Un épais nuage de fumé s’échappait de mes lèvres, accompagné d’un profond soupir. Dans quel merdier je m’étais mis? Je regardais mes nouvelles cartes, celle de citoyen de Lumiris et mon permis de voiture. Tout semblait si legit, il avait donc réussi? J’en était presque impressionné, reconnaissant surtout. Surtout après… Non, ce n’était pas le temps de jouer du violon et sortir les grosses émotions, j’avais plus important à gérer aujourd’hui.
Car elle arrivait enfin. Elle? Oui. Piper arrivait enfin en Lumiris, après plusieurs semaines de préparatifs, on, enfin, elle surtout, avais tout fait en règle, ça m’impressionnait presque, tellement que c’était plus complexe qu’on pourrait s’imaginer, de changer de région. J’en avais eu mal à la tête pendant un sacré moment. Mais aujourd’hui, c’était enfin le jour J. Et je mentirais si je disais ne pas ressentir une quelconque d’anxiété. C’est… Tellement le bordel dans ma vie en ce moment. J’ai dû quitter in extremis mon appartement avec Burton et Aaron pour ma sécurité… Et celle de mon ex, d’ailleurs. Par miracle, j’avais réussi à me trouver un appartement par trop miteux dans les bas quartiers de Voltapolis. Ainsi qu’un jour au supermarché du coin. Ce n’était pas le grand luxe mais j’avais la carte du ‘je suis jeune’. Ah oui, selon mes cartes, je vais bientôt avoir 23 ans, pas 26. Ah, la différence n’était pas grande en soit. Mais selon mon histoire invité que je racontais à Piper pendant nos échanges…
Après avoir tiré une dernière fois sur ma clope, je la balance au long avant de soupirer. Il serait tant de se préparer pour aller chercher Pip-Squeak. Pour l’occasion, je prépare un second casque de moto. Oui, j’ai toujours ma bagnole. J’ai au moins ça qui me reste. Je ne suis pas complètement paumé au moins. J’arrive encore à me déplacer. Bon, faire le plein ça pique un peu les fesses encore. Mais il y a pire. Je pourrais être mort.
.. Oh wait.
Comme prévu, je suis arrivé un peu en avance. Ça me donnait le temps de me vouloir galant, alors que j’arrêtais au café de l’aéroport pour acheter un mocha et un muffin anglais pour elle, un café noir et un donut pour ma part. De quoi, je joue sur les stéréotypes? C’est pas parce que Gregory à été flic que j’ai pas le droit d’aimer les choses simples moi aussi… Tssk…
Un regard rapide vers l’écran qui annonçait les vols fraichement arrivé en Nemerya et je reconnaissais sans mal le vol provenant de Galar. Un sourire narquois se dessinait sur mes lèvres, alors que je me postais à la zone d’arrivage. J’avais un air faussement galant, à l’attendre là, avec mes cafés.
Si seulement je l’avais un peu mieux traité, peut-être serait-il encore à mes cotés…?
« Il faut beaucoup de naïveté pour faire de grandes choses. »
C’était ce que j’étais. Naïve. J’étais naïve de m’être lancée dans cette grande aventure, toute seule. Enfin, je n’étais pas si seule, parce que j’avais Elijah à mes côtés.
C’est long, en avion, le voyage Galar-Lumiris. Vraiment très long. J’étais à côté d’une dame avec son foutu bébé qui n’arrêtait pas de pleurer… Non, hurler à s’en cracher les poumons. Tout. Au. Long. Du. Trajet. (Lourd !!) Mais me voilà enfin. Je pouvais débarquer, comme le si petit être humain que j’étais, dans cette région probablement beaucoup trop grande pour moi. Je ne possédais pas grand-chose, j’avais un sac à dos rempli de mes fringues, le reste, j’allais l’acheter sur place, ma tante Évangeline m’avait donné des sous pour survivre les premières semaines, le temps que ma première paie entre et que mon salaire se stabilise. Et puis, Elijah m’avait dit qu’il s’était occupé de tout ! Nous sommes tous les deux étudiants, alors… Je suppose que nous ne roulerions pas trop sur l’or, mais l’important était surtout que l’on soit ensemble. C’était principalement pourquoi je l’avais pris, ce stage à Lumiris. Et si j’étais excitée à l’idée de découvrir une nouvelle région, j’étais aussi… Terrifiée. Parce qu’ici, je ne connaissais ni rien ni personne. Mon seul repère, c’était mon petit ami. Et ça… Ma tante Évangeline ne le savait même pas. Mais bref. C’est une histoire pour plus tard, ça.
J’avais enfin pu passer les douanes, j’étais officiellement libre en Lumiris. Bon, je n’arrivais pas à accéder aux données de mon téléphone, impossible de rejoindre mon partenaire. Il m’avait dit qu’il serait ici à mon arrivée… Il ne devrait pas être trop difficile à trouver, il est roux. Cherche une carotte, Piper. Tu vas le trouver.
Je plissais les yeux pour le trouver au-travers de la foule de voyageurs et de valises qui allaient et venaient en l’aéroport et je soupirais. J’arrivais pas à le trouver, mon petit ami. Et je commençais à m’impatienter. Non seulement j’étais claquée par le décalage horaire et le voyage du bébé qui s’époumonait, mais aussi… Je ne sais pas. Je voulais le voir en vrai, ça faisait longtemps que j’attendais ce moment. J’avais hâte de voir ses traits de près, de voir notre différence de taille, la taille de ses mains, sa chaleur… C’est étrange ? Non, je ne crois pas. J’étais simplement amoureuse.
Mais je n’avais qu’à m’enfoncer un peu plus dans la foule pour le trouver. Et il était sous mes yeux. J’avais trouvé la carotte. Je me surprenais même à sourire légèrement alors que j’accélérais le pas pour aller le rejoindre, et j’arrivais par derrière. Je tendais tout timidement la main pour venir le toucher. Délicatement. Juste pour attirer son attention.
« Elijah ? »
Sans aucun doute, c’était bien lui. Et quand il se retournait, je rougissais légèrement. J’avais un peu de mal à garder un contact visuel direct avec lui. Il était… encore plus grand que je n’aurais jamais pu l’imaginer, et ça ne me déplaisait pas vraiment. Et ses yeux, ils étaient encore plus bleus que sur les photos, je ne savais pas que c’était possible d’avoir un regard aussi perçant en vrai. J’avais envie de me jeter dans ses bras. Genre. Vraiment envie. Mais j’avais pas envie d’avoir l’air d’une pauvre groupie donc… Je me suis contentée de le saluer timidement de la main, et d’essayer de garder le contact visuel. Même si son regard était assez… intimidant.
« H-Hey. Je… J’espère que je t’ai pas trop fait attendre, c’était le bordel aux douanes…! »
Bon, même si j’étais bel et bien conscient que ça pouvait être chiant la sortie de l’avion, je ne pouvais retenir une légère forme d’impatience. J’avais réalisé, un peu tardivement que je n’avais pas reçu de manchons pour mes boissons chaudes. Et si ça va pour un petit deux minutes, cela faisait déjà plus qu’un quart d’heure que je maintenais les gobelets chauds entre mes mains et honnêtement..? C’était un peu chiant. Mais bon, avec un peu de chance, ce ne serait pas trop long, n’est-ce pas…?
Cela faisait plusieurs mois, plusieurs années même que je parlais avec elle à pratiquement tous les jours et honnêtement? Je peinais à réaliser que aujourd’hui, nous allions enfin briser le mur virtuel qui nous séparais depuis… Ah. Si longtemps. Je savais plus ou moins à quoi m’attendre physiquement. Je savais plus ou moins quoi chercher, une petite blonde avec un carré douteux. Mais à ma grande surprise…
Elle m’avait trouvé avant même que je ne puisse remarquer sa présence? En tournant la tête, je posais enfin mes mirettes azurées sur celles violacé de ma compagne et sitôt, un grand sourire s’étirait sur mes lèvres. Était-ce officiellement le début de cette nouvelle vie? Honnêtement, j’étais… Réticent de retourner dans une relation. Surtout après…. … Mais la situation était différente. Tellement différente. Piper avait besoin de moi.
Mais il avait aussi eu besoin de moi…
Cafés en mains, je fixais longuement mon interlocuteur, non sans ricaner doucement
« Tu es… Plus petite que ce à quoi je m’attendais. ~ » Oh évidemment, ce n’était qu’une taquinerie. accompagné d’un doux rire, alors que je lui tendais sa boisson chaude préféré ainsi qu’un muffin anglais pour combler un possible creux suite à un aussi long vol. Et une fois une de mes mains libérées, je lui tendais les bras pour lui offrir une première étreinte. Une étreinte longue, jalouse mais aussi… étrangement intime? Ma main glissait naturellement dans ses cheveux décolorés, que je la pressais contre mon corps.
J’avais… Besoin de ce contact. C’était encore si frais. Trop frais.
