Ele'i était dans un état lamentable. Un jean large, troué et couvert de terre séchée, t-shirt qui a une époque était blanc mais qui clairement ne l'était plus du tout, de la terre sous les ongles, sur le visage et dans les cheveux, les cheveux avec un bonus brindilles. Il donnait l'impression de revenir d'un camp d'entrainement militaire. Dans les faits, il revenait d'un site de fouille. Même Vai'ata avec juste un sac poubelle sur le corps était plus présentable que lui. L'aspect positif de la chose était que, dans la panique totale qui régnait à Voltapolis suite à la coupure de courant (et à l'explosion de la Centrale responsable de cette coupure), personne ne faisait attention à lui. En fait, il pouvait même se fondre dans la masse. Mais vraiment, c'était un très mauvais timming pour une réunion de famille. Ele'i avait retrouvé Vai'ata et Mana'arii un peu plus tôt. Bien sûr, ils l'avaient jugé avec toute la puissance de leur regard, mais honnêtement il s'en foutait. Il avait trouvé un Fossile Dôme, il était heureux. Ils étaient en train d'attendre que Kiana les rejoigne lorsque B O O M Ca avait fait comme une éruption du volcan d'Akala, mais sans les séismes d'avertissement. Et puis extinction de toutes les lumières. Heureusement à 19h en plein été il faisait encore relativement clair. Quand on a passé vingt-deux années de sa vie sur une île volcanique agitée plus ou moins régulièrement par des secousses tout aussi volcaniques, rester calme en temps de crise est plutôt une base durement acquise. Donc Ele'i était très calme. Son frère et sa soeur l'étaient à peu près aussi. Et puis à deux mètres d'eux il y avait une foule hurlante de panique. Huh. Les différences culturelles. Une inquiétude pourtant régnait à l'arrière du crâne d'Ele'i : où était Kiana ? Dans la ville, c'était une certitude. Mais en dehors de ça il ne pouvait pas être plus précis. Qu'est-ce qu'on fait ? On évacue ou on essaye de trouver Kiana ? Il interrogea sa fratrie. Valait mieux qu'ils se concentrent tous ensemble sur une décision précise plutôt que de s'éparpiller. Ele'i n'était, pour l'instant au moins, pas inquiet pour Kiana. Elle avait peut-être un sens de l'orientation douteux, mais elle savait comment agir dans des situations de ce genre. Cependant, avant qu'aucun d'eux ne puisse prendre une quelconque décision ou se mettre d'accord, un groupe de policiers s'était approché de la fratrie. Pas pour les faire évacuer cependant, mais plutôt pour les sommer d'aider à calmer la foule. Apparemment, à Lumiris, si vous étiez calme alors vous deviez aider. Que vous soyez des civils de semblait pas compter le moins du monde. Les différences culturelles... Après, le fait que deux frères à premières vue jumeaux fassent soudain leur apparition avec l'intention explicite (le terme "entreprise familiale de destruction" était plutôt explicite) de foutre le bordel pouvaient expliquer certaines choses. Qui sait combien de personne de ce genre s'amusait à exciter un peu plus la foule. Ele'i observa leur prestation douteuse avec scepticisme. Et décida que ces dresseurs avaient une influence terrible sur leurs pokémons. Est-ce que c'est le genre d'situations que les policiers nous ont demandés de régler ?
Il avait connu plus d’événements traumatisants que d’agréables. (Mater son frère dans son plus simple apparat n’était qu’un exemple.) Ainsi donc, quand la lumière des lampadaires s’était brusquement éteinte pour ne laisser place qu’au calme angoissant de la nuit… Il n’avait pas spécialement rebondi sur le problème. Un peu de noirceur ne suffisait pas à lui faire perdre son sang-froid et, autant être honnête, il fallait un peu plus au calme désobligeant de Mana’arii pour être vaincu. L’insulaire avait connu les promenades en forêt une fois minuit passé et l'épouvante beaucoup plus probante des cimetières à tout heure du jour et de la nuit. Il était un warrior ; un guerrier parmi les guerriers, une ombre de courage sur les plaines de terreur. Il était – (Reste qu’il avait vu son frère à poils et qu’il ne s’en était jamais remis.)
Secouant brusquement la tête, il tente de chasser cette insupportable image de sa mémoire. De toute façon, il n’y a pas matière à fantasmer : Ele’i avait les épaules beaucoup trop fines pour la largeur de son bassin et l’ensemble de sa masse musculaire était mal distribuée. Il en avait trop dans haut du corps, pas assez dans les jambes. Pis en plus, il avait des favoris. Mana’arii détestait les favoris. (Il détestait les favoris depuis qu’il connaissait Ele’i, comme par hasard.)
