William Alden
Feat Zenjirou Kogure de Tokyo Ravens (Anime)Description de votre personnage
Le type qui me regarde dans le miroir tous les matins est de taille moyenne, relativement musclé (normal pour un pompier professionnel, après tout) et aux grands yeux bleu acier. Bon, par contre, pour les cheveux, rien à faire : les rebelles bruns ont proclamé leur indépendance depuis longtemps, et restent ébouriffés contre vents, marées et coups de peigne.
Malgré mes efforts en la matière, les gens que je croise remarquent vite que je boite. Il y a quelques mois, j’ai été blessé lors d’un incendie, et ma jambe droite en gardera les stigmates à vie. Évoquer cet incident m’est toujours pénible, donc je préfère généralement ne pas trop m’attarder sur le sujet. Selon les jours, la simple vue d’un pokémon feu peut suffire à assombrir mon humeur, acidifiant mon humour ou me plongeant dans une mélancolie pensive.
Enfin bref, passons. Je reste quand même plutôt sociable (après 9h du matin), parfois un peu dans la lune. J’adore les jeux de société, les reportages pokémons en milieu hostile et les pommes. C’est bon, les pommes.
Une fois habitué à ses extravagances, Joe se révèle néanmoins un très bon compagnon, volontaire et enthousiaste. Si vous le voyez prendre un air un peu perdu, c'est normal. Ses migraines ont tendance à provoquer des amnésies passagères. Ou alors, il s'est juste vraiment perdu. Ou les deux en fait...
histoire
Ça déménage
Fatigué, je m’affale le canapé flambant neuf avec une grimace. Autour de moi, la maison commence enfin à ressembler à quelque chose. Bon, bien sûr, il reste pas mal de cartons, mais le coup de main d’Elena et de son Makuhita a bien aidé.
Repenser à elle me fait sourire. Toujours aussi énergique, la frangine ! Ces trois ans à Lumiris n’ont pas entamé son caractère enjoué, et elle a débarqué à 8h30 pétantes dans mon nouveau chez moi. Perso, j’avais encore le nez dans mon bol de muesli, le cerveau encore en pilote automatique. Comme quoi, certaines choses ne changent jamais vraiment. Enfin bref, on a pas arrêté depuis ce matin : cartons, bricolages divers, visite commentée des environs… J’ai fais de mon mieux pour assimiler la montagne d’infos qu’elle m’a fait passer en quelques heures sur la ville, les transports, les activités culturelles, sa start-up, son petit copain, le pâtissier-du-coin-qu’elle-avait-vu-en-passant-mais-dont-la-vitrine-avait-l’air-sympa…
…
Il est 21 heures passé, et elle vient de repartir pour Nemerya à vol d’Airmure (Plume ? Tornade ? Je ne sais plus son surnom). Super journée, mais je suis crevé. On a pas mal bougé, mais je n’ai pas osé lui dire à quel point ma jambe droite me faisait mal. Si elle l’a remarqué, elle n’a rien dit.
Seconde nuit dans ma nouvelle chambre, rien à déclarer. J’ai dormi comme un Dodoala. Aujourd’hui, je finis les cartons ! Ça tombe bien, on est dimanche, donc je peux aller à mon rythme cette fois. Je déballe donc toutes les affaires restantes, et le salon redevient une fois de plus un bazar pas possible. M’enfin bon, c’est un vrac organisé, et c’est pour la bonne cause. Au final, il y a un peu de tout, du gros manteau d’hiver à l’album photo bourré de souvenirs. Je l’avais embarqué celui-là ? Avec un sourire vaguement mélancolique, je me met à feuilleter les pages. Les photos en famille, dans la première maison, à Azuria. Les dernières vacances à la montagne, où Elena avait fêté son anniversaire, quelques jours avant de partir pour Lumiris pour son job…
Et puis cette photo là. Celle avec trois solides gaillards, en tenue de pompier, souriant à l’objectif. Markus, au centre, avec son Staross sur les épaules. Lucien, à droite, de loin le plus baraqué du lot. Et puis un troisième, cheveux bruns, un peu en retrait. On dirait moi. Sauf que celui là, il se tient bien campé sur ses deux jambes.
Aujourd’hui on était dimanche et j’étais censé finir les cartons, mais la nausée qui m’a saisi a ce moment là a coupé net mon élan.
