Voltapolis. La ville de son enfance. La ville de ses parents, aussi, dont elle n'a plus de nouvelle depuis au moins 4 ans. La ville de tous les vices. La ville des Cercles. Sa ville. Marchant sur ses chaussures un peu trop usées la laissant apprécier tous les défauts de la route au goudron craquelé, sous ce jeans noir un peu large autour de ses hanches fines, et chaudement enveloppée par cette veste de cuir un peu grande, elle avance. Un sourire au coin des lèvres, elle jette son menton en direction du gérant du seul bar encore ouvert à cette heure, qui la salue en retour d'un signe de main avant de porter à sa bouche la cigarette qu'elle tient. « Bonne soirée ! »
Elle se retourne pour le voir et lui répondre jovialement « Pour l'instant... » ce qui le fait éclater d'un rire tonitruant dans lequel la maladie se fait entendre. En passant la porte de l'établissement, la jeune femme perd son sourire. Bill n'est pourtant pas vieux, mais sans les soins adaptés, ses poumons ne tiendront pas la route ; et le tabac est toujours bien moins cher que les médocs, alors il n'y a pas photo pour lui. Elle n'y peut rien, elle, elle n'est pas médecin. Elle a déjà du mal à s'occuper correctement du pokémon malade, alors de la a prendre soin d'un humain... Elle s'installe au comptoir, commande comme à son habitude une bière et entre simplement dans la discussion de deux hommes à côté d'elle pour connaître les nouvelles du jour, faute de journal local. « Une véto, ouais ouais je l'ai vue ! Elle a aidé une petite avec son tiplouf ! D'ailleurs je sais pas comment elle l'a eu, a son âge... Un pokémon... C'est quand même dangereux dans ce coin là... - Une véto pokémon ? » L'homme semble un peu surpris, mais il lui décrit avec précision une femme vraisemblablement un peu trop belle pour exister vraiment, mais a priori elle serait toujours dans le coin et prête à soigner les pokémons gratuitement. Une genre d'humaniste. Ça fait rouler des yeux Lilith. C'est un plan foireux. Voltapolis n'a pas beaucoup de visites, et celles qu'elle reçoit ne sont jamais de bon augure, même si tout laisserait penser le contraire. Elle leur conseille donc de tout de même faire attention à eux, et se retourne vers le serveur pour commander une nouvelle bière, quand son regard tombe sur une chevelure longue et grise derrière la fenêtre crade du bâtiment. « Cheveux gris t'as dit, hein ? » Acquiescement. C'est peut-être une erreur, la buée sur le verre peut rendre les couleurs plus pâles qu'elles ne le sont réellement, mais il y a peu de personnes dans les bas-quartiers avec des cheveux de cette taille et de cette couleur, surtout. Ici les gens ne vivent pas très vieux, et la teinture n'est sans doute trouvable que dans des boutiques de l'ancien centre, mais après tout, qu'est-ce qu'elle en sait, elle ?
La dresseuse, Abaddon aux pieds, décide tout de même de sortir voir qui est cette personne qu'elle n'a, maintenant qu'elle passe devant l'embrasure de la porte ouverte, définitivement jamais vue. « Excuse-moi ! » Lilith continue d'avancer vers les longs cheveux qu'elle regarde, observe, ainsi que la tenue complète de la femme. « Je t'ai jamais vue ici, t'es arrivée aujourd'hui ? »
Ses sourcils sont froncés, son visage est sérieux quand elle s'arrête à une distance convenable d'une personne avec qui on entame tout juste la conversation. Si la présumée vétérinaire voulait aller se coucher, il est de toute façon un peu tôt ; 18h, c'est pas encore l'heure de manger. La résidante des lieux lui accorde tout de même son iconique petit sourire, les mains dans ses poches, bien protégées du vent qui soulève à peine ses cheveux attachés à la va-vite en un gros chignon épais.
Nyx Rasphodos
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Tu n’aurais jamais pensé que faire du bénévolat serait aussi éreintant, psychologiquement parlant.
Tu n’en es pas à ta première mission du genre, évidemment. Illumis, ce n’est pas qu’une superbe tour qui brille fièrement la nuit, de coquettes boulangeries aux vitrines garnies de délicieuses pâtisseries et des boutiques à la pointe de la mode. Illumis possède aussi ses quartiers malfamés, ses banlieues remplies de misère. Tu as déjà fait du bénévolat dans les quartiers défavorisés de ta ville natale. Tu es loin d’être philanthrope. Si tu ne veux de mal à personne, tu as tendance à fuir les gens et leurs problèmes comme la peste. Parce que tu es trop réceptive et que t’y implique trop par la suite. Si tu t’es lancée dans les missions de bénévolat, c’est pas par altruisme mais parce qu’on y voit des cas qu’on ne voit jamais en clinique, parce que la précarité des lieux - qui manque souvent de matériel adéquat - te force à faire preuve d’ingéniosité et que ça te permet, donc, de développer de nouvelles compétences.
Évidemment, ça n’a pas été aisé au départ. T’as un cœur d’artichaut et un sacré syndrome de la sauveuse. Mauvais cocktail pour évoluer dans ce type de milieu où la misère est présente à chaque coin de rue. Mais c’est comme pour tout, avec le temps, tu as appris à te blinder.
C’est du moins ce que tu pensais…
- Le poison a déjà atteint son système nerveux. C’est pour ça qu’il ne peut plus bouger. A ce stade, il n’y a plus rien à faire à part abréger ses souffrances et lui permettre de partir dignement. Expliques-tu au dresseur qui te fait face alors que ta main passe sur le pelage sombre du malosse allongé sur ta table d’auscultation de fortune, dans un vain espoir de soulager la pauvre bête. - Quoi ?! Non...On doit bien pouvoir faire quelque chose… - Il aurait fallu utiliser tout de suite un antidote après le combat. Soit on le laisse ainsi, et il meurt d’un arrêt cardiaque ou alors on lui offre la possibilité de partir sereinement. La décision te revient entièrement. Souffle-tu d’un ton détaché au dresseur dont les yeux se remplissent déjà de larmes.
L’adolescent décide de laisser partir dignement son malosse. Ce n’est pas ta première euthanasie mais elle t’auras particulièrement touchée. C’est le cœur gros que tu quittes le local qu’on t’as attribué pour faire tes consultations bénévoles. Voir ce gamin serré son pokémon de toute ses forces en lui glissant quelques derniers mots doux t’as un peu retourné.
