Plus le temps avançait et plus la technologie devenait omniprésente un peu partout dans le monde. Tant et si bien que maintenant il y avait des générations de jeunes être qui n’avaient point connu l’époque sans l’internet, les ordinateurs, les téléphones portables, les selfies, les réseaux sociaux surtout. Et cela apportait son lot de dépendance. Un désir de consommation immédiate et des désires plus… tordus qu’ils devraient l’être. Ce qui affectait aussi grandement les relations interhumaines d’ailleurs. Alors que la nouvelle génération devenait plus narcissique, plus égocentrique mais surtout, plus superficielle. Et notre jolie blonde favorite était justement tombée dans ce piège. Mais non seulement, cette obsession pour son reflet la poussait vers des démarches plus poussées encore dans son besoin d’attention et validation. Si bien qu’il n’était pas rare de tomber sur le profil de l’Unysienne sur divers sites de rencontre… Et autre. D’ailleurs, la belle avait passée l’après-midi, allongée dans son lit, à faire défiler multiples profil sur la gauche, sans doute par manque d’intérêt ? Enfin, elle lisait à peine les profiles. Que les prénoms, l’âge et surtout, les photos. Il en fallait énormément pour que la belle daigne glisser sur la droite. Mais au bout d’une centaine de profile, elle semblait enfin s’intéresser à un en particulier et lui fit même l’honneur d’un super like. Sans doute pour booster l’égo de ce dernier ? Mais surtout pour l’encourager à glisser dans ses dms et pouvoir causer plus… Sérieusement avec lui, Ainsi, au bout de quelques messages seulement, la blonde venait de se décrocher un rencard au centre-ville de Voltapolis… Ce qui lui laissait peu de temps pour se préparer en soit. Quoi qu’elle se félicitait presque d’avoir fait un détour vers Nemerya avant de rentrer à Mirawen, cela lui rendait la tâche nettement plus facile. Et puis, elle ne devait que le rencontrer à 21h à ce bar, ça lui laissait la fin de son après-midi et début de soirée pour paresser et surtout, se préparer à la dernière minute.
D’ailleurs, ce ne fut que vers 19h que la jeune femme daignait enfin se lever de son lit pour sauter à la douche et ce, sous le regard non approbateur de son Nidorino qui roulait des yeux en voyant son humaine tomber dans ses vilaines habitudes. À croire que cet Alaric avait éveillé un démon en la jeune Pléiade. Enfin, démon… La belle était franchement encore assez sage en soit, elle passait que rarement du virtuel au réel mais son rancard du jour avait un certain potentiel qui poussait la curiosité de la blonde à son plus fort. Et c’est cette curiosité et détermination qui la poussait à rush sa douche pour sitôt commencer à sécher sa longue crinière blonde puis lui rendre ses longues boucles qui faisaient tant son charme. La demi-heure suivante servait principalement à travailler son maquillage et s’assurer de maximiser ses traits, comme son eyeliner qui rendait ses grands yeux bleus plus profond et intriguant qu’ils ne l’étaient déjà au naturel. Ou bien ce gloss léger mais rosé qui soulignait ses lèvres pour rendre son sourire plus adorable et innocent qu’il ne l’était vraiment. Le tout accompagné d’un blush léger avant de terminer sa coiffure en replaçant sa frange, masquant une grande partie de son front ainsi. Puis ce ne fut qu’à cet instant qu’elle s’arrêtait pour se fixer, non, s’admirer dans le miroir, à tourner sur elle-même, à sourire innocemment avant de faire un 360 et se poser devant son Nidorino.
« C’est pas trop léger ? » Ce à quoi le mâle se contentait de bailler et s’attirer le soupire de Madelyn qui croisait les bras avant d’aller chercher ses vêtements du jour. Soit une robe style sweater qui découvrait ses épaules, soulignant les courbes de l’Unysienne au passage, pour s’arrêter tout juste au-dessus des genoux de celle-ci. Bon, en soit, elle devrait tomber beaucoup plus haut mais vu la petitesse de la blonde, elle faisait avec les moyens du bord comme on dit ! En soit, la tenue était assez prude venant de Madelyn mais bon, elle n’avait pas prévue de sortir en boite et donc, ses tenues plus… provocatrices étaient chez elle, à Mirawen ! Donc le coup de la robe n’était vraiment qu’un coup de chance. Comme le fait qu’elle attrapait son bus de justesse.
Car pour changer, la blonde avait perdu son temps, plutôt que partir d’avance pour se familiariser à la ville, elle s’était contentée de partir à l’heure, estimant qu’elle tomberait dans les temps. Et si ce n’était pas de cette vieille qui comptait sa monnaie pour payer le bus, la blondinette aurait bien manqué et son bus et son rancard. Mais grâce à mémé monnaie, voilà qu’elle quittait le confort de sa chambre d’hôtel et Nemerya pour partir vers une nouvelle ville. Oh bien sûr, elle n’avait pas laissée ses trucs ou ses Pokémon surtout derrière elle. En fait, elle avait surtout trouvée moyen de se trouver une chambre non loin du bar, au cas où les plans de la soirées venaient à changer. Mais pour l’heure, la belle préférait profiter du voyage en bus, le regard perdu vers l’horizon, à travers la fenêtre, à bercer ses oreilles des prochaines chansons qu’elle aimerait beaucoup utiliser en potentielle prestations et ce, alors que Némésis (son Nido), grognait devant quiconque qui voulait s’asseoir à côté de son humaine. Pas question qu’un autre prenne place à côté de Madelyn et change encore ses plans ! Déjà qu’ils devaient passer la nuit à mater des vidéos inutiles sur PokéTube et manger du popcorn, il n’allait pas pardonner une seconde fois !
Par un coup de chance, son bus arrivait plus tôt que prévue en ville, ce qui offrait assez de temps à la blonde pour chopper son transfert qui devait la trainer au centre-ville de Voltapolis et enfin, la laisser à quelques rues du point de rendez-vous. Quoi que, ce n’était qu’une fois pleinement sortie du bus que la blonde sentait une certaine anxiété la prendre. Et s’il ne ressemblait en rien à ses photos ? Et si c’était un vieux mononcle bedonnant disgracieux ? Rapidement elle se secouait la tête, non sans soupirer un bon coup. Tout allait bien aller. Mais pour ce faire, elle s’abaisser vers son unique mâle, lui caressant doucement la tête avant de le rappeler dans sa ball, autant pour sa sécurité à elle que pour celle du mâle et ses élans jaloux et possessif qu’il pouvait avoir à son égard. Bien que très franchement, la jeune blonde était totalement à blâmée pour ce point. Et ce ne fut qu’une fois pleinement seule qu’elle inspirait profondément avant de se rendre lentement mais surement au point de rendez-vous, sois à l’entrée du bar… Quoi que pour l’heure, il n’y avait que le gorille qui contrôlait les entrées et sorties des gens et qui d’ailleurs, fixait lourdement la blonde. Évidemment qu’il allait lui demander ses pièces d’identité, autrement ce ne serait pas drôle ! Mais avant toute chose, la jeune dresseuse s’éloignait de deux pas pour sortir son téléphone et envoyer un message à son rencard…. Sans doute pour se rassurer qu’il était réel et non qu’un vilain Lockpin pour lui faire perdre son temps ?
- Ready when you are Je t’attends à l’entrée mais fait vite, le gorille crois que j’ai 14 ans Help
If you ever have need of my life, come and take it.
La technologie avait transformé les rapports humains. Mais pas les tiens. Parce que tu n’en avais jamais eu.
Plus jeune, tu étais beaucoup trop occupé à être malade pour te tracasser davantage avec des liens qui n’avaient, de toute façon, aucune chance de survivre à l’épreuve du temps. Tu étais condamné à mourir et pour cela, tu n’avais pas besoin que quelqu’un te tienne la main. Tu ne voulais surtout pas abandonner quelqu’un derrière toi et regretter cette vie. Ta vie. Ces instants de bonheur promis auxquels tu aurais inévitablement été arraché. Tu ne souhaitais pas nourrir l’espoir d’un dénouement heureux, désirant plutôt quitter cette terre avec la certitude que ton absence n’y changerait rien. C’était une belle façon de partir. Minimiser au maximum ton rôle auprès les gens, ta place dans leur cœur… Tu avais plutôt bien réussi d’ailleurs. À l’extérieur d’Ezekiel et de tes parents, tu n’avais tissé aucun lien qui eusse mérité d’être mentionné à ton enterrement.
Mais. Parce qu’il y a toujours un mais.
