Dusk Lumiris

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C'est joli, chez vous. Permettez... ? [suite] | feat. Suh-joon Kim
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C’est joli, chez vous. Permettez…?
On est en fin d’après-midi. L’ombre se laisse deviner, dans le campement de Gareth, où le ressac berce le cœur d’une creuse mélancolie. Le crépuscule point à peine au travers de l’azur du jour, dont l’usure arrive toujours, quoiqu’en jour de gras ou d’exploit on voudrait qu’il durât sans fin, pour ne pas laisser revenir les ténèbres et les regrets qu’ils trimballent tel un tambour que le malheur talmouserait sans arrêt contre les mortels ; à qui voudrait d’une mort molle, il dit : « Sois un homme et bats-toi contre mon bruit et ma fureur ; viens me faire taire en personne ou souffre mon rythme infernal jusqu’à ton tout dernier soupir. »

C’est un artiste, qu’il faudrait, pour saisir la teinte de ciel qu’on perçoit sur ce coin de plage.

Les braises d’un feu éphémère dans lequel brûla un cliché s’éteignent sans crépitement. Ordinairement, à cette heure, Gareth est en train de laver son linge dans l’eau de la crique. Or, il est encore habillé, et s’est retiré dans sa tente. Plus tôt, il a pourtant sué, d’avoir couru de Port-Corail jusqu’aux marges de Mirawen, puis taillé un sprint du tonnerre, les mains largement encombrées. Sierra n’est pas en surveillance ; la tête en bas, elle l’observe manipuler deux appareils. Mike pratique, face à la mer, son flow et ses gestes de rap. En somme, personne n’est là pour éconduire un visiteur tel que Gareth avait pensé, au soir de son renoncement à sa fidélité bafouée, qu’il risquait d’en voir survenir plus encore qu’auparavant, où le hasard, qui trahit tout, s’était gardé, par un caprice, de lui envoyer un flâneur.

Gareth est plus qu’un peu perdu, avec l’ordi et le portable. Il a bien un dispositif pour brouiller les ondes radio, ce qui empêche une éventuelle géolocalisation, mais cela ne l’avance pas dans le cracking des mots de passe. Le portable est déjà bloqué pour la prochaine heure et demie, d’avoir vu rentrer à la suite trop d’entre eux à être incorrects. L’ordinateur est sans limites d’essais infructueux, mais bon, un clavier complet, c’est complexe, comparé au champ des possibles de neuf chiffres plus le zéro, et les identifiants classiques des gens sans imagination ont tous été infructueux. Gareth cogite et tergiverse, se prend la tête dans les mains, s’ankylose de frustration, puis se détend d’un coup d’un seul et cligne des yeux, ahuri. 

Solution de facilité, me voilà, se dit-il soudain. Pourquoi s’est-il cassé la tête à vouloir jouer les hackeurs quand il vit au bord de la mer ? On balance tout à la flotte, et on n’a plus à en parler. Pas qu’on ait eu beaucoup de monde à qui parler en premier lieu. Même noyé, un disque dur conserve toutes ses données, mais ça ne pose pas problème, si personne ne le repêche. Autant l’envoyer par le fond comme cette radio Rocket.

« Comme cette radio Rocket… » répète Gareth en murmure. 

Il attendrait qu’il fasse nuit et que les locaux aient fini de laisser voguer leurs lampions dans l’eau de la Plage Mystique pour ordonner à Sierra de balayer l’électronique qui risque de le compromettre par le fond, avec les poissons. Cela juré, Gareth se lève et part enfin laver son linge, mais avec une appréhension qui ne lui ressemble en rien. D’où vient qu’il sent que son courage est intimidé par cet acte qu’il trouvait tout à fait logique, à la maison du photographe ? Il fait tout seul non de la tête jusqu’à avoir tu cette idée. Il sait qu’il est dans sa nature de ne reculer devant rien pour accomplir sa mission, même si son cœur, entre temps, a penché pour laisser tomber. Sans pareille vision du monde, on est imperméable au crime ; si on en reste dégoûté après que d’y avoir goûté, il faut bien la développer. Ce n’est pas la première fois qu’il sacrifie un inconnu à des fins insignifiantes.

Torse nu, il trempe son haut dans l’eau limpide, qui se trouble, l’empêchant de voir la silhouette qui se profile sur la crique.


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C'est joli, chez vous. Permettez... ?

— ft. Gareth Kreutznär

Ses godasses égrugeant le pavé recouvert en partie de sable, Suh-joon errait le long de la plage ensoleillée. Minki hissé sur ses épaules contemplait, quant à lui, le bleu céruléen des vagues qui venaient s'écraser sur le rivage. Des rires éclatèrent sporadiquement, çà et là ; des familles qui par l'arrivée du beau temps avaient cédé à la tentation du soleil et du sable chaud. Étonnamment, le petit Griknot demeurait sage, calme, cette absence d'agitation était loin de son comportement habituel : en temps ordinaire, il n'aurait pas attendu de se le faire dire deux fois avant de s'enfoncer dans cet étendu sableuse - cf. Ruines d'Akeos -.