Il était une fois un pompier
Il faisait chaud, ce matin là. Chaud et sec, avec un méchant vent Sud/Sud-Est. Le genre de météo cauchemar au boulot, surtout quand ça fait presque deux semaines que ça dure. A la caserne, on est tous sur les rotules. Sur les rotules et sur les dents, comme souvent lorsque qu’on est en période à risque comme celle là. Enfin, je dis on, mais je suis de repos aujourd’hui. Officiellement en tout cas, parce que là j’ai du mal à me détendre pour de bon. Même confortablement installé dans ma chaise longue à l’ombre dans le jardin, verre de limonade à la main et doigts de pied en éventails, je ne suis pas tranquille. Mes pensées n’arrêtent pas de se tourner vers les gars de mon équipe, qui sont au front en ce moment même. L’incendie de la forêt de Jade est tenu en respect, mais impossible de le maîtriser complètement avec ce fichu vent. Chaque rafale m’inquiète, chaque bruit un peu fort me fait presque sursauter. Je garde constamment un œil sur le site internet de la caserne, mais rien de détaillé ne filtre. Au bout d’une heure, je n’y tiens plus. Je rentre enfiler ma tenue et mes bottes, et je sors. Jour de congé ou pas, personne ne crachera sur un gars en plus au vu des circonstances. Je m’arrangerais avec Jerry pour compenser quand les choses se seront calmées.
Au début, j’ai pensé que c’était encore mon cerveau stressé qui me jouait des tours. Mais non. Alors que je suis en train de marcher à grands pas, le vent porte jusqu’à moi une odeur que je reconnaîtrais entre mille. Fumée. J’accélère le rythme, le cœur battant. Ce n’est probablement que le… Merde, non. C’est en ville, une colonne noire s’élève un peu plus loin, près du centre pokémon. Je me met à courir.
Un attroupement, quelques pokémons eau visiblement épuisés. Une maison dévorées par les flammes. Même d’ici, je peux sentir le rayonnement de chaleur. Il faut agir, vite. Haussant la voix pour me faire entendre, j’interpelle le groupe de civils affolés devant la maison :
« Laissez passer, je suis pompier ! Prévenez la caserne et reculez, l’incendie peut devenir hors de contrôle en quelques instants ! »
Un grand type habillé en bleu me répond que les pompiers sont prévenus, et devraient arriver. La foule, déboussolée, hésite, puis commence à reculer. Je commence à distribuer des consignes à droite à gauche pour limiter la casse en attendant les renforts, jusqu’à ce que je remarque un petit groupe resté dangereusement près de l’entrée en flammes. M’approchant vers eux, je comprends de suite qu’il y a un problème. Un barbu, visiblement en état de choc, l’air désespéré. Les autres tentent de l’éloigner du brasier.
Le mec hurle :
« Lâchez-moi ! Je ne trouve pas Killian ! Il était juste là ! Je dois vérifier que… Sa chambre ! Il doit être retourné chercher... »
Nos regards se croisent. Un mélange de terreur et d’espoir. Je le tire en arrière et lui demande en criant :
« Tu es sûr qu’il est là dedans ? Où est sa chambre ? Où ? A l’étage ? Quelle porte ? »
Le gars m’a a peine répondu que je précipite vers la porte d’ entrée pour évaluer la situation. C’est mauvais. Franchement, ça craint. Mais vu ce que je perçois malgré la fumée et la chaleur, l’accès à l’escalier est encore possible. S’il y a un moment pour agir, c’est maintenant. Je me retourne vers les autres et hurle :
« Balancez-moi toute l’eau que vous avez ! Visez le sol, la base des flammes ! Protégez l’escalier ! »
Sans me retourner, je plonge dans la fournaise. J’avale quatre à quatre les marches. Porte de droite, fermée. D’un gros coup de pied, j’en force l’ouverture avant de me jeter contre le mur pour éviter le retour de flammes. La bouffée d’air chaud est intenable. La maison craque. Je compte trois secondes, puis m’élance à l’intérieur. A quelques mètres dans un coin de la pièce, j’aperçois une forme. Un Salamèche roulé en boule, dans une tentative dérisoire de protéger son maître des flammes qui les entourent. Le gamin est tétanisé. Second craquement inquiétant, les flammes lèchent le plancher. Je saute par dessus, fonce vers les deux rescapés, les attrape et repart aussitôt. J’ ai la tête qui tourne, un tambour à la place du cœur. L’escalier, la sortie, vite ! J’y suis presque, je vois la porte. Je vois les autres, mains tendues vers moi, criant quelque chose. Comme dans un rêve, j’agis sans réfléchir, par pur réflexe. Je lance mon précieux chargement vers l’avant, vers l’air libre. Juste avant qu’une partie de l’étage ne s’effondre sur moi. Juste avant le noir.
Amertume
Je me réveille en sursaut, le corps en sueur. Ma jambe droite pulse d’une douleur sourde. Le chirurgien a été formel : séquelles à vie, elle ne guérira jamais complètement. La médecine fait des progrès, pas des miracles. Étouffant un grognement, je boite jusqu’à la salle de bain pour avaler un anti-douleur.
Oh, bien sûr, mes proches m’ont beaucoup soutenu. Les gars à la caserne sont tous venus me voir à l’hôpital, plusieurs fois. La famille du barbu aussi, j’ai leur reconnaissance éternelle. Le gamin m’a fait un joli dessin. Ça me fait une belle jambe.
