Le soleil, la mer, le cocktail en plein air, les lunettes de soleil de tombeur, il manquerait plus que la chemise hawaïenne et la boucle serait bouclé. Bref, c'était dans ce cadre idyllique que je profitais de mon séjour à Port-Corail. Plongées, expéditions, aventures, ce séjour commençait à être bien rempli, mine de rien.
Tout en sirotant mon cocktail arc-en-ciel avec du sucre rouge tout autour, je me demandais comment étoffer ce voyage balnéaire. Je regardais les Babimantas sauter en suivant le rythme des vagues et les Géolises voler en suivant l'élan de l'air marin, et Galan mon Tiplouf et Rentia ma Salamèche jouaient tranquillement. Par ailleurs, ils s'amusaient à shooter les fameux oiseaux marins, l'un avec ses Pistolets à O et l'autre avec Flammèche. Tant qu'elle ne carbonisait pas la plage, le gazon, et les alentours, cela ne me dérangeait pas et j'œuvrais pour une mission d'intérêt publique : On me remerciait d'écarter ces oiseaux car, comme ça, ils ne faisaient pas leurs besoins sur la tête des passants.

Une fois le verre terminé, je payais l'addition, remettais convenablement ma longue cape noire usée mais qui m'était si chère à mon cœur et rentrais mes Pokémons dans leur objets sphériques bicolores avant de partir me balader en pleine ville, tel un véritable touriste.
Je marchais en ville aux côtés de mon Lainergie, sautillant à mes côtés tous joyeux, profitant de mon impulsion pour le faire sauter comme deux adultes pourraient le faire avec un enfant entre eux... sauf que j'étais tout seul - nous n'avions pas les mêmes chances, ok ?
Käl me soufflait alors, discrètement, qu'il commençait à avoir faim. C'était assez drôle sa manière de me le dire, de manière dissimulé. On aurait dit qu'il avait honte, en sachant que des êtres comme Tiplouf ou Salamèche n'auraient eu aucun mal à l'imposer des heures durant jusqu'à ce qu'ils reçoivent des en-cas et surtout des profiteroles succulentes.
Je me m'étais alors à la recherche d'un restaurant pour pouvoir se sustenter, car je devais bien l'avouer, moi aussi je commençais à avoir un petit creux. Marchant en face de moi, dans le sens contraire alors, une jeune femme débitait des noms idiots en parlant d'affaire à récupérer... si je ne m'abusais point, il s'agissait sûrement de Nemerya, la capitale, ma ville d'habitation officielle. Elle m'avait l'air perdu... mais j'aurais mieux fait de me concentrer sur ma propre existence.
Un idiot ou une idiote avait laissé une peau de banane par terre et je venais de trébucher, au même moment où la jeune brune allait me dépasser. Ah non mais quel idiot ! Je vais faire comment pour pécho ! (De toute façon, je suis homo, c'était juste pour la rime non mais oh !)
J'avaiiiiis telllemeeeent honteeeeuh !!
Käl s'excita et des morceaux de coton jaillir d'entre ses mains pour arranger au mieux ma chute. En parallèle, Kyora, ma Kirlia, ne tarda pas à sortir de sa sphère rouge et blanche. Premièrement, parce que son meilleur ami était présent, deuxièmement parce que depuis la Psychose elle était devenue ma garde du corps me surveillant jour et nuit H/24, et troisièmement car j'étais, selon elle, sûrement en "danger de mort".
Une fois au sol, Kälester se tourna vers Kyora, tout sourire, l'air parfaitement humble. Il semblait lui dire que, pour une fois, il avait été plus rapide qu'elle pour intervenir mais ce n'était pas grave. Je n'allais pas me casser le coccyx non plus !

—  Neeeh-méééér... mais quel idiot ! Il est vraiment temps que je mange, c'est pas possible ça. L'hypo me fait faire n'importe quoi.

Allez, mais bon dieu, quelle personne suffisamment sale n'avait pas jeté sa banane ? Ou, mais quel dresseur ou quelle dresseuse avait laissé les bananes de son Tropius se faire la mal ?! Ca, c'était comme les étrons, ça se ramassait, arg. Bon, je n'allais quand même pas généraliser maudire le monde entier et généraliser en disant que "Tous les Lumiriens étaient sales" car cela n'appartenait pas à mes habitudes - on ne peut généraliser un comportement car il ne s'appliquera jamais à tout le monde, à mon humble avis -, mais j'étais quand même, un peu, énervé. Je me sentais quand même, un peu, honteux aussi.

Par chance, la bienveillance me sourit, et une jeune femme qui m'avait l'air adorable s'inquiéta de mon sort. Une Evoli, déterminable par la forme de cœur sur son pelage - on était chercheur, ou on ne l'était pas haha ! -, venait de se présenter à mes compagnons. Qu'elle était mignonne à tenter de les intimider en grossissant son pelage, mais elle ne risquait pas de les effrayer en outre mesure - sauf si elle décidait de charger un Ultralaser sorti de nulle part. Si Kälester, le Lainergie, était mignon et lui souriait avec chaleur en commençant presque à lui faire la discussion, Kyora ne daigna même pas un regard, obsédée uniquement par son dresseur et peu intéresser par les petits Pokémons qui jouaient les gros durs qu'ils n'étaient pas.

Désormais, il était temps que je m'intéresse à mon interlocutrice. Une jeune brune aux yeux mauves, presque comme ma "couronne" violette sur le devant de mes cheveux. Elle me tutoyait, je préférais les rapports francs et directs.

—  Oui, oui ça va. Je te remercie. Tu peux toujours vérifier si j'ai rien mais en théorie, tout est en ordre.

lui adressais-je avec mon sourire affable, ma sympathie habituelle que je réservais à toutes personnes que je croisais, et se reconduisait à celles que je trouvais méritantes, où le feeling passait bien. Ah et c'était en voyant les personnes agir que nous les découvrions vraiment. Souvent, une personne aussi sincèrement désolée, pour un truc qu'elle n'a pas commise qui plus était, était une belle personne, un être avec de belles valeurs morales. Je dissipais le doute illico presto, en espérant pouvoir dissiper son sentiment de culpabilité qui n'avait point lieu d'être.

—  T'en fais pas, c'est pas toi la coupable, haha. C'est la peau de banane, regarde.

Je lui indiquais l'autrice du crime et Kyora s'en alla immédiatement la jeter pour que personne - surtout pas moi - ne retombe dedans en la jetant dans la poubelle la plus proche, comme si elle l'avait prise pour un panier de Basketball.