Contre toutes attente, tes attentes, tu avais survécu. Tu avais défié le chemin tracé par ta propre naissance et triomphé d’une guerre à nulle autre pareil. On aurait pu croire que tu en profiterais pour exister et nouer de véritables relations… Mais non. Ce n’était pas arrivé. Tu t’étais plutôt aveuglement jeté corps et âme dans un autre combat qui ne te concernait même pas. Parvenais-tu vraiment à te convaincre que le département de psychiatrie de l’institut médical valait mieux qu’une bonne soirée entre amis ? Tout-à-fait.
Alors on ne pouvait pas vraiment dire que la technologie avait complètement transformé tes rapports avec les autres. C’était peut-être vrai pour la majorité des jeunes qui préféraient sans l’ombre d’un doute la facilité aux artifices calculés des rencontres dans un bar ou dans un parc, mais, pour toi, la question ne se posait même pas. Tu n’avais jamais exploité d’autres méthodes ou testé d’autres idées pour te soustraire à cette navrante simplicité volontaire… Tu ne pouvais pas regretter quelque chose que tu n’avais pas connu. C’était comme ça. Et somme toute, cela ne te choquait pas. Ouvrir une application, faire défiler les visages et les descriptions, manifester ton intérêt d’un simple glissement de doigt sur l’écran: c’était devenu le quotidien d’un nombre incalculable de milléniaux. C’était même devenu le tien.
Étendu sur ton lit, les yeux dans le vague, les visages se succèdent comme de vulgaires tableaux. À vingt-deux ans, tu ne peux pas louanger ta personne et prétendre être radicalement différents des autres garçons de ton âge. Tu ne l’es pas. Tu réponds aux mêmes règles et bas instincts que tous les autres… Sauf qu’eux ont déjà connu ce qui demeure un mystère à ta peau et à ton âme. Est-ce pour cette raison ? Est-ce pour cette raison que tu as ressentis le besoin de succomber à la tentation d’installer l’application et de traiter les candidats comme des numéros ? Certainement. Tu ne cherches pas le grand amour. Alors qu’espères-tu trouver ? Honteux, tu baisses les yeux jusqu’à ce qu’une alerte sur ton téléphone t’invite à les relever. Un super like. Curieux, tu cliques sur le profil. En silence, tu admires, observes, analyses les informations que la jeune blonde divulgue d’elle-même.
Elle est jolie. Tu es superficiel. Convaincu, tu glisses ton doigt sur la droite. Alors, que deviens-tu Izaiah ?
Quelques messages plus tard, tu décroches un rencard imprévu à 21h dans un bar de la ville. En voilà une surprise. Ce n’est pas ton premier, certainement pas ton dernier, mais celui-ci est spécial. Les conditions et le contexte le rendent unique, surprenant, stressant. Déglutissant, tu repousses ton téléphone pour y voir plus clair. Que fais-tu ? Qu’espères-tu comme conclusion ? Le grand amour ? Non. Tu as d’autres chacripans à fouetter. Tu le sais. Alors quoi ? Le mystère demeure entier, mais tu sais une chose : tu n’es pas libre ce soir.
Commençant à te préparer relativement tôt, tu regardes les heures passer jusqu’à prendre la décision de commencer à te diriger vers le lieu de ton rancard. Le centre-ville. Cet endroit que tu fuyais tant, mais qui te rappelait sans cesse à lui. Tel un malfrat que les crimes guideraient sans cesse vers la potence. Passant une main dans tes cheveux, tu réajustes distraitement ta chemise puis t’avances vers le bar. Dans la poche de pantalon, ton téléphone vibre. Curieux, tu le décroches juste à temps pour voir le message de ton rencard s’afficher.
Tu souris, timide. Tu ne sais rien d’elle. Ce n’est qu’une inconnue sélectionnée pour quelques mots échangés et pour un physique avantageux. L’image que tu renvoies normalement se prend un coup. Tu n’es pas pur ni bon. Mais, au moins, tu es vivant.
- J’arrive dans deux petites secondes ! Essaie de ne pas trop te faire remarquer. Avec un peu de chance, ils n’appelleront pas tes parents ;)
Tu relèves les yeux, fermes ton portable, balaies l’entrée du bar. Elle est là. Enfin. Difficile de savoir exactement s’il s’agit bien d’elle, mais tu y vois une jeune femme blonde et seule. Ce sont deux traits censés la caractériser. C’est un bon départ. T’avançant vers elle, les mains dans les poches, tu te racles la gorge afin d’attirer son attention. Tu n’es pas un charmeur, un dragueur. Tu n’es qu’un puceau de vingt-deux ans qui n’a jamais eu de relation avec quelqu’un du sexe opposé. Ni du même sexe d’ailleurs. « Seul », serait sans doute un bon terme pour te définir. Tu es seul, voilà. Seul et inexpérimenté. Laissé à toi-même dans une expérience que le moindre faux pas peut faire éclater.
Alors forcément.
- Madelyn ? Heureux de faire ta connaissance. Alors, tu as apporté tes devoirs ?
Alors forcément, l’humour -ton malheureux humour qui plus est !- est une façon sécuritaire de l’aborder. Le compte à rebours débute. 10 secondes avant qu’elle ne s’en aille… 9. 8.
Et que dire d’une jeune fille comme Madelyn ? Elle n’était pas spécialement grande, plutôt fun size mais elle avait une crinière blonde aux bouclettes à rendre jalouse quiconque, un regard ravageur et empli de mystères, des courbes à rendre jalouse quiconque. Elle était la parfaite e-girl que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, à faire la belle. Et justement, c’était précisément ce qu’était et faisait la jeune Unysienne qui venait de souffler ses 18 ans un peu plus tôt cette année. Depuis sa majorité, la belle prenait une plus grande liberté et ce, que par principe qu’elle était maintenant majeur, adulte et donc, libre de ses choix, qu’ils soient bons ou non. Qui donc pourrait la juger ? Tout le monde en fait. Mais elle s’en moquait, elle ne cherchait pas à plaire aux gens. Enfin… Un peu oui. Elle voulait être aimée, idolâtrée, enviée même des autres et elle faisait tout pour rendre ses désirs égoïste sa réalité. Elle voulait être celle dont tout le monde allait parler, que ce soit en bien ou en mal, tant qu’on lui offrait une certaine attention. C’était comme son carburant ? Sans doute était-ce dangereux comme jeu. Destructeur même. Mais cela lui faisait croire à un maigre espoir de bonheur, aussi éphémère puisse-t-il être.
Et c’était justement ce désir d’attention et reconnaissance qui poussait la belle à se dévoiler sur les internets. Ou surtout, à monter sur scène. Pourquoi ? Oh certes, Maddy avait un certain talent artistique pour survivre sur la scène et inventer chorégraphie et histoire. Mais est-ce que la passion y était pour autant ? Là était une question fort délicate à bien y penser… Car son intérêt pour les concours étaient venus très soudainement. Elle n’avait nullement le background de vie pour justifier un tel envie… Outre le fait de savoir qu’elle allait être filmée et allait passer sur le net et la télé locale… Là était une justification suffisante pour pousser la belle à doublier d’effort dans ses entrainements.
Mais aujourd’hui, il n’y avait absolument aucune passion envers ses concours. La belle brûlait d’un désir autre bien plus égoïste. Elle avait pris la journée entière pour elle-même. Pour se reposer. Pour jouer les intéressantes sur le net, à fouiller ses applications, à faire défiler les multiples visages sur son écran, plus souvent sur la gauche que la droite. Du moins, jusqu’à le voir et sourire. Serait-ce l’amour ? Madelyn serait la première à avoir un rire hystérique à un tel songe. Oh si seulement c’était aussi simple. Mais comment aimer autrui alors qu’elle-même peinait à s’aimer sincèrement ? Car comme beaucoup de sa génération, la belle n’était que mensonge, facettes et prétentions. Mais elle était jolie, elle ne pouvait qu’être heureuse et avoir une existence sans problème non ? Et justement, sa vie allait si merveilleusement bien qu’elle se décrochait un rendez-vous avec un jeune homme plus vieux de quelques années qu’elle. À croire que la belle avait une préférence pour les mâles plus âgés qu’elle ? Enfin.. Ses expériences étaient moindre, voir même unique, partagées avec un jeune Pléiade qui avait croisé sa route un peu plus tôt cette été. Mais de là à croire qu’ils étaient en couple serait une bêtise. Ce n’était qu’une autre aventure parmi tant d’autres. Ou du moins, c’est ce que la blonde pensait avant de se découvrir plus difficile et superficielle qu’elle le pensait déjà à la base. Car maintenant qu’elle avait goutée au fruit défendu, malgré son comportement de fille facile, elle ne s’offrait pas aussi facilement qu’elle-même le pensait à la base. Mais elle qui pensait pouvoir compter sur son Pléaide pour combler ses besoins, voilà qu’elle s’était plantée en réalisant qu’il s’amourachait d’une autre en fait ? Ainsi naquit une certaine jalousie en la blonde qui semblait mal prendre de se faire remplacer aussi facilement… Et c’était en soit cette raison première qui avait poussé la blonde à perdre son temps sur cette application, jusqu’à le trouver.
