Nos projets d'emménager ensemble se concrétisaient. Vers Kishika, une petite maison sympathique, près d'un village mais personne collée à nous. J'avais horreur d'être possiblement écoutée.

Nous allions emménager d'ici un bon mois, après les papiers signés et les rendez-vous pris. Une procédure longue et énervante mais bon, c'était nécessaire.

Pour profiter un peu, j'eus appelé Maya pour vouloir la voir et profiter d'elle. Non, juste physiquement.

…

Enfin, de pouvoir la serrer contre moi sans aucune autre pensée.

Quand elle arriva, je vins la serrer fortement dans mes bras.

« Ma chère et tendre petite gothique d'amour sombre que j'aime de tout mon cœur. Nous allons finalement emménager ensemble. N'est-ce pas magnifique ?! »

Surexcitée comme j'étais, je n'arrivais pas à me canaliser, surtout si elle était là. J'embrassai ses lèvres à plusieurs reprises en étant toute joyeuse et presque juvénile.

Dans mon appartement, j'avais commencé des cartons, quelques uns remplis traînaient dans chaque pièce.

Malgré l’incident du bateau, le déménagement avance bien. C’est l’avantage d’être organisée et de tout planifier en amont. De ton côté, tu as eu de la chance, et pour l’instant aucune séquelle grave ne semble exister. Oui, tu restes fatiguée, oui tu ne peux pas faire autant de sport qu’avant et oui tu es toujours sous traitement et en rééducation, mais tu as beaucoup de chance. C’est aussi grâce à la réactivité de Megu, c’est sur. Et en attendant le sacrosaint jour du déménagement, vous continuez de vous voir de plus en plus souvent.

"Ca passe-vite, pas vrai ?"  

On peut encore un peu entendre dans ta voix les dégâts des eaux, mais ça n’est plus aussi grave qu’avant. Heureusement.

"Et je vois que tu es en forme."  

Tu souris. On dit toujours qu’une personne à plusieurs visages et qu’elle choisit à qui elle les révèle. Et une Megumi aussi calme, aimante et tu oserais même dire romantique, il n’y a définitivement que toi qui la voix ainsi.

"Tu as besoin d’aide pour tes cartons, c’est ça ?"  

Tu glousses un peu, tu sais bien qu’elle ne veut pas te voir pour s’embêter, mais bien pour que vous passiez un bon moment ensemble.

« Non ! Non, ne t'en fais pas. Je m'en sors très bien. »

Je ricanai en la regardant avec une tendresse infinie.

Quelqu'un -normalement- vint toquer à la porte. Je haussai un sourcil en quittant l'amour de ma vie pour me redresser.

« Tu as été suivie ? Tu as invitée quelqu'un ? »

Je tournai ma tête vers ma bien-aimée avant de me diriger vers la porte lentement. Je vis Joka grimacer avant de disparaître dans un ricanement étrange.

« … Toi t'es pas normale. C'est qui ? »

J'ouvris lentement la porte et mon visage se décomposa en voyant qui c'était.

Une femme d'un âge mûr au regard rougeâtre, un sourire sincère et bienveillant au visage, une chevelure longue et blonde pour contraster avec son regard intense, dans des habits néanmoins sombres, sobres, avec un style un peu noble. L'homme à ses côtés portait des lunettes arrondies, sa chevelure ébène contrastait, quant à lui, avec un regard vert pomme. Il avait des habits plus formels, une chemise blanche, une veste noire, un pantalon serré sombre.

« Vous... Vous... Vous... Que... Maintenant ?! »

« Oulah, c'est comme ça que tu nous accueilles après plus d'un an sans nous voir ? »

La jeune femme eut un rire léger qui quitta ses lèvres. L'homme eut un rire léger.

Mes yeux se remplirent de larmes tandis que je vins serrer les deux personnes fortement d'un bras.

« Ma puce, nous sommes heureux de te revoir. »

« Qui est donc ton amie ? »

Le regard des deux enlacés se posa sur Maya.

"Okay, je te fais confiance."

Tu es certaine que tu auras des surprises quand lesdits cartons seront dépliés. Pas forcément des bonnes, mais chaque chose en son temps.

"Suivit, je ne pense pas. Et je n’invite personne chez toi sans te demander avant."

C’est sur que ça n’est pas rassurant. Quant à Joka...

"Est ce qu’elle a déjà été normale ?"

D’après toi, non. Mais contrairement à son poulpe, tu n’en as pas peur. Dans tous les cas, c’est a Megumi de gérer la situation donc bon...

Et ça à l’air... complexe ? À moitié. Tu n’as jamais vu ces personnes de ta vie, tu t’attends à devoir défendre ton aimé de ces gens qu’elle n’a pas l’air très contente de voir, avant que tu réalises que tu te trompes sur toute la ligne.

Ce sont ses parents.

Les tiens, tu ne t’entends pas vraiment avec eux. Ce sont surtout de lointains souvenirs. Enfin bonne, la gothique à l’air de bien les aimer alors range ta sorte de jalousie, et va te présenter.

"Bonjour, je m’appelle Maya, et je vous présente Macha."

Oui, tu introduis toujours Macha. Parce qu’elle est au moins aussi importante que toi.

"Peut être que je vais vous laisser ? Je n’aimerais pas déranger vos retrouvailles."

Oui, tu ne précises pas ta relation avec Megumi, car tu sais que certains ne sont pas très ouverts à ce sujet. Oui, tu penses à tes parents...