Suh-joon était parvenu à Port-Corail peu de temps après son cambriolage, déclarer le vol de ses appareils électroniques fut son premier réflexe en arrivant dans la ville portuaire. Déposition faite, enquête ouverte, il était déjà beaucoup plus rassuré ; mais rien n'empêchait le jeune homme de continuer ses recherches et d'investiguer de son côté en quête de son flibustier.

Nul besoin de s'inquiéter quant à savoir où loger, le riverain s'était procuré une chambre d'hôte aux abords de la ville au prix plus qu'abordable. Rien de luxueux, mais c'était toujours mieux que sa maison à l'apparence médiocre. Il lui fallut tout de même apporter quelques peluches pour contenir les envies de Minki à déchiqueter rideaux et canapé-lit.

En fin d'après-midi, Suh-joon s'était rendu à l'agence pour y retrouver l'éditeur en charge de l'article. Ses discours plein d'emphase et d'exagération quant au talent du photographe en herbe n'avait eu pour effets qu'embarrasser ce dernier et quelque peu empourprer ses pommettes, sans plus. C'était l'affaire d'une quinzaine de minutes, flatteries par-ci, flatteries par-là, Johnny finit enfin par quitter l'ampoulé avec son butin en mains : une photocopie des clichés qu'il avait envoyés - loin d'être de très bonnes qualités, certes, mais on parvenait tout de même à y percevoir son homme -.

Comment pouvait-il commencer son investigation ? Suh-joon y réfléchissait depuis un moment et se balader sur la plage, loin du tumulte de la ville, lui permettait en quelque sorte de maximiser sa concentration en le faisant à tête reposée.

En flânant, il avait croisé cet enfant qui avait malencontreusement fait tomber le portable de son père dans la mer. En y songeant, Suh-joon devrait peut-être s'en procurer un nouveau, de téléphone.
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Voici l’histoire d’un limier qui devrait devenir un jour un influent chef de brigade au service de Lumiris. Son flair et sa pénétration, son palmarès d’arrestations, son incorruptibilité, feraient un jour l’objet d’éloges qui le suivraient jusqu’à la tombe, et son cortège funéraire ferait la une des journaux, même au-delà de la région.

Mais nous n’y sommes pas encore. Pour l’heure, il n’est qu’un bleu hardi, qui désire faire ses preuves. Dame fortune, bien souvent, réserve à pareils débutants une carrière somnifère, ou un premier cas désastreux qui les névrose pour la vie, attendu qu’ils en soient toujours. Pour ce veinard, il n’en est rien.

Bien qu’affecté à Mirawen, il est en train de vadrouiller aux abords les plus reculés de la plage de sable fin qui termine Lumiris Sud. Le rabat-jour est fort joli, mais il n’a pas le temps pour ça : après avoir rendu visite à un souffrant du voisinage qu’il fréquente le plus souvent, il poursuivit un inconnu qu’il avait vu, du coin de l’œil, disparaître dans les fourrées juste en face de la maison du photographe cacochyme. Par un instinct naissant déjà, il avait eu anticipé que d’ignorer ce transitoire, c’eût été laisser faire un crime. En suivant les traces de pas qu’il distinguait sur herbe et boue, il arriva à une crique où la végétation sauvage était sans aménagement, où il découvrit un jeune homme, qui s’était fait un campement à l’ombre de cette falaise d’où il l’observait en secret. Aussi circonspect que futé, il ne pipa rien de sa pêche, par crainte de voir le poisson, s’il devait à nouveau rôder dans les environs de sa zone, avoir vent de ses suspicions et s’évanouir dans la nature, comme une vibration dans l’eau fait disparaître la poiscaille dans les remous les plus obscurs.

Un jour, depuis, s’est écoulé, et, à la même heure qu’hier, il est revenu scruter l’antre. Cette fois, il est équipé d’un appareil photo de pointe de la police scientifique. Il prend des clichés de son homme en très haute définition, de sorte qu’on le reconnaisse sans aucun doute au tribunal, là où un portrait vague et flou de sa stature dans la foule aurait laissé la cour sceptique. Casquette brune, bas de même, haut rougeaud, demi-bas blanchâtres… ses vêtements sont identiques à ceux qu’il nettoyait la veille, et les deux mains qui s’en occupent, ceintes de bandages serrés, ont l’adresse d’un tire-laine. Il doit les laver tous les jours, et donc, les porter tous les jours. Voilà qui n’est pas optimal, pour se rendre méconnaissable, sans parler du temps que ça prend. Est-ce une valeur affective ? Ou bien une idée excentrique (bien que terriblement logique) des pratiques vestimentaires qui vous rendent inapparent ? En bon apprenti psychologue, le néophyte du service interprète multiplement et prend des notes détaillées.
 
