"Aidez-nous".

Lorsque ce message t'étais parvenu, tu l'avais balayé d'un geste de la main.
Quiconque devrait savoir que tu es la dernière personne sur terre prête à aider ton prochain.

"Aidez-nous".

Disait le message, et s'il t'agaçait, tu avais fini par te demander, avec une satisfaction malsaine, quand est ce que l'auteur allait désespérer en réalisant que jamais tu ne lèveras le petit doigt pour aider un inconnu.

"Aidez-nous".

Cette fois le message retient ton attention, lorsqu'il est accompagné d'une photo. Une photo que tu prends finalement la peine d'observer.
Et tu as effectivement bien fait.
Deux pokémons se trouvent sur cette photo, enchainés. Et si d'habitude ce spectacle ne t'aurait fait ni chaud ni froid - tu n'as rien à dire, vu les expériences que tu fais - en revanche ce qui te contrarie, c'est que tu reconnais ces pokémons.
Tu reconnais également la fille qui se trouve sur cette photo.
C'est largement suffisant pour te mettre hors de toi.
On a osé s'attaquer au domaine de la Sorcière.

Évidemment, que tu étais sortie se ta tanière. Car si la Sorcière se moque de tout, on ne touche cependant pas aux biens de la Sorcière.
Tu étais donc partie au lieu de rendez-vous, ce parc d'attractions - bon sang ce que tu détestes cet endroit rempli de sucreries et de bruits. Pourtant, malgré ta réticence, tes yeux n'étaient plus d'orage mais d'éclairs. Tes pas n'étaient plus trainants mais déterminés. Tu ne portais plus une longue cape noire mais des vêtements bien plus légers.
Et dans ta sacoche, tu avais emporté, juste au cas où évidemment, du poison.
Ne faisant même pas attention à la demoiselle dont la chevelure t'agressait la rétine, tu attendais donc patiemment l'auteur de ce message, ton allure lugubre faisant bien tâche avec le reste du parc.

 

Tu ne connais pas bien ce parc, Alceste. Ce qui est tout à fait logique, d'ailleurs. Que ferait une sorcière comme toi dans ce troupeau regroupant des marmots et des grands idiots ne pensant qu'à se gaver de sucre et ne faisant que crier à tue-tête leur stupidité ? Tu as déjà la tête qui tourne, tu as déjà des envies de meurtre, mais tu dois te retenir.
Pour Clorinthe. Tu le feras.
La jeune fille à la chevelure qui t'agresse la rétine ne semble pas plus comprendre que toi - oh non, la belle affaire, pourquoi reste-t-elle avec toi si elle est inutile ? À la fin de cette journée, tu vas devenir folle...

Mais quelque chose dans ses paroles retient ton attention.

-♫ Peut être une salle de miroir ? Celle avec les miroirs qui te font avoir une tête bizarre ? Ou les labyrinthes aussi. ♫

Tu fronces les sourcils. Cela parait effectivement une bonne piste à suivre.

-Et où se trouve cette fameuse salle ?

Une salle de miroirs...
Une certaine appréhension monte en toi. Tu as tout, sauf envie de passer un moment dans une salle de miroirs - et être forcée à contempler ton reflet.
Tu vas vraiment commettre un meurtre à la fin de cette journée.

-♫ Il vous a piqué un truc à vous aussi ? ♫

Cette fois, ton poing se serre violemment sur la feuille contenant le mot, le déchirant presque au passage.
S'il t'a volé quelque chose ?
Oh non. Plus pour longtemps, tu en fais la promesse.

-Trouvons ce clown.

Dis-tu, d'un ton froid, meurtrier, ne répondant même pas à la question posée. La réponse devrait être évidente.
Et ce que tu vas faire en réponse aussi.

Il se trouve qu'il y a bel et bien un labyrinthe de miroirs, ici. Si ta peau en était capable, elle serait devenue encore plus livide.