Par la suite, elle proposait de m'inviter à manger quelque part et l'entendre se plaindre qu'il n'y avait pas autant de restaurants et snacks, etc. qu'au sein des deux plus grandes villes de la région de Galar. Donc, elle venait de Galar ? Intéressant, je n'y étais jamais allé. J'avais entendu dire que de la famille éloignée y habitait, sans en avoir plus de détails. Et je ne pus m'empêcher de la reprendre, sans agressivité évidemment.

— Quoi ? Mais on est dans une station balnéaire, il y a des restaurants à chaque coin de rue près des ports, des plages ! J'allais justement, de manière très déterminé, si bien que je ne regardais pas où je m'étais les pieds, dans un bon restaurant que je voulais essayer, haha. Et laisse, tu y es pour rien, pas besoin de payer ma place.

Elle s'excusa encore. On aurait dit moi il y avait quelques années, mais j'avais mûri. S'excuser pour rien ou se morfondre d'excuses n'étaient pas la solution. Elle me fit sourire de nostalgie... Lumiris semblait avoir balayé l'innocence que j'avais réussi à conserver jusqu'à ce que je parte de Sinnoh il y a quelques mois. Je clignais furtivement des yeux pour reflouer cette montée de souvenirs et rester concentrer dans le moment présent.

—  Arrête, tu n'y es pour rien, je t'assure. Sauf si t'as mangé une banane et que tu as fait exprès de la lancer et que tu fais des allers-retours en espérant que quelqu'un se la prenne, haha ! Sinon, tu veux que je t'emmène dans ce restaurant ? Je pourrais t'y conduire, je connais super bien Port-Corail ! Sinon, ça fait longtemps que tu es arrivée à Lumiris ? Tu viens d'ici ou ailleurs de la région ? Au fait, je m'appelle Khoren, enchanté Sasha.

Je posais décidemment bien trop de questions. J'allais vraiment finir par avoir l'étiquette du mec "lourd" ralalalalalah.

L'impression de la jeune femme qui était venue à mon secours se confirmait de plus en plus. Je la trouvais de plus en plus adorable et en vue de ses réponses, je n'avais envie que de l'aider, de la protéger... même s'il n'y avait pas grand-chose à craindre dans une ville aussi touristique que Port-Corail.
La jeune femme complimenta ma Kirlia à la suite de son beau panier, je ne pus m'empêcher de renchérir.

— C'est bien Kyora ! Tu t'améliores !

Tout en répondant et tâchant de déculpabiliser la jeune femme qui ne pouvait s'empêcher de s'excuser alors qu'elle n'y était pour rien, j'entendis son ventre grogner abondamment, largement plus que moi. Bah alors, elle semblait alors encore plus affamée que moi la dénomée Sasha ! Je lui répondis sans vaillir.

—  Haha, moi aussi j'ai terriblement faim ! Et oui, tu peux pas te défiler avec un grognement comme ça ! Et moi peut-être un Wailord, que je pourrais manger, même !

Je riais de bon cœur. C'était bizarre qu'un feeling soit aussi positif à peine que je venais de rencontrer quelqu'un. Au moins, elle aura égayé ma journée. Elle m'expliquait alors ses péripéties, ne pouvant m'empêcher d'afficher des expressions faciales surprises - sûrement exagérées pour coller à mon personnage - mais des sourires tristes véritablement compatissants.

— Ooooh non mais décidemment, tu as vraiment pas de chance toi... Ton bus allait où ? Tu sais où tu pourrais retrouver ta valise ? J'espère que ces galères vont vite se régler pour toi ! Et t'inquiète pas, j'ai bien compris que tu étais perdu. Mais comme je viens de te le dire, je maîtrise parfaitement Port-Corail. Je peux te montrer le restaurant où je veux aller manger ? Comme ça, tu pourras manger ton Wailmer !

Je lui laissais le temps de répondre, m'assurant qu'elle soit d'accord pour cette idée. Après tout, elle avait bien trop faim pour refuser, peu importait sa fierté, elle ne pourrait pas se laisser mourir de faim. Je lui montrais alors le chemin en ouvrant la marche, à ses côtés, après avoir salué mon Lainergie et ma Kirlia, sans oublier une attention à la petite Evoli.

Sur le trajet, je me rappelais alors qu'elle m'avait partagé qu'elle venait de galère.

—  Tu... Tu m'as dit que tu venais de Galar, n'est-ce pas ? J'ai de la famille éloignée là-bas. Je n'y suis jamais allé, c'est si bien qu'on le dit ? Personnellement, cela fait quelques mois que je suis arrivé de Sinnoh où j'ai passé toute mon enfance et adolescence avant de venir ici pour voler de mes propres ailes.

A la suite du grognement ventral de la dénommée Sasha, donnant presque l'impression que le Maître des Continents venait de débarquer et faire trembler la terre jusqu'à ce qu'elle se brise en deux - d'accord, mes métaphores étaient de plus en plus extrêmes, comme toujours -, la jeune femme me dévoila alors être végétarienne. Que devais-je répondre à cela ? Je savais qu'il était important actuellement de réduire considérablement sa consommation de viande, et même que généralement, un mouvement se vouait à modifier notre alimentation pour qu'elle devienne plus saine et raisonnée. Moi, dans tout ça, comment est-ce que je me situais, me représentais ? Mes parents m'avaient habitué à manger de tout mais avec considération, ne pas abuser pour ceux et celles qui n'auraient pas les moyens de manger à leur faim. Avec eux, je n'avais pas été habitué à vivre dans la gourmandise, à l'inverse de chez mon oncle où tout était démesuré. Aujourd'hui, je crois que me retrouvais dans les valeurs actuelles, même si c'était compliqué, j'essayais.

— C'est bien d'être végétarien, surtout aujourd'hui, pour le bien-être pokémon, tout ça, tout ça. Moi... je sais pas trop ce que je suis, je mange encore de la viande, mais pas trop, la plupart du temps, je n'aime pas. J'essaye de faire des efforts sur mon alimentation pour qu'elle soit plus éthique.

Par la suite, Sasha me raconta sa mésaventure de la matinée. Comme quoi elle devait rejoindre Nemerya, qu'un bus l'avait emmenée dans la mauvaise direction, qu'elle avait rencontré une personne "aimable" qui l'avait ramené à Port-Corail. Cela n'avait pas dû être évident, je compatis immédiatement pour la pauvre jeune femme. Elle ne méritait ce genre de choses, du moins je le pensais vraiment à cet instant. D'ailleurs, après lui avoir répondu, son Evoli ne put s'empêcher d'attirer l'attention sur son estomac, je ris d'innocence face à cette scène.

