Je tapotai dans mes mains avant de faire un signe vers les cascades.

« Suis-moi ! »

Je marchai rapidement avant de me placer devant ces dernières.

« Pour commencer, quelques photos ici, où je suis, devant l'eau. Je trouve qu'il y a une idée de domination et à la fois, secrète. Cachée vers ces eaux, une sirène bipède qui sort pour admirer les beautés humaines. Tu vois ce que je veux dire ? »

J'étais métaphorique quelques fois, surtout quand l'inspiration des photos arrivait. Je réfléchissais pour essayer d'adoucir les choses.

« Tu n'es pas stupide, tu connais les choses humaines mais un regard émerveillé car ça reste intéressant, avec un côté "J'ai l'habitude de l'eau et cet endroit est reposant". Tu pourrais y arriver ? »

Dis-je avec l'appareil autour du cou.

Et c’est parti pour les photos. Les vraies photos, pas celles juste pour voir à quoi tu ressembles. Celles qui justifie le temps passé à te rendre comme elle, celles qui... bref, tu as l’idée. Alors c’est évident que tu la suis. Et ce sont de très jolies cascades. Mais existe-t-il seulement des cascades qui sont moches ? Tu penses que non.
   
"Un endroit magnifique, ça, c’est certain."

Maintenant, les instructions. Toujours cette histoire de domination, une chose qui ne te correspond pas vraiment - enfin quand tu es Melody (bien que reste très gentille quand tu es Maya comparée à d’autres).

"Je pense voir oui. Mais qui est la beauté humaine ?"

Tu as un petit sourire espilège, vous savez toutes deux très bien qui à quel rôle. Mais il faut savoir blaguer et s’amuser un peu ! Dans tous les cas, elle décrit un personnage aussi intéressant que particulier. Voilà qui est un beau défi.

"On va bien voir."

Adieu collants et chaussures montantes, il t’est impossible de rentrer dans l’eau (froide !) jusqu’aux chevilles et garder des choses qui te rendraient malade plus tard. Et qu’est-ce serait une sirène sans être les pieds dans l’eau ? Au final, tu es Ariel qui découvre le monde. Vu comme ça, ça semble plus simple. Ça ne veut pas dire que ça l’est, mais c’est dans tes cordes.

"Un peu plus proche de la cascade ?"

C’est elle qui peut te dire si c’est une bonne idée ou non. Et une fois son conseil donné, il est temps de se mettre en condition pour la photo. Comment le mettre en relation avec toi... Voilà, tu es Maya, et c’est la première fois que tu vois un mimiqui alors tu es incollable à leur sujet. Ça devrait faire l’affaire.

"Beauté humaine" ? Moi ma chérie, et en même temps toi car tu étais censée être moi. Mais je devais avouer que cette femme avait une certaine beauté, de toute façon, j'aurais été obligée de collaborer avec une laide personne mais en fin de compte, j'étais contente d'avoir cette partenaire de qualité.

Je souris en la voyant faire, je hochai la tête plusieurs fois, excitée.

« J'adore. »

Dis-je presque sensuellement. Je partis alors quelques mètres pour loin pour me mettre à genoux, sans que la robe effleurât le sol et visa Melody de l'appareil, un œil fermé.

« Bien, je sens que tu as le feeling. On va créer l'histoire, Melody. Tu te rends habituellement ici, encore dans ton élément qu'est l'eau, tu regardes cet endroit, tu le connais mais tu es infiniment petite face aux monstrueuses cascades, pourtant elles ne t'effraient pas ; au contraire, elles font office de parents. Tu pourrais me prendre une pause ? »

Après quelques ajustements, je continuai.

« Ensuite, tu sors, tu n'as pas froid puisque tu es une sirène, alors entre nous, je sais que ce n'est pas évident, mais il faudra rester forte. Il y a de la belle végétation près de l'eau, de belles roches, je ne te dis pas de caresser bêtement, mais c'est reposant. »

J'espérais qu'elle comprît et je continuais alors mes photos.

