Le soleil tape dur aujourd'hui. Ma casquette Adidos noire garde toute la chaleur des rayons solaires, ce qui me fait transpirer de la tête comme pas possible. Ce coup de chaud n'affecte pas pour autant mon enthousiasme : ce weekend, une grande fête d'Été est organisée à Sunrya et j'ai entendu parler de l'atelier des entraîneurs. Ces derniers donnent des astuces pour gérer nos pokémons et optimiser leurs performances. Aujourd'hui, je compte bien leur présenter le cas Shenron, un monstre incontrôlable qui a torturé ma précieuse amie et qui n'en fait qu'à sa tête.

Après avoir travaillé toute la matinée au Café, je me pose à l'ombre dans une ruelle menant à la féria. J'en profite pour allumer une cigarette et envoyer un message à Astelle.

Manon a écrit:

“ Slt ma belle ! Ça va bien ?

Dis moi, aujourd'hui tu bosses pas ? Parce que là je suis à la Féria de Sunrya, je compte aller à l'atelier des entraîneurs pour choper des tips ! Tu sais que j'ai toujours du mal à gérer Shenron ... je t'en parlerai.

Si t'es libre, jte propose de venir me rejoindre ! Tkt on va pas passer toute la journée à gronder Solochi, je compte t'amener à la foire, ça va être super marrant !

Répond moi quand tu peux
XXXX ”

Autant lier l'utile à l'agréable. C'est la première personne qui me vient à l'esprit lorsqu'il s'agit de s'amuser lors d'un événement. Nous en avons fait plusieurs ensemble mais nous sommes jamais vraiment toutes les deux, c'est pourquoi je compte bien lui proposer de sortir ensemble, seule à seule. Oui, je crois que c'est un date.

Je termine ma clope avant de la jeter dans la poubelle et rejoindre le petit atelier. Entre temps, je libère la bête en prenant soin d'enfiler une muselière sur sa tronche et d'attacher autour de son cou un collier étrangleur. Cela semble barbare mais c'est la seule solution pour l'empêcher de chiquer les passants.

Rejoignant finalement la cabane, une ribambelle d'entraîneurs aux muscles saillants se présentent devant moi. Certains font les gros yeux en voyant l'attirail de mon monstre. En balayant les barnums du regard, je tombe sur un mec baraque au regard dur et impitoyable. Instinctivement, je me dirige vers lui, convaincue qu'il sera la réponse à tous mes maux.

« Bonjour m'sieur ! Je suis Manon, dresseuse de pokémon. Et je vous présente mon Solochi ... »

Le visage toujours impassible, les yeux de l'homme se pose sur le Solochi. Ce dernier est incroyablement calme, probablement à cause de son attirail qui l'empêche de faire des misères.

« Il a pas l'air comme ça, mais je vous jure qu'il est difficile à gérer. Il ne m'obéit pas du tout, il est méchant avec tout ce qui passe sous son nez ... et pourtant, il a une force redoutable et je suis sûre qu'il est bourré de potentiels.
- Venez avec moi, on va voir ça. »

Sans discuter d'avantage, le sportif m'amène dans un coin plus dégagé, dans un espace vert. Il me demande de de faire un tour avec le Solochi, le temps qu'il analyse son comportement. Le pokémon tire comme un fou la laisse et je tente tant bien que de mal à le maîtriser. Finalement, le coach m'arrête et se rapproche de nous.

« Enlevez lui la muselière. » me dit-il d'un ton sec et assuré.

Je déglutis péniblement avant de retirer le bâillon. Je peine à le libérer puisqu'il n'arrête pas de gigoter. Je le cale contre mes cuisses en espérant le calmer mais rien n'y fait. Heureusement, l'éducateur décide d'intervenir.

« Donnez moi la laisse. »

Impossible de savoir ce qu'il pense de moi. Je me contente de lui obéir et d'observer sa façon de faire. L'homme reste droit et ne bouge pas. Le Solochi continue de chahuter jusqu'à ce qu'il se lasse et s'assied au pied du mec. Ce dernier lui ôte aisément sa cage buccale et part faire un tour avec lui. Le pokémon est toujours surexcité mais des petits coups secs sur la laisse le tranquillise immédiatement. Pas besoin d'un collier étrangleur : le coach m'indique qu'une correction physique suffit à faire sortir le pokémon de sa surexcitation. L'entraîneur revient vers moi pour faire le topo.

« Il faut savoir que votre attitude impacte directement le comportement du pokémon. Vous voyez, une attitude confiante pousse Solochi à rester sage et soumis. C'est pour ça qu'il n'a pas tiré sur la laisse et qu'il n'a pas tenté de me ... »

Au même moment, le Solochi l'attaque ! Alors qu'il tente de le chiquer, le coach claque sèchement son museau avant de pousser un son :

« Tk, tk. »

Miraculeusement, Shenron stoppe son offensive et s'éloigne de l'éducateur. Abasourdie, je questionne l'homme sur son savoir-faire.

« Je me suis servie d'un son qu'il interprète comme un avertissement. Ceci dit, ça ne marche pas quand il se montre trop agressif. Le Solochi a voulu tâter le terrain mais n'était pas pour autant très agressif. C'est à ce moment là qu'il faut agir : dès que Shenron commence à montrer des signes d'agressivité, ce signe devrait le calmer mais à condition que vous le reprenez avant qu'il morde. »

Studieuse, j'ai amené un petit carnet où je note tous ses précieux conseils. Avant de me redonner Shenron, l'éducateur me montre une dernière chose. Solochi étant très agité, l'entraîneur va attacher sa laisse à sa ceinture. C'est alors que le monsieur tape son meilleur footing jusqu'à épuiser le pokémon. En regardant le coach parcourir le terrain, je me dis que je n'ai pas le cardio nécessaire pour dépenser l'énergie de Solochi. L'homme rapplique vers moi pour me donner de nouveaux conseils.

« Solochi est un pokémon avec beaucoup d'énergie. Si il reste enfermé trop longtemps, il restera dans cet état de surexcitation. Et pour relâcher cette énergie refoulée, il faut l'emmener courir.
- Mais moi j'ai pas un cardio aussi extraordinaire que vous, y'a pas une autre façon de faire dépenser son énergie ?
- J'allais y venir. Ça sera la deuxième partie de notre entraînement : vous allez exploiter cette énergie dans les combats pokémons. Vous êtes dresseuse non ? Les combats seront le meilleur moyen d'extérioriser son agressivité.
- C'est vrai, c'est pas un pokémon que je fais beaucoup combattre. Mais en même temps, il ne m'obéit jamais ! C'est impossible de le canaliser ...
- Nous allons voir ça avant de passer à la deuxième partie. Reprenez la laisse, et appliquez mes conseils. »

J'avale difficilement ma salive. Le Solochi n'a plus sa muselière, il va probablement essayer de me mordre. Comment cela va-t-il se passer ? Vais-je réussir à mettre en place les conseils de l'entraîneur ?

