Piper Roxanne Reed
Feat. Lio Fotia - PROMARE
19 ans
Mécanicien.ne
14/06/2002
Aucune Faction
Galar - Paddoxton
Artiesta
Elle/Iel
Groupe
Efficace
Réaliste
Indépendant.e
Rancunier.e
Borné.e
Vulgaire
Would you like me to be smaller, weaker, softer... Taller...?
Piper Roxanne Reed. Parlons de ce qui te hante, dis-moi. Ton physique, ton identité, oui ?
Tu es un petit être confus. Tu n’arrives pas à t’identifier à un genre spécifique; être une femme ne semble pas te convenir, mais être un homme te semble aussi déplacé. Tu vacilles indécisivement dans ta façon de t’identifier. Tu as adopté une apparence parfaitement androgyne, tu te bats pour garder ton manque de courbes. Tu as coupé tes cheveux, tu as fait en sortes de ne pas trop avoir l’air de Dora l’Exploratrice en les décolorant en blond platine.
Et ainsi ? Tu… Te sentais mieux.
Tu avais l’impression d’être dans ce parfait juste milieu; tu passes facilement pour une fille, comme pour un garçon. Ou aucun des deux. Dans tous les cas, tous les pronoms te vont. Tu ne t’offenses pas si on n’arrive pas à déterminer ton genre, tu n’en as pas.
Ton apparence fait souvent la controverse de plusieurs débats. Si ta famille et les gens les plus proches de toi t’appellent Piper ou Roxanne, tu te fais passer pour un garçon dans le milieu de ton travail. Tu n’as pas envie de t’attirer des ennuis ou des remarques misogynes de la part de tes pairs, et jusqu’à présent, ils semblent respecter tes pronoms. Au garage, tu t’appelles Sodapop, et tu es un jeune garçon Galorien, qui a récemment emménagé Artiesta. Malgré ta petite taille et tes allures féminines, tes collègues te respectent à cause de ton sale caractère et ton manque de gêne à les remettre à leur place.
D’ailleurs, dernier détail sur toi; tu es malade, Piper. Vraiment malade.
Tu souffres d’anémie, en plus d’avoir fait une mononucléose dans les deux dernières années. Si ton épuisement est beaucoup moins commun, tu as l’impression d’être beaucoup plus fébrile et faible qu’auparavant. Tu n’aimes pas que les gens aient pitié de toi, et tu as tendance à t’entêter d’aller au-dessus de ta condition afin d’éviter que les gens le remarquent.
Tu passes parfois tes journées à dormir pour rattraper l’épuisement. Tu passes tout droit, tu n’entends pas ton alarme le matin, ou même il y a des jours où tu ne te réveilles pas du tout. Depuis cette fameuse mononucléose, tu n’es plus la personne que tu étais lors de ton adolescence; tu n’aimes pas consommer, tu ne sors plus autant qu’avant, tu préfères passer une soirée à regarder des séries Netflix avec Elijah. Enfin… Plutôt avec Clicker, depuis qu’il a eu sa promotion. Mais bon. Ces jours où tu ne te réveilles pas, ils te gênent et te frustrent. Tu aurais aimé pouvoir contrôler ces épuisements, car tu n’aimes pas passer pour quelqu’un de paresseux ou qui n’est pas motivé.
...would you like me to be quiet...?
Parlons de ton comportement, maintenant. Car il y en a, des choses à dire.
Tu es une personne qui ne déplace pas beaucoup d’air. Tu n’es pas timide, tu as simplement des tendances plus observatrices et patientes. Tu n’aimes pas faire les premiers pas en amitié; tu es solitaire et assez peu sociable. Tu préfères attendre que l’on vienne te parler plutôt que de prendre une initiative à lancer une conversation. Tu ne parles pas pour ne rien dire; tu n’aimes pas le small talk. Tu es quelqu’un d’indépendant, tu n’as jamais vraiment aimé avoir besoin d’autres personnes dans ta vie. Tu fais tes petites affaires de ton côté et ça te va très bien ainsi. Tu n’as pas besoin d’ami.es, avoir trop d’interaction sociale t’épuise et t’agresse. Tu n’as pas le temps de te concentrer dans de profondes amitiés; ton travail est important pour toi, et tu t’y donnes en y mettant presque 100% de ta concentration. Tu ne pourrais pas dire si tu essaies de fuir quelque chose ou si tu essaies de t’assurer une stabilité financière en faisant autant d’heures supplémentaires au garage, on n’est jamais trop prévoyant, non ?
Tu ne t’entends pas bien avec la majorité des gens. S’ils blâment ton mauvais caractère, tu blâmes ton côté réaliste. Tu ne vas pas bercer tes pairs d’une illusion utopique, tu as tendance à leur dire la vérité crue même si elle fait mal. Tu n’es pas une personne très appréciée; tu parles mal aux gens, tu ne prends pas de temps pour les inconnus et tu n’est pas des plus sympathiques. On pourrait même aller jusqu’à dire que tu es vulgaire; tu abordes des sujets controversés comme si ce n’était rien, tu ne te soucies pas des cordes sensibles des gens qui t’entourent. Tu as vu et vécu beaucoup de choses, Piper, alors de ton œil, ces sujets sensibles, ils ne sont pas si profonds.
Au travail, tu es efficace, tu es extrêmement habile. Les moteurs n’ont plus de secrets pour toi; et vous avez un petit running gag qui s'est instauré "si Sodapop ne peut pas le réparer, personne ne peut".
Parlons un peu de ta relation avec tes parents ? Je vais faire court : Tu te fiches de ta mère, et tu as fait tout le chemin de Galar à Lumiris pour retrouver ton père. Tu as vécu dans un côté de la médaille toute ta vie, et tu te meurs à l’idée de connaître la version des faits de ton père par rapport au passé de ta famille.
Même si ta relation avec tes parents est chaotique, tu adores ton petit frère. Tu l’as presqu’élevé toute seule, depuis ton adolescence. Tu es aussi proche de ta tante paternelle, et c’est souvent vers elle que tu te tournes en cas de problèmes. Elle a toujours été là pour toi, et tu es encore en contact avec elle malgré la distance.
Parlons d’un sujet sensible, d’ailleurs. Elijah.
Is that not what you wanted ?
Ah, Elijah, ton petit ami, celui qui t’a d’ailleurs mis un toit sur la tête. Il t’a sans doute plus éduqué que n’importe qui d’autre sur cette planète; pas nécessairement d’une bonne façon. Si votre relation était pleine de belles choses et de feux d’artifice au début, tu étais jeune. Trop jeune pour lui. Elijah, il t’énerve, il te frustre, il te fait peur même, dans ses éclats de colère, parfois. Mais tu te sens comme si tu étais coincé.e avec lui. Il est ta routine, ta sécurité. Vous vivez des hauts, malgré les bas. Ça allait bien jusqu’au décès de sa Laporeille, oui. Et récemment c’est… étrange.
Vous vous disputez souvent, vous vous menacez, il t’a jeté dehors plus d’une fois. Jokes on him, tu as trouvé un moyen de t’incruster dans sa voiture pour y passer la nuit. Oui, Elijah est un problème, mais tu as développé une bonne partie de ta maturité, de ton intuition et de ta débrouillardise grâce à ta relation avec toi. Oh, tu aimerais parfois le quitter, lorsque tu te sens comme si ça n’allait pas. Mais tu n’arrives pas à t’imaginer sans lui; tu l’aimes et vous passez de bons moments ensemble, et tu ne veux pas perdre ça. Tu t’accroches à ces doux moments avec un certain désespoir, comme si tu voulais les revoir de plus en plus présents.
Ce n’est qu’une mauvaise passe, non ?
…non ?
Cette petite Vorastérie retrouvée dans un conteneur à déchets derrière le garage lors d’une froide nuit d’octobre.
Tu ne sais pas trop comment elle s’est retrouvée là, mais ça ne peut qu’être un abandon cruel. Elle n’était qu’une petite chose fraîchement sortie de son œuf, sans défense, enfoncée dans un sac poubelle au centre d’une pile de vieux pneus. C’était son ‘frère’, un petit Scalpion, qui t’avait alerté de sa présence. Et tu l’as sortie de cette mort certaine, de peine et de misère.
