Les ruines de Windoria, cet endroit n'est plus qu'une immense étendue de neige, les ravages de la Team Mistral ont ravagés ce lieu autrefois si paisible. Je suis accompagné de Ruby ma Chamallot et d'Opale, ma Togepi. Elles ont tenues à m'accompagner tandis que les garçons sont restés dans leur pokéball dans mon sac à dos. Si je suis ici aujourd'hui c'est en quelque sorte pour me vider de tout ce qui s'est passé ces derniers mois. Le sauvetage de Narcisse qui était retenu par la Team Mistral, mon premier combat d'arène, mes projets en tant qu'Eclipse, mon changement de style auprès de Kin et bien sûr, le rendez-vous en tête à tête avec l'ancien otage, Narcisse Lether.

Lorsque j'arrive sur les lieux avec ma voiture je dois d'abord la garer à ce qui était autrefois l'entrée de la ville, la route plus loin est recouverte de neige et est impraticable. Il y a des policiers qui sont ici pour empêcher n'importe qui d'entrer sur des territoires de recherches. Je montre ma carte de chercheurs et je passe rapidement sans soucis. Il n'y a personne à l'horizon, je m'avance donc vers des ruines de maison, la neige a fait s'effondrer les plafonds de la plupart des habitations encore détectables.

C'est dingue de voir qu'une ville animée comme Windoria est devenue un champ de ruine.

Toge ...

Chama...

Même ma Ruby est peinée de voir ça, c'est bien la première fois que je la vois aussi réveillée et compatissante envers quelqu'un ou quelque chose. Opale quant à elle se serre fort contre moi, elle n'a pas l'air de bien aimer le froid et cet endroit l'effraie un peu. Il y a un endroit plutôt au calme et qui semble être l'ancien centre de Windoria, il y a encore les fontaines, qui ont gelés, des bancs sont encore visible sous l'épaisse couche de neige et le sol est plus praticable ici. Je saute donc de l'escalier gelé pour arriver sur la place, là il y a une jeune demoiselle, je ne vois que son dos et sa longue chevelure légèrement bouclée.

Mademoiselle ? Vous êtes Eclipse aussi ? Ou Ranger ? Les Ruines de Windoria sont dangereuses vous savez ?

Escapade
parmi les
défunts

Les ruines de Windoria... Ça me fait bizarre de voir la ville enneigée dans un tel état. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici actuellement. Je pense que j'avais besoin de voir les dégâts pour prendre conscience de l'ampleur de la menace. Je sais, c'est complètement con. Mais je n'y peux rien.

Il fait toujours aussi froid ici. Je ne suis pas passée souvent dans cette ville, mais du peu que je me souvienne, les températures étaient loin d'égaler celles du sud de la région. Cette cité figée dans le temps dégage pourtant un certain charme, elle dévoile un sentiment de mélancolie et de désolation que j'ai rarement ressenti ailleurs. Peut-être parce que les événements sont récents, et que les habitants sont encore peinés de voir la belle Windoria devenir un amas de givre sans vie.

Au coeur de la ville, une place reste encore un minimum intact. On peut y apercevoir la silhouette de fontaines, de quelques bancs ensevelis, bon c'est pas merveilleux mais c'est déjà ça. Guila ma Mimiqui se trouve dans mes bras, et l’œuf de Polichombr que je conserve dans mon sac, chaudement enveloppé dans une sa couverture. Je l'amène partout avec moi, je me dis que les voyages peuvent l'aider à éclore plus rapidement, en étant déjà habituée aux divers climats de Lumiris.

La voix d'un jeune homme finit par retentir derrière moi. Je croyais pourtant être seule. Aussitôt, Guila se met sur ses gardes, grognant légèrement dans mes bras. Je me retourne et j'aperçois un blondinet assez charismatique. Il me demande si je suis Éclipse, ou bien Ranger, mentionnant par la même occasions que les ruines sont sources de dangers. Je pose mon regard vers le ciel, en soupirant légèrement.

« Ni l'un ni l'autre. Même si je compte devenir Ranger, peut-être. » Je pose ensuite mes prunelles dorées en direction du jeune homme.
« Ne vous en faites pas pour moi, le danger n'est pas vraiment un obstacle en ce qui me concerne. Mais vous, quelle est la raison de votre visite en ces lieux dévastés ? »

Je sens ma Mimiqui drôlement calme. D'habitude, elle est agitée lorsque nous sommes en compagnie d'un(e) inconnu(e), surtout avec la gente masculine. Elle le fixe intensément, lui et ses Pokémons, un Togépi et un Chamallot. Mais elle ne fait rien. Je suis impressionnée.