Si elle adore, tu es sur la bonne voix. Non, tu ne préfères pas faire attention au ton qu’elle a employé, tous les artistes sont bizarres comme ça, toi compris. Certaines habitudes sont particulières, voilà tout.

Donc tu es une sirène, tu n’es peut-être pas dans l’eau, mais tu es avec l’eau, même si tu viens d’en sortir. Encore cette histoire de découverte, même si tu connais également. Mais c’est plus proche. Difficile de mettre des mots dessus. C’est découvrir des choses sous un nouvel angle ? Ça doit être ça. Alors tu tentes une pose, émerveillée par cette cascade. Tu espères que ça fera l’affaire alors que le "clic" caractéristique de l’appareil photo retentit.

"J’aurai du prendre des chaussettes de plongée."

Le genre de "chaussette" - on peut considérer ça comme des chaussettes ? - qui permettent de tenir chaud dans l’eau. Ce n’est pas que tu en as, mais ça peut se louer, non ? Peut-être ? De toute manière, c’est trop tard. Le froid c’est qu’une illusion, voilà tout. Il faut être aussi tarée... passionnée que toi pour être les pieds nus dans l’eau en robe légère en plein hiver. Tant que tu ne tombes pas malade, tout devrait aller.

"Hum, je ne suis pas certaine de comprendre. Enfin... j’aime bien l’idée de découverte, mais ça serait peut-être trop ? Surtout que je pense que ça te correspond moins, que c’est trop... niai."

Enfin, ça pourrait te correspondre également, mais même pour toi c’est un peu top muche. Il y a des limites à la niaiserie et aux choses "trop douces".

Je me redressai soudainement en l'entendant, clignant des yeux.

« Mais... tu as raison ! Quelle empotée suis-je ! »

Je frottais un peu mon front.

« Je suis navrée. Puisque tu sembles aussi comprendre les enjeux et ce que nous voulons, je te laisse faire à ta manière la suite des choses. Ne doute pas, ne me demande pas, je pense que tu es tout à fait capable de faire ça. »

Je lui fis un clin d'oeil assuré avant de la viser de nouveau l'appareil photo pour prendre des photos en continu.

Petit secret, les photographes prenaient plusieurs photos d'affilé pour avoir la bonne, ils ne perdaient pas leur temps à "Ne bouge pas, dis ouistempo" ou je ne savais quoi. Comme ça, ça fait comme une fresque vivante mais nous prenons seulement les meilleures poses.

Empotée. Elle exagère. Tu souris un peu. C’est bien si elle considère les opinions et les avis des autres. Encore une fois, c’est une coopération, ça demande des concessions de la part des deux partis.

"Tu n’as pas a t’en vouloir pour ça, ça arrive à tout le monde de s’emporter avec l’inspiration. Je fais pareil après tout."

Et tu en profites pour sortir de l’eau. Yup, il commence à faire froid. Tu sèches tes pauvres pieds comme tu peux. Par contre tu ne remets pas tes chaussures ou tes collants, une sirène ne peut pas avoir de choses à ses pieds, pas vrais ? Ce n’est pas naturel pour elle.

"Je préfère demander tout de même. Mais je pense qu’on est d’accord que notre sirène est curieuse, elle ne va pas rester uniquement à côté de l’eau."

L’inconnu attire toujours. En tout cas, il t’a souvent attiré. Ou tu veux en venir ? Tu te diriges vers l’un des arbres, afin de le voir de plus près, de le toucher, le ressentir. D’accord, c’est bizarre de se dire que c’est censé être la première fois que tu fais une telle chose, ce n’est pas vraiment ta spécialité, mais il faut donner le change.

Je hochai la tête plusieurs fois.

« J'adore tes idées Melody ! »

L'idée de l'arbre, banale mais parfaite ! Elle est une sirène, pour une telle créature, un arbre n'est quasiment jamais aquatique, alors c'est magnifique, ça sort du lot ! Et quoi de mieux que de découvrir quelque chose qu'on ne connaissait pas par le toucher. Exactement comme les nouveaux-nés, bon, certains découvraient avec le goût mais nous allions éviter cela.