Pareil zèle semble baroque, pour un simple pressentiment, et malgré toutes les louanges qu’on lui a faites tantôt, on pourrait taxer d’obsession ce curieux épieur de crapule.

C’est qu’il a eu accès, plus tôt, à une étrange information. Le photographe Suh-joon Kim, toujours lui, serait la victime d’un cambriolage assez court : tout ce qu’on lui a dérobé, c’est son ordinateur portable et son tel (lui, aussi, portable). Pas de blessures sur monsieur, de traces de luttes chez lui, pas même un signe d’effractions… convaincu d’avoir là la clef de cette affaire surprenante, le policier fait de son mieux pour observer la procédure d’une manière soutenue. Lorsque tout serait mis au jour, en plus de la célébrité que les médias lui acquerraient, ses pairs lui feraient les honneurs, il serait le commis du mois, et sa promotion, assurée.

Pour l’heure, il doit battre en retraite. Le lendemain, il reviendrait un peu plus tôt dans la journée pour explorer le campement.

Plus bas, nu comme un ver de terre sur lequel un oiseau de proie à l’œil perçant s’apprête à fondre, Gareth Kreutznär trempe son linge, inconscient de tout le danger qui le guette depuis là-haut, les affres, dans son regard lourd, d’une bizarre réticence à accomplir un devoir simple.


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— ft. Gareth Kreutznär

Il envoya son pied taper les quelques adobes le long de son chemin. Cette journée était loin d'être fructueuse quant à l'avancée de son investigation. La brise marine venait régulièrement lécher la surface de son coupe-vent. Suh-joon se tenait face à la plage, silencieux, en pleine réflexion. Minki s'était quelque peu éloigné derrière lui, reniflant frénétiquement le revêtement de la chaussée à l'image d'un chien policier.

Levé de bonne heure, le jeune homme s'était rendu une seconde fois au poste pour y apporter les clichés qu'il s'était procuré la veille. Bien que le sujet ne faisait pas face à la caméra lors de la prise de ces derniers, ils permettaient néanmoins d'avoir un aperçu de ses caractéristiques - entre autres, sa tenue vestimentaire, sa taille à vue de nez... -. Même s'il venait d'apporter cesdits clichés, l'identification n'allait se hâter : images floutées en raison de la basse qualité, individus dissimulant en partie le suspect... Et puis, il fallait être un minimum réaliste vis-à-vis du contexte, Port-Corail n'allait pas mobiliser l'intégralité de ses forces de police pour une banale affaire de vol sans agression.

Suh-joon avait conservé une copie de ses photographies et s'était mis à questionner les passants d'une galerie marchande en milieu d'après-midi, en vain. Deux-trois heures à jouer les distributeurs de tracts, il s'en était allé acheter un cellulaire temporaire dans un magasin miteux de dépannage électronique et informatique. Rien de foufou : un simple téléphone à clapet pour l'accompagner durant cet épisode provisoire.

À mort l'intox de la canette tueuse et ces histoires de leptospirose, Suh-joon sirotait à présent un soda qu'il s'était procuré dans l'un de ces distributeurs en piteux état. Assis sur un banc partiellement poussiéreux, le regard vide sans rien fixer de précis, il commençait à prévoir sa journée de demain : continuer à questionner, mais où ? Mh, peut-être devrait-il retourner à cet endroit... Oui, cet endroit ; là où il s'était posté pour prendre ses photos, là où il avait pu le capturer.

Eurk... ça goûte la poussière.

Suh-joon se lève, jette sa canette, rate la poubelle, la ramasse et l'insère dans le sac, s'en va attraper Minki dans ses bras et observa pour la dernière fois le ciel avant de se mettre en marche.
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Gareth compte ses provisions. De quoi tenir trois jours, encore, sans retourner faire les courses. Lui qui bronzait de plus en plus commence à se débasaner, de n’avoir pas quitté sa tente depuis un temps déraisonnable, sauf pour ses besoins naturels. Il ne prend même plus la peine de laver son linge à l’eau claire. Sierra est au-dessus de lui, qui s’inquiète pour sa santé ; Mike, lui, est dans sa Pokéball. Elle n’est sorti qu’avec lui, à en oublier ses patrouilles, soucieuse de la complexion de son dresseur surexcité.

Il est devenu monomane, avec cette histoire de vol. Même sans l’écran allumé, le plus clair de son existence est passée à ses tentatives de forçage des appareils qu’il s’était juré de couler. Quoi, ce n’est pas encore fait ? Il rationalise la chose. Même s’il s’en débarrassait, un plongeur pourrait, par hasard, tomber rapidement dessus et en ressortir la photo.

« La photo. » dit-il à voix haute. Il bouscule son débarras. Sa hutte étroite et encombrée fait entassement compulsif. Enfin, il met la main dessus : l’infâme journal du matin qui avait commencé tout ça. Non. Ça, c’est se voiler la face. Pour lequel il eut décidé de démarrer ce drame idiot. Voilà qui semble plus exact. Gareth examine la page où il eut vu qu’il figurait. Il cligne des yeux, incrédule.

