Alors nous y voila. Lumiris. Cette terre qui l'avait vue naitre et grandir. Cette terre qu'il n'avait pourtant pas vue depuis tant d'année... Pourtant le géant n'était pas spécialement pressé de revoir ses cotes et ses plages. Ni même ses habitants. Et encore moins sa ville Natale et ses parents... Après tout, les Quezac était une famille fière de son histoire, de ses traditions, de sa culture. Et lui... Lui avait juste tout piétiné. Lui qui avait souhaité devenir celui qui les protégerais tous, devait-être à présent un parias. Du moins, c'était ainsi qu'il le voyait... Le voyage ne semblait pourtant pas si compliqué au départ. Voir Kalos s'éloigner ne lui avait rien fait. Voir cette étendu marine ne l'avait pas non plus touché. Non. Ce fut lorsque Lumiris fut en vue, que tout avait commencé à se faire ressentir chez lui. Cette peur viscéral qu'il n'avait fait que renforcer en refusant de quitter la tutelle de son Maitre. Cette honte qu'il avait pourtant put mettre de côté. Tout ces regrets sur un projet qu'il ne pensait pas avoir put mener à terme... A ces yeux, la seule et unique façon de pouvoir revenir chez lui, serait tout simplement de trouver un Zorua blanc. Cette créature de légende, qui était le symbole même de sa famille.
Affalé sur la rambarde du pont, Conall observait ses terres au loin. Ce pays qu'il avait juste souhaité balayé de ses souvenirs. Et plus les détails se faisaient visible, moins il se sentait bien... Une boule venant se nouer au niveau de son estomac. Oh qu'il aurait aimé que les derniers kilomètres défilent plus lentement... Lorsque le navire arriva au port, le géant ne se sentait toujours pas prêt. Enfin, se serait-il senti prêt au moins un jour ? Heureusement, il y avait Moro. La Couafarel savait rester discrète, mais sa simple présence était un bon remontant pour notre quasi quarantenaire. Elle savait aussi quand elle devait montrer tout son soutient. Alors lorsque la passerelle fut installé, et que la plupart des passagers furent déjà descendu, elle vint se coller contre lui, l'air de rien. Un simple geste qui pouvait paraitre anodin, mais qui pourtant représentait beaucoup pour le duo. Conall s'agenouilla alors pour venir caresser la tête de l'animal, la remerciant silencieusement, avant de se relever et de prendre ses affaires. Il était grand temps d'avancer. Plus vite il se mettait en route, plus vite il quitterait Port-Corail.
D'un pas calme, il se mit donc en route, descendant du navire, son sac par dessus son épaule, et sa camarade de route à ses talons. Puis, une fois sur le quai, il prit un peu de temps pour observer les alentours. Port-Corail hein... Voila bien longtemps qu'il n'était pas venue ici. Tout avait tellement changé... Mais pourtant, il y avait toujours cette même atmosphère. Peut-être y avait-il bien plus de monde aujourd'hui qu'à l'époque, mais ce n'était pas vraiment étonnant. En tout cas, il ne s'attarda pas plus longtemps. Après avoir tenté de chercher quelque chose de familier, il c'était remit en route. Pourquoi vouloir taper dans la Nostalgie, alors que justement, son but était de se lancer sur des routes qu'il n'avait même jamais foulé autrefois ? En tout cas il connaissait déjà sa destination. Où donc se rendre en premier lieu, lorsque l'on cherchait quelqu'un, dont les proches avaient affirmé qu'il était passionné d'archéologie, et qu'il était venue ici pour poursuivre ses recherches ? Du côté d'Hérésis, évidement... C'est donc d'un pas rapide, qu'il c'était mit en route, traversant la zone pour rejoindre le férie qui reliait la petite île de Port-Corail et de Mirawen, au reste de Lumiris...
Aux premières heures de jour, on ne distinguait pas le crépuscule de l'aurore. Similaires mais différents. Juste pour quelques instants de confusion. La mer et le ciel étaient tous deux baignés de rose : horizon de couleurs barbouillées. Comme quand la petite sœur d’Archie mettait les mains dans un pot de peinture.
Il était tôt. Astelle s’était assise sur un banc pour voir poindre l’aube. Même si la poésie, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé.
Sa casquette de postière et son Minidraco tous deux posés sur ses genoux, elle regardait les étoiles s’éteindre. Une héroïne de film aurait contemplé la voûte céleste avec un air doucement mélancolique, et un peu sexy. L’écume se déposait sur la berge dans un murmure chuintant, c'était le cadre idéal pour bouder. ...mais Astelle, de son côté, savait très bien qu'elle gonflait juste les joues comme un Rondoudou vexé.
Elle n'était pas équipée du bon type de joues, pour les mimiques langoureuses.
Non, elle avait ces bonnes bajoues bien rondes que les vieilles dames ne peuvent pas s'empêcher de pincer.
La jeune stagiaire ne travaillait pas aujourd’hui. C’était un de ces fameuxjours de repos, prétextes à ménager ses maigres forces. Depuis ce premier arrêt médical qu’elle avait reçu, la Dracoposte allégeait son planning. Son programme de livraisons. Ainsi que ses jours ouvrés.
Ce qui lui laissait trop de temps pour ressasser ses idées noires. Elle avait patienté presque dix ans, en rêvant d’entrer un jour au service de la Dracoposte... …et maintenant qu’elle y était, ses collègues n’aspiraient à rien d'autre que de la voir partir. Saine et sauve. Et rapidement. Sans se blesser davantage. Sans leur attirer d’ennuis.
Partir...? Astelle y songeait parfois. Les matins comme celui-là.
Du bout des lèvres, elle confia ses pensées intimes à l'océan. — Je pourrais... prendre le bateau pour Alola et faire Trempette avec les Magicarpes sur la plage.Ou alors... disparaître à Galar et vivre en autarcie au sein d’un clan tribal de Moumoutons.Ou peut-être... séjourner en ermitage à la Tour Chetiflor de Johto, pour apprendre les arcanes secrets du style de combat de la plante verte…
— Pyon ! lui répondit doucement sa casquette.
— Un jour… peut-être qu’on ira, sourit-elle, en taquinant du bout du doigt le museau du Minidraco rose qui nidifiait dans son couvre-chef. …mais pour le moment, il n’est pas encore temps d’abandonner.
Se pinçant énergiquement les joues, Astelle se releva. Et se recoiffa de sa casquette. C'est d'une démarche pleine de détermination qu'elle rejoignit les rues de Port-Corail. Aujourd’hui, se fit-elle la promesse : elle allait passer une bonne journée. Sans se laisser abattre. Et peu importe ce qui pourrait bien lui arriver, demain, elle rentrerait à la Dracoposte pour travailler. Pimpante et indemne.
A cet instant, la petite postière n’avait pas idée d’à quel point cette promesse lui serait difficile à tenir. Elle aurait besoin d’un ange-gardien avant longtemps.
***
En un instant, tout bascula pour Conall Quezac. C’était comme un cri surgi du passé. Comme ce cauchemar d’autrefois, qui reprenait forme soudain. Sous ses yeux. — …la gamine est tombée à l’eau ! — Ici…! Elle ne remonte pas ! — Elle va se noyer !
La jeune fille était passée juste à côté de lui. Cette petite inconnue, habillée de l’uniforme de la Dracoposte, l’avait salué avec le sourire, en pinçant des doigts la visière de sa casquette. L’instant d’après, elle s’était immobilisée. Dans son dos. Comme pour observer ce bateau, au large, qui se rapprochait des quais.
Et il y avait eu ce bruit.
« Plouf ! »
Et il y avait eu ces cris. — Vous la voyez !? — Appelez quelqu’un ! — Qui a un pokémon Eau !?
Quelques passants, dockers et autres habitants de Port-Corail s’étaient déjà rapprochés des quais. Les plus aventureux et les plus inquiets entrèrent précipitamment dans l’eau. Ils cherchaient une enfant. Tombée par erreur dans l’eau. Probablement encore près du rivage. Ils ne s'imaginaient pas autre chose. C'était un accident, souvent mineur, auquel ils étaient habitués à réagir.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle Conall fut le premier à voir la petite tête brune apparaître à la surface, déjà bien loin de la rive. Elle parut prendre une grande inspiration, puis replonger avec détermination.
Conall marchait tranquillement sur les docs, cherchant donc le navire qui l'emmènerait vers sa prochaine destination. C'est sur ce chemin qu'il croisa la route d'une jeune fille habillé de ce qui semblait être une uniforme. Un uniforme qui lui disait vaguement quelque chose d'ailleurs sans qu'il ne puisse mettre la main dessus. Souvenir bien lointain... Il l'avait alors salué simplement, d'un mouvement de tête avant de continuer sa route, la Couafarel toujours à ses côtés... Et ce, jusqu'à ce qu'un bruit bien particulier ne vienne briser la monotonie du moment. Celui d'un corps qui tombait dans l'eau. Sur le coup, le géant accéléra le pas. Dans un port, ce genre de bruit était souvent lié à un pokemon aquatique qui passait par là, pour une raison x ou y... Mais son mouvement s'arrêta net lorsque des voie commencèrent à s'exclamer. Le plus silencieusement du monde il c'était retourné, regardant tout ces gens qui c'étaient agglutiné au même endroit, dans la panique de l'instant. Hmph... Voila une situation qui lui rappelait de bien mauvais souvenir. Des souvenirs qui revenaient d'ailleurs devant son regard, semblant se mêler à cette réalité, qui pourtant semblait sous contrôle. Ils s'agitaient tous. A l'exception de quelques uns qui n'avaient pas hésité à sauter. Lui n'avait pas attendu à l'époque, il ne c'était même pas posé de question. Il en avait choppé un rhume carabiné par la suite d'ailleurs, mais ce n'était rien en comparaison de ce qu'avait put subir Anastasia par la suite.