-Oh mais que voilà de bien jolies demoiselles. Entrez, entrez dans le mystérieux palais des glaces, qui sait ce que vous trouverez à l'intérieur.
-Oh, silence !

Comment ose-t-elle dire que tu es une jolie demoiselle ?! Tu n'as rien de jolie, tu es horrible, tu es terrifiante, et aujourd'hui, tu pars terroriser un clown pathétique. Il n'y a absolument rien d'amusant à cela, alors pourquoi est-ce qu'ils rient, pourquoi est-ce que cette femme sourit, pourquoi est-ce que ces enfants crient ?
Ça y est, tu es en colère, Alceste, et rien ni personne ne pourrait te calmer en ce moment même. Même le ton enjoué de cette fille qui t'accompagne. Au contraire, sa crinière blonde ne fait que t'agacer encore plus.
Tu prends le ticket tendu d'un geste empli de colère.
Et, vous pénétrez dans le labyrinthe.
Partout, vous vous voyez. Partout, tu as l'impression de te regarder.
Et tu détestes ça. Oh non, tu détestes ça. Ton reflet, ton visage, tout ton être, tout ce qui te reflète, tu ne supportes pas de voir ça.
Tu places tes mains sur tes yeux, tandis qu'un râle de rage et de frustration t'échappe.
Oh tu veux en finir, au plus vite.

 

Tu te retrouvais vraiment en position de faiblesse, Alceste.
Parce que tu détestais cet endroit. Parce qu’il t’enrageait. Parce que les miroirs, tu n’as qu’une envie, c’est de les briser.
Alors tu ne réponds même pas à la jeune fille blonde. Non, tu ne dois pas lui répondre, car sinon, tu crierais surement, car sinon, tu lui demanderais juste de disparaitre, comme ces foutus miroirs, comme cette foutue musique, comme ces foutus enfants, comme TOUT CE PARC !
Il te faut un une longue inspiration.
Suivie d’une longue expiration.
Oh, ce que tu aimerais juste t’énerver, juste laisser libre court à ta frustration, Alceste.
Mais.
Clorinthe t’attend. Surement au bout de ce tunnel. Et toute cette colère, tu la réserves pour ce clown.

-Hey, du calme ! Bon, trouver la sortie, hein ?
-Silence.

Tu n’es certainement pas d’humeur à bavarder, Alceste. Alors non, tu ne te calmeras pas. Ce clown de malheur ne mérite pas ton calme.

La blonde ayant la carte, tu la laisses passer en premier. Tu n’es pas du genre à suivre aveuglément les autres, mais ce labyrinthe des miroirs te donne envie de vomir. Et, en plus de ça, tu peux d’abord voir où est ce qu’elle se cogne pour repérer ces endroits et les éviter.
C’est donc ainsi que vous progressez… Jusqu’à arriver à un bain de boue.
Tu clignes des yeux. Mais non, tu ne rêves pas, Alceste.
Tu vas bel et bien devoir traverser un bain de boue.
Etrangement, traverser un bain de boue ne te dérange pas plus que ça. Mais si cette matière pourtant sale ne te répugne pas, tes vêtements et ta peau de cadavre tâchée est indigne d’une Sorcière comme toi.
Oh tu feras payer ce sale clown.
Tu retrousses donc ta robe, et, de tes jambes bien trop fines… Tu te mets à traverser le bain de boue. Tu es entièrement trempée en ressortant, mais soit.
Ce n’est pas de la boue dont tu iras te plaindre.

