Fidèle à lui-même, Ryoma reste calme et stoïque, malgré toute l’agitation et l’effervescence extatique qui règne autour de lui. Son regard sombre et froid observe les lieux dans lesquels il vient de pénétrer.
Le casino de Nemerya.
C'est un lieu phare, prisé autant de la pègre que de la haute société. Le lieu de tous les possibles. Un endroit qui peut devenir un paradis comme un enfer. Un lieu qui cultivé les vices et brise de rêve qu'il n'en crée.
C'est dans ce milieu que Ryoma évolue ce soir. Il fait presque tâche dans le décor malgré son costume et sa cravate. Son air trop sérieux, ses yeux mornes et fatigués, son calme et son indifférence habituelle dénotent avec l'ambiance du casino. Contrairement à ce que laisse penser le milieu dans lequel il a autrefois évolué - et qu’il n’a jamais réellement abandonné - le Yakuza n’est guère à l’aise dans ce genre de milieu. Ryoma n’est pas un homme qui cultive le vice. C’est un homme de vertu et de parole. Un véritable paradoxe. Il a volé, il a trafiqué, il a passé certains énergumènes à tabac, il a tué et même torturé. Le Kantonais est loin d’être un enfant de cœur, très loin… Mais il ne tire aucun plaisir à accomplir ces méfaits. S’il le fait c’est parce qu’il s’agit d’un ordre, parce qu’il faut défendre l’honneur, pour se défendre. S’il doit faire le mal, c’est par pure nécessité.
Mais s’il est aussi mal à l’aise dans ce casino, ce n’est pas tout à fait à cause de cela. Non, s’il affiche un air aussi désintéressé c’est parce qu’il n’arrive pas à comprendre l’attrait que certains peuvent avoir pour les jeux d’argent. Le fait que certains idiots pensent sincèrement se refaire une fortune en dilapidant leurs pauvres restes dans des jeux truqués d’avance le dépasse complètement.
Son client d’aujourd’hui semble faire partie de ce groupe de personnes un peu trop naïve. OU peut-être est-ce simplement le jeu qui le passionne ? Ce n’est qu’un gamin, un sale gamin odieux et orgeuilleux mais un gamin qui paie bien.
“ La moitié maintenant et la moitié à la fin de la soirée.” Lui a-t-il dit lorsqu’il se sont rencontrés.
Comment ? Ça a très peu d’importance. On dira simplement qu’on peut parfois trouver d'étranges annonces sur le réseau Dusk. Ainsi, si Ryoma est ici ce soir c’est en tant que garde du corps dissimulé. Pourquoi ? Il s’est posé la question tout au long de la soirée mais il commence à comprendre pourquoi.
Le môme triche…
S’il se fait prendre, c’est Ryoma qui prend les coups pour lui. Voilà pourquoi la somme offerte est aussi généreuse. Les lèvres du yakuza se tordent dans un rictus ironique alors que cette constatation lui saute aux yeux. Si c’est ainsi que doivent aller les choses et bien… Alea Jacta est !
Ses yeux sombres observent la partie de cartes avec un peu plus d’attention. Qui se rendra compte du subterfuge en premier ? Ce couple un peu trop alcoolisé ? Ce vieil excentrique ? Cet homme en costume sombre ? Peut-être personne ? S’ils sont un peu malins, il attendront que le petit raffle la mise et le menaceront pour obtenir une partie du butin et c’est un à ce moment que les choses vont se corser pour Ryoma. Il est curieux de savoir comment cette histoire va se finir…
Le casino de Nemerya, un lieu où les riches aimaient bien se rencontrer pour gagner, mais plus souvent pour perdre de l’argent, discuter et un boire des alcools hors de prix. C’était le genre d’endroit où aimait trainer Lysandre lorsqu’il n’avait pas des plans tordus plein la tête. Étant un amateur de jeu de carte, il avait prit place à une table de poker. Pour lui, ce n’était pas tant gagner ou perdre de l’argent, mais bien d’observer les autres joueurs et leur réaction même si le poker était principalement un « jeu » où il ne fallait pas montrer la moindre émotion, la réaction de certain lorsque le jeu était fait pouvait être intéressant.
À la table de Lysandre, il y avait un couple clairement sur les effets de l’alcool, un vieil homme qui parlait trop et qui se démarquait du lot. Quelques manches tranquilles furent jouer entre ce petit trio jusqu’à ce qu’ils soient rejoins par un jeune homme sans doute début vingtaine bourré de fric à cause de son comportement fendant. Ce môme était accompagné d’un homme en costard qui ne prit pas place parmi les autres joueurs. Lysandre leva les yeux vers le Yakuza, son aura et cette attitude méritant le respect amena l’homme à le saluer d’un signe de tête. Il s’apprêtait même à l’invité, mais le vieil excentrique prit les devants :
- Veuillez donc nous rejoindre plutôt que de rester planter là comme un piquet!
Il semblerait que l’homme ne souhaitait pas participer, ce qui était un peu étrange comme comportement. À moins que ce soit un garde du corps? Lysandre l’observait du coin de l’œil, mais reporta son attention sur le jeu devant lui. Le nouveau venu proposa une bonne somme d’argent comme s’il était confiant de son jeu. Plusieurs personnes autours préférèrent abandonner, mais pas Lysandre qui observait le môme dans les yeux. Quelque chose clochait. Pensant que son jeu serait supérieur à celui du môme, Lysandre relança avec un montant identique à ce que le môme avait joué. Les jeux étaient faits, c’était le moment de voir qui gagnait la partie. Lysandre déposa ses cartes : une Quinte. Il avait eut de la chance sur ce coup, mais est-ce que le môme avait bluffé? Le voilà qu’il montre son jeu : Quinte Flush! L’homme excentrique tombe de sa chaise, la femme sous les effets de l’alcool manque de s’étouffer avec son cocktail. Lysandre fronce légèrement les sourcils. Peut-être était-ce seulement un coup de chance! Attendons de voir la suite des choses, ce n’est pas comme s’il était fauché.
- C’n’est que la chance du *hips* débutant! S’injure le mari très réchauffé par l’alcool.
On brasse les cartes à nouveau et elles sont distribuées entre chaque joueur. Lysandre n’a pas quitté des yeux le môme qui recevait ces cartes. Il fait un mouvement pour commander un verre à une serveuse et… LÀ! C’est à ce moment que Lysandre constate avec subtilité que le môme a échangé des cartes discrètement. Les autres ne l’ont pas remarqué, car ils ne réagissent pas. L’Éclipse eut un « eye contact » avec le Yakuza qui signifiait : j’ai tout vu…
La partie reprend. Le môme est toujours trop confiant. Il mise une grosse somme. Il y a de l’agitation dans l’air. Les autres joueurs hésitent… Il ne peut quand même pas avoir une autre grosse main en deuxième manche! Le couple joue mise à nouveau ainsi que Lysandre. L’excentrique se couche. Les joueurs montrent leur jeu et comme de fait, le môme est encore gagnant.