Oh, tu t’es fait piquer par cette Vorastérie. Tu as passé la nuit à l’hôpital pour qu’on puisse extraire le venin de ta plaie, honnêtement, tu as failli gravement t’empoisonner. Mais malgré tout, ça ne t’a pas repoussé d’elle. Ce n’est qu’un bébé que tu as apprivoisé et élevé toi-même.
Tu l’as surnommée Clicker. Elle est mignonne, joueuse et un peu trop affectueuse. Tu as dû lui apprendre à respecter une certaine distance entre elle et les humains afin d’éviter les accidents et les blessures graves. Si elle était frustrée de ne pas pouvoir te donner des câlins, elle a vite compris qu’il ne fallait pas le faire. Clicker n’a pas conscience de sa force ni de sa taille ni ce dont elle est capable. Elle a encore beaucoup à apprendre et tu travailles difficilement avec elle.
Comme c’est toujours un bébé, tu l’emmènes partout avec toi. Tu l’emmènes au garage, où elle passe ses journées à observer minutieusement ce que tu fais, elle te file parfois un maladroit coup de main. Elle fait des siestes dans le bureau de la réceptionniste, elle partage le lunch avec toi, elle embête tes collègues un peu. Malgré tout, elle n’a jamais dérangé, et elle est un peu devenue la mascotte d’où tu travailles.
Tu prends énormément soin de ta Vorastérie; même si tu vis en ville, tu essaies de lui donner l’environnement le plus adapté possible pour elle. Tu la laisses longtemps baigner dans le bain, tu lui donnes aussi une alimentation au cru (ton petit ami a une énorme répulsion pour les morceaux de Corsola dans votre congélateur…) afin qu’elle ne reprenne que du mieux. Et depuis ? Elle se porte à merveille, et tu en prends énormément soin. Tu n’oserais jamais l’avouer ni te lancer des fleurs, mais tu fais un.e excellent.e dresseur.se !
Tu ne sais pas trop comment elle s’est retrouvée là, mais ça ne peut qu’être un abandon cruel. Elle n’était qu’une petite chose fraîchement sortie de son œuf, sans défense, enfoncée dans un sac poubelle au centre d’une pile de vieux pneus. C’était son ‘frère’, un petit Scalpion, qui t’avait alerté de sa présence. Et tu l’as sortie de cette mort certaine, de peine et de misère.
Oh, tu t’es fait piquer par cette Vorastérie. Tu as passé la nuit à l’hôpital pour qu’on puisse extraire le venin de ta plaie, honnêtement, tu as failli gravement t’empoisonner. Mais malgré tout, ça ne t’a pas repoussé d’elle. Ce n’est qu’un bébé que tu as apprivoisé et élevé toi-même.
Tu l’as surnommée Clicker. Elle est mignonne, joueuse et un peu trop affectueuse. Tu as dû lui apprendre à respecter une certaine distance entre elle et les humains afin d’éviter les accidents et les blessures graves. Si elle était frustrée de ne pas pouvoir te donner des câlins, elle a vite compris qu’il ne fallait pas le faire. Clicker n’a pas conscience de sa force ni de sa taille ni ce dont elle est capable. Elle a encore beaucoup à apprendre et tu travailles difficilement avec elle.
Comme c’est toujours un bébé, tu l’emmènes partout avec toi. Tu l’emmènes au garage, où elle passe ses journées à observer minutieusement ce que tu fais, elle te file parfois un maladroit coup de main. Elle fait des siestes dans le bureau de la réceptionniste, elle partage le lunch avec toi, elle embête tes collègues un peu. Malgré tout, elle n’a jamais dérangé, et elle est un peu devenue la mascotte d’où tu travailles.
Tu prends énormément soin de ta Vorastérie; même si tu vis en ville, tu essaies de lui donner l’environnement le plus adapté possible pour elle. Tu la laisses longtemps baigner dans le bain, tu lui donnes aussi une alimentation au cru (ton petit ami a une énorme répulsion pour les morceaux de Corsola dans votre congélateur…) afin qu’elle ne reprenne que du mieux. Et depuis ? Elle se porte à merveille, et tu en prends énormément soin. Tu n’oserais jamais l’avouer ni te lancer des fleurs, mais tu fais un.e excellent.e dresseur.se !
Clicker
Vorastérie
Femelle
Cruauté
tw; troubles alimentaires, sujets médicaux
Je… ne sais pas où commencer.
On me dit que je dois écrire un résumé de ma vie, mais ça dépend. Vous voulez tout savoir ? Ou juste quand ma vie a réellement commencé ? Vous devriez être un peu plus précis, dans vos demandes.
J’ai l’impression que tu as une perverse envie d’apprendre à me connaître. Mais… Pas apprendre à me connaître. Tu veux tout savoir sur moi. Et c’est pour ça que tu as cliqué sur ce stupide petit onglet, non ? Bon, allez.
Puisque tu te meurs d’envie de tout savoir sur moi, je démontrerai de la transparence. Tu peux toujours partir si ça te rend inconfortable, car je vais être assez personnel. C’est bon ? C’est bon.
Je m’appelle Piper. Oui, je sais, c’est vraiment nul comme nom. J’sais pas comment tu le prononces, mais personne le prononce correctement. Répète après moi. Paille-Peur. Piper. C’est bon ? Good.
Ma naissance eut lieu un beau vendredi matin où l’été commençait à doucement s’installer. Ma mère m’a toujours dit « Tu sais Piper, c’était une canicule, et moi, j’accouchais ! Tu te rends compte ? T’as pas choisi ton moment pour venir au monde, ha ha ha ! »
Comme si j’avais choisi de naître un 14 juin. Quand je dis que je suis Gémeaux, les gens partent en peur et me disent que je suis hypocrite.
Peut-être qu’ils ont raison. J’sais pas trop.
B R E F.
Je ne me rappelle pas trop de mon enfance. J’ai grandi comme une petite fille des années 2000 à Galar; mes parents habitaient Motorby et ma tante habitait Paddoxton. Donc, pendant toute l’année je restais chez mes parents, puis lorsque c’était mon anniversaire, on fêtait dans un restaurant à thématique et après, j’allais chez ma tante. Et j’y passais tout l’été. C’était comme ça à chaque année. J’aimais bien Paddoxton, étant enfant, je m’amusais à collectionner les herbes et énerver les Chenipan. Enfin… Surtout, j’allais les nourrir et ils me suivaient. Ma tante n’était pas contente.
Deux ans plus tard, mon petit frère est né. Le 5 Août 2004. Je m’en rappelle pas trop si je peux être honnête… Tu m’excuseras. J’étais un bébé. Mais de ce que ma mère m’a dit, j’avais fait une crise de bacon. T’as déjà vu un bébé faire une crise de bacon au Ikea ? Oui ? Bah c’était comme ça.
Ma mère l’a appelé Ponyboy. C’est aussi pire que Piper. Au moins, les gens prononçaient bien son nom, à lui. Comment tu peux te tromper après tout, ça s’écrit comme ça se prononce. Je me suis toujours demandé pourquoi ma mère nous a donné des noms aussi nuls quand notre père voulait nous appeler Roxanne et Kenickie. C’est quand même vachement plus classe, rétro, j’aime ça. Mais NON, il fallait absolument qu’on soit les SEULS de notre classe avec un nom unique. J’aurais presque dit que ma mère était une mère Pinterest, mais ça existait pas encore en 2002. Enfin, j’pense. Je m’en rappelle pas trop.
J’ai des bons souvenirs avec Ponyboy, aussi loin que je me souvienne. On faisait presque tout ensemble lui et moi. On allait à la garderie ensemble (je vous parle pas du choc lorsque je suis entrée en maternelle, c’était dur pour lui, ses pleurs sont encore gravés dans ma mémoire même si j’étais si jeune), on allait chez notre tante ensemble, on passait Noël ensemble… On a partagé la même chambre longtemps, aussi.
En fait… On a toujours partagé la même chambre.
Malheureusement, nos parents n’étaient pas très fortunés. On vivait dans une petite maison en Motorby, mon père était ouvrier aux mines de Galar et ma mère, je ne l’ai jamais vue travailler. Elle disait que personne ne voulait l’embaucher (va savoir pourquoi…). Je me rappelle qu’elle demandait de l’argent à tout le monde, surtout à ma tante Évangeline. La sœur de mon papa.