Une fois devant le point de rencontre, la belle devait bien sûr prouver sa majorité, ce qui la poussait à sortir ses papiers pour faire taire le gorille et se voir attribuer le droit d’entré dans le bar et trouver un petit moment de calme. Puis sitôt sourire en lisant le message de sa date du jour…. Ne pas se faire remarquer ?
-- Mowh tant que tu es le seul à me remarquer… ;)
Et ce ne fut qu’une question de secondes avant qu’il n’arrive dans les parages. À peine Maddy avait-elle eu le temps de s’asseoir au bar et commander à boire, voilà qu’une voix l’interpelait et la poussait à tourner la tête par-dessus son épaule… Et sitôt sourire. Déjà au premier coup d’œil, il semblait correspondre à ses photos et premier truc qu’elle remarquait ? Il était grand. Très. Grand. Du moins, en comparaison avec la jeune Unysienne qui était presque fière d’être sur un tabouret haut actuellement pour masquer sa petitesse. Mais en l’écoutant, elle inclinait d’abord la tête sur le côté, légèrement confuse… Devoir…? Avant de finalement sourire et se retourner pleinement pour lui faire face, à défaut de retourner au sol, elle voulait encore semblée grande quelques instants encore…!
« Oh bien sûr, j’ai apporté le strict nécessaire pour répondre à vos attentes Monsieur… ~ » Son ton était doux, sensuel presque, le regard en était aguicheur alors qu’elle levait une main pour atteindre son avant-bras contre lequel elle laissait glisser ses doigts avant de lâcher un rire à peine audible, son devenant presque nargueur avant qu’elle ne secoue la tête et lâche sa main fraichement attrapée pour désigner le banc à sa droite, l’invitant à prendre place à ses côtés.
« Mais je dois admettre ne pas avoir révisé proprement… Peut-être pourrais-tu me filer un coup de main, Izaiah ? ~ »
If you ever have need of my life, come and take it.
Tu aurais pu fuir. Franchement, il aurait mieux fallu. Prendre la poudre d’escampette, assumer le plus humblement possible que tu resterais seul pour le reste de tes jours… C’était un plan beaucoup plus intéressant que de se tirer dans la gueule du loup, non ? Le problème ne résidait pas en Maddy. C’était toi. C’était toujours toi. (Bon sang, on aurait dit un motif de rupture : ce n’est pas toi le problème, c’est moi.) La blondinette était charmante et la première impression était très positive. Bien plus positive que la tienne. Mieux calculée également. À croire qu’on aurait pu se passer de tes blagues de mauvais goût pour tout gâcher… N’est-ce pas ?
Esquissant un rictus embarrassé, tu te demandes si tu ne devrais pas rajouter quelque chose à ta question. L’inclinaison de sa tête t’avait convaincu du mal agir de ta boutade. L’interrogation dans ses yeux également. Tu étais un idiot. De par cette simple phrase, tu venais de lui prouver que tu n’étais ni un dragueur ni un habitué des rencontres en ligne. Devait-elle nécessairement savoir ? Et si elle te classait systématiquement dans la catégorie des loosers ? Complimenter sa tenue, sa coiffure ou son maquillage aurait peut-être été un premier pas plus intéressant pour ouvrir le bal, non ? La légende voulait que toutes les filles raffolent des compliments. Maddy ne pouvait pas être si différente que ça…
Mais au fond, qu’en savais-tu ? Tu n’avais jamais vu le sexe opposé comme un but à atteindre, un objectif à accomplir. Tu étais un petit nouveau dans le grand jeu de l’amour. L’amour, carrément ?
- J’espère que la leçon sera fructueuse dans ce cas.
Les joues légèrement rosies par la surprise, tu tentes de ne pas perdre la face. Ce délire, c’est le tient. C’est celui que ta propre stupidité a initié. Si tu abandonnes ici même le peu d’amour propre qu’il te reste, alors tu peux considérer que c’est mort. La réaction de Maddy est plus positive que tu ne le prévoyais… Alors contentes-toi de surfer sur la vague et de sembler bien plus confiant que tu ne l’es. Ça devrait suffire pour te faire gagner quelques points. Après tout, tu es doué pour te donner le bon rôle, n’est-ce pas Iza ? C’est naturel chez toi de renvoyer la meilleure image de toi-même. Tu le fais constamment. À l’hôpital, avec tes connaissances, tes amis, ta famille. Tu ne l’assumes pas, mais tu apprécies l’idée que les gens voient ce qu’il y a de plus glorieux en toi. Le reste de ta personnalité, tu la rejettes comme de vulgaires déchets. Tu n’en veux pas. Tu ne l’assumes pas.
Et c’est pourtant elle qui a honteusement guidé ta petite personne jusqu’ici.
Un frisson parcourt ton corps lorsque ses doigts glissent le long de ton avant-bras. Déglutissant, tu tentes de masquer ton trouble et de ne pas entendre le son des battements de ton cœur qui s’accélèrent. Tout va bien aller. Tu es un grand garçon. Tu peux garder ton calme, ne pas déparler, ne pas te ridiculiser. Fonce. Impossible de faire pire que ton ouverture.
Tirant le banc à côté d’elle, tu y prends place en déposant ton bras sur le comptoir pour feindre l’air décontracté. Tu es en plein contrôle de la situation. Izaiah, vingt-deux ans, n’est pas puceau. C’est un habitué. Un homme, un vrai. Un lover même.
Purée, qui pourrait croire de telles sornettes ?
- Un coup de main ? Ce serait avec plaisir.
Calme ton cœur. Et cesse de voir des sous-entendus où il n’y en a pas. Malheureusement, devant l’attitude de Maddy, ton corps réagit de sa propre initiative : tes muscles se tendent, la chaleur de ton corps augmente considérablement et, si tu n’avais pas le moindre contrôle de toi-même, ton visage tournerait sans doute au rouge. Mais pas un petit rouge discret et mignon. Non. Un rouge pivoine qui gonfle les traits et tourne au ridicule sa victime. Heureusement, il te reste un minimum de selfcontrol et le pire est évité de près.
- Alors dis-moi, par quelle matière voudrais-tu que l’on débute la leçon ?
Demandes-tu avec amusement. À quelque part dans ta quête du sexe opposé, tu esquisses même un sourire tentant d’être charmeur. Tu tentes de détendre ton corps, de forcer la zen attitude. Tu espères qu’elle lira entre les lignes, autrement tu sens que ton attitude va la gonfler. Ce n’est pas ton objectif. Elle peut avoir l’esprit en paix : tu n’es pas ici pour réviser les maths ou l’histoire. Tu as autre chose en tête. Dommage que tu sois incapable de l’assumer pleinement. Tu as visiblement toujours autant de mal à être honnête avec toi-même…
Mais dis-moi, Iza, penses-tu vraiment qu’une demoiselle aussi sublime prendrait rendez-vous avec quelqu’un comme toi dans l’espoir de rencontrer le grand amour ? Ne te fait pas d’illusions. Elle et toi êtes certainement faits du même bois.
Si la jolie blonde aux grands yeux bleus adorait faire des rencontres en tout genre avec les gens pour combler son besoin de nouveauté, pour autant, elle demeurait fort nouvelle à l’aspect plus… Virtuelle de la chose. Oh parler pendant des heures à un bel inconnu cacher derrière son écran, elle savait bien gérer ! Mais une fois qu’elle passait à la réalité, elle préférait se faire discrète, allant même jusqu’à ‘ghoster’ par moment ! Et si à la base, elle avait ressentie un certain doute, sa petite voix qui lui hurlait de se défiler comme souvent, elle avait plutôt écouté sa curiosité personnelle mal placée… Et voilà qu’elle était assise face à un bar, à attendre un bel inconnu. Et quel bel inconnu qu’elle découvrait. Il semblait aussi tendu et nerveux qu’elle, sauf qu’à la différence que Madelyn semblait assez bien gérer son stress. Elle semblait si douce, si sereine, à l’observer, l’admirer même de ses grands yeux azurés, un doux sourire aux lèvres. Et enfin, il s’exprimait…
Si à la base, Madelyn semblait confuse sur le coup, voilà qu’elle décidait de reprendre son sourire et même jouer le jeu. Si ça pouvait le détendre, pourquoi pas ? D’ailleurs, elle vint doucement poser sa main contre son avant-bras, l’invitant à prendre place à ses côtés. Histoire de mieux le reluquer sans que ce soit trop…. Apparent. Mais oui. Oui Maddy utilisait déjà bon nombres de sous-entendu. Pourquoi feindre l’innocence et jouer les gamines pures alors qu’en fait… Elle n’en avait pas l’image ? Oh si elle était sage en vrai, ce n’était pas pour autant véridique sur les internent. Elle adorait l’attention que cela lui offrait sur le net. Elle pouvait être qui elle veut, faire ce qu’elle désire et agir tel son petit cœur le désir sans que rien ni quiconque ne puisse la juger ou dire autrement. Mais en vrai ? C’était tellement plus délicat… Mais pourtant, ce jeune et bel inconnu, ce blondinet, ce Kalossien… Il dégageait… Quelque chose.