La jeune femme que je viens d'appeler se retourne vers elle, elle a un Mimiqui dans ses bras. Lorsque je me suis approché il a grogné mais là ça ne semble pas le déranger que je sois là avec mes deux pokémons. Sa dresseuse a l'air d'être impressionnée de le voir aussi calme. Je tend ma main vers la jeune femme en guise de salutation, restons poli tout de même.

Je m'appelle Erik Hayden, et vous ? Je suis ici pour me reposer un peu et faire le vide. Disons que tant de choses ont été changés dans ma vie ces derniers jours que j'ai bien envie de me vider de toutes mes émotions.

Togepi me regarde en agitant ses petites pattes, je lui caresse la tête en souriant. Ce pokémon a vraiment un don, elle arrive à capter les énergies "négatives" de quelqu'un et va ainsi vouloir le faire sourire, le faire s'amuser pour que cette énergie négative se transforme en énergie positive, en joie, en amusement.

Je laisse s'échapper mes émotions pour la première fois face à quelqu'un, je lève les yeux au ciel en serrant encore un peu plus mon pokémon contre moi. Chamallot lève la tête pour me regarder, elle se colle à ma jambe, son corps chaud me donne des frissons je baisse les yeux pour la voir, je souris en remarquant que c'est la première fois que ma Ruby est aussi proche de moi. Mon regard se fixe finalement sur la jeune femme en face de moi.

Désolé d'afficher mes émotions comme ça, je n'ai pas l'habitude de ... de me relâcher comme ça ... C'est sûrement l'endroit qui est propice à la libération de soi-même.

Au coeur
des ruines
enneigées

Le jeune homme s'appelle Erik. Erik Hayden. Ce nom de me dit rien, c'est bel et bien la première fois que je croise cette personne. Il semble triste, peut-être tente-t-il de le cacher, mais je peux le percevoir. Ce genre de signe est facilement observable, lorsqu'on prend le temps d'analyser les mimiques de quelqu'un.

« Enchantée, moi c'est Aria. Aria Hélicia Kahay, mais seulement Aria, ça suffit. » Je n'ai jamais autant prononcé mon prénom dans une seule phrase. Je toussote légèrement.

Je vois bien que ce Erik semble perturbé. Ses Pokémons ont l'air inquiet pour leur dresseur, d'ailleurs. Je ne pensais pas me sentir touchée par une scène comme celle-ci, mais l'énergie et les sentiments que dégagent Erik sont profonds et sincères, j'arrive à me sentir mal pour lui. Guila quant à elle se contente d'observer. Derrière son tissu de Pikachu, je ne peux pas vraiment voir ce qu'elle ressent mais je pense que la raison pour laquelle elle n'a pas une mauvaise réaction vis à vis d'Erik, c'est probablement à cause de ça.

Il s'excuse de dévoiler ses émotions ainsi, alors je secoue légèrement la tête, tentant d'esquisser un sourire compatissant.

« Tu n'as pas à t'excuser pour ça. Nous avons tous des moments de tristesse, mieux vaut les laisser s'exprimer pour pouvoir s'en libérer. » Ce que je viens de dire est si poétique, j'ai moi-même du mal à en prendre conscience.

Je laisse Guila au sol. Elle s'avance doucement et avec hésitation vers le dresseur et ses Pokémons.

« Pardonne-moi de te poser cette question, mais... As-tu perdu des proches, dans les récents événements.. ? » Cette question n'est sans doute pas approprié.

Mais cet homme a besoin de se confier. Je suis là. Alors, pourquoi ne pas tout laisser aller maintenant ?

Elle s'appelle Aria, son nom est trop compliqué je pense que je n'arriverais pas à le retenir alors je vais rester sur Aria seulement. Je remarque que le pokémon de la jeune femme est plutôt calme et pas moqueur, tout le contraire de tous les Mimiqui que j'ai pu croiser à Alola il y a maintenant presque un an. Sa petite bouille me fait craquer, je peine à l'afficher mais un sourire se dessine sur mon visage.

Aria semble très ouverte d'esprit, et compréhensive avec mes problèmes. Je baisse la tête respectueusement comme pour la remercier de ne pas prendre un ton hautain qu'on certaines personnes lorsqu'elles en voient d'autre assez triste. Aria me pose ensuite une question que j'attendais, si j'ai perdu des proches lors des récents évènements.

Non, je n'ai perdu personne et heureusement. Ces justes que j'ai participé à ces évènements. J'ai sauvé un otage à Feranium ... puis quelques jours après, ma Excavarenne a décidé de quitter mon équipe. Suite à ça j'ai pris la décision de changer physiquement et mentalement, il y a encore quelques jours je n'avais pas ce style, ni cette façon de me comporter ...

