Une journée de plus au paradis, comme dirait l’autre. Elle ne fut pas trop agitée, pas trop stressante, pas trop chaude, bref une journée calme. Ce n’est pas pour me déplaire, mais le temps fut long à passer. Heureusement, il n’y avait personne pour essayer de discuter avec moi et avec qui entretenir une conversation. Je ne supporte pas ça, parler pour ne rien dire ou simplement se raconter sa vie. On s’en moque, ce n’est pas intéressant. Il y a des gens qui ne vivent que pour ça, pire encore certains s’intéressent à la vie de personnes qu’ils ne connaissent pas et ne connaîtront jamais. C’est absurde et ridicule.

Alors que le soleil se couche, je marche d’un bon pas pour retourner à mon appartement, ou plutôt la sous pente de toit au se trouve le matelas qui me serre de lit. Vulca, ma Goupix marche à mes côtés, la tête haute, comme à son habitude. Pour ma part, j’ai la tête baissée, mais ce n’est pas pour autant que je ne fais pas attention à ce qui m’entoure. Baisser ma garde dans ce monde si plein de fiel serait une grave erreur. Plus jeune je l’ai fait, et je l’ai amèrement regretté. Plus jamais, je ne me ferais duper comme ça.

Mon attention passe sur différents affichages : des publicités, des graffiti, des avis de recherche après des Pokémons perdus, mais un avis m’accroche l’œil plus que les autres. C’en est un mis là par la Police, cette bande d’incapables, de lâches et d’ignorants prétentieux. Mort ou vif, ils se sont crus dans un Western ou quoi ? Ces fainéants demandent aux gens de se méfier et de le trouver à leur place, alors qu’il est coupable de vol, agression et enlèvement et surtout de meurtres. Ces hommes m’écœurent presque autant que ce genre de criminels.

Je me demande à quoi ils pensent en faisant cela. A part effrayer les gens, je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir de bien avec ce genre d’annonce. Sauf s’ils espèrent tomber sur quelqu’un comme moi qui fait leur boulot à leur place. Mais je ne me mettrai pas en chasse de cet homme. Déjà parce que je ne sais pas par où commencer et aussi parce que ce n’est pas mon travail. Toutefois, si je le croise pendant une de mes virées nocturnes, il va amèrement regretter d’être né.

En parlant de nuit, j’entre dans le parc alors que le soleil est presque couché. C’est un moment apaisant dans un lieu apaisant, que je traverse au pas de course. Le local qui me sert de squat et qui m’est prêtée généreusement par un couple après leur avoir ramener leur portefeuille. Un portefeuille que j’ai trouvé « par terre » juste à côté du voleur qui leur avait arraché. Avec une main et un genou brisé, il ne volera pas grand monde avant longtemps.

Vulca grogne doucement à mes côtés et mon regard et attirait par un individu en capuche. Porter une capuche, en été, alors qu’il n’y a presque plus de soleil, voilà qui est on ne peut plus louche. Et si Vulca grogne, c’est qu’il a en effet un comportement très louche. Le voyant s’asseoir sur un banc plus loin, je libère Incubus mon Fantominus, gardant Testa ma Crustabri en réserve. Le Pokémon Spectre file vers notre cible, invisible et silencieux, un sourire malsain sur ses lèvres. Je m’approche silencieusement, ma Goupix sur mes talons.

Je l’observe de loin et quand il enlève sa capuche, j’ai la certitude de son identité. Et ce soir, il va payer pour beaucoup plus que ce qu’il n’a commis. Il se met à parler après avoir entendu grogner son Luxray. Mais je sais qu’il ne m’a pas vu puisqu’il regarde à l’opposer de ma position.

Incubus apparait juste devant son visage en gloussant de manière sinistre comme il le fait si bien. Un rire rempli d’écho, comme s’il venait d’un outremonde vide et ténébreux. Peut-être est-ce l’exact vérité, puisque Fantominus est un Pokémon mort. Je m’avance à mon tour dans son dos.

On dirait que ce n’est pas ton jour alors. Je le charge et lui met mon coude dans le bas du ventre à pleine force et le force à aller au sol d’un croche-pied qui frappe son tibia. Vulca pour sa part à lancer une Vive-Attaque sur son Luxray et le fait face. Tu vas voir ce que c’est d’avoir peur. Tu vas regretter ce que tu as fait. Tu vas comprendre ce qu’on ressentit les pauvres gens que tu as mal traité. Ma voix est aussi glaciale que mon regard. Debout, il est bien plus grand que moi. Mais à terre, il rampera comme tous les autres. Il me demandera merci probablement. Les hommes sont tous des lâches.