Résumé:

Chambre d’Astelle Dumas. Kishika.

Il faisait vraiment trop chaud pour sortir.
Un énorme pot de crème glacée à la main, Astelle savourait la matinée.
Ses manuels de référence pour l'examen de Ranger novice étaient étalés en vrac sur la table basse. Ces derniers temps, elle était constamment plongée dans ses études.
Elle participerait bientôt à un stage de formation de plusieurs jours, qui aurait lieu à Windoria.

Quelqu’un frappa discrètement à sa porte.
— Astelle, tu ne veux pas sortir un peu ?
— Nan, maman. Je n’ai pas fini de travailler, dit-elle en s’enfournant une large cuiller de glace au chocolat.

Sa maman lui faisait penser à un Mormartik.
Petite et fluette, impeccable dans son léger kimono d’été. La chaleur ne semblait pas avoir de prises sur elle. En fait, pas grand chose ne semblait l’affecter, mais l’éducation traditionnelle qu’elle avait reçue la poussait à garder le contrôle sur ses émotions. Astelle la trouvait vraiment trop cool.  
— Je vois… écoute mon petit cœur, ça me peine vraiment de te dire ça, cependant…
— ...cependant ?
— Tu es en train de devenir grosse.

Le choc fut tel qu’Astelle en laissa tomber sa cuiller dans le pot.
— Q…-quoi…?
Ses joues s’enflammèrent, et se levant d’une traite, elle se précipita dans la salle de bain pour se peser.
Un cri d’horreur résonna dans la petite maison de la famille Dumas.

— ...m-m-mais, je sors courir tous les matins…!
— ...après quoi, tu t’arrêtes systématiquement chez le boulanger.
— Je fais aussi cinq séries de pompes, d’abdos et des exercices de cardio !
— ...et ensuite, tu vas voir dans le congélateur s’il nous reste de la glace.
— ...mais je dois étudier… c’est vraiment dur de se concentrer tellement il fait chauuuuuud…!

Astelle commençait à tomber à court de prétextes.
Refusant d’y croire, elle se pinça discrètement la peau de l’estomac...
...mais comme toujours, sa maman avait raison.

— Tu as besoin de t’aérer un peu l’esprit, mon cœur. Tu ne penses plus qu’à tes études, et le stress te fait manger pour le double de ton poids.
— Huuuuh… gémit Astelle en s’accrochant à son grand pot de crème glacé.
— ...je vais ranger ça pour toi, d’accord ?
— ...voui.

Affalée sur la table, Astelle continua de geindre silencieusement.
Et elle resta ainsi, jusqu’à ce qu’une opportunité de perdre du poids vienne présenter le bout de son petit nez.
Son pokématos se mettant à vibrer, la jeune fille le récupéra pour lire le message.

...c’était Manon !

Manon a écrit:

“Slt ma belle ! Ça va bien ?

Dis moi, aujourd'hui tu bosses pas ? Parce que là je suis à la Féria de Sunrya, je compte aller à l'atelier des entraîneurs pour choper des tips ! Tu sais que j'ai toujours du mal à gérer Shenron ... je t'en parlerai.

Si t'es libre, jte propose de venir me rejoindre ! Tkt on va pas passer toute la journée à gronder Solochi, je compte t'amener à la foire, ça va être super marrant !

Répond moi quand tu peux
XXXX”

Un grand sourire vint s’épanouir sur son visage.
Astelle s’imaginait déjà en train de visiter la foire avec son amie. Toutes les deux, main dans la main.
Elles feraient le tour des activités ensemble, mangeraient des pommes d’amour, et puis, à un moment… Manon se retournerait vers elle, le soleil couchant auréolant d’or sa silhouette.
Là, son regard se ferait plus sérieux.
Plus tendre aussi…

Et se rapprochant délicatement d’elle, Manon lui murmurerait à l’oreille…
“...dis donc, t’as vachement pris du bide !”

— ...noooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon ! s’écria Astelle en se roulant et en gesticulant sur le tatami. Tout mais pas ça… snif…

...néanmoins, elle irait tout de même.
Cherchant dans sa commode des vêtements un petit peu plus amples que d’habitude, la jeune fille se prépara soigneusement, puis se coiffa d’une casquette pour se protéger du soleil. Aujourd’hui, il faisait trop chaud pour que Draco-Senpai l’accompagne en se glissant autour de son cou, tel une écharpe. D’ailleurs, le petit dragon rose agonisait actuellement dans l’évier de la salle de bain, refusant de se lever, ou même de rentrer dans sa pokéball.

Sur le palier de la porte, Astelle dit au revoir à sa maman, se chaussa de ses rollers, et s’élança sur la piste cyclable.
— ...je me demande combien de calories je peux brûler d’ici mon arrivée à Sunyra…

***

Astelle a écrit:

”Coucou Manon !
Nan, je travaille pas ! Enfin, pas vraiment ! Je profite d’être un peu à la maison pour aider papa au moulin et maman à la cuisine, mais tous les deux me reprochent surtout de leur traîner dans les pattes, alors... >.>
J’étais en train d’étudier là, mais maman me suggérait de faire une pause de toute façon.
Je chausse mes rollers et j’arrive ! J’en ai pas pour longtemps !

A très vite ! Bizoo !

ps : Il fait chaud, alors hydrate-toi bien !
ps2 : ...qu’est-ce que tu penses des filles un peu enrobées…?”

***

Atelier des entraîneurs, Feria de Sunyra.

Un poképoulpe sur l’épaule, Astelle se promenait dans l’espace d’entraînement.
Shyo-chan était aux anges. Où qu’elle tournait le regard, les gens faisaient du sport ! Apprenaient des techniques de combat ! Faisaient des trucs et des machins avec des rubans et des cerceaux ! L’esprit combattif du poulpaf était à son maximum !