—  Wooow mais quelle histoire ! Tu as pas de chance... j'espère vraiment que ça va s'arranger pour toi. Je peux pas faire grand-chose pour toi si ce n'est te changer les idées, te faire positiver, avec un bon repas. Ah, et t'inquiète pas, petite Evoli, on va pas tarder à manger. Ca ira mieux après, je te le garantis !

Je lui adressais un clin d'oeil en accentuant la marche. Sur le trajet, Sasha me parla de Galar, une région plutôt innovante en la matière, qui avait décidé de s'engager pour le climat à fort échelle, sous l'impulsion du "Maître Invaincu", Tarak, me semblait-il. Cette région, tout comme Lumiris, semblait avoir un bel avenir. S'ensuivit qu'elle me demanda alors comment était Sinnoh.

— Oooh c'est chouette ! J'avais vu quelques images, les Terres Sauvages sont magnifiques et la capitale est grandiose ! Après, c'est une capitale, c'est pour ça. Et sinon, Sinnoh, c'est une région plutôt ancienne. Dans le sens où le mysticisme est très présent, en l'occurrence avec la chaîne de montagne et les Colonnes Lances. Sinon, il y a des villes plutôt naturelles, plutôt industrielles, dans le froid, et même une ville écologique du nom de Rivamar et pas mal de lacs et de grottes mystérieuses et mystiques. Avant de venir à Lumiris, j'adorais explorer ma région de fond en comble, c'était si beau.

Par ailleurs, je me retenais de dire que la pollution était générale, se trouvait partout et que la plupart du temps, c'était les capitales les endroits les plus pollués, ou alors les endroits pollués le devenaient de part leurs attentions de se développer. Mais, elle était si gentille que je ne me permis pas de lui répondre. Après tout, je ne connaissais pas la région de Galar.

Ensuite, nous arrivions près du port, dans une rue adjacente à une grande place, pour atterrir dans une rue remplie de restaurants. Une fois arrivé face au restaurant en question, correct et bien représenté, sortant presque du lot par rapport aux autres, nous arrêtions devant les pupitres où se tenaient les menus comme il était coutume, pour lui laisser voir si cela lui convenait.

—  J'aime bien ce restau car ils proposent vraiment de tout. Et j'ai pu voir qu'ils ont même une rubrique végan et végétarien. Comme ça, il y en a pour tous les goûts ! Alors, ça te plaît ? Ou tu préfères aller autre part ?

Cette jeune femme était un vraie numéro, aussi gentille que drôle. C'était rafraîchissant. Elle vérifiait mes propos pour être sûre que je ne réponde pas des choses juste pour lui faire plaisir. En outre, j'avais remarqué que les personnes qui s'excusait à outrance étaient généralement des personnes ayant une bonté d'âme remarquable.

—  Non, non t'inquiète. Je suis vraiment flexitarien, je crois que c'est comme ça qu'on dit. Et alors... je vais faire exprès de prendre une des viandes parmi les seules que j'aime juste pour pas que tu puisses voler mon assiette haha ! Et encore, ne t'inquiète pas, au moins avec toi on s'ennuie pas comme t'es si bavarde !

Ensuite, nous étions partis pour le restaurant que je convoitais depuis le commencement de mon séjour à Port-Corail. Sur le trajet elle me parlait de ses mésaventures, ses premières du peu que je comprenais par rapport à ce qu'elle me sous-entendait, avec une autodérision qui rivaliseraient presque avec la mienne dans ma propre vie même si je n'étais pas aussi poisseux avouons-le : C'était moi-même, consciemment, qui m'envoyait dans des situations risquées... voire mortelles. Et donc qui devenaient mortellement drôle à raconter après tellement cela en devenait ridicule, il m'arrivait parfois d'imaginer qu'un scénariste se lance dans un dessin animé complètement absurde sur ces souvenirs là, renforçant le côté loufoque des événements.
Par la suite, elle me raconta quelques informations sur Galar, les Terres sauvages et comme quoi elle ne possédait qu'Ella comme pokémon, son mignon petit Evoli.

—  Ma cousine éloignée adore passer son temps aux Terres sauvages, ses parents possèdent une grande pension-refuge là-bas. Et donc tu n'as que Ella ? Tu ne voudrais pas en avoir d'autres ? Je t'avoue que j'ai une équipe plus que complète actuellement. Kyora et Käl sont mes deux premiers partenaires de vie.

Nous parlions ensuite de Sinnoh, ma région natale, celle qui me fascinait autant qu'elle m'effrayait. Non, en vrai, elle ne cesserait jamais de m'émerveiller, simplement, mes souvenirs familiaux n'y étaient guère joyeux. Par ailleurs, personne ne connaissait mon passé avant Lumiris, et je n'étais pas prêt de le dévoiler pour autant.

—  Oui, Sinnoh est une région géniale. C'est vraiment une région à visiter. Il y a de superbes coins, et les légendes ainsi que les mythes rendent la plupart des lieux incroyables. Ca favorise l'imagination... ou la ferveur des croyants. C'est peut-être depuis que j'ai vu Créfadet au Lac Courage que j'ai eu... justement le courage de quitter ma région natale pour Lumiris. Autrement, je suis d'accord avec toi. J'ai bien envie de voyager et découvrir le monde. Galar est vraiment une région que j'aimerais visiter... cela me permettrait de revoir ce côté de la famille que je ne vois plus haha.

Je ris encore par sa blague qu'avant de découvrir le monde elle voulait découvrir ce restaurant. Je lui répondis à l'affirmative, moi aussi mon ventre criait famine comme si je ne l'avais pas nourris depuis dix jours - D'accord, j'exagérais sûrement.

Un serveur arriva à son tour et nous proposa si nous préférions manger à l'intérieur du restaurant ou sur la terrasse donnant sur le port et ainsi la mer et ses magnifiques panoramas. J'acquiesçais.

—  Oui, en terrasse, monsieur, ça serait super !

Une fois installés, on nous tendit la carte des menus. Je lui demandais si la carte l'inspirait et si elle désirait une boisson, un cocktail tout en lui exposant mes choix. En effet, je choisissais vite - ou à moins que je n'avais déjà entamé mes recherches avant de venir, qui c'est !

—  Alors, quelque chose te plaît ? Tu comptes prendre un cocktail ? Je ne sais pas encore perso', ça dépendra de mon plat. Je suis étudiant, je devrais peut-être éviter de me faire trop plaisir non plus, haha. Sinon, je pense partir vers un moules-frites à la marinière pour coller avec le décor autour de nous et une belle coupe glacée.

Durant ce temps, Käl, le mouton rose à la laine la plus douce qui existait sur cette planète, était assis sur une chaise à nos côtés tandis que Kyora s'était avancée vers le bords de la terrasse pour observer l'horizon, la ville, le port, comme une véritable exploratrice.

