Le safari n'avait pas été un franc succès -ou plutôt, pour elle, si, mais pas pour celle qui était à la base visée.
Kiana.
Vai'ata était terriblement frustrée par cet échec -si elle osait, elle aurait presque pu dire qu'elle l'était plus que sa cadette. Or, la frustration ne lui allait pas au teint. Oh, et elle voulait à tout prix faire plaisir à la jeune fille, aussi... Alors elle était décidée à la kidnapper pour la seconde fois consécutive. Ce serait génial de partir à l'aventure toutes les deux !
C'était le plan de base, puis en y réfléchissant, en se souvenant du sens de l'orientation catastrophique de la plus jeune, elle changea d'avis. Vai'ata adorait partir à l'aventure pour se perdre, mais elle avait moyennement envie de perdre sa petite soeur. Elle dirait quoi à leur parent, après ?? "Oh on marchait, y avait deux chemins, j'ai tourné la tête, y avait plus de Kiana." Il lui faudrait passer sous silence qu'elle avait décidé de prendre une route plus dangereuse à la base et qu'elle avait jeté sa carte au feu la veille, parce qu'elle avait froid.
Mauvaise idée, donc.
Elle en était encore à méditer comment s'y prendre quand un reportage sur l'archéologie passa à la télé. Par un heureux cheminement absolument pas forcé, les songes de la décolorée aboutirent sur la meilleure solution possible : son frère. Ele'i était une boussole humaine capable de se retrouver partout sur terre. C'était donc décidé !
Il allait déjà falloir le retrouver !
(On retombait sur le problème initial). Elle était pourtant prête à passer le prochain mois à le chercher pour aller ensuite faire un voyage tous ensemble, mais -et son travail lui en fut reconnaissant- Ele'i eut le bon goût d'être dans (un endroit civilisé) une ville, quand elle essaya de l'appeler pour la première fois. Et fut infiniment surprise et émue de l'avoir du premier coup.
Elle lui donna rendez-vous chez lui (oui) le lendemain matin-même et informa de leur escapade la cadette le soir juste avant d'aller se coucher -au cas où elle aurait prévu quelque chose, m'voyez. Laisser le choix, c'est has been.
Le lendemain matin, elles arrivèrent à 9h tapantes sur le pas de la porte du benjamin, prêtes à partir à l'aventure, couvertes chaudement et pleines de ressources. Ça allait être sympa !

***

Ce fut sympa. La randonnée, les pokémons, les conneries et autres trucs qu'on se raconte, qui rapproche. Ça faisait plaisir. Vai'ata posa son sac par terre, regarda autour d'elle ; ils étaient à l'abri, entre deux murs de glace, protégés du vent et assez lumineux pour ne pas crever de froid. Parfait pour une petite pause.
» On fait une petite pause ?
Mais elle posait déjà son sac et souriait à ses cadets. Elle avait toujours aimé marcher pendant des heures en pleine nature, et elle ne doutait pas une seconde qu'il en soit de même pour eux (surtout Ele'i, mais c'était piège comme question).
» J'avais pas fait de rando depuis tellement longtemps ! Et t'es un très bon guide, Ele'i ! Sans toi on serait mortes congelées 6 fois.
Elle riait ; mais c'était pas tout à fait inexact, en même temps.