De son côté, Astelle avait rangé ses rollers dans son sac, et faisait le tour des activités en espérant repérer Manon quelque part. L’atelier était drôlement populaire, et la joyeuse frénésie du petit pokémon ne l’aidait pas à retrouver son amie.
Elle tressautait en rythme sur son épaule. Actuellement, c'était un air de musique douce qui paraissait captiver toute l’attention de Shyo-chan.

Devant un poste de radio, un grand groupe de personnes faisait des exercices matinaux, de musculation, d’étirement et de remise en forme. En se renseignant rapidement, Astelle découvrit que l’évènement aurait lieu régulièrement tout au long de la Feria, et après chaque session, les participants pourraient demander à se faire tamponner un petit carton et gagner des prix.
Nombreux étaient les visiteurs à s'inscrire avec leurs pokémons.
— Est-ce que tu veux qu’on fasse une session avant de continuer à chercher Manon ?
Inutile de lui poser la question, Shyo-chan agitait déjà ses gants de boxe en rythme. Petite boule de tentacules et de bonheur.
— Très bien ! Faisons ça, alors ! En plus, j’ai besoin de faire du sport.

Astelle et son poulpaf s’alignèrent auprès des autres participants, et prêtèrent attention aux consignes du moniteur sportif. La musique redémarra, et elles étaient parties !

1. Faire tourner et s’étirer les bras.
Un exercice auquel Shyo excella très vite, faisant tourner non seulement ses gants de boxe, mais également chacun de ses petits tentacules ! Pouffant de rire en observant son petit poképoulpe, Astelle répéta les mouvements de l’animateur à son rythme.
Ce n’était pas très différent de ce qu’elle faisait le matin en se levant, avant d’aller courir, mais puisqu’elle s’était dépêchée de venir, traversant la piste cyclable au plus vite, ça ne lui ferait pas de mal de prendre le temps de faire quelques étirements. Et de bien respirer.

2. Croiser puis tendre les bras, tout en fléchissant doucement sur ses genoux.
— Shyo-chan, chuchota la jeune fille à son pokémon. Pour cet exercice-là, il va falloir que tu te décides… est-ce que tes tentacules sont des bras, ou des jambes ?
Le petit poképoulpe lui retourna un regard confus, essayant tout à la fois de tourner et de fléchir l'ensemble de ses petits membres mous ! Tous en même temps !

3. Se pencher pour étirer délicatement son dos, d’avant en arrière, puis de gauche à droite.
La détresse s’empara de Shyo-chan ! Et Astelle elle-même resta perplexe un moment. ...est-ce que Poulpaf avait réellement un torse…? Le tronc commun où les tentacules se rejoignaient, peut-être ? Mais il était tellement petit et mou, surtout comparé à sa tête.
— Euuuh… n’abandonne pas Shyo-chan ! L’important, c’est d’y mettre du coeur ! Et puis, regarde le Rondoudou à côté de toi, lui non plus, il ne sait pas rentrer le ventre !

...malheureusement, n’ayant pas parlé assez doucement.
Le Rondoudou se rendit compte qu’on le citait en (mauvais) exemple.
Il jeta à Astelle un regard meurtrier.


Ayant reçu un petit tampon sur sa carte (et ayant très vite fui le Rondoudou qu’elle avait vexé), Astelle reprit sa promenade en s’efforçant de consoler la pauvre Poulpaf.
— Allez, t’inquiète pas, va… tu n’as peut-être pas pu faire les exercices d’étirement du torse, mais rien que pour les bras, tu en as fait au moins six fois plus que tout le monde ! D’une certaine façon, ça s’équilibre !

Sa petite Shyo-chan sur l’épaule, la jeune fille recommença à chercher Manon.
Qu’elle trouva finalement un peu à l’écart, en pleine activité.
Constatant la présence de son ancienne dresseuse, Poulpaf parut se tendre d’un seul coup.
Elle serra ses gants de boxe, d’un air courroucé.

...Astelle comprenait bien sa réaction.
Elle-même n’était pas entièrement à l’aise.
Et pour cause...

Manon s’entraînait avec Solochi.
...avec le pokémon qui l’avait violentée par le passé.
— Faisons nous discrètes, le temps d’observer un peu, d’accord ?

Atelier d’entraînement, Semaine 1 :

Spoiler:

Spoiler:

Avant de débuter l'exercice, l'entraîneur met un point d'honneur à changer de laisse pour Solochi. Il m'explique qu'aucun pokémon ne mérite un collier étrangleur, même les plus dangereux. En effet, cette bride les rend d'autant plus agressifs car ils se sentent vulnérables. Pareille pour la muselière mais l'éducateur choisit de ne pas l'enlever afin d'éviter de potentielles blessures. Et il a vu juste : dès que je reprends Shenron en main, ce dernier ne se comporte absolument pas de la même façon avec moi, qu'avec le comportementaliste. Sans m'en rendre compte, je reprends mes mauvaises habitudes : je répète systématiquement « Arrête, Khkh » en tirant sur la bride, mon corps se raidit et mon regard est braqué sur mon pokémon.

L'éducateur faisant le constat, me demande de stopper.

« T'as une aptitude trop nerveuse avec lui, forcément il le ressent et en profite, me dit-il en me tutoyant parce que c'est plus simple, c'est pas en lui disant systématiquement d'arrêter de tirer qu'il va le faire. »

Il reprend la laisse et marche avec le pokémon. Naturellement, l'attitude de ce dernier se métamorphose, comme si en présent de l'homme il s'assagit. Mais dès qu'il veut s'affranchir des limites, l'éducateur donne un simple coup sec sur la laisse en faisant claquer sa langue. La posture droite et confiante du mec diffère totalement de la mienne. Je prends donc de la graine et j'entreprends l'exercice.

Dès que Shenron commence à s'agiter, j'effectue le même geste que l'entraîneur en gardant mon aplomb.

« Ne le regarde pas, profite de ta balade : c'est toi qui le promène, pas lui ! » me conseille l'homme aux muscles saillants.

Enfin, je parviens à décrocher mon regard de la bête. Je peux profiter du paysage sans avoir à garder l'œil sur Solochi ! Celui-ci semble apprécier mon allure et se comporte gentiment. Toute enjouée, je le complimente :

« Ah ! C'est beaucoup mieux comme ça tu crois pas ? On a pas à se batailler, juste à profiter ! »

L'éducateur revient vers moi, me félicitant. Maintenant, il est temps de passer à la deuxième partie, sans la muselière.