« Elle est bien formelle. Tu ne nous gênes pas. Bonjour à toi, Maya. Je m'appelle Oswald et voici ma femme Antonne. Nous avons la fierté d'être les parents de cette magnifique mannequin. D'ailleurs, comment cela avance ? »

« Je-Je suis naturelle bien sûr ! Je gagne en notoriété, croyez-moi ! J'ai rencontré Maya quand nos deux agences voulaient un featuring, et- »

« Quel excellent choix ! Nous avons vu et acheté les magazines où vous posez toutes les deux ! Vous êtes deux lumières qui feraient jalouser le soleil. »

Mes joues rougirent légèrement.

« Bi-Bien évidemment ! Sauf que... »

Les deux parents me regardèrent avec amour. Je pris une inspiration profonde avant de m'approcher de Maya et l'embrasser avec une envie concrète, mes mains sur ses joues puis de lentement reculer mon visage et prendre la main de ma bien-aimée.

« Maya est certes une excellente partenaire pour notre métier, mais c'est ma petite amie et je l'espère : MA FEMME ! »

M'écriai-je malgré moi, regardant le sol.

« ... »

« ... »

« Je suis désolée, je n'ai jam- »

« Nous pensais-tu bête ? »

« Ma puce, avec tout le mal que tu disais des hommes, et certains de tes dires sur la gente féminine, nous avions totalement compris. Nous sommes heureux de savoir que tu es heureuse. »

Non. Non non non. Ça paraissait trop simple. Il y avait un problème, une bombe à retardement, une critique qui allait arriver.

De petites gouttelettes coulèrent sur nos mains liées, je pleurai malgré moi, pourquoi je pleurais d'ailleurs ?

Bien sûr que tu es formelle. Tu ne les connais pas, ce sont ses parents, tu fais attention. Très attention même. Donc tu les laisses faire la conversation, et c’est surtout Megumi qui la gère, même si les compliments de ses géniteurs te font rougir. Oui, c’est sur tu es jolie, mais de tels compliments te perturbes toujours.

"Merci..."

Tu es un peu gênée, c’est sur. Beaucoup en faite. Et ça empire avec la réaction de Megumi. Tu t’attendais à tout sauf ça. Pour le coup, tu deviens toute rouge. Oui, tu es - enfin, sera officiellement - sa femme, mais le dire à haute voix... ça surprend. Et tu es contente.

"C’est une bonne nouvelle si vous l’accepter."

Tu serres la main de ton aimée. C’est une très bonne nouvelle.

"Ca te surprend tant que ça d’avoir une copine ?"

Tu souris doucement. En te moquant gentiment, tu obtiens souvent une réaction. Et non, tu ne remarques pas qu’il y a anguille sous roche, tu n’es pas toujours très perceptive.

J'essuyai mes yeux avant de regarder Maya en fronçant les sourcils.

« Quoi ?! Mais non ! »

Je grognai légèrement avant de soupirer longuement. Mon regard se tourna vers mes parents.

« Pourquoi avoir fait tout ce chemin ? Pourquoi ne pas m'avoir prévenue ? J'aurais préparé un repas, un meilleur accueil, j'ai- »

« Calme-toi. Nous voulons juste te voir, toi. Toi. Nous n'avons pas besoin d'être dans une limousine, de marcher sur un tapis rouge. Nous allons tranquillement discuter avec toi, et notre bru, c'est cela ? »

« Si j'abusais un peu, je demanderais même un autographe, mais je n'ai pas envie de rendre jalouse ma fille. »

« Papa. »

Je grognai un peu avant de lâcher ma bien-aimée pour foncer dans la salle de bain.

« Je reviens ! Allez dans le salon ! »

Les deux parents sourirent alors en regardant Maya.

« Appelle-nous par nos prénoms. Ne sois pas gênée. »

« Et tutoie-nous ! C'est difficile au début mais ça ne nous vexera pas, au contraire. »

Les deux eurent un léger rire.

Quant à moi, je cherchais de quoi bien les accueillir dans mes placards.

Ça t’étonne de plus en plus qu’elle soit aussi... stressée de voir ses parents. Oui, la perfection est importante aux yeux de la gothique, mais ce trait est exacerbé par la simple présence de ses géniteurs. Et visiblement, ils ont fait exprès avant de pouvoir être "tranquille", chose que tu ne peux que comprendre et partager. Elle est parfois épuisante a tout vouloir avoir et faire en grand, de manière flashy à outrance. Alors quand elle disparait pour ce que tu imagines se changer, tu soupires un peu.

Et surtout, tu te retrouves seule avec ses parents. C’est une situation légèrement embarrassante, et tu espères qu’elle ne va pas durer longtemps.

"D’accord pas de problème."

C’est bien étrange de tutoyer tes futurs beaux parents, mais ils ne veulent mieux pas les froisser. Et puis bon, pour "éviter" un peu les discussions, tu t’occupes. Proposer à boire, à grignoter... les politesses de base. Mais Megumi étant le cliché des filles qui prennent leur temps, tu ne peux pas échapper à quelques questions. Alors oui, vous vous êtes rencontrée par hasard grâce à vos agents respectifs. Non, ça n’est pas qu’une relation professionnelle pour faire semblant et gagner le cœur des fans ou une autre bêtise du genre. Cette simple idée te rend malade. Et oui, vous vivez ensemble, ou presque. Vous alternez, en quelque sorte. Et oui l’idée du mariage te plait. Et oui, tu commences à en avoir marre des questions, mais ça tu ne peux pas le dire.