« Je te propose un dernier plan, et nous arrêterons. »

Je fis un clin d'oeil avant de me concentrer de nouveau et tirer à répétition pour tout capturer via l'appareil photo professionnel que j'avais.

Je remarquais aussi sa gêne avec l'eau froide sur ses jambes, j'allais bien évidemment l'aider à la fin ! Megumi pensait à tout.

Tes idées font mouche. Bonne nouvelle. C’est un rare point sur lequel tu te trouves mauvaise, l’inspiration et des idées particulières, surtout quand ça n’est pas dans ton domaine... mais c’est assez faux. Une chose sur laquelle tu te sous-estimes, c’est rare. Normalement tu évalues tes capacités avec précisions. Bref, ce n’est pas la question, tu fais ce que tu as prévu de faire, t’enfonçant avec courage - ou folie - dans cette "forêt". Maintenant, c’est un terrain véritablement inconnu. Tout ce passe bien.

Jusqu’a que tu éternues. Forcément, ça pourri la photo que Megumi allait prendre. Et ça interrompt un peu le feeling et la concentration que tu avais, bizarrement. Macha vient tout de suite te voir très inquiète - et a raison.

"Tout va bien ma grande, ce n’est pas ça qui va m’avoir, tu sais."

Tu as connu pire pour être malade. Tu n’étais pas très doué quand tu t’es émancipée, pour dire la vérité.

"Désolé, mais je pense que je vais faire une petite pause."

Tu t’excuses, mais tu ne devrais vraiment pas, pour le coup. Ce n’est pas vraiment de ta faute si tu tombes malade. Enfin si, tu t’es prêtée au jeu... bref. Tu tentes de sécher tes pauvres pieds comme tu peux. Tu es contente d’avoir préparé un thermos de thé.

Tout était bien, je prenais tout jusqu'à l'éternuement... J'ouvris les lèvres mais me tus. Je me redressai en laissant tomber l'appareil sur ma poitrine -retenu par un fil autour de mon cou-. Je hochai la tête vers Sepiatroce qui s'approcha pour enrouler une serviette épaisse autour de Melody.

« Je sentais que c'était de trop. Si j'ai causé du mal et que tu tombes malade, je vais m'en vouloir car ce n'est pas volontaire du tout... »

Dis-je en m'approchant. Et mon sous-entendu était clair ; si je souhaitais maladie et tout ce qui s'en suivait, je ne me serais pas excusée et je n'aurais pas pris mes dispositions, je posais l'appareil photo dans une valise.

« Tu veux arrêter pour reprendre la partie avec ma danse et mon chant plus tard ou pas ? Ça ne me dérange pas. »

Mon regard trahissait que j'étais visiblement inquiète.

"C’est aussi de ma faute, tu n’as pas à t’en vouloir."

Tu as voulu pousser tes limites et parfois ça ne passe pas, ce genre de choses arrivent. Pourtant tu es résistante au froid - il suffit de voir comment tu es habillée en ce moment pour le prouver - peut-être à cause des batailles de boules de neige quand tu étais plus petite. De toute manière ce qui est fait est fait.

"Merci."

Par contre tu récupères la serviette et tu te sèches toi-même, avec l’aide de Macha. Question d’habitude. Remettre tes collants et chaussures, ça fait du bien. Ça réchauffe un peu. Et le thé, surtout.

"Il vaut mieux que je continue de bouger, histoire de ne pas trop refroidir. Un endroit sans eau par contre. Mais on peut très bien rester ici si tu préfères, ça ne change pas grand-chose pour la danse ou le chant de toute façon."

Et tu commenceras par la dance, c’est certain !

Je la regardai faire et j'étais au final rassurée, elle gardait en plus cet esprit de force, de volonté. Je l'adorais de plus en plus. J'aurais bien évidemment fait la même, je n'étais pas faible mentalement, ni physiquement.

Je souris tout simplement en hochant la tête.

« Si tu préfères qu'on s'éloigne légèrement, il n'y a pas de souci. Nous irons à peine plus loin. »

Je fis un signe pour passer un petit amas d'arbre, nous étions alors proches des chutes, un bruit en fond, et en même temps éloignée de l'eau. Je haussai les mains et les épaules.