Tu pensais pouvoir gérer mais cette mission bénévole n’a rien à voir avec ce que tu as déjà connu. T’es pas dans un quartier défavorisé ici, non, t’es dans les décombres d’une zone de guerre. C’est du moins l’impression que tu as. On est pas si loin de la vérité à en croire les derniers événements qui ont secoué Voltapolis. Tu sais très peu de choses à ce sujet, juste ce que tes collègues t’en on dit.
* J’aurais mieux fait de les écouter….*
Ils t’avaient prévenu que tu n’étais pas prête pour ça, que personne n’était prêt pour affronter ce qui se passe à Voltapolis. Mais tu as préféré faire preuve d'orgueil plutôt que de sagesse. Tu soignes des pokémons depuis que tu as quinze ans. Tu es douée pour ça. Tu es prête. T’as pas compris qu’il parlait de l’émotionnel et non du professionnel. Et à ce niveau, tu es loin d’être prête à pouvoir encaisser Voltapolis. Très loin…
Comment peut-on laisser les gens dans une telle précarité ? Ça te dépasse. Ça va te suivre durant des semaines cette histoire, tu le sais. Alors, pour te distraire un peu, tu laisses sortir Carrion de sa pokéball. Son enthousiasme face à ce nouvel environnement qui s’offre à lui te fait légèrement sourire et oublie tes soucis. Mais alors que tu dépasses un bar, tu te fais hélé. Tu te retournes et ton regard vert se plante dans les prunelles sombres d’une autre femme.
Vous vous faites face alors qu’elle te demande si tu es arrivée aujourd’hui. Tu hausse un sourcil sans pour autant détourner ton regard. Tu as le visage à moitié caché par ton épaisse écharpe mais ton visage arbore un air des plus sérieux.
- Je suis seulement de passage. Rétorques-tu alors que tes mains chaudement gantées trouvent leur place dans les poches de ta veste de motarde.
Inconsciemment, tu prends la même pose que ton interlocutrice. Vous devenez presque de parfait reflets. Presque, car tout vous oppose. Cheveux noirs contre cheveux gris, teint mat contre teint de porcelaine, regard clair contre regard sombre. Opulence contre pauvreté. Chance d’être bien né contre combat au quotidien. Ça doit donner une scène assez étrange vu de l’extérieur mais tu es bien loin de toutes ces considérations.
Cette femme veut très certainement quelque chose et tu as ta petite idée sur le sujet.
- Si c’est pour une consultation, il faudra attendre demain. Souffles-tu sans pour autant faire mine de bouger.
Elle doit avoir un pokémon à te montrer, tu mettrais ta main à couper. Tu ne vois pas ce qu’il peut y avoir d’autre. Et puis, c'est souvent la même rengaine, dans ce type de situation. Ton arrivée ici n’est pas passée inaperçue, tu le sais. Et ta tignasse anormalement claire a assez attiré les regards pour te rendre reconnaissable entre mille. Cette femme doit avoir un pokémon à te montrer. La journée est officiellement finie et la route vers Nymeria est longue, t’as pas vraiment envie de te farcir des heures supp’ et pourtant...
“Seulement de passage”. ts. Personne n’est de “passage” à Voltapolis. Et encore moins de ce côté de la ville. Tout le monde vient ici avec un but bien précis, quelque chose à prendre, voler, tuer. Foutre encore plus le bordel que ce que ça n’est déjà. Lilith a d’autres chats à fouetter en ce moment. Bien d’autres. Il semble qu’il y ait une épidémie ou quelque chose du genre, les gens sont malades, mais ce n’est pas la première fois, c’est sans doute la nourriture. Soit elle est de mauvaise qualité et les gens se vident de tout les moyens possibles par leurs organismes pour rejeter cet immonde mélange de nutriments assemblés tant bien que mal ; ou alors parce que la nourriture est -pour une fois- assez bonne pour qu’on en redemande, pour qu’on se goinfre, même si pour quelqu’un d’ailleurs la quantité de nourriture est minimale, pour un habitant des bas-quartiers, c’est déjà trop. Trop peu habitués à manger une quantité pareille de substance légale et solide, les corps réagissent mal, se vident tout pareil et c’est le même résultat : des gens malades. Si seulement il n’y avait que les hommes, qui étaient en mauvais état…
Les deux femmes se font face. La nouvelle fait tache. Fait mal aux yeux tellement elle brille. Effraie les rats derrière les sacs poubelles éventrés sur le trottoir noir de crasse et de boue. Fait plisser les yeux à Lilith. Elles sont les parfaites opposées. Les deux bout d’une même corde. L’une la tête hors de l’eau, l’autre traînant dans la vase sous-marine. Et pourtant le démon n’envie aucunement l’ange. Pourtant le démon ne veut pas u mal à l’ange. Pourtant l’ange semble suspect. L’ange cache sans doute quelque chose, car aucun ange n’est jamais venu se poser sur leur nuage. Nuage qui est d’ailleurs tombé bien bas. Nuage qui ne volait déjà pas très haut. Nuage de pollution, sans doute. Une pollution qui commence à tous les tuer, de faim, de maladie ou d’overdose. Et c’est la même chose pour les pokémons. Les cercles sont en train de tuer les pokémons. Et c’est pourtant là la dernière chose que la gérante des lieux souhaite. Parce que plus de pokémons signifie plus de combats et plus de combats signifie plus de revenus, et plus de revenus… Alors il faut qu’elle fasse quelque chose. Mais elle n’a pas la tête à ça. Pas en ce moment. Pas alors que tout ce qu’elle fait depuis une semaine, c’est de réfléchir à ce qui a bien pu mettre le Venipatte de Lizy dans cet état. Un état qu’elle ne saurait décrire. Pas parce qu’il est particulièrement mal, enfin elle ne croit pas Pas parce qu’il est devenu vert. Parce qu’il ne mange plus, parce qu’il ne fait plus un bruit depuis quelques jours, parce qu’il est faible et qu’il n’y a aucune raison visible. Et puis, elle n’est pas médecin, après tout.