Néanmoins, ce n’est pas la seule épreuve qui vous attend.
Un bassin. Rempli de Denticrisses.
Cette fois. Ils ne rigolaient plus, hein ? Les épreuves commençaient à être dangereuses.
Mais toi, Alceste. N’es-tu pas dangereuse ?
Alors, Alceste. Tu n’as pas d’autres choix, n’est-ce pas ? Tu dois le montrer. Que tu es plus forte.
Tu dois le montrer. Que c’est lui, qui doit avoir plus peur de toi.
Alors, même si tu sais qu’on est clairement en train de se moquer de toi.
Tu plonges, dans le bassin. Alors, même si la Sorcière a toujours eu un cerveau plus musclé que ses bras, tu les agites, pour nager dedans. Et tu sens, aussi. Les morsures de ces créatures grotesques, tu les sens vous attaquer. Tu ne réponds même pas à Cadence qui te dit de faire attention, l’évidence même. A la place, tu grognes, nageant plus vite pour échapper à la poiscaille.
Et tu y arrives, Alceste.
Mais.
Tu es essoufflée. Tu es épuisée. Tu n’as pas l’habitude de l’effort physique, enfermée toujours dans ton manoir, et ça se voit.
Tu n’es pas une athlète. Et c’est ta plus grande faiblesse.
Tu te relèves en grimaçant, constatant les dégâts. Tu as reçu plusieurs morsures sur les jambes, et, si la boue est en grande partie nettoyée de tes vêtements et de ta peau, ta robe est bel et bien foutue par les morsures.
Et ta rage, n’en fait que grandir.
Ce maudit clown va mourir.

Vous poursuivez votre chemin pour atterrir, sans surprise, sur une nouvelle épreuve.
Cette fois, ce sont les flammes, la lave.
Encore une nouvelle épreuve, hein ?
Oh mais ça ne te fait pas peur, Alceste. Le danger ne t’a jamais fait peur. Tout simplement car tu as toujours préféré le devenir, le danger.
Alors tu traverses la salle, ne t’occupant même pas de la blonde qui t’accompagne. Tu évites habilement la lave…
Enfin, c’est ce que tu crois. Car, si tu ne vois pas tout de suite les flammes, en revanche tu finis par sentir l’odeur de brûlé, et surtout, la chaleur qui devient insupportable.
Ta robe prend feu. Tes chaussures prennent feu.
Très vite, tu cours vers la sortie, et alors que le feu ne prenne plus d’ampleur, tu retires tes chaussures et frappes sur ta robe pour finir par éteindre le feu qui venait de prendre naissance. Néanmoins, tu n’es pas complètement épargnée. Ton pied droit a été brûlé, bien que légèrement, et ta main droite est complètement rouge aussi. Et tu n’as rien pour les entourer, pour l’instant.
Grimaçant, de douleur et de rage, tu te promets alors de faire payer ce clown, de faire payer celui qui a décidé de s’amuser avec ta famille.
Et, comme une sombre malédiction, tu grognes.

-Je vais tuer ce clown de malheur.

 

Tu n'entendais rien, Alceste. Pas même la voix de la jeune femme à tes côtés, se voulant plus calme, plus distraite, comme si pour elle tout cela n'était qu'un jeu. Tu te demandes comment elle peut être ainsi.
Car toi, tu bouillonnes, Alceste. Toi, tu ne supportes pas cette mascarade sous forme de jeu. Tu ne supportes pas cet air de défi, tu ne supportes pas qu'on ose te prendre ce qui t'appartient.
Toi, tu veux rattraper ce clown, et le torturer.

En attendant, il va falloir se retrousser les manches. Tu te relèves doucement, grimaçant à cause de tes brûlures.
Il faut progresser, tu le sais, Alceste. Et jamais tu ne t'avoueras vaincue.
Vous progressez donc, le long de ces longs couloirs qui ne semblent pas avoir de fin. Et, plus vous progressez, plus tu le sens.
La température, qui chute.
Il fait toujours froid dans ton manoir, tu as toujours aimé le froid. Tu supportes donc mieux la chute de température, mais voilà, il commence à faire vraiment froid. Tu fais de ton mieux pour ne pas mourir de froid, bien que cela t'est encore largement supportable... Tu resserres ton gilet autour de ta taille squelettique.
Vivement que vous sortiez d'ici, sinon tu risques de ne vraiment plus pouvoir supporter.