Sasha semblait déterminée à vouloir piquer le contenu de mon assiette. Je ris, j'allais sûrement prendre des frites... Devais-je lui dire ou pas ? Je préférais esquisser un sourire et des propos plein de malice en guise de réponses pour brouiller les pistes.

—  Haha baaah je sais pas si je vais en prendre alors ! On verra bien ce qui me tentera sur la carte !

Nous parlions derechef de pokémons, en particulier des nôtres, sur le trajet jusqu'au restaurant. Comme je le pressentais, Sasha ne possédait que son Evoli. Ceci étant, comme on le disait aussi dans un domaine grivois, ce n'était pas la taille qui compte. Et même, je pensais qu'il fallait mieux privilégier la qualité à la quantité. Personnellement, mes Pokémons étaient mes partenaires de vie, ils comptaient beaucoup à mes yeux. Même si certains n'étaient là que par dépit... et ça me dévore à l'intérieur de reconnaître un favoritisme entre les Pokémons désirés et les autres reçus par dépit. Par ailleurs son avis sur la question d'agrandir son équipe était intéressant. Je partageais la même vision des Pokémons, ou alors plus ou moins.

—  Juste ? Mais Elladora a l'air exceptionnelle ! Elle mérite toute l'attention du monde ! Et tu sais, je n'ai pas l'âme d'un collectionneur aussi et je comprends ce que tu ressens vis-à-vis de ton premier Pokémon. Kyora pourrait t'en parler... si elle savait parler ! J'ai beaucoup réfléchi avant de "capturer" de nouveaux Pokémons car... j'avais une relation fusionnelle avec elle et je craignais la jalousie ou la peur de ne pas aimer assez tout mes Pokémons de manière équitable. Finalement, j'ai décidé que mon deuxième Pokémon serait choisi principalement par Kyora car je ne voulais pas qu'elle subisse un autre individu. Ce deuxième... c'est bel et bien Käl, mon Lainergie. Enfin, ce que je veux te dire, c'est qu'il est possible d'avoir d'autres Pokémons et de continuer à aimer autant notre premier... voire plus car le temps et les moments amplifient

Tout en parlant, Kyora hochait la tête de manière compréhensive et le mouton rose se tourna en sautillant joyeusement. Puis, les deux Pokémons se prirent la main avant de sautiller ensemble un peu plus loin devant. Le sujet de discussion changea des Pokémons au tourisme et à la géographie, en passant par Sinnoh et Galar... sans oublier le problème d'orientation de la jeune Sasha qu'elle a répété à plusieurs reprises. Cela devait être très sévère pour marquer autant d'importance. Je ne pus m'empêcher de glousser.

—  Franchement faut trop que t'aille à Sinnoh au moins une fois. Comme moi faut trop que j'aille à Galar. Et sinon, si tu veux, je peux devenir ton guide personnel à Lumiris. Même si j'ai quelques lieux auquel je n'ai jamais mis les pieds, ça serait avec plaisir de te montrer les endroits que je connais déjà ! Même ceux que je ne connais pas, pardi... ça pourrait être drôle. OOOOh y'es infirmière Pokémon ??? Mais c'est génial ! Faut vraiment qu'on devienne amis, ça doit être archi pratique d'avoir une amie qui sait comment guérir les Pokémons, surtout dans des situations urgentes. Bon après moi j'suis qu'un piètre inventeur, je ne sais pas ce que je pourrais apporter en échange... si ce n'est des inventions pas très utiles.

Il n'y eut que quelques mètres de silences avant que Sasha ne reprenne pour s'excuser de trop parler et qu'il ne fallait pas hésiter à le lui dire. Fort heureusement, je n'aimais pas vraiment le calme. Alors, l'entendre déblatérer des phrases les unes après les autres, avec un sens en plus, me ravissait. Je ne pus m'empêcher de la déculpabiliser encore une fois.

—  T'en fais pas j'aime bien t'entendre parler. Le silence me tue, alors parle. Après, le chant des Géolises me détend aussi. Et haha, hâte que l'on mange alors aussi. On a tous les deux très faiiiiiim.

Une fois rapidement installé en terrasse du restaurant, les cartes arrivèrent plutôt tout aussi vivement. Je pris le compliment de Sasha droit au coeur au sujet de la carte appétissante, cela me faisait plaisir qu'elle aime. Après, avais-je un quelconque mérite ? Je ne m'étais pas tellement mis en danger en choisissant un restaurant aussi large dans sa gamme alimentaire.

Tandis qu'en lui disant que j'allais sûrement prendre des mini-Kokiyas avec des frites, je lui demandais ce qu'elle allait prendre. Si tout comme moi le choix du dessert restait encore un mystère, elle semblait avoir jeter son dévolu sur une salade qu'un serveur venait d'apporter à un autre client.

—  C'est vrai qu'elle a l'air délicieuse. Même si je ne suis pas fan des Escargaumes... Le dessert, je ne sais pas non plus même si je risque de prendre une After Eight. Et d'accord, en vue de nos situations, il est préférable sûrement que l'on prenne de l'eau tous les deux haha. Tu as des pistes pour un travail ? Et tes parents ne peuvent pas t'aider ? Et autrement, je suis étudiant en ingénierie en parallèle d'une licence en Pokélogie. J'avoue qu'en ce moment, je développe davantage la dernière haha, en étant en vadrouille aux quatre coins de Lumiris. Quoi que... j'ai toujours une bidule de mécanique dans les mains...

Entre temps, le serveur vint pour commander nos plats. Serviable et souriant, il nota nos repas sur son bloc notes et repartit, après avoir complimenté la belle Evoli. Je me rappelais alors qu'elle m'avait demandé mon âge et je m'empressais alors de répondre.

—  Ooooh et... j'ai 19 ans et toi ? T'inquiète, c'est loin d'être indiscret, ce n'est qu'un âge haha.

Il y avait des personnes dans ce monde où des connexions sans pareilles se tissaient dès les premiers contacts. Souvent, ces personnes, nous les gardions toute notre vie tellement nous nous entendions bien avec, tellement nous avions l'impression de les connaître depuis toujours. Peut-être que cela sera le cas avec Sasha. L'avenir nous le dira, après tout il était généralement très courant que je vois les personnes qu'une seule fois dans ma vie car soit nous ne pouvions pas nous revoir, soit les personnes ne voulaient pas me revoir. A voir, je m'entendais très bien avec la jeune femme aux cheveux sombres. A voir ce que cela pourrait donner à l'avenir !