« Ton pokémon à tendance à chiquer, c'est ça ?
- Oui. Dès que j'le libère, il devient incontrôlable. Impossible de me battre avec lui, il ne m'écoute pas. »

Le dresseur reprend alors les reines. Comme je l'ai dis, Shenron s'agite et tente de chiquer l'entraîneur. En répétant le même geste et le même bruit, ce dernier parvient à calmer le monstre. Pendant quelques secondes, le Solochi ne fait aucune tentative et se trouve récompensé d'une petite friandise. Étonnée, cette démonstration semble toute bête et je me demande pourquoi n'ai-je pas fais cela plus tôt.

« Il ne suffit pas de punir. Une récompense marche bien mieux qu'une punition. Dans un premier temps, donne lui une friandise quand il a un bon comportement. Après, il se comportera bien sans que tu ais besoin de l'engraisser. »

Ne m'en montrant pas plus, il me refile la bride ainsi que le sac à confiserie. Le Solochi, plutôt malin, repère le sac à bonbon et s'apprête à s'en emparer. Automatiquement, je réplique le geste de l'entraîneur en donnant un petit coup sur le bec. Malgré ma bonne volonté, le Solochi s'énerve davantage et déchire le sac à friandise.

« BAAAP »

L'éducateur pousse un cri si fort et si aigu que je sursaute de surprise. Le Solochi, sensible aux oreilles, arrête tout de suite son carnage et se rétracte.

« La petite tape, ça ne va pas marcher avec lui. Dans ce cas, t'as juste à faire un son désagréable pour qu'il stoppe son comportement.
- D'accord ... mais pourquoi ça marche pour vous ?
- Parce que je suis César Millan. »

Nous répétons une nouvelle fois l'exercice. Le dragon aveugle, sachant que je détiens le sachet va essayer de le choper. Je détourne de la bête pour protéger les bonbons, en criant de manière ridicule.

« BAP baAP !!!»

César intervient immédiatement.

« Nan ne te tourne pas, fais lui face, c'est toi le chef, t'as pas à avoir peur qu'il te vole ta nourriture. Aie confiance. »

Alors que le Solochi saute sur moi, je fais face à lui le regard strict et impassible.

« BAP ! » je gueule d'un ton beaucoup autoritaire.

N'étant pas habitué à ce que je réagisse comme cela, Shenron s'asseoit et attend d'être nourrit. Une fois plus tranquille, nous reprenons la marche. À chaque fois qu'il se comportera de travers, je pousserai ce même son et dès qu'il agit comme une crème, il est récompensé. J'ai l'impression que cet entraînement dur une éternité : je pense que ça fait bien deux heures que je suis là, en train de piailler comme une idiote jusqu'à ce que Shenron soit sage.

« Très bien, super boulot. Continue à t'entraîner avec lui, c'est important que tu passes du temps avec lui et que tu fasses des activités où il peut décharger toute son énergie. Tu verras, si tu continues comme ça, tu pourras t'entraîner et te battre avec lui. C'est un super pokémon, il a plein de potentiel, donne lui de l'amour aussi, et de la reconnaissance. Il pourra alors se développer sereinement.»

Ravie de ses conseils, je le remercie chaudement pour le temps qu'il m'a accordé. Nous nous échangeons nos numéros si toute fois j'ai besoin de son expertise, puis nous nous quittons. Maintenant, j'ai le droit à une pause bien méritée, avec Shenron.

Actions:

Courage Manon !
Dissimulée derrière la clôture, Astelle observait l’entraînement de son amie. Le vilain Solochi semblait lui mener la vie dure, mais en suivant les conseils de son coach, elle commençait petit à petit à l’apprivoiser !

A ses côtés, Poulpaf n’y tenait plus.
Impossible pour elle de rester sans rien faire tandis qu’on entraînait son rival ! La jeune fille eut un petit sourire amusé. Pour contenir son impatience, le poképoulpe faisait des tractions sur les barres parallèles de la rambarde. Sifflant sous l’effort, avec un bruit qui ressemblait un peu à la façon dont l’air s’échappait d’un ballon de baudruche crevé.
— On dirait qu’elles en ont encore pour un moment. Tu veux refaire un tour des attractions, Shyo-chan ?
Évidemment qu’elle le voulait !

***

S’il y a une chose qu’on pouvait bien admettre au sujet de l’atelier d’entraînement de la Féria, c’est que les animations étaient nombreuses et variées. ...pour le meilleur comme pour le pire.
— Venez affronter mon Goinfrex ! Lequel de nos pokémons peut-il finir de manger 100 baies le premier !?
— Non, on ne va pas faire ça.
— Faites un bowling contre mon Electrode ! Saurez-vous lancer votre pokémon de manière à renverser toutes les quilles ?!
— Ni ça.
— Mon Excellangue peut étendre sa langue sur près de six mètres ! Défiez-le dans un combat avec l’appendice de votre choix !
— Tu es trop jeune pour les bisous, Shyo-chan.
— Tenez trois minutes sur le ring contre Tygnon et recevez un Superbonbon !
— Ah ! Enfin !

...il avait pratiquement fallu marcher dix minutes pour tomber sur un atelier qu’Astelle ne jugeait pas “trop bizarre”. Sans trop réfléchir à la question, elle leva la main et inscrivit son Poulpaf pour un round de boxe.

 

...mais était-ce vraiment une bonne idée ?

Les deux combattants se faisaient face sur le ring.
Dans le coin bleu, Poulpaf ! 60 centimètres de haut pour 4 kilos !
Dans le coin rouge, Tygnon ! 1,4m de hauteur pour 50,2 kilos !
Sur les gradins improvisés, les amateurs de boxe lancèrent des vivats.
Jamais on avait assisté à un combat qui ignorait aussi allègrement le concept de catégorie de poids.

Accrochée aux cordes, à côté de son poulain, Astelle souriait d’un air confiant.
— Prête pour la bagarre, mon petit cœur ?
— Paf !

— Parfait ! Montrons leur de quel bois on se chauffe, nous-autres, les demi-portions !

Atelier d’entraînement, Semaine 2 :

Spoiler:

Spoiler:

Modération:

Spoiler:

Comme d'habitude, je fume une cigarette pour décompresser après un effort. Solochi tire moins sur la laisse, mais je suis toujours obligée de le rappeler à l'ordre et lorsqu'il y a du monde, je préfère garder sa muselière. Ceci dit, je sens qu'un changement s'opère et si je poursuis mes exercices, mon pokémon devrait évoluer dans le bon sens. Étant toujours aussi énergique, je suis tentée de l'inscrire à une des activités proposées. Mais d'abord, je checke mon téléphone.