J’en fermais même les yeux un instant. Je peinais à réaliser que je la rencontrais enfin. Ça faisait si longtemps qu’on parlait de cette rencontre. Ça faisait si longtemps qu’on planifiait cette journée. Mais maintenant que c’était une réalité? J’étais comme ‘sous le choc’. J’avais besoin de serrer son corps contre le miens encore un moment. J’avais besoin de sentir son petit cœur battre nerveusement contre mon corps. J’avais besoin de l’entendre soupirer. J’avais besoin de sentir ses frissons secouer mon corps.
J’avais. Besoin. D’elle. Plus que jamais en ce moment.
Mais je ne voulais pas avoir l’air obsédé. Je ne veux pas lui ressembler. Pas à lui.
Ce pourquoi je brisais le contact physique avec Piper pour venir lui prendre la main, alors que je la guidais lentement en dehors de l’aéroport et innocemment la guider vers mon joujou préféré, ma bécane.
« T’es déjà montée en moto? »
Je la fixais de haut, non sans lâcher un bref petit rire, alors que je lui tendais un casque pour éviter une blessure au lobe frontale dans la première heure suite à son arrivé en Lumiris. Mais avant toute chose.
« Tu fumes? » Lui demandais-je en sortant une cigarette pour la porter à mes lèvres. J’avais besoin d’un petit kick de nicotine avant de reprendre la route. Nemerya à Voltapolis c’était long longtemps. Ce pourquoi j’allumais ma clope, non sans longuement soupirer. Qu’est-ce que ça faisait du bien….
Il ne me répondait pas. Il avait deux cafés en main, et il me fixait. Il me fixait de la tête aux pieds. Quoi ? Il était pas content ? Ce silence me poussait à venir froncer les sourcils et serrer les dents alors que je croisais les bras. C’était ça, sa première réaction ? J’étais si gênante que ça, si moche que ça ? Mais il venait sourire, et me dire que j’étais petite. Petite.
J’vais t’en faire une, moi, « petite ». Si j’suis aussi courte sur pattes, c’est pour mieux atteindre tes rotules, sale…!
…?
La confusion venait prendre le meilleur de moi lorsqu’il me tendait cette boisson chaude, un mocha, selon l’étiquette qui était imprimée et collée contre le maigre verre de carton. Ainsi qu’un sac de papier qui contenait une connerie que je n’avais pas l’intention de manger. Et de son bras libre, il me tirait contre son corps pour me serrer contre lui. J’avais l’impression qu’il était jaloux. Mais il était tellement chaleureux. C’était la première fois qu’un homme me prenait dans ses bras. Enfin… Ponyboy me faisait souvent des câlins. Mais Ponyboy, ce n’était pas la même chose. L’étreinte d’Elijah était tellement différente; j’avais l’impression d’être toute petite, d’être protégée. La sécurité que ce contact m’apportait était presqu’assez pour me convaincre que j’avais fait le bon choix en laissant Galar derrière moi. Je fermais doucement les yeux alors que je profitais de ce premier contact. J’étais impatiente à cette idée. Je reniflais; Elijah sentait la…cigarette ? Eh, c’était un choix. Pas ce que je préférais mais je n’allais pas le blâmer d’avoir une façon de compenser ses problèmes.
« Si tu m’avais pas acheté un café, ta blague aurait mal passé, d’abord. »
Bien évidemment, user de sarcasme alors qu’il me taquinait semblait toujours être une solution assez directe et je l’utilisais. Mais il brisait le contact avant de me diriger vers sa moto. Par chance, on était en plein mois d’août, et la chaleur battait à plein fouet sur Lumiris. Je n’étais jamais montée sur une moto. Il me dévisageait encore alors qu’il me lançait un casque, que je réceptionnais parfaitement, avant de lui lancer un regard blasé.
« Bien évidemment. »
Il avait ce petit air de fuckboy que j’avais cruellement envie de lui arracher. Mais bon, c’était la première rencontre, peut-être que je devais me calmer un peu. Je n’étais pas très familière avec l’attention masculine, ou avec l’attention tout court, donc… Il me demandait si je fumais.
« Non, malheureusement pour toi. Mais j’fais partie des caféinés. »
Je lui tendais mon gobelet en faisant mine de trinquer avec lui, avant d’en boire une courte gorgée en évitant de justesse de me brûler. Et je soupirais.
« Et 'pis, j'suis pas si petite que ça, déjà. C'est juste toi qui est grand. »
Pourquoi Piper? Elle était tellement… Différente du genre qui m’attirait. Déjà, je les aime plus en chair. Mais Piper avec une personnalité riche et terriblement intéressante. Les conversations avec elle était tellement intéressante et riche. Et puis, je suppose que Elijah aurait aimé quelqu’un dans son genre? Enfin, qu’est-ce que j’en sais, la dernière fois que J’ai vu mon petit frère, il n’avait même pas 5 ans encore….
« … »
Et voilà que j’éclatais de rire en le voyant s’offenser pour me remarque quant à sa taille. Ah mais s’en était plus fort que moi. Piper ÉTAIT petite. Après, je suis un peu grand, un peu plus de un mètre quatre-vingt aux dernières nouvelles, je ne saurai le dire en détail. Eh Tant pis. Le plus important était que Piper était juste assez petite et sa tête tombait exactement sur mon torse. Ce qui rendait les contacts plus fac… Ah non, j’dois pas déjà penser à ça…
« Sois reconnaissante que je t’ai emporté un mocha et pas un café noir. ~ »
Une boutarde plus tard, on étais dehors, j’étais assied contre ma moto, clope à la bouche, alors que je tirais sur ma late pour m’empoisonner un peu. J’inspirais longuement avant de recracher l’épais nuage de fumé grise et sitôt agiter ma main devant moi pour briser la fumée. Je ne voulais pas être le genre de fumeur chiant qui ne considère pas le bien-être des autres. Déjà que je fume sur une base un peu trop régulière, je devais faire un maximum d’effort pour ne pas l’insupporter…
Elle me rappelait d’ailleurs sa préférence pour la caféine, je ferai au mieux pour ne pas oublier cette information. Afin d’être le plus agréable avec elle. Et éviter de me prendre un verre par-dessus la tête parce que je la dérange de petit matin avant le premier café fatidique de la journée.
« Ah bah ça nous fait un point en commun, j’ai besoin de mon shot de café le matin et une cigarette pour bien m’empoisonner. Avec un peu de chance, je devrais me rendre à trente ans. »
Je en pouvais m’empêcher de ricaner un peu, non sans prendre une dernière bouffé de ma cigarette avant de l’enfoncer dans le cendrier offert sur place. Histoire de ne pas trop polluer les sol de Lumiris avec mes mégots de cancer portatifs. Et une fois nos boisson terminés et ma partenaire prête, nous étions tous les deux sur ma moto, en route vers la maison, en route vers Voltapolis.
Heureusement pour nous, la route n’était pas bien longue, le trafic n’était pas trop chiant aussi, ça rendait la route assez agréable. Et une fois stationné, j’aidais Piper à descendre d’abord avant d’en faire de même et la guider dans l’immeuble qui logeait mon appartement. Honnêtement, de l’extérieur, ça l’avait l’air d’un immeuble laissé à lui-même, qui aurait dû être rasé avec la centre électrique de la ville. D’ailleurs, en rentrant, on tombais nez à nez avec un Rattata qui avait un sac de chip dans la gueule avant de prendre ses pattes à son cou. Je soupirais un peu malgré moi, alors que je guidais Piper au 4ième étages. J’étais des rares qui avait accès à un balcon avant, c’était cool pour prendre le petit dej au calme avec Bonnie, bon la vue n’était pas aussi enviante qu’à Nemerya. Mais je pouvais voir la rivière au loin…
Mais en me rappelant que j’allais enfin pouvoir lui présenter Bonnie, je sentais un sourire se dessiner sur mes lèvres, alors que j’insérais la clé dans le verrou, le son suffirait à alerter ma compagne de toujours et lui faire signe de s’approcher de la porte. Et comme prévu, en ouvrant la porte, on pouvait voir une petite Laporeille qui se trainait doucement vers la porte, non sans couiner sous l’excitation.
« Oui Bonnie, elle est enfin à la maison. ~ » Enfin? Oui. Je parlais… Beaucoup de Piper à ma Laporeille. Sans doute était-ce pour la préparer quant au fait qu’on ne serait plus que tous les deux maintenant? À voir son sourire, ça me rassurait. Elle restait sagement postée devant le couloir qui menait vers la porte. Je lui avait appris à ne pas trainer trop devant la porte. Pour sa sécurité. Rapidement, je me tournais vers Piper, non sans lui prendre son sac à dos.
« Laisse-moi te débarrasser, tu peux faire le tour de ton palace. ~ »
Tu ne vivais pas dans le luxe, tu avais un appartement de trois pièce, une assez grand chambre, un salon jumelé à la cuisine. Ainsi qu’une petite salle de bain, il n’y avait pas de bain d’ailleurs, qu’une douche. Mais c’était plus que suffisant pour moi. Naturellement, Bonnie s’empressait de suivre Piper au fur et à mesure qu’elle visitait l’appartement, ça me laissait le temps de déposer son sac sur le canapé et me faire un bagel pour combler mon petit creux du moment…
« Ça va? Tu ne regrettes pas trop? » Soufflais-je après avoir avalé ma première bouchée de bagel au fromage.
