I Found A Million Dollar BabyLe centre pokémon fourmillait d'activité. Dans la petite salle d'attente, un peu à l'écart, où il se trouvait, l'inspecteur pouvait entendre grouiller la vie médicale tout autour de lui, ponctuée ça et là par le cri d'un pokemon. Quant à lui, seul dans cette salle immaculée et carrelée, à l'éclairage en néon terriblement impersonnel, il commençait sérieusement à craindre d'avoir été oublié dans un coin de l'administration. Depuis combien de temps était-il là, maintenant ? Angelo était parvenu à obtenir un peu de temps sur son enquête pour s'occuper de sa petite trouvaille, espérant que les résultats demandés aux légistes tomberaient dans la journée. Pour le moment, le lieutenant s'occupait de ceux encore en vie, et la puce en faisait partie.
Aux côtés d'Angelo se trouvaient deux pokemons. Sur le siège à côté de lui, attendant patiemment que quelque chose se produise se trouvait Willia, le chinchidou de sa femme, qui l'accompagnait depuis quelques temps maintenant ; plus inédit déjà était posée sur ses genoux cette sonistrelle qu'il avait capturée la veille. Le regard furetant de gauche à droite, écoutant les moindres bruits qu'elle parvenait à capter, la jeune pokémon était indéniablement tendue, accrochée fermement aux jambes d'Angelo qui tentait en vain de la calmer. Le jour même de la capture, le policier avait trouvé étrange le comportement de la petite créature mais ne s'en était pas inquiété plus que de raison, n'étant pas spécialiste en la matière ; il avait fallu qu'il rentre chez lui et la fasse sortir de sa pokéball pour se rendre compte que cette sonistrelle ne volait pas. L'appel habituel passé à son épouse avait terminé de le convaincre qu'une visite de courtoisie au centre pokemon le plus proche s'imposait, et voici où il se trouvait désormais. Une large entaille déchirait la membrane de son aile droite et l'empêchait apparemment de voler, à moins qu'il n'y eu une autre raison qu'Angelo ne pouvait deviner.
Alors, il avait tenté de se familiariser avec elle le temps qu'elle accepte sa présence et, depuis, grimpant où elle le pouvait, la petite ne le quittait plus à peine sortie de sa capsule. Peut-être était-il devenu le seul point de repère qu'elle avait, pour le moment : Angelo n'en savait rien. A dire vrai, il n'était à l'origine même pas sûr de conserver ce pokemon sur lequel il était tombé par hasard...
C'est elle qui le prévint que quelqu'un approchait, se redressant en direction de la porte alors qu'elle se mettait à la fixer intensément. Lui caressant le crane dans l'espoir de parvenir à la détendre un peu, Angelo se releva à son tour, se préparant à l'arrivée de l'infirmier qui devait les recevoir. La sonistrelle poussa un petit cri... Mais ne le lâcha pas, et Angelo comprit soudainement la terrible erreur qu'il venait de commettre.
- Atta Gamine.
Décrochant comme il pouvait la chauve-souris toujours agrippée à sa jambe, l'inspecteur la garda contre lui, au creux de son bras, et rentra Willia dans sa pokeball. Le chinchidou poussa un petit soupir de protestation, mais ce fut tout, et rapidement la salle d'attente redevint terriblement calme... Si ce n'était la porte qui venait de s'ouvrir sur une jeune femme, et à laquelle Angelo sourit poliment, déjà prêt à la suivre. Contre lui, fermement accrochée, la sonistrelle poussa un léger cri en la regardant, et Angelo la sentit se serrer un peu plus contre lui.