Je n’ai pas grand souvenir de mon enfance. C’était assez normal, sauf quand mon père partait loin et que ma mère était stressée. Je m’en rendais compte surtout à la fleur de mon adolescence, quand j’étais en âge de comprendre un peu mieux les trucs de grandes personnes.
Si je te montrais mes bulletins d’école primaire et les commentaires de mes profs, tu ne trouverais rien de juteux ou intéressant. J’étais une bonne petite fille, et une élève modèle. J’étais calme, dans mon coin, et j’avais des bonnes notes, même si je ne m’intégrais pas beaucoup aux groupes ni à mes camarades de classe. Je n’ai jamais eu le besoin d’avoir des ami.es, j’étais très bien de mon côté. Si je voulais sociabiliser, j’allais voir Ponyboy. Personne ne me comprenait autant que lui. Ah ! Fun fact. J’ai engueulé un groupe de garçons qui se moquait du prénom de mon frère. Crois-moi qu’on ne s’est plus jamais moqué de lui. Ah, et quand j’étais en 4ième du primaire, un garçon a regardé sous ma jupe et je l’ai frappé au visage. Ça a surpris mes enseignants que j’aie des comportements turbulents. As if que j’allais laisser quelqu’un me marcher sur les pieds, t’es drôle toi. Dès mon plus jeune âge, je savais.
Je te dirais que… Les choses ont pris un tournant drastique lors de mon adolescence.
Tout est devenu sombre.
Très. Sombre.
Il y a une soirée dont je me rappelle particulièrement, et c’était la soirée où mon père a été arrêté. Les policiers sont venus chez nous, ils ont cogné à la porte. C’est moi qui a répondu, j’devais avoir 12 ans, bientôt 13. C’était le 22 mai, il était aux alentours de 18h. Ponyboy et moi, on mettait la table, comme d’habitude. Mais les officiers étaient là, devant moi, et j’étais figée. J’avais peur, parce que je savais un peu ce que ça voulait dire, la présence policière. Ils ont demandé s’ils pouvaient parler à mon papa, et je leur ai dit qu’on préparait à dîner. Ils ont insisté alors je suis allée le chercher.
Ils ont dit des choses à mon père, des choses que je n’ai pas trop saisies. Mais rien ne bat l’horrible vision de voir son père se faire passer les menottes et emporter, sans savoir ni comprendre ce qui se passe, ou quand ce sera la prochaine fois que tu le verras.
Cet été là, je n’ai pas eu de fête d’anniversaire. Je n’en ai plus jamais eu.
Parce que cet été là, je l’ai passé à accompagner ma mère dans des bureaux d’avocats car elle demandait le divorce de mon père. Vous voulez savoir comment ça a pu se rendre là, hein ?
Eh bien… Mon père a commis de la fraude au sein de la compagnie pour laquelle il travaillait. Demandez-moi pas plus d’infos, j’ai pas revu mon père depuis le 22 mai.
Ce fameux 22 mai.
Je n’ai pas pu assister à ses procès, ni aller le visiter en prison. Il a été renvoyé dans sa région d’origine, Lumiris, pour aller y servir une peine de prison d’au moins 5 ans.
Mon père devait tellement d’argent qu’ils ont tout saisi chez nous. On a eu un mois pour partir, car ma mère n’étant pas employée, ne possédait rien dans la maison où j’ai grandi. On a été jetés à la rue du jour au lendemain.
Bon, on n’était pas sans abri, parce que ma tante Évangeline nous a pris tous les trois chez elle, à Paddoxton. Et on a pu vivre un semblant de vie normale.
J’avais désormais 14 ans, et Ponyboy en avait 13. Notre mère n’était jamais à la maison (elle avait soit disant trouvé un travail, attendez, la suite va vous surprendre) et tante Évangeline travaillait beaucoup. Elle travaillait de soir, et dormait le jour. Du coup, j’ai pris mon petit frère en charge et je l’aidais avec tout. Je l’aidais avec ses devoirs (je vous ai dit que j’étais une élève modèle ? Non ? Bah voilà, vous savez, maintenant), on s’aidait mutuellement à cuisiner et faire à manger. Je ne mangeais pas beaucoup, la nourriture commençait à m’écoeurer. Et j’avais… beaucoup de difficulté avec mon image corporelle. J’avais du mal à l’idée de prendre du poids, de développer des courbes, ça me terrifiait. Alors si je cuisinais pour mon frère, un athlète d’ailleurs, je mangeais le strict minimum, ou rien du tout.
Haha.
Aujourd’hui, je le regrette d’avoir eu cette stupide manière de pensée, parce que j’en ai payé le prix et j’en ai sacrément bavé…
À 15 ans, j’ai fait une mononucléose infectieuse. Bon, j’sais pas si c’était lié à la carence de fer que j’ai eue mais c’était pas jojo. J’étais tellement… épuisée. Je me levais que je voulais retourner au lit; je m’endormais pendant les cours, oublie les séances de sport et tout ça. Ma mère a donc accepté que je prenne une année sabbatique pour prendre du repos, et c’est ce que j’ai fait. Pour mon propre bien. Ça a pris un an où je n’ai rien fait – une longue année, d’ailleurs – et les résultats ne sont même pas si visibles car surprise, je suis aussi anémique, maintenant.
Ils me disaient que je devais manger plus.
Je leur disais « Jamais dans cent ans ».
Ils me disaient d’aller chercher de l’aide psychologique, car de détester autant son corps, ce n’était pas normal.
Je leur disais que je n’avais pas de problème.
Ils ne pouvaient pas me forcer, non ? Même si j’avais une année de retard, et que je ne pouvais pas faire de sport, j’ai passé mes études de base haut la main. Ponyboy était aux portes de l’échec, mais je crois que mon aide a porté ses fruits. On a gradué avec un an d’écart. Au moins, on a gradué !
Ça aurait pu s’arrêter là. Je pourrais te dire que j’ai refusé d’aller à l’université et que j’ai pris un stage dans un garage pour me concentrer en mécanique, que j’avais un talent naturel et que ma carrière m’a propulsé en Lumiris, que j’ai consulté, que je n’ai plus de problèmes et que je suis un bon petit membre responsable de la société.
Je te mentirais, si je te disais ça. Je sais que c’est ce que tu veux entendre, mais ce n’est pas aussi simple, comment ça s’est passé.
Ce n’est pas simple, parce qu’il y a eu Elijah.
Ah, Elijah. Je me rappelle quand je l’ai rencontré, j’allais avoir 16 ans. On s’est rencontrés sur Internet, j’y étais particulièrement active, je te dirais. J’aimais parler avec des étrangers, échanger, tu sais, les trucs d’adolescente. C’était cool. Il m’a souhaité bon anniversaire, on se parlait souvent. Ça m’a touché, qu’on se rappelle de mon anniversaire. Ça me fait toujours du bien.
Elijah avait tout de ce que j’aimais. C’était un garçon plus vieux, il s’inquiétait souvent pour moi et il prenait de mes nouvelles à tous les jours. Un beau roux gentil, un mec de l’université, j’étais aux anges, vois-tu. Je n’avais pas beaucoup de gens autour de moi, et comme toutes les filles, j’avais envie d’avoir un petit ami. Mais les garçons, à mon école, ils ne m’intéressaient pas… Trop laids, trop petits, trop immatures, trop énervants. Il y avait toujours un petit quelque chose qui me repoussait et je n’aimais pas ça. Mais pas Elijah, il ne me repoussait pas. Même au-travers d’un écran, je suis vite tombée amoureuse de lui, c’était probablement naïf de ma part. Je lui ai avoué mes sentiments, et apparemment, ils étaient réciproques ! Et c’était bien… Vraiment bien.
Le premier mois, c’était tout doux et comme un rêve. Le second mois, c’était pareil, mais je commençais à être frustrée. J’avais envie de le rencontrer, des messages et des appels vidéo, ce n’était pas assez. Mais la distance qui nous séparait, Elijah et moi, elle était grande.
Si grande.