On le reconnaît avec peine, et ce n’est pas seulement dû au froissement de ce support. L’image est légèrement floue, loin de celle que sa mémoire lui faisait voir incriminante, où il se croyait dénoncé par le doigt adroit du destin. L’angle de vue est de ces plans qu’on ne voit jamais dans la vie, qui font refaire une photo où l’on ne se reconnaît pas, ou qui rappelle ces portraits que se tire au photomaton une dame d’un certain âge qui porte lunettes, bijoux, et, surtout, cheveux attachés, et qu’on ne reconnaîtrait pas sans ces traits perpétuels chez elle. Gareth n’est pas mis en valeur ; s’il ne s’était pas remarqué, il aurait placé sa figure au rang de trente autres badauds, lesquels confinent à sa forme, insignifiants comme lui-même. Sans avoir un sens artistique meilleur que celui du commun, Gareth va jusqu’à discerner que le charme de ce cliché doit résider précisément dans l’indistinction générale, qui permet d’établir des types, ou bien de faire dominer l’environnement sur les êtres.

Mais là n’est pas ce qui lui chaut.

C’est donc de ça qu’il avait peur ? D’un mal qu’à tête reposée, il voit qu’il pouvait ignorer, et qu’en n’en faisant pas grand cas, tout serait passé sans problème ? Gareth se découvre impulsif, ou trop imprudent dans sa ruse. Peut-être en était-il si fier, au moment d’en avoir l’idée, et qu’il croyait aveuglément justifiée à ses fins profondes, qu’un réel pourtant évident était devenu secondaire.

Un autre plan germe en lui. Rendre l’ordi et le portable. « C’était un accident. » Ça, non. « Je n’aurais pas dû faire ça. » Bon, c’est bien gentil, mais qui sait ? Ce photographe pourrait bien être féroce, en pleine forme, et le jeter à son Griknot comme un nounours ou un dressoir. Ou, pour être plus terre-à-terre, il le dénoncerait aux flics. « Je les ai trouvés chez un tiers. » Ça peut peut-être mieux marcher. Après tout, il reste possible qu’au cours de sa torpeur, un autre…

Sierra déploie une aile et l’autre, ce qui interrompt sa pensée. Elle quitte vite la tente, oreilles toutes déployées. Gareth en bondit à sa suite. C’est le milieu de la journée. La cécité le frappe un temps : celui d’ajuster son regard à la lumière du Soleil. L’effet est pire pour Sierra, qui n’a pas vu se dérober un homme derrière un rocher, et ne l’entend pas à présent, car il est plus taiseux que l’eau, pourtant très calme et éloignée. Gareth lui ordonne une ronde et sort Mike s’y coller aussi. Le Moustillon râle et prétend s’y mettre de l’autre côté pour mieux barboter (pas trop tôt : plus d’un jour qu’il est enfermé dans sa Pokéball, après tout !)

L’homme derrière le rocher a dans les mains une radio, sophistiquée en apparence, plus que ça en réalité. Bien qu’il comptât la mettre en route, il s’est ravisé, et attend. L’appareil, pourtant infaillible, est désorienté, dans la zone ; la conclusion la plus logique est que ce campement rustique, à l’apparence primitive, renferme un fort dispositif de brouillage d’ondes radios, qu’accompagne certainement un détecteur de ces dernières. Il faut accélérer l’enquête. Qui que cet inconnu-là soit, autant partir de ce principe : il est armé et dangereux.


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— ft. Gareth Kreutznär

Il avait l'impression de connaître ce sentier par cœur à force de s'y rendre. Tout comme les jours précédents, Suh-joon déambulait le long du pavé accompagné, comme à son habitude, de son compagnon à aileron qui guettait les environs.

Le jeune homme baisse le regard sur ses mains, soulève un pouce, un index, s'ensuit d'un majeur puis d'un annulaire et enfin l'auriculaire : il avait bien alpagué une cinquantaine de personnes aujourd'hui. Suh-joon s'était à nouveau rendu dans cette rue. Il y avait passé la quasi-totalité de sa journée à questionner passants et commerçants à tout-va.

Sur les deux photographies, personne ne semblait reconnaître cet individu pointé du doigt ; personne mise à part quelqu'un. Ce quelqu'un n'était pas d'ici, originaire de Mirawen et âgé d'une cinquantaine d'années, il rendait souvent visite à ce bar au détour du boulevard. Imposant ne serait-ce que par sa prestance, l'homme qui se faisait appeler Bulldozer avait bien une tête de plus que le jeune vingtenaire. Vendeur à la sauvette à ses heures perdues, le vieil homme passait la majeure partie de son temps à écouler des packs entiers de boissons alcoolisées ou papoter avec les gens du quartier.

Suh-joon l'avait croisé assis au bord d'un ponton, le regard à l'horizon. Bien que son attention rétrécie, il avait tout de même senti le jeune homme s'approcher de lui. Lorsque ce dernier lui avait tendu l'une de ses photocopies, le vieil homme, lucide malgré sa myopie alcoolique, lui avait grommelé une réponse tout à fait perceptible.