« Cet endroit semble rassurant et parfait pour nos conditions non ? »

Mes pokémons étaient restés vers l'eau mais ne devraient pas nous déranger pour la suite des choses.

Pas de soucis pour bouger, parfaits. Tu en profites pour t’agiter un maximum, histoire de te réchauffer un maximum. Ça balance un peu Macha, mais elle profite du voyage. Et entre ça et toi qui tombes malade, elle sait très bien ce qu’elle préfère. Si elle pouvait avoir froid à ta place, elle le ferait. Le problème, c’est ce que si elle a froid, t’arrangerais pour avoir froid à sa place. Vous comptez énormément l’une pour l’autre.

"Je ne sais pas ce que tu entends par rassurant, mais c’est très bien ici."

Ça, t’as fait sourire, c’est suffisant pour que la bonne humeur revienne.

"D’accord, donc si toi tu es plus... spéciale, moi je suis plus la joie incarnée, et ça doit se ressentir avec la danse."

Spéciale pour ne pas dire "méchante", même si tu sais très bien que c’est bien plus nuancé que ça.

"Ca doit donc être énergique, guilleret et on peut le dire un peu enfantin."

C’est parfois une critique. Si tu détestes qu’on te prenne pour une gamine, dans ce contexte, c’est bien.

"Et bien sûr, le sourire est toujours important."

C’est presque la règle numéro une : toujours sourire. Sans sourire, pas de bonne humeur, donc un public "malheureux", donc un spectacle raté. C’est exagéré bien sûr, mais c’est l’idée.

"Je vais surement me répéter, mais donc il n’y a aucun problème à exagérer les mouvements. Au contraire, c’est même recommandé. Mais on va commencer par quelques échauffements."

Après tout, c’est du sport, il est important de se mettre en forme avant de commencer. Il serait dommage de se blesser, pas vrai ?

Melody semblait ne pas bouger, cela signifiait que le froid avait dû disparaître, ou du moins, en apparence. Elle était forte, elle me plaisait tellement. Sepiatroce et Vorastérie nous suivirent immédiatement, enfin, ils restaient à côté sans nous déranger. Ma petite jalouse de Sepiatroce aimait m'observer, enfin, vérifier que rien ne m'arrivait. C'était adorable.

J'écoutais alors ma consoeur et hochai la tête à chaque prise de décision, j'étais l'élève désormais.

« Bien sûr que le sourire est important ! Compte sur moi, Melody, je ne te décevrai pas. »

J'accompagnai mes dires avec un sourire sincère, presque avec un air maternel et naturel. Je me permis d'enchaîner.

« Je comprends pour la danse, je vais essayer de faire des efforts. Ce n'est pas mon domaine de prédilection, mais j'ai déjà connu de la danse. Je t'écouterai s'il faut ajuster. »

Et je sentais qu'il y allait avoir quelques changements. Comme dit précédemment, je n'étais pas une professionnelle dedans, et elle me disait qu'il fallait exagérer et que ça parût enfantin ? Tss, j'allais avoir beaucoup de difficulté... Je regrettais presque. Mais je ne partais pas pessimiste, peut-être qu'au final, cela allait s'avérer drôle.

Des conseils de base, des conseils que tu répètes à chaque fois, mais sans les bases ont ne peut pas aller très loin. Ou du moins, aller loin pendant longtemps. C’est comme pour tout. Et tu imagines très bien que le sourire est plus qu’acquis pour elle.

"Tu t’étais très bien débrouillé la dernière fois !"

Il faut penser positif, sinon il est difficile d’avancer. Et c’est normal d’échouer, c’est même avec les échecs qu’on apprend le plus d’après toi.

"Et dans tous les cas ça viendra. J’ai réussi à m’adapter, je suis certaine que tu peux y arriver également."

Ce n’est pas pour faire ta maligne, c’est pour l’encourager. Vous vous ressemblez sur certains points après tout.

"Aller, c’est parti !"

Parce que tu as toujours froid - et oui - tu n’attends pas sa réponse. D’abord les échauffements, comme prévus, et tu enchaines presque sans pause sur quelque chose de plus agité, avec la musique correspondante. Un peu d’action dansante dans ce monde trop calme !