C'était vivifiant ! Revigorant ! Fatiguant mais de façon tellement saine ! Vai'ata adorait la randonnée. Elle adorait, également, se retrouver seule avec la nature, le champs des oiseaux, les conditions difficiles en plein milieu sauvage. Vai'ata, tout simplement, aimait l'aventure et tout ce qui allait avec, même les galères. Surtout, elle découvrait le plaisir d'une telle expérience en famille ; et elle adorait, jusqu'à maintenant. Elle ne s'était jamais rendu compte à quel point les Ehu-Kai lui avaient manqué, avant de les retrouver. Ou du moins, de les retrouver tous les deux ; ça lui donnait envie de passer faire un coucou général pour voir le reste de la fratrie (et puis ses parents, aussi). Oh ! Voir comment ils faisaient usage de son investissement aussi (pour être honnête, elle n'en avait cure, c'était leur argent au moment où elle le leur donnait, ils pouvaient en faire ce qu'ils voulaient. Ils auraient construit une tour en chocolat et en chantilly -dans le climat alolaïen- en plein milieu de leur jardin qu'elle aurait aucun avis sur la question).
Elle posa en vrac ses affaires pendant que les deux autres continuaient la conversation ; c'était rafraichissant, de les voir plaisanter, de les voir interagir tout simplement.
Au passage, les jeunes femmes apprirent que Ele'i n'était jamais venu se balader dans le coin, ce qui, honnêtement, surpris l'aînée. Un volcan, et Ele'i, aventurier parmi les aventuriers, n'avait jamais foulé ces terres ? Incroyable !
» Très, très différent, même. Ça ressemble plus au Mont Lanakila, à la limite. J'ai entendu dire qu'il y a encore peu de temps, rien de tout ça n'était gelé, que c'est à cause d'une bande du crime organisé ou quelque chose comme ça... la team Mistral, je crois ?
Quand les hommes se prennent pour des dieux. Elle balaya les lieux du regard. Comment une simple bande de gens, d'êtres humains normalement constitués, avaient pu faire une chose pareille. Oh, bien sûr, ils avaient des pokémons ; de vraies bêtes de la natures, des cataclysmes vivants. Mais jamais elle n'avait songé que de telles créatures pourraient causer de tels ravages ; dans son esprit, c'était lié aux pokémon légendaires -ou aux ultra-chimères. Des monstres d'autant plus puissants qu'ils étaient eux-même liés aux éléments, aux lois de la physique, au monde. Elle avait du mal à visualiser, pour le reste...
Et puis au loin, plongée dans ses pensées, elle entend un boucan infernal et-
» KIANA, UN ONIX !
Et laissant là ses affaires, elle partit en courant. Le pokémon était un peu plus bas, semblait s'éloigner d'eux ; et elle était déterminée à ne pas le laisser partir comme ça. Surtout qu'il était d'une couleur tout à fait inhabituelle ; parfait pour sa princesse, donc.
Jusqu'au moment où, rattrapée par ses cadets, elle croisa le regard d'un adorable goupix caractéristique de ses contrées natales.
Un goupix d'Alola. Elle avait, elle-même, eu un sabelette d'alola ; jamais un goupix. Ils étaient adorables.
Elle le voulait.
Elle attrapa au hasard une pokéball dans ses affaires.
» Douceur, douceur... viens ici, toi.
Lançant un regard aux deux autres, elle leur jeta un sourire.
» C'est parti !

» Trois.
Automatisme ; les deux sœurs envoyèrent au même moment leur sphère colorée au signal du benjamin. Les balls atterrirent en cœur, s'agitèrent en cœur, s'immobilisèrent en cœur. Et les deux jeunes femmes se lancèrent également dans un même temps un regard aussi complice qu'infiniment ravi ; objectif atteint à une vitesse relativement inattendue, il fallait l'avouer. Tandis que Kiana allait récupérer son nouveau chroma, Kiana s'approcha de sa petite pokéball et la tourna entre ses doigts ; goupix, merveilleux goupix. Comment allait-elle l'appeler ? Elle allait devoir l'emmener à un centre pokémon pour avoir plus de renseignement sur la créature. Et puis, pour s'enquérir de son état de santé, aussi.
» Ç’aura été rapide.
Elle se départit d'un rire avant de revenir vers Ele'i, et son regard tomba au passage sur une adorable boule de roche volante. Un météno ! Quelles adorables créatures. Elle lança un regard à son frère, qui ne s'était jusqu'à maintenant lancé dans aucune capture.
» Regarde, un météno !
Elle était à peine évidente. Comme son sourire entendu, d'ailleurs.

Cette excursion en famille se déroulait merveilleusement bien. Ils avaient trouvé un onix seulement quelques minutes après leur première pause, et un goupix d'alola ainsi qu'un météno chromatique s'étaient joints à l'aventure. De quoi ravir les trois insulaires. Vai'ata en ressentait une pointe de fierté ; ce sentiment du travail accompli, de réussite d'un objectif défini. Elle adorait ce sentiment -cela lui donnait également l'impression de contrôler quelque chose dans sa vie.
Ce n'était pas une maniaque du contrôle, loin de là ; elle avait toujours aimé l'inconnu, la surprise, l'imprévisible. Vai'ata n'avait pas besoin de contrôler pour se sentir bien ; mais c'était agréable de temps en temps.
Elle appréciait, principalement, arriver à ses fins. Donc évidemment, elle était fort joyeuse d'un tel résultat.
Kiana continua sur la lancée de son aînée en invitant Ele'i à se joindre à la chasse et il répondit bien volontiers ; et hop, un météno chroma pour frérot. Et là, réalisation...
Elle était la seule de la fratrie (ou de celle présente à Lumiris) à n'avoir aucun chromatique !
Le drame !
Il fallait y remédier. Elle allait passer le prochain mois dans la nature à la recherche de la perle rare (son agent allait pleurer et finir par démissionner, c'est sûr. Ou la séquestrer. Ou la tuer pour revendre ses restes, peut-être ?). Et pendant qu'elle préparait déjà mentalement son périple du mois suivant (allait-elle, par exemple, repasser par un safari ce mois-ci ?), Kiana observait les environs et Ele'i attrapait son cailloux volant unique. Et puis là, ce cri... ce cri reconnaissable qui arracha l'aînée à ses réflexions et la fit baisser le regard vers l'adorable boule de glace qui préparait sa maison.
Un sabelette d'alola.
Sa gorge se serra et elle lutta pour ne pas sentir ses yeux brûler. Elle s'était séparée de sa team plusieurs années auparavant, pourtant, voir d'autres pokémons de leurs espèces lui brisait toujours le cœur. En l'occurrence, Snow était une boule d'amour pleine de douceur et d'enthousiasme. Penser à lui -comme à tous ses anciens bébés- lui broyait l'âme et rendait relativement moins agréable leur sortie.
Elle ne pouvait pas flancher. Il était hors de question qu'elle fasse preuve de faiblesse devant ses cadets ; elle devait être forte pour eux, c'était son rôle en tant qu'aînée. Alors elle ravala sa tristesse, l'envoya dans une petite boîte mentale qu'elle scella promptement et, quand elle se retourna, son sourire était toujours aussi lumineux.
» Il est adorable ! Oh, un autre onix là-bas. Vous voulez continuer de camper un peu ici, ou on se déplace encore un peu ?
Oubliée, la fatigue, pourtant récente, qui l'avait inspirée à s'installer dix minutes à peine plus tôt.

