Le volcan avait changé depuis ta dernière visite.

Ça faisait quoi, cinq mois ? Six ? Tu savais plus trop, mais tu te souvenais que le col de ta doudoune était bien resserré autour de ton cou. Cette fois le vêtement est toujours nécessaire, mais bien ouvert sur un pull fin.
Parmi les métamorphoses notables donc, un réchauffement de l'air.

On pouvait aussi parler de l'évolution de la faune. Tu savais pas trop pourquoi, si c'était un phénomène saisonnier comme des migrations ou quoi - tu en doutais vu l'ampleur de la chose, puisque toutes les espèces du volcan et au-delà avaient décidé d'aménager ailleurs. Peut-être qu'elles jouaient simplement aux chaises musicales, t'en savais fichtrement rien.

Quoi qu'il en soit, en cette période de l'année l'ascension était tout de même moins rude. L'oxygène qui emplissait tes poumons ne gelait pas ta trachée au passage, les habits te gênaient moins.
Arrivé sur le plateau qui t'avait servi de repère la dernière fois, tu observas les alentours d'un œil suspect. Priam, Zeus et Dionysos jouaient tranquillement autour de toi pendant ce temps. Tu te souvenais parfaitement des rencontres étranges qui étaient venues troubler ta recherche de paix en hiver, cette fois on ne t'y prendrait pas.

(Que tu croyais.)

Spoiler:

Te voilà installé à la même place que la dernière fois, dos contre une paroi rocheuse. Tu étais assis sur ton siège, occupé à observer le paysage majestueux qui avait le don de t'apaiser. Face à la nature placide, seul avec les échos des montagnes, tu pouvais te vider l'esprit.

Levant ton thermos rempli de café à tes lèvres, tu pris une lente gorgée qui te réchauffa de l'intérieur. Arès et Dionysos jouaient encore avec entrain, pendant que Priam s'était posé près de tes pieds - celui-là te collait trop pour son bien. Devant vous crépitait un petit feu allumé grâce à ton salamèche, sur lequel chauffait un petit casse-croûte pour ton équipe.

Peut-être attiré par l'odeur, un archéomire s'approcha de la casserole. Est-ce qu'il voulait servir de dessous de table ? Tu savais pas, mais bon tant qu'il ne cherchait pas tes compagnons ou ne volait rien, peu importait. Il n'était pas du genre bruyant de toute façon.
Le ragoût commençait à émettre un doux bruit d'ébullition.

Spoiler:

Soit l'archéomire n'en avait pas vraiment après la nourriture, soit il s'était impatienté. En tout cas il avait fini par repartir en flottant lentement vers une zone caverneuse.

Tu avais observé un instant les deux pokémons qui jouaient plus loin, avec tant d'énergie qu'ils en sapaient le peu que tu possédais. Puis tu avais baissé le regard vers Priam, si calme en comparaison lui qui faisait la sieste, qu'il te donnerait presque envie de piquer un somme à ton tour.
Toi, tu avais presque envie de dormir.
Le jour ne se lèverait plus.

Basculant la tête vers la pierre froide qui retenait ton dos, mains jointes autour de ton gobelet tiède entre tes jambes, tu fermas les yeux un instant en profitant du silence des montagnes que seuls troublaient le crépitement du feu et la petite casserole au-dessus. Un soupir d'aise t'échappa.
Cet instant de calme s'acheva lorsqu'une ombre fut projetée sur tes paupières closes. Froncement de sourcils contrarié ; l'assiette était revenue, ou quoi ?

Tu t'en assuras en ouvrant à moitié l'œil droit. C'était en fait un séléroc, visiblement venu profiter lui aussi du lieu pour se reposer.
Si seulement il pouvait le faire plus loin, ça t'arrangerait.

Spoiler:

T'étais si bien, si paisible, que t'avais à peine capté le karacké qui s'était approché. Arès l'avait surveillé de près pour être sûr qu'on ne lui volait pas sa nourriture de toute façon, et puis il s'était fait très discret.

Contrairement à l'inconnue qui poussa un cri à t'en percer les tympans.

Fortement contrarié par cette présence et les bruits qui en émanaient, tu n'ouvris les paupières que pour lui adresser un regard courroucé, sourcils froncés. Elle devrait apprendre à se tenir celle-là, et ton impression n'est que renforcée par la suite.