Les coups pleuvent sur ce criminel. C’est un passage à tabac en règle, un combat inégal, entre un monstre et une justicière. Cela doit le change. Il doit plutôt avoir l’habitude d’attaquer par derrière, des personnes sans défense. Comme il a dû jubiler alors que ces victimes le suppliaient ou gisaient à ses pieds. Sale sadique. Sale monstre. Je ne ressens aucun plaisir, aucune joie à faire ça. Même pas de sensation de fierté devant ce devoir accompli, cette vengeance pour des inconnus maltraités. Il n’y a rien qui anime mon cœur, qui pousse mon bras. Je ne fais que ce qui est juste, ce qui doit être fait, tout pour rendre le monde meilleur plus sûr.

Pourtant, au bout d’un moment, mes coups se font moins sûrs. Je m’attendais à plus de résistance, plus de dignité, plus de hargne. A la place, ce voleur se roule en boule, se recroqueville. Pire, il demande pitié. C’est la première fois que je vois un meurtrier qui ne se défend pas. Certes, ils finissent toujours par demander pitié, mais il y a toujours une tentative de lutte. Et surtout, ils sont toujours sur leur garde. Lui, subit juste mon courroux, il a même semblé surpris de l’attaque.

Il essaye de dire quelque chose. Je devrai peut-être l’écouter. Il me demande d’arrêter je crois. Mouai, il nie en bloc, pas surprenant. Donc c’est un criminel, meurtrier, voleur, menteur, et surtout, un lâche. Je lui remets mon poing plusieurs fois dans le figure pour la forme et pour être sûre qu’il saisisse que je ne le crois absolument pas et que qu’il va continuer à morfler. D’autant qu’il n’y a personne dans ce parc, à l’heure qu’il est et que le soleil commence à se coucher. Personne ne viendra à son secours et quand bien même, la découverte de qui il est ferait changer de camps le badaud indolent.

Il me sort l’avis de recherche et couine une excuse débile. Il a des cornes. Ouai, ça me fait une belle jambe de savoir qu’il porte des cornes quand il fait ses crimes. Genre ça change quelque chose, à part ajouter un fétichisme étrange à ses travers. Mais cela ne change rien au fait qu’il va perdre plusieurs de ses membres dans la douleur. Mais il sort encore autre chose de sa poche.

C’est une pièce d’identité. Wolfgang Coen ? Je ne connais pas. Mais Kalos est loin, je crois. Je cesse de le tabasser pour prendre la carte. A peine ai-je saisi la carte que ce Wolgang s’évanouit. Je lève à un sourcil puis regarde Vulca dont l’adversaire est aussi inconscient. Je hausse les épaules et regarde sa carte. Je sors la mienne pour comparer et il s’avère que je ne vois pas de différence. Oups, la bévue. Il est fort probable que ce gars soit innocent en fait.

Je le regarde et fait la grimace. Il a le nez qui saigne, un œil boursouflé, des côtes au moins fêlées. C’est une grosse bavure, du genre à faire couler de l’encre. Pas que je m’intéresse à ce que peuvent penser les autres, mais comment réagirait Leonard s’il apprenait ce que je venais de faire. Et Panacée ? Je préfère ne pas y penser.

Je pose son Luxray sur le panier de mon sac, puis ramasse Wolfgang. Je ne vais pas le laisser ici après avoir fait ce que j’ai fait. Bon, le centre Pokémon le plus proche n’est vraiment pas loin. Passant mon bras sous son aisselle et le calant comme je peux sur mon épaule, je le traine difficilement. Il est bien plus grand que moi et Ecrémeusement encombrant. Mais qu’est ce que je fais dans cette galère ? Ma démarche est titubante et une fois le parc quittait, la faune urbaine de début de soirée regarde notre étrange couple marchant jusqu’au centre Pokémon. Mon regard glacial et menaçant dissuade toute approche et cette absence de sollicitude me confirme dans mon avis que Leonard est quelqu’un d’unique dans sa gentillesse. Personne n’ose me braver pour porter secours à la pauvre victime de ma bavure.

Lorsque j’entre dans le centre, je remarque tout de suite l’air alarmé de l’infirmière qui contourne son bureau pour se porter à notre rencontre. Que s’est-il passé ? demande-t-elle après avoir appeler un brancard. Il est tombé dans l’escalier. Réponds-je avec calme.

Wolgang est emmené dans une chambre et je suis autorisée à le suivre. Même si je ne lui dirai pas, je suis désolée par mon erreur et je voudrai être présente à son réveil