C'était à vous briser le cœur. Et il fut bien brisé, le cœur de Kiana ; même à cette distance, Vai'ata le devinait. Mais elle se contenta de rester en retrait en observant un peu la scène, puis cessa son voyeurisme en sortant Ullin de sa pokéball. Elle l'attrapa pour venir le caler dans ses bras et le caresser, doucement ; il semblait un peu ronchon, fier et refusait de flancher sous ses caresses. Une petite boule adorable qui ne pouvait empêcher un petit frisson de plaisir quand elle le chouchoutait.
Elle allait l'adorer.
Trop fier, comme elle ; elle se sentait déjà connectée à cette boule blanche.
Elle se tourna un peu, faisait presque dos à Kiana et à la scène déchirante pour s'adresser à son frère ; frère en tête à tête avec un carnet noirci de ce qu'elle imaginait être ds observations scientifiques, et devina ce qu'il était en train de faire. Evidemment, c'était pas quelque chose qu'on voyait tous les jours... C'est dans ces moments-là qu'elle voyait la différence entre Ele'i -ou les scientifiques de façon plus générale- et elle -ou les autres- : elle voyait ça avec un filtre sentimental, affectif et triste ; lui n'observait qu'avec un œil scientifique, analytique. Elle se demandait s'il voyait tout le temps les choses de la sorte, et si c'était quelque chose de triste. Pour elle, oui, sans doute, mais Ele'i n'était pas elle. Ce qui comptait, c'est la façon dont il vivait les choses lui, et si ça lui suffisait... et bien soit. Puis il referma son carnet et elle jeta un cou d'oeil en contrebas, pour voir Kiana revenir avec un air de chiot abattu. Oww, elle allait lui faire un bon gros câlin.

» Je suis pour continuer ! On peut remonter sur notre sentier initial, ou descendre par là. Ca devrait nous ramener à notre point de départ, mais ce sera un peu plus difficile d'accès.

Ah oui, cette question ; vrai qu'avant ces retrouvailles déchirantes, il avait été question de leur randonnée et de ce qu'il allait en advenir... et que c'est elle-même qui avait posé la question. Elle dégagea une main pour venir se tapoter le menton du bout de l'indexe, d'un un air pensif. Kiana vint les rejoindre quand deux autres pokémons passèrent tous prêt. Et contrairement à la plus jeune, Vai'ata avait toujours le coeur à la capture, et un tiplouf, ça l'intéressait.

» Je vais commencer par attraper l'apprenti père noël, si ça vous dérange pas.

Elle sortit une pokéball de son sac.

» Tu te sens comment, Kiana ? Ele'i, j'imagine que ça va ; selon, on choisit le chemin le plus facile ou non. Ca fait quelques heures qu'on marche quand même, non ? On pourra songer à faire demi-tour dans pas trop longtemps, je pense. Je serais d'avis de redescendre par ce sentier -qui n'a pas une tête de sentier ?-, vous en pensez quoi ?

Puis elle alla s'approcher des deux pokémons et proposa de les aider un peu. Puis si le tiplouf voulait venir avec elle, après...

» On pourra toujours escorter ces deux-là au passage !

Elle lança un grand sourire à ses cadets.

En tout cas, les deux volatiles étaient à fond. Le cadoizo refila même des trucs à Vai'ata et ses cadets avant de continuer sa route, et le tiplouf s'empressa de les en débarrasser avant de le suivre.
Leur petite danse était amusante, et ça fit rire Vai'ata. Alors elle fit signe à Kiana et Ele'i de les suivre un petit peu ; au pire, ça changerait peut-être les idées de la plus jeune, et ils ne semblaient pas vraiment s'éloigner du sentier, donc les risques étaient relativement moindre de se perdre. Le petit tiplouf finit même par lui donner une brindille avec un air timide, ce que l'insulaire trouva assez.
Adorable, oui.