- Quoi?!
- Impossible!
- Ce gamin triche! Hurle le mari sous les effets de l’alcool.
Dès que le mot « triche » se met à circuler dans le casino, un silence de mort s’installe. Les regards se sont tournés vers la table de Lysandre. Un peu déjà apercevoir des hommes en costard noir et lunette fumée qui viennent à leur table et il demande des explications au gosse de riche et s’apprêtait à empocher à nouveau une forte somme d’argent. L’un des agents du casino agrippa fortement l’épaule du gamin et au même moment, les cartes du garçon tombèrent au sol prouvant sa tricherie. Lysandre, qui sentait que la situation allait vite dégénérer, se leva lentement.
- Doucement, inutile de mettre les feux aux poudres. Nous sommes tous ici pour s’amuser non. Dit-il calmement en mettant ses mains en évidence.
Qui sera le premier à se rendre compte de la supercherie ?
Cette question taraude l’esprit de Ryoma alors que le jeu reprend. L’attention qui s’était portée sur lui suite à son refus de participer à la partie se reporte facilement sur son client qui sort littéralement un coup de maître tout en souriant narquoisement à ses compagnons de jeu.
Ryoma doit reconnaître qu’il est agile et malin, son coup est discret, rapide et leste mais il est trop hardi et gourmand. Si Ryoma avait été à sa place, il n’aurait certainement pas manoeuvrer de la sorte d’entrée de jeu. Placer un tel coup et une pareille somme d’entrée de jeu peut susciter de la méfiance de la part des autres. Il faut savoir être prudent lorsque l’on triche et le gamin est loin de l’être…
Il s’est d’ailleurs déjà fait repérer par l’homme à la sombre allure. Le Kantonnais le devine facilement au regard qu’il lui lance. Il répond à cette oeillade par une haussement d’épaule, comme s’il voulait lui signifier que ce n’est pas son problème. Le contrat est clair, Ryoma est payé pour protéger ce môme prétentieux des coups et non pas pour autre chose. Et s’il n’a jamais rien contre un peu de zèle, ce genre de comportement ne lui plait guère. La partie continue, Ryoma ne suit que d’un œil discret sachant déjà comment cela va se finir. Le jeune homme qu’il est chargé d'accompagner est une nouvelle fois trop gourmand. Et cette fois, il éveille les soupçons. Ryoma reste silencieux et immobile alors que les joueurs s’insurgent et attire l’attention du casino sur eux.
Bientôt, c’est la sécurité qui s’en mêle. Il va falloir qu’il agisse. Quelle plaie…
- Tout cela était prémédité, messieurs. Tous les regards se tournent vers Ryoma. Il ne cille pas, garde son flegme habituel. Il a déjà un mensonge tout préparé tandis qu’il s’approche de son client et pose ses mains sur ses épaules dans une attitude familière, presque paternelle. Voyez-vous, ce jeune homme n’en est pas à son coup d’essai et son père m’a chargé de lui tendre un piège afin de lui donner une bonne leçon. Une pression discrète sur les épaules du jeunot lui somme silencieusement d'entrer dans le jeu et de ne pas intervenir pour l’instant. Mon complice ici présent avait pour mission de lui donner une bonne leçon mais ces braves gens se sont rendus compte de la supercherie. Évidemment, nous comptions leur restituer leurs gains et leur expliquer de quoi il en retournait une fois que notre jeune ami aurait reçu une leçon digne de ce nom, n’est-ce pas ? Termine Ryoma alors qu’il se tourne vers l’homme en noir.
Il n’est pas doué pour les mensonges, ni pour berner les gens, c’est aussi pour cela qu’il déteste les jeux de ce genre. Il espère cependant que l’autre va se prêter au jeu et accepter de l’aider à se dépêtrer de cette situation. Et si ce n’est pas le cas, et bien, ce n’est pas bien grave, il a déjà empoché une belle somme et être banni du casino de Nemerya n’est pas un grand drame pour Ryoma.
Avant que la situation ne dégénère, l’accompagnateur du jeune homme prit la parole pour empêcher les hommes de s’en prendre à son protégé. Un subterfuge pour le piéger? Lysandre l’écoutait tout comme les joueurs et les hommes en noir. Les regards se tournèrent ensuite vers le professeur lorsqu’on osa le mêler à cette affaire qui ne le regardait pas. Lysandre plissa les paupières devant la situation qui commençait à l’agacer. Allait-il jouer le jeu?
- Quoi!? Espèce d’enfoi… Répliqua le jeune homme envers son protecteur, mais il fut coupé dans sa phrase.
- Je ne connais pas ces hommes. Répondit Lysandre en croisant les bras.
Tant pis… Cela ne lui rapporterait rien de mentir aux hommes en noir qui se penchèrent pour agripper solidement le garçon pour le soulever de sa chaise brusquement.
- On veut ravoir notre fric!
- Bon… *hips* Débarra! Articula l’homme alcoolisé qui décida de sortir un cigare qu’il alluma.
Un cigare bas de gamme. Encore un homme qui veut se faire passé pour un riche de la haute société, mais il finira un jour comme ce gamin bon à rien dans le fond d’une ruelle nue comme un ver et les poches vides pour des dettes impayées.
- Monsieur, vous n’avez pas le droit de fumer à l’intérieur du casino.
- Foutu règlement à la con! On nous interdit de fumée et ce sera quoi tantôt!
- Plutôt que de sortir ce gamin stupide, vous devriez plutôt sortir cet homme qui empoisonne notre air.
- De quoi j’me mêle! Ce môme nous a volés! Il mérite d’avoir une leçon!
- À ce que je sache, vous alliez ravoir votre argent. De plus, il n’a pas volé le casino. C’est seulement un gamin innocent et stupide qui ne sait pas comment jouer correctement. Il n’a qu’à rendre l’argent aux joueurs et nous n’en parlons plus? Dit-il calmement.
- Quoi?! Je refuse! Ce gamin doit être renvoyé du casino et pire encore!
Lysandre jeta un regard froid vers l’homme au cigare qu’il n’avait toujours pas éteint. L’envi lui prenait le lui écraser son cigare bas de gamme sur la langue pour le faire taire, mais ce n’était pas le bon endroit pour ça. Plutôt que de dévier le regard, l’homme osa même défié Lysandre de son regard louche…
Un simple regard suffit à Ryoma pour le comprendre. Tant pis ! Il aura tenté sa chance. Le Yakuza aurait sans doute fait la même chose s’il avait été dans le cas de l’homme en noir. Mais voilà qui complique un peu sa tâche.