Conall voulut reprendre sa route, les laisser se débrouiller malgré ces exclamations qui le tiraillait. C'est qu'ils n'avaient pas l'air bien doué ceux-là... Il hésita. Un instant... Puis, alors qu'il se retournait pour finalement tenter de voir ce qu'il pourrait faire pour les aider, son regard s'arrêta sur cette apparition furtive, à la surface de l'eau plus loin. Bien plus loin que l'endroit où ils étaient tous réunis...
- .... Putain de flotte de... Hmphrrr
Il posa son sac au sol, retira son lourd manteau et cette fausse fourrure qui était posé sur ses épaules, avant de faire de même avec ses bottes qu'il put défaire en quatre clipse rapide, avant de finir par sauter à l'eau, à son tour, bien entendu, après avoir débité tout un tas de chose sur ce stupide karma...
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas nagé en réalité. Une fois sous la surface de l'eau, il mit un peu de temps à retrouver ses marques, mais les gestes le rattrapèrent bien rapide... L'eau avait été son élément autrefois. Un lieu où il se sentait bien... Autrefois il avait appris à faire du surf, à dompter les vagues, à repérer les dangers qui se cachaient sous la surface... Quelque chose qui avait accompagné toute son enfance, et son adolescence. Et qui visiblement lui collait à la peau. Il ignorait si les gens l'avaient vue ou pas d'ailleurs. A cet instant précis il s'en fichait pas mal. Il n'avait qu'un seul objectif. Et même s'il avait bien vue une tête "brune", il ne pouvait s'empêcher d'imaginer voir la petite Albinos apparaitre d'un moment à l'autre. En tout cas il reprit plusieurs fois sa respiration, essayant de retrouver l'endroit où il l'avait vue...
Conall ne sut pas vraiment combien de temps il avait mit, focaliser sur sa mission... Mais il finit par voir apparaitre une silhouette humaine, et n'avait pas hésité à venir directement sur elle pour la récupérer. Peut-être y avait-il était trop fort en l'empoignant ?... En tout cas, il avait eut tôt fait de la tirer vers la surface, histoire que la victime puisse reprendre de l'air. En espérant qu'elle soit encore capable de ça... Puis une fois fait, l'idée était donc de nager en direction du quai. Un exercice qui risquait d'être plus difficile qu'autrefois d'ailleurs, tant la mer était imprévisible...
Astelle ne pensait plus à rien. Elle n’avait même pas eu la présence d’esprit de se débarrasser de sa besace avant de sauter dans la baie. Les vagues s’en étaient chargées à sa place, et avaient emportées sa casquette en prime. Minidraco-senpai, plus à l’aise sous les eaux que sur la terre ferme, tournoyait autour d’elle comme un petit serpent de mer, foudroyant du regard les poissirènes curieux et autres tentacools affectueux.
L’eau salée lui brûlait les yeux. Elle peinait à les garder ouverts, et sentait la panique monter dans son cœur. Remontée brièvement à la surface pour reprendre son souffle, la jeune fille se libéra de ses chaussures dans un geste rageur. Le courant lui volait toute son énergie. En quelques brasses, elle se sentait déjà épuisée. Elle aurait voulu rester à l'air libre. Reprendre son souffle. Se calmer. ...mais non, elle n'avait pas le temps ! Elle serra les dents, et replongea aussitôt.
Où était-il ? Son esprit refusait de comprendre ou de croire à la scène dont elle avait été seule témoin, mais une colère bouillante lui tordait les entrailles. Astelle s’enfonça plus loin vers les fonds marins, et nagea entre les grandes brassées d’algues et les coquiperls chatoyants. Elle l’avait vu tomber par ici.
De ce bateau. A la vue du navire, qui passait au-dessus de sa tête pour regagner paresseusement les quais, la jeune fille sentait monter en elle des émotions comme elle n'en avait jamais connues. Astelle ignora, pour le moment, la tempête qui couvait dans le secret de son âme.
Elle devait d’abord le retrouver. Mini-senpai, rose et facile à identifier dans les profondeurs, partit en éclaireur, et après une nouvelle ronde, lui désigna le petit paquet de fourrure pitoyable qui coulait lentement vers les fonds marins. Le Minidraco accroché à son poignet, comme pour la tirer et l’aider à accélérer, Astelle rejoignit le petit corps mauve et referma ses bras sur lui.
Elle le tenait ! Maintenant… remonter à l’air libre. Malgré ses bras encombrés, ses jambes gourdes, et ses poumons brûlants.
La distance qui la séparait de la surface lui donnait l’impression d’essayer sottement de toucher le ciel.
…ce qui ne l’avait jamais empêchée d’essayer. Elle continua à battre des pieds, ignorant la fatigue et le manque d’air.
***
Une ombre titanesque passa lourdement au-dessus de sa tête.
La vision de cet homme massif, qui plongeait dans sa direction, les bras tendus comme pour la saisir, aurait suffi à terrifier n’importe quelle adolescente. Pourtant, Astelle se sentit soudain en terrain familier, dans un moment de confusion induit par la mauvaise visibilité et la panique, elle battit des pieds pour se rapprocher du nageur et faciliter son sauvetage.
Papa… ? Ce bras gigantesque qu’elle ne connaissait que trop bien se referma autour de sa taille, et autour du précieux fardeau qu’elle tenait serré contre son cœur. Et ensemble, à une vitesse de nage qu’Astelle assimila à celle d’une fusée, ils regagnèrent la surface. La jeune fille prit une inspiration brutale, qui s’acheva dans une violente quinte de toux. Soutenue par le bras de l’homme, qui la maintenait la tête hors de l’eau, comme un maître-nageur, elle rapprocha de sa frimousse le petit paquet de fourrure mauve qu’elle avait repêché des profondeurs.
— Tiens bon… ! cria-t-elle au Rattata, qui réchappait de peu de la noyade.
Rouge et haletante, Astelle tourna brusquement le cou vers le plongeur qui les avait ramenés à la surface. Elle battit confusément des cils, dégoulinants d’eau de mer, avant de réaliser qu’il s’agissait d’un inconnu, même si son physique l’avait momentanément induite en erreur. Ce n’était pas important !
— S’il vous plaît, ramenez-le vite sur le quai… il a besoin de soins ! lança-t-elle d’un ton pressant, des larmes dans la voix.
Il l'avait eut. La gamine. Mais pourquoi c'était-elle retrouvée à un tel endroit ?!... Il ne lui semblait pourtant pas que le courant était si fort pour arriver à un tel résultat. Enfin. Ce n'était pas le moment de réfléchir. Il l'avait attrapée, l'avait ramenée contre lui, et entreprit de remonter à la surface, le plus vite qu'il put. Puis, une fois qu'il ait put percer la surface pour la dernière fois dans cet acte, il prit automatiquement une bonne bouffé d'air, alors que son fardeau était prit d'une quinte de toux. Bien ! c'était encourageant, au moins elle respirait encore. Donc elle était encore en vie. Avant de reprendre sa nage, il avait prit le temps de mieux la placer, tout en faisant en sorte que ni lui, ni elle n'aille boire la tasse. Il fut d'ailleurs surpris par l'exclamation de celle-ci lorsqu'elle parlait de tenir bon ?... C'était à lui qu'elle disait ça ?... Non. Il avait mit du temps, mais la fourrure violette avait finit par passer dans son champ de vision.
- Et bien, tiens le bien ! Parce que je pars pas d'ici sans toi !
C'était elle qu'il était venue sauver, à la base. Pas lui. Même s'il n'aurait jamais laissé la créature en plan non plus. Peut-être aurait-il sauté aussi d'ailleurs, s'il l'avait vue tomber.
En tout cas, le géant c'était remit à nager, une nage à moitié sur le dos, pour permettre de laisser la jeune fille le plus possible hors de l'eau, avec son propre fardeau. L'exercice fut particulièrement compliqué pour lui. Bien que les gestes lui revenait peu à peu, et que celle qu'il ramenait vers le quai n'était pas bien encombrante pour un gars de sa stature... Les minutes lui parurent cependant bien longue. Comme-ci le temps lui-même était en suspension... Puis il parvint à rejoindre les quais...
Les gens qui c'étaient inquiété avaient changé de position. Sans doute alerté par le plongeons du géant, et attendait au sec pour la plupart. Ceux qui avait plongé étaient resté dans l'eau, prêt à venir en aide à Conall, après tout le trajet qu'il venait de faire. Lorsque ces types prirent en charge le tout, ce fut comme-ci son propre cerveau avait finit par se déconnecté de la réalité. Trop de souvenir refaisait surface, l'accident, le sauvetage, les reproches, les regrets... Alors qu'il se tenait au quai, son regard se perdit un instant dans la direction d'où il venait, sans réellement capter ce qu'il se passait autour de lui. Du moins, jusqu'à ce qu'un type ne finisse par l'interpeler tout en lui faisant une tape légère sur la tête. S'il répond par un grognement au départ, il finit par accepter l'aide qu'on lui portait pour l'aider à revenir sur le quai. Et ce fut une fois hors de l'eau qu'il se rendit compte à quel point il venait de perdre du temps dans ses recherches. Il refusa en tout cas tout ce qu'on lui proposait, pour aller jusqu'à Moro, qui était resté en retrait avec toute les affaires du géant. Il la gratifia d'une caresse, et récupéra une bouteille d'eau qu'il avait dans son sac et un sac de baie Oran, avant de se redresser pour regarder où se trouvait la jeune fille et son fardeau. Comment allaient-ils ? ... En tout cas, s'il gardait un air renfrogné -assez ridicule en fin de compte, puisqu'il avait les cheveux a présent collé sur son crâne à cause de la flotte, laissant bien ressortir uniquement ses tresses- il avait bien l'intention de voir ce qu'il pourrait faire pour aider. Et qui avait-il de mieux qu'une baie Oran pour redonner un peu d'énergie à un pokemon ?... oui bon. A part un centre pokemon avec des infirmières expérimenté, j'entends...
