Que faisais-tu là, Lucian ? Toi, au beau milieu du Parc Safari de Sunyra. C'était improbable, et pourtant tu te trouvais bien là, le vent froid frappant violemment ton visage, te faisant grimacer par la même occasion. Si tu avais envie d'être ici ? Plus ou moins... Tu avais entendu parler de Pokémons spéciaux pendant le mois de décembre, et cela t'avait intrigué. Mais tu n'aimais pas trop sortir de chez toi si ce n'était pas pour le travail. Tu détestais affronter le monde, confronter le regard des inconnus, tu étais mal à l'aise. Quelle ironie. Tu comptais ignorer tous ceux qui passaient près de toi, mais parfois, ce n'était pas suffisant. Elara était avec et toi et elle te donnait le surplus de courage dont tu avais besoin ; tu avais quelqu'un à tes côtés, un petit être pur et dépourvu de malice. Une amie, un compagnon de voyage. La Sabelette d'Alola semblait heureuse de prendre une bouffée d'air, et son simple bonheur suffisait à t'apaiser pour le moment.
Il ne semblait pas y avoir grand monde actuellement et tu en étais rassuré. Tu allais pouvoir être tranquille, chercher des Pokémons seul, dans ton coin, tel le Lougaroc solitaire que tu étais depuis tant d'années maintenant. Tu savais pourtant qu'il te fallait évoluer, sortir de ta zone de confort, sociabiliser un minimum. Tu le savais... et pourtant, tu te renfermais, tu fuyais tes peurs, prétendant n'avoir peur de rien. C'était complètement faux. Tu avais peur qu'une personne vienne à ta rencontre, tu ne savais pas comment tenir une conversation aussi banale soit-elle. En réalité, plus elle était banale, plus tu n'en voyais pas l'intérêt, et cela te donnait envie de couper court à la discussion. Heureusement, ce ne fut pas un être humain qui s'était approché de toi, mais un Pokémon.
«
Un Cadoizo ? Il doit appartenir au Parc Safari. Bonjour, tu- »
Pouf.
Il avait utilisé son attaque Cadeau sur toi. La petite explosion t'avait fait sursauter, et même reculer de quelques pas. Il était de même pour ta Sabelette. Tu aurais pu t'énerver, te mettre en hurler, ou même balancer des insultes au poulet de Noël, mais il n'en était rien. La créature semblait satisfaite. Une satisfaction innocente, comme un enfant qui offre quelque chose à quelqu'un. Son geste était sans mauvaise intention, tu le ressentais.
«
Me faire attaquer ne figurait pas sur ma liste de cadeaux, mais merci quand même pour l'intention, petit bonhomme. »
Tu étais tellement plus à l'aise avec les Pokémons. La différence était incroyable, et elle se voyait maintenant qu'une jeune femme s'approchait de toi. Une désillusion. Ce Cadoizo n'appartenait pas au parc, mais bien à cette dresseuse. Ton visage s'était assombri. Tu allais devoir dire quelque chose, n'est-ce pas ? Tu ne pouvais pas simplement fixer la demoiselle aux cheveux d'azur sans dire un mot. Tu allais devoir... engager une conversation. Tu ne voulais pas. Tu refusais de le faire. Tu voulais fuir, te cacher, partir sans demander ton reste. Après tout, tu ne lui devais rien, tu ne la connaissais pas, tu t'en fichais royalement.
«
Je n'ai rien. »
Ah, au moins, elle n'allait pas réprimander son Pokémon maintenant. Tu n'étais pas blessé, de toute façon. Ni toi, ni Elara. Vous alliez bien. Elle n'avait pas à s'inquiéter. Elle ne devait pas s'inquiéter, tu n'avais pas besoin qu'une inconnue s'inquiète pour toi. Tu n'étais pas préparé à ça. Tu étais celui qui protégeait les gens, en tant que garde du corps, tu te devais de garder une certaine image. Cette froideur dans ta voix, dans tes mimiques, elle n'était pas vraiment nécessaire, mais tu n'y pouvais rien. C'était toi, Lucian. Tu étais un homme froid et difficile d'approche. Difficile, pour ne pas dire impossible. Très peu de personnes y arrivaient. En réalité, si tu te croisais toi-même, tu aurais tendance à te trouver insupportable aussi, sans doute.
HRP : Apparition d’un Pokémon