Lilith regarde la femme en face d’elle, essaye de la jauger, de savoir si elle est vraiment ce qu’elle prétend être, si elle peut lui faire confiance. Ses sourcils se froncent, inconsciemment. Elle est sur la défensive, c’est ce qui lui fait prendre la même posture qu’elle. Comme s’il y avait un miroir entre elle. Un miroir qui parle beaucoup, mais ne reflète jamais correctement la vérité. Jamais cette femme ne saura ce que ça fait de vivre ici, et jamais Lilith ne saura ce que c’est, de vivre ailleurs qu’ici. Mais elle n’est pas sûre de le vouloir, de toute façon.
“Vous avez croisé Alex ?” C’est presque agressif. Si c’est un test ? Peut-être. Cette… pétasse veut des urgences ? Elle va lui en donner. “Son Malosse est empoisonné depuis quelques temps, je pense que c’est grave, mais les antidotes sont une perle rare ici.” Elle cligne des yeux imperceptiblement, parce que ce pokémon va mourir, elle en est certaine. C’est trop tard pour lui, mais il refuse qu’on l’écoute. Un vétérinaire pourrait peut-être sauver cet animal. Ou l’aider à partir… “Eva ? Son Mimitoss s’est blessé hier et on n’arrive qu’à ralentir l'hémorragie, si on ne fait rien rapidement il mourra sans doute, mais on n’a pas les éléments nécessaires pour l’aider. Et même si ce n’est qu’un Mimitoss, c’est quand même le meilleur ami d’une petite fille.” Un Mimitoss avec lequel elle a forgé une vraie amitié, parce que les pokéballs sont aussi une perle rare ici. Elle fait quelques pas vers l’avant, entraînée par ce qu’elle dit, ses traits sales tordus dans une rage enfouie et qui commence à faire surface, calmement. Une rage froide, des mots prononcés forts, pas hargneusement. Des termes choisis. “Harry va sûrement perdre sa jambe, aussi. Ca a aucun lien avec un pokémon, mais si on ne l’aide pas rapidement, il va sans doute mourir à cause de l’infection.” Elle pourrait continuer comme ça longtemps, Lilith. Cette ville en elle-même est une urgence. Une bombe à dégoupiller. Mais ce qui est triste, c’est qu’elle ferait mieux d’exploser, celle-là. Parce que personne n’en souffrirait. Elle ne ferait qu’éradiquer la pauvreté, la criminalité et la souffrance de beaucoup de gens. Et aucune autre ville ne serait impactée.
Et pourtant Lilith continue de se battre pour elle. Pour essayer de la relever. Bientôt elle essaiera d’attirer des commerçants des différents marchés noirs. Ils ont atrocement besoin du matériel de base du dresseur. Les combattants ne devraient pas avoir le droit de récupérer leurs pokémons trop gravement blessés ou empoisonnés après un combat sans avoir l’équipement nécessaire pour les soigner. Mais elle n’avait pas pensé à tout ça.
“Il vous faut une urgence ? Venez avec moi, je vais vous montrer.” C’est bien plus agressif, irréfléchi. Elle fait un nouveau pas vers l’avant, vers le seul espoir qu’elle ait. Espoir incertain, mais le seul. Un espoir qui la met en colère, mais un espoir. Et un “peut-être” est préférable à un “non”
Elle se retrouve à quelques centimètres de l’autre femme, les poings serrés contre ses cuisses, un souffle qu’elle essaie tant bien que mal de maîtriser au bout des lèvres. “Parce que la question c’est pas de trouver une urgence. C’est de savoir pour lesquelles vous allez faire quelque chose.”
Nyx Rasphodos
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Quelque chose te remue de l’intérieur alors que l’autre femme te jauge.
Ses yeux sombres t'observent durement. Bien que cela soit un brin dérangeant, tu restes impassible. Impassible mais sur la défensive. Quelque chose te dérange dans ce regard qui est clairement en train de te juger. Tu en as pourtant l’habitude. Tu es née avec un avantage, tu es née du bon côté de la barrière. Toutes les chances étaient de ton côté avant même que tu pousses ton premier cri, tu le sais. Mais tu ne t'enorgueillis pas de cela. Tu restes humble et discrète, loin d’exposer ton patrimoine.
Sauf que dans un endroit comme celui-ci, tu rayonnes, quoi que tu fasse pour te fondre dans la masse. C’est simplement impossible. Alors tu prends sur toi et te soumets au regard inquisiteur de cette furie à la crinière d’ébène.
Furie… C’est bien le bon mot pour la décrire.
Tu peux la sentir d’ici, la rage qui bout au plus profond de l’âme de cette jeune femme. Alex ? Non, ce nom ne te dit rien. Mais la mention d’un malosse empoisonné te permet facilement de mettre un visage sur ce nom. Tu voudrais lui dire que tu es navrée, que tu as fait ce que tu as pu pour ce pokémon. Qu’il ne souffre plus là où il est mais l’autre ne t’en laisse pas l’opportunité. Elle te crache son venin à la figure. Et tu en viens à te demander si toute cette colère, cette rage t’es destinée.
Non, bien sûr que non. Et c’est bien ça le soucis. Tu n’es pas une martyr. Il n’est pas question que tu encaisses et souffres pour toute la population de Voltapolis. Tu n'es qu'un défouloir, et ça te met à ton tour en rage. Ou peut-être absorbes-tu simplement les émotions de ton vis-à-vis qui se rapproche dangereusement tout en continuant de faire son sinistre état des lieux . Tu ne cilles pas, tu ne détournes pas le regard. Tel un roc, tu restes inébranlable. Et pourtant…
Pourtant tu bouillonnes alors qu’elle se trouve à portée de main, à portée de poing. L’image danse devant tes yeux un instant, de celui de ton poing s’écrasant sur son visage furieux.
Tu n’es pourtant pas une personne violente, on ne peut même pas dire que tu as le sang chaud. Tu es la rationalité et le calme incarné et pourtant quelque chose remue tes entrailles, embrase tes veines. Comme tout un chacun tu as ta fierté, et tu n’aime pas qu’on s’y attaque. Tu es présentement en train de découvrir cette facette de toi-même que tu ne connaissais pas jusqu’alors.