Une aura unique et fascinante que la jeune Unyssienne ne pouvait ignorer malgré elle. Il dégageait vraiment ce ‘je-ne-sais-quoi’ qui le rendait dangereusement attirant… Et ce, même si lui-même e semblait être dans le déni total. Mais ça rendait les choses tellement plus intéressantes.
Oh il jouait les lovers, ceux qui gères facilement ce genre de situation et pourtant… ? Maddy pourrait mettre sa main au feu sans risquer de se brûler, ce n’était qu’une façade. Un piètre mensonge qu’elle-même pourrait utiliser. Il se la jouait expert en la chose mais la réalité était tout autre. Et pourtant ? Cela amusait à jolie Pléiade qui admirait les rougeurs qui envahissaient lentement mais surement le visage d’un naturel pâle de son partenaire du soir… Un timide envers la gente féminine peut-être…?
« Un coup de main, oui. » Répétait-elle après lui, un sourire en coin, alors que lentement, elle fit glisser sa main le long de son avant-bras pour venir innocemment se poser au-dessus de sa main, alors que son regard remontait de leurs mains jusqu’à se plonger dans celui violacé de son interlocuteur. Si douce, si innocente, si adorable et pourtant…? Elle ne crevait que d’une envie et elle était loin d’être aussi pure qu’ils le laissaient sous-entendre à l’un et l’autre au final. Et plus le pauvre s’exprimait, plus il s’enfonçait sans même le réaliser. Alors que toujours et éternellement, Maddy se délectait de ses réactions. Elle souriait, caressait même ses jointures du bout des doigts avant de glousser de rire.
« Mowh… Je pourrais dire un truc comme ‘Oh Monsieur, pourrions-nous revoir ce passage en biologie qui parlait plus en détails de l’union entre les genres opposés’ mais… » Elle fit mine de se mordre la lèvre inférieure avant de lui relâcher la main et se reculer même, déviant soudainement le regard vers le barman qui lui apportait enfin sa boisson dont elle siroter le précieux contenu avant de glousser de rire. « … Mais je doute que ton visage puisse endurer une nouvelle bouffée de chaleur. ~ »
Cela dit, elle reportait rapidement son attention sur Izaiah, posant son menton contre ses mains closes, accoudée pour se donner un semblant de grandeur, alors qu’elle l’observait du coin de l’œil.
« … Première fois…? ~» Première quoi ? Rencontre tinder ? Rendez-vous avec une fille ? Rencontre tout court ? Première expérience de vie intime ? Toutes ces réponses ? Qui sait. Maddy en fait. Mais elle voulait se jouer de lui un peu encore. Le voir rougir un peu plus et voir où cela allait vraiment les mener. Après tout, il avait beau être son ainé, il n’était en rien supérieur ou en contrôle, oh non et il allait très rapidement s’en rendre compte avec une fille comme Madelyn dans les pattes. Mais elle semblait si douce, si invitante, si... Rassurante même dans son ton de voix... Mais était-ce seulement la réalité ?
If you ever have need of my life, come and take it.
Qu’avais-tu à te prouver ? On ne brisait pas un demi-siècle de solitude pour nulle autre raison qu’une crainte infondée d’y passer sa vie. Alors quoi ? Tu ne ressentais ni le manque, ni la détresse accablante de mettre un terme à ton ignorance. Tu n’étais pas non plus complètement désespéré ni en mission sauvetage d’une virilité bientôt expirée… Même que tu aurais pu attendre la bonne. Vraiment. Tu aurais pu étouffer le désir jusqu’à t’abandonner aux bras d’une personne vraiment spéciale autant à ton cœur qu’à tes yeux… N’était-ce pas la plus belle preuve d’amour qui puisse être ? Te préserver aussi longtemps que nécessaire, être prêt à accepter de ne pas connaître pour les mois voire les années à venir ?
Alors pourquoi ?
La curiosité. Tout simplement. Tu aurais aimé avoir des raisons plus nobles, avoir longtemps mûri la question jusqu’à y trouver une réponse bien plus sophistiquée… Mais il n’y avait rien de plus que la curiosité. Tu voulais connaître. Découvrir. Briser l’ignorance. Pour autant, ce n’était pas un impératif. Si Madelyn te fermait la porte au nez ce soir, ton sommeil n’en serait pas plus agité… Mais tu voulais essayer. Conscient sans vraiment l’être, tu voulais tenter l’expérience. La grande aventure. Savoir ce que ça faisait, connaître la chaleur d’un autre être humain, sentir ses caresses sur ta peau, son souffle dans ton cou. Aujourd’hui, ou demain, tu voulais partager cela avec quelqu’un.
Mon pauvre. Si seulement tu savais à quel point l’idée que tu t’en faisais était bien trop naïve, bien trop idéalisée. Mais comment pourrais-tu savoir ? Avec toi, jamais personne n’avait abordé le sujet. Tes parents s’étaient toujours davantage préoccupés cet imminent deuil qui brouillait leur quotidien que de ton éducation et tu n’avais jamais eu d’amis... Avec Ezy, ce n’était pas des choses dont vous parliez. Votre relation n’était pas comme ça. Tu l’avais vu dans ses yeux une fois : le silence valait mieux qu’une conversation creuse et chargée de sentiments que tu ne pourrais pas comprendre. Parce que tu ne savais rien. Tu ne pouvais pas savoir. C’était douloureux, n’est-ce pas ?
Ses doigts sur ta peau te font frissonner et la chair de poule recouvre alors honteusement ta peau. D’instinct, tu baisses légèrement les yeux afin de ne pas y croiser son amusement. Tu n’es pas assez stupide pour ignorer qu’elle se joue de toi. C’est si… évident, si naturel, désarmant même. Certes, ce n’est pas un crime, ni désagréable, mais tu ne veux pas lire l’amusement dans ses pupilles céruléennes. Ton amour propre est un trésor dont tu as trop souvent sous-estimé la valeur… Et même si ses propos poussent ton propre jeu dans ses derniers retranchements, tu ne veux pas céder à la tentation de briser ta minable couverture. Alors, fièrement, tu retiens la bouffée de chaleur et évite de trop réfléchir à ce qu’elle vient de dire.
Mais c’est difficile, beaucoup trop difficile.
Alors au moment où elle soulève ta propre faiblesse, tu pouffes légèrement de rire avant de poser ton regard sur cette main désormais bien loin de la tienne. Elle a parfaitement raison. Ton visage n’aurait pas pu supporter un assaut de plus…
- Je t’en prie, ne me sous-estime pas !
Tu es incapable de l’admettre de vive-voix. Tu es incapable de lui donner l’opportunité, la chance offerte de te classer parmi les innombrables minables qui ont sans doute tenté de l’approcher un jour ou l’autre. Pitoyable, tu tentes de te convaincre que tu vaux mieux que ça. Que tu as quelque chose à offrir, à lui offrir, que d’autres non pas… Mais même en tournant la question dans tous les gens, tu ne parviens pas à trouver quoi. Tu veux juste prévenir le rejet, même si cela te force au crime du pieux mensonge.
Sauf qu’elle n’est pas dupe. Madelyn est expérimentée. Elle en a vu d’autres. Tu n’as rien d’exceptionnel et ton manque flagrant de connaissance lui saute aux yeux comme le nez au centre du visage. Que te reste-t-il ? Tu ne peux pas prétendre à un millier d’expériences. Tu ne peux pas jouer la carte du lover plus longtemps sans courir le risque de te ridiculiser au tournant. Alors, franchement, quelles cartes as-tu en main désormais ?
- C’est si évident que cela ? Je pensais pourtant bien m’en tirer…
Admets-tu dans un soupire avant de faire signe au barman. Un bloody Mary. Ou peu importe, un truc sans alcool. Doucement, tu te retournes vers Madelyn afin de lui adresser un sourire doux. Doux à en crever. Tu n’es pas dégoûté de t’être fait prendre à ton propre jeu. Un peu décontenancé, déçu, mais certainement pas dégoûté ou en colère.
