Sur le long terme, mon laboratoire et en particulier le Professeur Tsuga m'avait mentionné pour observer l'évolution du rythme de vie des Pokémon vivant à Voltapolis depuis la crise de la Centrale.
Pour commencer, Grey, mon Etourvol espion, m'avait énormément assisté pour effectuer du repérage pour dénicher les zones les plus judicieuses pour commencer ces observations. Ce dernier m'avait déniché une meute de Machocs, qui, face à l'adversité et les catastrophes naturelles, s'était regroupée pour survivre ensemble. J'avais ainsi pu notifier leur manière d'interagir entre eux, très solidaires où chaque ration était partagée avec le groupe, et très protecteurs, et ce, même si les individus n'avaient pas de proximité visible.
Grâce aux facilités émotionnelles de Kyora, je réussis à amadouer le groupe et m'infiltrer parmi eux, me rendant alors plus facile cette observation. En réalité, je croyais qu'ils m'aimaient bien, ils n'hésitaient pas à m'offrir quelques rations ou voulaient jouer avec moi... ou alors, c'était qu'ils appréciaient les pitreries de Pinky, mon Rondoudou, et les capacités impressionnantes de Grey en vol et agilité... ou tout simplement la dévotion de Kyora et mon enthousiasme à toutes épreuves.
Hélas, je ne pouvais me restreindre à leur seule observation. En effet, s'ils appréciaient autant ma présence, ce n'était pas uniquement grâce à tout ceci, mais aussi parce que mon aura les rassurait. Cette meute de petits Pokémon craignait quelque chose, une menace sans nom à Voltapolis. C'était également ce qui m'avait attiré vers eux et Kyora n'avait de cesse de me confirmer cette crainte grandissante. La meute hésitait fortement à déménager, j'étais persuadé qu'un jour, lorsque je me rendrais à leur repère, elle aurait disparu, s'étant délocalisée.

Et... un jour, ce fut le cas. J'avais décidé d'emmener mes colosses trop tardivement. Mes Pokémons d'observation avait été remplacés par ma troupe d'élite mais il n'y avait plus personne à protéger devant cette bouche d'égout, cette petite impasse entouré de bâtiments délabrés, où les petits Machocs s'étaient pourtant créés un espace de vie tout à fait appréciable avec des moyens les plus rudimentaires... comme cette espèce de Ponyta de bois.

Atlas, mon Exagide, était dissimulé sous ma cape, dans mon dos ; Rentia ma Dracaufeu aux couleurs de Raïkou s'était élancée dans l'impasse, frustrée de ne rien trouver ; Axion mon Absol et Roja ma Némélios flairaient les lieux pour capter une odeur particulière. Hélas, il était inutile de se poser des questions, la meute avait déménagé, la menace l'avait faite fuir... nos amis s'étaient volatilisés.
—  Il y a personne... comme on le redoutait. Rentia, reste sur tes gardes si j'ai besoin de toi en urgence. La menace s'est réveillée, j'aurais sûrement besoin de toi.

Rentia rentra dans sa sphère à regret et mes deux pisteurs se mettaient alors en route, ne loupant aucune trace ou indice de leur prochaine position. Mais... le vent et le silence n'auguraient rien de bon.

—  Allez, partons à leurs recherches. Ca me dit rien qui vaille...

Roja et Axion n'hésitaient pas à se dissimuler sur les toits en ruine, se déplaçant sans bruit, et je tâchais de les suivre aussi péniblement que cela puisse être. J'étais peut-être plus puissant que la moitié des dresseurs et dresseuses de Lumiris, je n'étais pas pour autant doté d'une quelconque discrétion. Je ne serai pas le nouveau Beladonis non plus, ceci dit.