Et voila, l'épreuve suivante. Un champ d'herbe. Et des ronflements.
Évidemment que vous comprenez tout de suite.
Tu crains un moment que la blonde distraite ne fasse trop de bruit, mais il semble que celle-ci traverse sans problème. Alors, tu suis exactement ses pas, la discrétion ayant toujours été dans tes cordes. Tes pieds, nus désormais, se posent sur l'herbe, non loin des créatures endormies. Un pas. Après l'autre.
Et vous traversez. Tu reprends ton souffle, que tu avais retenu durant toute la traversée.
Et tu relèves la tête, devant toi. La lumière qui se dégage du fond du couloir semble indiquer la sortie. Et, malgré tes brûlures, malgré le froid qui a mordu tes joues creusées, tu accélères le pas
Car tu es en colère, Alceste.

-Je vais tuer ce clown.

 

Tu ignores les commentaires de la demoiselle qui t’accompagne, trop énervée pour lui répondre sans grogner ou lui adresser un regard assassin. Oh, tu sais bien qu’elle n’a rien fait, mais c’est comme ça. Tu n’as pas le temps de distinguer ceux qui t’ont nui, ceux qui ne font que se trouver là par hasard. Lorsque tu es en colère comme ça – donc comme rarement - tu as juste envie de déverser ta colère, et peu importe le moyen.
Même si actuellement, tu aimerais bien la déverser sur ce clown, et de la pire des manières.

-♫ Et tout ça pour... rien ? Il est passé où ? Normalement c’est le genre de truc il est censé nous attendre à la fin, non ? Non ? ♫

Oui. Ce serait bien, ça, hein ? Ce serait bien qu’il soit là, à vous attendre, avec son sourire d’idiot, que tu adorerais voir se déformer lorsque tu lui sauteras à la gorge. Car tu as beau avoir une apparence frêle, tu as une arme cachée avec toi, et même une femme maigre avec une arme peut devenir très dangereuse, encore plus si elle sait l’utiliser.

-♫ Ou alors on chope un clown au hasard et on l’interroge. ♫
-Là.

Tu désignes quelque chose par terre, juste à la sortie du labyrinthe, qui donne directement sur l’extérieur. Un petit coffre. Evidemment, il est trop petit pour contenir les êtres que l’on vous a arrachés, mais il n’est de toute évidence pas là par hasard : c’es ça, que vous deviez trouver, à la fin du labyrinthe.

Tu t’en approches, prudemment, avant de le pousser du bout du pied – qui n’est plus chaussé. Rien ne bouge à l’intérieur, et, au bruit que le coffre fait, tu as l’impression qu’il est vide. Tu serres les dents, prête à vraiment exploser si c’est le cas. Vous n’avez pas fait tout ça pour rien, oh non…
Tu te baisses, ouvrant le coffre qui n’est pas fermé à clef… Pour y découvrir, à l’intérieur, une feuille. Une simple feuille, que tu t’empresses de déplier.
Un plan. Des alentours du parc, visiblement. Avec plusieurs points. Tu soupires, agacée. Alors, le labyrinthe n’est pas encore fini, hein ? Oh tu espères que l’un de ces points est bel et bien le clown. Que tu en finisses avec lui, lui qui aime visiblement jouer, qu’il vienne donc jouer avec toi.

Tu montres le plan à la demoiselle qui t’accompagne.

-Il semble que la prochaine étape soit une course d’orientation.

Finalement, tu ne vas pas te séparer tout de suite d’elle, Alceste. Après tout, à deux, vous pouvez couvrir plus de terrain.

 

Plus le temps passait, plus tu t'impatientais. Cependant, tu restes une femme de raison, et non d'émotion : tu savais pertinemment que te laisser submerger par ces dernières n'arrangerait strictement rien. Et en plus de cela, tu avais avec toi cette femme que tu pouvais utiliser pour ses capacités. Celle-ci, bien plus sportive et endurante, semblait remplir la course d'orientation comme s'il s'agissait d'une promenade de santé. Toi, tu suivais, non sans peine. Toute aussi intelligente et exploratrice que tu es, tu n'es pas sportive, Alceste. Il n'y a qu'à voir ta corpulence squelettique et ton teint qui a rarement pris le soleil pour le deviner.
C'est donc tout à fait normal que tu sois déjà épuisée lorsque Cadence t'annonce qu'il faudra se faufiler sous le plus grand manège du parc.
Ce qui est hors de question.