- Tu crois que c’est malin de cracher ainsi ta hargne à la seule personne qui soit venue vous aider depuis des mois ? Demandes-tu alors que tes lèvres se tordent en un rictus rageux et ironique. Oubliées, les politesses et le vouvoiement ! Tu te penches sur la jeune femme au teint mat, réduisant encore l’écart enre vous. Ton regard se plante dans le sien, pénétrant, comme s’il sondait le plus profond de son âme, y cherchant ses secrets les plus inavouables. Tu peux me cracher ton venin au visage, me haïr pour ne pas me retrouver dans le même bourbier que toi. Mais ne me tiens pas responsable de ce que vous faites endurer à vos pokémons. Siffles-tu, ne sachant même pas si les grincement qui meurtrissent tes oreilles sont dus à la tension qui envahit violemment chaque parcelle de ton corps ou aux tentatives d’intimidation de Carrion qui s'est immiscé dans l’espace minime entre vos pieds, poussé par son instinct de protection.
Car il n’y a pas que la pauvreté et la malnutrition qui ont meurtri les pokémons de Voltapolis. Ce n’est pas une intoxication qui a emporté le Malosse d’Alex. Ce n’est pas une carence qui a causé cette multiple fracture au Tiplouf de ce matin. Ce n’est pas un virus qui a brûlé la moitié de la face de ce Mangriffe. Les pokémons ici combattent. Et ça te dépasse. Des combats de pokémons, il y en a et il y en aura toujours. Tu n’es pas nécessairement contre. Mais tu ne comprends pas qu’on puisse envoyer ses pokémons à la bataille sans rien avoir pour les soulager derrière. Ça revient à les envoyer à l'abattoir, à ton sens.
Quelle que soit la raison, ça te met hors de toi, qu’on puisse faire subir ça à des pokémons. Et qu’on te reproche de ne pas ramasser les crasses derrière, c’est sans doute ce qui te met tant en rage.
Mais tu restes médecin. Tu as prêté serment.
- Mais je t’en prie ! Montre-moi donc le chemin… Lances-tu ironiquement, alors que tu t’écartes et intime, d’un geste du bras, l’inconnue à te montrer la voie.
Elle est bien consciente qu’elle ne devrait pas s’énerver ainsi, que malgré ses doutes sur ses intentions, c’est le meilleur moyen pour la faire fuir, pour que plus personne ne vienne jamais les aider. Mais n’aider qu’une partie des habitants, c’est créer de nouvelles inégalités, inégalités qui sont justement à l’origine de leur misère, de la merde qui colle à leurs chaussures et avec laquelle elle essaye désespérément de construire quelque chose qui tienne la route. Et elle, cette vétérinaire, elle vient ici et elle croit pouvoir donner à cet enfer un semblant de paradis. Ridicule. Si elle pense sérieusement que Lilith est jalouse ou quoi que ce soit qui s’apparente à de l’envie ou de la rancœur quant à leur différence de situation, elle se plante. Elle se plante complètement. Ce qui la met en colère, ce n’est pas qu’il y ait des gens qui vivent mieux que les autres. Non, ça, elle y est habituée, ça ne la dérange plus. Ce qui la dérange, c’est les idéalistes. Et les idéalistes qui viennent en héros mais qui ne font que déplacer la poussière. Cette fille simplifie les problèmes, et elle a sans doute bonne conscience en venant ici, elle a sans doute l’impression d’être utile, mais au final si elle ne fait que la moitié du travail, ça n’arrange rien.
L’autochtone fait un effort pour se calmer. Leur querelle ressemble à celles que des petites filles pourraient avoir dans la cour de l’école. Mais l’école, elles l’ont toutes les deux quittée depuis longtemps. Alors elle recule d’un pas, desserre les poings. Parce qu’après tout, c’est de leur faute, n’est-ce pas ? De leur faute si plus aucune boutique n’ouvre dans leurs rues ; après tout ils n’avaient qu’à entretenir le commerce, hein ! De leur faute s’ils n’ont pas accès à la même éducation ; ils avaient qu’à être attentifs à l’école, voyons ! Les gens comme elle, là, ils croient tout savoir. Tout avoir vu, ils savent les problèmes et ont des solutions simples, parce que les gens comme Lilith sont trop cons pour pouvoir les deviner ces problèmes, alors les gens éduqués doivent les aider un peu. Et s’il ne s’en sortent pas, même avec la solution, c’est qu’ils sont trop faibles, encore plus idiots que ce qu’on croyait, alors au bout d’un moment, la sélection naturelle fait son travail. Si elle est certaine de ça, Lilith ? Non, bien sûr que non, elle n’est pas allée à l’école, elle n’a pas eu l’occasion d’aller à l’université, elle, ni l’envie d’ailleurs, si c’est pour finir comme une sauveuse en carton. Ce qu’elle pense, ce ne sont pas des idées qu’on lui a mises dans la tête, c’est ce qu’elle suppose, devine, et ce n’est pas forcément la vérité, elle est prête à ce qu’on lui fasse changer d’idée, mais il faudra des preuves. Et pour l’instant, son avis sur la vétérinaire, il n’est pas très positif.
“Tous les problèmes viennent pas de nous tu sais,” le vouvoiement, que Lilith avait adopté en miroir à son interlocutrice, disparut aussi vite qu’il était arrivé, étant donné que l’autre n’avait pas l’air d’estimer que la brune le méritait. “Et si les gens combattent, c’est pas par choix.” Ils n’ont aucune alternative, mais ça, elle n’a pas envie d’en discuter avec quelqu’un qui rejettera de toute façon la faute sur ceux qui n’ont déjà plus rien. “Que veux-tu qu’ils fassent ?” Qu’ils partent d’ici ; sans savoir ce qu’ils trouveront ? Qu’ils trouvent du travail ; où ça ? Qu’ils fassent des études ; pour faire quoi ? Elle a déjà réfléchi à tout ça. Et c’est exactement pour ça qu’elle a arrêté ses études. “Il n’y a pas d’autre moyen de s’en sortir. Non c’est pas encore parfait, mais on reconstruit pas une ville en un jour, et bien sûr qu’on a besoin de l’aide de ceux qui veulent bien nous la donner.” Elle avale sa salive, ses maigres mâchoires se serrent et se desserrent lentement. “Mais il faut faire attention à ce que ce soit pas une aide qui nous enfonce encore plus.” Il y a des candidats qui sont bien trop prêts à tout pour un salaire, et qui jouent même la vie de leurs pokémons. Oui c’est regrettable, oui ils ont besoin d’aide, mais les moins malades ont autant besoin d’aide que les plus malades. “Si t’es là pour aider, fais attention à aider tous ceux qui en ont besoin, parce que les oubliés en voudront aux autres, et ça fera qu’empirer.” Elle fait un nouveau pas vers l’arrière, baisse les yeux un instant avant de retrouver le regard trop clair bien que fatigué de la docteure en face d’elle. “Me demande pas de choisir qui tu vas aider dans cette ville, et qui tu vas laisser pour compte.” Ils sont tous un petit bout de sa famille.
