La journée aurait pu être beaucoup moins pénible que cela. Tout aurait très bien pu se passer sans le moindre incident. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, tout cela pour de simples crêpes.

Au départ, tout allait bien, très bien même et j'aurai pu m'en rendre compte bien plus tôt qu'il fallait que je m'en méfie de cette journée trop parfaite. Oui, il faisait beau, très beau même. Les oiseaux gazouillaient dans les arbres, les gens allaient travailler, ça klaxonnait dans les rues... Une journée normale dans une semaine normale comme on pourrait dire.

Du coup, j'avais envie de crêpes avec Orion et je connaissais une super adresse à Artiesta. J'y allais quand j'étais petite avec ma grand-mère et je ne m'y étais pas rendu depuis sa mort. Du coup, j'étais un peu en stress, me rendant compte que ce n'était pas la même chose d'attendre dans la file sans la compagnie d'une personne chère à mes yeux. Je ne pouvais m'empêcher de caresser un oeuf de pokémon entre mes bras, le regard perdu dans le vide alors que j'attendais les autres clients face à moi avancer. Orion était sage, patient à mes côtés, tout le contraire de moi. Je l'admirai beaucoup ce prinplouf et j'étais ravie de l'avoir auprès de moi. Mais je me dois aussi de savoir me défendre toute seule, sans son aide.

Et, comme si le ciel m'avait entendu, un grand homme me bouscula, risquant de me faire tomber hors de la file d'attente. Un cri de surprise sortit de ma bouche alors que je me sentais chanceler sur le sol, risquant en même temps de faire tomber l'oeuf de mes bras. Par un réflexe et une certaine rapidité, Orion récupéra le fragile objet entre ses nageoires avant que celui-ci ne se fracasse au sol.

Je baissa la tête, silencieuse et vaincue par le monsieur qui ne me regarde même pas. Voilà ce qui avait débuté ma mauvaise journée. Juste parce que je suis faible, trop facile à vaincre.

Puis une voix sortit de nul part, s'adressant à l'homme qui avait volé ma place. Je n'écoutais que d'une oreille, sentant une petite larme monter. Heureusement, Orion déposa une nageoire sur mon épaule afin de me réconforter, ce qui m'empêcha de fondre en larme devant toute la foule. Finalement, la voix s'adressa à moi, me faisant juste lever les yeux vers lui alors que j'entortillais mes doigts dans le ruban qui tenait mes cheveux.


Dis-je d'une toute petite voix, intimidée par le grand garçon face à moi. Puis je me mis à rougir avant de détourner le regard. Et merde, c'est qu'il est à moitié à poil, celui-là. Je dépose ma main sur mon visage, prenant une grande bouffée d'air et me retourne de nouveau vers l'homme.


Cette fois, ma voix s'éteint non par timidité mais par le fait que ce garçon se promène habillé ainsi dans toute Artiesta.


Parce que je ne pense pas tenir très longtemps en le regardant sur toutes les coutures. Il me m'était vraiment mal à l'aise et j'étais devenue toute rouge rien qu'en le voyant.

Et voilà comment je me retrouve dans cette file à attendre des crêpes, debout face à un mec qui en a totalement rien à foutre d'être à moitié à poils devant une jeune fille comme moi. Bon, déjà, il est pas vraiment poilu comme mon père. Et il est sacrément musclé avec sa taille. Et moi, là, j'ai l'air de quoi?

Je suis peu habituée à voir des hommes et même des femmes avec peu de vêtements sur eux. Bon, j'avoue avoir toucher sans faire exprès le torse d'un mec, mais ça, c'était juste un accident. Et y'avait le fermier aussi que j'ai dû tripoter un peu parce qu'il s'était pris un frison dans la gueule, mais c'était pour vérifier aucune blessure. Là, c'est le troisième homme que je vois aussi peu habillé.

Je ne peux m'empêcher de rougir mais je m'étais mise bien droite, tentant d'ignorer la tenue étrange du garçon qui me faisait face. Je pris une grande inspiration avant de demander le plus innocemment possible.


À ce moment, j'entendis un gloussement de la part d'Orion qui faillit lâcher mon oeuf. Il avait posé sa tête contre la coquille, cachant son visage alors qu'il tentait de se sortir de la file pour déposer son bagage et se mettre en boule.


Je ne comprenais pas grand chose. Mais je n'eus pas le temps de poser une autre question à mon héros du jour qu'il se mit à commander pour lui et pour moi. Je n'avais pas remarqué que c'était à notre tour et je fus étonnée que mon sauveur décide de payer ma part. Prise de panique, je l'attrapa par le bras pour l'empêcher mais cet idiot avait déjà sorti son porte-feuille. Il fallait me mettre à l'évidence, j'étais de nouveau vaincue et je baissa la tête.


Je regarda le visage du garçon bien plus âgé que moi. Je ne saurai pas lui donner quoi exactement mais il était encore jeune et avait un sacré charme.


Dis-je d'une petite voix alors que je récupérai ma crêpe avant de chercher du regard Orion et mon oeuf.

Sérieusement, j'ai du mal à cerner ce garçon. Il allait bien trop vite pour moi, je n'arrivai pas à le suivre surtout quand il hurla à tout le monde de faire comme lui. Pour lui faire plaisir, je me mis à enlever mon haut, dénudant alors mes épaules mais une légère brise me convint de me rhabiller aussitôt. J'avais oublié à quel point je n'avais pas tenue cette hiver avec ce froid et je pense attendre l'été pour pouvoir laisser ma peau respirer.

Prenant les crêpes après avoir remercier mon sauveur anonyme, j'appela Orion qui revint avec l'oeuf. Celui-ci me le tendit afin de pouvoir récupérer la sucrerie entre ses nageoires. Je serras fort la coquille, de peur que celui-ci tombe sur le sol et se fracasse en mille morceaux. Prenant d'une main de libre la crêpe, j'en pris une bouchée alors que j'écoutais l'homme à moitié nu. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait faire de la chantilly mais la curiosité emporta sur ma timidité.


Mais apparemment, il ne le voulait pas le faire en public et il fallait avouer qu'il y avait beaucoup de monde autour de nous. Mais l'envie de savoir était plus forte que moi et je me mis à regarder tout autour de nous avant d'indiquer une petite ruelle sombre non loin de la crêperie.


Sans attendre sa réponse, je me m'y en route, vite suivi par Orion qui avala sa crêpe en quelques bouchées. Quant à moi, je prenais mon temps et j'étais surtout préoccupée à la sécurité de mon oeuf. Je ne pris que quelques secondes pour arriver dans l'endroit que je trouvais plutôt lugubre avec ses poubelles renversées et un chaglam qui me feula dessus avant de filer sur le rebord d'une fenêtre. Je me m'y à frissonné, nullement à l'aise dans un tel endroit.


J'avais lu ça dans mes livres, que souvent, les ruelles sombres, c'était le parfait endroit pour des crimes ou... comment ça s'appelle déjà? Prostifusion? Prosiphation? Bref, là où des femmes cherchent des choses bizarres.