Le cinquantenaire avait bien croisé une personne aux mêmes traits, une ou deux fois au sein de la ville voisine si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.

Toujours aussi répugnant...

Suh-joon sirotait l'exacte même canette de soda au même endroit, Minki gisait sur ses genoux, le petit Griknot s'était assoupi une dizaine de minutes plus tôt. Le riverain toujours éveillé, éclairé par la lumière vespérale d'un lampadaire, observait calmement les quelques lépidoptères qui tournoyaient autour de celui-ci ; l'esprit avisant sa journée du lendemain.

Première piste obtenue, il allait à présent pouvoir étendre ses recherches à Mirawen dans l'espoir d'acquérir des informations supplémentaires.

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Les ténèbres le harcèlent, dans cette nuit sans lune qui le forcent à flamber le bois de son feu de camp, plus brillant que d’ordinaire. La fournaise l’ensoleille, comme cet astre, impromptu, surprend parfois les gredins, leur acte à peine accompli, leur tension les ayant fait perdre le sens du temps.

Rien ne va plus, pour Gareth. Il a perdu le sommeil et tourne en rond dans son camp. S’il n’a pas fait un seul plein de bouffe en plus de trois jours, heureusement, dirait-on, il a perdu l’appétit. L’autre soir, sa vésanie a déteint sur Sierra, qui est sorti de sa tente en trombe, mais sans raison, elle qu’on a entraînée à ne jamais se tromper, dans ses captations sonores.

Quelqu’un a dû le cafter. Est-ce cette femme-là ? Ou bien peut-être cet homme ? L’Estropiée, ou Bulldozer ? Ou la distante Willow, ou Jean-frusque-son-prochain ? Non, non, c’est probablement quelqu’un dont il ne sait rien, qui est assez astucieux pour maintenir ignorant un étranger cette île. Gareth doit être sa cible. On le traque et persécute pour mieux lui fondre dessus, l’estourbir, un de ces soirs. De l’inquiétude ordinaire, Gareth passe au pessimisme, ce lourd voile noir foncé, qui dénigre absolument tout, pour que tout soit au pire. Il n’est même pas bien fait, ce cliché de Port-Corail, et ce petit photographe doit être un grand intrigueur, pour se faire publier, malgré son talent minable, dans un torchon innommable, lequel doit devoir ses ventes à l’ânerie unanime de crétins qui acquerraient la première source sale d’informations qui ferait surface dans les kiosques.

Crétins dont Gareth est bien, puisqu’il est des tous premiers à avoir laissé tout ça lui monter jusqu’au cerveau jusqu’à se retrouver là, à attendre qu’on le cueille, pour deux maudits appareils qui le concernent à peine. Ah ! Maintenant qu’il y pense, son audace naturelle reprend soudain le dessus, et il court les arracher à son antre en toile et fer, à présent qu’il est d’humeur à les jeter à la mer, ne les éteint même pas, tant il est précipité, de peur de voir sa vaillance disparaître en un éclair.

Il n’a pas fait quatre pas en direction du ressac, qu’il est surpris de sentir les deux monstres mécaniques vibrer entre ses deux bras. Ses yeux clignent de surprise, puis descendent vers l’écran du premier, puis du second. Des barres de connexion. Des barres de connexion ? Lorsque son brouilleur radar est actif dans un diamètre de plusieurs dizaines de… ?

Il recule de terreur. Au bout de quelques secondes, les témoins terribles partent, et, de nouveau, les machines sont coupées des réseaux. Il a déjà connu ça plusieurs fois, auparavant. La police de Kanto avait de ces saboteurs, manieurs de dispositifs qui affaiblissaient les siens, et ce signe avant-coureur signalait aux criminels qu’un bataillon commando était là, qui les épiait, et qu’il fallait évacuer, l’air de rien, dans la panique. Gareth appelle Sierra. Contrairement à la veille, il la trouve raisonnable, et se trouve irrationnel de l’avoir vue illucide, là où lui se fourvoyait. La Sonistrelle savante entame un tour du secteur. Sierra longe la falaise et ses plants luxuriants, mais elle ne trouve rien. Elle sonde les cavernes de la crique et en revient. Elle alterne entre les deux, qui sont les deux seuls endroits où l’on pourrait se cacher. Le battement de ses ailes, plus sonore que la mer, même mêlée au vent frais, a un écho accablant pour le radioman stressé.

D’un seul coup, il disparaît.


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— ft. Gareth Kreutznär

Il était rentré aux alentours de vingt heures, avait soupé avec le reste de la famille et s'était quelque peu pressé de faire ses valises. Le lendemain, Suh-joon s'était levé de bonne heure, avait quitté ses hôtes avant le déjeuner en les remerciant de leur hospitalité.

