A cause de la tension et la détresse de l'instant, je n'eus même pas le temps de prévenir Megumi de mon plan. Je n'aimais pas cela, mais autrement, nous serions morts tous les deux. In extremis, ma Kirlia avait déjoué l'attention du Grahyéna et elle nous avait téléporté dans un arbre. Je nous avais imaginé plus haut mais en vue des prochains événements, ce n'était visiblement pas le cas.

Evidemment, j'eus une petite réflexion de sa part à ce propos, je ne pus que lui répondre de manière acerbe.

— Désolé, bah désolé, d'avoir voulu nous échapper la mort. Et la gifle, elle était gratuite aussi ? T'as de la chance d'être pas si méchante, sinon je t'aurais remise à ta place sale garce.

La joue qui avait subi cette gifle me picotait encore un peu. Je n'étais plus habitué à me faire frapper depuis que j'avais quitté mon oncle. Je réussis à me raisonner en me disant que j'en recevais de meilleurs tartes que ça, qui laissaient des marques rouges pendant trois jours. Kyora osa même un léger Choc Mental sur Megumi pour se venger de s'en prendre à son dresseur. Je la tirais d'un coup en arrière en lui demandant d'arrêter et que ce n'était sûrement pas comme ça que l'on gérait les conflits. Frustrée, elle croisa les bras avant de bouder en se mettant dos à nous. Je savais qu'elle comprendrait, et qu'elle m'en tiendra pas vigueur longtemps.

De toute façon, le Karma se chargea du reste. Sous le coup de l'énervement perpétuelle de Megumi quand tout ne tournait pas dans son sens, elle recula et glissa et elle se rattrapa au dernier momentà une branche... Et, évidemment, cela attira immanquablement l'attention du Grahyéna. Et pour sûr, il ne manqua pas d'appeler le reste de la meute, les crocs sorties, prête à faire de nous leur quatre heures.

La petite princesse gothique continuait à s'énerver et s'exciter contre les canidés des ténèbres. Après réflexion, je n'étais sûr que cela soit une bonne idée. Je repris mon calme et glissais doucement vers l'étage inférieur. Je manquais de trébucher mais je parvins illico presto à retrouver mon équilibre. Je tendis alors la main à Megumi pour se relever de la branche. J'avais un coeur, je ne voulais pas qu'une âme ne soit perdue dans une triste affaire de canidés sanguinaires. Avec amour, évidemment.

— Alors, tu montes ? SI dans deux secondes tu prends pas ma main, je te laisse là jusqu'à ce que tes bras te lâchent. J'suis sûr qu'ils adoreraient le sang de la jeunesse féminine.

Qu'elle décide de remonter ou non, je devais réfléchir à un plan... et vite. J'en avais marre de devoir toujours réfléchir en situation urgente. J'en avais marre de cette journée qui avait pourtant si bien commencée pour finalement mal finir. Qu'est-ce que je foutais avec la jeune femme qui avait tenté de m'attraper et qui m'avait agressé ? Quel abruti d'altruiste. C'est relou d'être un héros.

Je tâtais mes pokéballs, mise-à-part Absol qui était hors-combat, les autres étaient en pleine forme. J'allais orchestré une attaque groupée. Et peut-être qu'éventuellement, cela fera fuir les Grahyéna. J'inspirais profondément et je lançais mes sphères métalliques bicolores.

— Mes amis, je vous choisis ! Je vais avoir besoin de vous pour effrayer la menace !

Alors, citons : Kälester mon Lainergie, Galan mon Tiplouf et Rentia ma Salamèche devaient sortir de leurs pokéballs. J'espérais qu'ils atteriraient au sol ou alors de manière équilibrée sur les branches... parce que s'ils apparaissaient tous sur notre branche ou celle de Kyora... nous étions foutus.
Bordel, quelle journée de merde.