Le gamin essaie d’y mettre son grain de sel mais une poinge ferme - pour ne pas dire aussi puissante que la mâchoire d’un Kraknoix - le fait taire. L’homme sombre prend alors la parole, niant le fait de connaître le duo suspicieux et renforçant la méfiante à son égard, pour le plus grand bonheur de Ryoma. S’il se fiche pas mal de ce qui peut arriver au môme, il préférerait que ses rapport avec l’établissement restent cordiaux. Dans cette optique, il s’écarte alors que les gardes font mine de saisir le gamin et lève les mains en signe de rédition. Mais l’attention est très vite tournée ailleurs alors que le vieillard excentrique réclame son argent et que l’homme aviné fait mine d’allumer un cigare dans l’enceinte du casino.
- Plutôt que de sortir ce gamin stupide, vous devriez plutôt sortir cet homme qui empoisonne notre air.
Ryoma arque un sourcil. Voilà qu’il prend leur défense maintenant - ou tout du moins essaie-t-il de détourner l’attention -, c’est à ni plus rien comprendre. Évidemment les autres joueurs réclament réparation.
- Il n’est effectivement pas question de partir sans que vous récupériez votre dû, Messieurs. Le Kantonnais lance un regard en coin vers l’un des gardes, faisant mine de faire un pas, dans une demande silencieuse de se mouvoir qu’on ne semble pas lui refuser.
Il s’avance donc vers la table et laisse ses doigts glisser sur les piles de jetons de son client. S’il n'est pas un joueur, cela ne l’a pas empêché de suivre attentivement la partie et de retenir les mises qui ont été jouées. Il rend ce que le môme doit à chacun et va même jusqu’à diviser la mise initiale de ce dernier entre les différents participants.
- Et mais qu’est-ce que tu… - Quand on importune de braves gens, il est tout à fait normal de les dédommager, jeune homme. L’autre continue de s’insurger mais Ryoma fait mine de ne pas l’entendre et laisser son regard marron englober le reste de la table. J’ose espérer que ceci suffira à compenser le désagrément. - Monsieur, votre cigare. Lance un garde qui s’approche du couple.
Ce dernier ne semble pas l’entendre. Il semble bien plus intéressé par les jetons que Ryoma a placés devant lui. Si la somme n’est pas astronomique, elle n’en reste pas moins intéressante, assez pour mettre celui-là dans sa poche.
- Peut-être pourrions-nous en rester là pour cette fois ? Je m’assurerai qu’il ne remettra plus jamais les pieds ici, vous en avez ma parole.
Cette fois, c’est son dernier coup. Sa dernière manœuvre pour essayer de tempérer l'ambiance devient électrique au fur et à mesure que les secondes passent. Si les joueurs laissent tomber, peut-être que les gardes se contenteront de les sortir pour la soirée. Il n’y a plus qu’à espérer que ça fonctionne. C’est le dernier coup de Ryoma. Son coup de poker.
Prendre leur défense? Non… Lysandre voulait éviter une baston inutile qui lui aurait gâché sa soirée. Bon, elle l’était déjà gâchée après être intervenue, mais au moins il n’aurait pas les vêtements couverts de sang. Du sang, c’est difficile à faire partir des vêtements et Lysandre voulait éviter de devoir se racheter cet ensemble qui lui a coûté une belle somme d’argent.
Finalement, le joueur tricheur n’eut d’autre choix que de remettre les gains ainsi qu’une partie de son argent aux joueurs pour les dédommager. Même si le joueur alcoolique / fumeur de cigare à bas prix voulait une sentence plus sévère, les gardes du casino prirent en considération les paroles de Ryoma et décidèrent finalement d’accepter sa demande, les laissant quitter le casino sans violence.
Les autres joueurs observaient Lysandre et celui-ci compris qu’il n’était plus la bienvenue à leur table à cause de son intervention. Personne d’autre d’ailleurs ne le voulait à sa table. Dommage, la soirée aura été courte et le dresseur avait encore de l’argent à dépenser!
Lysandre sortit quelques minutes après Ryoma et son protégé. Le dresseur alluma une cigarette et tourna les yeux vers le garde du corps qui n’était pas encore partie bien loin. Il jugea un moment du regard le môme qui était en colère d’avoir été mis dehors du casino et il jurait que son père allait leur faire regretter leur affront! Lysandre souffla un nuage de fumée toxique qui s’évapora dans l’air.
- Vous me devez une partie de poker vous deux. Dit-il sans tourner le regard vers eux.
- De quoi j’me mêle le vioc!
Lysandre ignora son commentaire.
- Ce garçon. Dit-il à l’intention de Ryoma. Il doit être important pour avoir un garde du corps et tu dois être important pour avoir été choisi personnellement pour protéger cet « enfant ».
- Hey! J’t’entends!
- Comme j’ai dit, vous me devez une partie de poker, mais pas avec de pauvres gens, mais avec la haute société si vous voyez ce que je veux dire. Dit-il sans tourner le regard.
En espérant qu’ils comprennent l’allusion que Lysandre voulait approcher la « famille » de ce gosse. Pour les raisons derrières tout ça, Lysandre ne les dévoilaient pas. Il avait de l’argent à dépenser après tout et cela ne l’intéressait pas de gagner. Il avait bien plus à obtenir en se rapprochant de cette famille de riche : des informations, des ragots, tout ce qui pourrait entacher la réputation d’une famille de la haute société.
C’est sans surprise que Ryoma et son protégé du soir finissent leur soirée en dehors du casino…
C'était prévisible et pourtant le môme rage devant la porte d'entrée de l'établissement, criant au scandale. Ryoma, lui, s'estime bien heureux qu'on ait accepté leur dédommagement et qu'on les ai laissé sortir sans rien leur demander de plus.
- Mais pour qui ils se prennent ? Ils ne savent pas à qui ils ont à faire, je vis leur faire la misère, j'le jure !
Fidèle à lui-même, le Kantonnais est impassible. Il se contente simplement de suivre silencieusement son client du regard tandis qu'il allume une cigarette.
* Il ne faut pas s'étonner d'en arriver à de telles issues quand on ne sait pas tricher…*
Évidemment, il garde ses pensées et son sarcasme pour lui-même. Ce n'est pas le moment d'en rajouter une couche. Ryoma n'a qu'une hâte, c'est que cette soirée se termine, il ne ça certainement pas l'allonger en tergiversant avec ce gamin a peine sorti de l'enfance.
- Je vais en parler à mon père et…
Le Yakuza ne l'écoute plus, s'il a seulement écouter attentivement jusqu'alors… Quelqu'un se dirige vers eux.
L'homme en noir.
Que leur veut-il ? Rien de bon, c'est certain. Ses premiers mots ne font que confirmer le pressentiment de Ryoma. Ce dernier fixe placidement son interlocuteur, alors que ce dernier leur réclame une partie. L'enfant essaie de mettre son grain de sel mais est royalement ignoré. Ryoma lui rit. C'est un rit bref, rauque et sarcastique.
