C’est le grand jour, c’est le jour J, le moment dont tu as tant rêvé qui approche. Tu n’as jamais eu autant de stress dans ta petite vie tranquille et voilà que tout se chamboule depuis plusieurs minutes. Tu es assise sagement sur ta chaise, serrant tes poings qui sont contre tes cuisses. Tu observes le sol, tentant de contrôler ta respiration afin de calmer ton rythme cardiaque. Tu sens ton pouls rien qu’en serrant tes phalanges fines et osseuses, une goutte de sueur froide perle le long de ta colonne vertébrale qui te fait automatiquement sursauter. Tu viens de ressortir de ton audition pour entamer, débuter, commencer une carrière de chanteuse. C’est ton rêve, depuis que tu es gamine, tu as travaillé dur pour en arriver là. Tu ne comptes même plus les nombreux concours que tu as passés durant ta formation, ni même les mises en situation pour être au top du top et encore de plusieurs entretiens qui ont été un échec. Tu es épuisée de ce parcours mais c’est pour une bonne cause. Tu te vois chanteuse, pas aussi célèbre que la plupart dans ce monde, néanmoins tu as envie de percer dans cette passion qui ne te quitte plus depuis tes cinq ans. Tu affiches un maigre sourire en repensant à ce jour où tu avais pris un micro pour la première fois pour chanter faussement devant ta mère et ton grand frère. Tu te souviens encore de ton frangin Nowaki qui se plaignait d’avoir mal aux oreilles après ton chant. C’était juste pour t’embêter, sauf que tu as été vexée pendant plusieurs jours, te refusant de lui adresser la parole malgré ses nombreuses excuses à ton égard. C’était sans doute vrai sur le ton plaisantin de Nowaki, tu chantais très faux avant et tu espères que tu t’es améliorée, que ta voix puisse plaire aux examinateurs qui passent la dernière candidate en ce moment même dans leur salle. Si jamais tu échoues, tu feras tout ton possible pour ne pas pleurer. Après-tout, il ne s’agit que d’une simple défaite, tu peux encore progresser pour être plus compétente, malheureusement tu ressens de plus en plus de la déprime sur tes nombreuses participations pour débuter une carrière de chanteuse. À chaque fois on te refuse, pour des raisons aberrantes. Comme par exemple que tu étais trop jeune pour ton premier entretien, ou bien que tu ne correspondes pas à ceux que recherchait le jury. Toujours des excuses à dormir debout… Ce jour cependant, cet entretien particulier, tu ne dois aucunement le raté. Pourquoi donc ? Car ton groupe favori qui commence à se faire connaître petit à petit à Hoenn vient de se séparer de leur chanteuse féminine. D’après les magazines sur eux que tu achètes tout le temps pouvant limite devenir une collection privée, l’ex-chanteuse ne s’entendait plus avec ses collègues. Tu penses qu’elle était trop arrogante ou que cette dernière à trouver une opportunité pour se hisser encore plus haut.

Tu entends le rire d’une jeune femme qui ressort de la pièce où se trouve le jury. Elle exclame haut et fort après avoir refermé la porte que cette dernière a déjà gagnée. Tu ne te souviens plus de son prénom et d’ailleurs tu ne souhaites pas t’en souvenir. Tu ne peux pas encadrer les personnes qui se croient être supérieur à tout le monde, ça hérisse constamment ta crinière sauvage qui sont tes cheveux. Tu t’enfonces dans ton siège, tu ronges l’ongle de ton pouce car tu es prisonnière de ce stress qui te torture de plus en plus. Et si tu échoues, que feras-tu ? Si le jury n’aime pas ta présentation, que tu n’es pas faite pour rejoindre le groupe Red Leaf, continueras-tu de chanter encore ? Tu ne sais pas, tu ne veux pas y penser, tu pries même intérieurement pour réussir, pour avoir enfin cette victoire que tu cherches tant à caresser de tes doigts. Puis, le verdict arrive. Un des examinateurs entre dans la pièce, tenant un dossier entre ses mains. Automatiquement, la fille arrogante se lève de sa chaise et part rejoindre l’homme. Tu soupires discrètement tout en baissant ton visage, te voilà désespérée d’avoir encore échoué. « Mademoiselle Kyoko ! » Tu sursautes de ta chaise, tout en sentant ton cœur émettre un faux bond. « O-oui ? » ta voix est hésitante, toute tremblante. « Je vous prie de me suivre, votre prestation nous a convaincus. » Tu bugs un long moment, pointant ton index sur toi, plissant tes cristaux maritimes qui nagent dans la confusion. « J’ai…réussi ? Moi ? Je deviens la chanteuse féminine des Red Leaf ? » Un sourire rassurant se dessine sur le visage de l’homme qui acquiesce sur ton questionnement tout en te demandant de le suivre. Reprenant le silence, affolée d’avoir autant de réjouissance et de bonheur en toi à propos de ta réussite, l’homme te demande subitement si tu aimes les pokémon. Une question plutôt étrange qui n’a normalement aucun rapport avec la musique. « Je n’ai pas vraiment été en contact avec les pokémon. Ma mère est réticente d’en avoir dans notre maison, quant à mon frère il est parti vivre à Sinnoh pour devenir Archéologue. » Un blanc gênant survient entre toi et le membre du jury. Il te fixe un instant et cela te rend terriblement mal à l’aise. Aurais-tu dit quelque chose de mal ? Tu sens limite ton sang se congeler et avant que tu te reprennes sur tes paroles, l’individu ouvre une porte afin de te laisser entrer dans un bureau, sûrement pour que tu puisses remplir pas mal de paperasses pour ton intégration dans le groupe. Tu peux remarquer d’innombrables photos des membres dont la fameuse chanteuse qui n’est plus avec eux.