…
Je ne leur en veux pas vraiment. Je connaissais les risques. J’ai évalué la situation de mes propres yeux, et décidé qu’il fallait tenter le coup. C’était ma décision, inutile de blâmer qui que ce soit. Est-ce que je regrette ? Ça, je ne sais pas trop. Tout est si… différent maintenant. Impossible de continuer à bosser sur le terrain : ma jambe ne tiendrait pas le coup. Je peux à peine courir dix mètres sans m’effondrer de douleur. A la caserne, je suis passé de la case collègue à civil à protéger. Bien sûr, ils ont tout fait pour m’encourager lors des longues semaines passées à me rétablir péniblement de mes blessures et brûlures. Mais quelque chose dans leur attitude, leur regard a changé. Et ça, je ne l’ai pas supporté. J’ai voulu tout plaquer, quitter cette ville, cette vie qui n’était désormais plus la même. Cinq mois plus tard, je déménageais à Lumiris, la région ou Elena s’était installé il y a trois ans. Et me voilà.
Une rencontre en jaune
Lundi matin, dans les 9h. J’ai passé le reste de la nuit à m’abrutir devant une série de science-fiction un peu vieillotte. Pas question de retourner dormir. Par contre, mon estomac crie famine, et je finis par me lever pour préparer le petit déj’.
*BUNK*
Hein ? C’était quoi ça ? Intrigué par cet étrange bruit sourd, mon regard finit par être attiré vers la baie vitrée du salon. Et le Psykokwak étendu dans l’herbe. Mon cerveau embrumé a du mal à faire le lien. Il n’a quand même pas… Ouvrant la vitre, je m’approche du pokémon inconscient. Visiblement, si, il a une belle bosse sur le crâne. Cet idiot s’est visiblement assommé net en fonçant dans la baie vitrée. J’ai du mal à retenir un gloussement. Ok, ce n’est pas drôle pour lui, mais il faut avouer que c’était à peu près la dernière chose à laquelle je m’attendais ce matin. Il n’est pas bien grand, sans doute assez jeune. Il est probablement passé par le trou dans la haie, et a dû voir quelque chose qui l’intéressait dans la maison. Enfin bon, même si c’est un pokémon sauvage, je ne peux quand même pas le laisser comme ça. Je retourne vite fait à l’intérieur, et reviens avec un gant humide que je lui applique sur la tête. Je lui met également un bol rempli d’eau à côté de lui pour quand il se réveillera.
Au final, il a du repartir alors que j’avais le dos tourné, quelques minutes plus tard. Impossible de retrouver mon gant de toilette, il a du s’enfuir avec. Tant pis.
Mardi matin. Il va falloir que je fasse les courses, le paquet de muesli est presque fini. Avec un soupir, la…
*BUNK*
Hein ? Encore ? Je m’approche de la baie vitrée, et… un Psykokwak étendu dans l’herbe, un gant de toilette vert sur la tête. Soupir. Je renouvelle mes soins en grommelant, et laisse la baie vitrée ouverte pour surveiller de près cet abruti. Abruti qui, quelques instants plus tard, se relève et m’observe, l’air un peu perdu. Sa bouille et ses trois poils sur le caillou m’arrachent un sourire. Peu farouche, le canard s’approche de l’ouverture, visiblement méfiant. Mais non, cette fois c’est bien ouvert, et il se retrouve à l’intérieur après avoir manqué de trébucher sur les rails coulissants.
« Kwak ! »
Il me regarde. Je le regarde. Il fait un saut sur place, l’air triomphant, avant de faire demi-tour et de repartir quelque part dans la haie, mon gant toujours sur la tête. Je n’ai pas compris.
Vendredi. C’est officiel, ce pokémon est un cas désespéré. Tous les matins, je suis obligé d’ouvrir la baie vitrée, sinon il vient s’assommer dessus. Le reste du temps, il me suit comme mon ombre. Je suis allé demander conseil au centre pokémon du coin, mais mon histoire les a surtout fait rire. Ils m’ont dit qu’il m’avait visiblement adopté, et m’ont filé plein de conseils pour m’en occuper le temps qu’on lui trouve un dresseur.
Samedi, matin, 8h30. Elena déboule chez moi, le Psykokwak aussi. C’est le début de la fin. Elle est ravie que j’ai enfin mon propre pokémon, le trouve rigolo, et me file une pokéball pour le garder. Au bout d’une longue discussion, je finis par céder. Finalement, le dresseur, ce sera moi, et Joe est définitivement adopté.
Une semaine plus tard. Son bob blanc vissé sur la tête, Joe est prêt à partir à l’aventure. Moi aussi. Je me suis habitué à la présence de ce petit bonhomme, qui trouve toujours le moyen de me faire sourire. Aujourd’hui, pas de cartons. Je suis bien installé maintenant, je commence à connaître le quartier. Il est temps d’explorer la région ! Le reste, on verra plus tard.