- Je n'ai aucune valeur, navré de vous décevoir. S'il est important lui ? Lance Ryoma en désignant son client d'un signe du menton, comme si ce dernier n'entendait ou ne voyait rien. Cela outrepasse largement les règles de politesse et du respect mais là patience du mafieux commence à s'effriter et le jeune homme n'a rien fait pour gagner son respect jusqu'à maintenant. Que du contraire… Je n'en sais rien. Il est juste intelligent pour savoir qu' il est préférable d'engager quelqu'un pour prendre les coups a sa place quand il triche. Et sur ce… Il jette sa cigarette au sol. L'écrase du pied et s'incline devant les deux autres hommes. Je vais vous laisser. J'en ai eu bien assez pour ce soir. - Attends ton contrat stipu… - Je me contenterai de l'acompte. Lance Ryoma alors qu'il s'éloigne déjà. La le gamin n'a visiblement pas dit son dernier mot… - Tu vas rester ! L'ex-criminel s'arrête et se retourne. Est-ce qu'il ose lui donner des ordres? Si tu ne veux pas que ton casier judiciaire ressorte, tu vas m'obéir au doigt et à l'œil pour ce soir et rester.
Comment sait-il ? En deux pas, Ryoma est face à lui, le visage presque collé au sien. Il ne dit rien mais son regard meurtrier parle pour lui. Le gamin sue des gouttes mais tient bon. Il en a un peu dans le pantalon visiblement.
- Je suis doué avec l'informatique. Tu l'as bien caché mais pas assez pour que je ne puisse pas le dénicher. Si tu ne veux pas que je le ressorte et que je m'arrange pour que tu ne puisses plus jamais trouver un job tu vas m'accompagner. Je paierai le triple, tout de suite. Lance-t-il alors qu'il attrape son smartphone.
Si on garde du corps s'éloigne d'un pas, l'observe, le jauge. Il faut reconnaître qu'il a du cran. Ryoma est prêt à respecter ça…
- D'accord. Mais tu devras te débrouiller seul si tu te fais prendre cette fois. - Cette fois, ça marchera, parce que vous allez m'aider.
Le ton se veut assuré, presque autoritaire mais les yeux eux sont aussi plaintifs que ceux d'un ponchiot réclamant sa friandises. Le gamin explqiue son plan. Son coup dans ce casino n'était qu'un coup d'essai. Il veut rouler son propre père, c'est la seule façon selon lui de gagner son respect. Il propose de continuer la soirée dans un autre endroit, un club réservé aux gens de son statut. Il ne devrait pas avoir de problème pour faire passer les deux autres hommes s'ils se font passer pour ses amis. Un fois là-bas, ils devront l'aider à gagner face au paternel. A trois, il dit que ça peut marcher, la combine est simple comme bonjour, le croire.
Ryoma n'a pas trop le choix. Mais est-ce que l'autre va marcher ?
Aucune valeur? À moins que la famille de ce gamin faisait confiance à n’importe qui pour le protéger ou bien il s’en foutait un peu de ce qui pouvait arriver à leur progéniture. Le professeur compris assez vite que c’était le gamin qui l’avait engagé pour le protéger. Dans tous les cas, le garde du corps mis fin à cette conversation en jetant son mégot au sol et rajoutant qu’il en avait terminé avec cette mission.
Le ton leva entre les deux hommes. En fait, c’est plutôt le gamin qui haussa le ton tandis qu’il essayait de jouer la carte du contrat pour que son garde du corps n’abandonne pas la mission, mais ce fut un échec. Fourbe comme il l’était, il usa plutôt de la stratégie : j’ai des infos compromettantes sur toi. Lysandre leva un sourcil, ce gamin était une réelle menace ou bluffait-il? Il disait avoir des informations sur son propre garde du corps.
- Il bluffe.
Le gamin eut un sourire mesquin et de son téléphone portable, il envoya une copie des informations qu’il avait trouvé sur Ryoma directement au concerné. Dès qu’il ouvrirait le courriel, il aura quelques secondes pour constater que le gamin ne bluffait pas avant de s’auto-supprimer.
Finalement, Ryoma accepta la proposition du gamin, mais qu’il ne le protégerait pas s’il venait à se faire prendre. Celui-ci, sûr de lui, ajouta que son plan allait fonctionner et que les deux hommes allaient l’aider à le mettre à exécution.
- J’espère que ton plan est meilleur que tes talents en tricherie. Mentionna Lysandre calmement.
Le jeune homme expliqua son plan. Il avait l’intention de gagner contre son père pour obtenir son respect et qu’à trois, ils auraient une chance de le vaincre. Encore un jeune en manque d’attention de son paternel. Lysandre n’en avait que faire, il avait bien l’intention de faire tomber la famille au grand complet pour éviter que son passé ne le rattrape à Lumiris.
Tout n’est pas à jeter chez ce môme, visiblement. C’est une sacrée surprise. Surprise que se fait au dépend de Ryoma, malheureusement. Malgré la distance infime qui sépare son visage de celui de son benjamin, l’ex-criminel est d’un calme olympien malgré malgré la rage qui fait intérieurement bouillonner son tout son être.
On disait souvent de lui, par le passé, qu’il était indifférent à tout, d’un stoïcisme à toute épreuve. C’est faux. Il a simplement un don pour se contenir et masquer ses émotions. Car là tout de suite, Ryoma n’a qu’une seule envie, c’est d’enfoncer son poing sur le sourire suffisant de ce môme, et peut-être aussi dans la face de cet homme qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Non, le jeune homme ne bluff nullement, il en a même la preuve.Mais Ryoma reste calme, approche les choses comme d’accoutumée. La violence n’est pas nécessaire et ne lui apportera rien ici.
Il accepte donc la proposition, tout comme l’homme en noir.
- Aurons-nous l’honneur d’avoir votre nom ? Soulève Ryoma avant que qui que ce soit d’autres ne prenne la parole. - C’est vrai qu’il est plus judicieux de se donner des noms ! Je vais en avoir besoin pour vous faire entrer dans le club en tant qu’”amis”.Rétorques le gamin en imagant les guillement le sur mot amis.
La jeunesse… Quelle naïveté !
- Pour ma part, je me nomme William Reed. Et lui, c’est Takahashi.
Ryoma ne relève pas et se contente simplement de sortir une seconde cigarette. Un peu de nicotine est le bienvenu, vu ce qui l’attend.
***
Le trajet jusqu'à ce fameux club se fera dans le plus grand des silences, confortablement installés dans une voiture de luxe. Celle du gamin, évidemment. Silence…Du moins pour Ryoma. Le môme lui ne cesse de jacasser… A propos du plan imparable et ingénieux - selon ses dires, évidemment… Cela reste à prouver ! - qu’il a mis au point pour mettre son père en déroute, à propos des mérites du club où ils se rendent tous les trois ou encore sur le fait que c’est une chance incroyable pour Ryoma et l’autre de côtoyer “la haute”.