Astelle m'a répondu ! Au moment où j'ai débuté l'entraînement. Elle travaille dure en ce moment pour atteindre son rêve, c'est pour cela que nous avons dû mal à nous capter, d'autant plus que je m'entraîne à fond pour mes futurs matchs d'arène. La jeune fille a répondu favorablement à ma demande et doit se trouver dans le coin, à proximité. Je me mets donc à chercher une petite tête brune dans la foule : pas facile de chercher une fille d'à peine 1 mètre 50, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Soudain, miracle, je crois reconnaître Shyo. Un poképoulpe plein d'énergie et de féminité, en train d'affronter un Tygnon redoutable.

« ALLEZ SHYOOO T'ES LA BEST DÉFONCE LE !!! » je crie spontanément, à travers le brouhaha de la foule.

Soudain, je sens quelque chose tirer la manche de mon pull. C'est Dylan, 12 ans, un dresseur effronté qui aime s'en prendre à moi.

« Eh mais ch'est toi Monon !!! Chj'en étais schur. »

Toisant le gamin, je lui répond avec dédain.

« Ah, c'est toi l'mioche. Dégage de là, j'ai pas le temps pour tes conneries.
- Oh mais t'as un Scholochi ! Il est trop schtylééé !! »

Malgré sa petite taille, il arrive à me postillonner au visage. Je me détourne de lui pour contempler la jolie Astelle en train d'encourager son pokémon. Jusqu'à ce que j'entends un son qui m'irrite le tympan.

« WAAH !! »

C'est Kévin, le meilleur ami de Dydy, qui tente de monter sur mon Solochi ! Le pauvre pokémon ne peut se défendre et geint comme une proie vulnérable.

« EH !, je gueule sur les marmots, Vous touchez pas à mon Solochi ! »

Je force Kévin à descendre ses fesses de ma bête et abrite cette dernière qui se débat. À cause d'eux, elle va être hors de contrôle, il faut que je réagisse avant qu'il ne soit trop tard.

« Bravo, vous l'avez énervé !!
- T'façhon, ton Solochi fait pas l'poids contre mon Farfoiret ! »

Je glousse de rire, me moquant ouvertement d'eux.

« Ça je n'crois pas.
- Ah oe ?! Bah ch'ais ch'qu'on va voir !!!
- Mais Dylan, tu vas pas faire ça ? Tu sais très bien qu'à chaque fois, elle ...
- Pas chette fois Kévin ! Farfoiret et moi on sc'hest entraîné dur pour la vaincre ! »

En observant Shenron agité, je me dis que la meilleure façon de le canaliser, c'est en combattant. J'attends que nos frimousses se croisent pour esquisser un sourire complice, avant de me tourner vers les garçons.

« Ok gamin. Réglons ça fissa, j'ai pas qu'ça à foutre. »

Nous nous éloignons des passants, préférant s'affronter dans une ruelle qu'à la vue de tous. Qui sait, je peux peut être avoir des problèmes pour m'en prendre à des gosses. Dylan me balance son Farfuret de mes deux et lance direct une attaque Provoc.

« ALLEZ VIENS TE FIGHT MAUVIETTE »

Avant d'enchaîner avec une feinte. Le con, il oublie que Solochi est résistant aux offensives de type ténèbres. Je libère finalement Shenron de sa cage buccale puis je l'ordonne de faire de la gymnastique. Il comprend tout à fait où je veux en venir : voilà que le tétrapode effectue une roue, couplée d'une galipette puis d'un salto arrière, avant d'abattre son petit corps sur le Farfuret qui s'évanouit. Il revient difficilement à la vie mais reste déterminé : il tente un Combo-Griffe mais Solochi se protège, alors il persiste en agressant son adversaire avec ses griffes d'acier. Il semble avoir progressé mais il n'en ai rien de Shenron qui utilise le Coup d'Boule de la victoire, assommant pour de bon sa cible.

« Oh noooon ch'ais pas juste !!!
- T'as de la chance qu'on ait rien parié cette fois-ci, dis-je en replaçant mes mèches en ayant l'air cool, j't'aurais volé une fois d'plus ton goûter et ton argent de poche.
- Tu m'le pairas Monon Dubell !! Jche reviendré encore plus ffort !!! »

Il part en pleurant, suivi de son copain paniqué. Je pousse un long soupir avant de jeter un œil sur mon pokémon.

« Viens par là. »

Je m'accroupis en fouillant mon sac. Shenron, curieux, boite jusqu'à moi pour découvrir le spray désinfectant niché entre mes mains.

« Tourne toi mon gros, on va soigner ces bobos. »

Je suis très délicate car je crains lui faire mal. Shenron grogne sur le coup mais se montre vite reconnaissant. Alors que je m'apprête à lui remettre la muselière, celui-ci détourne fermement la tête afin d'exprimer son refus.

« Tu sais quoi ? »

Je fourre l'objet de torture dans mon sac puis me relève. Shenron relève la tête, interloqué.

« J'veux t'faire confiance. »

Je saisis la laisse avant de la rattacher au collier du pokémon.

« Par contre, j'garde la laisse. Je ne veux pas te perdre. »

Puis, nous retournons admirer le combat entre Poulpaf et Tygnon. Je me demande comment s'en sort Astelle, j'ai hâte de la voir.

Actions:

 

Le gong retentit.
Poulpaf et Tygnon se firent face au centre du ring.
En signe de fairplay et de respect, les deux boxeurs se touchèrent les gants, puis le match commença.

...c’était un bien curieux combat qui s’annonçait. Il existait une incroyable différence de taille et d’allonge entre les deux combattants. Pour espérer toucher son adversaire, Tygnon était contraint de se pencher dramatiquement en avant, dans une posture qui l’empêcherait complètement d’user de son jeu de jambes. De son côté, pour infliger des dégâts conséquents, Shyo-chan n’aurait pas d’autres choix que de sauter : de sacrifier toute défense dans l’espoir de délivrer un coup au visage.

Pour cette raison, les deux combattants ouvrirent le bal avec prudence.
Casse-Brique était une capacité de base pour un pokémon de type Combat. Rien de plus qu’un coup de poing, suffisamment puissant pour affaiblir les défenses d’un adversaire, sans pour autant présenter de risques particuliers. C’est par ce moyen que les deux boxeurs entreprirent de se jauger.