Parle trop. Trop curieuse. Trop heureuse de vivre. Bref, indésirable. C'est donc sans aménité que tu répondis « Rien pour toi. » à sa dernière question avant d'ajouter « Et si tu as si froid dégage, la montagne ne s'adaptera pas aux caprices d'une touriste. »

Si elle n'avait pas compris le message, c'est qu'elle était idiote. Si elle l'avait compris mais restait quand même... Elle était encore plus idiote.

Spoiler:

Monsieur le rabat-joie.
A ces mots, tu avais détourné le regard sans plus t'intéresser à ce qu'elle disait. Si elle ne te voyait que comme un vieux rabat-joie, c'est qu'elle n'avait pas tout compris.
Ta petite casserole émettant désormais un fumet très présent, tu l'ouvris pour estimer la cuisson. Encore quelques minutes. Remettant le couvercle à sa place, tu entendis la brune ajouter quelque chose.

Elle marche, donc n'a pas froid ? Bah qu'elle retourne marcher ailleurs alors penses-tu à part toi, en plissant les lèvres avec dédain. Cependant pas le temps de répliquer quoi que ce soit, puisqu'une soucoupe volante s'écrasa en plein sur ta tête.
Ok. Merci Bouddha Arceus Dieu et toutes ces entités supérieures qui avaient décidé de te pourrir la vie. Tu les emmerdais bien profondément.

Cette fois tu foudroies l'inconnue du regard, agacé qu'elle soit encore là - et quelque part gêné qu'elle ait assisté à cette scène parfaitement ridicule. « Pas la peine de t'en faire pour moi. » Tu te frottas tout de même le crâne. Il t'avait pas loupé ce con d'archéomire, t'allais sans doute avoir une belle bosse.

Spoiler:

Elle te plaisait vraiment pas celle-là.
Qu'est-ce qu'elle en avait à faire de ton état ? D'autant plus que tu venais d'affirmer aller bien. Tu ne pus retenir un soupir sonore lorsqu'elle s'installe malgré tout en déclarant qu'elle resterait jusqu'à être certaine que tu vas bien.

C'était forcément une mauvaise excuse. Au fond elle voulait juste te taper sur le système, t'en étais sûr. « Tu pourrais rester toute la journée que ça changerait rien, même si je n'allais pas bien j'aurais le temps d'appeler les secours. » Par contre ils n'auraient peut-être pas le temps de venir.
Au pire, tu laisserais ta peau dans les montagnes. C'était pas un drame.

Enduite, ce fût cette fois un stalgamin qui apparût. Tu l'observais à peine - lui ne semblait pas déterminé à pourrir ta journée. Te penchant une nouvelle fois sur ton casse-croûte, tu remuas un peu ; la cuisson semblait bonne alors tu sifflas pour attirer Arès et Dionysos au loin. Tu fis aussi sortir ceux que tu avais amenés dans leurs pokéball : Ladon et Zeus.

Puis tu commençais à sortir les écuelles pour tout ce beau monde, sans te soucier de l'intruse.

Spoiler:

Oh bordel fut la première chose qui te vint en tête lorsqu'elle répondit. « T'as vraiment rien de mieux à faire ? » Sans même que tu l'aies décidé, le ton est agressif.
Tout en terminant de servir ton équipe, tu enchaînas avec « Je comprendrai jamais ton espèce. Ta vie est si creuse que ça pour que tu t'intéresses tant aux autres, ou c'est simplement dans ta nature d'être une chieuse ? »
Non tu n'avais pas beaucoup de patience, et oui elle en venait à bout.

Une fois les mains libres, tu les serras entre tes jambes en posant les coudes sur tes cuisses. Dans cette position tu étais naturellement penché. Tes billes mentholées se posèrent sur la plaie de ta journée sans la moindre once d'amitié. « Et pour être clair, tu peux appeler ça snober si ça te chante, mais la seule chose que je retiens de ta présence est que tu es bruyante. Alors je préférais ne pas te donner matière à répondre, tout simplement. »
Mais si elle insistait, vous pouviez être deux à jouer au roi des emmerdeurs.

Cependant tu fus coupé dans ton élan par une étrange sensation ; tes sens se brouillèrent sans raison apparente. Il te fallut un moment pour comprendre ce qu'il se passait et repérer la source de ce trouble. Les nuisibles s'étaient vraiment donné le mot, aujourd'hui.
Pour la peine, t'allais pas te priver.
« Zeus, poursuite. » Ces deux mots te demandèrent un effort considérable sous l'influence du girafarig, mais au moins ton zéblitz t'écouta. L'attaque suffit à faire fuir le pokémon sauvage, vous libérant de ses pouvoirs.

Tu pris une grande inspiration.

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