Ryoma ne l’écoute que d’une oreille distraite. Il ne se sent que très peu, voire pas du tout concerné par ce qui se dit et ce qu’il se passe. Tout ce qui l’intéresse c’est la récompense et de s’assurer de faire disparaître définitivement son casier judiciaire.
- Alors ? Vous êtes avec moi ? Demande le môme une fois son plan exposé. - Avons-nous vraiment le choix ? Réplique Ryoma, avec une nonchalance dans laquelle se perçoit tout de même une pointe de sarcasme. Tu as intérêt a effacé mon casier, gamin. Si tu l’as lu, tu sais de quoi je suis capable. Le gosse de riche blémis un instant, ce qui suffit à Ryoma pour comprendre qu’il a effectivement été fouiner et ne s’est pas contenter de déterrer son casier. Par ailleurs, j’aime autant prévenir, je connais les règles du poker très en surface et je n’ai aucune aptitude pour ce genre de jeu. - Ce n’est pas un souci. - Monsieur, nous y sommes. Annonce le chauffeur alors que la voiture s’arrête.
Alors que les trois hommes sortent du véhicule, le regard de Ryoma se pose sur la bâtisse qui lui fait face. Un manoir de deux étages, l'endroit est joli mais ne paie guère de mine, vu ainsi.
A l'intérieur en revanche…
Des tapis somptueux, des lustres étincelants, de lourds rideaux de velours rouges, des peintures qui doivent coûter aussi cher que le bâtiment. Tout ici respire le luxe. Ce n’est pas du tout le genre de milieu dans lequel Ryoma est à l’aise. C’est un ascète, il préfère les choses simples et épurées, mais il faudra faire avec. Alors que le trio avance dans le couloir, il lance un regard en coin à son complice de la soirée. Difficile de dire quel genre d’impression lui laisse les lieux.
Ryoma se demande bien quelle motivation l’a incité à entrer dans le jeu idiot de ce gamin. Ce n’est certainement pas l’amour du jeu, le Kantonnais n’y croit pas un seul instant. Il doit y avoir quelque chose d'autre mais quoi ?
- Il y a une question qui me taraude. Qu’est-ce que vous gagniez à participer à cette mascarade fichue d’avance ? Demande le Yakuza de but en blanc alors que le William est en traind e discuter avec le videur pour qu’il les laisse passer au vestiaire et ensuite dans les salle de jeux.
Ce n’est pas tant la curiosité que la prudence qui pousse l’homme cerné à poser sa question. Il est déjà dans un sale pétrin alors autant éviter de s’enliser encore plus. Bien qu’il ait un mauvais pressentiment à ce sujet…
La famille Reed. Une famille de la haute société connue pour ses soirées de poker entre bourgeois. Lysandre avait déjà eu affaire à eu par le passé. Cette famille était déjà venue à Sinnoh autrefois lorsque la team Galaxy était toujours de service. C’était une famille raffinée et Lysandre fut étonné d’ailleurs qu’ils s’intéressent à ses recherches ou plus à ses découvertes mises à la vue de tous dans les musées. Lysandre avait eu la chance de discuté avec le chef de la famille, le père de William, qui était d’ailleurs en voyage d’affaire.
Partageant tous les deux la passion pour le bon alcool et les jeux d’argents, les deux hommes s’étaient approchés, mais naïf qu’était Lysandre il y a 10 ans, il fut pris au piège par le chef de famille qui l’avait utilisé pour s’approprié des découvertes « qu’il appelait des trophées » pour orner sa cheminé. Lysandre aurait pu le dénoncé, mais l’homme était perspicace et il était parvenu à découvrir le secret de Lysandre, il travaillait pour la team Galaxy et ses recherches et excursions (pour la plupart douteuse) étaient financés par cette organisation terroriste. Lysandre n’eut d’autre choix que d’obéir et il parvint à faire passer le tout pour des vols.
Sans doute que le patriarche ne le reconnaitrait pas aujourd’hui, mais s’il advenait à le reconnaitre, qui sait ce qu’il ferait pour le faire chanter? Lysandre devait s’assurer de le faire taire d’une manière ou d’une autre!
Les regards se posèrent sur lui. On attendait de savoir son nom.
- Castiel Diavolos. Ment-il.
Tout le monde était présenté. Ils embarquèrent dans la limousine du môme bien sûr de lui. Tandis que l’homme « japonais » discutait avec son protégé, Lysandre observait le décor défiler devant ses yeux. Plonger dans ses pensées, il espérait que le maître de maison ne le reconnaisse pas après toutes ses années. Les chances étaient peu probables et Lysandre avait changé avec les années. Il était « safe ». Il leva les yeux brièvement vers le miroir avant où il croisa le regard du chauffeur avant que tous deux retournent à leur contemplation du paysage, l’un pour éviter un accident, l’autre pour ignorer la conversation qui commence à s’envenimer à côté de lui.
En moins de temps qu’il ne faut pour dire « bingo », ils arrivèrent devant le manoir des Reed. Étant habitué à ce genre d’endroit, le lieu laisse de marbre le professeur qui ne voit là un moyen de se « pêter les bretelles » et montrer à tout le monde à quel point on est riche. La famille de Lysandre appartient aussi à la haute société, mais ils sont plus modestes et préfères être reconnus pour leur travail plutôt que par l’argent et les bibelots.
Tandis que les deux hommes attendent un signe de William pour avancer au vestiaire, son collègue piégé lui pose la fameuse question qui a poussé Lysandre à vouloir participer à cette mascarade. Le professeur ne daigne même pas tourner les yeux vers son interlocuteur.
- Des informations… Je suis dans le même bateau que vous M. Takahashi à la différence que je ne me suis pas fait piégé par un gamin. Dit-il alors qu’il suit William qui leur fait des signes de la main qu’ils peuvent avancer.
Après avoir laissé téléphone portable dans un casier verrouillé ainsi que leur manteau et tout autre objet obsolète, les deux hommes sont amenés dans une immense salle de jeu tout aussi luxueuse que les pièces précédentes. Il semblerait qu’une soirée de bourgeois a été organisé ce soir, car plusieurs d’entre eux discutent et rigole en buvant des alcools hors de prix et en dépensant sans compter. Aucun visage parmi la haute bourgeoisie ne lui dit quelque chose, tant mieux…
Le trio est guidé vers une salle fermée où une odeur de cigare en sort dès qu’on ouvre la porte. À l’intérieur, une table de poker où des hommes et femmes sérieux comme des papes se toisent du regard avant de terminer leur partie, le patriarche raflant la mise de tous les joueurs. Il lève les yeux et Lysandre croise son regard. Une frustration envahi le professeur qui reste stoïque face à la situation. Pendant un bref instant, il a l’impression d’être seul avec le patriarche, du moins jusqu’à ce que William Reed prenne la parole.