Vif, tranchant, le direct de Tygnon s’écrasa sur la garde du Poulpaf ! L’impact propulsa le petit pokémon en arrière, avec un bruit mou. N’ayant guère subi de dégâts, Shyo-chan sautilla en rythme pour passer à l’attaque à son tour. Elle espérait bien se glisser promptement sous le torse du Tygnon pour le cogner à l’estomac, mais avant qu’elle ne fut à distance, reçut un second Casse-Brique en pleine tête !

La différence d’allonge était dramatique. Et la vitesse de Shyo-chan ne suffirait pas à combler cet écart.
— Ne cherche pas l’échange, mon bébé ! s’écria aussitôt Astelle. Recule un peu !

Ce bref échange de coups suffisait à prouver que Poulpaf n’avait pratiquement aucune chance de vaincre au corps à corps. C’était donc le moment d’adopter un petit changement de tactique. Dans le milieu, il existait deux sortes de boxeurs. Les in-fighters, qui attaquaient de front, avec acharnement. Et les out-boxers, qui utilisaient leur jeu de jambes pour harceler l’ennemi, sans jamais se laisser toucher.

Dans l’espoir de tenir trois minutes contre le Tygnon, Astelle et Shyo-chan s’apprêtaient à adopter un style plus proche de l’out-boxing, quand soudain...
— ALLEZ SHYOOO T'ES LA BEST DÉFONCE LE !!! hurla la voix familière de Manon.

Simple réflexe : Astelle et Shyo-chan tournèrent toutes les deux la tête en direction de la voix.
Pour Astelle, pas de problèmes.
Pour Shyo-chan, toutefois…

...son adversaire ayant profité de l’occasion, c’est d’un incroyable Ultimapoing qu’il envoya la Poulpaf valser dans les cordes ! Le petit corps mou vola vite et bien, commença par rebondir puissamment sur le cordage, puis retomba sur le sol du ring. Aplati comme une crêpe !

Atelier d’entraînement, Semaine 3:

À mon retour au stand où se trouve Astelle, je constate que Shyo s'est fait malmener par le Tygnon. J'arrive pile à temps pour voir son ultime patate frapper la pauvre Poulpaf, s'écrasant au sol.

« ALLEZ SHYO JE SAIS QUE TU PEUX LE FAIRE T'ES LA PLUS FORTE NE TE LAISSE PAS ABATTRE !! »

Les gens tentent de hurler encore plus fort que moi, mais le message devrait bien être reçu par le pokémon. Est-ce que le combat est terminé ? Shyo va-t-elle se relever ?

Et bien je ne verrai pas la suite, puisque Shenron en a décidé autrement. La laisse se tend subitement et Solochi m'entraîne vers un stand l'attirant particulièrement. Un Crabagarre frappe un punching-ball qui évalue sa force. Les chiffres défilent sur l'écran, jusqu'à atteindre 130. Le jeune dresseur saute de joie et donne une tape amicale à son pokémon.

« T'es trop fort Crabouille ! » s'exclame-t-il avec enthousiasme.

Ne te réjouis pas trop vite gamin, car mon Solochi niveau 43 va mieux faire que ton crabe de pacotille. Quand vient notre tour, mon dragon se positionne au niveau du sac de frappe. À mon signal, il va donner un grand coup de caboche au punching-ball.

« Allez vas-y Shenron ! »

Il recule sa tête en arrière avant de prendre de l'élan. Un « Boum » retentit et l'appareil retranscrit sa force. Je fais la grimace.

« 65 ? Tu peux faire mieux mon gros. Allez frappe ! »

C'est la première fois que Solochi s'amuse en ma présence. J'ai l'impression que nous avons une relation normale durant ce bref entraînement. À force de donner des coups de boule, le dragon commence à tourner de l'oeil mais n'abandonne pas pour autant.

« Attends mon gros, fais une p'tite pause. »

Nous laissons passer un loubard avec son Baggaïd le temps que mon pokémon reprenne ses esprits. Je sors une petite fiole de mon sac avant de le faire boire à Solochi qui se laisse faire.

« C'est un p'tit r'montant, tu verras, ça va te faire du bien ... »

Les protéines devraient augmenter son attaque. Je caresse son petit museau pour le réconforter. C'est dingue comme les cours avec César l'ont assagi ! Normalement il m'aurait chiqué trois fois mais vu qu'il épuise son énergie dans d'autres choses, mes mains sont épargnés. Je crois commencer à vraiment apprécier mon dragonet aveugle.

« Allez vas y !! Tu peux le faire, je crois en toi. »

Solochi inspire longuement, se préparant à l'offensive. Il prend plus de recul que tout à l'heure pour taper le sac. Lorsque revient son tour d'attaquer, Shenron fonce vers sa cible, balançant sa tête en arrière et frappant sa victime comme une balle de golf. Il renvoie le punching-ball dans la machine qui l'évalue à nouveau. Le suspense est à son comble, je croise les phalanges avant l'annonce du résultat. Et Solochi a fait ...

« 133 !! Tu les as tous niqué Shenron, t'es le meilleur ! »

Je gratouille sa grosse tête et c'est la première fois que je l'entends ronronner. Je jette un œil à mon rival au Crabagarre, sauf que celui-ci est déjà parti. Dommage, il n'a pas pu admirer les talents de mon Solochi.

Modération:

Avé Bunji.
Ceux qui vont mourir te saluent.



Participant : Khoren Drayking.
Un sacré optimiste.

Modération:

Spoiler:

 

Subissant l’enchaînement de coups de son adversaire, Poulpaf maintenait une garde compacte. A force d’esquive et de parade, Shyo-chan commençait enfin à reprendre du poil de la bête. Ses mouvements avaient retrouvé un peu de vivacité, elle n’était plus totalement groggy. C’était donc le moment d’inverser la vapeur !
— Maintenant, Shyo ! Cascade ! s’exclama Astelle en levant haut le poing.

L’eau se concentra autour du petit corps de Poulpaf, qui à la manière d’une véritable petite torpille aquatique, fusa verticalement à la rencontre de son adversaire pour un uppercut transcendant ! Avec un grognement d’effort, Tygnon bloqua l’attaque, mais l’impact le força à reculer pour la première fois depuis le début du combat. C’était l’occasion d’utiliser la combinaison dont elles avaient discutée avant le début du match.
— Profites-en !

Tenir trois minutes contre un Tygnon. Dans un espace clos.
Une performance difficile, vu leur différence de gabarit.

...mais il existait différentes solutions pour jouer la montre.
Dans le coin bleu, Astelle souriait comme un petit démon.