Bref. L’idée était là. Ele’i était aussi attirant que Vai’ata était supportable. Alors, diable, que faisait-il en présence de l’un et de l’autre ? Les bras croisés comme s’il venait de se faire refuser l’achat d’une sucrerie, le gamin grommelle dans sa barbe toutes les incantations qu’il connait. Si on mettait le volume à 100, on entendrait sans doute : Vade Retro Satana / Numquam Suade Mihi Vana, etc. etc. Inefficace, mais salvateur.
De toute manière, il ne s’était jamais spécialisé dans l’exorcisme. Ni dans la religion en général. (Il n’avait définitivement pas envie de faire vœu de chasteté éternelle)(Même s’il devrait peut-être l’envisager après… Tout ça.) Un frisson le parcourt brusquement alors qu’il déglutit. Il aurait préféré affronter la fin du monde seul, sans Vai’ata et Ele’i pour lui tenir compagnie. Il n’avait jamais revu sa sœur depuis son arrivée à Lumiris et… Autant dire que ça ne lui avait jamais semblé essentiel de précipiter les retrouvailles. C’était encore trop tôt. Il préférait la traiter de catin en regardant ses photos sur Instagram (Pikagram) et maudire son existence que d’y être confronté. (Comme tout homme viril, il détestait montrer qu’il souffrait.)
Et ce n’était pas deux-trois trouble-fêtes (Vingt ou trente *) qui allaient changer sa façon de voir. Regardant la foule en panique, le jeune homme penche légèrement la tête : une petite explosion et voilà que le monde perdait le nord. Il ne comprenait pas trop. Il ne pouvait pas vraiment comprendre. Lui et les autres Ehu-kai avaient connu… d’autres réalités bien différences de celles des Lumiriens et cette vague de frayeur venait définitivement en témoigner. Malheureusement, elle était également contre leurs intérêts si on en croyait les policiers qui, remarquant le calme de la fratrie, avaient jugé bon de venir leur « demander » (Exiger*) un coup de mains.
Ch’é pas., se contente-t-il de répondre d’une voix ridiculement désintéressée lorsque Ele’i se questionne sur les jumeaux qui se donnent en spectacle juste sous leurs yeux. Kestuveux qu’on faiz ? Son mécontentement le rendait ridicule, exacerbant des défauts de langage qui n’existaient, d’ordinaire, même pas. Il refusait de coopérer avec la police autant qu’avec son frère et sa sœur. Comme toutes les tsunderes qui respectent, Mana’arii se fichait complètement du bien commun et de la progression de la quête. Il se fichait de lvl up ou de réussir la mission : il n’entendait qu’à paraître mécontent et cacher que… Au fond de lui, il aimait beaucoup Ele’i et Vai’ata. ♡
Non je déconne. Il refusait simplement de collaborer avec eux dans le sens du bien commun parce qu’il était chiant et capricieux. Envoie Vai faire ce qu’elle sait faire de mieux : acheter l’amour des gens. Je suis convaincu que si elle leur tend un billet brun (ou vert ou rouge ou bleu, je connais pas la couleur des billets de pokédollars) ils accepteront de ne pas saccager la ville inutilement !
Gratuit. Pas faux. Juste gratuit. Parce que, aux yeux de Mana’arii, tout ce qu’il parvenait à retenir c’était que Vai’ata s’était barrée à seize ans et que, plutôt que de revenir dans le confort de la baraque familiale, elle avait préféré déplier pour leur confort en croyant que ça pardonnerait tous ses péchés. Ça ne marchait qu’avec les autres ça. (Mais bon, il ne s’était jamais vraiment plein d’avoir un peu plus de bouffe et une nouvelle console, donc il était probablement un peu hypocrite aussi.)
