Mon histoire ? Qui suis- je ? Personne de très important. Dans ce monde où le Dresseur Pokémon est roi, je ne suis rien. Mais je peux quand même vous répondre, si vous le voulez vraiment. Mais beaucoup de choses parmi ce que je vais vous dire, sont cachées, je n’en parle jamais et rarement avec détails et sincérité. Cette vie passée à Galar, est à moi, et je la garde précieusement dans ma mémoire. Je n’aime pas la partager, comme si en parler me la faisait oublier. Enfin bref !

Je suis née à Smashings, en Galar. Je n’ai jamais connu mon père biologique, mais je m’en moque pas mal. Maintenant je suis assez grande pour passer à autre chose, et je ne souhaite pas perdre du temps à chercher ce type pour qui je n'ai jamais vraiment compté. Et à l’époque, j'avais autre chose à faire que de me poser ce genre de question. Ma mère, femme seule et avec un enfant a charge, sans études ni diplôme, faisait comme elle pouvait pour me donner une éducation correcte, j’allais à l’école dans ma chambre, j’ai appris à lire et écrire grâce à elle. Maman a réussi à nous faire vivre de petits boulots et de nuits de travail. Moi, quand je n'étais pas dans la misérable chambre que nous partagions, à essayer de lire un livre que j’ai fini par connaître par cœur, je trainais la rue avec d'autres gamins comme moi. Ce monde est magnifique et plein de merveilles, mais quand on a pas les moyens de s'offrir un repas midi et soir, je suppose qu’on ne s’en rend pas vraiment compte. On jouait dans les rues, au policier et au voleur, on regardait les dresseurs se battre et s'entraîner de loin, on évitait les grandes rues, et on volait de temps en temps. Un pokédollar à droite, une pomme à gauche. On se battait aussi. Avec d'autres enfants, parfois des grands. Quand on avait de la chance, c’était à coup de poing ou de pierre. Quand on en avait moins, c'était à coups de couteaux…

Pas de panique ! Je m’en suis sortie. J’ai perdu des amis, d’autres ont rejoint d’autres groupes et nous avons fini par devoir nous battre. Ce n’est pas une période très agréable à se remémorer, mais je ne dois pas l’oublier. C’est ce qui a fait qui je suis. Pourquoi je parle fort. Pourquoi je peux être vulgaire. Pourquoi je ne me laisse pas faire. Mais comme je l'ai dit ; je m’en suis sortie ! Seule. Sans maman. Ses petits boulots étaient fatigants, surtout celui du soir. Pardonnez-moi, je ne dirais pas à plein mot l’activité qu’elle exerçait, mais je pense que vous avez compris de quoi je parle. Ce métier, lorsqu’il est exercé dans des conditions précaires, peut apporter beaucoup de mal. Plus grand encore que les blessures physique ou mentale. Il apporte également la maladie. C’est ce qui a emporté maman. Rapidement, en quelques mois à peine. Je ne pouvais pas acheter de médicaments, faute de moyens. Je ne savais même pas où trouver un docteur ! Ou même s' il en restait un dans cette ville fantôme. Enfin, bref… J’avais neuf ans. Je me suis retrouvée seule et à la rue. Je zonnais dans les parcs, sur les bancs et parfois même dans les poubelles, jusqu’à un matin. Je m’en souviens c’était en décembre. Le douze. Oui c’est ma date d’anniversaire. Je ne sais pas quand je suis née, ma mère ayant accouché seule dans la chambre et ne m’ayant, apparemment, jamais déclarée aux autorités… Mais revenons à ce jour où un monsieur m'a trouvé, endormie dans une poubelle.

Il s'appelait William. Monsieur Wii comme je l’appelais… Il m’a emmenée à l'hôpital, a pris mes soins à ses frais. Il a prolongé ses vacances pour rester auprès de moi et lorsque je pus quitter l'hôpital et reprendre ma pauvre vie, il me proposa de le suivre. Qu’il s’occuperait de moi. Je n'étais pas naïve au point de le suivre. Je ne savais même pas pourquoi il s’occupait de moi, et je n’avais que de la méfiance pour cet homme. Les hommes m’avaient pris ma mère, mes amies. Pourquoi est-ce que je devrais lui faire confiance ? Mais, j'y ai réfléchi. Si cet homme était dangereux ou me voulait du mal, pourquoi est ce qu’il m'avait sorti de la poubelle où j’étais pour me soigner ? Et puis, retourner vivre là où j'avais manqué de mourir ne m'enchantait pas vraiment. Alors, quitte à mourir, autant que ce soit maintenant. C'est joyeux tout ça, non ?! Ne vous en faites pas, à partir de ce moment-là, les choses vont de mieux en mieux. Ce petit passage morose et lugubre est isolé et unique dans ma vie. Jamais je n’avais envisagé ce genre de chose avant, ni même depuis, mais à ce moment-là, je cherchais sûrement une raison pour suivre Monsieur Wii, et cet argument, médiocre et dangereux, fut le seul capable de me faire avancer.