L’impression qu’elle râte quelque chose. Cette impression qu’il manque quelque chose à cette conversation. Elle ne saurait le décrire réellement. Quelque chose. Il y a un vide qu’elle ne peut supporter. C’est sans doute pourquoi elle ne tourne pas les talons. Lilith veut aider son quartier. Et depuis le début de cette conversation, elle a le sentiment de n’avoir fait qu’empirer les choses. “Mais les inégalités nous ont déjà pas mal atterrés, alors…” alors ça fait peur. “Alors puisque t’as l’air d’être vraiment venue pour nous aider…” Elle se rapproche, lui tend la main. “Merci.”
C’est tout ce qu’elle peut lui donner : sa gratitude. Et peut-être un endroit pour dormir, mais la dame préfère sans doute son lit de château à la botte de paille qu’elle peut lui prêter, alors elle ne propose pas, lui adresse un sourire pincé et la laisse partir pour la nuit, si elle n’a rien d’autre à ajouter.
Nyx Rasphodos
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Tu ne saisis pas le fond du problème. Tu es complètement à côté de la plaque. Mais comment pourrais-tu le savoir ? Tu as beau être ouverte, empathique et compréhensive, tu n’as pas vécu ce que vivent les gens d’ici. Les réalités qui sont les leurs, tu peux à peine les imaginer. On ne peut pas comprendre ces situations tant qu’on ne les as pas vécu soi-même et jamais tu ne vivras ce qu’ils vivent. Les mots qui manquent de passer la barrière de tes lèvres alors que la brune reprend la parole en sont la preuve.
“Bien sûr qu’on a toujours le choix ! ”
Un souffle t’échappe mais tu retiens les mots. Tu te rends compte sur le moment de l’idiotie que tu allais dire. Tu es certes née dans un petit cocon qui te tient bien loin des réalités les plus dures mais tu n’es pas naïve pour autant. Parfois, on n'a pas le choix. Si tes parents avaient eu le choix, tu n’aurais pas souffert de leur absence. Si Rhéa avait eu le choix, elle serait encore en vie. Si tu avais eu le choix, tu n'aurais pas fini seule. Tu retiens un ricanement de t’échapper tandis que la réalité de la situation te saute aux yeux. Ce ne sont que des problèmes de bourges. Aussi insignifiantes qu’un grain de sable. Nullement comparable à ce qui se passe ici. C’est une comparaison déplacée…
La tornade d’émotion qui t'avait saisi se calme doucement alors que tu rationalise, que tu prêtes l’oreille au mot de ton interlocutrice. Que faire ? Tu ne sais pas ? Tu n’as pas de baguette magique pour tout effacer. Aider à ton échelle, c’est tout ce que tu peux faire. Et alors que les paroles continuent de couler à l’instar d’un flot intarissable, il apparaît enfin…
Le nœud du problème !
Les choses deviennent un peu plus claires, plus compréhensibles alors que la brune te met en garde contre l’inégalité que tes actions et ta présence ici peuvent créer. Ça ne résout pas le problème mais tu comprends mieux. Mais le problème est toujours là. Inextricable.
- Il n’y a pas à dire merci pour ça. Lances-tu, avec une certaine douceur. Tu ne sais pas quoi penser de cette fille. Elle ne t’as pas vraiment laissé une bonne intention mais elle tient à sa communauté. Tu es un danger potentiel. Tu peux comprendre son animosité, du moins essayer. Elle a fait le premier pas, tu consens à faire le second, à laisser ton orgueil de côté. Loin de moi l’idée de venir ici en conquérante ou en sauveuse. Je suis là pour aider, simplement. Si elle a fait patte blanche, tu peux en faire de même n’est-ce pas ? Mais je ne peux pas aider tout le monde. Comme je ne peux fermer les yeux et rester sans rien faire par souci d'équité. Dans un cas comme dans l’autre, c’est impossible.
Rester sans rien faire et fermer les yeux ? Non tu ne peux pas, pas après tout ce que tu as vu aujourd’hui. Et puis, tu as commencé alors, autant terminer.
Tu restes silencieuse un instant, perde dans tes pensées, essayant de voir comment tu peux rectifier le tir, comment tu peux exercer sans causer de tort et empirer une situation déjà bien gangrénée. Il y a bien quelque chose que tu peux faire non ?
- Suis-moi.
Un ordre plus qu’une invitation. Elle t’as embarqué dans ce bourbier, pas question qu’elle s’en aille et qu’elle te laisse seule face à cette montagne de problèmes que sont les bas-quartiers de Voltapolis. Et puis tu vas avoir besoin de quelqu’un qui connait le coin, la situation et deux mains de plus ne seront pas de trop.
Déterminée, tu l’entraine deux rues plus loin, vers le petit local qu’on t’a attribué pour les consultations bénévoles. D’un geste de la main, tu invites la brune à te suivre à l’intérieur. Pas de tour du propriétaire, en revanche. Tu te diriges vers l'armoire en acier rouillé qui te sers de réserve et en ouvre le cadenas avant d’étudier son contenu. On ne t’as pas donné grand chose, principalement par peur du vol. Tu restes plantée là un instant avant d’attraper ton sac à dos et d’en vider le contenu inutile avant de le remplir de ce qui te semble indispensable. Nécessaire de suture, stétho, antibios, anti-inflammatoires, analgésiques, morphiniques, barbituriques - pour les cas désespérés -, compresses et mêmes les lames et le bistouri y passent.