Vai'ata était déjà tendue avant même la première explosion. Ou avant que les lumières ne s'éteignent. En fait, Vai'ata était tendue avant même d'arriver sur ce trottoir, parce qu'elle savait qui allait y retrouver. Autant, Ele'i et Kiana c'était un plaisir ; autant, elle était partagée au sujet de Mana. Alors oui, elle était heureuse de le voir, et en bonne santé par dessus le marché ; mais elle avait aussi bien trop envie de l'étranger pour pleinement profiter de ce moment. C'était quoi le pire ? Les factures ? Ses regards noirs et ses insultes -elle était sûre que c'en était- marmonnées, comme s'il assumait pas d'être en colère après elle ? Ce qui, d'ailleurs, n'avait aucun sens ; il ne se cachait pas d'être en colère contre elle, si ? Oh ! Peut-être son bobard quant à son heure d'arrivée ? Elle avait quand même patienter une bonne heure avant de retourner la terre entière et d'apprendre que cet abruti était parti depuis plusieurs jours. Leur mère l'en avait tenue pour responsable d'ailleurs ; oh douce résurgence d'une rancœur mal effacée... Vai'ata n'était pas sa mère. Elle n'avait pas à passer derrière lui ou lui essuyer le postérieur comme quand ils étaient mômes. Elle commençait à s'échauffer un peu, pour être honnête. Surtout que, d'un autre côté, elle ne pouvait cesser de s'en vouloir ; c'était de sa faute à elle, si Mana lui en voulait. De sa faute à elle, qui l'avait abandonné à la maison. Elle les avait tous abandonnés pour ses rêves (sa misère de quelques années), et c'était somme toute normal qu'il lui en veuille.
En gros, c'était compliqué.
Donc quand les lumières s'éteignirent, elle n'y prêta pour seule attention qu'un regard sévère et courroucé. Elle avait hâte que Kiana (son petit rayon de soleil) n'arrive, et voilà que l'obscurité tombait. Ville en carton. Elle ne prêta même pas attention aux râles et se contenta de jeter des regards exaspérés à ses cadets ; elle avait de plus en plus hâte que cela ne cesse- Et puis là, l'explosion. Il fallait bien l'avouer ; elle sursauta. Puis chercha du regard la source du bruit. Puis, vit la foule commencer à paniquer. De façon tout à fait étonnante, cela la calma immédiatement et elle retourna son regard vers Ele'i et Mana, grands habitués des séismes d'Alola. Elle-même n'avait plus autant l'habitude, mais pour autant, elle avait été plus surprise qu'effrayée. D'ailleurs, elle en était à un point où elle craignait largement plus les mouvements de foule qu'une possible attaque... oh, une attaque. ... Oh, Kiana n'était toujours pas là. OK, elle voulait évacuer (normalement, pas dans la panique) ; mais Kiana ne les avait toujours pas rejoints, et ça ne lui plaisait pas beaucoup. Et oui, Vai'ata était bien plus préoccupée par l'absence de sa cadette que par une explosion. Il faut savoir définir ses priorités dans la vie, ce boom ne serait pas le sien. » Qu'est-ce qu'on fait ? On évacue ou on essaye de trouver Kiana ? C'était une question d'une stupidité navrante, dans l'esprit de la jeune femme. D'ailleurs, elle ne sut que lever les yeux au ciel sur le coup, avant que l'autre couillon (qu'elle adorait de toute sa putain d'âme, soit dit en passant) n'ouvre la bouche. » Ch’é pas. Kestuveux qu’on faiz ? Cette fois, elle n'eut pas la patience de se taire ; elle claqua bruyamment la langue. » On va chercher Kiana, c'est quoi cette question ! Pas "je veux", pas "on devrait", mais "on va". Il n'était pas question de vouloir ou de songer à faire ; c'était un ordre, une vérité énoncée sans la moindre nuance possible. Ils allaient chercher Kiana, et que les deux garçons ne pensent pas par eux-mêmes de la sorte l'exaspérait au plus haut point. Et que les flics les réquisitionnent aggrava encore d'autant plus son humeur exécrable. Elle se retint tout juste de les envoyer sur les roses -pour être exacte, elle allait le faire mais ils étaient déjà repartis à leurs occupations- et se contenta d'inspirer longuement. Elle allait rester calme. Tout allait merveilleusement bien se passer. La foule allait, telle la mer devant Moïse, se fendre en deux et Vai'ata allait superbement ignorer un ordre direct des forces de