La forêt, c’est très différent de la jungle. C’est moins dense, les arbres sont moins hauts et il y a beaucoup de route créer par les êtres humains. Néanmoins, c’était un lieu que Tora et ses amis appréciaient tout particulièrement. Surtout quand ils se promenaient entre les arbres, très loin des activités des êtres humains.
“Massko ! -Tortipouss… -Insécateur !”
Enfin… Promener. Se balader de branche en branche plutôt. Et d’ailleurs, il fallait faire attention : le bois était beaucoup moins solide et notre Tora avait bien failli tomber plusieurs fois. Surtout que Gauthier (Le Tortipouss) n’était pas à l’aise dans ce milieu, elle devait le transporter dans ses bras ou sur ses épaules, lui faisant perdre l’équilibre beaucoup plus facilement. D’ailleurs, c’est en discutant avec Hassam et Gauthier que notre pokémon humain manqua d’attention et tomba méchamment par terre.
“Jungk … ?!”
La pauvre avait mal attérit et son pied la faisait énormément souffrir. Tous ses compagnons s’approchèrent d’elle, inquiet de son état surtout en voyant qu’elle avait du mal à se relever sans aide. Arf, plus de balade pour notre amie, elle avait besoin de baie pour la guérison de son pied et surtout beaucoup de repos pour sa pauvre patte. Jukain (le massko) pouvait facilement reconnaître les Baies et Hassam (L’insécateur) pouvait les couper et les récupérer. Ils se proposèrent donc de se lancer dans cette quête épique, écoutant les conseils de Tora sur comment reconnaître les baies avant de partir. Gauthier, lui, préféra rester avec son amie qui s’allongea contre un arbre, profitant de la fraîcheur du vent. A défaut de pouvoir se déplacer correctement, elle pouvait toujours utiliser des techniques d’intimidation ou s’enfuir du mieux qu’elle pouvait. Puis le Tortipouss avait également de la ressource à vendre.
“Torti ? -Torti Tortipouss.”
Et si Gauthier parlait un peu de sa précédente vie ? Cela ferait un bon sujet de conversation pendant que le duo va chercher ce qu’il fallait.
Le calme de la forêt n'a pas d'égal à Lumiris. Lorsqu'on s'enfonce suffisamment, il devient difficile de croiser âme qui vive dans les parages, mais c'est justement ce qui me plait. Je n'aime pas avoir à côtoyer tous ces dresseurs qui passent près de chez moi, à la recherche d'un pokémon sauvage, de l'arène ou d'un affrontement contre mon frère, qui s'est fait assez connaître parmi les voyageurs de la forêt d'Ehretia. Pour ma part, je reste distante et j'ai encore du mal à m'intégrer, autant parce que je ne me sens pas à ma place parmi tous ces dresseurs que parce que je n'ai pas envie de me mêler à de telles personnes. Leur point de vue diffère vraiment du miens et j'ai encore du mal à l'accepter. À comprendre que l'on puisse demander à de pauvres pokémons de combattre pour soit, alors que cela risque de les blesser. Par chez moi, au moins, je trouverai cette solitude qui me manque tant. Ce calme qui me permet de me reposer vraiment.
Je marche parmi les arbres, cachée des rayons du soleil grâce aux feuilles qui couvrent la vue du ciel. Seuls les bruits de quelques pokémons sauvages se font entendre, ainsi que le vent qui souffle parfois les branches. Du moins, c'est d'abord le cas, jusqu'à ce que j'entende au loin le craquement d'une branche et le bruit d'un objet qui tombe lourdement au sol. Je m'arrête en même temps qu'Azuris, ne pouvant voir directement d'où provient ce bruit, celui-ci semblant venir d'assez loin. Soupirant, je décide d'aller voir. Même si je n'ai pas envie de croiser quelqu'un présentement, je ne vais pas non plus laisser une personne blessée sans lui proposer mon aide. J'espère seulement qu'il ne s'agit pas d'un dresseur ayant tenté de monter à un arbre pour capturer un pokémon, comme je le vois souvent...
C'est sur cette pensée que je me dirige vers la source du bruit. Je ne tarde pas à atteindre ma destination, bien qu'il m'a fallu chercher un peu. Lorsque j'arrive, je vois au sol une jeune femme accompagnée d'un pokémon. De ma position, je ne peux pas voir son visage, mais son apparence m'a quelque chose de familier. Je décide alors de m'approcher, écrasant dans un craquement sonore une branche tombée au sol.
Ainsi, sa précédente dresseuse l’avait confondu avec un pokémon insecte et elle voulait lui faire des concours ? Et la question qui allait naturellement venir à Tora était la signification exacte d’un concours, mais pas le temps, un gros bruit de fit entendre. Le genre de bruit lorsqu’un prédateur débutant oublie de faire attention au branche sous ses pattes, bois qui craque dans un bruit sonore et ruinant la discrétion de l’attaque. Ni une, ni deux, Gauthier saute des bras de Tora et se met devant elle, prêt à la défendre. Oui, il n’était guère bon au combat, il le savait très bien, mais il utilisa tout de même l’attaque Repli pour augmenter sa défense et être prêt. L’amitié passait avant sa peur.