La jeune fille desserra légèrement son étreinte, prenant garde à ne pas gêner la respiration du petit pokémon. Les lèvres posées contre son oreille, Astelle abreuvait le Rattata de douces paroles de réconfort. Des mots tendres. Des mots rassurants. Des mots qui coulaient de sa bouche dans une petite rivière d’amour, comme pour se substituer au silence des abysses. Tu as dû avoir si peur. Si mal… mais c’est fini, tu n’es pas tout seul, Rattata. Tout en lui chuchotant sa tendresse, les doigts d’Astelle allaient et venaient en douceur sur son pelage mouillé, pour délicatement lui tapoter le dos. — Respire, prends ton temps… lui murmurait-elle à l’oreille. Tout va bien se passer…
Mini-senpai – accroché à son poignet à la manière d’un demi-bracelet rose – contemplait la jeune fille de ce regard qui luisait un peu comme des étoiles. Elle-même respirait fort et toussait. Vidée de toute son énergie, elle ne pouvait que se laisser porter par le rythme de croisière de leur sauveur, et voir reculer les vagues sous ses chaussettes blanches. Le nageur était immense ! Et elle était si petite dans ses bras ! Cette sensation familière la ramenait malgré elle à son enfance, et Astelle se revoyait en train de se baigner avec son papa, dans le petit lac aux abords de Kishika.
En dépit du temps qui passe… elle se retrouvait encore et toujours dans cette situation. Il y avait toujours quelqu’un pour la sauver. Pour l’extirper des eaux et la porter à bras-le-corps.
…sans le Rattata, qui respirait doucement contre sa poitrine, la jeune fille se serait sûrement laissée aller à la mélancolie. Mais ce n’était pas le moment pour ça !
Faisant attention à ne pas y toucher, elle examina le petit museau enflé du pokémon. Sa fourrure ne dissimulait pas tout à fait le coup qu’il avait reçu sur la tête. Et il gardait les yeux fermés, très forts, dans une mimique de douleur.
Astelle serra les dents. Ses yeux lui piquaient, et pas simplement à cause de l’eau de mer. Il y avait des choses qu’elle ne pourrait jamais pardonner.
— …tout va s’arranger, répéta-t-elle d’une voix assourdie. Je vais prendre soin de toi.
***
La clameur sur les quais lui fit tourner la tête. On l’avait trimballée sur la jetée à la manière d’un sac de patates, et à peine remise sur ses jambes, Astelle s’était effondrée à genoux. Trempée. A bout de souffle. Épuisée. Un chœur de voix alarmées s’enquérait de son état, lui demandait si elle avait besoin d’aide, ou voulait carrément qu'on la porte jusqu’au Centre Pokémon. Elle repoussa cette dernière suggestion d’une main tremblante, et eut un mouvement de recul tandis qu’un altruiste un peu trop empressé faisait déjà mine de la prendre sur son dos.
— …c’est bon ! assura-t-elle de la voix la plus forte qu’elle pouvait expulser. Ils avaient repêché son sac. Elle n’avait pas besoin d’autre chose. Astelle allongea doucement le Rattata sur sa besace de Dracopostière, puis extirpa la Potion qu’elle conservait toujours à l’intérieur. Exténuée mais concentrée, la jeune fille pulvérisa un peu du remède sur le front du pokérongeur.
Les commentaires fusèrent tous-azimuts. Autour d’Astelle, le bruit avait quelque chose de lourd. Le brouhaha avait une texture pâteuse, qui lui semblait se rapprocher davantage à chaque instant. Qui lui donnait du mal à respirer. Ces gens ne voulaient que son bien. Ils voulaient l’aider. Ils voulaient la rassurer. La féliciter, ou l’inviter à plus de prudence, à demander de l’aide, la prochaine fois... Penchée sur le petit Rattata, refusant leurs mains secourables et leurs attentions, ils ne se rendaient pas compte que leur présence lui donnait l’impression de suffoquer.
— Bande de cornichons, faites-leur un peu d’air ! s’exclama soudain une voix sèche, qui claquait comme un coup de fouet. La petite vieille dame du café voisin regardait l’attroupement d’un œil mauvais. Elle avait de grosses serviettes pelucheuses entre les bras. De sa démarche claudicante, elle vint déposer la première devant Astelle, sans faire mine d’interrompre le traitement du petit Rattata, puis offrit la seconde à Conall.
— Vous trois, ordonna-t-elle, tandis que d’un index plus crochu que la serre du Gueriaigle, elle désignait chaque membre de ce curieux trio dégoulinant. A l’intérieur, avec moi.
Dispersant la foule de quelques imprécations, la vieille dame les fit entrer dans son café.
***
Le tenancière proposa à Astelle de monter prendre une douche pour se réchauffer, puis, après leur avoir fourni de quoi se sécher, intima à Conall et au Rattata de prendre une collation et de se reposer. Plus acariâtre qu’une Vaututrice, la vieille dame foudroya ses habitués, et promit de chasser à coups de canne le premier d’entre eux qui viendrait les déranger.
— Séchez-vous, buvez un petit remontant et respirez.
Confortablement installé, le Rattata était désormais allongé dans une petite corbeille à pain douillette, sur la table, face à la baie vitrée. Il grignotait les baies Oran de Conall, tandis qu’on avait amené à ce dernier une large chope de chocolat chaud.
— Ah, et donnez-moi vos vêtements trempés. Ils seront secs en un instant, je suis la reine du Motisfour.
Cette déclaration avait quelque chose d’un petit peu alarmant, mais… on ne discutait pas avec la Motismémé (comme l'appelaient ses habitués). Au cours de sa longue existence, elle avait défroqué et gavé de chocolat chaud un nombre incalculable de ces bambins tombés dans la baie, et quelque chose de sinistre dans son regard indiquait que même un gabarit tel que celui de Conall ne la ferait pas reculer. Mieux valait accepter de se changer et lui remettre les vêtements mouillés.
Après une petite vingtaine de minutes (de douche comme de cuisson), Astelle reparut dans son uniforme de Dracopostière. Ses vêtements fumaient légèrement, et elle tenait maladroitement une tasse de chocolat chaud beaucoup trop grande pour ses petites mains. L’air un petit peu intimidée, elle avisa Conall, puis le Rattata, et se rapprocha de leur table en se cachant à demi derrière sa chope.
— …elle va vraiment passer tous nos vêtements dans le Motisfour, souffla Astelle d’une toute petite voix, en prenant place à côté du géant.
Le visage s'éclairant d’un sourire radieux, la jeune fille taquina doucement la moustache du Rattata, mais ne voulut pas trop le déranger tandis qu’il reprenait des forces. Elle prit néanmoins le temps d’observer son front, mais parut satisfaite de le trouver moins enflé que tout à l’heure. — …c’est bien. Mange tout ce que tu veux, d’accord ?
Même assise, au calme, la respiration de la petite postière restait un peu laborieuse. Un peu trop profonde. Elle entrouvrait les lèvres périodiquement, comme pour aller chercher plus d’air, et son buste menu se soulevait imperceptiblement. Elle avait les joues rouges, et bien qu’elle fasse attention à le cacher en serrant très fort sa tasse de chocolat chaud : ses mains tremblaient.
Surmontant sa timidité naturelle, elle releva lentement le regard, jusqu’à croiser celui de Conall.
— Hmm… m-merci, commença-t-elle tout doucement. …d’être venu à notre secours.
Ah qu'ils étaient chiant tout ces gens ! A s'agglutiner autour, comme des vautours cherchant leur moment de gloire. Pathétique. Ils ne semblaient même pas se rendre compte qu'ils ne faisaient qu'empirer la situation. Alors armé de son sac de baie et de sa bouteille d'eau, il c'était frayé un chemin...
- Mais tirez-vous putain !
Sa voie grave c'était faites entendre, juste avant une autre qui claqua derrière lui. La voie d'une vieille femme. Conall c'était arrêté sur le coup, se retournant pour observer cette nouvelle arrivante, qui avait eut tôt fait de faire reculer les gens. Elle portait d'ailleurs deux grosses serviettes. Une habituée des accidents du genre ?... En tout cas il la laissa passer lorsqu'elle amena la serviette à la jeune fille, avant de prendre celle qu'on lui tendait. Quand à la suite ? Il ne comprit pas vraiment en faites. Il y avait cette dame, qu'il aurait put envoyer balader tellement facilement, qui venait de leur donner un ordre clair et net. Et même si l'idée de rester plus longtemps à Port-corail ne le mettait clairement pas à l'aise... Le simple regard de Moro, posé plus loin, le convainquit de coopérer. Alors d'un soupire, et après un coup d'oeil vers la jeune fille, il alla chercher ses affaires, après avoir prit soin de sécher un peu sa chevelure.