l'ordre pour aller chercher sa petite sœur. Et, au passage, elle allait traîner ses deux petits frères en dehors de tout danger. C'était une évidence. Donc quand les deux zigotos commencèrent à faire n'importe quoi, l'impatience et la frustration de l'insulaire grandirent. » Est-ce que c'est le genre d'situations que les policiers nous ont demandés de régler ? Honnêtement ? Elle s'en foutait. Elle était déjà en train de chercher son téléphone pour voir les dernières coordonnées de Kiana, et s'éloignait d'un pas sec. » Envoie Vai faire ce qu’elle sait faire de mieux : acheter l’amour des gens. Je suis convaincu que si elle leur tend un billet brun, ils accepteront de ne pas saccager la ville inutilement ! Et là, elle pila. Le problème, c'est qu'il venait de viser juste, et toute sa colère descendit d'un cran pour se muer en culpabilité. Son regard fixé sur son écran pixelisé, elle inspira un coup ; retint toutes les piques qui lui venaient en tête, continua de farfouiller dans ses sms. Là, Kiana était prêt de ce café... Elle devait se focaliser sur ça ; ne pas penser, qu'effectivement, elle avait pitoyablement acheté le pardon de sa famille. Et en même temps, quoi ? Elle était revenue les aider au sommet de sa gloire, au moins. C'était pas une bonne chose ? C'était une erreur, peut-être ? Non, c'était pas le moment... Elle se retourna brusquement devant les tarés qui secouaient déjà la foule, en panique. » Kiana est par là-bas. Elle rangea son téléphone dans son sac et avança d'un pas décidé. » Ils vont se pousser. Elle n'avait aucune patience, n'était que colère et inquiétude, et des énergumènes se plaçaient entre elle et sa petite soeur. Elle se fichait complètement de la demande des flics ; elle allait chercher Kiana, un point c'est tout. Et vu que ces deux abrutis avaient déjà sortis leurs pokémons, elle n'allait pas y aller par quatre chemins. Elle fit sortir Moana de sa pokéball. » Hé les Jean-jesaispasquoi ! Dégagez le passage ! C'était pas la demande initiale des agents de police.
Mana était son moi habituel. Grincheux. Et si Ele'i sortait un peu de son insouciance habituelle (ce qu'il avait fait)(ils étaient un minimum dans une situation de crise après tout), il pouvait dire que Vai n'était pas son moi habituel et allait passer la ville au bulldozer s'il le fallait pour retrouver Kiana. (et en fait il lui faudrait plutôt passer la centrale au bulldozer...) L'ambiance était donc au mieux tendue. Au pire, Mana était un bidon d'essence et Vai un baton de dynamite. Et Ele'i la potentielle allumette. Il n'avait pas le tempérament d'un baton de dynamite ou d'un bidon d'essence, mais il pouvait se révéler être une allumette involontaire. Une parole (ou un acte) malheureux et potentiellement, il pouvait faire exploser les deux autres. Sauf si Mana entrait en combustion spontannée. Huh, ça allait finir dans le sang, les boyaux et les larmes. A qui seraient le sang, les boyaux et les larmes cependant... Ele'i jeta un regard de travers à Mana'arii à sa suggestion et poussa un léger soupire. Mana, s'il te plait. C'est pas le moment. Oui Mana. Attends qu'on ne soit plus coincé dans une foule en panique avant de déverser ton venin et ta rancune. Au moins Vai décida de ne pas s'attarder dessus. Elle était beaucoup plus préoccupée par l'idée de retrouver leur petite soeur perdue que débuter un conflit. Du moins un conflit avec Mana. Parce qu'un conflit avec Jean et Eud... Evidemment, la paire de jumeau tourna son attention sur eux et apprécia peu le commandement de Vai'ata. Ele'i grimaça à l'entente des insultes et des commentaires salaces. C'était désagréable et il ne voulait pas connaitre cet aspect de la vie de sa soeur, merci bien. Vai avait déjà sorti un de ses pokémons et à son tour Ele'i fit venir Ioio. Juste à temps. L'Ursaring et le Pandarbare s'engageaient tout les deux dans une attaque Marto-Poing. Ioio, utilise Abri puis Dracosouffle ! Si les deux attaques réussirent sans trop de mal, le combat qui s'était engagé ne faisait rien pour calmer la foule autour d'eux. D'un autre côté, comment trois personnes étaient censées calmer une foule paniquée ?