Sois reconnaissante. Sa remarque me faisait grimacer que je roulais des yeux. … Avant de sourire. Parce que même si sa remarque m’avait énervée, j’étais vraiment contente d’être aux côtés de cet homme qui faisait battre mon cœur. Et s’il m’avait proposé d’habiter avec lui, j’étais heureuse, parce que ça me prouvait qu’il était aussi sérieux que moi.
(Si seulement j’avais eu conscience d’à quel point je me trompais.)
Elijah semblait comprendre l’effet qu’avait la cigarette sur son corps, mais honnêtement, ça m’était égal. Les choix des autres ne me regardent pas du tout. Enfin… Je me rappelle lorsque j’avais trouvé des cigarettes dans le sac à dos de Ponyboy, là j’avais pas le choix d’intervenir, vous voyez ? Elijah c’est un grand garçon. Il pouvait faire ce qu’il voulait, je m’en battais les steaks, je suis pas sa mère. Mais une fois qu’on avait terminé nos retrouvailles émotionnelles, il me faisait monter sur sa moto et on prenait la direction de Voltapolis. Ma nouvelle demeure pour les prochaines années, supposais-je.
Lumiris est grande, impressionnante. Magnifique, même. C’est différent, mais pourtant si semblable, à Galar. J’aimais voir les lumières des endroits urbains, le soleil commençait doucement à se coucher, laissant place à un magnifique ciel d’été orangé. Nous étions finalement à l’appartement. Chez nous.
Oh, l’immeuble n’avait franchement rien d’impressionnant à première vue. C’était un peu triste, vu ainsi, mais il ne fallait jamais juger un livre par sa couverture. C’était le premier appartement d’Elijah. Je le suivais en grimpant les escaliers; nous habitions donc au quatrième étage. C’était un appartement d’une taille convenable pour deux personnes seules. Après tout, je partageais toujours ma chambre avec Ponyboy chez notre tante, aux dernières nouvelles. Disons que ça rapproche, d’entendre son frère parler dans son sommeil. J’étais habituée au manque d’espace et au rangement logique, de toute façon, je ne possédais pas de bibelots ou d’objets importants. Juste mes fringues, et une peluche que mon frère m’avait donnée.
Elijah me débarrassait de mon sac à dos que je lui souriais timidement en le remerciant. Après tout, il m’offrait une place et une nouvelle vie en Lumiris, une nouvelle vie à ses côtés. Et finalement, je la voyais au bout du couloir. La fameuse Laporeille. Je sentais un grand sourire fendre mon visage. Je n’avais pas le droit d’avoir un Pokémon, ma tante Évangeline faisait de grosses allergies ! Alors ? Je trouvais ça trop cool. Je me dirigeais vers la Laporeille, puis je m’acroupissais au sol pour la laisser renifler la main.
« Salut, Bonnie ! Enchantée de te rencontrer. »
Quelle adorable petite chose. Elle était toute délicate, et tellement mignonne, avec son petit nez rose ! Elle m’avait vite laissée la caresser, je n’avais jamais touché un poil aussi doux de ma vie. Je sentais mon petit cœur s’emballer dans le coton et dans la joie. J’avais pris la petite lapine dans mes bras et je l’avais amenée faire le tour de l’appartement avec moi. C’était bien, épuré, éclairé et bien rangé. Elijah ne semblait pas posséder grand-chose, lui non plus, ça me surprenait un peu. Mais moi, j’avais tendance à être un peu bordélique et désordonnée, j’espérais seulement qu’il serait patient ou que ça ne l’embêterait pas trop…
Je revenais au salon qu’Elijah mangeait son bagel. Il me demandait si je regrettais, et je souriais, en déviant les yeux.
« Regretter ? C’est… un gros terme. »
Je soupirais un peu.
« Mon petit frère va me manquer, c’est sûr mais… J’ai pas la place pour des regrets dans ma vie. J’dois vivre les choses par moi-même, et t’façon, c’est pas comme si je pouvais compter sur ma mère pour m’aider hein ? »
J’avais forcé ce rire, Elijah savait pour la situation avec ma mère. C’était toujours gênant d’avouer que ma mère se prostitue pour rembourser une dette envers ma tante, mais bon, it is what it is…
Je regardais longuement ce sandwich qu’Elijah m’avait acheté avec mon café. Il était vrai que je ne m’étais rien mis sous la dent depuis un moment. Mais j’étais toujours mitigée… J’avais mangé des chips avant de prendre l’avion, et je ne savais pas il y avait combien de calories dans ce sandwich…
J’étais en train d’hyperfocus et je devais me changer les idées. Donc je venais m’asseoir aux côtés d’Elijah pour profiter un peu de sa présence physique. Enfin. Après autant de temps.
Et pourtant, je ne me considérais pas comme très affectueuse ou tactile. J’avais simplement besoin de sa présence, comme pour compenser tous ces mois loin de lui.
« …hey. »
J’avais posé ma tête contre son épaule et soupiré de bien être, alors que je m’étais lovée doucement contre son torse. Accrochée comme un bébé koala. Et j’enfouissais mon visage au creux de son cou. Il était là, avec moi. Enfin.
Je n’étais pas riche, je n’avais pas un gros fond financier à vrai dire. Je devais recommencer de zéro, au moins j’avais un petit boulot, ça m’aidait à arrondir les fins de mois, c’était déjà ça. Et avec les derniers évènements… Je devais m’estimer chanceux d’avoir un toit sur la tête. Au moins, je n’étais plus à la rue. Je n’aurai jamais accepté d’imposer ça, encore une fois, à Bonnie. Elle méritait tellement mieux. Elle se faisait vieille la petite et elle peinait déjà à user de ses pattes arrières. Depuis quelques années déjà, elle se trainait à même le sol, plutôt que bondir librement dans l’appartement.
Ah j’ai pu lui retirer ce satané morceau de verre de logé dans sa patte. Mais les dommages étaient bien trop grand pour que ce soit réparable. Je lui en veux tellement encore. Si seulement elle m’avait écoutée. Bonnie avait besoin d’aide. J’avais besoin d’aide.
Sans réelle surprise, ma Laporeille était curieuse et intriguée par Piper. Ah j’avais souvent parlé d’elle pour préparer ma partenaire à l’idée qu’une nouvelle personne allait s’ajouter à notre train train quotidien. Et visiblement, cela portait ses fruits, puisqu’elle venait déjà réclamer attention et affection en poussant sa tête contre la main de Piper. Et pour son plus grand bonheur, voilà qu’elle se faisait prendre, si bien qu’elle se lovait déjà affectueusement contre la petite tête blonde.
« Fais sûr de la soutenir par en bas aussi, Bonnie a un handicap. »
Alors que ma partenaire allait explorer ses nouveaux environs avec ma Laporeille, j’avais prit congé sur le canapé pour me reposer un peu et manger un truc. Un bagel vite fait avec du fromage, un snack que j’appréciais et qui ne coutait pas la peau des fesses. Vu mes finances du moment, c’était nécessaire. J’avais besoin de me reposer après une longue journée à faire de la route et préparer l’appartement pour l’arrivé de Piper. En effet, je n’avais pas un appartement très rempli. Je repartais de zéro, j’avais que le strict nécessaire, un bureau pour ranger mes vêtements, un lit d’une taille assez grande pour moi et ma partenaire. Un canapé qui avait vu des jours meilleurs mais qui était encore en état présentable. Une télé vieille de deux générations, une petite table à manger. Bref. Pas le grand luxe mais vu la situation…
Mais alors que je reposais mes mirettes sur elle, sa réponse me prenait un peu de court. Elle… regrettait…?
« Piper… »
Pourquoi est-ce que je ressentais une boule dans l’estomac d’un coup? Comme si je l’avais arrachée à sa famille contre son gré. (C’était un peu ça honnêtement.)
Ses propos m’obligeait à baisser la tête, alors qu’un soupire s’échappait de mes lèvres. Avais-je déjà tout fait foirer?
Encore? … Encore?
Les précisions de Piper me poussait à relever la tête vers elle, non sans forcer un sourire en coin à la mention de sa mère. Ah cette femme c’était… Un sacré numéro. D’ailleurs, je tendais la main pour prendre la sienne et doucement lier nos doigts ensemble.
« Vois ça comme un nouveau départ plutôt. »
Puis doucement, voilà qu’elle se retrouvait à mes cotés, lovée contre moi. Je sentais mon petit cœur se resserrer, alors que je passais une main autour de son corps pour l’encourager dans son geste. Je vins même déposer un baiser contre son front, non sans soupirer, alors que je fixais un point invisible.
Ça ne pouvait qu’aller mieux, n’est-ce pas…?
« Je suis… Heureux… Que tu sois enfin ici, Piper… »
C’était un nouveau départ pour nous deux, Elijah. Pas seulement pour moi. Oh, tu as habité Lumiris, je me disais que tu ne pouvais que bien la connaître. Mais même s’il connaissait si bien les quartiers que nous habitions, c’était un nouveau départ pour nous. Notre vie ensemble.