Il habitait Lumiris, et moi, j’étais à Galar. Je ne savais pas comment je m’y rendrais; j’allais finir mes études de base, je n’avais pas un rond et je savais que si je commençais à travailler, ma mère me forcerait à tout payer pour Ponyboy et moi, impossible de sauver des sous pour aller rendre visite à mon copain… ça prendrait des années ! Elijah ne pouvait pas venir à Galar, il me disait qu’il était très occupé avec l’université.
Est-ce que c’était naïf de croire ça ?
J’ai fait des recherches, et je devais trouver un moyen facile d’y aller, et vite. J’étais désespérée et j’ai sans doute agi sur un coup de tête.
J’ai agi sur un coup de tête. Oui.
J’ai pris le premier stage qui m’est venu sous les yeux que je pouvais faire à Galar. Un stage en mécanique, c’est cool. Je savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie, et puis, avec les notes que j’avais, je pourrais rentrer n’importe où easy peasy lemon squeezy. Alors je me suis dit, pourquoi pas. Si j’aime pas ça, je quitterai et je serai avec Elijah !
Ma tante Évangeline trouvait ça étrange comme décision radicale, mais si c’était ce que je voulais… Oui. Lumiris avait tout ce que je voulais. Mon père, mon petit ami, et une potentielle carrière. La seule chose qui me manquerait c’était… Ponyboy.
J’ai rempli les papiers et hop, j’étais prête à y aller. Je ne possédais pas grand-chose, et puis, Elijah m’a dit qu’on pourrait habiter ensemble ! Je n’avais pas ce plan au début, mais si ça me permettait de diminuer les dépenses et de passer un peu de temps avec lui… Pourquoi pas !
Next thing I know, quelques mois plus tard, j’étais à l’aéroport et je serrais mon petit frère dans mes bras. Très fort. Comme j’aurais aimé pouvoir le mettre dans mes valises afin qu’il puisse partir avec moi… Mais Ponyboy avait d’autres projets, lui. C’était un athlète. Je lui ai promis que je lui rendrais visite aussi souvent que je pouvais.
Spoiler… Je n’ai pas tenu cette promesse, car je me suis perdue moi-même.
Elijah étudiait pour devenir policier. Moi, je faisais un stage rémunéré pour devenir mécanicienne. On ne se voyait pas très souvent, mais la cohabitation n’était pas trop chaotique; on passait de bons moments, tous les deux. Elijah cuisine bien, il est doux, il est attentionné et il b-… Euh, vous n’avez pas besoin de savoir ça, my bad. J’ai tendance à trop partager.
Tout ça pour dire, c’était comme un rêve. Il avait un Pokémon handicapé, une petite Laporeille qui ne savait plus marcher, elle s’appelait Bonnie. Je l’adorais, elle était si douce, et je passais beaucoup de temps avec elle. J’aimais la brosser et la nourrir, je l’emmenais sur le balcon de notre petit appartement pour qu’elle puisse voir le soleil et profiter de la chaleur de l’été.
Un an a passé, un an où je pouvais me poser des questions en paix. En passant du temps sur Internet et en échangeant avec quelqu’un d’autre qui faisait le même stage que moi, j’ai pu comprendre des choses à propos de moi. J’ai accepté d’aller chercher de l’aide professionnelle (merci à mon titre d’étudiante) et découvrir que ce qui me troublait avec mon corps, c’était mon identité, pas mon poids (bon, si, mon poids était assez lié). J’ai donc reçu mon diagnostique de dysphorie du genre. Et ça a tout changé pour moi. Bon… Je n’en ai jamais vraiment parlé à Elijah, c’était quelque chose que je gardais pour moi. Mais au garage, j’ai commencé à imposer qu’on me réfère au masculin et qu’on m’appelle ‘Sodapop’. Ça me plaît, vraiment. Après des consultations diverses avec une sexologue et une psychologue, j’ai pu mettre un terme sur comment je m’identifiais ; je suis non-binaire. Je suis encore dans le stade d’acceptation, mais je comprends un peu mieux qui je suis et comment je me sens. ‘Fin bref. J’aimerais vous faire un long paragraphe sur cette découverte de moi-même mais… Je trouve que ce genre de chose devrait être normalisé. C’est gros pour moi, oui. Mais ça ne me définit pas entièrement.
Ah. Aussi, j’ai passé mon stage de un an haut la main. La mécanique, c’est plutôt cool. Ils m’ont offert un emploi, et j’ai rapidement accepté, en plus d’aller en procédure d’obtenir ma citoyenneté Lumirienne. En seulement un an, il s’est passé tellement de choses que je ne pourrais pas toutes te les nommer. Mais c’était une bonne année. Pour moi ! Pas pour Elijah…
Parce qu’à l’hiver, très peu avant les fêtes, Bonnie est décédée. Je savais que ça arriverait bientôt… Elle refusait de manger ou de boire, elle ne me laissait pas la cajoler. Un soir, je suis revenu.e du travail, et elle était vraiment amorphe. Ça n’allait pas du tout.
Je savais que c’était le moment et j’ai informé mon petit ami. Il est revenu, mais il n’avait pas le cœur d’assister Bonnie dans ses derniers moments. Je suppose que ça lui faisait trop mal, et je peux parfaitement comprendre. Alors j’ai pris soin d’elle. Je l’ai caressée et rassurée. Je lui ai dit que ça allait bien, et lorsqu’elle a rendu son dernier souffle, j’ai pris soin d’elle comme il se devait. Dans le respect.
J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre. C’était pas facile. Mais je pense qu’Elijah l’a eue plus difficile que moi.
Beaucoup plus difficile.
J’ai senti quelque chose se briser en lui. J’ai vu quelque chose s’effacer dans sa personnalité. Il a terminé ses études et il a commencé à travailler, il faisait beaucoup d’heures supplémentaires. J’avais l’impression qu’il était fâché contre moi et qu’il m’évitait. Il était secret, trop secret, j’ai même mis notre relation en doute, quelques fois. Ça me donnait de l’anxiété. J’en avais jamais vraiment ressenti, auparavant, de l’anxiété. Alors je l’ai confronté. Et je lui ai tout déballé; je lui ai dit que je me faisais passer pour un garçon, comment je me sentais. Il a été très ouvert et réceptif, il n’avait aucun problème avec ça, et il ne m’en voulait pas d’avoir gardé ça sous le tapis. Il m’a juste dit de ne plus le refaire.
Il m’a dit qu’il m’aimait très fort. Je le crois. Je l’aime aussi, très, très fort.
Mais Elijah, il est différent. Je pense que c’est le décès de Bonnie qui l’a affecté. Il ne me parle pas beaucoup de sa vie privée, ni de sa famille, ni de ses amis. Je commence à me demander des choses sur lui, parfois, je le trouve étrange. Je trouve qu’il a l’air plus vieux, parfois ce qu’il me dit ne va pas ensemble. Me mentirait-il ?
J’ai l’impression qu’il me ment, mais je ne veux pas y croire. Je sais qu’il me ment, mais je me voile la face, car je ne veux pas perdre ce que j’ai construit avec lui.
J’ai laissé Ponyboy chez notre tante, tout seul, pour lui. C’est mon plus gros regret, et parfois, il me garde réveillé.e, la nuit. Il me manque, Ponyboy. Je devrais lui envoyer un message…
Mais je travaille, moi aussi. Tout le temps. Je suis fatigué.e, épuisé.e même. Je travaille tellement qu’il y a des jours où je ne me réveille pas, mon patron n’est pas content, mais il connaît ma condition et je suis… fragile à l’épuisement. Récemment, j’ai appris que mon père est sorti de prison, c’est ma tante qui m’a mis la puce à l’oreille.
J’aimerais m’y pencher, mais ça fait un sacré bail que j’ai pas vu mon papa… Ce serait pas bizarre ? Je me dis que je pourrais reprendre contact avec lui quand ce sera le moment. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne peut pas sortir de Lumiris car il a un casier judiciaire. Si Ponyboy veut reprendre contact avec lui, il devra venir ici. Ça me plairait de revoir mon petit frère, ça fait un bail que je l’ai pas revu… Et que je lui ai pas parlé…
Je voulais voir à ça en temps et lieux. J’ai toujours des questions pour mon père, car par rapport à ce conflit, je n’ai que le côté assez exagéré de ma mère, et j’ai l’impression qu’il me manque des morceaux pour comprendre. Pour comprendre pourquoi j’ai dû prendre la responsabilité d’élever mon petit frère. D’avoir le rôle d’un père, d’une mère, d’un frangin et d’un professeur, alors que ma santé ne pouvait pas me le permettre ? Pourquoi ?