« Toooooortiiiiiipouuuuuusss ! »
Le petit pokémon hurlait fort pour que la frayeur ne ralentisse pas ses mouvements. Pendant ce temps, Tora s’appuya contre l’arbre pour se mettre en position debout et attrapa sa lance, prête à se défendre. Les conditions n’étaient pas optimale, mais s’ils arrivaient tout les deux à tenir la position, le temps que leurs deux compagnons reviennent, alors il y avait une chance. Un animal blessé est toujours plus méfiant, c’est ainsi. Cependant, la sauvage tenta tout de même de mettre en place un dialogue. Peut-être n’était-ce qu’un pokémon sauvage qui passait par là et qui s’était montré curieux de l’état de Tora. Oui, c’était possible.
« Jungko ? Juuuuuungko ko jungko. »
La jeune femme se présentait et indiquait que ses intentions était pacifique. C’était la douleur à sa cheville qui la faisait réagir de manière aussi excessive et elle s’en excusait… Bon. Plus qu’à attendre de voir comment les événements allaient se dérouler.
Je m'arrête de bouger lorsque je vois le Tortipouss en mode défensif. Azuris se rapproche, d'abord surprit par l'attitude de l'autre pokémon tout en étant méfiant, puis se détendant peu à peu. Il comprend que le Tortipouss se sent seulement menacé et qu'on l'a surprit. Pour ma part, je n'ai pas le temps de m'attarder longtemps là-dessus. Lorsque celle qui accompagne le petit pokémon se lève tout aussi défensive que son compagnon, je fronce d'abord les sourcils. Je ne pourrais dire pourquoi, mais son visage m'est familier. Ce n'est que lorsqu'elle commence à parler que des souvenirs me remontent. Autant tout semblait être un rêve à cette époque et je l'ai donc longtemps refoulée, autant il est difficile d'oublier complètement une humaine sauvage.
— Kaimi ! Kaiminus !
Azuris n'hésite pas à répondre à la jeune femme devant nous, lui jurant que nous ne leur voulons aucun mal et que nous ne sommes là que dans le but de les aider. Ils semblent bien se comprendre, ce qui n'est pas surprenant quand on sait qu'elle doit avoir vécu toute sa vie avec des pokémons. Est-elle vraiment celle que j'ai vue dans la jungle ? Tout cela me parait tellement étrange, tellement irréel. Je reste un instant silencieuse et pensif, la dévisageant avec surprise, alors qu'Azuris continue le dialogue jusqu'à ce que je ne l'interrompe.
— Tu... tu me sembles... familière ?
Si j'ai commencé ma phrase avec un ton presque affirmatif, on peut clairement y sentir les questions que je me pose. J'espère presque qu'elle pourra me confirmer si elle est bel et bien celle de mes souvenirs. Difficile d'imaginer plusieurs personnes dans son cas, mais en même temps, tout ça ne fait pas de sens. Et puis, qui sait, si c'est le cas, elle risque de ne pas se rappeler de moi, après toutes ces années...
Le petit Tortipouss était bien nerveux et il ne décida de se calmer que lorsque son amie lui assurait qu’elle faisait confiance au petit crocodile bleu. Gauthier resta tout de même devant Tora pour la défendre, au-cas où. Depuis qu’il vivait avec elle, sa méfiance envers les humaisn et les pokémons dressés était devenue excessivement immense. Notre amie sauvage, elle, était partisanne de la diplomatie et du dialogue, aussi, elle n’eu aucun mal à croire le nouveau venu et préféra utiliser sa lance comme pied de remplacement pour l’aider dans ses déplacements et soulager sa pauvre cheville.
Sa congénère se montra bien silencieuse avant de prononcer quelques mots. La voix de la jeune femme ne lui disait rien non plus, comme ses paroles très hésitantes.
“Fa… Familière ?”
Tora pencha la tête sur le côté en signe d’interrogation. Non. Elle ne comprenait pas ce mot. Le Tortipouss commença alors la petite traduction en expliquant que l’humaine se demandait si elle se connaissait. Là tout de suite… Cela ne lui disait pas grand-chose. Elle se serait souvenue si elle avait croisé une grande humaine blonde avec un Kaiminus dans la jungle.
Je secoue la tête lorsqu'elle parle de sa blessure. Observant son pied, ce n'est que là que je réalise qu'elle semble avoir de la difficulté à marcher. Sans doute est-ce pour cela qu'elle use de sa lance comme soutient. Je m'approche d'elle, avant de m'arrêter, incertaine qu'elle ne réagira pas avec méfiance une fois de plus. Pour l'instant, mes questions devront attendre. Il est plus important de m'assurer qu'elle n'ait rien de grave et de l'aider que de savoir s'il s'agit bel et bien de la jeune fille que j'ai rencontré dans la jungle lorsque j'étais toute petite.
— Est-ce que je peux voir ta blessure ? Je pourrais peut-être t'aider.