Quelques minutes plus tard, ils étaient donc arrivé dans ce café. Et si l'inconnue avait été sonné d'aller prendre une douche à l'étage, lui fut installé dans un coin avec le rattata et Moro. La Couafarel c'était installé tranquillement dans un coin pour ne déranger personne, tout en pouvant surveiller, comme elle le faisait si souvent. Le Rattata quand à lui avait eut droit à une petite corbeille pain pour s'y lover. Et le géant en avait bien entendu profité pour lui donner les baies qu'il avait sortie de son sac, histoire qu'il puisse reprendre du poil de la bête, avec autre chose qu'une potion. La vieille dame lui avait demandé de se sécher, de consommer en somme et de surtout de respirer. En soit, il voulait éviter les dépenses inutiles pour le moment. Alors lorsqu'il avait reçu ce chocolat chaud, il en avait déduit que ça devait-être offert par la maison. Du moins il l'espérait. En tout cas, alors qu'il voulu la remercier, celle-ci lui demanda de retirer ses vêtements pour qu'elle puisse les sécher. Ah... Un coup d'oeil vers la salle le mit un peu mal à l'aise. Pas qu'il était pudique, loin de là... Mais il savait qu'une personne qui connaissait les Quezac le reconnaitrait directement. La famille était connu pour porter un tatouage qui entourait le dos, les épaules et le haut du torse. Une tradition chez eux, qui marquait le début de leur voyage, qui marquait à jamais leur appartenance à cette famille de Mirawen...
- Heu... Oui. Merci.
Puis il entreprit de retirer ses vêtements mouillés, gardant le minimum syndical. Une fois ses vêtements posé, il se sécha rapidement avec la serviette qu'on lui avait confié, puis posa sur ses épaules son imposant manteau, histoire d'être un peu plus au chaud. Au moins, il n'était pas mouillé, et au vue de la longueur, il pouvait presque faire peignoir. Conall laissa ainsi la vieille dame s'occuper du reste, et passa le reste du temps à s'occuper du rattata et à boire la tasse qu'on lui avait offert.
____
Lorsque la jeune inconnue fut de retour, Conall refaisait tranquillement l'une de ses tresses. Avec tout ça, il avait prit le temps de les défaire pour les refaire correctement, histoire de ne pas avoir de petits cheveux qui partait un peu trop dans tout les sens. En tout cas elle ne semblait guère à l'aise, et le géant ne pouvait pas vraiment l'en blâmer. En tout cas il se contenta simplement d'acquiescer lorsqu'elle parla du fait que la vieille tenancière comptait bien faire passer tout les vêtements dans le Mostisfour. Il observa la jeune fille s'installer à ses côtés, constatant bien vite les difficultés qu'elle pouvait avoir. Encore secouée ? Il espérait que ce soit pas un coup, où elle avait gardé de l'eau de mer dans les poumons. Ce genre d'organe n'appréciait pas les liquides, quel qu'ils soient. Silencieux donc, il continuait son œuvre, avant de récupérer son élastique multicolore pour attacher cette première tresse terminé. Ce fut à cet instant qu'elle reprit la parole pour venir le remercier, du geste qu'il avait fait. Alors qu'elle avait croisé le regard ambré de Conall. Celui-ci resta un instant silencieux d'ailleurs, comme perdu dans ses pensés, avant de se remettre en mouvement, pour s'attaquer à sa deuxième tresse.
- C'est mon boulot. D'protéger les autres. - Sans doute ne se rendait-il même pas compte de la valeur du geste qu'il venait de faire. Sans doute. C'était presque automatique chez lui. Même si cette histoire avait fait remonter nombres de souvenirs dont il se serait bien passé. Même s'il avait prit le risque, d'être reconnu, et que son retour soit annoncé à sa famille. Il espérait que ce ne soit pas le cas. Mais il suffisait que d'un pêcheur pour que ce qu'il craignait soit mit en route. Il avait souvenir qu'ils se connaissaient presque tous dans le milieu, sur cette petite île... - Pourquoi est-ce que t'as sauté ?
Il n'y avait aucun reproche dans sa voie. Juste de la curiosité. Ou plutôt une envie de savoir pourquoi il venait de prendre un si grand retard dans sa mission. D'ailleurs la question était plutôt de savoir ce qu'il c'était passé, plus que pour l'idée d'avoir sauté pour sauver un rattata. Mais bon. Une fois n'étais pas coutume, il loupait souvent les précisions qu'il devrait poser, dans ce genre de question...
- En tout cas, vous avez eut d'la chance, tout les trois, qu'la mer été tranquille...
Même si bon. Il doutait qu'un Minidraco, aussi petit soit-il, puisse se noyer aussi facilement...
Rien n’y faisait. Elle avait pris une douche brûlante. Le chocolat chaud – gorgée après gorgée – lui partageait de sa douceur revigorante. Le contact de son uniforme sorti du Motisfour était même d'une tiédeur agréable sur sa peau. Le danger était passé. Pourtant, pourtant… Ses mains continuaient de trembler. Sa respiration demeurait profonde. Ses doigts refusaient de se réchauffer. C’était de plus en plus fréquent.
La jeune fille fit mine de s’avachir sur la table. — …je me demande si c’est ainsi que se sentent les Ramoloss… murmura Astelle en aparté, et ses lèvres esquissèrent un petit sourire comique.
Son corps se croyait toujours à l’eau. Ses nerfs étaient encore secoués. Son cœur digérait lentement l’inquiétude, la peine et la colère. Astelle se sentait à fleur-de-peau. Dans cet état, le moindre bruit l’aurait faite sursauter. Le moindre choc l’aurait laissée paralysée et atone. S'il lui était arrivée quelque chose d'autre à cet instant, elle aurait été incapable de réagir. Dans sa tête… tout était clair, pourtant. C’était son corps qui la trahissait. Elle n'avait commencé à s'en rendre compte que récemment... qu'elle ne fonctionnait pas bien. Pire, qu'elle ne savait même pas comment en parler. Ces sensations lourdes et étranges lui pétrissaient l'estomac d'une anxiété sinistre. Qui avait quelque chose d'informe. Qui ne ressemblait à rien de ce qu'elle aurait pu exprimer. De plus en plus, Astelle avait l’impression d’être un jouet cassé.
Tête appuyée sur l’épaule, la jeune fille observait son sauveur silencieux, plus intéressé par ses tresses que par la gratitude qu’elle pouvait lui témoigner. Ils étaient deux étrangers assis l’un à côté de l’autre, tous deux préoccupés par leurs seules pensées.
— C'est mon boulot. D'protéger les autres.
A ces mots, le regard d’Astelle se teinta d'une nuance de mélancolie. Du bout de l’index, elle inclina sa tasse de chocolat, de manière à pouvoir en prendre une petite gorgée. Malgré sa position allongée et malgré le risque de tout renverser. Ce n’était pas une réponse très agréable à entendre. Cet homme-là n’avait même que faire de ses remerciements ; c’était son travail de protéger les autres. Ce qu’il venait de faire pour elle, c’était normal. Sur les lèvres d’Astelle, le cacao prit une saveur amère. C’était comme s’il venait de dire que l’extirper des flots ne comptait pas pour grand-chose. Que c’était facile pour lui, d’accomplir ce genre de prouesses, et qu’il n’était pas nécessaire de le remercier pour si peu.
C’était si… frustrant. La jeune fille pinça les lèvres, comme pour contenir ce sursaut de rancœur irraisonné.
Elle continua à le regarder se tresser les cheveux. Se détestant pour les émotions qu’elle sentait monter dans sa poitrine. Jalousie. Irritation. Anxiété. Ses yeux commençaient à lui piquer. Les larmes à se frayer un chemin. Elle détestait se sentir comme ça. Cette frustration la rendait capricieuse, ingrate et méchante. Afin d’y abriter ses sanglots, elle nicha son visage au creux de son coude.
— Pourquoi est-ce que t'as sauté ?
Astelle demeura silencieuse. Dissimulant vainement un émoi que ses épaules trahissaient sans peine, un frisson après l’autre. — Je ne crois pas... pouvoir vous le dire... répondit-elle finalement, d’une voix enrouée. Les mots pesaient sur sa poitrine comme des morceaux de plomb. Trop gros. Trop lourds. A cet instant, si elle avait tenté d’en laisser sortir un… il se serait bloqué dans sa gorge. Il lui aurait tiré les larmes. Il lui aurait tordu l’estomac, et ne l’aurait plus laissée se relever. La scène dont elle avait été témoin, celle qui l’avait amenée à se jeter à l’eau se rejoua dans ses pensées. Dans un flash terrible, qui suscitait chez elle une incrédulité furieuse. Cette intensité, elle n’arriverait pas à la traduire par des mots. Elle n’arriverait pas à la réduire en simples paroles. Pas sans se préparer. Pas sans se protéger. Elle devrait trouver le moyen de l'articuler avec précaution, pour ne pas se blesser.
— En tout cas, vous avez eu d'la chance, tous les trois, qu'la mer ait été tranquille... Elle hocha doucement la tête. Astelle n’était pas mauvaise nageuse, mais ramener le Rattata sans pouvoir s’aider de ses bras lui aurait été difficile. Si les vagues avaient été plus grosses, sûrement se serait-elle réellement mise en danger aujourd’hui. Heureusement, le petit pokérongeur était sain et sauf, dans sa corbeille à pain, en train de grignoter des baies. Et Mini-senpai, après tout cet exercice, faisait une petite sieste sous sa casquette. Tout le monde était sain et sauf. Il n’y avait plus de raison d’avoir peur. Pourtant, pourtant...
...traîtresses, ses mains continuaient de trembler.
Les joues roses, l'expression d'Astelle était à la fois fragile et complexe. N'y avait-il donc que ça à faire ? S'était-elle à ce point habituée à être celle que l'on console ? Avec un embarras manifeste, elle étendit lentement ses doigts vers le géant. — Est-ce que je peux vous demander une faveur bizarre… ? lui dit-elle tout bas, toujours sans oser le regarder …vous voulez bien me tenir la main, jusqu’à ce que ça s’arrête… ?
Communiqué des Ramoloss:
Les Ramaloss aussi, soutiennent Astelle dans son épreuve. Ils savent ce que c'est, d'avoir un corps moumou et pas très obéissant.