- Trois jours. C’est le temps que je reste ici. En trois jours, je m’arrangerai pour voir le plus de monde possible. Les cas les moins graves durant les consultations libres et ceux trop faibles ou amochés pour se déplacer le soir. Expliques-tu alors que tu refais face à la brunette, ton sac bien attaché sur tes épaules. Ce n’est pas parfait. Je ne pourrai pas voir tout le monde en trois jours mais je peux essayer d’en sauver un maximum. En trois jours, je peux récupérer assez de témoignages pour pousser mes confrères à réagir. Je ne te promets pas qu’ils vont se bousculer pour vous venir en aide mais si j’arrive à avoir des photos ou des choses dans le genre… Des choses à leur mettre sous le nez pour faire en sorte qu’ils ne puissent plus détourner la tête peut-être… Peut-être que je pourrai faire en sorte que les invendables arrivent ici, faire en sorte que d’autres viennent. Et s’ils ne veulent pas, je me porterai garante pour Voltapolis. Je m’arrangerai pour vous apprendre les bases.
Que dit le proverbe déjà ? Donne un poisson à un homme, il mangera un jour, apprend-lui à pêche, il ne mourra jamais plus de faim. Tu ne peux pas sauver Voltapolis à toi seule et cette fille non plus. Mais peut-être qu’en leur donnant les bonnes cartes, peut-être auront-ils alors une chance de retourner le jeu à leur avantage.
Les mains fermement serrées sur les sangles de ton sac, tu déglutis alors que tu fixes l’autre. Tu restes impassible d’apparence mais l’appréhension t’envahis alors que tu attends sa réponse. Tu te rends compte que tout cela ce n’est que des beaux mots à ses oreilles, en dépit de toute la sincérité dont tu peux faire preuve. Tu sais aussi que tu t’aventure sur un terrain dangereux, que ce ne sont pas des engagements à prendre à la légère. Mais tu es une femme d’honneur, ce que tu dis, tu le fais. Peu importe à quel point ça peut paraître irréalisable ou idéaliste.
- Ce n’est pas parfait, ça ne se fera pas en un jour mais c’est le mieux que je puisse faire. Finis-tu par lâcher. Je ne pourrais pas contenter tout le monde, je ne vais pas te mentir. Tu ne pourras pas contenter tout le monde. Jamais. Ce n’est pas une solution parfaite, ni la meilleure mais c’est ce que j’ai de mieux. J’ai juste besoin d’être aiguillée. Termines-tu dans une invitation tacite à te guider vers les oubliés ou à te proposer meilleur projet.
Elle n’arrive pas à savoir, Lilith, si elle ferait mieux de laisser cette femme faire, ou s’il serait mieux pour les bas-quartiers qu’elle la suive et en apprenne elle-même le plus possible sur le soin pokémon pour être capable d’aider ces gens après son départ… Elle ne sait pas, et son instinct ne lui dit rien, même lui reste prudent. Prudent devant quoi, exactement ? Elle ne le sait même pas vraiment, et ne pas savoir, ne pas comprendre, c’est un état de faiblesse qu’elle a beaucoup de mal à accepter, Lilith. Tout comme ne pas contrôler. Quand on contrôle une situation, on n’a pas de surprise. Et cette fille en est une, de surprise. Parce que bien justement, la brune ne contrôle en aucun cas ce qu’il se passe à Voltapolis - et ce ne sera sans doute jamais le cas.
Ses yeux se baissent d’eux-mêmes vers les semelles foutues de ses vieux godillots. Ce qu’elle demande à la vétérinaire, c’est de choisir entre noir et blanc. Et même elle, elle sait que ce choix est impossible. La vie n’est pas toujours comme ça. Il n’y a pas que les riches et les pauvres, les gentils et les méchants. C’est bien plus complexe que ça. Mais les nuances de gris sont tout aussi dangereuses que le noir, elles tendent toujours d’un côté plus que de l’autre, la nuance parfaite entre le noir et le blanc n’existe qu’en art. Et la vie est loin d’en être un.
Mais elle n’a rien à proposer à la jeune femme. Elle n’a pas de solution. Si elle ne reste pas à Voltapolis jusqu’à ce que tout le monde ait eu sa chance de s’en sortir, alors les inégalités feront imploser la fébrile stabilité en place depuis peu de temps. Et même si elle ne s’en allait que dans six mois, le manque de moyens et d’éducation ferait renaître à jamais des situations semblables à celle-ci. Ce qu’il faut, ce n’est pas aider tout le monde, c’est aussi leur apprendre. Leur apprendre comment s’occuper d’un pokémon, pourquoi ils meurent, comment les soigner, leur expliquer qu’ils ne sont pas qu’un moyen de se faire de l’argent. Mais s’ils voient leur compagnons de cette manière, c’est peut-être de sa faute aussi. Elle ne peut s’empêcher de le penser, en tant que créatrice des Cercles, même si elle sait qu’elle n’a fait que normaliser des événements ponctuels.
Cette fille veut les aider, et Lilith n’a aucune idée de la manière dont elle pourrait la soutenir aussi. Elle n’a aucune qualification, aucun diplôme ni certification, aucune connaissance des pokémons dépassant ce qu’elle a pu trouver dans les bibliothèques du lycée… Elle accepte pourtant de la suivre, même si recevoir un ordre n’est pas dans ses habitudes, c’est aujourd’hui pour la bonne cause. Elle a besoin de cette véto, et si elle veut lui montrer comment s’en sortir, alors elle la suivra. Jusque dans une pièce ridiculement petite, avec pour meuble une simple table et une armoire. En en écartant plus largement les portes, Lilith observe le contenu, lui aussi minime, même d’après ses faibles connaissances en termes de soin. Pourquoi lui avoir donné le strict minimum ? Parce que les gens de Voltapolis sont des malades ? Des abrutis près à voler n’importe qui, même quelqu’un venu pour les aider ? Mais pour quoi les gens de l’extérieur les prennent-ils ? Ils sont tout autant humains qu’eux, et ont un minimum de jugeotte, à défaut de l’éducation. Ses mâchoires se serrent mais elle ne dit rien, laisse l’autre faire ce qu’il faut, vider son sac et le remplir de nouveau de compresses, de scalpels, de pansements, liquides indéfinis et tant d’autres choses qu’elle n’avait jamais imaginé pouvoir exister.