- Père! Je nous ai amené d’autres invités pour la soirée.
Arthur Reed de son prénom… Patriarche de la famille reconnu pour son charisme et ses capacités de marchandage qui sont plutôt des capacités de manipulation et de fourberie selon Lysandre. Les invités attendent qu’ils se présentent. Contre toute attente, Lysandre prend l’initiative.
- Castiel Diavolos.
- Grec? Intéressant… Vous semblez être un homme plein de savoir M Diavolos.
Lysandre sent le regard du renard se posé sur l’alliance du professeur qu’il porte toujours au doigt. Une bague hors de prix qui lui a été légué par son père et qui suit de génération en génération la famille Validus. Il semblerait qu’il ne l'a pas reconnu, mais Lysandre le reconnaitrait même dans un bal masqué. Il pue la trahison à des kilomètres.
Silencieux et stoïque comme d’accoutumée, Ryoma attend la réponse à la question qu’il vient de poser. Elle ne va pas lui plaire dans tous les cas, il le sait, mais il faut avouer qu’une certaine curiosité l’anime. Ce fameux Diavolos cherche des informations, visiblement. La remarque cinglante, Ryoma l’ignore magistralement. Que répondre à cela ? L’homme en noir a complètement raison; il s’est fait rouler par un gamin par excès d’honnêteté. S’il lui aussi s’était présenté sous un faux nom - car il n’est pas assez dupe pour penser que son comparse de fortune a dévoilé sa véritable identité -, sauf que c’est quelque chose qui va contre ses principes.
“Ne renie jamais celui que tu es. Tu es un membre du clan Imagawa maintenant. Ton nom y est associé. Ne le renie jamais, Takahashi. Un Yakuza avance la tête haute, quel que soit le danger qui se présente face à lui. C’est en son nom qu’il combat et jamais sous une fausse identité. C’est une question de fierté et d’honneur, tu comprends ?”
Les mots de Nakamura résonnent encore avec une netteté incroyable dans son esprit, comme si cela s’était passé hier. Il n’en avait pas compris le sens à l’époque et il n’est pas certain d’en comprendre le sens aujourd’hui mais c’est un des préceptes qui l’a guidé toute sa vie. Suivre le code d’honneur, être droit et juste. Ryoma a toujours fait en sorte de l’être. Et qu’est-ce que ça lui a apporté ? Rien de bon. Peut-être devrait-il prendre exemple sur Castiel. Oui, ce serait judicieux mais il ne le fera pas.
Car lui, il est un homme d’honneur.
Tout ça, n’est qu’une question de conviction, au final…
Pour toute réponse, Ryoma se contente d’un regard en coin. Un regard vide de tout reproche. Un simple coup d'œil, c’est tout. De toute façon, William revient dans leur direction, coupant court à toute discussion. Ils ont le champ libre pour passer mais il faudra se délester de quelques biens avant. Le Yakuza s’y plie docilement, même si l’idée d’être séparé de la pokéball de Satine ne lui plaît guère. Rien ne sert cependant de marchander. Plus il se montrera docile, plus vite il pourra en finir avec cette histoire idiote et insensée.
Les voilà à présent en train de déambuler dans le casino improvisé. Tout autour d’eux pue le luxe. Qu’il s’agisse de la décoration, du mobilier, des boissons ou même des personnes présentes à l’intérieur de la bâtisse. Ryoma observe tout cela d’un œil fatigué. Si certains peuvent s’extasier d’une telle vue, ce n’est pas son cas. Il a toujours porté très peu d'intérêt à la naissance et à la fortune. Ça ne fait pas la valeur d’un homme à son sens. C’est pourtant là-dessus que les hommes et femmes présents dans cette salle puant le cigare semblent miser. Le Yakuza observe silencieusement l’échange entre le père Reed et Diavolos jusqu’à ce qu’on l’invite à se présenter.
- Mon nom est Takahashi. Lance-t-il en s’inclinant. - Oh ? Un Kantonais ? Il parait que les vôtres ne sont guère doués pour le poker, j’ai hâte que vous nous montriez le contraire. - Je crains malheureusement que vous risquez d’être déçu, Monsieur.
Une salve de rire fait écho aux propos du Yakuza qui ne comprend pas trop. Il ne faisait nullement de l’humour mais soit.
- Vérifions donc cela autour d’une partie, alors ! Lance le patriarche Reed alors qu’il invite d’un geste de la main le trio à prendre place. - Encore une partie ? Cela commence à devenir lassant, Arthur. - Allons, allons Héléna ! Vous n’allez pas nous quitter alors que de nouveaux joueurs viennent de nous rejoindre ! Que diriez- vous de pimenter un peu le jeu? Nous pourrions parier autre chose que de l’argent, qu’en dites-vous ?
Voilà qui n’arrange pas Ryoma. Il n’a rien de valeur à parier… Mais l’engouement se fait sentir chez les bourgeois qui l’entourent.
- Et à quoi pensez-vous donc mon cher ? - Que diriez-vous de jouer un service, une faveur. Quelle qu’elle soit, les perdants devront s’y plier sans rechigner. Et puisque nous sommes en nombre pair, nous pourrions pimenter un peu la chose en jouant en équipe de deux. Qu’en dites-vous ?
Ce qu’en dit Ryoma ? Que ça sent le coup fourré, qu’il est perdant d’avance car il n’a aucun skills particuliers pour ce type de jeu et qu’il est plus prompt à quitter cette table. Mais bon, ce n’est pas son avis à lui qui compte et il est malheureusement coincé dans cette sale situation.
L’homme à ses côtés se présente sous son vrai nom. De toute façon, le gamin connait sa véritable identité alors il serait inutile de mentir. Quant à Lysandre, il semblerait que le patriarche ne l’ait pas encore reconnu. Tant mieux! Des éclats de rire résonnent dans la salle lorsque le Père fait un commentaire sur les compétences au poker du Kantonnait. Takahashi répond toujours de façon respectueuse. Lysandre le trouve coincé, mais il ne fait pas de commentaire et il ne participe pas à la rigolade avec les autres.
Tandis que le patriarche propose une nouvelle partie de Poker, sans doute pour pouvoir ridiculiser le mafieux, ses collègues semblent lasser de jouer, mais le Père propose mieux que de l’argent. Tous étaient intrigués par sa proposition, mais lorsqu’il proposa de jouer un service, quelques-uns se désistèrent sans doute savaient-ils la supercherie qui se cachait derrière cette proposition, mais d’autres acceptèrent de jouer le jeu. Lysandre sentait le coup fourré à des kilomètres, mais comme il avait réussi à mettre les pieds dans la demeure du patriarche, il ne voulait pas perdre cette chance de pouvoir le réduire au « silence ».
- J’accepte. Je ferais équipe avec Takahashi comme nous sommes deux invités et inconnus ici. Quand dis-tu? Demanda-t-il au mafieux.