D’une attaque Ruse bien placée, Poulpaf exploita cette opportunité pour sauter au visage du Tygnon, lui assénant au passage un crochet vicieux dans le menton ! Son adversaire déstabilisé, juste pour une seconde, Shyo-chan utilisa son va-tout. Se glissant derrière les épaules du boxeur, le petit poképoulpe déploya ses tentacules de manière à lui lier ensemble les coudes d’une capacité Étreinte qui était vraiment le comble du comportement anti-sportif !

— Parfait, Shyo-chan ! Tiens-le bien, jusqu’à la fin du décompte !

Ce n’était pas très réglementaire comme attitude. Et le dresseur du Tygnon ne manqua pas de se plaindre, et de donner des instructions à son pokémon pour se dégager de cette prise qui n’avait plus rien d’un match de boxe. Cependant, le petit Poulpaf aux membres élastiques sut tenir bon. Jusqu’à ce que les trois minutes s’achèvent enfin.

— Ne faites pas la tête, lança Astelle à l’organisateur, en récupérant son Superbonbon. ”Tenez trois minutes sur le ring contre Tygnon et recevez un Superbonbon !”, ce sont vos propres paroles. Si vous vouliez vraiment un match de boxe, vous devriez songer à modifier l’énoncé. En l’état, je n’ai pas triché.

Sa victoire complète et son Poulpaf (en train de mâchonner son bonbon) sur l’épaule, la jeune fille retourna faire le tour des ateliers à la recherche de Manon.

Atelier d’entraînement, Semaine 4:

Puis, un autre stand attire notre regard. Il se situe juste à côté de la machine-punching-ball. Il s'agit d'un cabanon de forain semblable au tir à la carabine, sauf que ce sont les attaques spéciales de nos pokémons qui sont sollicitées. Le but du jeu est simple : il faut tirer sur un maximum de canettes pour obtenir une récompense. Diverses peluches et jouets pour pokémons sont mises à la disposition des visiteurs pour les appâter. Mon œil se porte sur une peluche de Chaglam, petite et moelleuse idéale pour faire les dents de Shenron.

« T'es chaud Shenron ? On va te faire gagner un cadeau ! »

Tant que le pokémon défoule son énergie, il est content. Nous faisons face au propriétaire du stand, nous léguant pour quelques pokédollars des jetons nous permettant plusieurs essais de tir. Nous nous positionnons face aux canettes, Solochi attendant mes ordres. Les objets sont placés dans des caisses en carton accrochés au mur. Un fil suspendant les canettes est relié à un petit moteur, remontant ou abaissant le lien. Il devient alors plus difficile de viser, même avec une offensive touchant d'office sa cible.

« Très bien mon gros, lance Draco-Souffle ! »

Le pokémon prend une grande inspiration. L'intérieur de sa bouche est plus chaude qu'un four, son souffle est donc dévastateur. Mais lorsqu'il lance son attaque, ce tir d'air bouillant rate sa cible à quelques centimètres près.

« Merde ! » je tape du poing, contrariée par cet échec.

Pour autant, nous ne baissons pas les bras. C'est un jeu de coopération car, Solochi, étant aveugle, ne peut localiser la cible. Seul le son de ma voix indique son emplacement. C'est bien la première fois que le dragon semble aussi attentif à mes ordres. Un sourire satisfait sur les lèvres, nous tentons un deuxième Draco-Souffle. Celui-ci n'est pas non plus passé loin mais comme par miracle, la canette parvient toujours à éviter l'affront. Pour sûr, c'est truqué. Le commerçant fait mine que je peux gagner, or, il est conscient que sa machine est saboté. Après notre troisième tentative, nous parvenons enfin à toucher une canette. Mais lorsque je quémande ma peluche Skitty, le commercial me rétorque :

« Ah mais pour l'obtenir, il faut au moins viser dix canettes.
- Ah ouais !? »

Je suis révoltée. Quel arnaqueur. Marchant dans son jeu, je lui paye un dernier ticket pour défoncer ces dix ferrailles.

« Shenron. »

Le pokémon me regarde, hochant la tête d'une façon adorable. La mine sérieuse, j'ordonne au dragonnet de balancer son offensive la plus puissante.

« Utilise Draco-Météore. »

Le Solochi se concentre. Je contemple le ciel qui commence à se morceler. Après quelques secondes, nous pouvons percevoir des points dans les cieux : il s'agit des aérolithes créées par Shenron, se dirigeant sur le stand du bonhomme. Le dragon va devoir faire preuve d'adresse car si il maîtrise mal son attaque, celle-ci risque de s'abattre sur les maisons aux alentours et de mettre en danger les visiteurs. Heureusement, les météorites sont assez petites vues qu'elles sont proportionnelles à la puissance du pokémon. Il devrait donc être assez facile de les manier. Une fois les comètes proches, je dicte mon allié :

« Vise à gauche ! À droite ! Un peu plus au milieu ! C'est bien ! »

Il fait un carnage. Les canettes sont toutes anéanties et la toiture du cabanon commence à en prendre pour son grade.

« Alors, j'peux l'avoir ma p'luche !? Ou faut qu'j'détruise ta piaule pour t'convaincre !? »

Intimidé, le proprio me lègue sa satanée peluche. Toute contente, je fourre le jouet dans la gueule du Solochi, ravi de mâchouiller quelque chose. Je lui offre une caresse sur la tête, lui parlant sur un ton nettement plus doux qu'avec le commerçant.

« T'es super Solochi ! Tu vois, tous le deux, on peut accomplir de grandes choses. Hihi. »

Un rire un peu effrayant sort de ma bouche et je repars toute guillerette avec mon pokémon et son cadeau. Revenant là où se situe Astelle, je remarque son absence. Son match est déjà terminé ? C'est alors que je la cherche partout dans la foule. Elle est dans le coin, je le sais.

Malheureusement, je croise plusieurs brunettes qui ne s'avèrent pas être elle. Je fouille les différents stands, les diverses cachettes pour se poser après un entraînement, mais rien n'y fait. Alors que je commence à désespérer, je bouscule une jeune fille.

« Ah, désolée ... »

Avec un Poulpaf.

« Astelle !? »

Je retourne la brunette vers moi pour découvrir son visage. Cette bouille ronde, ses yeux noisettes absolument charmants, ce petit nez en trompette : c'est sûr que c'est elle ! Je la serre tendrement dans mes bras, heureuse de la retrouver.

« C'est super que tu sois venue !! Je suis trop contente de te voir. »

J'arrête de l'étouffer et je dis bonjour à Shyo. Je demande à la demoiselle comment la fin de son match s'est déroulé, avant de caresser la tête du poulpe.

