Le vent chantait l'une de ses chansons que lui seul connaît. L'herbe verte et encore imprégnait de rosée dansait autour de nous. Les piliers de lumière de l'astre solaire perçaient les derniers nuages sombres, venant illuminer notre air de jeu. Nous n'étions que deux enfants ayant échappés au regard protecteur de leurs parents, jouant en toute innocence sur le haut d'une petite colline escaladait avec peine. Découvrant encore le monde, j'étais émerveillée de tout. Cet endroit était magique et encore troublait par le souvenir de la brume nocturne. Cet objet faussement brillant au sol n'avait pas échappé à mon regard d'enfant. Je m'étais baissée pour observer ce qui ressemblait à une plume. Jamais je n'en avais vue de semblable. Elle était si blanche qu'elle se détachait presque de notre réalité. J'allais appeler mon frère, fière de ma trouvaille, lorsque dans un boucan soudain et désordonné, un groupe d'oiseaux passa à toute vitesse devant moi. Déboussolée et bouche bée, je m'étais protégée des battements incessants d'ailes à l'aide de mes petits bras, contrainte d'attendre que les derniers oiseaux filent. Une ombre ailée venait subitement de nous submerger. Devant la silhouette immobile de mon frère, se dressait l'immensité d'une légende, ayant fuie les mythes et les contes pour se dresser devant nous, dans notre réalité. Il ne suffisait au garçon que de tendre la main pour effleurer le rêve. Dès lors, j'ai su, qu'à jamais, je serais condamnée à n'être que l'ombre de mon propre frère.

Chargé de rêves, d'espoirs et portant le lourd fardeau familial, cette quête désespérée de gloire que seul un fou accepterait, mon frère avait quitté le domaine familial lors de son dixième anniversaire. Je n'oublierais jamais son dos s'éloignant tranquillement en compagnie de ses amis de voyage, sa main me faisant signe jusqu'à ce que nous nous perdions définitivement de vue. Je suis assez heureuse d'être restée jusqu'à ce qu'il disparaît dans le lointain... C'est la toute dernière fois que j'ai vu mon grand frère. Même en mourant, il s'était fait remarquer jusqu'au bout en préservant et en réalisant les rêves des autres. Quant à son rêve à lui.... Et moi, dans toute cette tragique histoire ? Mon triste moi oublié dans un coin, venant de perdre sa moitié, qui séchait ses larmes pendant que d'autres voyaient le flambeau familial plus ardent que jamais... Je n'étais désormais plus rien, si ce n'est l'ombre d'un mort. Je venais de perdre toutes mes chances de le surpasser un jour.

Les années ont transformé mon chagrin en haine, tandis que le drame est devenu une légende-même au sein d'une famille tristement perdue dans un passé à controverse. L'histoire des Watanabe commence il y a fort longtemps, à l'ère des écus et des épées, lorsque les dragons survolaient encore les terres d'Unys. On raconte que deux clans avaient réussi à obtenir chacun les grâces et les faveurs d'un des deux dragons symboliques. Dans le but de prouver lequel incarnait le meilleur pour l'humanité, une terrible guerre éclata entre les deux clans. Devant le sang, les larmes et la tragédie, le dragon de la réalité poussa un hurlement de colère avant de disparaître dans les nuages blancs. Le dragon de l'idéal poussa une plainte de peine avant de se fondre dans la tempête. Plus jamais, les dragons ne se sont manifestés. Devant la disparition des êtres qui leur donnaient tant de pouvoirs, les deux clans furent contraint de signer la paix. Dans l'espoir qu'un jour, les dragons reviennent, les survivants s'étaient rassemblés sous le même emblème, pour devenir qu'une seule famille, les Watanabe. Ceux qui empruntent le chemin.