Trois jours. Son estomac se retourne - ou bien est-ce son cœur qui se contracte compulsivement ? C’est très peu. Mais la suite la rassure. Elle veut vraiment faire les choses bien. Elle veut sincèrement aider Voltapolis à s’élever. A redevenir quelque chose qui tient debout. Elle sourit faiblement. Comme si l’idée que quelqu’un de l’extérieur n’en ait pas rien à foutre d’eux lui réchauffait le cœur. Mais elle n’a jamais été douée pour identifier ses sentiments et ressentis. Ni les partager d’ailleurs. Elle les a toujours considérés comme quelque chose de faible, à éradiquer pour ne pas que les autres puissent mettre le doigt dessus et appuyer jusqu’à la briser par les quelques fêlures qu’elle sait fissibles. Cette confiance qu’elle commence à accorder à cette femme dont elle ne connait même pas le nom, elle la sait fragile. Elle n’a aucune garantie qu’elle tiendra parole. Aucune autre garantie que son intuition. La brune se contente donc de hocher la tête, et retourner le regard vers le visage clair de l’autre femme en se rendant compte qu’elle était perdue dans ses pensées les trois dernières bonnes minutes.
Ne pas placer trop d’espoirs en cette proposition qui ne sera peut-être jamais tenue, c’est ce qu’il faut qu’elle garde à l’esprit. Faire tout son possible pour donner envie à cette fille de faire ce qu’elle peut pour les aider sans trop engager d’énergie dans ce projet avant d’avoir des preuves manifestes que ça aura bien lieu. Elle est restée silencieuse depuis la rue, un peu perdue à vrai dire, perdue dans deux approches différentes de la situation, mais si elle reste trois jours, alors Lilith se débrouillera pour en apprendre le plus possible. Apprendre n’a jamais été compliqué pour elle, et avec un peu de volonté, elle aurait sans doute décroché son bac, mais sans en voir un seul intérêt, sans espoir d’évoluer dans les études après ça, non elle n’a pas voulu trop s’engager. Et la situation se reproduit. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a que deux parts qui entrent en ligne de compte pour que ça se déroule le mieux possible : La vétérinaire. Et elle.
« J’ai rien à proposer, sinon ce serait déjà fait. » C’est beaucoup dire, certes. Mais elles discuteront de ça plus tard, si besoin est. Lilith se retourne simplement et sort du bâtiment. Beaucoup trop d’habitants dans le besoin lui viennent en tête. Mais ceux qui ne peuvent pas risquer de se déplacer, elle sait où ils sont. Ils ont déjà appelé à l’aide.
Choisir qui aura la chance d’être sauvé et qui ne l’aura pas… Ça lui laisse un goût amer dans la bouche. Un goût de fer. Mais elle avance, s’assurant de la présence de la vétérinaire à ses côtés. « Elle est dans cet état là depuis quelques jours, et- » et ça me tue de pas savoir quoi faire parce que c’est de ma faute si elle est comme ça. « Et c’est depuis un combat. On a fait ce qu’on a pu pour essayer d’arrêter la fièvre, mais je suppose qu’il faudrait des médicaments… Elle est atteinte à la patte… » Elle suppose beaucoup, n’est même pas sur que le Laporeille ait réellement de la fièvre, que ce n’est pas autre chose mais une infection déclenche généralement de la fièvre, non ? Elle a encore tellement à apprendre… Elle les guide dans les bas-quartiers, à travers les rues noires et les débris jusqu’à un ancien petit supermarché transformé en squat où loge un groupe de “délinquants” comme on pourrait les appeler, bien qu’ils soient moins violents que la plupart des jeunes de Volta. La plupart est déjà adulte mais n’a nulle part où aller autre qu’ici, tombée dans les stupéfiants un peu trop tôt pour certains en quête d’argent, d’autre simplement parce qu’ils se sont lié d’amitié et quitte à se retrouver la rue, autant que ce soit avec des gens qu’on apprécie, non ? Avant d’entrer, Lilith fait une pause. « Personne ici, quand il arrive à un âge où il peut réfléchir par lui-même, n’imagine pouvoir aller vivre ailleurs. » A cause de beaucoup de choses, et aussi la plupart du temps des parents, qui élèvent leurs enfants comme ils peuvent et leurs font bien comprendre que de toute façon le monde est pourri jusqu'au noyau. Le futur n’existe pas, pour eux. Le mois prochain est un peu trop loin. Ce n’est pas une ville ravagée par le crime, mais le vol est bien présent, les gens sont prêts à tout pour survivre, même aux dépens de leurs amis. C’est l’avantage de ce genre de groupes. Ils vivent comme un, et pas comme plusieurs côte à côte. « Alors ne jugez pas trop vite. » Puis elle fait un pas dans le bâtiment en annonçant sa présence d’un Bonjour assuré. Deux silhouettes se lèvent dans la pénombre et s’approchent des deux femmes, puis reconnaissent Lilith et s’écartent pour les laisser approcher en les saluant sympathiquement. « On vient voir la Laporeille. »
L’un des deux leur fait alors signe de venir et approche la lampe de chevet avec laquelle ils s’éclairent plutôt efficacement, parce que les néons du bâtiment ne sont pas tous fonctionnels. « Ça s'est stabilisé depuis hier, mais je sais pas si c’est bon signe, en fait… » La petite est cachée sous une couverture et grogne faiblement. Mais pas de douleur. Harry pousse la couverture d’un mouvement net et rapide pour éviter de se faire chiquer la main par le coup de patte arrière que le pokémon envoie rageusement. « C’est pour ça qu’on pouvait pas la déplacer : On peut pas la toucher. »
Nyx Rasphodos
Dresseur·euse Éclipse
Messages : 325 Née le : 28/01/1993 Age : 31 Région : Illumis-Kalos Pokédollars : 1117 Stardust : 666 Stardust utilisés : 270 Equipe pokemon : Équipe Acier
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Les mains fermement arrimées sur les sangles de ton sac à dos, tu attends de voir si cette jeune femme dont tu ne connais toujours pas le nom va accepter ta proposition ou non. L’appréhension est présente. C’est un plan loin, bien loin d’être parfait mais c’est le seul que tu puisses proposer présentement…
L’autre reste silencieuse alors que tu la fixes. Elle est très certainement perdue dans ses pensées, en train de peser le pour et le contre. Ca ne doit pas être évident de faire confiance à une étrangère, tu peux le concevoir, alors tu attends sagement. Mais ton temps n’est malheureusement pas extensible à l’infini et celui des pokémons blessés ou malades qui grouille dans cette ville non plus… Mais tu ne dis rien et attends patiemment que la femme au teint mat se prononce. Le rôle que tu lui as donné n’est guère facile à porter, après tout…
Elle prend enfin la parole. Évidemment qu’elle n’a pas de meilleure proposition à faire. Il n’y a aucune solution parfaite dans une telle situation, aucune proposition qui contentera tout le monde. Tout ce que vous pouvez faire, toutes les deux, c’est faire de votre mieux. Faire de votre mieux pour tenter de soulager et sauver ce pokémon dont elle te parle. Ton cerveau tourne déjà à plein régime, entame cette série de diagnostics différentiels que tu pratiques avec le même automatisme qui fait que tu respires sans y penser.