Après avoir eu son accord (ou pas), ils décidèrent de se mettre à table. Lysandre n’en avait rien à faire que le mafieux soit bon ou pas au poker. L’idée n’était pas d’avoir de bonne carte, mais il fallait être capable de bluffer, mais Lysandre avait quelque doute juste à voir le comportement trop « sérieux » et « respectueux » de son coéquipier.
Les cartes furent brassées par la femme qui allait servir de croupier pour la première manche. Elle distribua deux cartes à chaque joueur. Lysandre jeta brièvement un œil à ses cartes… Elles étaient bien mauvaises et il n’irait pas loin. Il espérait au moins que son collègue avait de meilleure carte… mais encore fallait-il qu’il parvienne à les comprendre. Lysandre eut un « eye contact » avec le Père qui lui sourit. La croupière commença à retourner les premières cartes sur la table. Certains joueurs décidèrent déjà de laisser tomber. C’est à ce moment que le Père décida de rajouter une règle.
- Plus vous resterez dans la partie, plus vous aurez le droit d’avoir une faveur élevée et vice versa, si vous décidez de quitter plus tôt, attendez-vous à devoir offrir un service plus élevé.
Des chuchotements se firent entendre parmi les joueurs, mais Lysandre restait muet. Il jetait un œil aux publics. Il essayait de décelé s’il y avait un tricheur dans la pièce. La croupière joua d’autres cartes. Lysandre cru sentir de la part de son collègue de l’hésitation, mais peut-être qu’il rêvait. Peu importe, il averti d’un coup de pied sur le mollet à son coéquipier de ne pas abandonner tout de suite. Le père souriait toujours un peu plus… Cela s’annonçait de mauvais augure.
Enfin, vint le moment où il fallait montrer son jeu. Il ne restait plus que Lysandre, le Père et Takahashi. Le père joua son jeu en premier. Lysandre fronça les sourcils. Il ne pouvait rien faire face à son jeu : il se coucha. Il ne restait plus qu’à espérer que Takahashi puisse le battre…
Bien que se sachant perdant d’avance, Ryoma accepte avec docilité de participer à ce qui semble être une entourloupe de patriarche Reed. Il restait à savoir qui voudrait faire équipe avec lui. Certainement pas les joueurs dédaigneux qui le regardaient comme s’il avait la peste. Quoi ? Ça se sent jusqu’ici il traîne la guigne derrière lui depuis son plus jeune âge ?
Peut-être.
Ou peut-être est-ce son faciès peut avenant, son regard vide et son expression morne qui les dissuadent de s’en approcher. Qui sait ? Ryoma ne s’en formalise pas plus que cela, il est habitué à ce type de réaction à vrai dire. De toute façon, il se doute qu’il finira en tandem avec le gamin.
- J’accepte. Je ferais équipe avec Takahashi comme nous sommes deux invités inconnus ici. Quand dis-tu?
Ou pas !
Pour toute réponse, le Kantonnais hausse les épaules, signifiant silencieusement que l’identité de son partenaire lui importe peu, au final. Il espère juste que Diavolo n’avait pas pour objectif de rafler la mise, dans le cas contraire, il risque d’être déçu…
Mais les paires sont dès à présent déterminées, les deux nouveaux sont installés à la table tandis que père et fils forment un autre duo, à la surprise générale. William lui-même semble surpris d’avoir été choisi par son paternel. Cependant, l’attention se détourne bien vite sur la jeune femme qui sert de croupière et les cartes qu’elle distribue. Ryoma saisit les siennes et y jette un coup d’oeil.
Bien… La fin du monde approche visiblement ! Comment expliquer que lui - poissard invétéré se retrouve avec une quinte flush royale ?! Quelle est la probabilité qu’il se retrouve avec une main pareille d'ailleurs ?! Une chance sur combien. C’est tout bonnement impossible. Lui-même a du mal à y croire. Mais son visage ne laisse rien transparaître, Ryoma garde sa nonchalance habituelle. Que faire maintenant ? Ryoma n’y connait pas grand chose à ce jeu mais il sait ce que représente cette si puissante qu’elle est connue même des néophytes et des ignorants. Il faudrait qu’il trouve un moyen de prévenir son partenaire qu’il faut continuer à tout prix. Comment ? Finalement, c’est Diavolos qui se manifeste en lui lançant un coup dans le tibia. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que ce coup est une exhortation à continuer.
- Je suis. Annonce le yakuza avec son flegme habituel.
Il n’y connait peut-être pas grand-chose à ce jeu mais il sait que c’est avant tout et surtout une bataille mentale, un jeu de masque et de manipulation. S’il n’est guère bon pour manipuler, il maîtrise très bien la poker face qui est en quelque sorte sa tête habituelle.
Son plus grand défi dans cette partie sera d’essayer de se mettre au diapason de son partenaire et de communiquer avec lui…
C’est le moment maintenant de montrer ses cartes suite à la réponse de Takahashi qui suit la manche. La croupière fait signe au maître de maison de montrer ses cartes : il a une quinte flush. Son fils qui joue de toute après possède une flush. Est-ce que l’ancien yakuza aura une chance de les battre surtout qu’il n’a pas l’aide de Lysandre sur ce coup, celui-ci ayant préféré passé son tour à cause de sa mauvaise main. Contre toute attente, le coéquipier de Lysandre possède une main parfaite avec sa quinte flush royale! Une lueur de surprise brille dans le regard du professeur, pour un débutant qui dit ne rien connaître à ce jeu, il a eu bien de la chance de gagner la première manche! Un sourire s’affiche sur le visage du patriarche.
- Il semblerait que nous, nous soyons trompés sur les Kantonnais et leur poisse légendaire.
Des rires s’élèvent dans la foule qui les observe jouer. La croupière reprend les cartes de tout le monde, mais avant de distribuer, elle attend les ordres du chef de famille.
- Comme promis, vous avez le droit de demandez une faveur ou un service comme vous avez gagné la partie. Je suis un homme d’honneur vous savez.
Homme d’honneur mon … oui! C’était un fin renard et Lysandre se doutait bien le Reed avait perdu uniquement pour leur faire croire qu’ils avaient une chance de gagner. Après que Takahashi est fait sa demande et que le Reed en « homme d’honneur » est respecté celle-ci, il fit signe à la croupière de continuer. Tandis que la jeune femme distribuait les cartes, un garde du corps se détacha du lot pour apparaître à côté de son maître pour lui chuchoter à l’oreille. Son regard se posa un moment sur Lysandre.
- Hey bien… Quelle bonne surprise que je viens d’apprendre là. Il semblerait que vous ayez changé d’identité M. Diavolos ou devrais-je plutôt dire M. Validus. Je me doutais que votre regard me disait quelque chose… Les nouvelles vont vite savez-vous… Dit-il alors qu’un sourire narquois apparaissait sur son visage.