Je m’étais retrouvée contre lui. Je n’avais jamais été une personne terriblement tactile; il fallait mériter mon affection pour que je la donne. Je n’avais jamais embrassé ma mère, ni mon père. Ponyboy était le seul qui se méritait de mes câlins, et encore… Je relevais doucement les yeux vers Elijah que je pouvais l’analyser de plus près. Il était vraiment roux, et ses yeux étaient encore plus bleus que sur les photos. Sa peau était claire, et ses taches de rousseur étaient subtiles, je pouvais voir les veines qui décoraient ses mains, je pouvais compter chaque grain de beauté sur ses bras…
Comment est-ce que j’avais pu me trouver un tel mec ? Et surtout, qu’est-ce qu’il pouvait bien me trouver, à une fille comme moi ? J’avais du mal à dire quoique ce soit, à bouger. Comme si j’étais figée et que j’avais du mal à réaliser. J’observais cet homme, mon petit ami, si attentivement, que je me perdais dans le courant de mes propres pensées, et je loupais complètement ce qu’il m’adressait. Ce compliment. Cette affirmation qui, pourtant, représentait tellement dans notre relation. J’avais relevé les yeux vers lui et j’avais cligné, lui adressant un œil confus.
« Huh ? »
Je n’avais pas entendu. Ni même porté attention, pour être bien honnête, mais… Mais bon. J’avais la tête ailleurs, dans mes idées. Nos doigts s’étaient emmêlés alors qu’il m’avait pris la main, et je ne pouvais que soupirer par bien être alors que je m’approchais timidement de lui.
« Elijah…? »
Est-ce que je devais m’y risquer ? Est-ce que j’avais le droit de lui demander ? Nous allions pourtant vivre ensemble…
« Est-ce que je peux t’embrasser, Elijah ? »
Bon… Je devais revoir mon tact et recevoir des leçons de romance, c’était chose certaine. Mais encore là, je me filtrais énormément, parce que j’avais envie de beaucoup plus. La seule chose dont je n’avais pas envie, par contre, c’était d’avoir l’air d’une pauvre fille désespérée. Même si ça faisait longtemps qu’Elijah et moi, on sortait ensemble. …c’est pas ce que vous pensez. J’suis tout sauf une pauvre fille, et pour tout dire, Elijah ne m’a pas eue SI facilement que ça, d’abord. Et pis, t'es qui pour me juger ? T'as déjà aimé quelqu’un, Invité ? C’est ce que je me disais. J’étais simplement humaine, et la curiosité avait le meilleur de moi.
Je resserrais doucement ma prise contre son t-shirt. Et je baissais les yeux en soufflant timidement.
Je n’avais pas pour l’habitude d’être des plus… tactile si je puisse dire. Mes dernières expériences étaient… Disons, clairement plus sombre. Alors avoir Piper de lové contre moi aussi… Facilement ne manquait pas de me faire frissonner, un peu malgré moi. J’en fermais les yeux, une main de plongée dans ses courts cheveux. Elle était si différente de ce que je convoitais à la base et pourtant, nous étions là, lové l’un contre l’autre. Je sentais les battements de son cœur résonner au creux de ma cage thoracique, un soupire s’échappait de mes narines, alors que je levais les yeux vers le plafond.
Ça allait bien se passer, n’est-ce pas?
Avec un peu de recul, on étais tout les deux un peu stupide. On se connaissait que par ce qu’on voulait montrer sur l’internet. Et pourtant? Elle avait voyagé de l’autre bout de la planète rien que pour venir vivre avec moi? Devrais-je être honoré par autant de confiance ou découragé par autant de naïveté. Que savait-elle réellement sur moi? Je me posais encore, moi-même, cette question. J’étais qu’un étranger à la base.
Un étranger qui lui mentait depuis le début. Depuis le début je prétendais être quelqu’un que je n’étais pas. Depuis le début, je prétendais être quelqu’un que je ne serais jamais.
Mais je devais maintenant être cette personne que j’avais prétendu être depuis si longtemps. Oh pas seulement pour qu’elle m’aime. Mais je n’avais pas le choix. Je n’avais plus le choix. Je….
‘Est-ce que je peux t’embrasser, Elijah?’
… Quoi? Est-ce que j’avais bien entendu? Elle me demandait… La permission? (Tu sais, ce que tu n’as jamais fait toi-même…)
« Piper…. »
Ma main glissait lentement le long de ses cheveux, jusqu’à venir lui caresser la mâchoire. Un sourire en coin caressait mes lèvres, alors que je la fixais longuement dans les yeux. Oh mais je pourrais give in et simplement lui accorder ce qu’elle réclamait. Mais je voulais voir jusqu’à où elle était prête à s’abaisser pour me faire pli…. Ah. On demandait une seconde fois à déjà? Cette fois, un rictus était audible, alors que j’approchais mon visage du sien, dangereusement. Nos lèvres étaient séparés que de quelques centimètre alors que je fermais les yeux… Pour l’éviter et venir embrasser son front au final. Non sans ricaner légèrement au passage.
« Tu es adorable, tu sais…? »
Mais je ne voulais pas l’offenser, ce pourquoi je glissais mes deux mains le long de son visage, alors que je la tirais légèrement vers moi. Jusqu’à enfin déposer mes lèvres contre les siennes. Le geste était doux, sans pression. Alors que j’en fermais les yeux, sans doute pour savourer ce rare instant de douceur? Je pouvais en profiter si rarement c’est dernier temps. Et pourtant? J’en voulais encore plus, maintenant que je pouvais enfin savourer la douceur de ses lèvres.
Elijah, qu'est-ce que tu attendais ? Je te pensais un peu plus décidé que ça. Plus tactile. Plus impatient, peut-être ? Ton respect me surprenait, mais me faisais pourtant languir. Je frémissais d'impatience alors que je fronçais les sourcils. Je n'ai jamais aimé me faire prier, et ça ne venait pas de ce jour-là. Mes sentiments pour toi ne venaient pas entièrement de ce jour-là, mais pourtant, il y avait grandement contribué.
Pourquoi me mens-tu ?
Tu me faisais attendre. Tu me regardais et tu me prenais doucement pas la mâchoire pour venir me la caresser. Tu m'avais dit que j'étais adorable, je détestais ce mot. Pourquoi m'infantilisais-tu autant ? Pourquoi me féminisais-tu autant ?
Si seulement je savais que moi aussi je te mentais, Elijah.
Ce qui devait être un moment émotionnel avec toi, une première rencontre touchante, nous avions agi comme de tragiques amoureux interdits pendant près d'un an, et nous voyions enfin nos destinées se lier. N'importe qui trouverait terrifiante l'idée de se livrer entièrement à un pur étranger tel je le faisais. J'avais conscience, et je m'en fichais un peu.
Elijah, je n'aimais pas perdre mon temps il y a deux ans, et je n'aime toujours pas le perdre. Je n'ai jamais aimé attendre. Alors, embrasse-moi, je t'en supplie.
Tu avais cédé que nous avions échangé notre premier baiser. Je pouvais remarquer la douceur de ton geste alors que je venais timidement me presser contre toi. Tu ne m'avais pas pris mon premier baiser, Elijah, je m'excuse de te déshériter de cet honneur, il y en a eu d'autres avant toi, malgré que je n'étais pas aussi sociable que tu l'aies été. Cependant, notre premier baiser était mon premier baiser favori. Parce que tu corrigeais toutes les maladresses de mon adolescence et que ce baiser me faisait rendre compte que j'étais à une autre étape de ma vie.
Je sentais mon coeur dans ma poitrine qui créait un doux écho aux battements du tien. Je brisais notre contact en premier que je levais doucement les yeux vers toi. Si je franchissais cette étape de ma vie, j'avais envie d'aller une étape plus loin avec toi. Parce que tu étais plus qu'une fréquentation avec qui je me découvrais par curiosité de le faire. Je ne pensais pas que ça irait aussi vite, mais je ne voyais pas l'intérêt de te faire attendre, ni de m'imposer d'attendre. On allait le faire un jour ou l'autre, de toute façon.
« Tu penses qu'on peut...? »
Parce qu'on aurait fini par le faire qu'on le veuille ou non. Parce que pour moi c'était inutile d'attendre.
. . .
Je ne t'ai donné aucune de mes premières fois, Elijah. Malheureusement pour toi, je n'ai jamais fait partie des Saintes qui se respectaient, encore moins en mon adolescence. J'avais des choses à vivre, et ces choses m'ont pourtant toutes menées à toi. À cet étrange happy ending. Je ne t'ai donné aucune de mes premières fois, mais nous avions pourtant eu notre première fois chez toi. Sur ce fichu canapé inconfortable au milieu du salon, devant la télé dinosaure-esque. Certains me diraient que j'ai fait le mauvais choix en poussant aussi tôt dans notre relation, que je m'étais mise en danger ou que j'aurais été naïve d'ainsi me livrer à toi. Mais je savais faire mes choix, je savais ce que je voulais. De la conscience de mes choix s'en suivait notre union, la marque "officielle" de notre couple, oui.