Même dans la plus romancée de nos légendes, les dragons légendaires ne sont jamais réapparus. Certes... Mon frère et moi en avons rencontré un durant notre enfance, mais je n'étais qu'une enfant alors, peut-être que tout cela n'était qu'un simple rêve... Ça en avait la saveur, après tout... L'histoire de notre famille est constamment soumise à des débats, tant certains faits auraient été modifiés, fantasmés par des écrivains idéalistes et des Hommes illuminés en quête d'un peu plus d'argent et de pouvoir. Quoi qu'il en soit, même si elle n'a plus aucune puissance politique, notre famille reste puissante et influente, vivant dans un luxe certain... Je n'ai pas peur de l'admettre, ce confort et ce luxe dans lequel j'ai grandi a probablement eu comme première pierre à l'édifice le malheur et les larmes des autres... Nos précieuses traditions ne sont peut-être que les vulgaires fantasmes de nos ancêtres... Elles étaient désormais trop anciennes pour qu'on puisse en trier le faux et le vrai. Les dragons n'ont probablement jamais existé. Ils incarnent seulement le rêve.

Mes pas claquaient sur le sol de marbre alors que je parcourais l'interminable couloir menant à la salle à manger familiale. Je retire ce que je viens de dire. Le couloir n'était pas interminable. J'aurais aimé qu'il le soit. Durant plus de deux heures, dans un faux-semblant de dîner familial, des serviteurs moqueurs comme public, mes parents n'avaient pas cessé de m'humilier et me faire la morale. Je ne disais rien. Je me contentais seulement de hocher la tête, le regard perdu dans ces aliments que je touchais qu'à peine. C'était ma faute, je séchais les cours. Je mettais en périple mon avenir parce que j'avais le besoin vital de respirer. Je n'avais pas le droit de sortir seule. Je n'avais pas le droit d'avoir des activités en dehors de celles validées par le contrôle qualité de la famille. J'étais un triste oiseau en cage qu'on n'autorisait pas même à chanter. J'étouffais et je me détestais un peu plus chaque jour. Mais tout ça, je ne pouvais pas le dire. Je savais que si j'osais dire que non, leur fille n'était pas heureuse, mes parents le prendraient alors comme une atroce insulte.

La gorge serrée, les yeux humides, je me contentais d'écouter ces gens qui pensaient savoir absolument tout sur tout. Je n'ai jamais eu plus d'importance qu'un simple meuble au sein de ce manoir et de ce domaine trop vaste, trop vide, ne servant que d'argument pour épater la galerie lors de grandes cérémonies. J'avais grandi seule, dans l'ombre, derrière les « Je n'ai pas le temps » et les « Plus tard » d'une famille trop débordée à entretenir leur légendaire image et leurs comptes en banque. Comme beaucoup trop souvent, en ultime argument pour m'achever, on m'avait rappelé que mon frère avait existé, de sa grandeur, de sa force et de son courage qu'on avait même osé illustrer sur une fresque dans l'une des salles de réceptions. Contrairement aux vieilles légendes familiales, je ne pouvais que faire semblant de ne pas être au courant des glorieuses modifications qu'avait subi toute cette histoire. Sans aucune once de respect pour mon frère, on avait transformé une horrible tragédie et la fin d'une courte vie en une glorieuse bataille et en un noble sacrifice. Étais-je misérablement la seule à me souvenir que mon frère avait vécu dans l'espoir de donner une forme et des couleurs à un rêve ? Mon père s'était emporté seul, comme à son habitude, sans que personne n'interrompe ses railleries, terminant sur le triste et célèbre : « Tu ne seras jamais comme ton frère ». J'étais encore et toujours piégée dans cette éternelle compétition avec un mort. J'avais frappé des deux poings sur la table, faisant valser mon assiette et tomber quelques verres. Me mordant la lèvre inférieure jusqu'à avoir le goût de la rouille en bouche, je m'étais levée avec brutalité, tournant les talons et quittant la salle à manger sans me retourner, entendant malgré moi les menaces de mes parents quant à ce qui allait arriver à ma liberté. Comme si, il était encore possible de me priver davantage d'oxygène. Je ne me souvenais même pas de ce que ça faisait, de respirer à plein poumons.