Pas de rabaissement, que du sérieux. De la passion, sans se forcer. À quand remontait ma dernière fois où je n'avais pas crié contre quelqu'un ? Que je n'avais pas montré un signe hautain ? Mh...

« Très bien. »

J'avalai ma salive et je pris sur moi, je me concentrai ; je devais tenter de l'imiter.

Pas besoin de répondre à son signal. Pas de perte de salive inutile.

Dès qu'elle leva un bras, j'essayai de la suivre, dès qu'elle tournait, même légèrement, pareil.

Sauf que suivre bêtement, ce n'était pas intelligent. Alors je commençai à me détacher de ses mouvements pour essayer de faire les miens, dans des gestes toujours exagérés -sans que ces derniers ne parussent abusés non plus- et je tournai sur moi-même gracieusement, tentant des choses.

Parfait, il n’y a aucune perte de temps. La mise en bouche est simple - tu n’allais certainement pas la mettre en difficulté dès le départ - d’après toi, mais peut être pas forcément pour elle. Mais comme tu l’avais prévu, elle se débrouillait très bien. Ensuite il est nécessaire de complexifier, lentement mais surement. Peut-être même que ta partenaire ne le remarque même pas, ce qui n’est pas forcément un point négatif. C’est surement pour ceci qu’elle prend confiance - une excellente nouvelle ! - et qu’elle commence à faire ses propres improvisations.

"Très bien ! Mais n’oublie pas le principal, tu veux faire passer une émotion, une phrase, n’importe quoi. Que ce soir positif ou négatif."

Le "message", c’est important. Tout est fait pour une raison ou une autre en danse. D’accord, en tant normal il y a le chant qui aide beaucoup, mais ici ce n’est pas le cas.

"Alors, que veux-tu nous transmettre. Qu’est-ce que tu, ou nous en quelque sorte, voulons faire ressentir ?"

C’est une question ouverte. Son point de vue t’intéresse réellement.

J'avouai avoir un sentiment de victoire quand elle me complimenta, ça me faisait incroyablement plaisir de voir que je savais y faire. Avec davantage d'entraînement, je pourrais même devenir danseuse, si cela se trouvait ? Mais j'allais rester à défiler magnifiquement.

Enfin, je m'arrêtai quand elle me posa la question. J'entrouvris les lèvres mais les refermai, c'était vrai que je ne savais pas quoi transmettre tout de même... Je réfléchis.

« Un message, quoi transmettre... »

Il fallait que je sortisse de ma zone de confort, sortir des côtés hautains et mystérieux pour avoir une allure plus avenante et ouverte.

« Il faut que je paraisse plus « gentille ». Mais comment le transmettre... »

Autant j'avais les idées au moment de défiler, un petit geste ici et là pour me montrer plus ouverte et avenante. Mais pour danser concrètement... J'allais tenter alors.

Je reculai de nouveau pour faire de grands gestes, légèrement circulaires en abusant un peu, je tentais des mouvements ouverts, en ouvrant mes bras, pour traduire une ouverture d'esprit ?

Tu es étonné qu’elle n’y ait pas réfléchi. Enfin, c’est normal qu’elle n’ait pas ce réflexe - tu n’as pas tout les réflexes d’une mannequin par exemple -, tu as dû oublier de la prévenir. Ce n’est pas très grave, elle prend le temps d’y réfléchir.

"Oui, n’importe quoi, c’est comme tu veux !"

Ce qui compte, c’est l’idée. La réalisation viendra ensuite.

"Plus gentille ? Parfait ! Alors, tu as déjà vu des films, ou des animés ? Certaines filles sont très expressives pour signifier qu’elles sont gentilles."

Donner un exemple "concret" - quoiqu’il est plus visuel dans ce cas la - est bien plus simple que de tenter d’expliquer. Et visiblement, elle a déjà de très bonnes idées.

"Voila. Mais tu peux encore faire comme ceci. Attends, ne bouge pas."