L'entendre parler d'Elladora me fit esquisser un grand sourire et pétiller mes yeux. J'utilisais les mêmes qualificatifs pour décrire mon lien avec Kyora lorsqu'elle n'était qu'une petite Tarsal. Attention, je ne disais pas que cela avait changé mais que cependant, les mots pour décrire notre relation avait changé. Nous n'étions plus un duo mais une famille. Malgré sa place particulière au fond de mon cœur, un petit peu de mon amour était partagé à chacun de mes Pokémons, plus ou moins équitablement et cette relation fusionnelle que je tissais avec Kyora avait dû cessé... Du moins en surface puisque si nous avions arrêté de se le dire, nos actes continuaient de parler pour nous. Et chez nous, les actes de sacrifices en disaient énormément sur l'affection que l'on portait pour l'autre.

— Comme je ne pourrais me séparer de ma famille de coeur, celle que j'ai choisie, celle qui s'est formée au fil de mes aventures. C'est dingue à tel point que des liens aussi forts puissent voir le jour comme ça. Mais t'en fais pas, je suis sûr que ta Evoli comprendra que tu ne cessera pas de l'aimer ou elle ne pensera pas que tu l'aimera moins à l'arrivée d'un deuxième compagnon. Je suis sûr que cela se passera bien. Si tu l'as prépare, si tu lui fais rencontrer d'autres Pokémons, si tu interagis avec d'autres Pokémons, sans pour autant oublier de la chérir, cela devrait bien se passer. N'ai crainte. Cela se fait tout seul, quand le moment est venu.

Ensuite, elle me bombarda de questions sur mes Pokémons. Combien est-ce que j'en avais, comment les avais-je rencontrés, comment est-ce qu'ils se comportaient entre eux, etc. Cette jeune femme était très intéressée par les autres, attentive, et c'était un vraie plaisir de discuter et l'écouter.

— Haha t'en fais pas. Juste, hésite pas à me le rappeler si j'oublie de répondre à une question, au cas où j'oublie ! Alors, j'ai quatre autres Pokémons avec Kyora et Kälester. Généralement, je les rencontre lors de balades, d'expéditions, ou alors lors de mes aventures improvisées. Je ne force personne à rejoindre ma petite famille. Et disons que l'atmosphère générale est plutôt bon. Après, généralement, cela dépend de l'éducation, comme dans une famille humaine, l'atmosphère dépend beaucoup des valeurs, des principes, etc. Par exemple, mon troisième Pokémon, Axion, un Absol, représente la figure paternelle du groupe et il prend très à cœur la protection et l'entraînement des plus petits, en l'occurrence Rentia ma fougueuse Salamèche et Galan, mon Tiplouf peureux mais qui deviendra le plus courageux des Pingouins plus tard... j'en reste persuadé haha. Après, Käl reste le Pokémon central de mon équipe, il est l'élément fédérateur. Sans lui, la cohésion peinerait drôlement. Il doit avoir quelque chose d'apaisant pour temporiser l'ensemble comme ça.

Quand il s'agissait de parler des choses ou des êtres qui me passionnent, moi aussi je pouvais devenir une vraie pipelette. Non mais, je devrais me taire aussi. Cela tombait bien car Sasha m'expliquait son point de vue sur la communication entre les humains et leurs Pokémons. Et j'acquiesçais en l'écoutant car j'étais complètement d'accord, la communication non-verbale était aussi très très importante, ou ne serait-ce dans la manière de crier, de parler, de s'exprimer. Le ton en disait long sur les propos de l'animal.

— Je suis d'accord, les gestes sont supers importants. Après, plus on passe du temps avec notre Pokémon, plus on apprend à comprendre ses signaux et donc lui-même. Non mais avec Kyora, je suis pareil ! On se comprend tout le temps, mais surtout avec Käl, on est toujours sur la même longueur d'ondes. Et, haha si Elladora n'a pas de pouvoir de télépathie, Kyora oui et grâce à l'imagerie mentale, cela facilite pas mal les choses !

Après que nous ayons parlé des Pokémons, notre sujet revint sur le tourisme et ma proposition de devenir son guide. La miss s'était même tapé un délire sur ma tronche en tant que guide improvisé ! Mais quel malotru ! Elle osait se moquer de ma gentillesse !.. Non, en vrai, c'était si drôle que je ne pouvais douter de sa santé mentale car je venais d'exploser de rire aussi. Mon petit doigt me disait que ce ne serait pas mon dernier fou rire de la journée, loin de là.

— Hahahahaha il fallait pas me le dire ! Maintenant obligé je vais devoir durant la visite guidée t'expliquer l'importance d'un objet complètement banal et tu y verras que tu du feu avec mes cours de comédie ! Hahahahaha

Après ce fou rire à m'en détruire les côtes, nous reprenions les questions pour faire connaissance. Si je lui avais parlé de mes activités, je saisissais qu'elle était en études et il n'était pas rare qu'un étudiant ait un emploi pour pouvoir se les payer. D'ailleurs, si mon blog permettait un léger revenu, sans mes bourses à critères sociaux, je serais aussi dans cette obligation. Sasha avait aussi livré des détails qui ne m'avaient pas laissé indifférent : Ses grands-parents ? Pourquoi ses grands-parents ? Qu'avaient-ils pu faire pour qu'elle ne veuille pas les déranger plus que ça ? Ils étaient justement là pour gâter leurs petits-enfants haha !

— Un Café à Galar ? Disons que tant que ça rapporte de l'argent, c'est le principal. Ce genre de boulots, faut se dire ça, de toute façon, on y restera pas à vie. Moi non plus je n'aime pas déranger mes grand-parents, mais ils sont là pour ça, tu sais ?

Je me faisais doucement rire. Je n'avais plus mes grands maternels que j'adorais, disparus bien trop jeunes, et je ne voyais plus ni n'échangeais avec mes grands-parents paternels puisque notre père n'avait pris la peine de nous habituer à les voir. Cependant, dès que j'osais traversé le palier de leur porte, ils m'accueillaient avec la plus grande des chaleurs et ils s'avéraient dotés d'une générosité sans faille. Ma famille... cela restait un sujet difficile à aborder. Lise avait tant essayé de me faire parler, mais elle n'avait eu que la surface. Malgré tout, mon grand frère Kharün commençait à énormément me manquer. Mon regard était dans le flou, je retenais ma vieille cape usée mais si chère à mes yeux. Hélas, je balayais ces histoires et ces sentiments bien fâcheux en un clignement de cil et mon sourire éclatant vint les repousser au plus profond de moi-même, tandis que j'emmenais Sasha au restaurant.