Volage. Petit papillon qui allait où on avait besoin de lui. Tu étais de base une vétérinaire au centre pokémon de Sunyra et pourtant, tu n’hésitais jamais à prendre les transports en commun dès lors qu’on avait besoin d’une main de plus. À certains endroits, les vétérinaires venaient à manquer. Et ton amour des pokémons t’empêchait de te demander si tu devais prendre une pause pour respirer, non, tu allais, tu t’affairais à la tâche sans jamais prendre le moindre temps pour souffler parce que les pokémons avaient besoin de toi. Tu devais les sauver. Comme tu devais sauver Izaiah de lui-même et de ce besoin même d’être le sauveur des âmes en perdition en oubliant de prendre en considérant sa propre vie. Tu n’allais pas lui retirer ce qui faisait battre son cœur, mais tu allais toujours être là pour l’écouter. Tu attendais sa présence dans ton refuge, tu attendais de le revoir, de lui parler de nouveau. De devenir son amie, sa grande sœur (c’était vital pour toi).
Tes œufs commençaient à bouger, s’agiter. Tu étais heureuse. Tu avais hâte de les voir éclore. Surtout l’œuf d’osselait que tu possédais depuis bien plus longtemps. Tu commençais même à t’inquiéter. T’inquiéter de sa santé, de son bien-être. Après tout, les mois commençaient à défiler sans que celui-ci ne vienne à éclore. Et tu n’étais pas la meilleure avec les œufs, alors tu te demandais ce que ça pouvait bien vouloir dire. Il allait falloir que tu prennes en assurance si un jour tu désirais ouvrir une pension au sein même de ton refuge, parce que penser mal faire constamment avec les œufs, ça n’allait pas t’aider à faire connaître ta pension, ton refuge. Au moins, tu savais que tu étais douée avec les pokémons vivants. Tu savais les faire vivre, tu savais les aimer.
Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, tu n’étais pas au centre pokémon de Sunyra, non. Aujourd’hui, on avait fait appel à du renfort au centre pokémon de Port-Corail parce que le seul vétérinaire présent avait appelé en expliquant qu’il était malade et ne pouvait pas se présenter à son travail. Ils n’y avaient donc que des infirmières, personne pour les opérations importantes, et ça ne pouvait pas fonctionner ainsi. Alors on avait fait appel à ta personne. Et te voilà. Tu venais de procéder à une opération pour sauver un pokémon et tu sortais de la salle d’opération en respirant doucement, retirant tes gants, te lavant les mains. L’hygiène de base, n’est-ce pas ? Casper venait de rejoindre, t’ayant attendu tout ce temps derrière les portes. Casper était toujours aussi dépendante, et tu acceptais ce côté. Tenter de le changer n’avait pas de sens, parce que tu savais que la petite avait eu une vie pas très facile dû à son chromatisme. Et que ça avait occasionné des séquelles. Tu ne pouvais que l’accepter. Et c’était ce que tu faisais.
Tu t’étais accroupie pour qu’elle puisse grimper sur ton dos puis rejoindre le dessus de ta tête. Tu eus le temps de souffler seulement qu’on t’annonça qu’un cas se présentait en consultation dans la salle d’attente et tu pris le dossier sans rouspéter. Tu étais là pour ça. Tu déposas Casper dans un siège de la salle de consultation et tu eus le droit à des cris de protestation. « Je reviens ! Tu vas avoir peur Casper, avec tous ces gens.. » Tu fermas la porte sur une Mimikyu en pleurs avant de te diriger vers la salle d’attente. Tu eus l’impression d’entendre un peu de vacarme, mais une fois la porte ouverte, le calme régnait. Tu posas ton regard sur le dossier. « Angelo Callaghan ? Veuillez me suivre s’il vous plaît. » L’homme avec la Sonistrelle semblait être la personne du dossier. Tu avais déjà tourné les talons, il ne te fallait pas trop tarder. Tu te souvenais d’une Sonistrelle que tu avais aidé, alors que tu aidais à nettoyer les plages, empêtrée dans les filets de pêche. Ton cœur se brisa de nouveau. Amoureuse des pokémons, tu ne concevais pas qu’on puisse laisser des objets traîner qui puissent mettre leur vie en danger, mais tu savais très bien malgré tout que le monde ne pensait pas forcément comme toi. Malheureusement.