Tu la saisis doucement pour corriger sa dernière pose. Tu maintiens la position quelques instants, et sans la lâcher tu recommences à faire quelque pas.

"Va y, fait comme tu le sens, je vais m’adapter. Ce qui compte c’est qu’on fait quelque chose ensemble. Si on n’y arrive pas, c’est normal, ça viendra avec le temps."

Un début d’entrainement à danser ensemble, c’est important.

C'était déjà pas mal ? Quelle fierté ! Mais j'écoutais attentivement en me laissant faire pour ne pas paraître enfantine à dire "Non, tu ne me touches pas, blabla".

Je devais faire quelque chose comme je le sentais, mais ensemble, avec elle. Je voulais faire quelque chose qui lui parlait aussi. Ça ne servait à rien de faire l'entêtée, à être égoïste, non, ici, c'était un travail à deux, une complémentarité concrète.

« D'accord, je vais essayer de tenter quelque chose de similaire avec les conseils donnés sur mes gestes. Si tu as besoin de diriger, je te suivrai. »

Rapide, basique, simple ; mais vrai. Je recommençai alors mes mouvements en appliquant ses conseils. Tout d'abord, c'était réfléchi, dans le sens où on voyait que ce n'était pas naturel car j'essayais de calquer, puis, au fur et à mesure des secondes, mes mouvements devenaient normaux. Je dansai alors, les yeux mi-clos, presque envoûtée par ma propre danse, restant aux côtés de ma modèle avec un sourire sincère au visage.

Si on osait faire une analyse plus profonde, on aurait presque pu croire aux incantations d'antan pour les esprits.

Ça continue d’avancer et dans le bon sent. Tu trouves ça parfait. Dirigier ? Tu le feras plus tard. Tu prendras le lead une fois que tu la connais mieux, que tu sais comment elle préfère agir en duo. Car c’est une expérience totalement différente d’être seule, comme pour beaucoup de choses. C’est plus difficile, mais c’est plus amusant et plus satisfaisant.

"Au pire, ne t’inquiète pas trop pour ça. Ça viendra naturellement à force."

Et pour ça, rien de tel que la pratique. Bon, il est vrai que tu pourrais lui dire plus explicitement que vous faites une chose, puis l’autre... trop tard. Ce n’est pas très grave. Mais c’est très amusant à regarder. On aurait dit un robot au début. Macha trouve ça bizarre de son côté. C’est normal, c’est tout sauf naturel. Mais vous comprenez tout de même ce qu’elle veut faire, c’est le plus important. Et toi tu sais (et dois !) t’adapter. Tu laisses donc faire, diriger un peu, tu t’ajoutes sur sa danse (incantation ?) en quelque sorte.

"Maintenant, à mon tour. Ne t’inquiète pas, ça va ressembler à ce que tu faisais."

Afin de ne pas la perdre, tu fais quelques mouvements calmes, puis tu accélères un peu, tu ajoutes de l’amplitude. Peut-être parce que tu as un peu froid tu t’agites plus que d’habitude.

"Et maintenant, véritablement ensemble !"

Tu lui saisis à nouveau la main. Une danse en duo main dans la main c’est un peu "obligatoire" avec de tels partenariats. Tu ne trouves pas ça gênant, après tout c’est le travail et puis encore une fois, c’est amusant. Et sans mauvais jeux de mots, tu lui rends petit à petit la main, tu la laisses diriger ces pas. C’est une découverte, et tu sais très bien que tu peux être trop... enthousiaste et complexe sans le vouloir.

J'avais remarqué la Mimiqui réagir à mes mouvements, j'étais si étrange ?

Mais Melody me parla pour me rassurer -pensai-je- et je continuai tout de même, la regardant alors réagir et agir avant de sentir ma main prise. Je clignai légèrement des yeux, ça m'avait surprise... Mais je comprenais, la danse en duo semblait avoir un lieu fort, et ce lien si puissant se traduisait certainement par les mains tenues ensemble.

« Bien. »

Murmurai-je presque pour continuer sans être perturbée du tout. Je menai, apparemment, la danse, elle me suivait. Et nos mains se quittèrent, dans un geste se voulant triste, comme si elles regrettaient, à contrecoeur.