Si Roja continuait sa marche, imperturbable, ce fut mon annonciateur de catastrophes, extrêmement sensible aux éléments autour de lui et des émotions dégagées, qui m'avertit de quelque chose. Une odeur familière, une impression de déjà-vu, un aspect reconnu... quelque chose auquel nous avions déjà été confrontés par le passé.
Je traversais une grande ouverture menant à une place, dans ce même décor aussi chaleureux qu'effroyable en fonction de la saison et des groupes qui l'occupaient et là... une âme humaine. Ce n'était pas n'importe laquelle. Je croisais quelques personnes, quelques rescapés, surtout dans les bas quartiers, mais généralement peu de personnes aussi... décalées par rapport à la population des lieux.

Une jeune femme aux aussi longs cheveux bruns, ces traits... je la connaissais, c'était obligé. Mais d'où ? Qui était-elle ? Mes neurones étant correctement connectés, ma mémoire me ramena bien vite le visage et l'identité de cette personne... Dalia Lenart. La fille que j'avais rencontrée à Nemerya à la suite d'une attaque de Pokémon fous dans un parc, une diversion permettant de piller les riches tombes des catacombes. Nous nous étions quittés sur des questionnements sans réponse, comme si elle s'était braquée ou comme si elle ne voulait pas que je pose trop de questions et... je ne l'avais plus jamais revue.
Entre temps, Kyora avait reçu les pensées de notre petite famille, en particulier Skoon qui possédait des détails troublants, et elle me les avait évidemment partagées. Je ne savais pas exactement ce dont il retournait mais Skoon aurait vu lors de cette attaque où il s'était démené pour arrêter Raphael, lorsqu'on sauvait tout le monde et que j'allais presque mourir dans ces catacombes... Dalia l'aurait laissé partir. Ce geste m'avait laissé perplexe et les doutes m'assaillaient. Et si je m'étais allié à une traitre ? Et si elle avait gagné ma confiance pour avoir des informations confidentielles ? Et si... s'il y avait des détails encore plus sombres que je ne connaissais pas et qui complexifiaient l'affaire ?

Je ne pouvais pas la perdre. Je devais la suivre, savoir où elle se rendait, comprendre ce qui ne pouvait encore être compris, et ce même si je devais faire des choses éthiques comme la suivre. J'étais déterminé à être discret mais était-ce son Luxay ou tout simplement ses instincts qui l'avertir de ma présence ? Mes pisteurs étaient censés être trop discrets pour être découverts, sauf si j'étais en présence d'une virtuose.
Elle s'était retournée et avait interpelée la personne qui la suivait, et par instinct, je m'étais enfoncé dans l'ombre, derrière un pan de mur en espérant passer inaperçu... mais elle savait et je ne pouvais la tromper. Alors, j'avançais lentement, la lumière me découvrant peu à peu jusqu'à dévoiler mes mèches violettes caractéristiques.

—  N'ai crainte. C'est moi, Khoren. Dalia... c'est toi ? Qu'est-ce que tu deviens ? Qu'est-ce que tu fais à Voltapolis ?

Si ma voix était neutre au départ, à l'appel de son prénom, j'étais plutôt surpris. Ma spontanéité m'empêchait de falsifier mes émotions. Mes deux gardes veillaient la haut, Atlas était ma garde rapprochée, et Kyora et Rentia étaient prêtes à intervenir... mais avec deux techniques totalement différentes. Que faisait-elle ici ? Était-ce un mirage ?

Dalia. Dalia Lenart, la femme mystérieuse qui m'avait aidé à la suite de l'événement des Catacombes, avec ce gang, ce Raphaël et... cette drôle de discussion dont Skoon avait été témoin. Ma mémoire ne s'était donc pas trompée.
Elle était accompagnée d'un Luxray, les choses semblaient avoir bien évolué depuis que nous nous étions rencontrés. Cela ne serait pas chose aisée de la maîtriser s'il s'avérait qu'elle était une traîtresse d'une quelconque manière que ce soit. Toutefois, je n'avais pas le droit d'avoir peur, Atlas se trouvait sous ma cape et Roja et Axion n'allaient pas tarder à répliquer.