Tu ouvris la porte de la salle de consultation 4 et tu n’eus même pas le temps d’y poser un pied qu’une boule chatoyante te sautait dans les bras en sanglotant. « Chht.. je suis là.. je suis là Casper, je ne t’avais pas abandonné.» Tu la serras doucement alors que tu te positionnais derrière le comptoir, là où tous les objets que tu devais utiliser se trouvaient et tu laissas Casper grimper sur ton épaule. Tu savais très bien que la faire descendre serait peine perdue après ce petit « incident ». Tu t’étais retourné vers Angelo. « Fermez la porte s’il vous plaît ! » et lorsque ce fut fait, tu lui offris un doux sourire qui te correspondait. Un sourire compatissant. Un sourire qui exprimait tout ton amour des pokémons. « Que se passe-t-il donc ? » dis-tu tout en ouvrant le dossier sur l’ordinateur. « Votre Sonistrelle ne vole pas ? J’aurais besoin de la voir. » Elle était dans ses bras, mais il te la fallait sur le comptoir. Tu sortis des petites gâteries et les mit sur le comptoir. « Coucou petit amour.. viens-tu me voir ? Regarde ce que j’ai pour toi.. » Ta voix était douce.
I Found A Million Dollar BabySans attendre ni se faire prier, l'inspecteur de police emboîta le pas à la jeune femme, la sonistrelle toujours fermement accrochée contre lui. Il n'avait pas eu l'occasion de mettre les pieds dans un centre pokemon pour de si sérieux problèmes depuis des années maintenant, et cela même avec un grahyena aussi turbulent que le sien. Cette ambiance immaculée, propre aux structures médicales, lui faisait toujours aussi froid dans le dos malgré toutes la bienveillance que le personnel pouvait y offrir ; et malgré cela, il tâchait de rester le plus détendu possible. Sa main mécanisée était posée sur la chauve-souris comme pour l'empêcher de tomber ou pour l'apaiser tandis qu'il suivait la jeune soignante. Il dégageait d'elle une véritable aura de calme et de douceur, qui rappelait un peu à Angelo celle de son épouse. Confiant et détendu à la suite de celle qui paraissait être une grande gentille, l'inspecteur s'apaisait et sentait la petite pokemon suivre son exemple.
Ils passaient la porte d'une salle de consultation quand Angelo aperçu un éclat violacé qui bondissait sur la soigneuse. La sonistrelle poussa un petit cri dans la direction de la créature, surprise presque autant que le vieil homme qui cru reconnaître ce dont il s'agissait.
- Mimiqui, c'est bien ça ?
L'existence de ce pokemon n'était parvenue aux oreilles de l'inspecteur que grâce à la soudaine popularité qu'il avait obtenu ces derniers temps, et l'histoire plutôt triste de la créature l'avait touché plus qu'il ne voulait bien l'admettre. Offrant un gentil sourire, Angelo prononça quelques mots qui n'avaient rien d'une insulte.
- Drôle de couleur – oh oui, veuillez m'excuser.
Et sans ajouter de commentaire, Angelo ferma la porte qu'il avait oublié. La petite sonistrelle ne savait plus où donner de la tête. Elle coulait sur toute la pièce un regard ampli de curiosité et ses oreilles n'avaient de cesse de remuer alors qu'elle sondait la salle à la recherche d'autres pokemons dissimulés. N'en trouvant pas, elle reporta son attention sur le mimiqui qu'elle continua d'étudier, entre l'hésitation et le questionnement. Une chose était sûre : elle n'avait pas peur du petit pokemon spectre.
- Je l'ai récupérée durant la grosse averse d'hier, sur la plage. Le problème c'est qu'elle avait l'air de s'être blessée à l'aile, et je l'ai pas vu voler depuis. J'ai préféré éviter le risque de laisser courir quelque chose de grave...