Prenant place sur un siège désigné par l’homme, ce dernier te signale qu’il va chercher un café et les documents nécessaires pour ta carrière de chanteuse. Fermant la porte derrière lui, te voilà seule, dans le silence de la pièce. Enfin, tu pensais que seul toi se trouvait en cet endroit ce qui n’est pas le cas. Tu te sens observé, sûrement ton intuition féminine qui prend le dessus. Alors, tu réponds à cet appel de méfiance. Automatiquement, tu cherches de ton regard bleu océan la cause de ce mal à l’aise qui te ronge jusqu’à tes frêles épaules. Puis, ton attention se porte sur une petite créature qui se cache derrière le canapé. Tu lui souris chaleureusement, faisant en même temps un geste de main en guise de salutation. Il est mignon, vraiment adorable, et cela te donne des couleurs rougissantes sur tes pommettes. Tu as pu voir de nombreux pokémon à la télévision mais jamais celui-là, tu es donc dans l’ignorance sur son identité. Te levant de ta chaise, tu effraies sans le vouloir le petit être qui se recroqueville derrière le canapé. « Oh mais, je ne souhaitais pas t’effrayer… » dis-tu faiblement. Proche de lui, tu t’assoies sur la moquette qui fait guise de sol. Tu poses la paume de ta main droite sur l’emplacement de ton cœur tout en lui adressant à nouveau, ton plus beau sourire. « Je m’appelle Akiza Kyoko, et je suis désolée de t’avoir fait peur, ce n’était nullement mon intention. » Lentement, tu approches ta main du mignon pokémon, qui, après quelques minutes, décide de poser ses petites mains sur deux de tes phalanges. Le toucher te surprend un peu mais tu ne sursautes pas. C’est la première fois que tu te retrouves à faire la conversation avec un pokémon, toi qui n’as jamais eu la chance de pouvoir les côtoyer à cause de tes longues et interminables études. Tu désires soudainement caresser la zone verte sur sa tête qui doit être ses cheveux mais automatiquement, la créature recule de plusieurs pas, effrayé par ton geste. Tu trouves cela bizarre qu’un pokémon soit effrayé de l’être humain, toi l’ignorante qui n’es pas au courant de ceux que peut faire l’homme sur ces adorables êtres vivants…

L’homme revient avec une pile de documents entre les mains. « Pardon du retard. » Tu remues négativement ton visage en restant aux côtés du petit être. « Non, ce n’est rien. Quel est ce pokémon ? » demandes-tu curieuse de connaître son identité tout en étant honteuse de ne pas avoir profondément étudié sur ces créatures fascinantes. L’individu qui se nomme Gérald Izinski -pour pouvoir éviter de toujours dire monsieur ou individu afin de la décrire- est stupéfait de te voir près du pokémon. « Elle s’appelle Flora, il s’agit d’un Tarsal. Il est rare de la voir proche d’une femme. » Tu fronces tes sourcils, penchant ta tête sur le côté, curieuse de connaître le mystère de cette rareté. « Elle est à vous ? » Tu sursautes un peu lorsque Flora saisit ton index tout en te fixant des ses orbes roses presque bien cachés sous ses cheveux verts en forme de bol. « Oui et non, laissez-moi vous expliquer. »  C’est ainsi, que tu découvres la triste histoire qui trône au sujet de Flora, ce Tarsal qui se méfie désormais des femmes, du moins une en particulière. Car voilà, cette petite fleur appartenait à l’ancienne chanteuse. Cette dernière l’a abandonné salement pour entreprendre sa carrière en solo de chanteuse, son Tarsal ne faisait que de la ralentir d’après ses dires. Tu ne peux donc t’empêcher d’y émettre quelques larmes de tristesse sur cette histoire qui te pince le cœur. Comment les gens peuvent être aussi cruel ?! Tu apprends également que les autres membres du groupe n’arrivaient même pas à s’approcher de ce petit ange, sûrement car ils n’ont jamais eu de contact avec les pokémon ou alors qu’ils ont travaillé main dans la main avec l’ancienne propriétaire de Flora. Tu l’ignores, tu n’arrives pas à trouver une réponse convaincante. Gérald te témoigne qu’il est difficile pour lui de s’occuper de Flora à cause de son travail bien trop important. Tu essuies tes larmes avec un mouchoir, gâchant au passage ton maquillage qui coule de tes paupières, chose que tu ne remarques pas dans l’immédiat. « Dans ce cas, m’autorisez-vous à adopter Flora ? Je n’ai certes jamais eu de pokémon mais je ferais tout mon possible pour répondre à ses besoins. Du moins…si elle accepte aussi… » De ton index tu arrives à caresser ce qui doit ressembler à des cheveux à l’adorable petit ange. « Aimerais-tu avoir une grande sœur ? » demandes-tu tendrement à Flora en tentant déjà…de transmettre ton amour pour cet ange.

Deux semaines s’écoulent, te voilà désormais sur scène dans la région de Lumiris, en compagnie de ton groupe composé d’un chanteur, de deux guitaristes et d’une batteuse. N’oublions pas la petite Tarsal qui se trouve à ton épaule, désormais Flora est ton pokémon, c’est ta petite sœur, un nouveau membre de ta famille, famille qui est désormais dispersée un peu partout dans le globe entre ton frère à Sinnoh et ta mère à Hoenn. Tu accomplis enfin ton rêve, tu es enfin une chanteuse, mais également propriétaire d’un pokémon. Tes tournées dans cette région mystérieuse ne font que débuter et tu es certaine que tes aventures te permettront d’écrire des nouvelles chansons pour tes fans peu nombreux, pour ta famille, pour Lumiris.