S'il avait capté que ces mots n'avaient pas été rassurant ? Qu'ils avaient dérangé même ? Absolument pas. Tant bien même, il n'aurait pas vraiment su comment rattraper le coup. Ou simplement, il n'avait pas sut quels mots utiliser, exactement, pour rassuré, pour contenter. Cela faisait longtemps aussi, qu'il ne se cassait plus vraiment la tête à prendre des pincettes avec les gens, même si ce n'était pas vraiment son but, à la base, de les blesser. Il continua de tresser sa tignasse avec attention, posant donc finalement sa question... Avant de stopper son geste pour tourner légèrement la tête et observer la gamine. Ses mouvements. Sa réponse... Sur le coup, il se demanda pourquoi elle ne pouvait pas le dire... Est-ce par peur ? Avait-elle réellement peur des retombé, à le dire à un type tel que lui ? Avait-elle peur qu'il le prenne mal ou... Non... Ben sûr que non. Elle n'était juste pas encore prête à le dire sans doute. C'est du moins la conclusion qu'il se fit, à en voir sa façon d'agir à cet instant... Alors il avait laissé entendre sa voie, une nouvelle fois, sans savoir si ses mots serait rassurant. Ou pas.
Conall continua donc sa tresse, alors que la jeune fille hochait simplement la tête. Il continua de l'observer sans un mot, essayant de comprendre, essayant de décrypter. Avant de stopper ce qu'il faisait lorsqu'elle lui tendit la main, semblant absolument pas à l'aise. Et la demande qu'elle lui fit, le surprit assez. Lui tenir la main ?... Il aurait put se demander pourquoi. Mais il avait bien vue ses mains tremblante. Il n'était certes pas une flèche pour certaine chose, mais... Il fallait être idiot pour ne pas comprendre, cette fois. Le géant finit alors par abandonner sa tresse, la laissant a moitié faites, se disant qu'elle pourrait bien attendre... Pour venir donc prendre cette toute petite main dans son énorme paluche. Avec une douceur étonnante d'ailleurs, qui contrastait beaucoup avec cet air qu'il arborait la majorité du temps, avec cet impression qu'il laissait souvent paraitre en premier lieu. Un simple geste donc, qui ne fut pas accompagné de mot. Il n'en trouvait pas l'intérêt. Pourquoi parler ? En tout cas, il resterait ainsi aussi longtemps qu'elle le souhaiterait. Un contacte rassurant, dont elle pourrait se défaire sans soucis, le moment venue. Et de l'autre main... Il attrapa finalement sa tasse pour venir en boire ce qui restait du contenu, lentement, tranquillement.
Si le silence aurait pu être gênant, ce ne fut pas vraiment le cas pour lui. Il ignorait d'ailleurs les discussions des autres clients, et attendait simplement en regardant le bois de la table... C'est là qu'il se rendit compte qu'il ne connaissait même pas son nom. Alors après avoir but une nouvelle gorgée, il posa un instant son regard doré sur cette main qui renfermait celle de la jeune fille, avant de la regarder elle.
- Je... Hm... Nous n'avons pas été présenté j'crois bien... Moi c'est Conall. Et elle c'est Moro.
Il fit un simple geste de la tête vers la Couafarel qui était toujours sage dans son coin. Lorsqu'elle entendit son nom, elle ouvrit les yeux, posant un instant ses pupilles rouges sur la jeune fille, comme pour la saluer silencieusement, avant de refermer les yeux... Peut-être que de parler de pokemon, ça changerait un peu les idées de l'inconnue ?... Maintenant qu'il venait de lâcher ses mots, il se rendit compte que peut-être, ça pourrait l'aider à penser à autre chose, a aller mieux... Non ?...
Une chaleur familière enveloppa sa main. C’était plus fort qu’elle, tout simplement. Son corps connaissait par cœur cette sensation. Cette présence, immense et rassurante. Depuis qu’elle l’avait vu plonger pour la récupérer dans les eaux de la baie, ce grand monsieur lui faisait un peu penser à son papa. Ils avaient le même genre de physique – intimidant – et la même douceur. Quoique le papa d’Astelle soit beaucoup plus bruyant. La jeune fille eut un sourire mélancolique. Là, tout de suite, elle avait très envie de rentrer à Kishika.
Ce qu’elle ne ferait pas. …le risque était trop grand de ne plus trouver le courage d’en repartir.
Affalée sur la table, sa main ayant trouvé refuge dans celle du géant, Astelle laissa filer le temps. Les frissons s’atténuèrent. Sa respiration s’apaisa. Son corps, finalement, réalisait que le danger était passé. De son côté, le ventre plein, le petit Rattata s’aventura à l’extérieur de la corbeille, et monta timidement le long de son avant-bras. Sûrement était-il curieux de cette jeune fille qui l’avait sauvé des profondeurs. Lorsqu’il se rapprocha suffisamment d’elle, c’est très audacieusement que la petite postière lui planta un baiser sur le museau.
— Tu as bien mangé ? Ça n’a pas dû être facile, sur le bateau… murmura-t-elle au pokérongeur. Le Rattata émit un petit cri plaintif, et comme s’il pensait y trouver un nid plus confortable que son panier, le pokémon se roula en boule à l’angle du coude d’Astelle, et entreprit d’y somnoler. Elle-même affalée sur la table, la queue du pokérongeur lui chatouillait un petit peu le nez.
Sans penser davantage, profitant simplement de cette impression de chaleur et de sécurité, Astelle ferma les yeux. Elle somnola à demi, pendant un petit moment, jusqu’à ce que… — Je... Hm... Nous n'avons pas été présenté j'crois bien... Moi c'est Conall. Et elle c'est Moro.
Moro ? Astelle ouvrit grand les yeux. Elle ne réalisait qu’à l’instant la présence du Couafarel. Elle était vraiment discrète ! Pendant tout ce temps, à voir le pokétoutou tranquillement installé dans un coin du café, la jeune fille s’était persuadée qu’il s’agissait de… — …ah ! C’était pas une peluche !
…d’un genre de décoration en peluche. Pour sa défense, Couafarel était un pokémon très en vogue ! Sur le modèle duquel on fabriquait souvent des accessoires de mode ! Ce n'était pas rare d'apercevoir des ornements à son effigie ! (Mais moins souvent sous sa "forme sauvage", effectivement : Astelle était simplement un peu distraite...) Les joues un peu roses, et toujours avachie, la jeune fille fit timidement coucou au pokéchien de sa main libre.
Conall et Moro, donc...
— …Astelle Dumas, la stagiaire qu’on a pas très envie de voir à la Dracoposte de Sunyra, se présenta-t-elle à son tour, d’une voix piquée d’ironie, avant de délicatement soulever la visière de sa casquette. Et Mini-senpai, son grand amour, qui est encore tout petit.
Epuisé par sa sortie en mer, le Minidraco rose roupillait sur la tête de sa petite postière.
Bien qu'un peu lasse, la jeune fille enchaîna. Maintenant que la conversation s’installait, sa curiosité naturelle pointait à nouveau le bout de son nez. Et avec cette curiosité… certaines de ses petites manies recommencèrent à se manifester.
— …vous avez dit que c’était votre travail, de protéger les gens. Est-ce que vous êtes policier ? Ou pompier ? Ou vendeur d’assurances ? Démarcheur en équipements sportifs ? La voix d’Astelle, douce et lente, avait commencé à pétiller sur la fin de sa phrase. Elle était comme ça. Les petites plaisanteries lui picotaient la langue, presque en permanence. Et cet humour, très naturellement, ramenait l’ébauche d’un sourire malicieux sur ses lèvres.
Une peluche ? A dire vrai, cela ne le surprit pas plus que ça. Si Moro avait eut beaucoup de mal au départ, à s'habituer à la civilisation, elle avait finit par s'y habituer, et parvenait à présent à se fondre dans le décor, tant elle était discrète. En un sens, c'était plutôt de bon augure, puisque son travail consistait à la protection. Elle aussi. Alors il se contenta simplement de regarder sa compagne de route, qui avait un peu remué la tête pour répondre au coucou de la jeune fille, avant de fermer les yeux, pour reprendre sa sieste tranquillement. Elle non plus, ne semblait pas dérangé par le terme qu'on venait de poser, à son propos. Tant qu'on ne la touchait pas, tout allait bien. Tant qu'on ne l'insultait pas directement, tout allait bien.
En tout cas, elle finit par se présenter. Astelle donc. Et ... Mini-senpai ? Lorsqu'il vit le tout petit Minidraco, le géant fut assez surprit. Voila un pokemon qu'il n'avait jamais vue. Et vue la taille de la créature... Quoi que... "encore tout petit" ? Il devait donc grandir ?... Conall resta silencieux, n'arrivant pas à mettre de nom sur l'espèce en faites. Maintenant qu'il avait quitté sa montagne, il se rendait compte que ses connaissances en terme de pokemon étaient bien limité... Il fut sortie de ses réflexions cependant, lorsque la jeune femme reprit la parole, pour lui demander quel métier il faisait, tirant une liste de profession et... Hein ? Démarcheur en équipement sportif ?... Conall resta immobile face à ça, sachant pas vraiment comment réagir. D'ailleurs, ça existait vraiment ce genre d'emploi ?...
- Heu... Non... Rien d'tout ça. J'suis Garde du corps. Pour faire simple... - Est-ce qu'on pouvait vraiment l'appeler ainsi ?... C'était sans doute la profession qui lui collait le mieux à la peau, même si actuellement... Sa cliente était perdu au milieu de ce territoire... - J'dois d'ailleurs retrouver ma cliente à Lumiris... Que'qu'part... J'sais pas trop où en faites...