Lysandre était pris au piège. D’une façon ou d’une autre, le chef Reed avait toujours un coup d’avance. Il semblerait que ses hommes soient parvenus à obtenir des informations sur eux. Il doit déjà se douter que le professeur est là pour se venger… Le patriarche a trop d’informations sur sa personne et il pourrait clairement le faire tomber.
- Vous êtes prêt à jouer une nouvelle partie messieurs?
Les mains se dévoilent une à une et la surprise est à son comble tandis que Ryoma dévoile la sienne. Les chuchotements et les soupirs stupéfaits s’élèvent dans la salle. Personne ne s’attendait à ce que l’outsider ne remporte la manche, pas même lui. Mais si le fils Reed affiche une mine déconfite, celle du père est des plus satisfaite alors qu’il se permet même une boutade. Le Kantonais, lui, reste aussi stoïque qu’à son habitude.
Se targuant d‘être un homme de parole, Reed le père offre à Ryoma la possibilité de demander sa faveur. Aussitôt, le regard sombre et cerné du criminel se tourne vers le fils qui devient subitement pâle.
- C’est à votre fils que je demanderai une faveur mais cela attendra la fin de la partie, si vous le voulez bien. N’allons pas ennuyer notre publique avec des palabres inintéressante.
Le maître des lieux arque un sourcil mais hoche la tête, donnant son accord tacite à cette demande loin d’être anodine. et la partie reprend alors, c’est du moins ce que pense Ryoma mais une agitation certaine règne dans la pièce. Pour une personne lambda, tout semble calme mais Takahashi - en tant que Lieutenant des Imagawa-Gumi et garde du corps de la fille de son Oyabun - a été formé à repérer les signes de perturbation, même les plus infimes. Un garde du corps plus attentif à ce qui se passe dans son oreillette qu’à ce qui se passe dans la salle, le va et vient d’autres agents de sécurité, les coups d'œil furtifs des employés dans sa direction et surtout celle de Diavolo. Le yakuza a compris qu’il se tramait quelque chose bien avant qu’un homme ne s’approche de Reed pour lui murmurer quelque chose à l’oreille.
La divulgation de la véritable identité de Diavolo ne l’étonne qu’à moitié. Ryoma n’a pas été dupe au point de croire que l’homme en costume sombre lui avait divulgué sa véritable identité. Cette découverte ne le surprend pas le moins du monde et si sa mine stoïque laisse penser qu’il est peu affecté par tout cela, il n’en reste pas moins sur ses gardes. Que va-t-il se passer maintenant ? Doit-il s’attendre à une attaque ? Il n’a rien à voir avec ce dénommé Validus mais vu qu’ils sont arrivés ensemble, on risque certainement de les amalgamer. Ryoma n’a aucune intention de se mêler des affaires de l’autre homme mais pour l’instant ils sont sur le même bateau. Aussi lui lance-t-il un regard en coin, un regard qui semble dire à son compagnon de malchance “Je te suis”. Quoique décide ce dernier, le yakuza suivra, que ce soit pour continuer la partie ou tenter de prendre la fuite.
Quoique… Concernant cette dernière option, ils ne sont pas dans la meilleure des positions.
Lysandre tourna brièvement le regard vers son « coéquipier » lorsque celui-ci proposa de faire sa demande une fois la partie terminer. Le maître de maison tourna quant à lui brièvement le regard vers son fils qui était devenu blême avant d’accepter d’un signe de tête la demande de Takahashi. Entre temps, des gardes s’étaient présentés sur les lieux, dont un divulguant la véritable identité de Lysandre devant tout le monde. Il semblerait que le chef de maison l’ait reconnu en entendant son nom : il était arrivé plusieurs fois que Lysandre rencontre le chef de la maison Reed lorsqu’il était à Sinnoh. Le chef faisait affaire avec le groupe Galaxy via une compagnie-écran pour caché les véritables intentions du groupe Galaxy. Il n’en fallu pas beaucoup pour que le chef de maison fasse le lien entre le groupe et Lysandre qui travaillait pour eux comme archéologue. Ils étaient même arrivés à l’occasion de travailler ensemble jusqu’à ce que la team soit dissoute.
Le maître de maison s’en lavait les mains. Il était riche et il n’y avait aucune preuve pour l’incriminé dans les actes du groupe Galaxy. Par contre, Lysandre bien que riche, avait trop de preuves contre lui. Le professeur se méfiait de cet homme qui pouvait à tout moment le dénoncer pour acte terroriste. Il devait trouver un moyen pour le faire taire d’une façon comme une autre, mais pour le moment, il était coincé autour de cette table avec des gardes du corps qui les empêchaient de fuir. Le chef de maison les invita à jouer une nouvelle partie. Lysandre sentait le coup fourré venir à des kilomètres, mais il n’était pas en position de refuser. Son regard se tourna vers Takahashi qui semblait accepter la proposition.
- Jouons.
La tension était palpable tendit que la croupière distribuait les cartes aux joueurs. Lysandre jeta un œil à ses cartes. Il n’avait aucune chance cette fois-ci, mais son regard restait impassible de même que celui de ses adversaires. La mise restait la même soit le droit d’obtenir une faveur des perdants.
Le temps de tromper son adversaire vint enfin. Le professeur devait-il poursuivre ou se coucher? Il savait que sa main était nulle, mais peut-être que cela serait suffisant pour déjouer le chef de famille. Il tourna brièvement son regard vers Takahashi. Il espérait qu’il comprenne qu’il fallait faire comme lui et poursuivre.
- Je suis…
Un sourire narquois apparu sur le visage du chef Reed. Que manigançait-il? Lysandre se sentait nerveux. Ses mains étaient moites, mais heureusement il arrivait à rester concentrer et son visage ne démontrait aucun signe de nervosité.
Lorsque Takahashi joua son tour, ce fut le tour du fils du chef de famille qui préféra se coucher sans doute intimidé par les deux invités. Le chef de famille suivi à son tour et les cartes furent mises à découverts sur la table. Des murmures se firent entendre parmi la foule. Lysandre ne pouvait pas quitter des yeux les cartes du chef de famille : Une Quinte flush royal.
- Je crois que ce sera tout pour ce soir… Comme j’ai gagné cette partie, j’ai droit à une faveur. Veuillez me suivre dans mon bureau M. Validus. Quant à vous M. Takahashi, vous êtes libres de demander ce que vous voulez à mon fils. Mes hommes vous conduiront ensuite à la sortie. Ce fut un plaisir M. Takahashi.
Lysandre se leva à la suite du chef Reed. Des hommes en noir restèrent près de Validus tandis que ce dernier suivait le chef de famille. S’il avait eu une arme et s’il n’avait pas été suivi, il aurait pu tenter de se salir les mains, mais toutes les accusations porteraient automatiquement sur lui. Il trouverait bien un moyen de le faire tomber…