Nous étions enfin finalement un couple, Elijah. Pour le meilleur et pour le pire. Jusqu'à ce que la mort nous sépare ? Je ne savais pas encore, à cet instant précis. Mais nous avions notre bout de chemin à faire ensemble.
[ Artiesta, 2022. ]
C'est drôle. La nuit dernière, j'ai rêvé au premier jour où je t'ai rencontré, Elijah. Dommage que cette foutue sonnerie de mon foutu téléphone m'ait tiré de cet agréable souvenir interactif.
Je grogne contre mon oreiller que je tends le bras pour agressivement taper contre l'écran et faire taire mon appareil. Je la déteste, cette sonnerie. Je devrais vraiment la changer, mais les autres sont toutes aussi pires, quelle horreur. Pourquoi l'être humain doit-il être exposé à une telle connerie comme les réveil-matins ?
J'ouvre mes yeux embrouillés par la fatigue que je regarde l'heure en grimaçant sous la forte lumière de mon téléphone, dont je viens ajuster la luminosité pour éviter de faire fondre ma rétine avec une brûlure à la lumière bleue. 5h30AM. J'ouvre le garage, ce matin, j'avais maintenant l'honneur d'avoir mes propres clés et de m'occuper de la shop par moi-même quelques journées pendant la semaine. Bon... C'est un problème les journées où ma santé fait défaut, mais aujourd'hui, c'est une bonne journée. J'ai au moins réussi à me réveiller !
Je me retourne du côté du lit de mon petit ami pour tendre les-... Ah. Il n'est toujours pas revenu de son quart de nuit. Quelques nuits par mois, je devais prendre mon mal en patience et m'abstenir de sa présence le temps d'une nuit. Pendant deux ans, je dormais avec Elijah tous les soirs. À chaque fois qu'il doit s'absenter le temps d'une nuit pour la patrouille de soir, le lit est un peu plus grand et un peu trop vide.
Tant pis. Je viens repousser les couvertures et je me retrouve enfin sur mes deux jambes, même si je vois des étoiles pendant un petit moment parce que mon pauvre corps a été imposé à un mouvement trop brusque, comme chaque matin. Je devrais manger un petit quelque chose avant de partir, histoire de... Ne pas m'évanouir. Encore une fois.
À l'extérieur de la chambre, Clicker m'accueille d'une petite danse de la joie pour célébrer mon réveil (mais surtout pour quêter de la nourriture, entre toi et moi.) Je lui souris légèrement.
« Bon matin Clicks ! »
Je vais au congélateur pour lui lancer une branche de Corayon cru, vers laquelle ma petite cannibale, comme l'appelle si bien Elijah, se rue pour la réceptionner et débuter son festin. Et de l'autre bout de la pièce, le petit Reiner se met à courir pour me faire le salut du soleil en brandissant ses petits bras vers moi.
« Eh oh, doucement Reiner. Tu vas finir par blesser quelqu'un... »
Je dois souvent lui mettre ses mitaines protectrices pour éviter la catastrophe et préserver nos meubles. Mais j'aime mieux le laisser dormir sans, il fait bien ses nuits depuis quelques temps, et cause beaucoup moins de dégâts ! Je lui montre quelques fraises et une banane en lui offrant un sourire espiègle.
« Tu veux m'aider, sage maître ninja ? »
Depuis que Reiner est obsédé avec Fruit Ninja sur mon iPad, il exige de couper tous les fruits dans la maison, sous peine de souffrir d'une horrible crise de bébé Scalpion inconsolable. Je fais monter le Pokémon sur le comptoir et je lui tends les fruits à couper, il ne fait pas trop de dégâts aujourd'hui, il a eu une grande amélioration depuis les derniers jours. Une fois que nous avons fini de tout couper, je remercie Reiner alors que je le remets au sol, en venant piquer un morceau de banane au bout de chacun de ses petits couteaux, pour le laisser profiter d'une récompense. Et tout heureux, il part rejoindre Clicker. Ça me permet donc de me faire un smoothie fraises-bananes, auquel j'ajoute du yogourt en piquant la fameuse poudre protéinée d'Elijah. Ça devrait me faire tenir un moment. Oh. Et si j'ai une fringale ? I guess que je peux manger des amandes et du fromage à ma pause du midi, en buvant beaucoup, beaucoup d'eau.
Je finalise mon sac que je me glisse subtilement à la salle de bain. Je passe rapidement une brosse dans mes cheveux, de l'eau dans le visage pour avoir moins l'air d'un frêle enfant victorien qui demande à Mère la permission d'être emmené au jardin pour voir le soleil une dernière dois avant de céder à la tuberculose, et je me brosse les dents. Je passe la soie dentaire, et je fronce les sourcils en posant les yeux sur ce vilain espace entre mes deux palettes avant. J'en veux tellement à ma mère de ne pas avoir investi dans notre santé buccale, à Ponyboy et moi. Avoir eu des broches, j'aurais sans doute eu une dentition plus esthétique et je n'aurais pas ce vilain espacement entre mes deux dents d'avant. Pas que c'est hyper dérangeant mais BON.
Je peux finalement partir. Je me change rapidement dans mon uniforme de travail, le fameux jumpsuit noir beaucoup trop chaud et pas très sexy, mais on est contents que ce soit ça plutôt que nos propres vêtements qui se font brûler par des tisons ou de la soudure. Je balance mon sac par-dessus mon épaule, que je regarde Clicker et Reiner.
« À ce soir, vous deux ! Restez sages, d'accord ? »
Mais alors que j'allais mettre la main sur la poignée, je tombe nez à nez avec la porte qui s'ouvre sur mon petit ami en uniforme d'officier. À 6h pile poil, il revient de son quart de nuit, et c'est un peu comme une récompense de le croiser juste avant que je parte pour ma propre journée de travail. Je sens un sourire fendre mes lèvres que j'agis faussement par surprise
« Ah ! Si c'est pas Inspecteur Carotte ! Je vous jure que j'ai rien fait cette fois, m'sieur l'agent... »
Je m'approche doucement de lui pour venir l'embrasser timidement sur la joue. Qu'est-ce qu'il a l'air épuisé. Bon. Je peux retarder mon départ de quelques minutes pour prendre le temps avec lui.
« Une grosse nuit de travail, de ce que je vois ? »
Tu dis me mentir. Mais que sais-tu réellement à mon sujet, Piper? Que sais-tu réellement sur moi. Ah non, pas Elijah. Mais sur moi, Gregory. Je te mens depuis le premier jour et pourtant, tu aimes tellement ce fil de mensonge. Ce mensonge que je tisse depuis si longtemps, j’ai peur de me prendre les pattes et trébucher sur le fil de la vie, encore une fois. Parce que vois-tu, je ne suis pas sensé être à tes cotés. Je serai sans doute dans un sac au fond de la rivière qui sépare Voltapolis à Nemerya.
Sans doute aurait-ce été préférable pour toi. Sans doute aurait-ce été préférable pour Lui. Sans doute aurait-ce été préférable pour moi
J’ai tellement le mal de vivre. Je me perds dans une vie que j’invente au fur et à mesure. Je me perds dans une identité qui n’est même pas la mienne. Qui suis-je réelleemnt?
Je n’ai pas envie de te faire du mal mais pourtant, j’ai tellement… Besoin de toi. J’ai tellement besoin de sentir ta peau si douce et frêle du bout de mes doigts. J’ai tellement besoin de venir déposer mes lèvres sur les tiennes. Et justement, en prenant ton visage à deux mains, je déposais enfin mes lèvres sur les tiennes. Le geste était jaloux, je l’étais. Je sentais mon échine frissonner sous ce geste si simple, si doux et pourtant, tellement salvateur. J’en fermais les yeux, alors que ma main gauche glissait le long de ta mâchoire pour caresser tes mèches. Ce qui me permettait de saisir ta nuque, alors que je prenais les devants en rendant le baiser plus langoureux, plus audacieux.
Je souffle par le nez, n’oublions pas de respirer, alors que je l’enlace. Je veux sentir son corps encore un peu contre le miens.
Doucement Elijah, il ne faudrait pas qu’elle pense que…
… Ah. En fait, elle le voulait elle aussi?
« Piper… »
À nouveau, mes lèvres se posèrent sur les siennes, alors que mes mains glissaient dangereusement le long de son corps. Je la sens frissonner, je la sens trembler, alors que mes mains se glissent sous son t-shirt pour venir en caresser sa fine petite taille. Elle est telelemnt petite, j’ai presque peur de lui faire du mal. D’ailleurs, j’en relève les yeux vers elle, non sans gagner un petit sourire en coin.