Même s'il avait une idée de l'endroit où elle pouvait se trouver. Les ruines d'Akeos, devait sans aucun doute l'attirer... Mais si ce n'était pas le cas... Et bien, il ne saurait pas vraiment où se diriger en faites. Et prier pour qu'elle n'ait pas poser valise sur la petite île de port-corail/Mirawen...
- Faut qu'j'aille à Heresis. - Un murmure, qu'il avait lâché, plus pour lui-même qu'autre chose, avant de secouer la tête pour se remettre les idées en place. Il posa ensuite le regard sur la jeune fille... - Pourquoi on aurait pas très envie de t'voir à la Dracoposte d'ailleurs ? T'as l'air souriante et polie. Les gens ont b'soin d'ce genre d'personne.
Alors oui, du coup. Il se souvenait bien de l'avoir vue sourire avant qu'il ne la retrouve sous la surface de l'eau. Enfin, était-ce bien elle ? Rare sont les gens à le saluer. Généralement ils préféraient s'éloigner de lui, ou se dépêcher de passer. Ils baissaient les yeux aussi. Mais rare était les gens à lui sourire de la sorte pour le saluer. C'était donc un fait suffisamment notable pour que ça mémoire fonctionne correctement. Surtout lorsqu'il n'était pas en fonction....
Le visage d’Astelle était en train de reprendre vie. Ce n’étaient encore que de petits sourires, tout juste bons à adoucir sa peine et son chagrin, mais comme toujours : parler lui faisait du bien. Même si ce n’était que pour faire des petits commentaires rigolos.
— Un garde-du-corps, qui ne sait pas trop où se trouve sa cliente... répéta pensivement la petite postière. Ben ça alors ! Dans ces circonstances, est-ce qu'on peut considérer que vous exercez votre activité en télétravail ?
La jeune fille se fendit d’un sourire polisson, qui avait quelque chose de timide aussi, parce que sa plaisanterie lui mettait le rouge aux joues. Est-ce qu’elle allait trop loin ? Est-ce qu’elle allait se faire gronder ? Doucement embarrassée, mais très attentive aux réactions du géant, Astelle lui coula un regard par en-dessous.
Non, ce monsieur-là ne semblait pas du genre à se fâcher, songea-t-elle en l'observant. Pas sans une très très très bonne raison.
— Faut qu'j'aille à Heresis. — Oh ! Je connais, Herisis, répondit-elle du tac-au-tac, avec un petit air de fonctionnaire serviable. C’est au bout de la route 8, il faut passer devant ma maison pour y aller. Huuuh… si vous croisez mon papa et ma maman sur le chemin, n’allez pas leur dire que vous m’avez repêchée dans la baie, d’accord ? Je n’ai jamais eu la permission d’y partir en vadrouille, c’est dangereux. D’un autre côté, ce sont surtout les nomades, les voyageurs et les gens bizarres qui se rendent là-bas. Il n’y en a pas beaucoup, des gentils fermiers de Kishika, qui vont se perdre dans le désert.
Dévouée dans ses explications, c'est avec un gentil sourire qu'Astelle extirpa son pokématos de sa sacoche. Sans attendre, elle afficha la carte de Lumiris sur son écran, puis désigna à Conall l’itinéraire qu’il devrait emprunter.
— Regardez, vous prenez le ferry pour aller de Port-Corail à Sunyra, en traversant le Chenal 110. Vous avez déjà acheté votre Passe-Bateau ? Si vous voulez, je peux vous aider à en réserver un sur le réseau Dusk. A Sunyra, vous passez par la sortie sud pour gagner la Piste Cyclable. Si vous empruntez un vélo, ce sera beaucoup plus rapide, mais il y a tout de même un petit chemin pentu que peuvent emprunter les piétons. A Kishika, pensez à bien vous fournir auprès d’Oncle Ronnie. Il pourra vous vendre tout le nécessaire pour traverser le désert. (Vous pouvez aussi demander conseil au voyageur bizarre qui traîne aux abords de la ferme à Tonton Wallace… il fait très fréquemment des virées jusqu’aux Ruines d’Aekos, et y travaille parfois comme guide ou cartographe. Même si c’est un gros casse-pied.) En tout cas, écoutez bien les recommandations qu’on vous fera… ce n’est pas une traversée facile.
Un Passe-Bateau, une Bicyclette et un Kit de Survie en milieu désertique. (Astelle vous recommande de bien vous préparer au voyage !)
L’air très à l’aise avec son pokématos, la jeune fille pianotait sur son écran afin d’ajouter de petites annotations sur la carte. Aux points de passage stratégiques de l’itinéraire de Conall, elle créa une série de mémos pour l'aider à se rappeler des détails, avant de prendre soin de tout bien enregistrer. Avec un sourire engageant, elle tendit ensuite son appareil au géant, en lui demandant de sortir le sien, afin de lui transmettre les données sauvegardées d’un « transfert sans contact ». Les systèmes de géolocalisation de la Dracoposte de Lumiris étaient très perfectionnés. Astelle avait même récemment fait le voyage jusqu’à Voltapolis pour mettre à jour son pokématos, le paramétrer selon ses besoins et se faire expliquer toutes ses fonctionnalités. Quand bien même n’en avait-elle pas l’air, la jeune postière possédait un équipement digne d’une petite professionnelle !
Le pokématos d’Astelle. Pas aussi "à la mode" que ces "MotiSmarts" que s’arrachent les jeunes, mais il est bien plus stable et robuste ! C’est justement le genre d’appareil, solide, qui serait tout à fait adapté à une traversée du Désert Ardent.
Leurs échanges sur le sujet terminés, le garde-du-corps en télétravail posa un regard grave sur la jeune fille. Astelle se sentit un petit peu intimidée. Adulte, raisonnable, compréhensif… c’était le genre de regard qui la faisait se sentir toute petite.
— Pourquoi on aurait pas très envie de t'voir à la Dracoposte d'ailleurs ? T'as l'air souriante et polie. Les gens ont b'soin d'ce genre d'personne. Aux paroles du géant, la petite postière répliqua d’un sourire… douloureux. L'espace d'un instant, son expression parut même se figer. Fragile comme de la glace.
Même si elle s’expliquait… est-ce qu’il pourrait la comprendre ?
Plusieurs fois maintenant, Astelle avait fait l’expérience de la logique des adultes. Et lorsqu'elle devait se justifier face à l'un d'eux... ses explications et ses excuses paraissaient toujours puériles. Même à ses propres oreilles. Ces sentiments dans sa poitrine… la jeune fille ne pouvait pas les formuler d’une façon bien propre, bienpensante et bien raisonnable. De la façon attendue des adultes.
Ces sentiments dans sa poitrine… s’entrechoquaient, se chevauchaient et se contredisaient parfois, dans un tumulte sourd et violent. Pour les exprimer avec le plus de justesse possible, il aurait fallu qu'elle se mette à hurler. Mais aucun adulte ne prendrait au sérieux une adolescente en train de hurler.
— Vous savez… « les personnes souriantes et polies »… c’est comme ça qu’on veut les voir : souriantes et polies, justement. Et ces personnes-là… on a tendance à faire beaucoup trop attention à elles. Quand elles sont contentes, c’est bien… car tout le monde peut se réjouir avec elles. Mais quand elles sont malheureuses, c’est plus compliqué… car elles rendent tristes tout le monde avec elles.
Alors elle parlait d'une voix basse. D'une voix qui semblait dire "j'essaie d'être raisonnable, je ne suis pas fâchée".
— Quand elles commencent à faire la tête, « les personnes souriantes et polies », elles causent juste du souci à tout le monde. Et alors on s’inquiète. Et alors ça soulève des questions. Et alors ça donne une mauvaise image de l'organisation.
Et elle se sentait comme une marmite trop pleine. Qui déborde, sur le feu. Un couvercle solidement vissé sur la tête, pour s'empêcher d'exploser.
— Ces « personnes souriantes et polies », je crois qu’on ne veut vraiment les voir que tant qu’elles sont capables de sourire, termina la jeune fille en souriant. Autrement, c'est plus facile de les ranger bien sagement dans un placard. En sécurité, et à l'abri des regards.
C'était trop d'émotions pour une seule journée. Finissant de parler, Astelle s’était détournée pour contempler les allées et venues des passants à travers la baie vitrée. Son visage était lisse. Son expression... presque désintéressée. Lasse et monocorde, elle avait délivré ses conclusions d'une voix qui avait perdu toute passion.
Ce sourire, qui avait quelque chose d'un peu faux, persista sur ses lèvres.
Comme s’il percevait d’instinct un changement dans l'attitude de sa jeune sauveuse, le petit Rattata s’alarma. Pressant son museau contre le menton de la jeune fille, il voulut la chatouiller de sa petite langue râpeuse. D'une main distraite, Astelle le grattouilla délicatement derrière les oreilles.
Ouai bon, c'était pas très glorieux, expliqué ainsi. Qui voudrait d'un garde du corps qui perd ces clients ? Personne en faites... Mais bon, pour le moment, sa "cliente" n'était même pas au courant en faites. Mais bon, ça, il ne le crierait pas sur tout les toits. En tout cas, la demoiselle ne sembla pas le juger sur ce point, ce permettant même une petite blague à ce sujet. Une blague que le géant ne comprit pas de suite, ayant l'impression sur le coup que c'était tout à fait sérieux. Ce fut que lorsqu'il vit le sourire de son interlocutrice du moment, qu'il comprit qu'il venait de se faire avoir. Néanmoins, même s'il trouvait ça "amusant" d'une certaine manière, bien qu'il ne pouvait s'empêcher de réfléchir à comment pouvait s'y prendre un garde du corps en télétravail, il n'y eut aucun sourire, pas même un début.