La princesse gothique avait enfin terminé de se plaindre et je pus la remonter sur la branche. Elle était tout aussi excédée que moi face aux chiens des ténèbres. J'aimerais tellement qu'ils nous fichent la paix. Après, je reconnaissais que lorsque nous étions en situation de détresse, nous pouvions avoir des idées bien ridicules mais genre là, vraiment ridicule. J'avais appelé tous mes Pokémons encore en plus ou moins bonne santé pour qu'ils se réunissent contre les Grahyénas. Mais, puisqu'ils avaient tous atterris dans l'arbre, de notre côté, les branches qui nous soutenaient manquaient de craquer incessamment sous peu. Et pour le coup, je ne pouvais rembarrer Megumi, et ne pouvais que comprendre cette inquiétude insufflée entre sa méchanceté naturelle envers le genre masculin.

— Oui, oui... il faut.

ai-je répondu, précipitamment. Je réfléchis en deux secondes, croisant le regard assuré de Lainergie, et je repris le le contrôle de mes pensées et donc de mon plan à l'origine de leur apparition.

— Rentia, libère tes flammes en guise de diversion pendant que Käl se recharge en énergie ! Et Kyora, protège-le !

La Salamèche particulière sauta de l'arbre, face aux Grahynénas, et fit jaillir quelques flammèches pour divertir leur hargne vengeresse ou leur appétit grandissant. L'instant suivant, le Lainergie sauta derrière elle pour se charger pour la prochaine attaque. Ma Kirlia descendit de toute sa grâce et tout en lévitant au dessus de lui pour renvoyer ou contrer les attaques qui passaient au travers des flammèches.

— C'est bien, les amis. Maintenant, Galan, ouvre tes flots, je ne veux pas voir un seul de ces chiens secs ! Et... Käl, décharge ta puissance électrique !

A la suite de ce combo défensive, Tiplouf sauta lui aussi pour rejoindre le champs de bataille et envoya une grande vague d'attaque Saumure, avant de retomber au sol, et sentir la foudre passer juste au dessus de lui et se mêler aux flots dont il était l'auteur.
Le résultat fut sans appel : Dévastateur. Fini, les Grahyénas étaient carbonisés et immanquablement K.O. Nous en avions fini avec cette menace et avec tout ce grabuge, personne n'oserait sûrement nous approcher dans cette forêt.
Je rappelais mes Pokémons, plus ou moins fatigués par cette épreuve, en l'occurrence mes bébés, même si Kyora désira tout de même rester à mes côtés. Ma première partenaire de vie ne me lâchait jamais, enfin sauf lors de cas d'extrême urgence.
Soupirant de fatigue, voyant la tension redescendre, je me tournais vers Megumi, soulagé, affichant un vrai sourire :

— On en a enfin terminé... j'espère qu'avec tout ce raffut, aucun Pokémon ne viendra plus nous déranger. Maintenant, je pense, que l'on peut rejoindre le Centre Pokémon sans souci particulier.

Une fois que la pression fut retombée, je vis Megumi descendre de l'arbre toujours avec sa Sepiatop dans les bras. Je mis un temps avant de descendre à mon tour, le temps de nous assurer qu'il n'y avait plus de danger autour de nous. Puis, je glissais de l'arbre pour voir apparaître Kyora qui venait de se téléporter juste devant moi avec son air "Eh ouais, pas encore fatiguée, je peux encore te faire c...!".

Ensuite, Megumi se permit une réflexion, plutôt pertinente ma foi. Visiblement, celle-ci avait un cerveau, c'était plutôt encourageant pour la suite.

—   Tu as raison. Heureusement qu'on était en extrémité de la forêt... sinon d'autres Pokémons sauvages se seraient ramenés. Il faut se dépêcher, notre présence dans la forêt n'a pas été très discrète. D'autres pourraient se ramener, désireux de retrouver le calme dans leur habitat ou simplement car ils pourraient sentir un quelconque danger pour leur progéniture.

Pourquoi est-ce que je prenais la peine de développer mes connaissances en pokélogie à la jeune femme ? Je ne savais pas vraiment, je crois que c'était surtout pour moi même. Voir que j'avais appris des choses et que mes cours n'étaient pas entièrement inutiles.

Elle n'attendit sûrement pas la fin de ma phrase puisqu'elle filait déjà loin devant. Par la chance ou plutôt la joie d'avoir des Pokémons Psychiques, je me mis à marcher lentement avant de me sentir transporter à quelques millimètres du sol avant de disparaître et réapparaître comme si de rien était à ses côtés. Je me calquais sur son rythme et répondis à sa phrase de bohème que j'avais entendue avant la téléportation de Kyora.