Je regarde Azuris, comme pour lui dire de m'aider à lui parler. Elle ne semble pas aussi bien maîtriser le langage humain que celui des pokémons, du moins à voir comment elle a eu bien plus de facilité à comprendre mon petit kaiminus qu'à me comprendre moi. Et puis, s'il s'agit bien de l'adolescente de mes souvenirs, alors il est normal qu'elle ait de la difficulté à parler notre langue si elle a toujours vécu dans la jungle.
La jeune femme blonde semble comprendre que Tora avait quelque difficulté à marcher et s’approche de quelques pas avant de s’arrêter à une distance de sécurité assez raisonnable. Après tout, le Tortipouss était encore un peu nerveux, il valait mieux rester prudent pour le moment. La congénère proposa alors quelque chose que le Kaiminus traduit aussitôt.
“Oui ! -Torti ? -Tortipouss.”
Tora en profita pour rassurer son ami quadrupède qui décida de se mettre à côté d’elle. Cela leur permettait de passer tout en restant suffisamment proche pour intervenir en cas de besoin. La jeune femme faisait un signe de sa main libre pour inviter les deux individus à s’approcher et à faire ce qui leur semblait bon de faire.
J'acquiesce au signe de la main de la Jungko sauvage -qui ne semble plus l'être autant qu'avant ou tout du moins, qui semble avoir rejoins la civilisation loin de sa jungle- et me penche une fois proche d'elle pour observer sa jambe. Je ne fais d'abord que regarder, puis j'approche mes doigts et effleure doucement sa peau, m'assurant ainsi que je ne la blessera pas. Sa cheville est enflée, mais je ne pense pas qu'elle se soit brisée l'os, du moins ce n'est pas l'impression que j'en ai. Je me recule alors, déposant le sac accroché à mon dos au sol pour y prendre quelque chose.
Je sors quelques bandages, ainsi qu'un petit pot contenant un onguent fait main, m'assurant de ne faire aucun geste brusque qui pourrait énerver le Tortipouss. Il semble déjà sur ses gardes et je le comprend. Les gens venant dans la forêt ont rarement de bonnes intentions envers les pokémons, du moins pour quelqu'un qui n'en apprécie pas la capture c'est l'avis que je me fais. Personnellement, si l'on venait à m'attaquer pour m'enfermer dans une sphère métallique, je n'aurais pas bien plus confiance en tous ceux qui tenteraient de s'approcher de moi. Je montre donc ce que je tiens à la jeune femme et à son pokémon, expliquant bien ce que je m'apprête à faire. Azuris en fait à chaque fois la traduction pour aider à ce qu'ils comprennent mieux, voyant bien qu'ils ont plus de facilité à le comprendre lui qu'à ne me comprendre moi.
— C'est une crème qui va aider pour l'enflure. Je vais mettre un bandage aussi pour que la crème ne sèche pas trop rapidement et que la peau l'absorbe bien.
Alors que je dis cela, j'ouvre le pot et en montre le contenu à tous ceux à proximité, laissant une odeur de plantes s'en échapper et envahir mes narines. Azuris fronce le visage et recule, son odorat bien plus sensible que le mien. Il couvre son visage de l'une de ses mains, utilisant l'autre pour lever son pouce et montrer ainsi que c'est une bonne chose malgré la mauvaise odeur. Il ne reste plus qu'à avoir l'autorisation pour en étendre.
Le Tortipouss se montra nerveux du début jusqu’à la fin de l’examen. Son corps tremblait de peur, mais on le sentait cependant prêt à donner un méchant coup de tête si son amie souffrait. En parlant d’elle, Tora se montrait plutôt confiante et se laissait manipuler assez tranquillement. Les méthodes de soin qu’elle connaissait s’appliquait particulièrement aux pokémons de type Plante, même si cela avait déjà marché pour Hassam. Qui mieux qu’une humaine pouvait soigner une autre humaine ?
La jeune femme se montra curieuse lorsque la blonde attrapait quelque chose dans la main. Heureusement, sa congénère semblait très proche de son ami pokémon et celui-ci prit le temps de traduire tout ce qu’elle disait. Evidemment, il n’utilisait pas les mêmes mots techniques, plutôt des descriptions, mais cela suffisait pour que les deux sauvages comprennent qu’elle savait ce qu’elle faisait. Même si l’odeur était… forte. Pour être poli. Le Tortipouss recula, supportant aussi bien que le Kaiminus.
« Oui. »
Pour accompagner son autorisation, elle avait fait un petit mouvement de la tête. Si vous croyez que les plantes qui guérissaient les pokémons sentaient toute la rose, vous vous mettez le doigt dans l’oeil. Cependant, pour faciliter la pose du bandage et du beaume, la jeune femme se permit de s’allonger par terre. De toute façon, Tora sentait bien qu’elle n’allait pas pouvoir bouger correctement durant quelques jours, autant se reposer tout de suite.
« Quoi dans … truc ? »
C’était plus de la curiosité innocente et intéressée que de la méfiance.