Nous fûmes installés en terrasse et servis plutôt rapidement. J'étais assez content du service, le serveur était très serviable... et plutôt mignon par ailleurs. Métisse, blond, yeux bleu saphir, bien sapé par sa profession, wooow mon petit... hurm, cœur allait fondre.
J'arrêtais alors de baver pour me reconcentrer sur Sasha qui me livrait un événement funeste de son histoire où je ne fus qu'obliger de m'émouvoir. C'était si triste ! Mais je ne pouvais dire mieux de mon histoire familiale... Peut-être était-ce pour cela qu'elle était un mystère pour les Lumiriens et Lumiriennes. J'avais tendance à dire que ce qui était à Sinnoh, restait à Sinnoh. Les yeux brillants, je lui répondis, d'une voix éprise par l'émotion.

— Ooooh nooon... Quelle fin atroce. En plus, cela avait l'air d'être une grande femme et un grand homme. Je comprends alors ce que tu m'avais sous-entendu tout à l'heure...  C'est bien si tu sais que tu peux te tourner vers eux.  Mais tu as raison qu'il est aussi important de montrer que l'on peut se débrouiller tout seul. Par exemple, je me gère totalement ici. Après, dans mon cas, je le fais par obligation car personne n'est apte ou ne veut m'aider. Si... si... si je peux te faire une confidence, je vivais à Sinnoh avec mon grand frère chez mon oncle à Unionpolis, la capitale et la plus grande ville moderne de la région. Il a été fermement contre mon départ et il a tout fait pour m'empêcher de partir. Mais, désireux de quitter les jupons de mon frère, j'en ai été contraint pour prendre mon envol.

Décidemment, cela faisait deux fois que malgré elle, Sasha me poussait dans mes retranchements et touchait mon émotion, me faisait perdre la voix... Oui, elle me poussait vers ces domaines de ma vie que je ne voulais pas aborder, pas accoster, même pas questionner... Non, je ne voulais pas répondre à ces questions qui m'assiégeaient. Non, je ne voulais pas parler de ma famille. Les Drayking, les Damguan (oncle, côté maternelle), c'était du passé. Je n'en portais que le nom. Ma famille, c'était mes Pokémons et les rencontres que je faisais à Lumiris.

Kyora s'approcha directement de moi en ayant senti ma peine que je tentais de dissimuler. Si bien que même Käl n'avait pu la sentir. Elle ne fit rien mise à part poser sa main sur mon dos, sans même ajouter un seul mot. Son contact fut plus que rassurant et je repris le contrôle de mes émotions lorsque le serveur arriva pour nous donner les plats. Cette image me redonna directement le sourire. Mes Pokémons se jetèrent dessus. Enfin, Kyora le fit avec grâce, non pas parce qu'elle était une princesse - ce qu'elle était en somme ! -, mais plutôt car elle voulait s'assurer que je ne replonge pas.

—  Je suis d'accord, ça a l'air délicieux ! Même ton plat ! On va tellemeeeeeent se régaler Mouaaaah ! J'ai si hâte de tout manger !  

Presque sans attendre, je commençais à manger et ce fut un délice en bouche. Mes émotions les plus sensibles ou négatives n'allaient pas pouvoir me déranger ici, j'étais en extase culinaire et cela se voyait, tous mes pores respiraient et exprimaient celle-ci.

La phrase de Sasha était si attendrissante, très joliment dit. Je lui répondis qu'en tant qu'amateur de poésie, j'étais familier à ce genre de vocabulaire hyperbolique et lyrique. En plus d'être si gentille, elle savait aussi parler avec de belles intonations. Par la suite, elle eut l'air surpris que j'ai une équipe complète. Je ne pus m'empêcher de rire avant de répondre. Je la comprenais parfaitement, je les préférais en dehors qu'à l'intérieur de leurs sphères bicolores.

—  Ils sont à ma ceinture. Je préfère les avoir en dehors, mais disons que les gens n'aiment pas trop, surtout s'ils ont une certaine morphologie haha. Maintenant que j'en ai six, j'peux plus me permettre de les sortir comme ça. Et six, c'est un minimum, j'en ai d'autres chez moi. Si tu veux, on peut se poser dans un parc ou à la plage tout à l'heure pour les faire prendre de l'air !

Accompagnant le geste à la parole, je lui démontrais mes autres Pokéballs, qui bougèrent légèrement tandis que je parlais d'eux, en élevant ma vieille cape noire pour permettre cette visibilité.

— Ma foi, il n'y en a qu'un... ou deux, si j'ose dire, que je garde majoritairement dans leur sphère. Axion mon Absol préfère rester dans sa Pokéball et jaillir dès que nous avons un problème. C'est la figure paternelle de l'équipe. Et... il y a Skoon, mon Barpau. Il appartenait à Lise Gray, mais j'avoue que je le prends pour honorer son cadeau...

Si j'étais fier de présenter Axion, ce n'était pas le cas de Skoon, mais la réalité me rattrapait, n'arrivant guère à mentir. J'honorais le cadeau de Lise, mais mes coéquipiers ne l'appréciaient pas vraiment, même s'il nous avait sauvé la mise bien des fois étant le Pokémon ayant la plus large diversité de capacités à cette époque-là. J'étais désolé en présentant le Barpau, ce genre de traitement ne me représentait pas le moins du monde. J'espérais qu'il me pardonnerait d'avoir fermer les lieux plus tard, lorsque j'aurais du temps pour m'occuper de lui après le développement de mes deux bébés, mon Tiplouf et ma Salamèche aux couleurs de Raïkou.
Je préférais rapidement bifurquer sur la manière de communiquer avec ses Pokémons. Parler de Kyora ou de Käl étaient plus faciles.

— Oui, tu n'as pas à être jalouse. On apprend tous à échanger avec ses Pokémons. Il n'y a pas une méthode meilleure que l'autre haha. Puis, l'essentielle, c'est de savoir communiquer avec ses Pokémons. La manière n'est qu'un moyen d'y parvenir.

Je souris tandis que le mouton rose et ma p'tit Kirlia me regardèrent en tendant un pied et une main vers moi. Dès que je pris leur main tendue, ceux-ci débutèrent quelques pas de danses grâcieux, plus volumineux chez Kyora, et un simple tour sur lui-même pour Kälester. J'acquiesçais et renforçais mon enthousiasme pour la visite, puis, nous partîmes au restaurant.

Installés en terrasse de ce superbe restaurant, les plats servis, nous reprenions notre conversation afin de continuer notre élan de présentation mutuelle. Elle me parlait de ses grands-parents, je ressentais une profonde tristesse et une certaine nostalgie. Je souris tout de même, elle avait passé une enfance heureuse. Moi aussi, j'avais passé une (petite) enfance heureuse, paisible.