Mana était un éternel adolescent incompris. (Par des gens qui ne l’avaient pas vu grandir.) Un gamin capricieux qui faisait passer ses propres intérêts avant ceux du groupe parce qu’il estimait que sa gueule > la fin du monde. Et, évidemment, il ne comptait pas en démordre. D’autant plus que Kiana non plus, il ne l’aimait pas beaucoup. Alors certes, sa colère était un peu moins mordante (Juste un peu) avec elle qu’avec les deux autres zigotos, mais il avait quand même son départ sur le cœur. Mana’arii avait une grande dramaqueen dans l’âme à toujours faire des tonnes pour trois fois rien. Après tout, qui vivait aussi mal L’ABANDON DU ¾ DE SA FRATRIE dans la vraie vie ? Franchement, il abusait. (En plus il grossissait les chiffres)
« Mana, s'il te plait. C'est pas le moment. » (En soit, il était d’accord) Parce que y a un bon moment maintenant ? Siffle-t-il entre ses dents. Les bras croisés sur la poitrine, il n’en démord pas : il est en colère. Il ne sait pas vraiment pourquoi : Vai’ata n’a rien fait de plus que d’être Vai’ata et Ele’i est toujours aussi… Enfin, c’est Ele’i quoi. (Une version d’Ele’i qu’il connaissait un peu trop intimement, qui plus est.) Il n’a aucune raison d’être aussi explosif et colérique. (Outre le malaise qui parcourt l’ensemble de son épiderme à l’instant où son frère pose les yeux sur lui bien entendu.) Il n’a aucune raison d’être plus virulent que d’ordinaire, d’être encore moins agréable qu’aux ruines… Et Arceus savait pourtant qu’il avait été exceptionnellement chiant lors de ses retrouvailles inattendues avec Ele’i. Dans le genre indécis et capricieux, on faisait difficile mieux (Ou pire selon les points de vue.). Non pas qu’il en était fier… Mais il était comme ça. En présence de l’un et de l’autre, il ne faisait usage que de dix-pourcents de ses capacités cognitives et se contentait donc de balancer des insultes dans l’espoir de se sentir plus homme… Plus respectable. C’était un peu ça « Mana’arii » : c’était la crainte incessante d’être moins et d’échouer aux côtés de ceux qui avaient réussi.
Il craignait sans cesse d’être dans l’ombre de. De Kiana, dEle’i, de Vai’ata, de Ata’Heva et de tous ceux qu’il oubliait parce qu’ils n’existent pas sur le forum. Et ça le rendait malade.
« Kiana est par là-bas. » Haussant doucement un sourcil, le gamin penche légèrement la tête. Là-bas. Il aimerait lui dire qu’il les rejoindra plus tard, qu’il préfère en découvre avec les Jean-Je-Sais-Pas-Quoi, mais en voyant sa sœur foncer dans le tas, il comprend que son excédent de colère n’est pas le seul à devoir être extériorisé : Il a tout juste le temps d’enfiler deux pensées pseudo-logiques que Moana est déjà hors de sa pokéball. Il grimace.
Il n’aime pas Moana. (Parce que c’est le Pokémon de Vai’ata.) Il la trouve trop imposante. (Elle a la même tête enflée que sa dresseuse.) Il n’aime pas l’espèce. (Parce que c’est elle qui l’a choisie.)
« Hé les Jean-jesaispasquoi ! Dégagez le passage ! » Ah. C’est comme ça que ça devait se passer ? Il y en avait eu du chemin entre l’inactivité la plus pitoyable et l’attitude de bourrin. Voyant les jumeaux se retourner vers eux, Mana’arii esquisse un sourire un peu embarrassé. Ne l’écoutez pas, ce sont les symptô- Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’Ele’i joint ses forces à celles de Vai’ata afin de contrer l’attaque combinée du duo d’ourson. Des gros oursons quand même. C’était pas de la petite marchandise.
Protégé derrière l’abri généré par le Colimucus du frangin (Ce n’était rien de plus qu’un frangin.), Mana’arii déglutit maladroitement. Il sait que la conversation ne mènera à rien et que les hostilités ont déjà été lancées… Mais la foule ne semble pas apprécier leur démonstration de puissance. Autour d’eux, les regards effrayés parlent plus que les hurlements des habitants. Non, mais vous vous souvenez des indications de la police au moins !? S’insurge-t-il. Inutile de lui préciser que, quelques secondes auparavant, il n’avait rien à foutre de la demande des autorités : il s’en moque. Maintenant que Ele’i et Vai’ata font tout de travers (On ne le changera pas.), il sent le besoin de bien faire les choses. Ça devient important, soudainement, que de répondre aux attentes qu’on a placé en eux. Mana’arii a toujours été un peu faux-cul.
Attrapant la pokéball de Kane-Hekili dans sa poche, il s’empresse d’invoquer le pokémon. Ceci dit, il est hors de question de rester en reste. Kane, profite de la couverture de Ioio afin d’atteindre l’Ursaring de l’adversaire puis attaque-le avec frotte-frimousse puis recommence avec le deuxième afin de les paralyser ! Aboie-t-il. Sans doute qu’il pourrait former une bonne team avec Ele’i qu’il ne lui crachait pas constamment au visage.
Dans tous les cas, même s’il ne s’en vante certainement pas, il retient son souffle en admirant son pokémon se précipiter en direction des deux pokémons adversaires. Il faut que ça fonctionne.
Rejoins la famille !
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