La fièvre a de multiples origines. Cela peut-être infectieux, viral, dû à un poison. Il faut que tu puisses voir pour investiguer plus.
- Allons-y, alors. Lances-tu tandis que tu inities la marche. Tu dépasses la jeune femme à la tignasse sombre et t’arrête juste à sa hauteur, plantant un instant ton regard dans le sien, intriguée par cette (presque) parfaite opposition physique entre elle et toi. Au fait, mon prénom c’est Nyx. Lances-tu, l’invitant tacitement à se présenter aussi. Vous allez très certainement passer les trois prochaines nuits ensemble, alors autant mettre un nom sur ce visage un peu patibulaire, non ?
Qu’elle réponde ou non, tu finis par te mettre en route et laisse ta partenaire te guider dans le dédale de rues sombres et délabrées des bas-quartiers de Voltapolis. Après plusieurs minutes de marche, vous arrivez devant ce qui semble être une super-marché abandonné. Tu fronces les sourcils, peu rassurée à l’idée de te retrouver dans un squat. Tu as beau être compatissante et te dire ouverte, tu n’en reste pas moins une enfant de bourgeois à qui ont a toujours dit de se tenir loin de ces lieux mal famés. Tu es tolérante, tu veux faire confiance mais les a priori sont là, bien ancrés. Mais tu essaies de faire bonne figure, de passer au-dessus des préjugés sociaux et hoche docilement la tête tandis que ta compagne prend la parole.
Non, tu ne jugeras pas. Parce que tu sais très bien que tout le monde ne naît pas avec les mêmes chances. Ça ne t’empêchera, cependant, pas de rester sur tes gardes malgré le fait que tu salues le groupe de jeunes gens avec politesse. Ton cœur se serre et tu ne sais pas trop si c’est de pitié et de colère. Certainement des deux.
* Comment peut-on laisser des gens et des pokémons vivre dans une telle misère…*
Il y a mille et une raisons à cela, tu le sais bien. Des raisons certainement inhérentes aux bas-quartiers et ses habitants et d’autres - la majorité - sont du ressort des autorités Lumiriennes.
Tu laisses ton regard émeraude englober le groupe, tandis qu’on t’explique la situation, et le laisse finalement tomber sur ce petit tas de couverture qui grogne et gigote. Tu te retiens de soupirer alors que tu sais déjà qu’il va falloir batailler pour soigner cette Laporeille et que tu ressortiras certainement avec quelques coups.
Mais c’est ton métier, n’est-ce pas ?
- Vous pouvez m’éclairer ? Demandes-tu au jeune homme qui est le plus proche de la lampe de chevet tout en donnant ton sac à Lilith. Je vais l’attraper. Pendant ce temps-là, prends une seringue de 1ml - c’est la plus petite - et charge-la avec une fiole de Butorphanol et de Médétomidine. Les noms sont indiqués sur les flacons, il me faut 0.1 ml de chaque produit. Lui expliques-tu.
Ton ton est assuré, ton pas décidé et ton regard déterminé et concentré.
- Est-ce qu’on peut vous aid… - Non, c’est gentil. Si on y va a plusieurs, elle va se montrer davantage agressive. je préfère gérer ça seule.
Ça ne va pas être une mince affaire, tu le sais. Tu sais aussi que tu n’as pas le droit à l’erreur, si tu te rate le pokémon prendra la fuite ou tentera de t’attaquer. Il faut que tu sois adroite et rapide. Mais tu n’en es pas à ton coup d’essai. Des pokémons sauvages et récalcitrants, tu en as attrapés par dizaine durant les étés à Myokara. Alors, sans prévenir, tu plonges avec l’adresse d’un Léopardus sur la Laporeille, elle tente de fuir, évidemment, c’est rapide ces petites choses-là. Tu dérapes pour bifurquer et lui barrer la route, t’en fichant pas mal de glisser sur le sol et de finir écorchée. Tu as attrapé cette petite furie, c’est le principal.
- La couverture. Ordonnes-tu, les dents serrées alors que toutes tes forces sont mobilisées pour tenir le pokémon en place et ne pas lâcher prise malgré la morsure.D’un geste leste, emprunt d’expérience et de technique, tu emballes le pokémon dans le tissus, ne laissant dépasser que la tête. Ainsi emmaillotée, la Laporeille est un peu plus gérable mais elle garde de la force et une sacrée vivacité. Okay, j’ai besoin que tu lui injectes le produit dans la cuisse, ça va la tranquilliser légèrement et rendre les choses beaucoup plus simples. Je continue à la tenir et tu viens piquer dans sa cuisse, avant d’injecter le produit, tu pompes légèrement pour t’assurer que tu n’es pas dans une veine, d’accord ? S'il n'y a pas de sang, c’est bon. Lances-tu à Lilith. Tu suis l’opération d’un œil attentif. Tout se passe sans accroc. La laporeille se débat encore mais tu sais que d’ici quelque minutes elle sera bien plus calme. Bien… Ça va prendre quelques instants pour faire effet. En attendant, expliquez-moi un peu comment elle s’est fait cette blessure. Durant un combat, ça tu l’as bien compris, mais il va falloir qu’on t’en dise un plus plus à ce sujet si on attend de toi que tu soigne correctement ce pokémon, car on ne traite pas une fracture causée par une violente attaque comme on traite une infection survenue après une morsure remplie de venin.