Tout en disant cela, Angelo tenta de décrocher en douceur la petite sonistrelle, qui fermement agrippée à l'imperméable de l'inspecteur refusait de lâcher prise.
- Allez gamine...
Le ton chaleureux de l'inspecteur et la voix douce de la jeune femme, couplés à l'odeur alléchante des friandises que cette dernière agitait sur la table, eurent bientôt raison de la sonistrelle. Avec une lenteur trahissant une certaine prudence, la petite créature se laissa décrocher et poser sur la table, où elle engloutit un des biscuits avant de fixer le mimiqui, le regard oscillant entre lui, sa dresseuse, et l'homme qui se tenait derrière elle. Attentive aux alentours, les oreilles remuant toujours alors qu'elle se questionnait sur les lieux, la sonistrelle se tenait à quatre pattes, se servant des mains terminant ses ailes pour s'appuyer. Le problème cité plus tôt leur apparaissait alors clairement : une entaille courait sur l'aile gauche du pokemon, la déchirant sur la largeur.
Angelo serra les mâchoires, croisant à nouveau le regard de la sonistrelle qui semblait surveiller à intervalle régulier qu'il ne disparaissait pas. Il devait bien finir par se l'avouer : aux yeux du cœur, relâcher la petite devenait bien difficilement envisageable. (c) 2981 12289 0
they don’t know the feelings Toute ta vie avait été destinée à les sauver, à les soigner. À leur démontrer que peu importe tout ce qui se passait, tout ce que les autres humains avaient pu leur faire, la race humaine n’était pas pourrie jusqu’à la moelle et que certaines personnes allaient les adorer, les aider. Les aimer parfois même plus qu’ils ne s’aimaient eux-mêmes. Tu faisais partie de ceux-là, n’est-ce pas ? Les pokémons avaient été ton salut, la raison de ton existence sur terre. Tu te sentais utile, puissante dans un certain sens quand tu les soignais. Tu avais cette sensation que ta présence n’était pas vaine quand tu sauvais des petits êtres, quand tu trouvais ce qui n’allait pas dans leur comportement, quand tu les soignais. Il t’avait souvent semblé être au-dessus d’un pont, parfois trop près du rebord, si près qu’un coup de vent pourrait te faire partir, t’envoler, que tu t’écrases au sol. Mais tu tenais toujours debout, n’est-ce pas ? Tu étais toujours présente, et tu les aidais toujours. Tu avais promis ta vie dans les soins des pokémons. Tu avais promis ta vie à s’occuper de la leur, s’assurer que la leur se poursuive, encore et encore, indéfiniment.
Casper regardait le client tout en demeurant sur ton épaule, incertaine, effrayée, comme toujours. Elle ne faisait pas confiance aux autres êtres humains et tu étais déjà rassurée de toi pouvoir t’en occuper parfaitement. Autrement, ça aurait été catastrophique n’est-ce pas ? Beaucoup trop. Tu n’aurais pas pu la sauver de cette pluie diluvienne dans les Bois Hurlants. Parfois, tu te demandais si ce que tu faisais avait du sens, si tes actions importaient. Sans toi, sans doute que n’importe qui prendrait ta place. Tu n’étais pas plus importante que les autres. Ça n’importait pas, que ce soit toi ou une autre personne, n’est-ce pas ? Tu n’étais pas spéciale, tu te fondais dans tout ce que les autres faisaient.
Mais l’heure n’était pas à la déprime, n’est-ce pas ? Non. Tu devais te concentrer pour faire ton travail, pour tenter de sauver encore une fois un autre pokémon, pour les aimer, pour les aider. Parce que ce n’était pas à contrecoeur que tu faisais tout ça non, tu avais donné ta vie à leur protection et continuerais indéfiniment à le faire. Tu avais doucement souri et hoché la tête. « Oui, Casper est chromatique. Malheureusement pour elle, d’ailleurs. » Parce que ta petite boule craintive n’aimait pas être le centre de l’attention et ses couleurs attiraient forcément les regards.