« Je serai doux… »
J'en espérais pas autant d'elle honnêtement Malgré notre relation secrète d'un an sur les internets, jamais je l'ai obligé à une relation exclusive. Elle était libre. Je ne voulais pas être celui qui l'empêchait de vivre sa vie et expérimenté proprement. J'étais déjà en faute en m'intéressant à elle. Je n'allais pas rendre mon crime plus grand encore. Le simple fait de pouvoir consumer notre relation ici même, ce soir, dans cet appartement un peu pauvre de Voltapolis me comblait parfaitement déjà. Un baiser et la voilà allongée sur le dos, sur ce vieux canapé moisi. Honnêtement, j’ai eu mieux comme contexte de première relation. Mais cette légère maladresse rend le tout plus… Agréable? Plus réel? Moins forcé surtout. Car si je connais Piper depuis quelques années, elle n’est qu’une étrangère pour mon corps. Je la découvre enfin, sous toutes ses facettes, alors que nos corps s’offrent jalousement l’un à l’autre. Nos soufflent s’emmêlent ensemble, son petit corps est secoué de spasme. Je pourrais passer des heures à l’admirer ainsi. Elle à ce je ne sais quoi qui me fascine.
Les choses que je lui ferai… Mais est-ce que je la mérite seulement…?
[Artiesta 2022]
Et pourtant…? Cela allait faire bientôt deux ans qu’elle vivait à mes cotés. Bon, beaucoup de choses ont changés entre temps. Nous avons déménagés à Artiesta, nous habitons un appartement nettement plus spacieux, lumineux et au gout du jour. J’ai même mon propre bureau! Ah! Entre temps, j’ai récupéré mon badge d’officier. T’inquiète Invité, j’ai fait les trucs proprement cette fois.
D’ailleurs, je ne suis plus un bébé policier à qui on ne fait pas confiance. J’ai fait mes preuves et j’ai récemment été promu à titre d’Inspecteur! Bon, je vise surtout être Inspecteur-Chef mais chaque chose en son temps. Je suis assez satisfait avec ma position actuelle, même si cela inclut son lot de responsabilité. Mais bon, it is what it is comme on dit.
Malheureusement pour Piper, je couvre un shift de nuit aujourd’hui. Et si ce n’est pas le genre de shift que je préfère, ça me permet de me perdre dans ma tête, tout en restant à l’affût. Et pour être occupé… Ce fut terriblement long et pénible comme soirée. Entre un adolescent trop confiant qui essayait de braquer une station service, un couple qui se menace un peu trop fortement et un SDF un peu trop chiant, j’étais… Servi.
D’ailleurs, j’en poussais un lourd soupir en montant dans ma voiture. Quelle heure est-il? 5:27. Ah Pip Squeaks va bientôt se réveiller…. Ça me donne le temps de faire un arrêt rapide pour elle avant son départ. Heureusement, vu l’heure pire que matinale, le trafic est quasi inexistant. Ça ne me déplait pas, ça me permet de faire mon petit achat pour Roxy plus rapidement ainsi.
D,un coup de talon, je refermais la portière de ma voiture, sac de papier dans la gueule, un cabaret de boisson chaude d’une main, les clés de l’autre. J’en avais l’air un peu con, honnêtement. Mais j’étais conscient que le temps était un peu contre moi. Ce pourquoi je m’empressais de monter les escaliers, insérer la clé dans la serrure, avec beaucoup de difficulté, soyons franc. Et alors que je poussais la porte….
« Mhm! »
Ah oui. Officier Carotte, c’est moi ça. Un rictus m’échappait, alors que je lui tendais ce satané sac de papier pour ainsi regagner accès à ma délicieuse voix de Galorien qui à un peu trop fumé dans les dernières années.
« Livraison spéciale pour Pip Squeaks! Un bagel nature au beurre et une vanille française. ~ »
Si elle venait m’embrasser sur la joue, je déviais le visage pour forcer un contact entre nos lèvres, non sans venir la serrer contre moi. Bon, je visais surtout de lui bloquer les mains derrière le dos. Mais avec un cabaret dans la main, j’étais un peu limité dans mes mouvements. Malheureusement pour elle.
« Cette fois, huh? ~ »
SI je la gardais jalousement dans mes bras, non sans l’embrasser au creux du cou, sa question ne manquait pas de me faire soupirer, alors que tu venais presser mon front contre le sien.
« Mandez n’était pas là ce soir, son gosse était supposément malade. Alors devine qui s’est tout tapé seul comme un grand? » Tu roulais des yeux, non sans soupirer au passage. « Mais je suis heureux de pouvoir te voir, j’espérais te croiser avant d’aller au lit. Ça va me permettre de faire des rêves nettement plus agréable… ~ »
Oh, Elijah, tu n’aurais pas dû. Je lui souriais de manière sure alors que je prenais le café trop calorique ainsi que le sac de papier entre mes mains. Même si souvent, mon petit ami se mettait au-travers de mon chemin lorsque venait le temps de me pencher sur ma ligne, je ne pouvais pas me fâcher. Il voulait bien faire. Je suppose ?
Je soupirais un peu alors que je l’embrassais sur la joue. Bien évidemment, il devait venir ruiner mes plans en détournant la tête pour accéder à mes lèvres à la place. Je ricanais un peu, as if que ça me dérangeait…
« Avoir su, je me serais pas fait un smoothie… On échange ? »
Je lui tendais ma bouteille remplie de mon smoothie fraise-banane fait avec l’aide de Reiner. Oui, il fallait le créditer, je vous rappelle qu’il travaille très fort en jouant à Fruit Ninja IRL. Elijah m’empêchait de sortir de l’appartement, sûrement qu’il voulait plus que simplement me croiser. J’étais d’avance, j’avais du temps à lui accorder bien évidemment. Et si je le taquinais, il sous-entendait que je faisais des trucs illégaux… Bon… Ça, c’est une histoire pour un autre moment. Disons que même si notre relation va bien en ce moment, Elijah et moi avons eu nos hauts et nos bas. Je croisais les bras alors que je m’appuyais au cadre de porte, en face de lui, et je soupirais.
« T’as pas besoin de Mandez, t’façon. T’es le plus fort. »
Je pensais sans doute trop haut de mon petit ami, mais honnêtement ? Ça m’est égal. Je l’aime, il m’aime, on s’aime. Alors oui, peu importe la façon dont il travaille, Elijah sera toujours pour moi le meilleur. Mon Officier Carotte. Il me soulignait qu’il était content de me croiser. Je sentais de légères rougeurs brûler mes joues alors que ce stupide sourire venait fendre mon visage, bien que je déviais les yeux pour ne pas donner trop facilement cet honneur à mon homme. J’suis pas nunuche. Je suis juste en amour, peut-on réellement me blâmer ?
« J’essaierai de terminer plus tôt, aujourd’hui, si tu veux qu’on passe un peu de temps ensemble. »
Je pouvais rien garantir, mais pour le moment, c’était tranquille au garage, en-dehors de cette nouvelle recrue qui me faisait faire tout son taf…
« …Si Matthew travaille pas, ça devrait aller assez vite. »
Je soupirais en roulant les yeux, je n’avais pas beaucoup de temps à perdre, il fallait que je me sauve. Et j’haussais les épaules avant de prendre mon sac pour le balancer contre mon épaule, en venant passer une main dans les cheveux de braise de mon homme pour les lui ébouriffer.
« À ce soir. ~ Tu vas me manquer. »
Je le serrais dans mes bras une dernière fois, je l’embrassais et je partais pour ma journée. Est-ce que c’est ça, le bonheur ? La vie simple et douce avec son partenaire ?
[Voltapolis, 2020.]
Ai-je un aussi mauvais caractère ? Pourquoi il fallait que je m’emporte aussi vite ? J’ai souvent vu mes parents s’embrouiller, et pourtant… Pourtant, jamais aussi fort. Est-ce que ça lui faisait aussi mal, à ma mère ? À mon père ? Lorsqu’ils se disputaient ? Parce que moi, je le vis mal. J’ai mal. C’est ma faute. Elijah ne voulait plus me voir, il m’avait dit de sortir de l’appartement. Je ne connais pas Lumiris, je ne te cachais pas que j’étais assez perdu.e à ce moment… Je ne comprenais pas comment on avait pu se rendre à ce point. On est jeunes. On est stupides. On s’embrouille pour des bribes. On se fait du bien, mais surtout, on se fait mal, parfois. C’est inévitable, mais pourtant, j’aimerais l’éviter. J’aimerais tant éviter de me disputer avec lui, ou que mon attitude soit plus clémente lorsqu’il le faut. Elijah, je ne te veux pas de mal, parce que je t’aime, même si nous ne sommes pas toujours d’accord, même si parfois, tu dis des choses qui me dépassent ou tu fais des choses que je trouve pire que con… Je ne suis pas le partenaire parfait, mais j’espère que tu sauras me le pardonner.
Il pleuvait. Il faisait froid, en plein mois de mars. Je sentais les frissons me prendre de pleins fouets, au milieu de la nuit, j’étais en pyjama avec ce maigre manteau sur les épaules. Quelle belle soirée pour me disputer violemment avec mon petit ami. Bon, on en était pas venus à être physiques, disons qu’on savait s’arrêter avant que ça ne dégénère… Mais il m’avait quand même demandé de partir. Peut-être qu’il voulait se calmer ? J’avais trop d’égo pour le supplier de me pardonner, de revenir à l’appartement avec la queue entre les jambes comme un Caninos que l’on venait de gronder. Je travaille en mécanique, je crois que tu as oublié ça Elijah.