Je travaillais. Et je travaillais. Et je travaillais. Je m’enterrais sous les heures supplémentaires, comme Elijah. Sans savoir si je fuyais quelque chose, si je voulais ‘être Sodapop’ plus longtemps, ou si je me créais une sécurité financière. J’en savais trop rien. Mais j’étais fatigué.e. Les moments que je passais avec Elijah, ils étaient bien.
En octobre dernier, alors que je fermais la shop et que je vidais les poubelles, j’ai trouvé une petite créature étrange. Un bébé Pokémon… À Artiesta ?! Pourquoi ?
Je me pose beaucoup cette question. Pourquoi. C’en est pas très santé. Mais il semblait vouloir me montrer quelque chose, et j’ai cédé. Je l’ai accompagné, comme s’il voulait que j’aille fouiller dans les poubelles. Je travaille en mécanique, donc être couvert.e de crasse, ça fait partie de mon quotidien. Les poubelles ne m’écoeurent pas. J’ai donc ouvert le conteneur et j’ai vu le sac bouger.
Il y avait un truc vivant dans ce conteneur, et je devais le sortir.
Si j’ai déchiré le sac, j’ai trouvé un autre bébé Pokémon coincé entre des pneus et je devais le sortir. Sinon, il y connaîtrait une mort lente et pénible, jamais je ne me le pardonnerais. Alors je l’ai fait ; j’ai poussé les pneus et je l’ai prise dans mes bras, cette Vorastérie. Oh, elle m’a piqué.e, oui. À maintes reprises même, et j’ai passé la nuit d’après à l’urgence pour avoir un antidote et que les docteurs s’assurent que je n’aie plus de venin dans mon corps. C’était long et douloureux, mais au moins, personne n’est mort.
J’ai décidé de les prendre sous mon aile et d’en offrir un à Elijah. J’ai gardé la Vorastérie, et il a hérité du petit Scalpion. Elijah n’était…. Pas content. Je pense que j’ai éveillé une forme de réponse traumatique. Il ne s’occupe pas beaucoup de son Scalpion, c’est surtout moi qui le fait. On les a appelés Reiner et Clicker. Les deux nous aiment… Beaucoup. Un peu trop, même, j’dirais. C’est presque malsain, parfois, car les deux sont hyper dangereux. Reiner a une fascination obscure pour mon iPad; parfois, je lui mets des vidéos sensorielles pour bébés et il peut passer des heures à les regarder, c’est bien pour le garder occupé ! Il aime le jeu Fruit Ninja, je lui ai fait des petits gants pour qu’il puisse y jouer sans défoncer mon iPad… Classique, quoi. Il aime les bulles. Il aime aller au parc, il aime beaucoup la glissade et les balançoires. Reiner est comme un enfant émerveillé, c’est adorable et étrange. J’aimerais tant qu’Elijah en prenne soin comme il prenait soin de Bonnie, mais je peux comprendre…
Et Clicker, elle ? Typiquement Vorastérie, elle veut tout manger. J’ai eu des soucis à savoir comment la nourrir, mais après avoir consulté une amie pour me renseigner, j’ai adapté sa diète pour éviter ses rages alimentaires… C’est simple; chaque jour, elle mange deux branches de Corayon crues. Oui oui. Elijah n’aime pas trop, il trouve ça un peu sombre de garder des Pokémon morts dans le frigo mais je dois nourrir mon Pokémon…
Clicker est trop affectueuse. Je dois vraiment lui apprendre à garder une distance, sinon, je vais encore me faire piquer, et je n’ai pas envie de passer une autre nuit aux urgences !
Plus le temps passe, plus je me rapproche d’eux. C’est vraiment beaucoup de travail et de responsabilité, mais on s’habitue !
Elijah et moi, on a célébré le nouvel an ensemble. Nous sommes en 2022. Je n’ai officiellement pas décidé si j’allais rencontrer mon père ou si je laissais cette relation sur la glace. Je n’ai pas reparlé à Ponyboy… Haha. Je dis toujours que je n’ai pas le temps, mais c’est plutôt que je ne prends pas le temps.
Cet été, il aura 18 ans et moi j’en aurai 20. Ça me fait drôle de penser ça. J’aimerais fêter à ses côtés, comme lorsqu’on était des enfants insouciants. Comme ces fêtes d’anniversaire au restaurant thématique. Avec des bonbons, des nappes colorés, des ballons, et un gâteau d’anniversaire trop chimique pour notre bien. Mais je pense que lui et moi, on est trop grands pour ça. Les gâteaux d’anniversaire chimiques ne sont plus aussi excitants que dans mes souvenirs. Les ballons ne me rendent plus heureux.se, mais bien nostalgique. Et les bonbons ? Je n’aime même pas ça, de toute façon. Les restaurants ont tous le même look.
Peut-être que j’ai grandi trop vite.
Ou peut-être que le monde a grandi trop vite, avec moi.
Ponyboy, tu me manques. Beaucoup. Où que tu sois, on ira chercher papa ensemble. D’accord ?
J’espère que tu pourras un jour me pardonner de t’avoir laissé derrière moi, sur une décision impulsive. Je te promets que je ne le referai pas.
Je… ne sais pas où commencer.
On me dit que je dois écrire un résumé de ma vie, mais ça dépend. Vous voulez tout savoir ? Ou juste quand ma vie a réellement commencé ? Vous devriez être un peu plus précis, dans vos demandes.
J’ai l’impression que tu as une perverse envie d’apprendre à me connaître. Mais… Pas apprendre à me connaître. Tu veux tout savoir sur moi. Et c’est pour ça que tu as cliqué sur ce stupide petit onglet, non ? Bon, allez.
Puisque tu te meurs d’envie de tout savoir sur moi, je démontrerai de la transparence. Tu peux toujours partir si ça te rend inconfortable, car je vais être assez personnel. C’est bon ? C’est bon.
Je m’appelle Piper. Oui, je sais, c’est vraiment nul comme nom. J’sais pas comment tu le prononces, mais personne le prononce correctement. Répète après moi. Paille-Peur. Piper. C’est bon ? Good.
Ma naissance eut lieu un beau vendredi matin où l’été commençait à doucement s’installer. Ma mère m’a toujours dit « Tu sais Piper, c’était une canicule, et moi, j’accouchais ! Tu te rends compte ? T’as pas choisi ton moment pour venir au monde, ha ha ha ! »
Comme si j’avais choisi de naître un 14 juin. Quand je dis que je suis Gémeaux, les gens partent en peur et me disent que je suis hypocrite.
Peut-être qu’ils ont raison. J’sais pas trop.
B R E F.
Je ne me rappelle pas trop de mon enfance. J’ai grandi comme une petite fille des années 2000 à Galar; mes parents habitaient Motorby et ma tante habitait Paddoxton. Donc, pendant toute l’année je restais chez mes parents, puis lorsque c’était mon anniversaire, on fêtait dans un restaurant à thématique et après, j’allais chez ma tante. Et j’y passais tout l’été. C’était comme ça à chaque année. J’aimais bien Paddoxton, étant enfant, je m’amusais à collectionner les herbes et énerver les Chenipan. Enfin… Surtout, j’allais les nourrir et ils me suivaient. Ma tante n’était pas contente.
Deux ans plus tard, mon petit frère est né. Le 5 Août 2004. Je m’en rappelle pas trop si je peux être honnête… Tu m’excuseras. J’étais un bébé. Mais de ce que ma mère m’a dit, j’avais fait une crise de bacon. T’as déjà vu un bébé faire une crise de bacon au Ikea ? Oui ? Bah c’était comme ça.
Ma mère l’a appelé Ponyboy. C’est aussi pire que Piper. Au moins, les gens prononçaient bien son nom, à lui. Comment tu peux te tromper après tout, ça s’écrit comme ça se prononce. Je me suis toujours demandé pourquoi ma mère nous a donné des noms aussi nuls quand notre père voulait nous appeler Roxanne et Kenickie. C’est quand même vachement plus classe, rétro, j’aime ça. Mais NON, il fallait absolument qu’on soit les SEULS de notre classe avec un nom unique. J’aurais presque dit que ma mère était une mère Pinterest, mais ça existait pas encore en 2002. Enfin, j’pense. Je m’en rappelle pas trop.