—  Oooh ils t'ont laissé plein de merveilleux souvenirs. C'est beau, c'est le principal. Je m'intéresse de plus en plus aux concours d'ailleurs. Kyora adorerait participer à un concours. Et non, c'est pas horrible de dire ça. Moi aussi, j'ai été choyé par mes grands-parents maternels. Et je ne souffre pas de leur absence non plus.

Kyora se retourna immédiatement à l'expression de son nom. Elle afficha un grand sourire, se retournant à moitié, en dodelinant de la tête, le corps, les bras légèrement levés en effectuant de petits battements.
Ensuite, je parlais de mon départ de Sinnoh pour Lumiris, le contexte affectif de celui-ci pour être précis. Je l'avais visiblement attristée. Si bien qu'elle venait d'être ultra compatissante et bienveillante avec moi, me souhaitant beaucoup de choses positives. Elle faillit me mettre les larmes aux yeux, surtout lorsqu'elle glissa sa main sur la mienne. Les autres clients se retournaient même vers nous avec un doux sourire. Le cadre de ce repas devenait presque romantique.

— C'est très gentil. Tu es une âme très serviable. Je suis très content de t'être rencontrer. Mais, je crois qu'il y a erreur. Je suis sûr que mon frère est fier de moi. Mea culpa, j'ai pas précisé. Je parlais pas de mon frère mais bien de mon oncle et je m'en contre-carre vraiment de ce qu'il pense, lui qui m'oublie toujours lorsqu'il doit parler de ses enfants et neveux. Mais tu as raison, je devrais revoir mon frère. Je suis sûr qu'il serait fier de moi là où il est.

Je repensais à Khärun, lui qui me protégeais lorsque je partais en excursion escalade dans tout Sinnoh, ou lorsqu'il venait me sauver peu importait où j'étais. Lui, lui qui avait une équipe si prometteuse, il devait être un Ranger reconnu aujourd'hui. Même si j'avais dit que je devais laisser le passé derrière moi, j'avouais qu'il me manquait. L'un de mes vœux le plus cher serait de le revoir.

Je ravalais mes émotions pour commencer à manger et satisfaire mes papilles gustatives. Je la remerciais et lui rendis son "Bon appétit". Même mes Pokémons semblaient se régaler.

En prolongeant notre longue et captivante conversation, Sasha répondit alors avec un profond enthousiasme à ma proposition de passer un moment après le repas au parc pour dégourdir notre petit monde. Je me retins de rire avec une immense difficulté lorsqu'elle me parla de mon Barpau et le fait que je doive porter un aquarium pour pouvoir le sortir de sa Pokéball ! Haha ! Ouuuuuuh, c'était bon, in extremis, je venais d'exploser de rire lorsque ma dernière bouchée venait pratiquement d'être consommée et avalée surtout.

— Alors c'est acté ! On pourra aller au parc et faire une p'tite balade digestive. Ah et euh... hahahahahahahah ! Tu crois que je suis ridicule alors ?! Mais tu crois quoi ? A ton avis, pourquoi est-ce que je me trimballe tout le temps avec un sac ? C'est bien sûr pour toujours avoir un aquarium à disposition ! Haha !

Je faisais mine, pour accompagner le geste à la parole, d'imiter la forme de mon sac pour y justifier faussement la présence d'un aquarium. Je riais tellement fort de ce fou rire incontrôlé que la plupart des personnes alentours devaient nous toiser d'un mauvais oeil. Je ne devais pas vraiment être discret. Je réussis à me calmer après plusieurs minutes et, après avoir racler ma gorge, je pris une gorgée d'eau - d'une petite bouteille provenant de mon sac - pour complètement reprendre mon calme, les yeux encore brillants de ce fou rire et la commissure de mes lèvres encore prêtes à se rouvrir.
Ensuite, nous parlions de la manière de communiquer avec nos chers et tendres partenaires, ces Pokémons privilégiés qui appartenaient à part entière à notre vie.

— Un Evoli est déjà très mignon. Disons qu'en plus, toi, tu as le choix pour son évolution. Elladora pourra recouvrir du visage qui lui plaît, elle n'aura pas à se contraindre à une forme. Tu envisages donc, à ce que je comprends, d'Elladora devienne une Mentali ? C'est mon évolition préférée !

Je souris moi aussi de manière béate lorsque nos Pokémons démontrent des marques d'affection envers nous. Ensuite, nous arrivions au restaurant, nous installions en terrasse et commandions, mais surtout nous rions à en avertir la terre entière de notre bonheur... ou le fait qu'on soit mutuellement de supers comiques ! Ou, plus vraisemblable, nous soyions de super bons publics.
Enfin, rire, l'ambiance allait devenir plus lugubre. Nous ouvrions notre cœur à l'autre sur des sujets sensibles, alors que nous n'étions que de parfaits inconnus... même si nous avions l'impression de connaître l'autre depuis toujours. En particulier, elle me parlait de ses parents, des choses qu'elle savait sur eux par le biais des grands-parents qui l'ont élevée, et plus précisément son amour pour les concours.

— OOoh tes parents étaient juges de concours ? Mais quel fierté d'avoir des parents juristes de concours ! Et tu devrais t'y frotter. On pourrait même faire un concours ensemble si l'envie t'anime. D'ailleurs... je t'avoue que je stresse un peu... J'ai inscrit Kyora et Käl à un concours.... j'espère vraiment que ma participation va être acceptée.... J'ai pris dix ans à vérifier d'avoir bien rempli le formulaire et d'avoir envoyer les bonnes pièces jointes... Mais sinon, oui, je confirme je trouve Kyora tellement belle. Après, je ne peux être objectif avec mon partenaire de vie originel. Käl, t'en fais pas, tu es élégant aussi... et tu fais craquer toutes les filles ! haha.

L'enthousiasme de mon invitation se lisait clairement sur mon visage, tout comme l'inquiétude précédemment formulée, tout comme inévitablement l'amour que je portais à mes Pokémons et que mon être était incapable de dissimuler. Je fus d'ailleurs encore désolé de ne pas avoir su bien expliquer ou de ne pas avoir été suffisamment clair ou pour le fait qu'elle se remette autant en doute sur ses capacités.
Par ailleurs, moi aussi je pouvais être fier de mes parents. Mais ma fierté envers eux ne sortira jamais de plus de mes lèvres, celle-ci et tous les sentiments que je ressens envers eux seront emmenés jusqu'à mon voyage dans l'outre-monde. Je l'écoutais parler en mangeant quelques morceaux et m'assurais de bien avoir terminer ma bouche pour reprendre.