Cette fois-ci, Suh-joon s'apprêtait à loger chez un ami. Ce dernier était venu le chercher à bord d'une guimbarde qui avait sans doute le double de son âge. Le vieux tacot menaçait ruine mais les deux compères parvinrent à gagner Mirawen à bon port.

Le véhicule se gare dans une petite allée dégagée aux allures abandonnées, face à eux, une porte de garage grignotée par la rouille. Sondit ami Thomas avait rejoint, à l'instar de Johnny, ce mouvement d'exode urbain : rejoindre le calme de la campagne et fuir l'agitation bruyante et incessante de la ville.

Thomas vivait seul dans cette maison traditionnelle et rustique en briques. Il lui avait indiqué une chambre à l'étage, peu meublée, récemment dépoussiérée contrairement aux autres pièces du logis. Minki s'y plaisait déjà, avait commencé à planter ses crocs dans la literie.

Sa valise défaite et son appétit satisfait, Suh-joon s'était remis à arpenter rues et ruelles, avenues et boulevards, à arrêter et questionner le moindre passant sans modération. En vain, rien de bien concluant.

Johnny s'en était allé gagner la plage pour se changer les idées. Minki le suivait de près, reniflait chaque centimètre de pavé - le Terrequin avait l'air d'être à la recherche de quelque chose -.

Suh-joon s'écarta du chemin en pierre pour fouler le sable fin de ses pieds nus. Il regardait devant lui, sans rien fixer de précis, absorbé dans ses pensées. Pas grand monde aux alentours, seul le bruit des vagues qui s'échouaient sur le rivage dominait les environs. Johnny trempa ses pieds dans la mer teintée d'un bleu de méthylène, laissant son regard s'aveugler des reflets scintillants de cette étendue d'eau salée, laissant son esprit s'en aller au gré des associations d'idées.

Il enfonce une main dans la poche intérieure de sa veste, en ressort son téléphone dont il déplie le clapet.

Peut-être devrais-je contacter la police concernant l'avancée de l'enquête... ?
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Parlons-en, tiens, de la police.

Pas d’un seul agent de la paix, non, mais du tout ; mais du service, ou, pour être un peu plus précis, celui de la Plage Mystique.

C’est un capharnaüm sans nom, pour la période touristique, car qui dit étrangers rieurs, dit dévaliseurs en averse, sans parler des cent contentieux entre autochtones et sans-gêne, entre visiteurs et chauvins. Aussi faut-il grossièrement filtrer les cas et les plus urgents (les plus rapidement réglables) d’avec ceux qui pourraient attendre (dont ceux dont on peut soupçonner qu’ils pourraient se régler tout seuls, mais aussi, malheureusement, les pires, parfois, mais sans piste). 

Le bleu qui vient d’avoir Sierra n’approuve pas cette pratique. Il voudrait qu’en agent d’honneur, on traite tous les cas qu’on puisse, avec autant de diligence que pour l’affaire la plus grave. D’aucuns le traitent d’hypocrite, d’être à cet incident absurde depuis plusieurs jours et rien d’autres, mais il sent bien qu’il tient la preuve qu’il était fondé à choisir de poursuivre son intuition. Aussi est-il plein d’assurance, et a un bon pressentiment sur la suite de ses actions.

D’un tir de fusil à filet parfait comme à l’entraînement, il sait qu’il vient d’intercepter une Sonistrelle qui est le cerbère et l’indicateur du criminel qu’il veut coffrer. Par un chaînon de déductions, il parvient à la conclusion qu’il a acculé son corniaud, qui n’osera pas de sortie, sourd à tout qu’il est maintenant. Il semble à ce poulet en herbe qu’il restera planté ici au moins quelques heures de plus. S’il rentrait tout de suite au poste, il aurait peut-être le temps de demander une descente des troupes de choc du service. Il doit avoir assez de preuves pour contourner tous les carcans de l’administration normale, et pour faire valoir son cas d’une manière théâtrale, qui mêlerait cette émotion à la prise de décision, qui ferait trouver rationnel de ne pas perdre un seul instant. 

Tout serait parti d’un larcin, anodin, selon toute allure, que personne ne traiterait, mais en creusant dans le bon sens, d’insistance, on déterrerait, peu à peu, les activités illicites à peut-être très grande échelle d’un certain radioman pirate, un homme discret au possible, dont la chute serait le fait d’avoir voulu porter ailleurs que sur les ondes ses pillages. Après cette accroche, le bleu, avec quelques effets de manche, sortirait de son haut-de-forme un lapin blanc en trois parties : d’abord, un enregistrement de l’activité internet, pendant un instant des plus brefs, d’appareils qui pourraient bien être les deux machines disparues ; puis, tout plein de photographies d’un lieu des plus inexplorés, peut-être, de tout Lumiris, ce qui en surprendrait plusieurs, car c’est sur la Plage Mystique, où, tous les jours, mille baigneurs risqueraient de tomber dessus (peut-être est-ce bien arrivé, et ils n’en ont pas réchappé, perturbés, jusqu’à la noyade, par les cris d’une Sonistrelle, qui est une machine à tuer) ; dernièrement, un Pokémon, celui qu’il vient de mentionner, dont on voit, du premier coup d’œil, que c’est une machine à tuer, malgré son apparence frêle.