J’ai des bons souvenirs avec Ponyboy, aussi loin que je me souvienne. On faisait presque tout ensemble lui et moi. On allait à la garderie ensemble (je vous parle pas du choc lorsque je suis entrée en maternelle, c’était dur pour lui, ses pleurs sont encore gravés dans ma mémoire même si j’étais si jeune), on allait chez notre tante ensemble, on passait Noël ensemble… On a partagé la même chambre longtemps, aussi.
En fait… On a toujours partagé la même chambre.
Malheureusement, nos parents n’étaient pas très fortunés. On vivait dans une petite maison en Motorby, mon père était ouvrier aux mines de Galar et ma mère, je ne l’ai jamais vue travailler. Elle disait que personne ne voulait l’embaucher (va savoir pourquoi…). Je me rappelle qu’elle demandait de l’argent à tout le monde, surtout à ma tante Évangeline. La sœur de mon papa.
Je n’ai pas grand souvenir de mon enfance. C’était assez normal, sauf quand mon père partait loin et que ma mère était stressée. Je m’en rendais compte surtout à la fleur de mon adolescence, quand j’étais en âge de comprendre un peu mieux les trucs de grandes personnes.
Si je te montrais mes bulletins d’école primaire et les commentaires de mes profs, tu ne trouverais rien de juteux ou intéressant. J’étais une bonne petite fille, et une élève modèle. J’étais calme, dans mon coin, et j’avais des bonnes notes, même si je ne m’intégrais pas beaucoup aux groupes ni à mes camarades de classe. Je n’ai jamais eu le besoin d’avoir des ami.es, j’étais très bien de mon côté. Si je voulais sociabiliser, j’allais voir Ponyboy. Personne ne me comprenait autant que lui. Ah ! Fun fact. J’ai engueulé un groupe de garçons qui se moquait du prénom de mon frère. Crois-moi qu’on ne s’est plus jamais moqué de lui. Ah, et quand j’étais en 4ième du primaire, un garçon a regardé sous ma jupe et je l’ai frappé au visage. Ça a surpris mes enseignants que j’aie des comportements turbulents. As if que j’allais laisser quelqu’un me marcher sur les pieds, t’es drôle toi. Dès mon plus jeune âge, je savais.
Je te dirais que… Les choses ont pris un tournant drastique lors de mon adolescence.
Tout est devenu sombre.
Très. Sombre.
Il y a une soirée dont je me rappelle particulièrement, et c’était la soirée où mon père a été arrêté. Les policiers sont venus chez nous, ils ont cogné à la porte. C’est moi qui a répondu, j’devais avoir 12 ans, bientôt 13. C’était le 22 mai, il était aux alentours de 18h. Ponyboy et moi, on mettait la table, comme d’habitude. Mais les officiers étaient là, devant moi, et j’étais figée. J’avais peur, parce que je savais un peu ce que ça voulait dire, la présence policière. Ils ont demandé s’ils pouvaient parler à mon papa, et je leur ai dit qu’on préparait à dîner. Ils ont insisté alors je suis allée le chercher.
Ils ont dit des choses à mon père, des choses que je n’ai pas trop saisies. Mais rien ne bat l’horrible vision de voir son père se faire passer les menottes et emporter, sans savoir ni comprendre ce qui se passe, ou quand ce sera la prochaine fois que tu le verras.
Cet été là, je n’ai pas eu de fête d’anniversaire. Je n’en ai plus jamais eu.
Parce que cet été là, je l’ai passé à accompagner ma mère dans des bureaux d’avocats car elle demandait le divorce de mon père. Vous voulez savoir comment ça a pu se rendre là, hein ?
Eh bien… Mon père a commis de la fraude au sein de la compagnie pour laquelle il travaillait. Demandez-moi pas plus d’infos, j’ai pas revu mon père depuis le 22 mai.
Ce fameux 22 mai.
Je n’ai pas pu assister à ses procès, ni aller le visiter en prison. Il a été renvoyé dans sa région d’origine, Lumiris, pour aller y servir une peine de prison d’au moins 5 ans.
Mon père devait tellement d’argent qu’ils ont tout saisi chez nous. On a eu un mois pour partir, car ma mère n’étant pas employée, ne possédait rien dans la maison où j’ai grandi. On a été jetés à la rue du jour au lendemain.
Joyeux anniversaire, Piper !
Bon, on n’était pas sans abri, parce que ma tante Évangeline nous a pris tous les trois chez elle, à Paddoxton. Et on a pu vivre un semblant de vie normale.
J’avais désormais 14 ans, et Ponyboy en avait 13. Notre mère n’était jamais à la maison (elle avait soit disant trouvé un travail, attendez, la suite va vous surprendre) et tante Évangeline travaillait beaucoup. Elle travaillait de soir, et dormait le jour. Du coup, j’ai pris mon petit frère en charge et je l’aidais avec tout. Je l’aidais avec ses devoirs (je vous ai dit que j’étais une élève modèle ? Non ? Bah voilà, vous savez, maintenant), on s’aidait mutuellement à cuisiner et faire à manger. Je ne mangeais pas beaucoup, la nourriture commençait à m’écoeurer. Et j’avais… beaucoup de difficulté avec mon image corporelle. J’avais du mal à l’idée de prendre du poids, de développer des courbes, ça me terrifiait. Alors si je cuisinais pour mon frère, un athlète d’ailleurs, je mangeais le strict minimum, ou rien du tout.
Haha.
Aujourd’hui, je le regrette d’avoir eu cette stupide manière de pensée, parce que j’en ai payé le prix et j’en ai sacrément bavé…
À 15 ans, j’ai fait une mononucléose infectieuse. Bon, j’sais pas si c’était lié à la carence de fer que j’ai eue mais c’était pas jojo. J’étais tellement… épuisée. Je me levais que je voulais retourner au lit; je m’endormais pendant les cours, oublie les séances de sport et tout ça. Ma mère a donc accepté que je prenne une année sabbatique pour prendre du repos, et c’est ce que j’ai fait. Pour mon propre bien. Ça a pris un an où je n’ai rien fait – une longue année, d’ailleurs – et les résultats ne sont même pas si visibles car surprise, je suis aussi anémique, maintenant.
Ils me disaient que je devais manger plus.
Je leur disais « Jamais dans cent ans ».
Ils me disaient d’aller chercher de l’aide psychologique, car de détester autant son corps, ce n’était pas normal.
Je leur disais que je n’avais pas de problème.
Ils ne pouvaient pas me forcer, non ? Même si j’avais une année de retard, et que je ne pouvais pas faire de sport, j’ai passé mes études de base haut la main. Ponyboy était aux portes de l’échec, mais je crois que mon aide a porté ses fruits. On a gradué avec un an d’écart. Au moins, on a gradué !
Ça aurait pu s’arrêter là. Je pourrais te dire que j’ai refusé d’aller à l’université et que j’ai pris un stage dans un garage pour me concentrer en mécanique, que j’avais un talent naturel et que ma carrière m’a propulsé en Lumiris, que j’ai consulté, que je n’ai plus de problèmes et que je suis un bon petit membre responsable de la société.
Je te mentirais, si je te disais ça. Je sais que c’est ce que tu veux entendre, mais ce n’est pas aussi simple, comment ça s’est passé.
Ce n’est pas simple, parce qu’il y a eu Elijah.
Ah, Elijah. Je me rappelle quand je l’ai rencontré, j’allais avoir 16 ans. On s’est rencontrés sur Internet, j’y étais particulièrement active, je te dirais. J’aimais parler avec des étrangers, échanger, tu sais, les trucs d’adolescente. C’était cool. Il m’a souhaité bon anniversaire, on se parlait souvent. Ça m’a touché, qu’on se rappelle de mon anniversaire. Ça me fait toujours du bien.