—  Comme un rêve peut devenir cauchemars, ou qu'une période de tension peut retrouver le calme de l'accalmie à la nuit tombée.

Je voyais des habitations à l'horizon, en particulier des luminaires que je connaissais plus que bien. Le Centre Pokémon n'était plus très loin. Les soins que nos Pokémons avaient obligeamment besoin seront bientôt administrés. Cette vision me requinqua et ma démarche fatiguée se changea en un rythme plus dynamique.

—  Sinon, ta phrase était jolie. Tu es une poète Megumi ? Et reagrde, on va bientôt pouvoir soigner nos Pokémons en contrebas de la plaine, là-bas.

Enfin, ce bâtiment rouge signait les prémices de la fin de notre épopée et, donc, de notre union éphémère... aussi exécrable soit-elle. Il était temps d'y mettre un terme. Mais ce qui était sûr c'est que j'irais au bout des choses et que je continuerais de respecter mes engagements jusqu'au bout. J'irais au bout de cette union obligée avec toute la bienveillance et surtout la patience que je pouvais avoir.
Je reçus une des dernières piques, du moins c'était ce que je pensais très fort, de la princesse gothique.

Nous courions jusqu'à l'entrée du Centre Pokémon. Je ne savais pas si c'était à cause de l'heure, une heure creuse, ou quoi que ce soit, mais par chance pour nous, il n'y avait personne. Habituellement, je commençais à parler et j'imaginais que j'aurais dû. Cette femme était si aimable, c'était... hallucinant. Je ne pus m'empêcher de rattraper les choses avec une gourde pareille. Je lui lançais un regard qui en disait long et me tournais vers l'infirmière, en esquissant un sourire des plus affables et renchéris avec la politesse la plus exquise... enfin, j'essayais surtout de sauver ce qui restait à sauver.

— Bonsoir, oui, c'est bien nous. Pourriez-vous sauver nos Pokémons s'il-vous plaît ? Et ne lui en voulez pas, s'il-vous-plaît, elle est juste terriblement inquiète pour son Pokémon... Vous savez ce que c'est, sans doute.

Je lui donnais alors tous mes Pokémons, en excluant Barpau puisqu'il était le seul à ne pas avoir été suffisamment touché pour bénéficier de soin. Si Megumi paraissait inquiète, je restais serein. J'étais habitué à voir les infirmiers s'occuper de mes Pokémons. C'était peut-être une douleur sans nom de les voir dans un piteux état mais une fois sous les mains des guérisseurs de la région, j'étais de suite rassuré. Je savais pertinemment que cela allait bien se passer.

— Allez, détends-toi. Il ne peut plus rien lui arriver une fois prise en charge dans un Centre. Elle ne peut qu'aller mieux.

gloussais-je, d'un air malicieux, même si je tachais principalement d'être rassurant.

— Non mais tu pourrais t'adresser mieux que ça aux gens. En plus, c'est une femme. Traite les tiens comme tes égaux avant de vouloir abaisser les autres.

Je lui adressais cela comme un conseil, même si je devrais peut-être pas abaisser ainsi la dignité humaine. J'étais pour l'égalité des genres mais après tout, autant lui dire ce qu'elle voulait entendre en glissant quelques belles paroles. Cela l'aidera peut-être, consciemment ou inconsciemment, qu'elle ne se l'avouait ou pas, à avancer dans la vie.

— J'aime pas faire le malin. Je fais seulement ce qui me semble juste. Désolé d'être un ado paumé qui essaie de faire de son mieux.

Elle allait peut-être être impressionner, mais je n'avais aucun jugement ou méchanceté dans ma voix. A croire qu'au fil du temps, cette dernière s'était évaporée. Je pris le compliment, malgré qu'il ne soit pas encore tout à fait dit clairement. Je prenais ce qui était bon à prendre. Il fallait apprendre à décoder les signaux des gens et leurs messages qui étaient associés. Pour Megumi, ce glacial "merci" était déjà beaucoup, visiblement.
Je la voyais s'agacer mais je ne pouvais que la comprendre. J'eus presque l'envie de la prendre dans mes bras pour la rassurer, commençant le mouvement, derrière elle, puis... je m'étais rappelé qu'elle avait essayé de me kidnapper avec mes Pokémons et mon excès de compassion disparut subitement. Je ne pouvais pas lui faire véritablement confiance. Je lui répondis alors avec sérieux et honnêteté.

