Parler de son histoire personnelle, c'est toujours un sujet qu'on dit tabou. Après tout, comment pouvons-nous être sûr que ce que raconte une personne est la vérité ? Elle pourrait exagérer, mentir ou encore tout inventer. Mais je te fais confiance, Calder, tu as l'air d'être une personne véritable. Raconte-nous ton histoire.

Tu proviens d’une famille assez aisée, sans être d'une richesse d'outre-monde. Cette dernière fait partie des vieilles familles de Lumiris, et bien qu'elle ait perdue son importance avec l'âge, elle reste une famille reconnue des gens du coin. Le moins que l'on puisse dire est que pouvoir attacher “Ryaire” après son prénom permet d'avoir accès à nombre de postes et travail auprès des connaisseurs.

Les Ryaire sont une famille rattachée à leurs traditions. Et bien sûr, tu n'avais rien contre, tu avais grandi avec. Seulement, suivre les pas de tes parents ou encore te plier à leurs attentes ne t'intéressais pas particulièrement. Les traditions, cours de calligraphie et tuteurs ne te réjouissaient pas plus que cela. Tes parents, eux, ne souhaitaient que le meilleur pour leur fils ainé, et bien sûr, tu comprenais, que les travails qui payent les mieux sont scientifique, avocat ou bureaucrate, mais l'idée d'être enfermé tout le reste de ta vie dans un laboratoire ou encore un bureau ne t'allumait pas.  Néanmoins, tu suivis leurs aspirations et entras dans les écoles nécessaires, atteins leurs attentes et fis tout pour leur plaire. Ezra, ton jumeau, quant à lui, avait refusé très rapidement les attentes de vos parents, et ces derniers avaient tout simplement abandonnés depuis longtemps.

Tu possédais toutefois un soleil pour t'allumer : ton petit frère. Plus petit que toi de 5 ans, ta vie était plus lumineuse en conséquence, accompagnée par le rayon de soleil qu'était ton frérot. Toujours heureux et content, il illuminait tes journées noires. Vous étiez très proche l'un de l'autre, rarement vu en l'absence du deuxième. Tu lui racontais des histoires, illustrais ces dernières de jeux de lumières, lui chantais des chansons, lui lisais des livres, jouais avec lui, tout pour lui. Dès que tu l'avais vu, tu étais tombé en amour, et tu avais pris comme résolution de protéger cet être de tous les malheurs de la vie.

Ton frère avait toujours été impétueux, une tempête qu'on ne pouvait espérer seulement guider et non-contrôler. C'était un rebelle, un rayon de soleil qui refusait de se plier. Accompagné de son Voltoutou, offert en cadeau par tes parents, il était connu à travers le quartier comme une petite peste. Nombre de fois avais-tu dû le sortir d'un malentendu, ou t'excuser pour sa part aux voisins parce qu'il avait écrasé leurs fleurs. Et bien que sur le moment, l'acte ne te plaisais pas trop, tu ne pouvais pas t'empêcher de laisser sortir un sourire en le voyant partir en courant comme si de rien était, insouciant. (Et bien sûr Ezra riait de ta gueule)

C'est bel et bien cette insouciance qui le mena, un jour, à s'aventurer dans les bois derrière chez vous, non accompagné. Tu devais avoir 14 ans, et tu finissais tes devoirs sur la galerie quand tes parents étaient venus te voir, te demandant si tu savais où était ton frère. Ils avaient déjà demandé à ton jumeau, et il n'en savait rien. Hochant de la tête, tu leur avais répondus que tu ne l'avais pas vu depuis un moment. Le regard de panique qui apparu dans les yeux de tes parents, tu ne l'oublieras jamais. Vous avez cherché toute la soirée, et quand vins le coucher du soleil, tes parents abandonnèrent les recherches, optant à revenir le lendemain à la lumière du jour. Mais toi, oh non, toi, tu ne pouvais pas rester là sans rien faire. C'était sous ta surveillance qu'il avait disparue, c'était donc ta faute. Cette nuit-là, tu refusas de rentrer à la maison et tu continuas les recherches, lampe torche à la main.

C'est seulement à cause du Pokemon de ton frère que tu le retrouvas. Alors que tu tournais en rond depuis quelque temps sous la pluie, tu sentis soudain quelque chose tirer sur ton pantalon : le Voltoutou. C'est ce dernier qui te conduisit jusqu'à lui. Ton frangin s'était aventuré trop loin, avait voulu grimper à un arbre mais en était tombé, se blessant. Tu le retrouvas, endormi, blotti contre un arbre. Après cet épisode, tu restas des heures debout, aux côtés de ton sang, le surveillant tel un rapace. Les heures s'étaient toute emmêlées dans ta tête, mais tu ne fermas pas l'œil de la nuit. Même pas quand le docteur annonça à tes parents que ton cadet avait une jambe cassées, même pas quand le docteur parti. Même pas quand tes parents te le demandèrent, puis t'ordonnèrent d'aller te coucher. Même pas quand Ezra t'avait serré les épaules, puis abandonné pour aller se coucher. Tu restas à ses côtés, tel un soldat diligent surveillant un campement. Quand il se réveilla enfin, ce fut sûrement à tes côtés, finalement endormis, ta tête sur ses jambes. Tu n'avais jamais quitté ton benjamin, pas quand c'était ta faute que l'accident était arrivé. Les quelques jours suivant l'accident, tu ne le quittas pas d'un pouce, toujours à ses côtés, à ses moindres désirs. Après, tu devins encore plus protecteur d'autrui et cela te pris bien longtemps avant que tu relâches ton frère de sous ta protection.  

Et alors maintenant ? Pourquoi es-tu devenu dresseur ? Pour être franc, tu ne le sais pas trop. Une journée, tu accompagnais ton frangin afin qu'il obtienne sa propre licence, et bam! Tu ressortais de l'établissement avec une portant ton nom également. Et tes parents, bien enthousiasmés à l'idée que tu entreprennes de toi-même quelque chose, t'ont donné ton sac, ta guitare, puis t'ont mis sur la route.
Enfin... Tu ne dis pas non à voir un peu de pays, bien que c'était assez soudain. Peut-être que ça te ferait du bien, tout compte fait.