Elijah avait tout de ce que j’aimais. C’était un garçon plus vieux, il s’inquiétait souvent pour moi et il prenait de mes nouvelles à tous les jours. Un beau roux gentil, un mec de l’université, j’étais aux anges, vois-tu. Je n’avais pas beaucoup de gens autour de moi, et comme toutes les filles, j’avais envie d’avoir un petit ami. Mais les garçons, à mon école, ils ne m’intéressaient pas… Trop laids, trop petits, trop immatures, trop énervants. Il y avait toujours un petit quelque chose qui me repoussait et je n’aimais pas ça. Mais pas Elijah, il ne me repoussait pas. Même au-travers d’un écran, je suis vite tombée amoureuse de lui, c’était probablement naïf de ma part. Je lui ai avoué mes sentiments, et apparemment, ils étaient réciproques ! Et c’était bien… Vraiment bien.
Le premier mois, c’était tout doux et comme un rêve. Le second mois, c’était pareil, mais je commençais à être frustrée. J’avais envie de le rencontrer, des messages et des appels vidéo, ce n’était pas assez. Mais la distance qui nous séparait, Elijah et moi, elle était grande.
Si grande.
Il habitait Lumiris, et moi, j’étais à Galar. Je ne savais pas comment je m’y rendrais; j’allais finir mes études de base, je n’avais pas un rond et je savais que si je commençais à travailler, ma mère me forcerait à tout payer pour Ponyboy et moi, impossible de sauver des sous pour aller rendre visite à mon copain… ça prendrait des années ! Elijah ne pouvait pas venir à Galar, il me disait qu’il était très occupé avec l’université.
Est-ce que c’était naïf de croire ça ?
J’ai fait des recherches, et je devais trouver un moyen facile d’y aller, et vite. J’étais désespérée et j’ai sans doute agi sur un coup de tête.
J’ai agi sur un coup de tête. Oui.
J’ai pris le premier stage qui m’est venu sous les yeux que je pouvais faire à Galar. Un stage en mécanique, c’est cool. Je savais pas trop ce que je voulais faire de ma vie, et puis, avec les notes que j’avais, je pourrais rentrer n’importe où easy peasy lemon squeezy. Alors je me suis dit, pourquoi pas. Si j’aime pas ça, je quitterai et je serai avec Elijah !
Ma tante Évangeline trouvait ça étrange comme décision radicale, mais si c’était ce que je voulais… Oui. Lumiris avait tout ce que je voulais. Mon père, mon petit ami, et une potentielle carrière. La seule chose qui me manquerait c’était… Ponyboy.
J’ai rempli les papiers et hop, j’étais prête à y aller. Je ne possédais pas grand-chose, et puis, Elijah m’a dit qu’on pourrait habiter ensemble ! Je n’avais pas ce plan au début, mais si ça me permettait de diminuer les dépenses et de passer un peu de temps avec lui… Pourquoi pas !
Next thing I know, quelques mois plus tard, j’étais à l’aéroport et je serrais mon petit frère dans mes bras. Très fort. Comme j’aurais aimé pouvoir le mettre dans mes valises afin qu’il puisse partir avec moi… Mais Ponyboy avait d’autres projets, lui. C’était un athlète. Je lui ai promis que je lui rendrais visite aussi souvent que je pouvais.
Spoiler… Je n’ai pas tenu cette promesse, car je me suis perdue moi-même.
Elijah étudiait pour devenir policier. Moi, je faisais un stage rémunéré pour devenir mécanicienne. On ne se voyait pas très souvent, mais la cohabitation n’était pas trop chaotique; on passait de bons moments, tous les deux. Elijah cuisine bien, il est doux, il est attentionné et il b-… Euh, vous n’avez pas besoin de savoir ça, my bad. J’ai tendance à trop partager.
Tout ça pour dire, c’était comme un rêve. Il avait un Pokémon handicapé, une petite Laporeille qui ne savait plus marcher, elle s’appelait Bonnie. Je l’adorais, elle était si douce, et je passais beaucoup de temps avec elle. J’aimais la brosser et la nourrir, je l’emmenais sur le balcon de notre petit appartement pour qu’elle puisse voir le soleil et profiter de la chaleur de l’été.
Un an a passé, un an où je pouvais me poser des questions en paix. En passant du temps sur Internet et en échangeant avec quelqu’un d’autre qui faisait le même stage que moi, j’ai pu comprendre des choses à propos de moi. J’ai accepté d’aller chercher de l’aide professionnelle (merci à mon titre d’étudiante) et découvrir que ce qui me troublait avec mon corps, c’était mon identité, pas mon poids (bon, si, mon poids était assez lié). J’ai donc reçu mon diagnostique de dysphorie du genre. Et ça a tout changé pour moi. Bon… Je n’en ai jamais vraiment parlé à Elijah, c’était quelque chose que je gardais pour moi. Mais au garage, j’ai commencé à imposer qu’on me réfère au masculin et qu’on m’appelle ‘Sodapop’. Ça me plaît, vraiment. Après des consultations diverses avec une sexologue et une psychologue, j’ai pu mettre un terme sur comment je m’identifiais ; je suis non-binaire. Je suis encore dans le stade d’acceptation, mais je comprends un peu mieux qui je suis et comment je me sens. ‘Fin bref. J’aimerais vous faire un long paragraphe sur cette découverte de moi-même mais… Je trouve que ce genre de chose devrait être normalisé. C’est gros pour moi, oui. Mais ça ne me définit pas entièrement.
Ah. Aussi, j’ai passé mon stage de un an haut la main. La mécanique, c’est plutôt cool. Ils m’ont offert un emploi, et j’ai rapidement accepté, en plus d’aller en procédure d’obtenir ma citoyenneté Lumirienne. En seulement un an, il s’est passé tellement de choses que je ne pourrais pas toutes te les nommer. Mais c’était une bonne année. Pour moi ! Pas pour Elijah…
Parce qu’à l’hiver, très peu avant les fêtes, Bonnie est décédée. Je savais que ça arriverait bientôt… Elle refusait de manger ou de boire, elle ne me laissait pas la cajoler. Un soir, je suis revenu.e du travail, et elle était vraiment amorphe. Ça n’allait pas du tout.
Je savais que c’était le moment et j’ai informé mon petit ami. Il est revenu, mais il n’avait pas le cœur d’assister Bonnie dans ses derniers moments. Je suppose que ça lui faisait trop mal, et je peux parfaitement comprendre. Alors j’ai pris soin d’elle. Je l’ai caressée et rassurée. Je lui ai dit que ça allait bien, et lorsqu’elle a rendu son dernier souffle, j’ai pris soin d’elle comme il se devait. Dans le respect.
J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre. C’était pas facile. Mais je pense qu’Elijah l’a eue plus difficile que moi.
Beaucoup plus difficile.
J’ai senti quelque chose se briser en lui. J’ai vu quelque chose s’effacer dans sa personnalité. Il a terminé ses études et il a commencé à travailler, il faisait beaucoup d’heures supplémentaires. J’avais l’impression qu’il était fâché contre moi et qu’il m’évitait. Il était secret, trop secret, j’ai même mis notre relation en doute, quelques fois. Ça me donnait de l’anxiété. J’en avais jamais vraiment ressenti, auparavant, de l’anxiété. Alors je l’ai confronté. Et je lui ai tout déballé; je lui ai dit que je me faisais passer pour un garçon, comment je me sentais. Il a été très ouvert et réceptif, il n’avait aucun problème avec ça, et il ne m’en voulait pas d’avoir gardé ça sous le tapis. Il m’a juste dit de ne plus le refaire.
Il m’a dit qu’il m’aimait très fort. Je le crois. Je l’aime aussi, très, très fort.
Mais Elijah, il est différent. Je pense que c’est le décès de Bonnie qui l’a affecté. Il ne me parle pas beaucoup de sa vie privée, ni de sa famille, ni de ses amis. Je commence à me demander des choses sur lui, parfois, je le trouve étrange. Je trouve qu’il a l’air plus vieux, parfois ce qu’il me dit ne va pas ensemble. Me mentirait-il ?
J’ai l’impression qu’il me ment, mais je ne veux pas y croire. Je sais qu’il me ment, mais je me voile la face, car je ne veux pas perdre ce que j’ai construit avec lui.