-C'est un piège. En plus de se faire prendre par les gardes, il sera très dangereux de s'y faufiler sans causer un accident.

Car en effet, il s'agit ni plus ni moins que d'un grand huit à grande vitesse.
Et si la sécurité de ta fille est en jeu, c'est justement pour cette raison que tu ne vas pas te précipiter bêtement au risque de tout gâcher.

-Je vais arrêter ce manège. Lorsqu'il sera arrêté, précipitez-vous sous ce manège pour y chercher ce puzzle.

Tu lances un regard appuyé vers la demoiselle, pour lui suggérer que tout dépendra d'elle ensuite.

En attendant, tu te diriges vers l'accueil du manège, dépassant tous ceux dans la file d'attente, qui te lancent un regard outré. Le tien est déterminé, surtout quand tu viens te planter devant le gérant.

-Arrêtez ce manège tout de suite.
-Pardon ?
-Des enfants et des pokémons ont été enlevés, leur sécurité dépend de ce manège. Arrêtez-le sur le champ.
-Madame, qu'est-ce que vous racontez...
-Madame la comtesse de Nives. Arrêtez-le sur le champ, et si vous voulez vous plaindre, plaignez-vous à ma famille.

Son teint devint livide en entendant ton nom. Évidemment que se plaindre aux de Nives était un risque. En plus d'avoir un titre, vous aviez les richesses et beaucoup de réseaux. L'inégalité était une réalité que seuls les idiots idéalistes s'obstinaient de nier.
Convaincu par ton discours, le gérant fit arrêter le manège. Les wagons ralentirent progressivement, laissant coincés dans les airs une bande de joyeux lurons qui protestèrent en chœur. Toi, tu te fichais bien de ce qu'ils pouvaient proférer.
Toute ton attention était désormais portée sur Cadence, qui allait devoir récupérer le deuxième morceau de puzzle, maintenant que tu lui avais laissé la voie libre.

 


Tu te fichais complètement de gêner les autres usagers de l'attraction, ou même de la menace de la police. Tu te crois sans doute un peu trop au dessus des lois à cause de ton rang et de ta richesse. Ce qui, évidemment, te donne plus de privilèges qu'à certains - le monde n'est pas juste, voyons. Mais cela te pousse parfois à frôler la limite à ne pas dépasser, même pour toi. Cela te jouera plus d'un tour, un jour...
Mais ce jour là n'est certainement pas arrivé. Ton ton est menaçant et n'autorise aucune protestation. Et heureusement, le gérant est directement intimidé et t'obéit, ce qui permet à Cadence d'aller compléter le plan.
Qui mène droit à une des attractions les plus populaires du parc.
La grande roue.

-Au fait... comment t’as fait pour arrêter le manège ?

Si, en temps normal, tu te serais contenté d'une vague réponse, cette fois ci, tu es bien plus directe en lui montrant directement.

-Comme ceci.

D'un coup, tu empoignes son bras, l'entrainant avec toi alors que tu dépasses tout le monde dans la longue file d'attente interminable. Beaucoup protestent, beaucoup vous crient dessus, mais tu n'as jamais été aussi rapide de ta vie ni aussi agile pour te faufiler entre les gens, et ce, malgré ta grande taille. Tu entends également des chuchotements sur tes pieds nus, ta robe abîmée er ton visage barbouillé.
Vraiment, c'est indigne de toi, Alceste. Vivement que tout cela se termine.

