Solitaire sur le ponton, Bunji laissait l’air nocturne lui remplir les poumons.
Sa respiration était étrangement calme. Trop calme. Son tempérament, qu’on connaissait d’ordinaire comme un brasier fulminant, était aujourd'hui un simple tapis de cendres froides. La nuit tombait et diluait son encre noire à la surface du lac. Les flots enflammés du crépuscule s’assombrissaient. Les ténèbres rampaient sur l’horizon.  

De l’autre côté de la rive, subsistait pourtant une timide lueur.
Un point brillant et singulier, que le jeune homme voyait lentement s’éloigner. Doté d’une énergie radieuse qui lui faisait défaut.

Sans hâte et sans émoi, Bunji s’allongea sur les planches givrées.
La brise nocturne cinglait sa peau et ses vêtements. Autour de lui, la nuit reprenait ses droits : clapotis dans l’eau obscure, grattements dans la terre gelée. A ces heures indues, le parc présentait un visage plus sauvage. Un visage dont le voyageur était plus que familier. Respirant un air si frais qu’il vous en transperçait le poumon, il attendit.

Solitaire sur le ponton, esseulé dans le silence de la nuit.
Étendu, engourdi, le froid lui dérobait ses sens. Ce soir, il s’improvisait proie.
Comme pour éveiller les instincts de la faune environnante.
Comme s’il souhaitait se faire attaquer.

Trop las pour tout. Trop vide et trop isolé, il avait besoin de cette décharge d’adrénaline.
Car seule la nécessité de se battre, et de lutter, était désormais capable de lui fournir l’énergie de se relever.

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'Parc Safari' :