« C’est qu’il m’a surpris, ce… » 

« Stillon. »

Perdu qu’il était à penser, et sur ses gardes d’un côté (celui de la tente où Gareth s’est retiré en toute hâte) mais pas de l’autre, il n’a pas vu venir à lui un Moustillon.

« Bonjour, toi, » lui chuchote-t-il. « Tu es un Pokémon sauvage ? Oui, tu m’as tout l’air d’en être un. Qu’est-ce que tu fais là ? »

« Mousti ! »

Mike surprend ce jeune confiant en se jetant sur son visage, faute de savoir employer des capacités de combat autres que Charge et Mimi-Queue. Le temps de se le décoller et de l’envoyer dans le sable, la Sonistrelle a mâchonné les rets jusqu’à pouvoir les rompre et exécute une Tornade, qui fait reculer la flicaille, laquelle parvient, cependant, à s’ancrer les pieds dans le sable, et remonter le courant d’air, ainsi que l’homme du commun, quand le confronte le mistral.

« Tu en es ? » lui fait une voix. Il baisse de devant les yeux les bras et se tourne vers elle. C’est son homme, visiblement perturbé et agrypniaque, qui le regarde d’un air fou. « Tu en es. Tu ne m’auras pas. »


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C'est joli, chez vous. Permettez... ?

— ft. Gareth Kreutznär

L'horloge murale affichait quinze heures. Suh-joon s'était forcé à rester éveillé. Des heures si matinales que Johnny en avait oublié l'heure à laquelle il avait gagné son lit -- sans doute sous l'emprise de la torpeur ; néanmoins il avait souvenir d'avoir été ébloui par la lueur brillante et rosée de l'aurore qui avait commencé à pointer le bout de son nez.

Mais qu'est-ce qui l'avait motivé à ne pas dormir cette nuit-là ? Bien que principalement préoccupé par le vol de ses appareils, Suh-joon se devait de respecter les échéances de ses clients : il avait bien une dizaine de commandes en cours avant son cambriolage. Bienheureusement pour lui, lesdits travaux ne nécessitaient en aucun cas de se déplacer pour prendre des clichés -- des demandes de retouche photos et d'images en grande partie.

Thomas lui avait laissé l'accès à son ordinateur portable pour son travail -- quoiqu'il était réticent pendant un instant en raison des effets personnels qui s'y trouvaient. Son ventre grommelle, faute de n'avoir quasiment rien mangé hier soir, il s'en était allé faire sa toilette en vitesse, attrapé un paquet de biscuits sablés et quitté la résidence après avoir nourri Minki avec les baies qui reposaient dans un panier en osier.

Contrairement aux jours précédents, le riverain ne s'était pas mis en tête d'aborder la moindre personne qu'il pouvait croiser. L'ordinateur reposé sur ses genoux, il continuait de répondre à la demande de ses clients. Suh-joon s'était installé sur un banc face à la mer depuis maintenant une heure. Utiliser une souris sur une partie de sa cuisse n'était pas bien agréable, certes, mais Johnny avait cette envie de sortir profiter du soleil, respirer, se changer les idées.

Son Griknot avait décidé de piquer un somme, le sac de son maître faisant office d'oreiller improvisé. Le jeune homme quitta l'écran de ses yeux lorsqu'une patrouille vint l'interpeller.

Monsieur, bonjour, avez-vous remarqué quelque chose de suspect dans l'coin ces derniers temps ?

Il répond par la négative en agitant sa tête. C'était deux officiers, son interlocuteur avait le dos droit, l'allure fière, les mains coincées dans son gilet tactique. Le second un peu plus maigrichon, en retrait, s'occupait d'un Caninos qui les accompagnait. Les agents le remercièrent de sa coopération, et se remirent en marche.

Quelque chose s'était-il passé dans le coin ? Cette interpellation l'intriguait, Suh-joon continuait à les suivre du coin de l'œil : mais rien d'intéressant. Ils finirent par quitter la plage, bredouille semblait-il, après une demi-heure de recherche.

Les nuages gris commençaient à se former au-dessus de lui, il se faisait tard. La pluie menaçait de tomber à tout instant, il était peut-être temps pour lui de regagner son logis. Johnny range son portable, se saisit de Minki et se mit à courir lorsque les premières gouttes viennent s'écraser sur ses épaules.

Ah, appeler la police. Il l'avait oublié sous sa montagne de travail.

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C’est joli, chez vous. Permettez… ?
C’est sous une pluie battante, aussi soudaine qu’hors saison, que le camp de Gareth Kreutznär ne prend pas l’eau (du moins, pas trop). C’est qu’elles sont plutôt étanches, les bâches du feu sous-marin qui servent de toile à sa tente, et que la ferraille en pagaille qui fait office de piquets est si solidement plantée dans le sable fin de la plage, que le postiche de tempête qui s’y abat farouchement est impossible à distinguer de la brise la plus bénigne.

