Me balader, me promener, découvrir un nouveau pette coin de paradis, ça avait aussi ses bons côtés. Là où, autrefois, je me serais précipitée à la plage avec une planche de surf pour affronter les vagues, je me contentais maintenant de mon petit scooter électrique pour me promener dans ma région d'adoption. Je n'étais pas retournée à la plage depuis que j'avais quitté mon île natale. Il fallait avouer, en même temps, que la présence de l'océan m'oppressait tant je craignais retomber à nouveau sur un sharpedo. Il n'y en avait pas dans toutes les mers, j'en avais conscience, mais tout de même. Je préférais, depuis, les rivières, les lacs, les étangs, les piscines. Les rivières car peu profondes, le reste parce que c'était clos sur tous les côtés et qu'un Sharpedo ne pouvait y trouver son bonheur. Ce requin m'avait privée de trop de choses pour que je me risque à en croiser un autre, un jour. Je tenais à garder ma jambe, même si je me disais, parfois, qu'il aurait été plus simple que je la perde et que j'ai une prothèse à la place. Avec une prothèse, j'aurais pu - à condition de vaincre mon blocage - refaire du surf, une jambe synthétique étant plus résistante que le corps humain, surtout lorsqu'il avait tant souffert. Mais ce n'était pas le cas. Et d'un côté, j'en étais soulagée. D'autant que ma jambe me rappelait sans cesse que les actes avaient des conséquence et que j'avais eu la force de me relever. Chaque regard à cette cicatrice qui barrait ma cuisse était un rappel de ce à quoi j'avais survécu et de ma force de caractère. Et j'en tirais une grande fierté.

Je coupais le moteur de mon petit scooter électrique après l'avoir garé sur le bas côté. Aujourd'hui, l n'y aurait pas de regard à cette marque plus indélébile encore qu'un tatouage: du fait du printemps qui commençait à peine à poindre le bout timide de son nez, je portais un jean avec des bottes de moto. Oui, bon, certes, c'était un peu ridicule sur un scooter, mais bon. La pomme, bien calée entre mon perfecto et ma poitrine remua jusqu'à pouvoir voir ce qu'il se passait à l'extérieur. "Je me suis dit que ça pourrait être sympa d'aller faire un petit tour et de voir si on pouvait trouver un nouvel ami, Sponk. T'en dis quoi?" Bien entendu, le Verpom ne m'offrit aucune réponse. A quoi m'étais-je attendue? J'ôtai mon casque pour le poser sur le guidon, me demandant si l'endroit craignait, et décidais de le laisser comme ça. Après tout, tant qu'on me prenait le casque mais pas le véhicule dont j'aurai la clé avec moi, tout irait bien!

J'étais là pour trouver un nouveau compagnon pour Sponk, mais le pokemon qui me faisait face, là, au milieu du chemin... Disons que ce n'était pas trop mon délire. Je préférais passer mon tour. Je n'étais pas forcément très exigeante, mais j'avais envie d'un coup de coeur. Surtout pour une première capture à Lumiris. Bref, je décidai de passer mon chemin, non sans un petit mot d'excuse pour le pokemon quand même. "Désolée, mon petit. Je ne crois pas que l'on soit fait pour vivre ensemble, toi et moi. " Je haussai les épaules, désolée, avant de me détourner de ce pokemon éconduit. Il y avait juste quelque chose qui n'était pas passé entre lui et moi.

Je quittai donc le chemin pour m'enfoncer entre les arbres, Sponk toujours dans l'ouverture de mon perfecto. Je savais qu'il n'en bougerait pas, sauf s'il trouvait quelque chose à son goût. Je n'étais même pas certaine qu'il réagirait si je croisais un pokemon qui me plaisait. Peut-être ne se sentait-il pas concerné? Je n'en savais rien. Ce que je savais, c'était qu'il était parfois un peu trop placide pour moi. J'avais besoin d'un pokemon plus énergique, des fois. Ce que j'étais, moi aussi.... Même si je ne faisais plus vraiment de sport. En tout cas, je ne courais plus comme je pouvais le faire avant mn accident. Ca me manquait, des fois. Enfin.

