Wallace n'avait jamais été du genre à faire son malin. Pire encore, il allait souvent jusqu'à se déprécier et amoindrir sa valeur - et aujourd'hui encore, le pauvre n'était pas très fier de lui. Alité dans la chambre de l'hôpital où les ambulanciers l'avaient conduit en urgence quelques jours plus tôt, il se passait en boucle les événements malheureux qui avaient mené à cette convalescence, sans pouvoir s'empêcher de culpabiliser jusqu'à l'angoisse. Il culpabilisait pour le souci qu'il avait causé à sa mère qui, même si elle ne le laissait pas paraître, avait eu la peur de sa vie en croyant son fils unique grièvement blessé (voire pire); il culpabilisait pour la charge de travail supplémentaire qui retombait forcément sur son paternel; il culpabilisait pour la pauvre petite Abygaël qui avait été au centre de l'accident et qui devait se faire un sang d'encre pour lui; et enfin, il culpabilisait d'être coincé là, au repos forcé, sans son pokémon pour ne serait-ce que s'occuper.

Bien sûr, Wallace n'avait aucune raison de s'en vouloir, mais allez lui faire comprendre ça ! Face au frison, il avait agi comme n'importe lequel de ses ancêtres MacGregor aurait fait - il ne s'était pas bêtement lancé au suicide, mais avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver ses bêtes. Car s'il n'avait pas agi, l'une de ses meilleures têtes de bétail y aurait sans doute laissé la peau - et un MacGregor n'abandonnait jamais ses bestiaux, jamais !

Mais sa bravoure n'avait pas été sans conséquence et l'avait mené tout droit à l'hôpital le plus proche, soit celui de Sunyra. Une grande ville où il ne connaissait pas grand-monde et se sentait plus seul que jamais, car ses parents avaient bien trop à faire à la ferme pour venir lui rendre visite. Un petit coup de fil pour prendre de ses nouvelles, et c'était réglé ! Mais, de toute façon, son séjour à l'hôpital arrivait à son terme - une infirmière était venue le trouver dans la matinée pour lui donner ses dernières recommandations et lui signaler qu'il serait libéré dans la journée, après une dernière vérification de sa plaie. Il était donc fin prêt à partir mais, seul problème : dans l'incapacité de conduire - et, de toute manière, sans aucun véhicule à sa disposition. Il n'avait donc aucune idée de comment il allait rentrer chez lui. Un taxi semblait être sa seule solution, et il s'y était déjà résolu, n'attendant plus que ses derniers examens pour laisser l'hôpital derrière lui.

Et la patience n'était pas son fort ! Surtout dans cette chambre d'hôpital aux murs blancs, sans même un livre pour lui faire passer le temps. Un lit immaculé, un fauteuil pour un visiteur, une petite table d'appoint, et le luxe de sa chambrée s'arrêtait là. Au moins y était-il seul et ne devait-il pas partager sa chambre avec un compagnon d'infortune - même si, connaissant Wallace, il aurait sans nul doute pu s'en faire un ami.

- De la visite pour vous, monsieur MacGregor ! fit soudain la voix guillerette de l'infirmière qui entrait, brisant ainsi la monotonie des heures qui défilaient si lentement.
- J'vous ai déjà dit, fit Wallace en lui offrant son sourire le plus ensoleillé, m'sieur MacGregor c'est mon père, moi c'est juste Wall.... OOOH OMBLINE !! s'écria-t-il alors en reconnaissant sa visiteuse.

En cet instant, rien n'aurait pu le rendre plus heureux. Alors que l'infirmière s'éclipsait, Wallace bondit presque sur ses oreillers pour s'asseoir bien droit, gesticulant avec enthousiasme en direction d'Ombline pour l'enjoindre à venir s'asseoir près de lui :

- Ombline, qu'est-ce que tu fais là ?! Viens donc t'installer dans mon super fauteuil à visit-- mais se calma illico quand ses mouvements brusques lui rappelèrent douloureusement sa blessure --owww, gémit-il alors en grimaçant.