À l’intérieur de cette tente, un jeune agent est menotté avec son propre équipement à un coffre à moitié moisi par les mollusques amassés, mais encore assez résistant et rempli d’assez de bazar pour l’empêcher de déplacer son gros boulet quadrangulaire d’un pouce avec toutes ses forces. Pas qu’il veuille essayer, non plus, toujours sous le regard qu’il est du malfaiteur imprévisible qui s’est fait son séquestrateur. 

Gareth a étalé au sol tout son matériel de police, qu’il cherche à rétro-ingénier avec les savoirs qu’il possède. Cela irait beaucoup plus vite, s’il n’était pas en permanence en train de surveiller son homme, de peur qu’il n’arrive à filer, malgré ses coriaces entraves. Qui sait tout ce qu’on leur enseigne, à l’académie des cognes ? Pas qu’à castagner, c’est certain. Il s’est déjà vu compromettre d’une manière surprenante par plus d’un agent de police, au cours de sa courte carrière. Du flic calé en trucs techniques à l’apprenti escapologue, il n’y a qu’un pas, dans sa tête, et, avec son profil de fouine, son prisonnier l’a convaincu qu’il est franchi depuis longtemps.

Ce dernier en semble conscient, car bien que pris au dépourvu et pleinement à sa merci, il multiplie les mimiques faites pour le laisser perplexe, ce Gareth toujours plus à cran à mesure qu’il se démène. Au cours de la dernière heure, il interrompit son travail pas moins de vingt-et-une fois pour vérifier l’état des fers de son captif. De son otage. Lui-même n’est pas vraiment sûr.

« Vous ne savez pas votre chance, monsieur le voleur de portables, d’avoir votre brouilleur radio. Sans lui, vous pourririez en taule, à l’instant même où je vous parle. Il vous a fait gagner… une heure ? Un jour, grand maximum, dirais-je. Ils ont beau n’être pas très fins, au poste, pour porter secours à la veuve et à l’orphelin, dès qu’on touche au service-même, ils vous deviennent des lumières, et lorsqu’ils auront remarqué que mon signal à disparu pile à l’endroit où… »

« Impossible. Je le connais, ton matériel. On a arrêté d’en produire quand j’avais quatorze où quinze ans, là d’où je viens. C’est archaïque. Ça n’est pas sur un seul radar tant qu’on ne lui demande pas, et toi, tu n’as pas eu le temps de lui demander de le faire. »

Pourtant bien déstabilisé d’apprendre qu’on lui a vendu du pipeau autant que du rêve, au labo, l’agent de police affiche un calme continu et se permet un petit rire, qu’il feint de vouloir retenir, et que Gareth, confiant en lui, prétend n’avoir pas remarqué, bien qu’inquiété profondément. 

« Ça ne vous trouble pas un peu, que je connaisse votre crime ? »

« En tant que séquestré, pas trop. » Répond Gareth avec humour.

« Je ne parle pas de cela. » 

Le policier tend le menton vers l’ordi et le téléphone.

« Je reconnais ces deux objets. Le photographe Suh-joon Kim a signalé leur volerie. J’ai moi-même déjà fait part de mes soupçons à mes collègues, concernant ce campement-ci, inconnu aux renseignements, où je vais et viens tous les jours depuis… diable, un bon bout de temps. À quand l’escadron commando, de nulle part, à votre porte ? Porte que vous n’avez pas, tiens. Rien à enfoncer au bélier et aucun mur à démolir… vous serez du menu fretin, lorsqu’ils débarqueront ici. » 

Gareth se tait et continue à explorer le matériel qu’il pilla à son prisonnier. Il sort à peine une minute pour ordonner à Sierra d’aller envoyer par le fond deux ou trois appareils photos. Lorsqu’il revient, le policier fait des contorsions improbables, qu’il interrompt comme de rien, assez tôt pour laisser entendre qu’on l’a pris en flagrant délit, assez tard pour bien laisser voir son comportement suspectable.

« Vous savez, » recommence-t-il, comme un homme qui essaierait de lancer un sujet, d’un coup, « j’en arrive à me demander pourquoi vous envoyez détruire les miens, d’appareils accablants, mais pas ceux de ce M. Kim. Je vois mal ce qu’un photographe peut vous avoir d’intéressant, sur ses appareils personnels, qui nécessite de garder pareilles preuves du larcin. »

Gareth ne répond rien à ça. Il approche le policier de cet air faussement absent qui laisse présager des coups. Puis, il se baisse brusquement à moins d’une tête de lui, et tire une boîte du coffre, de conserve, pour être exact, qu’il ouvre avec un ouvre-boîte improvisé par les rebuts de piquets de tente restants. Puis, il nettoie une cuiller, ou un objet qui en approche. 

« Je ne suis pas un monstre. Mange. »


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