Douce odeur emplissant l’atmosphère, doux réconfort pour un cœur torturé par les frayeurs d’une existence ne lui donnant pas le choix de s’exposer aux dangers. Enseigner à des adultes passionnés de pokémons, des légendaires, aux idées révolutionnaires, aux envies plus particulières les unes que les autres, la princesse de glace le faisait à temps partiel, quand sa santé fragile lui permettait de se présenter devant des milliers de petits yeux transperçant son corps. Debout devant tant de personnes, tu faiblissais davantage que dans ce lieu, ce sanctuaire que tu avais la modestie d’appeler « maison ». Douce odeur emplissant les murs, y mettre les pieds, c’était s’engouffrer dans une ambiance plus que sereine, apaisante. L’encens prenait toute la place et le doux reflet des chandelles ne laissait qu’une petite lumière demeurer dans ton existence.

Tu te sentais mieux sous le couvert de l’obscurité, protégée par les ombres qui te dévoraient à l’extérieur. Cette douceur, cette sécurité, possédait une ombre : deux pokémons résidaient dans ce refuge si précieux aux prunelles de cette poupée de glace, si précieux à tes yeux. Un nouvel arrivé qu’un être humain nommé Narcisse t’avait convaincu d’attraper au Safari, de telle sorte que vous puissiez vous revoir, et permettre au Ponyta ainsi qu’au Canarticho de se revoir. Des étranges pokémons venant sans le moindre doute d’ailleurs, différenciant des Ponyta et Canarticho d’ici.
Si Shunt pouvait demeurer dans la même pièce que ta personne, tu n’étais pas capable d’accepter la présence si près d’un autre pokémon dont tu ne connaissais rien.

Petite étoile dans le ciel, brillante étoile, peut-être trop brillante pour être vivante, constellation d’une galaxie trop sombre. Tu avais cligné des yeux quelque fois dans cette noirceur qui te convenait plus que tout. Pourtant, tu avais un cours à donner, des élèves à satisfaire. Des gens à voir. Malgré l’effroi que tu possédais dans ton cœur, cette frayeur te prenait, te figeant, aussitôt que ton corps s’éloignait de ta maison.
La douleur serrait ton cœur, la terreur s’imposait dans ton âme, alors que tu approchais la pièce dans laquelle vivait Rhéa-Iris, le pokémon que tu avais capturé. Tu ne pouvais pas les enfermer, si ? Il ne fallait pas te montrer cruel. Alors elle pourrait te suivre, t’accompagner. Mais elle devait garder une distance.

Shunt tournait autour du Ponyta possédait un caractère beaucoup plus calme et posé alors que tu t’éloignais d’eux, de leur présence. Tu ne voulais pas qu’ils t’approchent, qu’ils te frôlent, qu’ils t’effleurent. La peur demeurait, s’installait, définitive. Elle éclipsait la brillance de la glace dont tu étais faite, elle éclipsait ta joie, cet éclat qui pouvait s’imposer parfois dans ton regard. Rarement. Gladys était la seule, l’unique personne qui avait été en mesure d’observer ce bonheur qui pouvait prendre ton cœur, ton regard ; personne d’autre n’en avait été capable.
Encore une fois, ce fut un taxi qui t’amena à ton lieu de travail. Tu avais pris les ascenseurs pour te rendre à ton bureau prendre les évaluations. Parce que oui, aujourd’hui était une journée d’examen et non pas de théorie. Tu te rendis à ta salle de classe où les élèves arrivèrent rapidement. « Tous les sacs en avant de la classe, les appareils électroniques fermés, pas de coffre à crayon sur les tables. » Ta voix avait énuméré les consignes alors que tu patientais pour que les élèves se placent.

Poupée de glace déjà épuisée de sa journée, c’était compliqué traverser les heures dans une condition où les os fragiles pouvaient mener à faire mal. Pour autant, tu travaillais déjà à temps partiel et tu ne pouvais pas demeurer éternellement enfermée. N’est-ce pas ? Tu ne pouvais pas. Poupée de glace anxieuse, à l’angoisse comprimant sa poitrine alors que tes mains tremblantes distribuaient les copies des examens aux élèves de ta classe. « Comme prévu, cet examen est au sujet des Oiseaux légendaires, du trio que l’on connaît sous le nom d’Articuno, Moltres et Zapdos ainsi que Célebi. Bon courage ! »

Fascination. Une fascination distante, effrayée, envers les pokémons légendaires, leurs forces, les mythes les entourant. Jirachi et les vœux réalisés, les oiseaux et le maintien des températures, du courant des océans, Luigi, Oh-Oh, tous les pokémons légendaires, fabuleux. Mew, Arceus, l’origine de la vie. Tu trouvais ce domaine que trop fascinant, tu y plongeais. Tu y tombais. Les lectures se succédaient, la passion s’animait. Une passion modeste, une passion modérée. Une passion qui ne se trouvait que dans les livres, dans les parchemins. Et qui s’effacerait devant le spécimen en question. Parce qu’un pokémon demeurait un pokémon, n’est-ce pas ?  
Et pourtant, quelque part au fond de ton cœur, une envie vibrait. La rencontre de Jirachi. Jirachi ne pouvait pas guérir les êtres vivants, mais pouvait-il offrir une lueur d’espoir dans ton cœur ?

Peu à peu, la pièce se vidait, la pile se remplissait. Des examens rédigés tantôt par une écriture soignée tantôt par des pattes de mouches. Tu pris la pile et la glissas dans ton classeur avant de te tourner vers Rhéa-Iris. Tu approchas. Deux pas. Reculas. La peur te prenait à la gorge et pourtant, tu parvins à poser le sac un peu trop lourd sur le sol. « S’il vous plaît.. ? » Un murmure.
La licorne avait fait une révérence, prit la corde de ton sac pour le glisser autour de son cou et tu avais hoché la tête comme remerciement. Suite à quoi vous sortiez de la salle de classe, Shunt s’amusant à flotter dans les airs avec son attaque nouvellement apprise. Après tout, tu avais retrouvé quelque part dans ta maison si précieuse des attaques maîtres et une attaque reproduction. Celles-ci furent apprises à Shunt, bien que la reproduction servie à Rhéa-Iris puisqu’elle pouvait l’apprendre.

Alors que tu te promenais dans les couloirs, ton regard se posa sur un pokémon un peu trop présente, un peu trop intense. Et la vague de peur te frappa de plein fouet alors que tes pieds reculèrent, glissant sur ce sol fraîchement nettoyé. En tentant d’échapper à ce qui était une horreur pour toi, tu plongeas directement vers un autre enfer : une chute. Bien malheureusement, cette situation n’allait en aucun cas parvenir à calmer ta peur des pokémons.
Puis. Une main. Le dresseur sans doute – dont le visage ne venait strictement rien rappelé à ta mémoire ( unique capacité intacte chez toi ) dont la main venait s’enrouler autour de ton poignet pour te rattraper. Te permettre de te remettre sur tes pieds.

Et. Douleur .
Le verre dont tu étais composée se brisait sous la poigne de l’étranger alors que tes pieds reprenaient place pour empêcher la chute. Ton corps s’était crispé sous la vague de souffrance physique qui apparaissait, prenait place, brouillait l’esprit. Apportait des larmes dans ce regard particulier, un peu trop bleu. « Je.. » Souffle coupé alors que tu ramenais ce bras meurtri contre ton corps et que le monde semblait bouger sous l’effet de ta tension un peu trop instable brusquement.
« .. merci .. ? » parce que son geste partait d’une bonne intention, après tout. Mais la douleur venait prendre toute la place.