Une fois de plus, j'avais séché les cours. Une fois de plus, ce n'était pas pour rejoindre des amis en ville ou un quelconque petit ami en cachette. J'avais atteint le point de non-retour. Utilisant la précieuse carte bancaire que m'avaient confié mes parents, j'avais acheté tout ce qu'il me fallait pour partir en voyage. Un bon grand sac solide et discret, des vêtements plus adaptés à l'activité physique, j'avais même retiré, pendant plusieurs semaines, de l'argent en liquide que je m'étais empressée de cacher dans le sac à dos. J'étais si invisible, si sous contrôle pour mes parents, qu'ils ne prenaient même pas la peine de surveiller mon compte. Leurs punitions ne se souvenaient même pas de l'existence de ce dernier. Ce jour-là, lors de ma dernière absence en cours, j'avais acheté ce qui venait confirmer que mes projets n'étaient pas qu'une simple crise d'adolescente en mal de vivre, mais un chemin que voulais emprunter. Un billet de bateau pour Lumiris, une région éloignée où ma famille n'avait aucun pouvoir, aucune autorité et surtout aucune influence. Une fois que je serais là-bas... Je serais libre. Ah, mon plan était parfait... Sauf que, à l'approche du jour fatidique, je m'étais effondrée dans mon lit, indécise.

Il s’agissait quand même de quitter tout ce que j’avais pour partir aveuglement à l’aventure… Mes amis, ma famille, mon école, mon monde... Certes, ce n'était qu'une question de courage. Beaucoup de personnes de mon âge partent avec un simple sac à dos et un Pokémon pour vivre leur plus grande aventure. Seulement, sachant bien que j’imiterais tôt ou tard mon frère après avoir reçu mon premier Pokémon, mes parents ne m’avaient jamais autorisé à en posséder un. Pourtant, quand un beau jour, lui avait décidé de partir à la conquête des badges, tout le monde l’avait écouté et pris au sérieux… Moi quand j’avais abordé ce souhait, juste sous le ton de la plaisanterie, on m’avait simplement demandé de débarrasser la table en silence. Dans l’espoir de m’éclaircir l’esprit, je m’étais abandonnée à une promenade sans fin dans les jardins, passant devant les statues glorieuses de nos dragons vénérés, me perdant à jouer avec quelques-uns des Pokémons vivant dans le domaine, pour finalement finir recroquevillée dans un coin, dos à la statue du dragon de l’idéal. Je n’avais aucune raison de pleurer ou de craquer. C’était… Tant une habitude chez moi. D’échouer. De rater. De perdre. D’abandonner. Les lèvres serrées, dans un élan mélangeant le sarcasme et le désespoir, j’avais relevé la tête vers la statue du dragon noir de l’idéal. D’un ton moqueur, inconsciemment emprunté à mon détestable paternel, je lui avais dit « Si tu existes vraiment, alors montre moi quelle direction prendre ! ».

J’avais regretté mes mots dès la nuit tombée. Des nuages sombres chargés d’éclairs s’étaient installés de façon menaçante au-dessus de Volucité et dans ses environs. Pitoyable, j’étais assise dans mon lit, une couverture en guise d’armure et un oreiller en triste bouclier, tremblant de peur à chaque grondement de tonnerre. J’étais tout simplement terrorisée par l’orage. Une peur enfantine qui, faute d’être encadrée, avait grandit avec moi. Je n’étais pas aussi illuminée et vieux-jeu que le reste des Watanabe, pourtant cette tempête, juste après que je me sois moqué d’un des dragons emblématiques… Je n’oublierais pas de m’excuser à la statue, demain matin...

N’arrivant pas à fermer l’œil, j’avais enfilé mes chaussons et une veste chaude, allant m’installer à quelques mètres, à mon bureau d’études, pour trouver quelque chose de plus productif à faire que de trembloter sur mon lit. Sur le bureau de ma chambre, j’avais alors aperçu le livre dans lequel j’avais caché mon billet pour Lumiris… Tendrement, je l’avais ouvert à la page marquée, apercevant mon rêve sous la forme d’un simple ticket qu’on m’avait vendu en échange d’un peu d’argent et de beaucoup de mensonges… Mon regard s’était alors porté vers mon lit, le sac à dos que j’avais acheté était bêtement caché en dessous. J’étais une fille si inutile et bon à rien, que je n’avais même pas la lâcheté de fuir ma cage dorée, de voler de mes propres ailes, même si la porte de la cage était désormais ouverte... La foudre venait de frapper si fort, que c’est tout mon être qui en fut secoué. Accroupie sur ma chaise, j’avais enlacé mes jambes contre moi, ma vision se faisant de plus en plus trouble tant il m’était facile de m’apitoyer sur mon sort.