Je passe ma main sur ma nuque en faisant mine de ne pas regarder Aria, c'est la première fois que je parle aussi sincèrement à quelqu'un. Même avec Kin je n'ai pas été aussi sincère avec elle si rapidement. Mais je sens en cette jeune femme une possible amie, elle a l'air sincère. Je n'ose cependant pas trop retourner la question alors essayons de la reformuler un peu mieux.

Tu es ici également pour vider tes émotions ? C'est un lieu tellement reposant ... on sent même à travers la neige que Windoria a subit d'énormes pertes et des dommages collatéraux ... ça me fait mal au cœur.

Au coeur
des ruines
enneigées

Écouter Erik parler me rend... triste, mélancolique, peut-être ? Je ne sais pas trop comment décrire cette émotion, mais je me sens compatissante envers lui. Moi, compatissante envers un pur inconnu, vous imaginez ? Ce n'est pas dans mes habitudes. Serait-ce ces ruines, cette ville devenue aussi gelée qu'un cœur de glace, dépourvue de toute joie de vivre, qui nous rend aussi émotifs ? Difficile à dire, mais je ne saurais dire si j'apprécie ce sentiment.

« Il faudrait peut-être que je pense à changer de style aussi, un de ces quatre. » Dis-je pour tenter de détendre l'atmosphère. Je ne saurais dire si c'était approprié. Quoi qu'il en soit, je me racle la gorge avant de reprendre parole. « Je suis désolée pour ce que tu as vécu. Est-ce que ça va aller ? » Demandai-je d'une manière aussi naturelle, comme si je parlais à une vieille connaissance. « Personnellement, je ne sais pas trop ce que je fais ici. Je pense que je voulais connaître l'ampleur des dégâts. C'est bizarre, je sais. » Je soupire.

Puis, j'ai vu quelque chose que je pensais impossible jusqu'à maintenant. Guila, ma Mimiqui, a décidé de quitter mes bras pour aller à la rencontre du dresseur. J'aurais pu l'arrêter, mais je ne sentais pas qu'elle voulait l'attaquer. Elle était calme, voire même... amicale. Vraiment, cette ville doit nous faire ressentir des choses insensées. Guila s'est collée, pendant quelques secondes, à la jambe d'Erik avant de revenir près de moi. Pendant près d'une minute, j'étais figée, tentant de comprendre ce qui venait de se passer devant mes prunelles dorées.

« Et bah... » Guila me regardait en mode perplexe. Je pense qu'elle essaye de faire des efforts. Peut-être qu'elle a senti qu'Erik n'était pas une menace, aussi. « Erik, tu devrais te sentir choyé. Guila n'a jamais fait ça avec qui que ce soit, à part moi. D'habitude, elle attaque les gens, les menace du regard... Je pense que tu es quelqu'un de très spécial. Dans le bon sens du terme, hein. » Je me gratte la tête, embêtée par mes mots quelque peu maladroits.

Oui oui ça va aller ... merci de t'inquiéter.

Voila qui n'est pas dans mes habitudes, je remercie quelqu'un alors que je suis assez renfermé. Togepi se frotte à moi en me faisant des petits bisous dans le cou. Elle se concentre ensuite sur Mimiqui qui s'approche de nous et essaie de me réconforter du mieux qu'il peut. D'après ce que sa dresseuse dit je suis un chanceux ! Je suis la première personne que Mimiqui apprécie, sans compter sa dresseuse. Normalement avec les autres, sa Mimiqui est assez violente et froide.

C'est très gentil Mimiqui, tu es ... adorable ?

Je regarde ma Chamallot qui hoche la tête. Je pense que j'ai trouvé les mots justes pour dire le fond de ma pensée. C'est dingue de voir que Ruby est la seule capable de comprendre mes véritables émotions. Même Lougaroc peine à savoir ce que je ressent certaines fois. C'est le don des femelles pokémons, elles savent tout de leur dresseur. Je m'approche donc de Aria et de son pokémon en tendant la main vers moi.

Je ne suis pas méchant, je t'apprécie beaucoup ... Mimiqui ! Merci également Aria, ça m'a fait du bien de me livrer. Je crois que tu es la première personne à qui j'ose dire tout ça ... c'est dire ... même l'homme pour lequel je craque ne sais pas tout ça, ahah ...