—  Je sais pas... tu aurais pu être un type louche comme il y en a beaucoup en basse-ville, surtout depuis l'explosion de la Centrale haha. répondis-je sous le ton de la plaisanterie, plutôt rassuré d'être avec une alliée, aussi trouble est son statut tout de même, plutôt qu'un gang.

Je restais prudent et évitais de livrer des batailles inutiles. Elle me livrait alors les motivations de sa venue ici et c'était plutôt drôle car si elles étaient plutôt courantes, ma présence devait plutôt la surprendre. Que ferais-je ici, après tout ?

—  Il y a une hausse de la criminalité dans cette zone de Voltapolis. C'est bien triste pour ton proche, mais hélas, les magouilles sont courantes... mais delà à s'en prendre à un Pokémon d'un dresseur, c'est surréaliste en vue de combien de Pokémons sauvages ont pris possession des lieux et que cela a fait monter en flèche le marché noir et le trafic. C'est... je comprends pas la motivation de ce meurtrier. Je suis désolé encore pour cette personne, surtout si c'était un Pokémon auquel elle était proche.

Je restais soucieux en réfléchissant, entre temps, ma Lionne flamboyante et mon annonciateur de catastrophes apparurent. Si Axion était toujours majestueux, tâchant de se faire bien voir, Roja préféra grogner à la vue de Rei.

—  Roja, Axion, se sont des amis. Nous n'aurons pas à nous battre, a priori. Reste bien tranquille alors. soufflais-je avec fermeté, tout en les caressant avec douceur, une attention particulière sur ma Némélios, tout en lançant un regard à Dalia de la défendre de tenter quoi que ce soit contre moi comme j'étais bien entouré.

Une menace gentille, un sourire royal, un regard empli de défi de tenter quoi que ce soit alors que je possédais une belle équipe de Pokémon colossaux qui n'hésiteraient pas à démolir quiconque tenteraient de me faire du mal.
Je reprenais un air plus classique, plus joyeux, plus enfantin... plus moi quoi, en me rappelant qu'elle m'avait demandé également les raisons de ma venue en ces lieux.

— Pour ma part, mon Laboratoire et en particulier le Professeur Tsuga m'a engagé pour observer l'évolution du rythme de vie des Pokémons de Voltapolis depuis l'explosion de la Centrale. Comment ils vivent, comment se sont-ils adaptés, etc. Je m'étais rapproché d'une meute de Machocs et mes Pokémons me disaient sans cesse qu'ils étaient effrayés, qu'ils redoutaient une menace. J'étais persuadé qu'ils partiraient un jour, et ce jour est arrivé. J'aimerai les retrouver, comprendre ce qu'ils ont fui, parce que... une trentaine d'individus, malgré que ce soit qu'un premier stade d'évolution, ça fait mal quand ils te tombent tous dessus ! Donc...

Je restais septique. Qu'avaient-ils pu fuir ? Un truc si menaçant que leur nombre n'aurait pas pu rivaliser ? C'était si étrange.
Sa prochaine réplique me fit rire.

— Ca serait trop facile si les suspects et les coupables étaient servis sur un plateau d'argent. Mais puisque nous avons des Pokémon pisteurs, traceurs, agiles, nous pouvons partir à la recherche de ces indices pour nos deux enquêtes, qu'en dis-tu de refaire équipe comme l'autre fois ? Je suis sûr que c'est pas un hasard si nos routes se rencontrent de nouveau.

Ma dernière phrase était malicieuse et volontaire. J'aimais beaucoup jouer avec les autres et pourquoi pas à les mettre mal à l'aise pour rire. En même temps, j'étais trop innocent pour faire quoi que ce soit en dehors de mes passions et interventions.
Et puis, nous avions d'autres choses plus importantes à faire : Mener notre enquête, dénicher des indices, trouver nos vérités parmi la multitude de mystères troublant la basse-ville.