Je suivais donc Monsieur Wii, jusqu’à Kickenham, où il habitait depuis maintenant cinquante ans. Il avait pris quelques jours de vacances - qui était devenus semaines a cause de moi -  pour visiter la tombe de sa femme morte quelques années plus tôt. Il vivait seul, ses enfants étaient partis vivre à l’étranger et il ne les voyait, eux et ses petits enfants, que quelques heures par an, par vidéo. Mais Monsieur Wii refusait de se laisser aller. Il continuait de travailler dans le bar qu’il avait ouvert avec sa Annie, à l’époque. Un endroit chaleureux et accueillant. Les mêmes têtes, les mêmes piliers de bar, mais ces vieilles bouilles ridées et souvent rougies par l’alcool, était une famille pour moi. C’est eux, qui m’apprirent à compter, à lire. Monsieur Wii régla mon problème de nationalité et m’adopta. J’eus, à partir de ce jour, une vie normale. Ou presque. J’avais gardé quelques vieux réflexes qui refusaient de partir. J'ai mis quelques sept ans à m'en débarrasser. Mais bref ! J’allais au collège, j’avais des amies, je jouais à des jeux normaux, je ne me battais plus ( ou presque ). Je rentrais après les cours, on s’occupait de moi. Je mangeais trois fois par jour ! J’avais une console de jeux ! Et par Arceus, j’y ai passé du temps sur cette console. Et sur l’ordinateur aussi. J’y étais excellente. Je n'étais pas ce mec dans le fond de la classe qui savait monter un Pc, ou lire des lignes de code. J’étais ce mec chelou qui au lieu de parler pokémon comme tout le monde parlait de jeux vidéos, suivait les actualités sur le net… Oui, alors, au passage. A dix ans je n’ai pas pris mon premier pokémon pour parcourir le monde. Monsieur Wii, voulait que je fasse des études et que je l’aide au bar.

Alors mon adolescence a moi, ce fut collège, lycée et jeux vidéos. Je n’ai pas grandi dans un milieu où les pokémons étaient aimés. Les quelques pokémons que j'avais croisé de près c’était à des racailles qui les utilisaient pour nous tabasser. Je n’en avais pas peur, mais disons que moi, ces bestioles à l'époque, j'en avais pas grand chose à faire. Elles étaient dans les jeux, et elles étaient bien là. A seize ans, les jeux prirent un autre sens pour moi. J’avais l’âge légal pour participer aux premiers concours et tournois en ligne. Vous ne saviez pas que l’E-sport existait par chez nous ? Et bien si, dans chaque région, il y a même une ligue mondiale dans pas mal de jeux. Bien sûr, ils passent après les matchs pokémons et la ligue, et je passe les tours de combat, partout dans le monde… Mais il y a bien une scène e-sport. J’y gagnais une certaine notoriété et pendant les cinq années que durèrent ma carrière. Je m'étais fait un nom. Valach. J’alternais entre mes entraînements persos, le lycée et l’aide que j’apportais au bar. Puis cette période bénie et bien heureuse prit fin. Monsieur Wii disparu dans son sommeil. C’était un homme âgé et je suis heureuse qu’il s’en soit allé paisiblement. Ses enfants légitimes héritèrent du bar et eurent pour projet de le vendre. On est en 2015, j’ai vingt et un ans. Retour en vadrouille. Mais, ma famille tenant un minimum à moi - ne les ayant jamais vues qu’au travers d’un écran - m’a laissé tenir le bar, le temps qu’ils vendent le bâtiment. Ils mirent deux ans, et alors que je recevais le mail m’expliquant les détails de la vente, j’acceptais de vendre ma part de l’endroit et je récupérais le comptoir.Il comptait trop pour moi.

J’ai passé quelques semaines à vivre dans un garage que j’avais loué. J’y avait entreposé mes affaires et mon comptoir, beaucoup trop encombrant et lourd pour en faire quoi que ce soit. Je disparaîs de la circulation quelque temps, laissant ma carrière en ligne de côté, et ne donnant plus de signe de vie, je refis surface quelques mois plus tard à Lumiris. La région avait ouvert ses frontières récemment et j’y voyais une opportunité de recommencer. J’avais trouvé un local dans la capitale, non loin du centre-ville. Un local laissé à l'abandon. Je l’avais payé une fortune et j’ai dû faire un prêt, pour rendre l’endroit viable. J’ai quelque peu galéré dans les premières années, mais maintenant ça fait 4 ans que je suis installée et que je connais un certain succès. Le prêt est remboursé et j’arrive à faire tourner la boutique. J’ai fait importer mon comptoir de Galar, décoré l’endroit pour retrouver un peu de chez moi ici et les gens semblent apprécier. Tant mieux. Je n’avais pas vraiment envie de ne tenir qu’un bar, alors j’ai appris la cuisine et j’ai proposé des repas, ou plutôt des amuses-bouches, au début, puis les choses fonctionnant correctement, j’ai agrandi, et maintenant j’embauche un cuisinier le midi et je me débrouille pour le soir. Le vie suit son cours, tranquillement. La vie quotidienne est plutôt tranquille. Et quand aux actions de ce groupe Mistral, tant que ça ne me touche pas moi, je m’en fous un peu. Les gens en parlent, mais voilà. Sans plus.

Et au sujet de ce couillon de Kor’Sarro ? Bah… On va commencer par le début. Son nom. Kor’Sarro. J’avais laissé mon PC sans surveillance et quand je suis revenue je suis tombé sur une série de caractère pas possible, ce crétin s’étant roulé sur mon clavier, et dans cette suite je suis tombé sur cette suite de caractère. Je trouvais que ça sonnait bien, je l’ai appelé comme ça. Comment je l’ai rencontré ? C’était un tout petit caninos traînant dans la rue. Je l’ai pris avec moi, parce que… Voilà… Et donc il est resté et depuis il n'est jamais reparti. Je dois avoir sa pokéball qui traîne dans un coin, il est jamais dedans de toute façon… . Et pour la relation entre  nous ? C’est une sorte de frère. Ou de meilleurs amis. Un truc du genre. On s’amuse bien et étrangement il semble que je soit la seule femme qu’il ne cherche pas a impressioner. J’ai de la chance…