Tu avais écouté attentivement ce que le dresseur te disait, t’expliquait, concernant la Sonistrelle, te souvenant de la fois où tu en avais sauvé une sur la plage. « Voyons donc les ailes.. » chuchotas-tu plus pour toi-même que pour l’autre. Tu l’avais pour autant laissé terminer de manger les gâteries et maintenant, dans sa position, le problème t’apparaissait clairement. « Je crois qu’on a la raison. » Sourire si triste sur ton visage alors que tu sors de ton tiroir des gants, et tout ce qui te permettait de désinfecter, de soigner. Tu avais approché ta main, la laissant te sentir en premier lieu. « Je vais devoir toucher ton aile, ma belle. Je ferais vite, promis. » Sans gestes brusques, lentement, tu avais touché l’aile, manipulé très légèrement, et dès le premier mouvement de recul, tu avais cessé. « La bonne nouvelle, c’est que je ne perçois aucune brisure de l’aile. En revanche, la déchirure est importante et empêche sans aucun doute le vol. Je ne saurais pas dire s’il y a des dommages sous-jacents plus importants, faudrait des radiographies et je pense que ce serait trop traumatisant pour la petite. »
Tu aurais aimé pouvoir apporter davantage de certitudes, mais tu ne faisais pas des miracles, n’est-ce pas ? Tu aurais tellement aimé pouvoir en faire, mais ce n’était pas le cas. Tu avais porté la main sur une ouate pour l’imbiber de chlorhexidine puis délicatement désinfecter la plaie, la déchirure. « Je vais devoir refermer la plaie, mais je ne sais pas si la petite serait d’accord, pensez-vous que vous pourriez la tenir légèrement pour éviter qu’elle ne bouge ? » Il ne fallait certainement pas qu’elle bouge. Tu n’allais pas faire des points de suture, c’était bien trop fragile et risqué, mais tu comptais mettre des bandes élastiques pour rapprocher les bords de la plaie et faciliter une bonne cicatrisation. « Elle a un nom ? »
Quelqu’un décida alors de cogner à la porte et tu fronças légèrement les sourcils. « Un instant.. » Rapidement, tu te rendis à cette porte que tu ouvris pour faire face à un membre du personnel qui lui expliqua que son Eevee faisait n’importe quoi dans l’espace où tu l’avais laissé et qu’il était clair que Maple demandait ta présence. Tu t’étais accroupi pour le flatter doucement et lui montrer d’un geste de la main d’aller sur le fauteuil et y rester. Tu retournas vers le dresseur en souriant de nouveau. « Je suis désolée, Maple a décidé de faire des siennes dans la salle de repos du personnel, on me l’a donc ramené. »
I Found A Million Dollar BabyIls discutaient pokemon comme on parlait pluie et beau temps, si bien qu'Angelo ne relança pas la discussion plus que nécessaire. Lui qui était venu pour en savoir plus sur la petite sonistrelle s'inquiétait pour elle bien plus que pour les pokemons bien traités qui accompagnaient la dresseuse, non pas par impolitesse, mais par une certaine gestion des priorités. Ignorant le regard du mimiqui posé sur lui, Angelo gardait les deux mains sur la table, près d'Eva, terriblement prêt à agir au cas où quelque chose se produirait.
Comme Angelo l'avait pensé – le métier avait forgé son sens de l'observation, mais il ne fallait pas être bien sorcier pour se rendre compte que l'aile était déchirée-, la blessure semblait à l'origine de l'impossibilité de voler de la petite créature. Celle-ci, le dos contre Angelo, fixait la jeune soigneuse avec une certaine méfiance maintenant que ses mains avaient commencées à la toucher. Gonflant sa fourrure pour paraître plus imposante, elle ne semblait guère apprécier la manipulation, non pas par douleur, mais parce qu'elle ne connaissait guère la jeune femme.