Je repense l'espace d'un instant à Narcisse, celui qui fait vibrer mon coeur ! Celui qui dès que je reçois un message de lui, tout s'illumine autour de moi, mes doutes et mes inquiétudes s'envolent lorsque je pense à lui. Je ne pensais pas être capable de tomber autant amoureux de quelqu'un, mais c'est une bonne chose ! Togepi s'agite dans mes bras, elle secoue ses petites pattes, elle a l'air de vouloir aller sur l'épaule d'Aria. Ma Opale sérieusement ? Nos pokémons semblent plutôt différents parce que normalement Togepi n'est que sur mon épaule et n'accepte personne d'autre.

Au coeur
des ruines
enneigées

Guila, adorable. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. Enfin... évidemment qu'elle est adorable, mais je ne pensais pas entendre ça de la bouche de quelqu'un d'autre que moi un jour. Ça me fait plaisir, encore plus qu'à ma Mimiqui je pense. J'esquisse un sourire au dresseur en reprenant mon Pokémon dans mes bras. Erik me confie que je suis la seule personne à qui il dit tout ça, moi, une pure inconnue qu'il vient de croiser dans les ruines de Windoria. C'est étrange, vraiment étrange. Pourtant, c'est loin de me déranger. Il m'avoue que même l'homme qu'il aime n'est au courant de rien. Je lève les yeux au ciel, en ricanant doucement. « Je pense qu'il y a peu de choses qu'on ose raconter à la personne qu'on aime, au début. » Je dit ça, mais je ne m'y connais absolument pas en relation amoureuse. Je n'ai jamais aimé qui que ce soit. « Enfin, je suppose. » Dis-je pour conclure mes propos.

Je finis par pointer un chemin, en regardant Erik. « Tu veux qu'on bouge ? Rester ici risque de nous déprimer, on peut marcher près de la ville et poursuivre cette discussion si tu veux. » Alors que je lui proposais cela, sa Togepi semblait vouloir venir sur moi. C'était... mignon. Mais deux choses me faisaient peur. Tout d'abord Guila, qui n'a pas l'habitude de vouloir me « partager » avec d'autres, et aussi le type du Pokémon. Je n'ai que très peu côtoyer des créatures non spectrales, c'est différent pour moi... Ça ne devrait pas me déranger, après tout, c'est un Pokémon, tout simplement, je m'en fais beaucoup trop. « Tu es très mignonne, Togepi. Mais avec Guila dans les bras, je risque d'avoir du mal à vous porter tous les deux. » Je lui esquisse un sourire désolé. Une prochaine fois, peut-être.

« Tu sais Erik, je n'ai jamais été amoureuse. Je suis curieuse. Qu'est-ce que ça fait ? » Ma question est complètement idiote. Depuis quand je m'intéresse à ce genre de choses, moi ? « Enfin, si ce n'est pas trop indiscret, bien-sûr. » En réalité, peut-être que je l'envie, sans vraiment le savoir. L'amour est un sentiment agréable. Pourtant, j'ai vu des gens souffrir à cause de l'amour. Ce concept est un véritable paradoxe, ma foi...

Aria essaie de me remonter le moral lorsque je dis que je n'ose pas me confier à Narcisse, mais elle semble hésitante. Est-ce qu'elle connaît le sentiment d'amour ? J'ai rencontré une jeune femme il y a quelques mois qui ne ressentait rien, enfin qui croyait ne rien ressentir et n'avait pas aimé une seule fois. Est-ce que Aria ferait partie de ces personnes ?

Bien sûr, promenons nous. Malgré les effets de la bataille qu'il y a eu ici, cet endroit est un véritable havre de calme.

Aria ne peut malheureusement pas porter Togepi, Opale semble assez déçue et s'agite dans mes bras pour que je fasse quelque chose. Elle ne veut tout de même pas que je tente de porter Guila, un pokémon spectre ressent les émotions des personnes, si jamais je panique elle pourrait le sentir et je n'ai pas envie de me faire hanter par la suite. Une prochaine fois peut-être, je hoche la tête en caressant la tête de ma petite effrontée qui boude.

Être amoureux ... c'est une sensation assez particulière. Tu aimes passer du temps avec une certaine personne, tu penses souvent à elle ... non pardon. Tu penses souvent à vous, c'est là que tu te rends compte que tu es amoureux. Quand tu commences à t'attacher et à développer des sentiments. Un peu de jalousie ? Pas de panique c'est le signe que tu es amoureuse. C'est simple mais tellement complexe dans un sens.

Togepi semble s'être calmée en m'écoutant, elle lève ses petits yeux vers moi et entre-ouvre la bouche, légèrement épatée par ce que je viens de dire.

Je ne sais pas si j'ai été assez clair mais expliquer l'amour c'est assez compliqué, ça peut déclencher tellement de choses différentes selon la personne, des frissons. Des papillons dans le ventre, un sentiment de joie extrême. Tu vois ?