La centrale électrique. Lilith n’y est pas allée souvent, mais elle a entendu dire qu’un grenousse s’y baladait. Et il lui faut un grenousse. Alors Lilith va à la centrale électrique. C’est un lieu interdit, mais on ne sait plus vraiment ce qui est autorisé de ce qui est interdit de nos jours. L’incident de la centrale a eu lieu il y a un ou deux ans, mais le lieu reste toujours étrange. C’est d’ailleurs peut-être ça qui le rend si étrange. Personne n’y reste longtemps, elle n’a pas connaissance d’un groupe installé à la centrale pour du long terme. Bien sûr elle n’est pas au courant de tout… mais de pas mal de choses tout de même. Elle se renseigne un peu sur tout le monde, la jeune femme, elle essaye d’être en de bons termes avec le maximum de gens, parce que plus on a d’amis, plus ils peuvent rendre service, et moins on a de problèmes. Même Jules, elle a réussi à s’entendre avec lui. C’est d’ailleurs lui qu’elle rejoint dans la centrale. Ils vont chercher les pokémons ensemble. Elle le grenousse, lui un riolu. Ce n’était pas non plus un mauvais choix, riolu. Enfin. Lucario. Un pokémon très prudent, très endurant, très sensible, aussi. Il n’en a pas l’air, comme ça, mais il est très proche des humains, ce pokémon, il ressent ce qu’ils ressentent, et ça en fait un bon compagnon, elle suppose. Elle n’en a jamais eu, mais elle pense que ce serait une bonne chose d’avoir un lucario à ses côtés, pour des négociations, par exemple… Mais elle, elle veut un amphinobi. Et une malamandre, mais c’est une autre histoire. La centrale, dans laquelle ont peut entrer, entre autres endroits, par les quelques nombreux trous faits dans les grandes vitres du rez-de-chaussée, est abandonnée depuis que la ville perd du prestige. Comment la région est desservie en électricité depuis sa fermeture ? C’est pour la jeune Fair un mystère, mais elle ne s’en préoccupe pas particulièrement. Eux, ils ont l’électricité à certains endroits, c’est déjà bien. Comment ils l’ont, c’est le cadet de leurs problèmes.
Lilith entre finalement, sac sur le dos, et Abaddon au pied, déjà en train de renifler partout, à la recherche de son nouveau copain mouillé. Si elle pouvait le trouver rapidement, ce serait super, mais si elle met quelque temps, c’est pas trop grave non plus, la centrale est un formidable lieu d'entraînement pour les pokémons. Et donc pour Abaddon qui en manque cruellement. La dresseuse a d’ailleurs amené un jouet fait-maison, simplement une boule très compacte de ficelle, avec des graviers enroulés dans un petit morceau de tissu à l’intérieur pour rendre le tout plus lourd. Mais elle ne le sortira pas pour l’instant. Il faut qu’il se concentre sur sa proie, pour le moment. Il est d’ailleurs bien parti, à la recherche d’un pokémon eau. Elle ne sait pas s’ils sont plusieurs grenousses par ici, ou s’il est le seul survivant ou migrant, mais même s’il est seul, elle le trouvera. Elle en a la conviction. Elle ne lâchera pas avant, de toute manière. Alors ça ne fera que plus d'entraînement pour Abaddon. Il n’y a pas de combat prévu avant quelques jours, le temps de se remettre en forme, et ce sera reparti. Mais elle ne veut pas faire d’Abaddon un simple combattant, elle veut pouvoir compter sur lui dans n’importe quelle circonstance, et pour ça, il faut l’habituer à tout. Et en l'occurrence, c’est à chercher un pokémon bien particulier. Quels indices il a ? Le nom du pokémon, et son type.
Lilith le suit, sans trop faire de vague, sans se soucier du bruit qu’elle produit, puisque si quoi que ce soit essaye de s’enfuir, elle peut parfaitement compter sur son démon pour le rattraper. Il le rattrapera, elle en est sûre. En quel état, ça c’est moins sûr. Ça fait partie des choses que le petit doit apprendre. Elle a déjà commencé : il n’a pas le droit de toucher à sa nourriture avant qu’elle l’y ait autorisé, si de partir partout en ville : il reste à ses pieds… ce genre de choses…
Elle lève les yeux, regarde autour d’elle, le plafond, les structures en métal apparentes… l’atmosphère ici est étrange, comme si un voile sur sa vision.
Et a priori l’odorat d’Abaddon qui s’arrête juste devant un coin de mur. “Qu’est ce que tu fous ? y a rien là c’est un mur…” Tête d’abruti. Elle s’approche quand même, parce qu’en plus d’y être, devant ce mur, il s’y assoit. Alors il doit bien y avoir quelque chose, il n’est pas assez idiot pour se mettre au coin tout seul… si ?
“Pousse-toi, si t’as trouvé quelque chose…” Elle le pousse de la botte, ce serait trop dangereux de l’attraper avec les mains, ce débile bouge tellement qu’elle s’est coupée chaque fois qu’elle a essayé. Alors elle le pousse, reçoit un jappement mécontent mais rien de plus, il n’est pas fou et sait très bien qu’elle est plus forte que lui. Ou en tout cas, c’est ce qu’il croit, et c’est le principal. Elle s’accroupit ensuite près du mur, et remarque une différence de couleur entre deux parties dudit mur. En effet, le bas est blanc très clair, propre, presque parfait, comme si le placo avait été fait hier, alors que je reste du mur est gris, la peinture s’écaille et les taches de soleil sont nombreuses. Ca, c’est une cache à quelque chose. Elle ne sait pas quoi, sans doute de la drogue, mais peut-être quelque chose de plus rare. De plus gros. On n’aurait pas coulé du plâtre sur une surface assez grande pour qu’un rocabot y passe, si c’était pour y mettre du shit ou des boosters. Alors elle se relève, et donne un coup de talon dedans. Sans grande surprise, le plâtre explose et laisse les fouineurs -et particulièrement l’animal- découvrir son contenu.
“Sors de là, je t’ai pas dis que tu pouvai-” mais au final, ce qu’il pousse à l’extérieur du mur est bien plus intéressant qu’elle le croyait. Quelque chose de plus gros et plus précieux, qu’elle disait. Tu m’étonnes.
“C’est un œuf, ça…?” Elle s'accroupit près de lui, le touche. Il est chaud, ça doit être bon signe. Elle ne s’est jamais occupée d’un œuf, ni d’un bébé pokémon… Elle peut toujours le remettre dans la cache et faire comme si de rien n’était. Mais s’il est là, c’est qu’il est dans une sale affaire, c’est du troc de pokémons, et celui qui sortira de cette coquille, elle ne sait pas comment il sera élevé, pourquoi il sera élevé. Alors que si elle le prend avec elle… Sans même savoir ce qu’il va en sortir… Ses yeux se posent un instant sur la surface noire dans la pénombre de la pièce, avant que des bruits ne résonnent derrière elle, et qu’Abaddon se mette à grogner. Alors elle se dépêche de mettre l’oeuf dans son sac et de se retourner en intimant à son pokémon de faire quelques pas vers l’avant, en position au cas où un combat serait à prévoir.