J’ai commis mon premier crime, ce soir-là. J’étais entré.e par infraction dans la voiture d’Elijah. C’était le seul toit que je pouvais me mettre sur la tête sans risquer d’attraper la mort, je vous dirais. J’étais… très en colère. J’avais honte. Bref, un joyeux festin d’émotions négatives que je devais filtrer dans ma solitude. Je m’étais blotti.e au creux de la banquette de cuir froide, contre laquelle je frissonnais. Je me servais de mon manteau comme couverture. J’avais connu plus confortable, comme lit, c’était chose certaine, mais au moins, j’étais à l’abri même si nous étions dans les bas-quartiers de Voltapolis, et j’étais au sec. Je n’avais pas envie de parler avec lui. Il allait devoir faire le premier pas, pas moi. J’étais assez… borné.e, quand venait le moment de bouder. Oh, j’allais bouder tellement fort, Elijah tu ne sais pas ce qui t’attend.
Boy oh boy, Piper… Par où commencer? Cette façon… Quasi obsessive de surveiller de trop près sa ligne avait tendance à me fatiguer. Oh pas que j’aimerais que mon partenaire gagne du poids, ce n’est pas ma place de me prononcer à ce sujet. Non. C’est plutôt le fait de voir Piper si mal, si peu manger en fait. Surtout avec son boulot quoi. Ce serait comme faire un shift de 12 heures avec Mandez avec un smoothie et quelques amandes dans le corps. Alors oui, oui j’allais faire chier en lui emportant à manger. Oui j’allais faire chier en lui emportant à boire.
« Baster, tu sais que j’arrête chercher du café à chaque fois. Ça t’étonne encore? Vraiment? ~ »
Si je lui prenais sa fameuse bouteille de smoothie, je tendais surtout le bras pour venir l’enlacer. Jalousement. Si bien que j’en plongeais mon nez contre sa chevelure. Ses cheveux sentaient bon, je pouvais sentir ses produits capillaires à l’agrume, alors que je soupirais quelques instants. Après un shift chiant, j’avais bien besoin de ce genre de contact. Même si le tout serait, malheureusement, bref. Après tout, quelqu’un devait bosser. Et moi? Qu’est-ce que j’étais pire que fatigué. Je me retenais de lui bailler au nez. Enfin, c’était avant qu’un rictus m’échappe à cette flatterie. Oh en effet, je n’avais pas besoin de Mandez mais bon, un officier est toujours mieux en équipe de deux que seul. Ça évite les situations non réfléchis, enfin, il parait.
« Le plus fort hein? »
Un léger sourire caressait mes lèvres, alors que mon regard azuré s’illuminait à l’idée de passer du temps de qualité en sa présence ce soir. Ça tombait bien, aujourd’hui, j’étais en congé La première fois depuis… Ah trop longtemps. Alors la possibilité de passer plus qu’une nuit aux cotés de Piper suffit pour raviver le jeune enfant excité en moi, alors que je revenais l’enlacer. Enfin, avant d’éclater de rire face à cette remarque concernant son petit nouveau. Comme quoi les nouveaux étaient chiant peu importe le domaine, n’est-ce pas?
« Bah il a intérêt à ne pas te faire chier, sinon je vais le priver de son privilège de rotules ce soir. ~ »
Serait-ce une menace, Elijah? Haha… Non. Non, je ne fais pas de menace. Je ne fais que des promesses. Un soupire, un roulement d’yeux qui me provoquait un peu trop facilement, un baiser volé et voilà que nos chemins se séparaient à nouveau pour 10 longues heures. Je regardais Piper s’éloigner, alors qu’un soupire s’échappait de mes lèvres. Autant en profiter pour dormir un peu entre temps. Quoi que la vie avait d’autres plans. Puisque dans ma route pour aller à la salle de bain fut interrompu par ce… Mon Scalpion, un peu trop heureux de me voir. Il brandissait un peu trop fièrement les bras, recouverts par des bébés mitaines, alors qu’un soupire, encore, m’échappait. Et ce, alors que je m’abaissais pour venir lui caresser la tête.
Est-ce que ça pouvait vraiment être aussi simple…?
[Voltapolis, 2020.]
Un épais nuage de fumé s’échappait de mes lèvres, alors que je pestais encore une fois. Non. Non, absolument rien n’est simple dans la vie. Autrement, pourquoi est-ce qu’on se prendrait la tête pour de telles… Conneries?! Je sentais mon sang bouillir au fond de mon âme alors que… je me dégoutais moi-même.
Pourquoi en vieillissant, je deviens une copie parfaite de Lui? Ça m’écœure. Il m’écœure tellement. JE m’écœure.
Récapitulons, tu veux bien Invité? Non? Well, just too bad.
Piper et moi avons, ce qu’on appelle, de très fortes personnalités. Et si ça évite de rendre les soirées lourdes et ennuyantes, cela n’empêche pas des situations un peu moins… Agréable, pour dire ça gentiment. Et avec ma patience légendaire et le manque de tact aussi légendaire que chiant de Piper et bien… Ce n’était pas atypique de voir les choses devenir un peu.. Piquante entre nous? Ah non, pas le genre de spicy kinky hihi. Non. Piper était tout bonnement chiante ce soir. Et malheureusement pour elle, je n’étais pas d’humeur joueuse ce soir. Je n’étais pas d’humeur tout bonnement. Mauvaise journée au boulot? Moui, j’avais encore du mal à dissocier boulot et vie privée. Le trauma, tout ça, sans doute. Mais ça… Piper peut pas savoir. Piper ne doit jamais savoir.
Et ce qui devait arriver, arriva, comme on dit. Nous nous sommes disputés. Longuement, des remarques assez snarky ce sont échappés ici et là. Et maitres dans l’art dans la provocation, comme nous étions, c’est devenu très vite, très laid. Si bien que je sentais mon corps trembler sous la colère. Sous la… Rage? J’en remuais même les doigts, faisant craquer mes jointures, sous l’adrénaline. Ce n’est pas le moment de flancher, Gregory.
Mais Piper pouvait être tellement… Soupe au lait par moment. J’ai finalement craqué.
… Huh? Ah non, débile, je l’ai pas frappé! Non… Je l’ai… Mise à la rue. Oui, réaction logique, de mettre une jeune femme à la rue, vêtue que de son pyjama, en plein mois de Mars, pluvieux. Dans les chauds quartiers de Voltapolis. Écoutes, j’avais eu l’idée du siècle. … Non en fait, je suis vraiment débile. Mais je n’allais tout de même pas revenir vers elle, la queue entre les deux jambes. Nuh huh, c’était à elle de s’excuser d’abord et avant tout. C’était à elle de….
« … »
… Pourquoi ne réponds-tu pas au téléphone Pip Squeak..?
La nuit fut… Terriblement chiante et horriblement trop courte. Ou trop longue? Mon sommeil était pire qu’inexistant. Ma fatigue pire que pressante en ce moment, alors que j’appelais ma partenaire pour la… Ah. 47ième fois depuis notre dispute. Et toujours rien. Ça me rendait pire que nerveux. Si bien que j’en prenais congé au boulot pour me mettre à sa cherche. Je m’habillais vite fait avant de prendre la porte à mon tour, ouvrir la portière de mon véhicule et sitôt assied, sitôt j’ajustais mon rétroviseur avant de figer en voyant…
« Roxy?! »
Depuis quand? Comment surtout?! Je ne lui avais pas donné mon double de clé pourtant. J’étais tellement confus entre le soulagement de la voir saine et sauve, visiblement. Mais surtout… J’étais en colère? Comment osait-elle entrer par infraction dans MON véhicule? Heureusement ce n’était pas mon véhicule de patrouilleur, ce serait bien gênant. Et si je la fixais lourdement, j’en échappais finalement un profond soupir, alors que je me retournais pour mieux lui faire face.
Je ne sais pas trop comment j’ai fait pour dormir. Il faisait froid. J’entendais la pluie tambouriner la fenêtre de la voiture d’Elijah. La cuirette du banc de la voiture se réchauffait sous mon corps qui tremblait, alors que je m’abritais de mon manteau en guise de couverture. Mon téléphone était mort, et même s’il ne l’était pas, ce n’était pas comme si j’avais un endroit où aller, une personne que je pouvais contacter. Enfin, mes collègues de travail, peut-être… Était-on assez proches pour ça ? Non… Mon orgueil était trop grand pour demander de l’aide à qui que ce soit.
Je n’ai pas pleuré, ce soir-là. Je n’allais pas donner l’honneur à Elijah de me faire du mal, de me faire pleurer et de me mettre à l’envers. Pas pour une stupide dispute qui aurait pu mieux terminer. Alors j’ai fermé les yeux. J’ai fermé les yeux alors que j’écoutais le son de la pluie qui tombait contre le verre trempé. Chaque cliquetis qu’elle entraînait. Je me recroquevillais contre la banquette, au creux de cette minable pièce de tissu qui égouttait encore d’eau froide. J’ai soupiré et aussi rapidement que je me souvienne, j’ai pu trouver un semblant de sommeil.