- Je ne suis pas… habitué à tout ça. J’aimerais bien, crois-moi, mais ça n’a jamais adonné.
Confis-tu avant de rigoler légèrement. La crainte d’être jugé pour ton inexpérience est omniprésente, mais tu la caches bien. Dans le pire des cas, qu’auras-tu perdu ? Le contact avec Madelyn est agréable, mais ce n’est pas l’amour de ta vie après tout… Il n’en a jamais été question. Vous n’êtes pas ici pour ça alors, au fond, qu’en a-t-on à faire de vos personnalités respectives ?
- Détrompe-moi s’il le faut, mais puisque tu as eu si bon œil pour détecter ma supercherie, j’imagine que tu ne dois pas être à ton premier coup d’essai.
Question sans vraiment en être. Tu te fiches bien de connaître le passé de Madelyn. Les femmes peuvent faire ce qu’elles veulent d’elles-mêmes et de leur corps. Ça ne te concerne pas. Et même si la jolie blonde t’avouait avoir connu cent lits ou hommes avant toi, tu ne la considèrerais pas d’un œil différent.
C’était ta qualité. Ton unique qualité présentement.
Oh comme quoi qu’il ne fallait jamais juger un libre par sa couverture. Car derrière ses airs, sa façon de parler, d’agir même, de s’habiller tant qu’à y être, Maddy était loin, très loin même de ce qu’elle semblait volontairement ou pas dégager. Et pourtant ? Elle ne semblait nullement s’en plaindre. Elle était bien consciente de la réputation qu’elle se créait et honnêtement ? Ça l’amusait. Cela lui donnait une attention quelconque et elle obtenait justement, ce qu’elle semblait tant convoiter; de l’attention.
Car oui, notre jolie petite blonde d’Unys élevée à Johto avait ce côté horriblement superficiel et matérialise de sa région natal. Elle avait quelques traits propres au peuple de Johto mais au plus profond de son être, Madelyn était une Unyssienne pure et dure. Elle adorait le superflu, les paillettes, les choses qui coute cinq fois son maigre salaire de baby-sitter. Et elle n’était pas des plus sages virtuellement… Bien qu’elle jouissait encore d’un certain anonymat qui protégeait bien ses fesses de l’autre côté de l’écran… Car malgré tout, elle ne désirait pas complètement mêlée réalité et virtualité… Sans doute était-ce un désir hypocrite alors qu’elle était justement assise aux côtés d’Izaiah…? Ce même jeune garçon qu’elle rencontrait tout juste après quelques messages à peine sur un site de rencontre. Et visiblement…? Ils partageaient bien plus qu’elle pouvait se l’imaginer.
Malgré les apparences, ils se rejoignaient sur une fausse innocence. Bien qu’elle était davantage véridique du côté d’Izaiah. Car bon, Madelyn pouvait difficilement en dire de même à son sujet… Enfin. Oui et non.
« Te sous-estimer ? Allons, Izaiah, jaaaamais je n’oserais. » Oh l’expérience de la blonde ne venait pas de son nombre de partenaire… Mais plutôt sa facilité à mentir comme elle respire plutôt ? Ce qui était sans doute un peu plus triste… Mais cela lui permettait aussi de prendre les menteurs à leur propres jeux, elle jouait à ce jeu depuis si longtemps, c’était comme devenue une seconde nature pour elle ? Mais pour autant, elle semblait encore… Douce envers son partenaire du jour. Son ton masquait difficilement son amusement alors qu’elle sirotait son breuvage. Ce qui offrait tout le luxe au jeune homme de commander à son tour.. Hmm un Bloody Mary ? Pourquoi pas.
« Oh rassures toi, j’ai vu bien plus lamentable. » … Hmm finalement, peut-être pas. Elle se ravisait d’ailleurs dans son choix de mot en repoussant son verre puis en se tournant pour faire face à Izaiah, sa main revenant se poser contre la sienne, alors que son regard azuré cherchait celui de son interlocuteur.
« Est-ce vraiment si important… ? Le comment du pourquoi. La société en parle comme si c’était la 8ième merveille du monde alors qu’en fait… On ne fait que se priver des années et des années… Tout ça pourquoi au final ? Une paire d’anneau et une partie qui dure 5 minutes qui va résulter en un gosse ? » Elle pausait pour rouler des yeux puis glousser de rire. « Par pitié. »
Mais voilà que la question en retour d’Izaiah eut le mérite de faire sourire plus… timidement la blonde ? Si bien qu’elle le relâchait pour reprendre son verre… Et le finir d’un coup en fait ?! Pourquoi pas.
« C’est là que tu as tort chaton. T’es le second depuis… You know… » Elle n’était pas ici pour s’étaler sur sa vie personnelle et intime mais bien pour s’amuser ou pas ? Un nouveau soupire s’échappait de ses lèvres alors qu’elle le fixait brièvement du coin de l’œil… au final, ils n’étaient pas si différents… Si Alaric n’avait pas été dans le décors, tous les deux seraient sur la même lancée en fait. S’en était presque admirable. Ou tout bonnement pathétique. Mais une fois sa boisson payée, elle se retournait pleinement face à son compagnon de nuit, main tendu vers lui.
« … Mais je n’ai pas envie de m’attarder ici plus longtemps alors qu’on sait tous les deux comment ça va se finir… Ou devrais se finir..? » Un léger doute semblait planer au-dessus de Madelyn… Et si c’était lui qui prenait peur et reculait au final ? Et s’il n’assumait plus ses choix et ce qu’il avait initialement promis à la jeune Pléaide ? Oh elle serait déçue mais au plus profond de son être, elle espérait qu’il lui prouve tort… Qu’il s’assume jusqu’au bout surtout. Elle n’avait pas envie de s’être tapé tout ce trajet que pour prendre un verre, qu’elle avait elle-même payée, pour finalement rentrer … Où en fait ? Elle n’avait nulle part pour rentrer en fait… Elle aurait sans doute dû penser à ce détails quelques heures plus tôt…
If you ever have need of my life, come and take it.
Et si demain n’était que passé ? Qu’adviendrait-il de vous ? Vous seriez une histoire à raconter, un souvenir à se remémorer lors des froides nuits d’hiver. Vous ne transcenderiez sans doute pas les années. Non. Un jour, vous oublieriez sans doute ce que vous aviez été. La chaleur de ton corps et du sien s’estomperaient doucement jusqu’à vous ne parveniez plus à l’évoquer ni à en décrire la sensation. Mais vous n’auriez pas peur. Vous n’auriez pas peur parce qu’au fond, vous n’aviez jamais été. Certes, pendant un temps, la pensée fugace de Madelyn traverserait sans doute ton esprit embrumé lorsque tes bras envelopperaient un autre corps que le sien… Mais les sentiments prendraient vite le dessus sur cet embryon relationnel et tu la replacerais dans la case d’où elle venait.
On dit qu’on n’oublie jamais sa première fois. Mais était-ce toujours aussi vrai au bout de la centième première fois ?
Tu n’avais plus besoin de te cacher. De toute manière, la blonde lisait en toi comme dans un livre ouvert. Mentir et enfoncer le jeu jusqu’au ridicule ne te ferait rien gagner… Tu savais être lamentable. Exceptionnellement, cela te rendait un peu honteux, mais, aux lueurs du matin, ce ne serait qu’un souvenir.
Comme elle. Comme vous.
Sa main se repose sur la tienne, t’invitant à accueillir ce regard qui te cherche. Tu t’y abandonnes sans opposition, laissant tes pupilles reposer dans l’océan tumultueux de ses iris. Madelyn est belle. Elle en a conscience et elle n’hésite pas à en tirer profit… Mais elle est belle. Tu tombes dans son jeu comme dans un gouffre dont tu n’essaies même pas de sortir. Tu ne contrôles rien. Tu n’es que le jouet, l’objet de quelque chose qui te dépasse. Tu pourrais t’y noyer sans jamais avoir tenté d’y survivre. Tu pensais que cette rencontre était une initiative qui te regardait ? Grossière erreur. Depuis le début, c’est elle qui tire les ficelles.
Et tu ne comptes pas faire la révolution. Tu ne comptes pas renverser le jeu, t’opposer à ses désirs et prouver ton statut d’homme viril en grattant tous les honneurs. Tu n’es pas comme ça. Ce n’est pas toi. Au lit, tu serais sans doute bottom.