J’ai laissé Ponyboy chez notre tante, tout seul, pour lui. C’est mon plus gros regret, et parfois, il me garde réveillé.e, la nuit. Il me manque, Ponyboy. Je devrais lui envoyer un message…
Mais je travaille, moi aussi. Tout le temps. Je suis fatigué.e, épuisé.e même. Je travaille tellement qu’il y a des jours où je ne me réveille pas, mon patron n’est pas content, mais il connaît ma condition et je suis… fragile à l’épuisement. Récemment, j’ai appris que mon père est sorti de prison, c’est ma tante qui m’a mis la puce à l’oreille.
J’aimerais m’y pencher, mais ça fait un sacré bail que j’ai pas vu mon papa… Ce serait pas bizarre ? Je me dis que je pourrais reprendre contact avec lui quand ce sera le moment. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne peut pas sortir de Lumiris car il a un casier judiciaire. Si Ponyboy veut reprendre contact avec lui, il devra venir ici. Ça me plairait de revoir mon petit frère, ça fait un bail que je l’ai pas revu… Et que je lui ai pas parlé…
Je voulais voir à ça en temps et lieux. J’ai toujours des questions pour mon père, car par rapport à ce conflit, je n’ai que le côté assez exagéré de ma mère, et j’ai l’impression qu’il me manque des morceaux pour comprendre. Pour comprendre pourquoi j’ai dû prendre la responsabilité d’élever mon petit frère. D’avoir le rôle d’un père, d’une mère, d’un frangin et d’un professeur, alors que ma santé ne pouvait pas me le permettre ? Pourquoi ?
Je travaillais. Et je travaillais. Et je travaillais. Je m’enterrais sous les heures supplémentaires, comme Elijah. Sans savoir si je fuyais quelque chose, si je voulais ‘être Sodapop’ plus longtemps, ou si je me créais une sécurité financière. J’en savais trop rien. Mais j’étais fatigué.e. Les moments que je passais avec Elijah, ils étaient bien.
En octobre dernier, alors que je fermais la shop et que je vidais les poubelles, j’ai trouvé une petite créature étrange. Un bébé Pokémon… À Artiesta ?! Pourquoi ?
Je me pose beaucoup cette question. Pourquoi. C’en est pas très santé. Mais il semblait vouloir me montrer quelque chose, et j’ai cédé. Je l’ai accompagné, comme s’il voulait que j’aille fouiller dans les poubelles. Je travaille en mécanique, donc être couvert.e de crasse, ça fait partie de mon quotidien. Les poubelles ne m’écoeurent pas. J’ai donc ouvert le conteneur et j’ai vu le sac bouger.
Il y avait un truc vivant dans ce conteneur, et je devais le sortir.
Si j’ai déchiré le sac, j’ai trouvé un autre bébé Pokémon coincé entre des pneus et je devais le sortir. Sinon, il y connaîtrait une mort lente et pénible, jamais je ne me le pardonnerais. Alors je l’ai fait ; j’ai poussé les pneus et je l’ai prise dans mes bras, cette Vorastérie. Oh, elle m’a piqué.e, oui. À maintes reprises même, et j’ai passé la nuit d’après à l’urgence pour avoir un antidote et que les docteurs s’assurent que je n’aie plus de venin dans mon corps. C’était long et douloureux, mais au moins, personne n’est mort.
J’ai décidé de les prendre sous mon aile et d’en offrir un à Elijah. J’ai gardé la Vorastérie, et il a hérité du petit Scalpion. Elijah n’était…. Pas content. Je pense que j’ai éveillé une forme de réponse traumatique. Il ne s’occupe pas beaucoup de son Scalpion, c’est surtout moi qui le fait. On les a appelés Reiner et Clicker. Les deux nous aiment… Beaucoup. Un peu trop, même, j’dirais. C’est presque malsain, parfois, car les deux sont hyper dangereux. Reiner a une fascination obscure pour mon iPad; parfois, je lui mets des vidéos sensorielles pour bébés et il peut passer des heures à les regarder, c’est bien pour le garder occupé ! Il aime le jeu Fruit Ninja, je lui ai fait des petits gants pour qu’il puisse y jouer sans défoncer mon iPad… Classique, quoi. Il aime les bulles. Il aime aller au parc, il aime beaucoup la glissade et les balançoires. Reiner est comme un enfant émerveillé, c’est adorable et étrange. J’aimerais tant qu’Elijah en prenne soin comme il prenait soin de Bonnie, mais je peux comprendre…
Et Clicker, elle ? Typiquement Vorastérie, elle veut tout manger. J’ai eu des soucis à savoir comment la nourrir, mais après avoir consulté une amie pour me renseigner, j’ai adapté sa diète pour éviter ses rages alimentaires… C’est simple; chaque jour, elle mange deux branches de Corayon crues. Oui oui. Elijah n’aime pas trop, il trouve ça un peu sombre de garder des Pokémon morts dans le frigo mais je dois nourrir mon Pokémon…
Clicker est trop affectueuse. Je dois vraiment lui apprendre à garder une distance, sinon, je vais encore me faire piquer, et je n’ai pas envie de passer une autre nuit aux urgences !
Plus le temps passe, plus je me rapproche d’eux. C’est vraiment beaucoup de travail et de responsabilité, mais on s’habitue !
Elijah et moi, on a célébré le nouvel an ensemble. Nous sommes en 2022. Je n’ai officiellement pas décidé si j’allais rencontrer mon père ou si je laissais cette relation sur la glace. Je n’ai pas reparlé à Ponyboy… Haha. Je dis toujours que je n’ai pas le temps, mais c’est plutôt que je ne prends pas le temps.
Cet été, il aura 18 ans et moi j’en aurai 20. Ça me fait drôle de penser ça. J’aimerais fêter à ses côtés, comme lorsqu’on était des enfants insouciants. Comme ces fêtes d’anniversaire au restaurant thématique. Avec des bonbons, des nappes colorés, des ballons, et un gâteau d’anniversaire trop chimique pour notre bien. Mais je pense que lui et moi, on est trop grands pour ça. Les gâteaux d’anniversaire chimiques ne sont plus aussi excitants que dans mes souvenirs. Les ballons ne me rendent plus heureux.se, mais bien nostalgique. Et les bonbons ? Je n’aime même pas ça, de toute façon. Les restaurants ont tous le même look.
Peut-être que j’ai grandi trop vite.
Ou peut-être que le monde a grandi trop vite, avec moi.
Ponyboy, tu me manques. Beaucoup. Où que tu sois, on ira chercher papa ensemble. D’accord ?
J’espère que tu pourras un jour me pardonner de t’avoir laissé derrière moi, sur une décision impulsive. Je te promets que je ne le referai pas.
Pourquoi les Météores ?
Tu es manuel.le, tu prends beaucoup d'initiatives par toi-même et tu es débrouillard.e. Tu travailles beaucoup, pour ne pas dire tout le temps. Tu n'as pas beaucoup de créativité artistique, mais on pourrait dire de toi que tu sais quoi faire lorsque tu as des outils ou un moteur entre les mains. Tu trouves facilement des solutions aux problèmes et tu as tendance à penser à l'extérieur de la boîte.
Pseudo(s): Belzebuth (Surtout connu ici en tant que "Bestie Lestie")
Âge: Centenaire
Localisation: Toujours en terrain de poutine, sirop d'érable et d'hivers très froids.
Pronom(s): Il/Iel
Âge: Centenaire
Localisation: Toujours en terrain de poutine, sirop d'érable et d'hivers très froids.
Pronom(s): Il/Iel
Comment nous as-tu trouvé ? // C'était il y a 84 ans...
Ton Pokémon préféré ? // Toujours Pandespiègle (il faudrait que je me le fasse tatouer un jour)
As-tu un parrain ? // Madelyn et Helia mes deux beautés des îles
Qu'attends-tu de Dusk Lumiris ? // Est-ce qu'un jour on pourra trouver Sancoki dans le Pokédex pour que Madelyn soit contente ?
Un dernier mot ? // Coeur sur vous et bisou sur la joue
Ton Pokémon préféré ? // Toujours Pandespiègle (il faudrait que je me le fasse tatouer un jour)
As-tu un parrain ? // Madelyn et Helia mes deux beautés des îles
Qu'attends-tu de Dusk Lumiris ? // Est-ce qu'un jour on pourra trouver Sancoki dans le Pokédex pour que Madelyn soit contente ?
Un dernier mot ? // Coeur sur vous et bisou sur la joue