- Oui j'me doutais que la déchirure n'était pas pour faire jolie...
Le ton terriblement inquiet de l'inspecteur, couplé au regard qu'il lançait la petite chauve-souris, dénaturait ses paroles et changeaient le sens de ces dernières. Ce qui aurait dû autrefois être du cynisme n'était plus aujourd'hui que de la validation et de la constatation : restait à savoir ce qu'il leur était possible de faire.
- C'que j'voudrais savoir c'est si c'est grave Mad'moiselle, et s'il y a quelque chose que l'on puisse faire...
Mais l'infirmière s'était déjà emparée de morceaux de coton qu'elle imbibait de désinfectant, alors que la sonistrelle fronçait les narines, dérangée par l'odeur. Rassurée par Angelo qui se tenait derrière elle, elle se laissa faire jusqu'à ce que le coton ne toucha son aile déchirée... Et se tendit brutalement face au produit qui piquait sa chair, se blottissant contre l'inspecteur, écarquillant les yeux alors qu'elle ouvrait la gueule pour crier sur cette femme inconnue qui lui faisait mal.
- Atta gamine, j't'assure que c'est pour ton bien...
Collée contre l'homme de Kanto, fixant la jeune femme qui s'occupait d'elle avec un regard fixe, la pokemon tâchait de se montrer courageuse mais n'en menait pas large. Elle n'appréciait guère la situation, et Angelo s'en inquiétait bien trop. A peine l'infirmière s'approcha-elle à nouveau de l'aile déchirée que l'inspecteur reprit la parole d'une voix ferme et sans appel.
- Laissez tomber.
La sonistrelle ne souffrait apparemment pas, c'était le bon point, si ce n'était du contact qu'on lui forçait. Fallait-il continuer ? L'inspecteur fatigué, le regard posé sur la petite créature qui se collait contre lui, n'était pas sûr que ce fut le cas ; mais alors que la jeune femme se retirait un instant en s'excusant, lui se retrouva confronté à un terrible dilemme. Un nom ? Plantant son regard plein de curiosité dans le sien, le pokemon attendait, patiemment, comme une réponse à cette question que lui seul se posait. Angelo ne comptait pas la garder, il avait déjà bien assez de pokemon à s'occuper comme cela... Et puis, cela prendrait du temps... Mais la sonistrelle continuait de le fixer, blottie contre son bras alors qu'elle paraissait lui faire confiance, et Angelo sentit au fond de lui que quelque chose de regrettable commençait à se mettre en place. Après tout, n'avait-il pas longuement discuté de la petite avec sa femme, hier soir, et celle-ci ne s'était pas empressée de s'apitoyer sur le sort du pokemon et d'espérer qu'il lui donnerait des nouvelles ? Bon sang... Dans un soupir, Angelo reprit la parole, faisant tiquer les oreilles de la puce qui l'observait.
- Eva. Elle s'appelle Eva.
Mais l'importance de la scène qui se jouait n'empêchait l'inspecteur Callaghan d'être attentif à ce qui se passait autour de lui, et les échos de la discussion qu'il surprenait ne lui disait rien qui vaille ou qu'il n'apprécia. Attendant poliment que l'infirmière ne lui revint, il s'étonna de voir un évoli dans ses bras presque autant que de la réponse qu'elle lui donna.
- Et vous n'pouvez pas le remettre dans sa pokeball ?
Il était difficile pour Angelo de comprendre que des maîtres préfèrent garder leurs pokemons sortis à n'importe quel moment alors qu'ils se trouvaient incapables de les maitriser, mais c'était là une mode qui l'avait poursuivi à travers toutes les régions qu'il avait parcouru et contre laquelle, il le craignait, il ne parviendrait pas à lutter. (c) 2981 12289 0
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