- J’imagine que tu as raison…
Goût amer de la désillusion. Triste retour sur terre. Bienvenue, Izaiah. Ce qui t’attend n’est pas exceptionnel. Ta pensée est naïve tout en étant consciente de son état. Trop consciente. Tu continues de croire même en sachant que ce en quoi tu crois n’existes pas. Ce n’est qu’une chimère, qu’une idée idéalisée. Tu te fais du mal. Madelyn elle-même le dit.
Alors, vas-tu faire demi-tour maintenant ? Non. Sans doute pas. Il est nécessaire pour toi de briser cette conception de l’amour et du désir. Si tu dois tout gâcher, alors autant que ce soit maintenant…
La regardant relâcher ta main pour finir son verre, tu t’empresses de prendre une gorgée du tien afin de t’y perdre un instant. Tu lui retournes la question, tente d’y voir plus clair dans son jeu. Tu n’es pas prêt. Pas prêt à apprendre que tu n’es que le second. Tu ne prétends pas lire au travers les gens, mais… tes idées reçues ne t’avaient pas préparé à cela. Sans même t’en rendre compte, tu avales de travers, t’étouffes. Par respect, tu tentes d’être discret, de masquer les soubresauts de ton corps qui tente de te sauver. Tu veux le faire taire, faire disparaître ce témoin accusateur de ta surprise. Par respect pour elle. Pour celle qui t’a confié la vérité.
Heureusement, elle paie sa boisson ce qui te permet de gratter quelques secondes pour reprendre ton souffle. C’est suffisant. Se retournant vers toi, elle tend alors sa main. Ton visage s’empourpre légèrement. (C’est un euphémisme) Tu l’écoutes parler, mais ton cerveau ne calcule qu’au dernier instant. Surpris, tu relèves tes grands yeux vers son visage. Le doute se trahit sur ses traits et, pourtant, elle semble convaincue. Mais convaincue de quoi ? Dans ton thorax, ton cœur s’accélère alors que le stress tend tes muscles comme un vulgaire arc.
C’est ainsi que ça va se passer ? Vous allez faire ce que vous avez à faire puis tourner la page ? Tu devrais t’estimer chanceux. De combien tueraient pour être à ta place ? Madelyn n’est pas l’amour de ta vie, inutile de pousser votre blabla dans ses derniers retranchements. Une conversation creuse ne vous apportera ni réconfort ni avantage. Autant sauter directement à l’essentiel.
Non ?
- Tu as raison.
Encore une fois. Prenant une grande inspiration, tu saisis doucement sa main, la serre légèrement dans le creux de la tienne.
- Tu veux venir chez moi ? Mon appartement n’est qu’à quelques minutes à pieds… Mais est-ce vraiment ce que tu désires ?
Tu veux t’en assurer pour calmer les battements de ton cœur qui s’emportent ou pour calmer ce corps beaucoup trop tendu. Tu as chaud. Si chaud. Et pourtant, tu gardes cette main dans la tienne comme un trésor. Tu vas assumer jusqu’au bout. Tu le sais bien. La curiosité est trop grande, les illusions beaucoup trop fortes. Tu veux savoir.
Non. Tu as besoin de savoir.
Quittant le confort de ton banc, tu t’approches de la blondinette afin de minimiser la distance qui vous sépare. Tu ne sais pas ce que tu fais. Tu aimerais dire que tu transpires l’assurance, mais ce serait un mensonge grossier. Tu agis par instinct, ni plus ni moins. Même assise, tu la dépasses d’environ une tête. Tu plonges ton regard dans le sien comme si tu y cherchais quelque chose.
Si elle est prête à partir, alors tu es prêt à la suivre.
Mais au 21ième siècle, qui donc croyait encore dur comme fer et sincèrement à l’amour ? Le grand avec un grand A bien imposant. Un amour sincère, beau, monogame surtout. Un amour fidèle, sans mensonge, sans que l’un profite de l’autre. Il était maintenant si facile de rencontrer des gens à gauche et à droite grâce à l’internet. De se laisser tenter par curiosité ou envie à satisfaire ou d’agir comme si rien de tout cela avec exister en supprimant la conversation. Notre protagoniste n’avait rien de différent à cette mentalité. Elle était même une des sources même de ce problème. Elle qui prenait les gens et les jetait dès qu’elle ne voyait plus ni intérêt ni potentiel à en soutirer. Mais pourquoi ? Par ennuie ? Par plaisir ? Pour masquer un mal de vivre ? Toutes ces réponses ?
Et pourtant. Malgré les apparences. Malgré son comportement plus que tendancieux et ses paroles enivrantes, la jeune blonde était tellement loin de cette image de fille facile qu’elle se donnait. Elle passait que trop rarement de la virtualité à la réalité. Pour se protéger ? Pour crainte de perdre son temps ? Sans doute un peu des deux. Mais Izaiah avait clairement quelque chose que tous ses autres prétendants n’avaient pas.
Mais qu’avait donc Izaiah pour être si unique ? Sans être le prochain Top Modèle de Lumiris, il n’était pas complètement banal. Il était agréable à regarder. Il dégageait une aura douce, invitante même. Difficile d’expliquer le pourquoi de très clairement… Mais cette aura était nouvelle, troublante, fascinante et rassurante surtout. La jolie Pléaide peinait à garder son aura froide et mystérieuse en sa présence, comme s’il arrivait à percer au-delà du masque et des artifices ? S’en était clairement troublant. Et ça le devint encore plus alors qu’il se retournait enfin face à elle pour venir lier leur main ? Un geste à la fois banal et intime.
Si intime que la jeune blonde se sentait frissonner mais surtout rougir ? Heureusement, l’éclairage dans ce bar n’était pas fort élevé, ce qui permettait à Madelyn de conserver un certain égo. Pas question qu’elle abaisse ses barrières aussi clairement face à un vulgaire inconnu rencontré sur les internet… Mais était-ce vraiment tout ce qu’il représentait pour toi Maddy ?
Pour une rare fois, l’Unyssienne se montrait silencieuse, un simple sourire en coins suffit à lui répondre. Ayant eu la délicatesse de ne rien dire alors qu’il s’étouffait… Savait-il seulement boire à la base ou c’était la première fois qu’il buvait aussi..? Oh clairement, ce n’était pas le temps pour la blonde de sortir son sel et son arrogance naturel… Étrangement, elle n’en avait ressenti ni l’envie, ni le besoin. En fait, elle s’était même… Inquiétée sur le coup ? Avant de se ressaisir et retrouver son masque. Conceal. Don’t feel.
Et pourtant ? Alors qu’Izaiah se retournait enfin pour lui faire face et même venir lier leur mains pour de vrais cette fois, elle ressentait un étrange frissons la prendre. Tant et si bien qu’elle se contenait de simplement lever les yeux vers lui… Pourquoi ? Sous ce même silence, son regard azuré jonglait entre celui violacé de son interlocuteur, à leurs mains liées ensemble… Pourquoi ressentait-elle une étrange chaleur la secouer à l’heure actuelle ? Pire encore, sa respiration devenait presque difficile alors qu’elle déviait la tête, jouant les meufs faussement intéressée… Alors qu’en fait, le trouble semblait lentement gagner la blonde alors qu’en fait…
Ce n’était qu’une fois sans importance, non ? Elle allait tirer son coup et se casser avant la fin de la nuit sans plus jamais s’intéresser à lui. C’était ce qui était prévu. Ni elle, ni lui ne cherchait quoi que ce soit de sérieux de cette nuit. … Et justement, il venait de l’inviter chez lui… Oh, pas une chambre d’hôtel mais vraiment son petit cocon des plus intimes.. ? Elle se sentait trembler…. Mais pourquoi ? Elle l’écoutait à moitié, alors que sa main se resserrait d’abord faiblement dans la sienne. Puis plus fermement alors qu’elle s’approchait soudainement de lui, rompant toutes distance pour venir attraper son menton entre son pouce et index de sa main encore libre dans le but fort simple et égoïste de l’obliger à se pencher à son niveau. Et sans même le consulter, lui dérober le plus égoïstement un premier et fort langoureux baiser. Le genre de baiser trop passionné pour être innocent. Le genre trop intime pour être partagé avec un vulgaire inconnu. Et pourtant, c’est celui qu’elle offre au pauvre Kalossien. Tant et si bien qu’elle vint même lui mordre la lèvre inférieure avant de pleinement se reculer, non sans le fixer dans les yeux.
« Tu parles trop. » Mais malgré le ton froid de sa phrase, son sourire, son regard, cette façon qu’elle avait de se mordiller la lèvre démontrait tout le contraire. Tant et si bien qu’elle serrait plus doucement sa main dans la sienne avant de l’entrainer en dehors du bar. Elle avait besoin de s’aérer un peu, de se rafraichir les idées avant de glisser et faire une connerie… « Va pour ton chez-toi si c’est le plus proche et simple… ~» … Comme venir s’accrocher à son bras tient. Alors que son autre main se posait par-dessus celles déjà liés ensemble et sa tête se posait doucement contre son épaule. Être plus petite d’une tête entière avait ses avantages par moment.