— Ah, oui, je peux comprendre. Je trouve cela dommage que certains membres de notre familles soient fâchés avec d'autres . Aujourd'hui, je trouve ça égoïste. Parce qu'ils empêchent les enfants et petits-enfants de les voir - surtout s'il n'y a rien d'autre qu'un conflit d'intérêt entre les deux parties. Et de ce que je vois aujourd'hui, ils se sont bien occupés de toi, Sasha, haha.

Les souvenirs de mon grand frère me revenaient avec l'aide inestimable que mes grands-parents paternels me portait avec leur virement annuel - que je n'étais pas habitué à cause de mon père qui ne voyait pas l'intérêt d'y aller plus d'une fois par an ou tous les deux ans -, ces derniers, je devrais vraiment les remercier, passer du temps avec eux avant qu'ils partent. Ils se faisaient vieux, et je m'en voulais qu'ils puissent quitter ce monde dans la plus cruelle des solitudes. Si j'avais été le petit fils parfait pour les parents de ma mère et de mon oncle, j'étais le plus affreux pour eux. Après avoir abreuvé mes lèvres d'une ou deux gorgées d'eau, j'ajoutais quelque bribe philosophique.

— La vie m'a appris qu'il fallait profiter le plus possible des personnes qui nous étaient chères avant qu'elles ne partent. Pas forcément de manière définitive en quittant la vie, mais la notre en tout cas.

Je l'annonçais comme une parole générale, une sagesse universelle, mais en réalité, la personne à qui elle était majoritairement destinée était... moi-même. Histoire d'évacuer la potentielle gêne qui m'habitait et cette concentration tenace pour ne rien exprimer sur ma famille, je me réfugiais au sein de mon assiette qui s'était tout de même considérablement vidée.

Tandis que nous mangions, que je donnais quelques marques d'attention à mes Pokémons, que ce soit par de simples regards remplis de tendresse ou de caresses, j'écoutais également les propos de la très sympathique Sasha. Nous parlions des formes qu'Elladora, l'Evoli et starter de la jeune brune, pourraient avoir en évoluant. J'avais, disons, A-DO-RE sa réponse et cela s'était très vite remarqué dans mes pupilles. Laisser à son Pokémon le choix d'évoluer ou non, c'était beau. Je ne savais pas si je serais capable d'en faire de même puisque chacun de mes Pokémons évoluent naturellement et quand leur corps l'a décidé.

— C'est une belle réponse, j'aime beaucoup. Considérer son Pokémon dans sa manière d'évoluer et surtout son désir d'évoluer est grandement honorable. A mons sens, c'est l'un des aspects qui atteste du lien fort entre les Pokémons et son dresseur. Dans mon cas, j'ai parfois envie que mes Pokémons évoluent vite mais je ne vais pas les presser, ils évolueront quand ils le désireront.

Mon regard partit chercher ceux de mes deux Pokémons. Si Käl préféra me tapoter le genou, Kyora s'était retournée directement en s'approchant vers moi en faisant la roue, s'arrêtant à mes côtés pour chercher le contact.
De l'autre côté, je vis Sasha caresser Elladora qui semblait très, très apprécier, tellement son corps exprimait ce sentiment d'extase... qu'elle ne voulait sûrement pas voir s'arrêter en vue de ses prochaines réactions.
Nos Pokémons repartirent manger ou faire des pirouettes, et, tandis que je continuais à manger, m'avançant progressivement sur la fin de mon plat, Sasha me répondit à propos des concours.

— Ah... je comprends, tu les connaissais pas trop, ça change beaucoup de choses. Et bien ça serait avec plaisir d'en faire un avec toi ! Je serais ravi de participer à un concours où je connais et apprécie mes rivaux ! Autrement, je fais un concours à Fort-des-songes où j'inscris Käl et Kyora. Ils ont hâte de commencer les prestations. On s'entraîne très dur ces dernières semaines pour être au top et Kyora est ultra perfectionniste, comme tu peux le voir... Elle arrête jamais !

Et oui, merci. Et je confirme, la laine de Kälester est ultra douce... Elle m'apaise en deux secondes mais le problème, c'est que ça me détend tellement que j'arrive plus à remonter de cet état intense de relaxation haha !

Si la discussion au sujet des concours était plus joyeuse, ce n'était pas trop le cas de celle qui suivait. Nous parlions de sujets familiaux assez douloureux, visiblement nous avions réussi à construire un cadre suffisamment intimiste pour pouvoir se livrer. Ma foi, ce n'était pas aussi triste que je ne l'aurais imaginé, justement, Sasha était déterminée et positive vis-à-vis de toutes ces choses. J'appréciais énormément la fin de son explication, il était vrai que nous avions deux familles supplémentaires, nos amis et nos Pokémons, et celles-ci, nous les choisissons.

— Ouais peut-être... tout est possible après tout. J'espère que tu trouveras des choses à ce sujet-là. C'est important, parfois, de connaître ses origines, ses racines, pour débloquer la totalité de notre subconscient... enfin, c'est le cas des enfants adoptés qui ont le besoin de retrouver leurs parents biologiques, même s'ils les gardent pas dans leur vie.
Et je suis tout à fait d'accord avec toi ! C'est joliment dit. J'ai même tendance à plutôt appeler notre groupe "ma petite famille", j'ai jamais été très friand du terme "équipe Pokémon". Donc ça colle plutôt bien. Et c'est vrai qu'en arrivant à Lumiris, j'étais seul et aujourd'hui, j'ai mes piliers qui comptent parfois même plus que ma propre famille haha.

Je venais de terminer mon assiette et m'essuyais la bouche. Lorsque je parlais de ma petite famille, j'étendis mes bras pour étreindre mes deux Pokémons, mes deux premiers partenaires de vie, avec la profonde affection que je leur portais. Mes yeux s'excitèrent de nouveau dès lors qu'elle parla de dessert.

— Oui, oui ! Bien sûr ! Je suis très gourmand, donc j'en prendrais un eheh. J'étais plutôt parti sur une coupe glacée de type After Eight, je crois que c'est ça le nom, de la coupe à la menthe-choco. Et toi ?

J'attendis sa réponse, même si je me doutais que si elle avait demandé, ce n'était pas seulement par politesse mais également parce qu'elle avait une petite envie cachée. Alors, je n'hésitais pas à me sacrifier pour ne pas qu'elle soit seule à se faire plaisir haha.
Une fois cela fait, j'attendais le serveur pour que l'on puisse commander. Il arriva plutôt vite et j'étais plutôt convaincu que nos desserts arriveraient bien vite. Du moins, je l'espérais, car j'avais encore très faim. Ma gourmandise n'était pas encore rassasiée.