Finalement ! Azaël avait enfin obtenu un rendez-vous avec le Professeur Baobab, l’un des chercheurs les plus réputés de la région. Cela faisait plusieurs mois qu’il essayait d’en avoir un, et quelques jours plus tôt il avait reçu le mail tant attendu. Une réponse positive. Une invitation à se rendre dans son laboratoire privé. Une proposition pour l’aider. Le jeune Nébuleuse, qui n’avait pas pour habitude d’exprimer ses émotions, exulta comme rarement auparavant. Cependant, il ne perdit pas son objectif de vue une seule seconde et commença déjà à préparer ses documents. Il devait organiser ses recherches et les résultats qu’il avait déjà obtenu s’il voulait les présenter convenablement au professeur. S’il voulait en apprendre un maximum lors de ce rendez-vous.
Le jour venu, tout se passa à merveille. Il se rendit le matin à Nemerya pour se diriger directement vers le laboratoire où il discuta et observa Baobab pratiquement toute la journée. Ils partagèrent leurs connaissances sur le sujet, émirent des hypothèses mais surtout ils échangèrent leurs données. Si Azaël était encore jeune, et ses recherches récentes, il n’en était pas moins efficace. Sa passion pour le sujet, sa détermination et son intelligence lui permettaient d’avancer assez. Toutefois, il avait besoin d’information et de chiffres qu’il n’avait pas encore. Le Professeur en avait certains. C’est donc en fin de journée, vers 16h, qu’il quitta enfin le bâtiment de verre et de métal.
Azaël était absorbé par toutes ces données. Il ne voulait pas perdre une seule seconde avant de commencer à les analyser. Tandis qu’il marchait dans la rue, sa tête était plongée dans ses papiers et son esprit y était complètement dévoué. Rien d’autre n’avait d’importance, il était dans sa propre bulle. Cependant, il était devenu sourd et aveugle à tous les autres stimuli. Le jeune homme ne voyait rien de ce qu’il se passait autour de lui. Il se trébucha plusieurs fois sur des pieds de banc ou des pots de fleurs, et les passants devaient régulièrement s’écarter pour éviter la collision. Jusqu’à la fois de trop. Visiblement la jeune fille ne l’avait pas vu non plus, et la collision fut inévitable. Le bruit du choc résonna dans toute la rue, tandis que le Sinnovien termina au sol sur ses fesses et ses papiers volèrent dans tous les sens.
Rapidement, il comprit que c’était en partie de sa faute. Il se releva d’un seul mouvement, et s’inclina devant l’autre victime de l’incident.
Je suis désolé, je ne vous avais pas vu. Ses paroles n’étaient guère plus fortes qu’un souffle.
Sur ce, il commença immédiatement à rassembler ses documents. Il ne voulait pas prendre le risque de voir le vent les emporter, ils étaient si précieux. Pendant quelques instants plus rien d’autres que les papiers de recherches n’existaient à ses yeux. Il devait les récupérer.
Depuis ce jour où tu avais trouvé ce fragment du passé que l'on appelait fossile, tu n'avais qu'une idée en tête ; en savoir plus. Tu voulais comprendre cette roche ancienne que tu avais déniché, celle qui pouvait, potentiellement, faire revivre un Pokémon. L'idée même te paraissait irréalisable, et pour t'y connaître davantage, tu savais que là où tu devais te rendre, c'était la capitale. Là où il y avait les scientifiques, là où les questions pouvaient trouver des réponses. Ce besoin de comprendre t'obsédait, alors tu avais pris ta journée de congé pour te rendre à la grande ville avec quelques uns de tes Pokémons. Iara avait besoin de prendre l'air, Veles de se dégourdir les pattes, et Ephy devait pratiquer ses envols... La pauvre, elle ne volait pas très bien ; ce qui était un comble pour un Pokémon de type Vol. Mais tu croyais en elle, elle allait s'améliorer et bientôt, les cieux n'auront plus de secrets pour ta jeune Tylton.
Tu déambulais dans la rue – tu cherchais ton chemin, trop stimulée par les bruits ambiants pour te concentrer sur seuls tes pas. Tu murmures – tentant de prononcer le nom des rues par lesquelles tu dois passer, afin de ne pas perdre le fil. Tu ne sais même pas ce que tu espères. Sans doute devras-tu repartir bredouille, la pleine toujours pleine d'interrogations.
Observant tes pieds heurtant le sol en harmonie, tu t'arrêtes net, heurtée par quelque chose alors que tu continuais ta marche sans crier gare. Tu sursautes, tu cries et tu te figes. Tu prends quelques secondes avant de prendre conscience de la réalité – tu viens d'entrer en collision avec un être humain. Tu as eu la chance de ne reculer que de quelques pas, alors que l'origine de ta récente frayeur s'était retrouvée au sol. Tu paniques. Pour lui, surtout. Mettant quelques secondes à réagir, et malgré ta douleur au bras, tu t'avances vers l'inconnu, en lui tendant la main.
« Je – Je suis sincèrement désolée... Est-ce que tout va bien ? »
Tu vois des papiers qui tentent de s'envoler. Tu fais signe à Éphémère d'attraper ceux dont la menace atteint les plus hautes altitudes, alors que toi, tu t'empresses d'aider le jeune homme à ramasser les feuilles s'étant éparpillées par terre. Ton Pokémon peine à rejoindre les documents volants, mais après beaucoup d'effort, elle y parvient, et elle te les ramènes avant de s'écraser au sol – fidèle à elle même.
« Merci beaucoup Ephy... je suis fière de toi. »
Suite à ces mots, tu fais quelques pas en direction de celui qui t'a heurté, et tu lui donnes les papiers, sans jeter le moindre coup d'oeil sur le contenu – quelle impolie ferais-tu, si tu avais osé... Ensuite, tu poses une main sur ton épaule. Elle a reçu un vilain coup, mais tu n'as rien de cassé. Tu auras sans doute une ecchymose, mais au moins, la couleur se mariera bien avec tes cheveux et le bleu de tes iris. De toute façon, tu l'avais bien mérité.
« C'est de ma faute... Je n'étais pas concentrée sur ma route. La cacophonie de la ville m'a embrouillé l'esprit... Encore une fois, je suis désolée. Vous avez mal quelque part ? »
Regard au sol, mains tremblantes ; tu ne savais que dire pour te racheter. Tu te sentais honteuse. À cet instant, tu espérais être n'importe où ailleurs. N'importe où, mais à un endroit où les autres ne seraient pas victimes de tes fâcheuses maladresses.