If you ever have need of my life, come and take it.
Nervosité. Tu la sentais qui progressait en toi comme si elle remontait un vulgaire cours d’eau. Tu n’avais jamais fait ça. Tu te le répétais en boucle depuis le début de cette rencontre, mais l’évidence semblait l’être dix fois plus maintenant que tu étais si près… de concrétiser la raison de ta venue. C’était paniquant. Tiraillé entre l’envie et la nervosité de franchir un cap de cette ampleur, tu n’arrivais plus à définir tes sentiments réels.
Tu n’étais pas une triste victime du vingt-et-unième siècle… L’amour, tu y croyais encore. Pas ici, pas maintenant, mais sans doute un jour. Tu ne voulais pas consacrer le reste de ton existence à changer de partenaire comme on changeait de sous-vêtement… C’était peut-être un peu naïf, mais tu persistais à croire qu’il y avait quelque chose de beau et de vrai à tirer des relations humaines. Certes, tu n’étais pas encore prêt à tenter l’aventure, mais cela faisait-il pour autant de toi un consommateur de rapports éphémères ? Ton cœur et les faits se déchiraient à connaître la réponse à cette question. La seule certitude qui persistait, c’était que tu n’étais pas fier de tes agissements. Tu répondais à l’appel du plus bas instinct, mais ce n’était pas quelque chose qui te rendait heureux.
C’était une part bien sombre de toi. C’était une part d’ombre à ta lumière et ça ne te plaisait pas. Quand accepterais-tu enfin que les défauts étaient une part substantielle de la nature humaine et que tu ne pouvais y échapper ?
L’idée d’inviter Madelyn dans une chambre d’hôtel n’avait même pas frôlé ton esprit. C’était peut-être l’inexpérience… Ou simplement une preuve de respect ? Toi-même tu ne savais pas. Comme quoi tu ne savais pas grand-chose au final. À cet instant, tu nageais en mer inconnue. Chacun de tes mots ou de tes gestes était digne des plus grandes improvisations de votre époque et tu ignorais où ceux-ci vous mèneraient dans cinq ou dix minutes. Tu espérais seulement ne pas te tromper et ne pas prononcer des paroles regrettables qui auraient tôt fait de plomber l’ambiance. Tu ne te le pardonnerais pas si Madelyn venait à te fuir pour ta maladresse…
Et si, au fond, c’était mieux pour elle ? Et si elle ne le désirait pas vraim… Tu n’as pas le temps de mener cette réflexion à terme. Doucement, la jeune femme coince ton menton entre son pouce et son indexe, t’intimant alors le silence. Surpris, tu écarquilles légèrement les yeux et suis alors le mouvement qu’elle initie pour t’obliger à se pencher à son niveau. Tu ne t’opposes pas. Ton cerveau ne capte plus rien. Il tente d’analyser, mais rien n’y fait. Et avant que tu ais le temps de comprendre, des lèvres se plaquent contre les tiennes. Dès lors, c’est la mort cérébrale.
Le frisson qui te parcourt de long en large te fait perdre tout contact avec la réalité. À cet instant, il n’y a que toi et Madelyn. La chaleur de ses lèvres contre les tiennes, la douceur de cette peau que tes doigts avaient à peine effleurée… Tu as l’impression de redécouvrir tes sens ainsi que les beautés auxquels ils te donnent accès. Le baisé n’a pourtant rien de romantique. Il est passionné, langoureux, fougueux, égoïste… Mais il s’inscrit dans ton esprit comme quelque chose de remarquable auquel ton corps réagit naturellement.
Courageusement, tes mains viennent se déposer sur la taille de la jeune fille alors que tu tentes de l’attirer légèrement vers toi. Tu en veux plus. C’est plus fort que toi : tu aimerais que cet instant ne s’arrête jamais.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et quand Madelyn rompt votre contact, tu sais alors que tu as besoin de plus. Cet avant-goût a éveillé quelque chose en toi, quelque chose de honteux et naturel à la fois. Un désir profond et sincère pour la personne qui se tient devant toi.
Complètement à sa merci, tu te contentes d’un sourire un peu gêné lorsqu’elle te reproche de trop parler. Elle a sans doute raison, mais, pour le coup, tu t’en fiches un peu. Tu ne rajoutes rien de plus, te contentant de la talonner jusqu’à l’extérieur où l’air frais de la nuit te permet enfin de reprendre tes esprits. Ou du moins, une partie.
- C’est sans doute la solution la plus simple en effet… J’espère juste que tu ne seras pas trop déçue.
Admets-tu en rigolant légèrement. Ainsi liés, l’illusion était à s’y méprendre. Personne n’aurait pu se douter que vous vous connaissiez à peine… Et cela ne te déplaisait pas. C’était si nouveau, si vivifiant. Même si ce n’était que passager, toutes tes craintes venaient de s’envoler. Tu te sentais un peu plus en confiance, un peu plus capable. Mais ce n’était qu’une question de temps.
En arrivant devant ton appartement, tu invites Madelyn à monter les escaliers mitoyens puis tu déverrouilles la porte avant de l’inviter à se faufiler à l’intérieur.
- C’est la première fois que j’invite quelqu’un ici depuis que j’ai aménagé… Du coup, ne fait pas trop gaffe aux cartons.
Confis-tu en ouvrant la lumière du couloir. Prenant une grande inspiration, tu tentes de calmer ta fébrilité ridicule. Tu ne veux pas laisser percevoir à quel point cette histoire te bouleverse aussi bien qu’en mal. Même si tu as désormais la certitude que tu désires mener l’aventure à son terme, tu as également conscience que cette première fois… Est justement une première fois.
Naturellement, en t’avançant dans le salon, tes yeux fuient la vue de ta chambre. Tu ne veux pas paraître injustement insistant et tu te convaincs pour cela que le meilleur moyen pour y parvenir est de ne surtout pas regarder la pièce centrale de cette histoire. C’est un peu stupide. Mais c’est la seule réflexion logique dont tu es capable.
- Tu veux quelque chose à boire peut-être ? Je n’ai pas grand-chose, mais tu peux toujours demander…
Tu tentes de paraître calme et décontracté. Naturellement en confiance et sur de toi-même. Mais combien de temps y parviendras-tu ?
Et voilà que le moment tant convoité approchait enfin. Ce pourquoi le duo de blond c’était rencontré sans la moindre gêne, sans hésitation. Ils représentaient une certaine détresse de l’humanité. Pourquoi ne pouvaient-ils pas s’attacher simplement l’un à l’autre, se poser et développer une relation basée sur la confiance et surtout, l’amour ? Masi enfin, il était question de Madelyn ici. Soit la dernière personne à pouvoir s’attacher sincèrement à quiconque. L’amour n’est qu’un jeu, c’est bien connu. Tel un échiquier, la jolie unyssienne surveillait chaque geste qui se déroulait sous ses yeux. Et cette fois, elle n’était pas tombé que sur un pion sans importance, oh loin, très loin de ça en fait. Il se rapprochait un peu plus d’un cavalier ? Voir même une tour à bien y pensé ? Mais très clairement, il n’était pas qu’une pièce sans valeur sur le terrain de la jolie blonde.
Derrière ses airs de bimbo, de charmeuse même, elle semblait masquer un côté plus doux, plus… timide ? Et il pouvait en apercevoir un très maigre reflet alors que la blonde liait jalousement leurs doigts ensemble pour faire route ensemble. À quoi bon se mentir sur la suite à venir. Elle ne voulait pas faire genre qu’ils allaient se poser pour prendre un café et apprendre à se découvrir plus en détails alors que la réalité était tout autre. Mais pour autant…? Pour une raison qui lui échappait totalement, elle se sentait… Bien. En présence d’Izaiah.
C’était comme si elle retrouvait un ami qu’elle n’avait pas vue depuis quelques années. La gêne était là mais pas oppressante. L’intérêt était à sa place capacité, comme le désir d’ailleurs. Chaque contact avec le blond était… Unique ? S’en était presque électrifiant tant ils semblaient partager des atomes crochus. S’en était presque troublant à vrai dire. Après tout, Madelyn n’avait en rien l’habitude de s’ouvrir, de s’abandonner surtout, ainsi au premier venu mais Izaiah… N’était pas ce genre de gars. Impossible de justifier le pourquoi de comment. Mais au plus profond d’elle-même, quelque chose lui hurlait de ne pas précipiter les choses et ce, même s’ils arrivaient chez lui, qu’elle passait devant lui pour montrer les escaliers qui les menaient chez lui…
Puis une certaine rougeur la gagnait, si bien qu’elle en tournait doucement les yeux vers lui… C’était la première fois qu’il invitait quelqu’un chez lui depuis son arrivé en Lumiris ? Pourquoi devait-il souffler un tel détail et rendre la chose encore plus… Significative ? Elle en fronçait presque les sourcils inconsciemment.