« T'as géré ma jolie ! T'es la meilleure des Poulpafs du monde. Et t'as la meilleure dresseuse de l'univers. »

Solochi, lui, reste distant. Il n'ose par chercher des noises, alors il reste assis derrière moi à déchiqueter sa peluche.

Actions:

Une idée farfelue traverse mon esprit : voulant réconcilier Astelle et Shenron, quoi de mieux qu'un jeu en équipe ? Alors que je caresse les doux cheveux bruns de ma copine, je lève son menton afin de croiser son regard.

« Eh, ça t'dis pas une p'tite balle au prisonnier ? Comme quand on était petit ? »

Pourtant, nous ne sommes que quatre joueurs or ce jeu doit se composer de trois joueurs par équipe, minimum.

« On est que quatre mais j'crois que j'ai ma p'tite idée pour rameuter quelques personnes ...»

En réalité, je n'ai que deux personnes dans le viseur : Dylan et Kévin. Si leurs pokémons participent, nous serons huit. Après l'approbation d'Astelle, je lui tiens la main pour éviter de la perdre puis je pars à la recherche de ces deux garnements.

Ils n'ont pas dû aller bien loin. Les deux mômes ont dû se réfugier dans un stand mettant en valeur les facultés de leurs pokémons, histoire de rebooster leur ego. Bingo, voilà les garçons en train de jouer à la pêche à la ligne, accompagnés de Farfuret et de Zigzaton.

« Wesh les moches ! J'en ai pas fini avec vous !
- Qu'echt-che que tu nous veux Monon Dubell ? »

Je brandis un ballon que j'ai « emprunté » à des passants qui l'ont oublié dans une ruelle, puis je le balance sur la tête de Dylan, se la prenant en plein dans la tronche avant de rebondir dans les mains de Kévin.

« Jouons à la balle au prisonnier avec Astelle ! Vous allez voir, elle aussi elle va vous laminer. »

Pour que le jeu soit équitable, je décide de tirer à la courte paille afin de former les groupes. Nous quittons les allées animées pour rejoindre l'espace vert se situant aux abord de la Féria. Une fois au calme, j'arrache de longues tiges vertes faisant office de paille. Je bisectionne deux brins d'herbes : les deux personnes qui tireront ceux-ci devront se mettre ensemble pour affronter leur adversaire. Je reviens vers les gars et ma copine avant de leur tendre la touffe verte.

« Allez y, prenez les ! »

Les résultats tombent aussitôt : Astelle et Kévin ont tiré le brin le plus court. Et merde.

« Astelle et Kévin, vous faites équipe ... »

Évidemment, je me tape Dylan, le petit gros avec un Zigzaton à peine plus grand que ma cheville. Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en tirer de ces deux-là ? J'échange un long regard exaspéré avec Shenron : il est clair qu'il ne faudra pas compter sur eux pour vaincre ma rivale bien aimée.

Avant de débuter, nous délimitons la zone de jeu : la prison de chaque camp se situe entre deux pins et le terrain de guerre, c'est la plaine. Nous nous joignons tous au centre du terrain, la balle au centre. Prenant l'initiative, je la jette haut dans les airs en espérant qu'elle retombe dans ma zone.

« Prêts ... ? GO !!! »

Coup de bol, le ballon vole au dessus de notre terrain. Étant assez grande, je n'ai aucun mal à la rattraper. Les pieds bien ancrés dans le sol, je localise ma prochaine cible. Je n'ai aucun intérêt pour les deux marmots qui participent car c'est Astelle la plus dangeureuse. Prenant bien appui sur mes jambes, j'effectue mon plus beau lancé en direction de la jolie demoiselle. Sauf que, contre toute attente ...

« Farfoiret !! »

Le pokémon de Kévin ne comprend pas les règles du jeu. Pensant faire du beach volley, il tente de renvoyer la balle, sauf que celle-ci s'empale sur une de ses longues griffes.
Long silence de malaise.
Les yeux écarquillés, la mâchoire qui se décroche.

« Mais ... »

Il a crevé le ballon. Le temps de réaliser que nous avons perdus notre cher et précieux objet, je me mets à gueuler sur Kévin.

« Mais il est vraiment trop con ton pokémon !! Obligé, il va part dans notre prison pour assassinat de ballon. »

Mon Solochi est très déçu, lui qui veut défoncer à plate couture ses adversaires. Mais comme par miracle, un jeune adolescent d'environ seize ans, semble attiré par notre jeu et, lui et ses trois amis, veulent participer. En échange, ils ont une magnifique balle de football idéale pour casser la gueule toucher les ennemis. Changement de programme : les deux garçons et les deux filles qui s'invitent vont également faire une courte paille pour connaître leur emplacement. Le gars qui m'a accosté ainsi qu'une jeune fille toute pimpante rejoins mon équipe. Plus on est fou, plus on rit !

« Bien ! On va pouvoir reprendre. »

Sauf qu'il y a un problème : ce n'est pas au Farfuret de venir en prison mais à moi, puisque ce dernier a réussi à rattraper la balle. Alors, comme si de rien est, j'annonce que l'on recommence le jeu car nous avons eu un mauvais départ à cause du ballon crevé et l'intervention des nouveaux joueurs nous contraint à relancer la partie. Ça m'arrange bien tout ça.  

« Allez c'est r'parti ! Pour la peine, c'est ton Farfoiret de mes deux qui prend la balle. Mais il a pas intérêt à l'crever ! »

Nous nous dispersons sur le terrain, priant pour que la balle ne touche personne. Le pokémon vise la demoiselle qui a rejoint mon équipe, loupant de justesse la sphère en latex. Cette dernière est à nous. Nous nous concertons  afin d'établir une stratégie intelligente. C'est la première fois que Solochi se montre aussi sage et attentif : je n'aurai jamais cru qu'il aimerait le travail en équipe. Je songe à exploiter ce filon mais tout d'abord, concentrons nous sur l'activité.

Nous nous répartissons sur tout l'esplanade, fusillant nos adverses du regard. Alors que la fille s'apprête à lancer, elle passe la balle à l'un de ses coéquipiers, qui me l'a renvoie et que je refile à Solochi. Avec sa caboche dure comme fer, il effectue son meilleur coup de boule en visant, toujours la même personne, Astelle. Va-t-elle se la prendre ? Ou va-t-elle user de la ruse pour l'éviter ?

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