D'une rage bouillante, j'avais balayé violemment la petite bibliothèque installée sur mon bureau, faisant chuter dans une série de bruits courts et lourds une vingtaine d'ouvrages en tout genre. Quelle idiote ! Si mes parents se réveillaient par ma faute... Docilement, me calmant avec moi-même, j'avais ramassé un à un les livres pour les replacer sur le bureau. J'avais souri affectueusement en retrouvant un vieux livre d'enfance... Le genre d'histoire que me lisait mon grand frère sous la couverture, éclairait par la simple lueur d'une lampe torche, lorsque les nuits étaient orageuses et terrifiantes... Dans un élan de tendresse et de nostalgie, j'avais parcouru les pages illustrées du conte pour enfants, jusqu'à ce qu'un objet glisse entre deux pages pour gracieusement flotter et se poser sur le plancher de ma chambre.

J'avais écarquillé les yeux. Je m'étais figée, comme si j'avais peur que le moindre mouvement, le moindre bruit, ne fasse disparaître à jamais ce que je venais de retrouver. Il s'agissait de la chose la plus fragile au monde. Je m'étais laissée tomber à genoux, serrant l'ouvrage contre ma poitrine. Même si avec le temps, elle avait perdu de son éclat de sa splendeur, ce qui était devant moi ressemblait en tout point à cette plume que j'avais trouvé, lors de cette matinée aux allures de songes, sur le haut de cette colline...

Et si le rêve existait vraiment ?

J'avais tourné la tête, m'observant dans le miroir incrusté d'une armoire. À genoux, en pyjama, dans la pénombre... Un éclair illumina toute la pièce. Cette triste fille dans le reflet... Cette vue m'était insupportable. Combien de fois m'étais-je réveillée en pleurs ? Parce que j'ai cru voir ton ombre. Combien de temps encore vais-je rester trempée de ces souhaits qui ne disparaîtront jamais ? Pourtant, il n'y a rien d'autre que je souhaite. J'avais serré les poings jusqu'à me brûler. La pièce s'illumina à nouveau. Dans le miroir, je ne voyais plus cette triste fille.

J'y voyais mon idéal.

Ma tenue de nuit avait silencieusement rejoint le sol. J’avais enfilé des vêtements qui auraient pu appartenir à une autre. J'avais ensuite jeté mon sac à dos sur une épaule. Qu’importe si c’est le rêve d’un autre, on ne jette pas les rêves. J’avais vérifié l’heure du départ figurant sur le ticket. Le bateau partait dans une heure trente… C’était moins que le temps qu’il me fallait pour atteindre le port. Qu’importe. J’arriverais à temps ! Les rêves sont les choses les plus fragiles au monde. Je n’avais plus peur de l’orage, parce qu’il allait être mon partenaire ce soir. Je comptais sur lui pour me dissimuler dans la nuit, pour couvrir le bruit de me pas, pour me pousser jusqu’au port de Volucité ! Qu’importe s’ils sont fragiles. On ne doit pas jeter les rêves. Nous n’avons pas à nous en débarrasser. Autrefois, lorsque j’étais enfant, j’ai partagé un rêve avec mon frère. Jamais, il ne se réalisera pour lui.

Ce rêve, je te l’emprunte.

Dans la nuit hurlante de tempête, sans porter le moindre regard en arrière, j’ai fait mes adieux à cette triste réalité qui me consumait lentement de l’intérieur. Je ne pouvais plus supporter l'indifférence de cette famille de fanatiques et le quotidien écrasant et réducteur qui s'en déversait. Je voulais respirer. Je devais respirer. Les éclairs avaient attendu, juste le temps que je saute. Je m’étais laissé glisser sur le balcon sous ma fenêtre avant de sauter. J’avais atterri en catastrophe dans des graviers. Le tonnerre avait fait taire ma chute. M’élançant dans la nuit qui filait lentement vers l’aube, déjà trempée tant il pleuvait des cordes, j’ai fui à jamais ma triste cage, m’étant soudainement souvenu que j’étais capable de voler.