« Oh c’est vrai ? Je suis honorée, Izaiah… » Et pourtant…? Ça lui faisait un petit velours de savoir, qu’au final, elle lui prenait tout. Sa première rencontre depuis les internets en Lumiris. Son premier baiser. Son premier contact plus… Intime. Sa première visite dans son nouvel appartement. Égoïste jusqu’à la moelle, la blonde ne laissait strictement rien derrière elle. Elle le voulait tout entier rien que pour elle. Elle voulait en faire sa chose. Ou du moins, c’était le plan original…? Car plus elle passait du temps avec lui et plus elle semblait…? Non. Non. Ne sois pas ridicule Maddy.
La porte enfin ouverte, elle passait en premier devant son partenaire du soir, faisant résonner ses talons le long du couloir alors que ses yeux azurés parcouraient rapidement leur nouvel environnement. C’était modeste en soit comme demeure, rien de luxuriant mais rien de pitoyable pour autant. C’était appréciable pour les yeux. Bien que le fruit de son intérêt résidait tout juste derrière elle. D’ailleurs, voilà qu’elle s’arrêtait brusquement dans sa petite exploration de l’appartement. Oh elle avait rapidement repérée la raison maitresse de sa présence ici en la chambre du jeune pléaide mais voilà qu’elle se retournait pour lui faire face, puis s’approcher de lui, de façon à venir lier leurs mains à nouveau semble.
« Hmm je crois que je vais te savourer encore un peu… » Sans même crier gare, voilà qu’elle le repoussait brusquement, de façon à le faire tomber assit sur le canapé. Mais avant de le rejoindre, elle se devait de l’admirer, de le prendre de haut, alors qu’elle glissait son index contre sa lèvre inférieure… Qu’allait-elle faire de sa personne ? Il y avait tant à faire et pourtant, elle peinait à se résoudre qu’à une seule et même option. S’en était… Chiant.
Mais malgré sa petite confusion interne, Maddy n’allait pas bêtement rester debout, devant lui, à rien faire. Oh loin de là. Tant et si bien que voilà que la belle s’approchait de son partenaire, se posant à califourchon au-dessus de sa dernier. Au-dessus oui, leurs corps ne se touchaient pas encore, malgré le fait que la distance était maigre. Presque inexistante. Encore plus alors que la blonde approchait son visage du sien, venant mêler leurs souffles ensemble alors que ses mirettes azurés cherchaient celle violacés de son interlocuteur.
« Dis-moi Iza… À quoi joues-tu exactement…? » À chaque mot qu’elle soufflait, ses lèvres venaient faiblement effleurer celle du pauvre Kalossien mais pour autant, elle ne l’embrassait pas. Pas encore. C’était trop tôt depuis le premier baiser qu’elle avait elle-même initié. Puis très franchement, elle était surtout curieuse de voir s’il aurait l’audace de prendre les devants, après tout, ils étaient chez lui. Il devrait être davantage en confiance. Il devait te prouver tort. Tu n'étais pas celle en contrôle, pas ce soir. Tu n'étais pas une Reine. Encore moins sa Reine. Au plus profond de ton être, tu le sais Madelyn. Tu n'es que son pion.
If you ever have need of my life, come and take it.
Et si ce n’était qu’une erreur ? L’idée qui effleure ton esprit te glace le sang. Tu ne peux pas nourrir de telles appréhensions alors que la jeune femme est ici dans le confort de ton intimité. C’est tout simplement trop tard. Pourtant, la rapidité avec laquelle les événements s’enchaînent te terrifie. Ce n’est pas toi, tu sais. Tu n’es pas comme ça, tu n’as jamais agi ainsi. Tu tentes de te convaincre du contraire depuis le début de cette rencontre, mais cette petite voix dans le coin de ta tête, tu ne peux l’effacer aussi aisément. Ta conscience pèse lourd, n’est-ce pas ? Cette image, cette impression immaculée de toi-même, compte plus que le corps d’une femme. Tes désirs infâmes, à côté d’elle, sont complètement dérisoires.
Malgré tout, tu ne peux plus faire marche arrière. Prendre conscience de la réalité est une chose, y faire face en est une autre. Il y a une femme chez toi. Une femme dont les intentions sont claires et devant laquelle tu ne peux plus reculer. N’est-ce pas Iza ? Prenant une grande inspiration, tu jettes un œil vers ton frigo dans l’espoir qu’elle accepte quelque chose à boire. Cela te laisserait au moins le temps de te ressaisir et de reprendre connaissance des circonstances qui vous ont mené jusqu’ici. La simple curiosité ne suffit pas à briser un cercle vicieux de vingt-deux ans d’existence. Il y a plus. Il y a forcément plus.
Malheureusement, c’est vers toi que la jeune femme s’avance. Liant à nouveau vos mains, la Madelyn prononce alors des paroles dont la portée te fait frissonner autant de désir que de crainte. Tu es son pantin, sa chose. Depuis le début, c’est elle qui contrôle et tu obéis. Parce que c’est ta place et qu’on ne fait pas fasse à quelqu’un comme elle. Tombant sur le canapé, tu sens ton cœur s’emballer. Tu n’es plus capable de différencier les émotions qui se tiraillent brusquement en ta personne. Il y a le désir, le désir d’en savoir plus, de poser tes mains sur un corps chaud et vivant, mais aussi la crainte de faire une erreur lamentable. L’amour existe encore. Toi, tu y crois. N’est-ce pas censé être une raison suffisante d’attendre ?
Prenant une inspiration aussi grande que discrète, tu t’apprêtes à parler, à dire quelque chose, n’importe quoi, mais la blondinette ne t’en laisse pas l’opportunité. Se positionnant à califourchon au-dessus de toi, elle veille à réduire la distance entre vos corps tout en limitant le contact à néant. Tes joues rougissent légèrement. C’est trop. Tu aimerais poser tes mains sur elle, la tirer contre toi, déposer tes lèvres sur les siennes… Mais tu ne peux pas t’y résoudre. Pétrifié, tu laisses tes doigts torturer le tissu de ton sofa puis le relâcher à intervalle irrégulier.
Difficile c’est un homme, n’est-ce pas ?
Puis lorsque ses lèvres effleurent les tiennes, tu sens ton cœur se lâcher. L’âme en peine, tu déposes doucement tes mains sur les avant-bras de Madelyn pour la forcer à se reculer. Tu ne peux pas détruire consciemment ton honneur. Tu ne peux adhérer de cette manière à un comportement aussi primitif, aussi illogique. Tes valeurs comptent plus que la curiosité. Tu n’es pas une simple bête assoiffée et incapable de résister au désir de se reproduire. Damn it, Iza.
- Je suis désolé, je ne peux pas. Ce n’est pas contre toi Madelyn, mais je ne peux pas… Ça ne peut pas se passer ainsi.
Te relevant, tu indiques d’un mouvement de la main la sortie à la jeune femme. Tu as la tête base, tu n’oses pas confronter son regard. Tu ne veux pas y lire l’incompréhension ni la colère qui suivra. Se faire jeter ainsi n’est pas agréable. Tu ne veux même pas imaginer la sensation et les sentiments qui doivent en résulter… Mais tu ne feras pas machine arrière. Tu ne veux pas gâcher ce que tu as de plus précieux : ta dignité. Et une rencontre fait à l’arrache sur Tinder n’est pas une belle manière de conclure. Au fond, qui est vraiment Madelyn Lodge ? Dès ce soir, tu pourrais gâcher ta première fois avec quelqu’un dont tu ne sais strictement rien. Un visage de plus dans la foule, une âme parmi toutes les autres.
Et s’il y avait quelqu’un de plus spécial ? Et si, en réalité, elle était une meurtrière, quelqu’un de dangereux ?
Pourrais-tu te pardonner de t’être abandonné à ses bras ? Derrière elle la porte claque brutalement. À nouveau seul, tu écoutes le son irrégulier de ta respiration. Tu trembles. Ton corps entier est pris de soubresauts que tu ne parviens pas à contrôler. C’est à cet instant que tu décides d’ouvrir la porte du garde-manger afin d’en sortir le café moulu.
Tu as définitivement besoin de quelque chose de réconfortant à te mettre en bouche.