- J'imagine... Qu'il faudrait qu'je sois chez moi, pour qu'ça marche. Et j'viens d'Kalos.
Non, il ne dirait donc pas qu'il était originaire d'ici. Pouvait-il d'ailleurs seulement encore le dire ? Sans doute devait-il être considéré comme mort, pour sa famille...
Enfin, quoi qu'il en soit, Conall c'était soudainement fait la réflexion qu'il devait se rendre à Hérésis. Et avant même de pouvoir continuer sur sa lancé, la jeune femme c'était rapidement mise en mouvement, annonçant qu'elle connaissait Hérésis et... Et bien avait commencé à lui expliquer où ça se situait, précisa qu'il ne devait pas raconter à ses parents ce qui c'était passé, tout en expliquant différente chose vis à vis des Nomades et des paysans de Kishika. Elle sorti d'ailleurs un appareil dernier crie de son sac, pour commencer à montrer l'itinéraire à prendre, donnant des conseils sur quoi faire, comment se préparer pour affronter le désert... Conall la laissa faire, silencieux, observant sans réellement bien enregistrer tout ça. Il avait de toute façon sa carte, et d'ancien souvenir de son enfance... Et pas vraiment l'intention de réellement de perdre dans le désert... En faites. Il espérait d'ailleurs pouvoir attraper Anastasia à Kishika. Ou a Sunyra à la limite. Pas ailleurs. En tout cas, lorsqu'elle finit par tendre son appareil, l'invitant à un transfert... Il ne comprit pas tout de suite... Mais lorsque ce fut fait, c'est un sentiment de gêne qui passa.
- Ah... Heu... - Il fouilla les poches de son manteau, et posa sur la table... Un vieux portable à clapet, qui devait bien avoir une quinzaine d'années, abimés par le temps et la rude vie du blanc, dans les montagnes - J'crois pas qu'il soit utile... - Il n'avait d'ailleurs plus une très bonne batterie. Il savait qu'il devait en changer aussi, mais n'en avait pas spécialement l'envie, et donc la motivation nécessaire - Mais t'fais pas d'bille. J'ai une bonne carte 'vec moi... Mais s'par... heu... Réseau ?... Qu'il faut passer pour l'ticket ?
Si c'était tout par internet là... Il était plutôt dans le mal. A force d'avoir vécu en ermite, il n'avait jamais vraiment prit le temps de s'intéresser à tout ça. Son vieux téléphones étaient d'ailleurs resté bien longtemps au placard, par manque de réseau là haut. Sans étais-ce pour ça qu'il fonctionnait encore, plus ou moins...
La suite de la conversation, tomba dans une bien étrange ambiance ensuite. D'ailleurs, a peine avait-il posé sa question, qu'il la regretta, au vue du sourire de la jeune femme. Mais il resta simplement silencieux, terminant sa tasse, écoutant ce qu'elle avait à dire, ce qu'elle semblait avoir sur le cœur. Ce qu'elle ressentait, vis à vis de son "rôle" de personne souriante et gentille. que ça n'allait donc que dans un sens, pas dans l'autre, auquel cas, ils rendaient les autres inquiets et tristes...
- Si t'as b'soin d'continuer d'vider ton sac, vazy... ça pourra ptête te faire du bien.
Il n'y avait aucune ironie dans sa voie, aucune moquerie. Non, il restait sincère sur ses mots. Il savait qu'il ne serait cependant d'aucune aide, question conseil. De toute façon, que pouvait-il lui dire, lui répondre, à ça ?... Lui n'en savait rien, et plutôt que de déblatérer des âneries, il préféra lui offrir cette opportunité, plutôt que de commencer à se lancer sur une pente plus que glissante pour lui.
- Jte demanderais juste, de pas t'forcer à sourire, si t'en a pas l'envie. Pas avec moi.
— Jte demanderais juste, de pas t'forcer à sourire, si t'en a pas l'envie. Pas avec moi.
Le regard d’Astelle se mit à pétiller de malice. — Vous savez… si vous vous lancez dans de grandes déclarations comme ça : vous allez me faire sourire, justement, répliqua la jeune fille en lui tirant la langue. Et puis, on dirait un peu le genre de choses que les jolis garçons disent à la télé.
Avec un air amusé, la petite postière taquina gentiment du doigt le Rattata. Le pokémon se faisait du souci pour elle, et son grand sauveteur – à sa manière un petit peu bourrue – essayait également de lui rendre le sourire. Dans ces conditions… il aurait été bien difficile à Astelle de rester triste et apathique.
Choisissant plutôt de se rendre utile, et de laisser ses idées noires de côté, la jeune fille demanda : — Je peux regarder plus en détail votre téléphone ?
Tout en attaquant sa grande tasse de chocolat chaud, Astelle s’empara du vieil appareil. Un rapide passage dans le menu des configurations lui arracha une petite grimace. — C’est... de la camelote, déclara-t-elle avec un sourire désolé. Dans le Centre de Lumiris et à proximité de Voltapolis, vous n’aurez aucun souci, mais sinon : vous ne capterez probablement aucun signal en Herisis. Pareil pour Ferranium, ou dans les endroits comme la Grotte Mystique (à cause de la profondeur) ou les Bois Hurlants (le signal serait brouillé par les pokémons spectre).
La jeune fille fronça les sourcils d’un air soucieux. Ce n’était pas simplement l'affaire d'une puissance de signal vieillissante. Il y avait plus préoccupant. — Votre IDresseur n’est même pas référencé dessus. Tant que vous êtes en ville, il n’y aura pas de problèmes, mais si en partant à la recherche de votre cliente, vous commencez à visiter des endroits où elle aurait vraiment besoin de protection… eh bien, si vous y faites la rencontre d’un policier ou d’un ranger, il ne sera pas content du tout de ne pas pouvoir vous identifier, déclara-t-elle de but en blanc, avant de relever la tête pour regarder Conall droit dans les yeux. Et pour être honnête, moi, je suis habituée parce que mon papa ressemble aussi à un Ursaring mal-léché, mais votre tête est assez effrayante (même si, en vrai, je vous trouve plutôt mignon). Si vous n’êtes pas en règle, vous pourriez avoir des ennuis.
A peine eut-elle prononcée ces paroles qu’une expression étrange passa sur ses traits. Elle n’avait pas réalisé, avant de le lui dire franchement… (normal, vu qu’il lui faisait penser à son papa !) mais il était plus que probable que son interlocuteur soit fréquemment jugé sur son physique, lui-aussi. Astelle se mit à rougir furieusement. — C-ce… ce que je viens de vous dire… p-pardon…
En dépit de ses joues brûlantes, la jeune fille eut pour le géant un petit sourire de connivence embarrassée. Elle termina de boire son chocolat, tout en donnant l’impression d’essayer d’enfoncer sa tête dans la tasse, comme pour se cacher.
— Vous savez, reprit-elle l’air de rien, avec une moustache de lait chocolaté sur la lèvre supérieure, le doyen a mis en place des procédures pour que les visiteurs étrangers se sentent bien accueillis. En vous faisant référencer, vous devriez pouvoir mettre la main sur un pokématos. Même le modèle de base vous rendrait bien des services.
Et à ce sujet… elle avait une proposition à faire. L’air un peu intimidée, elle se lança.
— D’ailleurs, on peut faire ces démarches à la Dracoposte… Et ça ne vous coûtera pas un sou ! V-vous n’avez rien à perdre, alors, est-ce que vous voulez bien qu’on passe rapidement à celle de Port-Corail…? On pourra vous réserver un Passe-Bateau dans la foulée. Et ça serait un petit peu ma façon à moi de vous remercier.
Astelle invita le petit Rattata à s’installer à l’intérieur de la poche de sa veste, puis, avec un sourire plein d’espoir, elle proposa à Conall de se lever. Il y avait de l’énergie dans ses gestes. Peut-être même un petit peu d’impatience. C’était comme quand elle avait pris l'initiative de retracer son itinéraire, un peu plus tôt : à la perspective de se sentir utile, Astelle reprenait littéralement vie.
Avait-il simplement répondu, lorsqu'elle lui avait fait savoir qu'en parlant de la sorte, il allait la faire sourire, réellement. Lui par contre n'en avait pas lâché un seul jusque là. Il ne se souvenait d'ailleurs plus vraiment, quand il avait put en faire un, pour la dernière fois. Pourtant, autrefois, il était un gars bien souriant. Une grande asperge sociable, agréable, toujours joyeux. Parfois il se demandait si la montagne n'avait pas perdu celui qu'il était... Mais au final ça ne lui manquait pas tant que ça. A bien écouter ce qu'avait raconté Astelle, il c'était vue, un instant, dans ces mots. Il avait ce rôle là autrefois. Celui qui devait sourire et être de bonne humeur pour les autres. Rôle qu'il avait finit par abandonner pour continuer de suivre la voie qu'il c'était choisi. Etrange destin que voila...
S'il avait entendu les paroles vis à vis des "jolis garçons" de la télé ? Oui. Mais il ne voyait pas vraiment de quoi elle parlait, en réalité. Peut-être l'avait-il sut un jour. Alors il n'avait rien dit de plus là dessus. En tout cas, la jeune fille semblait avoir reprit du peps. C'était le principal. Il la regarda un instant, lorsqu'elle lui demanda si elle pouvait voir son téléphone, et le géant le lui tendit. Son vieux portable à clapet. Qu'il avait trimballé partout... Il la regarda observer l'appareil, avant de hausser un sourcil lorsqu'elle se mit à parler. De la camelote ? Peut-être bien aujourd'hui, mais pas à l'époque. ça, il en était certain. A moins que sa propre famille lui ait fait croire qu'il s'agissait d'un téléphone de qualité, pour qu'il ne fasse pas trop suer, le jour de son départ ?... Il y croyait moyen pour le coup. En tout cas, il la laissa lui expliquer qu'il n'aurait guère de réseau, à certains endroit... Comme à Heresis, à Ferranium, la grotte mystique ou encore les bois hurlants. Tant d'endroit où il n'avait pas vraiment l'intention de ce rendre. Si ce n'était Heresis de ce fait... Bien que ? Il espérait sincèrement pouvoir retrouver Anastasia à Kishika en vérité.