J’étais déjà à bout de souffle, lorsque les lumières de Volucité brillèrent au loin devant moi. Le ciel était noir, le paysage dévasté par la pluie, le tonnerre grondait et s’imposait comme le seul éclat dans l’obscurité. La tempête semblait avoir pris la même direction que moi. Même si j'étais trempé jusqu’aux os, mon regard n’avait pas vacillé. Les souhaits tourbillonnaient toujours dans mon esprit, je ne pouvais pas abandonner. Les désirs grondaient de plus en plus fort à mesure que la tempête progressait. Le chemin vers demain se dressait devant moi. Sous la confusion sombre des cieux, quelque chose s’éveillait en moi. Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante.

Alors que j'avais enfin atteint la ville, mes jambes m'avaient brutalement menacé de céder. Comme portée par le vent, j'avais un peu trop préféré la course à la marche. Le sol était si glissant en ville, que peu après mon arrivée, dans le détour d'une ruelle, j'étais lourdement tombée. Allongé sur le revêtement urbain froid et humide, j'avais autorisé mon souffle à retrouver un semblant d'ordre. Tout mon corps hurlait de fatigue. Quoi que je fasse, qu'importe si je suis confiante ou même courageuse, je suis condamnée à glisser et à tomber... Seulement, moi, la défaite, la perte et l'échec... Je les ai tant caressés, tant apprivoisés, que les craindre m'était désormais impossible. Qu'importe combien de fois je tomberais à l'avenir, je me relèverais toujours ! Bondissant sur mes deux jambes, sous le regard surpris de quelques passants matinaux, marchant dans une flaque d'eau dans laquelle le ciel commençait à se dessiner, j'avais filé pour rattraper mon retard sur l'orage. Dans le reflet résonnant du lever du soleil, j'avais vu au loin mon bateau s'éloignait paisiblement du port. L'aube n'avait pas cessé de briller dans mon regard. Ce n'était qu'une histoire de courage. Il ne tenait qu'à moi de sortir de l'ombre et de l'hésitation. Il y aura des moments d'angoisse et de peur. Inévitablement, je vais parfois m'égarer et même pleurer. Mais je trouverais la détermination et la bravoure d'affronter chaque nouvelle journée à venir. Je veux trouver une réponse à ce vide dans mon cœur. Sous le soleil éclatant, chassant la tempête, j'ai franchi d'un bond cette frontière invisible séparant la réalité de mon idéal. Lourdement, je m'étais écrasée sur le sol inespéré du bateau. Au bout de ma vie, j'étais restée immobile, les yeux comme découvrant le ciel bleu comme pour la toute première fois. La tempête n'était plus. J'avais levé un poing, fêtant ainsi ma première victoire.

Je pensais autrefois que tout serait toujours comme je l'avais imaginé. Que nos jours n'appartenaient qu'à nous. Mais quand ta lumière s'est éteinte, mon cœur s'est embrasé jusqu'à devenir noir. Je n'ai jamais pu te dire « merci » ou « au revoir ». Toi, qui a disparu pour le bien de l'avenir... Tenu captif par des souvenirs nostalgiques, j'ai tant hurlé face à la cruauté de ce monde. Lentement, j'ai laissé cette haine se tourner vers toi. Tu étais la lumière et je ne suis qu'une ombre. Ce n'était qu'une question de survie... Si je m'étais laissée succomber par le chagrin, je n'aurais plus été capable de songer à demain... Les promesses qui t'ont été confiées, ce rêve que tu avais à porter de main, je jure de les protéger jusqu'au bout. Chaque fois que je ferais un pas vers mon rêve, je me souviendrais de toi. Même si le ciel s'effondre, je continuerais d'avancer sans regarder derrière. J'atteindrais ce futur lointain. Avec ces petites mains qui ne connaissent que l'échec, j'attrapais un rêve.

Je t'en fais la promesse.