— Généralement, ce n'est pas très long. Même si, ici, les minutes durent une éternité tellement l'inquiétude pour nos partenaires est immense.

La reloue de service faisait les cent pas. Elle se faisait sûrement un sang d'ancre pour son Pokémon. Enfin, c'était ce que je pensais. Je préférais rester silencieux. User de la salive pour ce genre d'énergumène était inutile, une vraie perte de temps.
Toutefois, elle reprit la conversation. Par pure politesse, je daignais alors lui répondre, pour une fois qu'elle posait une question sur moi.

— J'habite à Nemerya. C'est un peu loin d'ici. Ils auront fini de soigner nos Pokémons avant même d'arriver à la capitale. Et toi, t'habite où ?

Cependant, j'aurais dû me méfier. Cette question était intéressée, elle cherchait à bénéficier de quelque chose m'appartenant. Comme si j'allais laisser la femme qui m'avait agressée entrer chez moi. De toute façon, faire le trajet serait inutile.

— Peut-être qu'ils en ont dans ce Centre Pokémon, tss. Ils ont plein de services. Quitte à te laver au jet.

Mon ton se mit moins sympathique, plus cynique. Je préférais alors m'asseoir en regardant l'horizon forestier.

Megumi voulait tant prendre une douche, se plaignant du froid, peut-être. Elle me répondit qu'elle habitait à Sunyra. Mince, je voulais déménager là-bas. Je n'espérais vraiment l'avoir comme voisine. Mais alors, vraiment pas.
... Quoi que, cela pourrait être drôle.

— Ouais, autant attendre. En plus, je dois aller chez une amie avant. Donc, j'aurais même pas pu t'emmener chez moi.

En excluant l'envie du geste qui est inexistante, évidemment. Haha, elle avait décidé de me chauffer simplement parce que je me permettais de parler avec la même attitude et le même ton qu'elle.

— Je te donnais juste des idées. Si tu tiens tellement à prendre une douche à cet instant. J'essaye juste de t'aider, princesse des ombres.

dis-je, en haussant les épaules et en levant les yeux au ciel. Personnellement, la seule chose qui m'importait était de récupérer mes Pokémons et pouvoir serrer mon Absol dans mes bras. On avait visiblement pas les mêmes priorités. Du moins, on avait pas les mêmes manières de nous changer les idées dans l'attente.
Je renchéris, l'air suffisant, avec un léger sourire.

— T'en fais pas. Je me sens parfaitement sensé, logique.

Elle n'eut même pas le temps de me retourner un pique, ou alors elle s'apprêtait à le faire, lorsque l'infirmière revint vers nous avec nos Pokéballs.  Elle nous conseilla tout de même de conserver nos Pokémons les plus touchés dans leurs Pokéballs pour qu'ils se reposent. J'allais donc devoir attendre pour enlacer Axion. Certes, nous ne montrions que peu d'affection physique entre nous, mais parfois, cela s'imposait.

— Je vous remercie, vraiment Madame, d'avoir soigner nos Pokémons. Ne vous inquiétez pas, nous allions respecter votre conseil.

Désormais que mes six Pokéballs étaient à ma ceinture, j'étais désormais beaucoup plus serein. Ma famille de poche était de nouveau réunie et cela me réchauffait le cœur malgré cette ambiance générale des plus glaciales.
Je me retins fermement, lorsque l'infirmière se tourna vers d'autres bénéficiaires, de faire sortir mon Absol. Mais, étant un faible affectif, je sortis ma Kyora qui dansa tout autour de moi.

Haha, et elle venait de résumer notre après-midi mouvementée et que nous allions nous revoir. J'attendais de voir ça, haha !

— Oui, c'est clair. Je devrais déménager à Sunyra. Donc peut-être qu'on sera voisins haha !

J'attendais que son visage se dépite et que l'on se quitte sur ces paroles. Sauf si elle attendait autre chose de moi. Alors, je ne sortais pas encore mon overboard volant pour rentrer chez moi, ou l'endroit où j'étais censé être.