre dans un monde trop froid. Frapper avant de recevoir le premier coup. Tuer avant d'être tué... » Ce genre de choses que vous ne pouvez plus comprendre, vous autres humains.
- « Parce que moi, je pense que j’ai trouvé le point faible de Robert Lodge. Il veut me l’enlever, et c’est pour ça qu’il t’a engagé. Le point faible de Robert est ses enfants. Car s’il n’y a plus d’enfants, Lodge Inc. tombe. Qui pourra succéder de cette fortune, qui fera tomber l’entreprise familiale du jour au lendemain ? Parce que si Robert Lodge échoue, il deviendra la risée des Lodge… Assumant qu’il ne l’est pas déjà. » Quelque chose clochait dans le choix des mots de Lestat. Il ne disait pas tout... Je n'étais pas certain de pouvoir comprendre un tel homme, alors j'avais rangé ces pensées volatiles dans un coin de ma tête. - « Que ses enfants échouent, il s’en fiche. Mais l’échec, lui, ça le dérange. Et il est prêt à n’importe quoi pour s’accorder la délusion de succéder dans tous les domaines possibles… Et tu appelles ça une hydre, Azur ? Il me donne plutôt l’impression d’être un cheval de Troie. Il prétend être quelque chose qu’il n’est pas. C’est un homme prévisible. » Hum...
Un homme prévisible... Dans ce cas, son règne n'aura été que trop long. Mais je ne m'étais guère intéressé à Lodge en suivant le mouvement des lèvres de l'homme à la cigarette. Lestat semblait être le genre d'homme à avoir déjà accompli ce qu'il voulait faire de son vivant au point, que s'il venait à périr, ce ne serait, ni plus ni moins, qu'un simple contre-temps. Ses ambitions, avec ou sans lui, avaient déjà su remplir sa coupe. C'était ainsi que je voyais Burton, l'homme ayant invité son potentiel assassin à boire un verre avec lui, au clair de lune. C'était presque admirable... Sauf qu'il faisait erreur.
- « Donc ? Avec cette information, en quoi pourrais-je me faire agréable ? »
- « Je ne peux, hélas, pas dire grand-chose... » J'avais haussé les épaules. Je ne peux pas te dire ce que tu peux faire, ce serait être un abruti te prenant pour le grand manitou des idiots. Libre à toi d'agir ou d'attendre qu'un autre prétendu tueur, un peu moins bavard que moi, me vienne te rendre visite... Je m'étais alors relevé, décidant que j'avais assez joué dans la fosse aux lions. - « De mon côté... Je vais gagner du temps. » Mes mains avaient alors montré leurs paumes, à peine moins dévastées que leur dos. - « Les sièges et autres relatés de Lodge Inc. sont dans l'annuaire public... » Des catastrophes naturelles de petite ampleur, des caprices météorologiques perturbateurs, sur une île comme celle-ci, avec un volcan, tout juste, somnolant et un climat semi-tropical, ne sont-elles pas des choses qui arrivent... ?
- « Il est dans votre intérêt d'agir. Nul homme ne saurait mourir sans regrets, aussi expéditive puisse être sa fin... Ce petit monde de luxe doit être aussi confortable qu'addictif... » Mon regard s'était attardé avec dégoût sur la bouteille d'alcool. C'était comme essayer de donner du sens à quelque chose devenue que trop accessible pour en avoir la moindre saveur. On achète alors le prix inaccessible pour le commun des mortels afin de donner un sens à l'argent, et le monde entier n'est alors plus que des chiffres... - « Mais c'est comparable à une petite cage, où ses captifs prennent plaisir à se mordre jusqu'aux os. » Le monde est bien plus grand que cela. La vie a besoin d'espace pour prendre forme. Mourir ici ne donnera aucun sens aux jours précédents, car ils sont tous maladivement copier-coller les uns sur les autres...
Abandonnant mon verre sur le premier support venu, je m'étais approché de la baie vitrée et de sa vue vertigineuse sur les bas quartiers, là où la nuit signifie toujours le début des affaires, l'ouvrant assez pour que l'encadrement puisse au moins y laisser passer le corps d'un triste homme. Deux doigts à mes lèvres sèches et j'avais sifflé, le son se bousculant dans les bruits murmurant de la ville, dans les hauteurs soufflantes de l'opacité. J'étais inévitablement sur le départ, mais je restais attentif aux paroles dans mon dos, si elles avaient la moindre valeur, alors je les prendrais avec moi en guise de souvenirs.:copyright:️ 2981 12289 0
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