Grâce à ton doublement de toute la file, vous arrivez pile au moment où la grande roue s'est immobilisée et où les passagers sont descendus. Le gérant de la grande roue proteste comme son collègue, mais tu l'ignores royalement. Tu as repéré quelque chose de bien plus intéressant. Tu désignes alors une cabine condamnée, dont les fenêtres ont été condamnées et la porte bloquée.

-Mademoiselle, vérifiez cette cabine.

Le gérant se dirige vers vous, prêt à vous expulser sans plus tarder, tandis que ceux qui se sont fait dépasser dans la file d'attente protestent de plus en plus.
Il fallait agir, et vite.

 


Pour une fois, tu ne vas pas cracher sur la compagnie. Heureusement pour toi, Cadence réussit à enlever les planches qui condamnent la cabine, sous les cris protestateurs des gérants, que tu fais taire d’un regard noir cependant. Et, après un labyrinthe infernal, après une course interminable, vous voilà enfin au point d’arrivée.
Tu redoutes encore une nouvelle carte ou une nouvelle énigme, ou pire encore, une vaste farce qui ne vous mènera nulle part, mais en voyant un pokémon rose sauter pour atterrir dans les bras de Cadence, tu sais que vous en avez enfin fini. Tu t’approches toi aussi de la cabine.
Et pousses un long soupir de soulagement. Une petite tête noire aux chevais de jais et aux yeux bleus relève la tête vers toi. En te voyant, un large sourire élire son visage, et elle se précipite dans tes bras.

-MERE !

Sans un mot, tu la laisses t’étreindre, posant simplement une main sur sa tête. Tu n’as jamais été du genre à aimer les contacts physiques et trop affectueux, néanmoins, tu es véritablement soulagée de revoir Clorinthe saine et sauve, de retour à tes côtés. Tu la repousses ensuite, pour examiner si elle présente une quelconque marque de violence physique.

-Clorinthe. Qui t’a fait ça ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Dis-moi tout.
-Je ne sais pas… Je n’ai même pas vu. De retour de l’école, je me suis soudainement évanouie et ensuite, je me suis retrouvée enfermée avec Lémure et Casper, qui ne se réveillaient pas. J’ai appelé, appelé, mais personne ne répondait et…

Tu la vois serrer ses petits poing, signe de son impuissance. A nouveau, tu passes une main sur sa tête.

-Tout va bien, je suis venue après tout. Je retrouverai ceux qui t’ont fait ça, et je te vengerai. Quiconque t’a fait un affront ne doit pas rester impuni.
-Oui ! Et moi aussi je me vengerai !
-Bien entendu.

Tu entends des murmures derrière vous, la foule confuse ne comprenant pas ce qui se passe. Peu après, ce sont des sirènes de police qui retentissent, et tu vois des agents arriver sur les lieux. Les gérants des manèges étaient sérieux pour appeler les forces de l’ordre.
Cependant, cela t’arrange. Après tout, pour une fois, tu n’es pas la coupable, tu es la victime. Tu restes un trop long moment avec eux à ton goût, leur racontant toute l’histoire. Une fois cela fait, ils te relâchent, reconnaissant que tu es effectivement celle qui a subi, avec la jeune demoiselle Cadence. Jeune femme que tu vas d’ailleurs saluer une dernière fois.

-Rentrez bien avec vos pokémons, mademoiselle Cadence. Gardez les bien, ou apprenez-leur à se défendre.

Une dernière révérence avant de te séparer d’elle. D’habitude, tu n’aurais pas pris la peine de la saluer, mais tu dois bien avouer que c’est grâce à votre coopération que vous avez réussi à récupérer ceux qui vous ont été volés. Décidément, ça ne te ressemble pas, Alceste.
Mais pour Clorinthe, et uniquement pour Clorinthe, tu es prête à changer.
C’est donc après cette journée plus que mouvementée que tu retournes au manoir, tellement sur les nerfs que ton regard fait fuir n’importe qui s’approchant à deux mètres de vous.
Et tu te jures que tu finiras par tuer n’importe quel clown s’approchant un peu trop près de vous.