J'avais commencé à m'écarter du chemin pour m'éloigner du Balignon quand j'avais entendu un petit cri plaintif qui m'avait fait m'arrêter net et changer de direction. Clairement, c'était un pokemon en détresse et j'avais bien envie de savoir lequel c'était. La curiosité était un vilain défaut, je le savais. La témérité aussi, mais là, il n'était pas question de témérité. Juste de curiosité. Et...

Et je tombai bientôt sur un pauvre petit Salamèche, visiblement mal en point qui me fit chavirer le coeur. Si mon amour premier était pour les pokemon eau et/ou fée, mon deuxième était pour les pokemon feu. Et le voir là, comme ça, à m'appeler, ça me parlait. Ca me fendait le coeur et je ne pouvais que tenter de le capturer. Pour son bien. Parce que j'avais envie de m'occuper de lui et.... Parce qu'il était extrêmement touchant, comme ça.

"Salut, petit Salamèche. Ca te dirait de trouver une petite famille?" demandai-je

Elle. Il s'agissait d'une femelle, ce qu'elle me fit rapidement comprendre après m'avoir rejointe. Elle semblait à bout de force et, pourtant, elle avait trouvé au plus profond d'elle-même celle de me rejoindre et d'entourer ma jambe de ses petits bras. Oui, très visiblement, elle avait besoin de quelqu'un qui s'occupe d'elle, qui prenne soin d'elle. Ce que j'étais tout à fait prête à faire, d'ailleurs. Je m'accroupis près d'elle, gardant tendue la jambe qui avait tant souffert dix ans plus tôt parce que cette position me mettait toujours à mal si je la gardais trop longtemps, et la serrai contre moi avant d'officialiser son adoption par la capture. La pokeball n'avait pas bougé très longtemps avant de se stabiliser et j'avais rapidement fait ressortir la petite pokemon feu de la petite sphère.

"Bienvenue, Imagine." lui dis-je. "Je vais prendre bien soin de toi, tu vas voir. Je te propose de rester pour l'instant dans ta pokeball, pour pouvoir te reposer. Dès que je serai rentrée à Nemerya, je t'emmènerai dans le centre pokemon pour qu'ils puissent vite te soigner. D'accord?" Elle réfléchit un instant, penchant la tête sur le côté avant de d'abord secouer la tête puis de la hocher, visiblement incertaine. Ce fut un regard à sa queue qui la convainquit d'accéder à ma demande et elle retourna à l'intérieur, visiblement soulagée d'avoir trouvé une famille.

Quant à moi, je décidai de poursuivre un peu ma promenade.

J'étais contente de cette petite capture de Salamèche. J'avais déjà trouvé le nom pour la petite pokemon, d'ailleurs, pour mon plus grand bonheur. Et je ne savais pas encore à quel point nous allions rapidement nous lier elle et moi. A quel point elle finirait par agir comme si elle était avec moi depuis beaucoup plus longtemps. Sans doute parce que je lui avais sauvé la vie. En attendant, je n'allais pas avoir l'occasion de réfléchir davantage à la capture de cette petite lézarde que quelque chose me tomba littéralement sur la tête.

Mon premier réflexe fut de le repousser loin de moi, mais des serres s'agrippèrent à ma main avant de la lâcher et de tomber par terre. Je me rendis alors compte qu'il s'agissait en fait d'un petit pokemon oiseau. "Bah alors, petit bonhomme? Je t'ai pas fait mal, au moins?" demandai-je au petit être ailé avant de tendre la main vers lui pour l'inviter à venir s'y percher, s'il était seulement déjà en âge de voler. Je le trouvais un peu jeune quand même, je devais bien le reconnaître. Je me redressai, cherchant son nid du regard pour pouvoir l'y remettre le cas échéant.