Je continuai un petit moment, enfin, de longues secondes encore avant de finir sur une révérence, sourire toujours aux lèvres. Je me tournai finalement vers elle et penchai la tête, joignant mes paumes de main -pas dans un sens religieux-.

« Alors ? Qu'en as-tu pensé ? »

La prochaine fois, tu pourrais peut-être la prévenir. Mais bon, Megumi n’a pas semblé perturbée quand tu lui saisis la main. Peut-être que ça aurait plus "amusant" si ça avait été le cas, mais tu n’allais certainement pas te plaindre. Au contraire, ceci voulait dire que la suite se déroula sans encombres et avec passion. Tu n’es pas forcément d’accord avec la fin de cette petite danse - il te semble inutile d’ajouter de la tristesse à cette "séparation" -, mais c’est le sens qu’elle a voulu donner, donc tu le respectes. Et pour une personne qui ne se pense pas capable de prendre des poses "mignonnes", elle sait le faire sans le vouloir d’après toi.

"J’en pense que c’est très bien ! Si on arrive à continuer comme ça, on pourra faire un duo du tonnerre."

Il faudra simplement se mettre d’accord sur le sujet d’après toi. C’est toujours la même chose, combiner l’un et l’autre est souvent compliqué, mais c’est très satisfaisant.

"Je pense que le vrai défi sera d’agir ensemble, le reste je ne m’inquiète pas trop."

Quand au chant... ça viendra plus tard également.

J'applaudis alors.

« Félicitations à nous deux alors. »

Enfin, pour elle, c'était presque normal ; elle faisait ça naturellement. Et j'étais toutefois étonnée par moi-même, non pas que je ne croyais pas en moi-même, oh non, il m'était impossible de totalement rater dans un domaine, hormis certains, comme par exemple, le foot... enfin bref.

« Donc ceci n'était qu'un entraînement ? Tu as d'autres idées quant à la suite ? »

Je souris en penchant la tête, remettant mes mains sur mes hanches avant de les lâcher dans le vide, ne voulant pas être totalement Megumi aujourd'hui. J'avais une bonne partie de Melody, alors j'essayais aussi de me comporter ainsi, sans tomber dans la caricature ou l'abus.

T’applaudir n’est pas dans tes habitudes, mais c’est justifié avec la situation. Vous pouvez être fières de vous. Et encore une fois être positif est très important quand on débute. Il vaut mieux largement ça que se dire "je suis nulle je n’y arrive pas". Tout est une question de dosage.

"Bien joué ! Et oui, ceci était un entrainement, un parmi tant d’autres en quelque sorte."

Mais c’est toujours comme ça de toute façon, elle doit bien le savoir.

"Des idées comme je ne vais plus mourir de froid, on peut faire un peu de chant. Ou continuer sur un duo comme ça si tu préfères. Ou on peut faire une pause, tout simplement. Ça ne me gêne pas de reprendre plus tard bien sûr, c'est comme tu veux, je suis encore en forme !"

Pourquoi faire compliquer quand tu peux faire simple ? Et puis ça rassurera un peu Macha, qui te surveille toujours, si jamais tu te sens mal elle sera prête à intervenir. C'est trop chou et gentil de sa part. Il faudra vraiment que tu la récompenses en rentrant chez toi.

Un entraînement, c'était sûr. Mais je ne lui en voulais pas, c'était un moyen de me tester pleinement cette fois-ci. Je hochai la tête et eus un air navré.

« J'aurais aimé tout faire aujourd'hui, Melody, mais ce froid à tes pieds m'afflige au plus haut point. Je m'en excuse encore avec sincérité. Je préférerais te savoir au chaud, confortablement, que malade suite à notre rendu. Donc, je te propose que nous nous revoyons demain ? Au même endroit ? »

Demandai-je avec un sincère sourire en laissant tomber mes bras le long de mon corps encore. Sepiatroce et Vorastérie nous regardaient au loin, le pokémon Poison et Eau regardait le Mimiqui avec un air curieux, comme s'il voyait rarement d'autres pokémons, ou des pokémons de ce type.