…
Même le soleil qui se levait n’avait pas réussi à me réveiller. Mais mon soi-disant petit ami qui était débarqué en trombe en faisant claquer brusquement la porte de sa voiture suffisait pour me faire sursauter. Il ne m’avait pas remarquée. Je sentais ma respiration s’alourdir. Pourquoi est-ce que ça m’imposait un stress ? Je tentais si bien de la contrôler, comme si je ne voulais pas qu’il me remarque. Cependant, j’étais aussi subtile qu’un Pachyradjah dans un magasin de porcelaine, dans son véhicule, il m’avait repérée tout de suite. Il avait utilisé ce surnom que seul lui utilisait. Roxy. Un surnom qui faisait référence à mon deuxième prénom, que seul Elijah connaissait. Que seul Elijah utilisait. Je sursautais alors que je lui gardais le dos tourné en me recroquevillant sur moi-même. Vois-tu, j’ai un caractère plutôt, comment dire… Rancunier. Et Elijah n’est aucune exception à ma rancune. J’avais ces choses qu’il m’avait dites sur le cœur. Et je pense que j’avais du mal à passer par-dessus. Il m’avait appelé une seconde fois en remarquant que je l’ignorais. Je sentais ses yeux posés sur moi, et je ne pouvais que froncer les sourcils et serrer les dents. Il n’allait donc pas lâcher l’affaire ?
« Tu m’adresses la parole juste parce que j’suis dans ta voiture. »
Une assomption, oui. Mais je ne suis qu’un petit être fait de dépit entraîné en réaction de chaîne par ces stupides assomptions. Sois patient avec moi, Invité. Avec un peu de chance, tu arriveras aussi à m’apprécier malgré… Mon caractère. Avant qu’il ne puisse répondre quoique ce soit, je m’étais retournée pour lui faire face. Oh, par mon regard même, il pouvait très probablement voir que je n’avais pas eu la nuit du millénaire malgré mon réveil. J’étais encore en colère contre lui.
« J’arrive pas à croire que tu aies osé faire ça, Elijah. Et toutes ces choses que tu m’as dites, je les oublierai jamais. »
Je m’assoyais sur la banquette, les bras croisés. Le soleil venait éclairer ma petite silhouette, mettant en valeur le violet de mes yeux alors que je regardais mon partenaire directement dans les siens.
« Tu m’as compris ? JAMAIS, Elijah Lawrence. Jamais j’oublierai ça. »
[Artiesta, 2022.]
J’avais complètement oublié.
« …5….4….3….2….1…. Bonne année !! »
…Bon. C’était pas vraiment la fête de l’année, si je pouvais être honnête. Elijah et moi ne sommes pas vraiment des adeptes des gros rassemblements et des petites fêtes avec la famille et les amis. Si je peux vous avouer, je n’ai… Pas vraiment d’amis. Enfin, j’en ai deux, des amis en ligne, mais je ne sais pas si ça compte. Je venais boire mon verre de limonade rose après avoir trinqué avec Elijah. Ah, ouais, avec ma condition et ma médication, surtout, je n’ai pas le droit de trop boire. On était tous les deux sur le balcon de notre appartement, à l’extérieur, emmitouflés sous une chaude couverture. Le ciel de minuit était complètement dégagé, et seule la lune nous éclairait, alors que je levais les yeux au ciel. Les feux d’artifice du nouvel an, comme il y en avait toujours à Artiesta, avaient commencé. Un rouge. Un doré. Un orangé. Je souriais légèrement en coin alors que je regardais les lumières danser dans le ciel, en venant appuyer ma tête contre l’épaule de mon petit ami. Je n’aurais pas pu demander mieux. Les choses s’étaient replacées, et elles allaient bien. J’inspirais l’air frais légèrement empesté par l’odeur du tabac, qui ne me faisait plus rien maintenant que je vivais avec mon roux bien-aimé. Je n’avais pas besoin de grand-chose. Juste de petits moments comme ça avec celui que j’aime.
« Tu as pensé à tes résolutions pour 2022, Elijah ? »
Je levais mes améthystes sur lui alors qu’un léger sourire taquin venait se dessiner sur mes lèvres.
« Pour ma part… Allez, je fais un effort, je vais essayer d’être plus ordonné. Je te jure je vais essayer fort ! »
Je venais doucement ricaner alors que je me blottissais contre lui. Jamais dans ma vie, je n’aurais pensé trouver ce parfait petit bonheur. Un train-train quotidien (presque) normal, dans lequel je pouvais trouver un confort rassurant. Je t’aime, Elijah Lawrence. Merci de me donner cette vie ennuyante, mais pourtant parfaite. Et merci de me la faire vivre à tes côtés.
Oh je ne suis pas étranger au caractère bien trempé de mon gremelin de compagnie. J’ai l’habitude de son coté disons très… Soupe au lait? Suceptible? Mais par moment, c’est plus violent. Deux personnes au caractère un peu trop fort qui veulent absolument avoir raison. Qui veulent absolument être celui en contrôle. Et pourtant? Ce contrôle me glisse de plus en plus des doigts. Piper n’est pas comme Lui. Piper ne dépend pas de moi comme Lui. Piper n’est pas comme Lui. Et ça me frustre. Ça me frustre tellement. Pourquoi les choses ne vont pas comme moi je le désire? Pourquoi est-ce que je ressens autant le besoin de tout contrôler?
Pourquoi suis-je plus en colère que soulagée en la retrouvant. Elle est pourtant que dans ma voiture. Mais justement, le fait qu’elle soit dans ma voiture fait bouillir mon sang de rage. Est-ce dû au fait qu’elle a break in, ou plutôt le fait d’avoir été ignoré? J’en suis crispé. Je serre doucement les mains sur mon volant.
Inspire Elijah, ce n’est pas le moment de faire une crise.
… Et ce, même si elle, elle fait une crise. Tu vaux mieux que ça.
Et si elle décide de m’ignorer au début, depuis à mes appels, voilà qu’elle accepte enfin de me faire face pour tout bonnement m’attaquer, encore? Je soupire. Lourdement. J’en ferme même les yeux quelques instants.
Est-ce vraiment ça vivre en couple? Ça me fatigue tellement déjà…
Je l’écoute à moitié. Je laisse ma propre colère de coté pour la laisser me faire des reproches encore et encore. Mon silence est lourd. Mais je sais que répliquer serait plus… dangereux pour nous. Je suis quelqu’un d’impulsif. De colérique. Alors que je sois apte à rester aussi… Calme malgré tout? Tu es chanceuse d’être une femme Piper.
« C’est bon, t’as terminé? » … Mais ma patience à tout de même ses limites.
[Artiesta 2022]
New year, new me. Un sourire caresse mes lèvres, alors que mes bras se resserrent un peu plus fermement contre la fine taille de Piper. Oh ce n’est pas la sortie de l’année. Mais je préfère être au calme, dans mon petit appartement, avec ma partenaire, qu’être le centre de l’attention downtown. J’ai assez donné. J’ai… trop donné. Alors que ça? Être simplement lové contre ma source de réconfort, ma routine. C’est tout ce dont j’ai besoin. Je suis même gentil, je me suis contenté d’un rosé faible en alcool pour accompagner Piper dans sa non permission de boire. Depuis son diagnostique, je fais plus attention à elle. Physiquement comme mentalement. C’est comme si la savoir si malade à un aussi jeune âge m’avait fait réaliser à quel point la vie est si fragile. Et malgré les disputes passées… Je l’aime ma Piper. Bon, elle a un caractère bien chiant par moment mais c’est ma routine. Mon univers tout entier. Surtout depuis que Bonnie nous a quitté subitement l’hiver dernier.
Maintenant ce n’est que Piper et moi. C’est… presque étrange. Et pourtant? Je me retrouve à sourire, à l’embrasser sur le front, alors qu’elle, elle admire les feux d’artifices du nouvel an.
C’est ça le bonheur?
« Bonne année Roxy. ~ »
Ah c’est l’heure des résolutions qu’on va tenir tout juste deux semaines avec un peu de chance? Je fait mine de réfléchir. Je ne sais pas trop ce que je pourrais demander de plus. J’ai une carrière qui me fait vibrer, j’ai une relation relativement stable. J’ai… presque tout ce dont je pourrais rêver.
N’est-ce pas?
« Ordonné huh? J’te paries un diner à Nemerya que ça ne durera pas plus que deux semaines. ~ »
Encore et toujours, cet éclat de rire m’échappait, alors que je déposais mes lèvres contre sa tempe, non sans resserrer un peu plus jalousement mon étreinte contre son frêle petit corps.
« Pour ma part… J’aimerais profiter un peu plus des petites choses de la vie… Et moins crouler sous le boulot. La vie est tellement courte, je ne voudrais pas me réveiller seul et aigris à 40 ans et regretter notre jeunesse. On a encore tant de chose à vivre Pip Squeak… »
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