- Il marchait bien dans les montagnes de Cromlac'h...
Après... Peut-être que Kalos était mieux équipé... ? Il n'en savait rien au final. Il n'y connaissait pas grand chose en technologie non plus. Alors lorsqu'elle prit un air soucieux, il fronça légèrement les sourcils. Et ce qu'elle lâcha ensuite... Heu... Et bien... Pouvait-il dire qu'il était surprit ? Pas vraiment en vérité. Elle n'était pas la première à lui dire ce genre de chose. Enfin, depuis qu'il avait quitté ses montagnes surtout. Le froid, et la rudesse des lieux l'avaient bien façonné il faut dire. D'une grande asperge, il était devenue ce qu'il était aujourd'hui. Par son entrainement difficile auprès du vieil ermite, par les conditions climatiques, par la vie qu'il y menait pour pouvoir vivre "correctement" sans électricité et sans être lié au circuit d'eau potable. La première fois qu'il avait réellement vue les regards se poser sur lui, ça... Et bien, ça l'avait déstabilisé. Mais au file des jours, il avait sut faire avec, et comprendre que ça pouvait lui être utile. Alors lorsqu'elle s'excusa, il laissa échapper une sorte de grommellement, avant de laisser sa voix ce faire de nouveau entendre...
- T'façon... C'est mon boulot, d'faire peur. Non ? Mais j'savais pas que les ID étaient d'venue numérique... Fin... Sur les téléphones. J'ai encore ma vieille carte papier. J'la garde toujours sur moi.
Un garde du corps qui ne faisait pas peur... ça n'avait aucun intérêt après tout. Alors que là, il y avait un aspect de dissuasion, qui devait bien calmer une partie des gens.
C'est après ça, qu'Astelle lui proposa de l'aider, à avoir un nouveau téléphone, à se prendre un billet pour la navette aussi. Aller donc à la dracoposte, où ça ne lui couterait pas un rond. Seul soucis ? Il n'avait pas encore récupéré ses propres vêtements. Vue qu'ils étaient passé au four après ceux d'Astelle.
- Pour la navette, j'vais pas t'dire non. Mais l'tel... Hm... T'sais, j'suis pas doué avec ces choses là. L'mien me va bien, au moins j'sais plus ou moins comment il fonctionne... Et puis... - Il laissa passer un silence, alors qu'il regardait sa main droite... - J'crois qu'mes doigts sont pas aux normes.
Il galérait déjà pas mal pour trouver de quoi se vêtir, encore plus quand ça concernait les chaussures... Alors un téléphone ?... Déjà qu'il galérait avec le sien, et ces trop petites touche...
- Et puis, j'voudrais récupérer mes vêt'ments avant...
Avait-il finit par dire, laissant son regard vagabonder dans l'autre direction, plutôt gêné vis à vis de cette information...
— T'façon... C'est mon boulot, d'faire peur. Non ? — Ben, non : c’est de rassurer, répondit Astelle avec son petit air de je-sais-tout. Je ne suis pas votre cliente mais moi, je me sens plus en sécurité quand j’ai envie de sourire. Vous devriez peut-être apprendre à faire des blagues !
Mais bien que l'ayant invité à la suivre dehors, Conall n'était pas tout à fait prêt à sortir... la petite postière semblait avoir oublié un détail. — Et puis, j'voudrais récupérer mes vêt'ments avant... — Oh ! Oui, on ne va pas vous laisser suivre une jeune fille mineure, dans les rues de Port-Corail, habillé seulement d’un peignoir de bain. Ça attirerait la police encore plus vite ! s'exclama la jeune fille avec énergie. Je vais voir si la Motismémé a fini de cuire vos vêtements ! "Transporte ton four, ton frigo ou même ta tondeuse-à-gazon dans une pokéball" : je voudrais trop un Motisma !
Astelle détala comme un pokélapin. Lorqu’elle revint, elle portait effectivement les vêtements de son sauveur, dans un sac. Mais ceux-ci sentaient le gratin dauphinois. — Ça a pris un peu plus longtemps que prévu parce qu’elle était en train de préparer le dîner sur la grille du dessous ! Du coup, vos habits, en plus d’être tous chauds, ils sentent un petit peu le fromage, la crème et les pommes de terre. …je vous envie un peu.
La jeune fille indiqua au géant la petite pièce – à l’étage, où il pourrait se changer – et ni vu ni connu, elle régla l’addition pour les deux chocolats chauds et pour le pain que le Rattata avait dévoré. La Motismémé accepta ses pièces avec un air pincé. Sans doute comptait-elle leur offrir leurs consommations. …la propriétaire du bistrot se rattrapa toutefois en leur découpant deux larges portions de gratin dauphinois, qu’elle leur fourra d'autorité dans de petites boîtes en plastique, pour leur voyage retour vers Sunyra.
— Au revoir, Motismémé, je reviendrai ! s’exclama finalement Astelle, en compagnie de Conall et du Rattata, lorsque tout ce petit monde fut prêt à partir.
Suivie par un grand monsieur habillé (et non plus seulement drapé d’un peignoir de bain), la jeune fille reprit la conversation là où ils l’avaient laissée. Ses petites chaussures claquaient énergiquement sur les pavés. Marcher. Parler. Astelle paraissait tout faire à ce même rythme dynamique et joyeux. Comparée à la petite créature malade et transie que le géant avait repêchée une ou deux heures plus tôt, elle était effectivement méconnaissable.
— C’est bien si vous avez vos identifiants sur vous, expliquait la petite postière. Néanmoins, ce sera plus simple en cas de contrôle s’il existe une correspondance numérique en base de données. Dans le pire du pire des cas, même après avoir montré votre carte : on pourrait vous demander de venir au poste, le temps de vérifier votre identité. Elle forçait un petit peu le trait. Le premier agent de police-venu n'allait quand même pas, en avisant sa mine patibulaire, lui passer les menottes aussitôt. Enfin... probablement pas. Tant que l'éclairage n'était pas trop mauvais... et qu'il ne faisait pas de gestes brusques avec les énormes battoirs qui lui servaient de mains.
— Je… je vois bien que vous avez des doutes, mais… faites-moi confiance, d’accord ? S’occuper de ce genre de démarche, et veiller à transmettre aux civils les informations et le matériel dont ils ont besoin, c’est… commença Astelle, avant de se retourner vers le géant, le poing serré contre sa poitrine dans une attitude toute pleine de ferveur et de bienveillance.C’est mon travail !
D'ailleurs, ayant pris très au sérieux sa remarque sur « les normes »(c’était très important, à la Dracoposte !), la petite postière pinça les lèvres d’un air déterminé. — Et ne vous en faites pas : je suis sûre que je peux vous trouver un appareil qui fonctionne même avec vos grosses saucisses ! Probablement la réédition d’un vieux modèle de Johto. On faisait aussi des très gros boutons à l’époque, comme si on s’attendait à ce que les gens utilisent leur téléphone en portant des moufles.
La Dracoposte de Port-Corail était une belle façade lumineuse, qui faisait face aux quais. Les allées et venues y étaient nombreuses, et plusieurs gros pokémons aidaient à décharger les navires et à stocker courrier et matériel dans les entrepôts attenants. Contrairement à Sunyra, ce n’était pas du tout une petite agence. Après tout, c’était d’ici que les colis partaient vers toutes les autres régions du monde !
Après un regard à l’entrée principale, et à la longue queue qui s’y pressait déjà : Astelle désigna une petite porte de service. Pas question d’attendre ! Conall risquait de changer d’avis ! Et puis, elle travaillait ici de temps en temps, et elle connaissait les procédures par cœur. Elle était tout à fait capable de lui faire remplir un formulaire et de fouiner dans la réserve à la recherche d’un appareil inusité. — Je vais nous faire entrer par-là. Essayez de prendre votre air le moins professionnel, d’accord ? Regardez-moi. Oui. Baissez la tête. Plus bas. Encore plus bas. Voilà, maintenant : montrez-moi un sourire-qui-fait-pas-peur.
Allez ! Sinon, un des Mackogneur va se demander ce qu’on fait ici, et nous dire « pouce ».
(Et il en a au moins quatre, alors si ça arrive, on n’est pas prêts de repartir…)
Astelle ne s’en rendit pas compte tout de suite, mais la truffe du petit Rattata s’agita imperceptiblement. Avec inquiétude, il lorgnait du côté des quais.
Rassurer ?... Voila un côté que le géant n'avait jamais réussi à voir, sur ce boulot qu'il souhaitait tant faire. Voila qui donnait de quoi réfléchir, même si Conall ne rajouta rien là dessus, se contentant de hausser simplement un sourcil lorsqu'elle lui fit savoir qu'il devrait apprendre à faire des blagues. Autrefois il en faisait souvent. Des blagues. Mais c'était une époque qui était bien loin maintenant. Trop loin peut-être ?... Enfin. la conversation avait donc continué, jusqu'à ce que finalement il lui fasse savoir que non. Il ne pouvait pas la suivre actuellement. Et la réponse qu'elle lui donna, lui tira une légère grimace. Attirer les flics plus rapidement... Ouai, c'était bien le cas. S'il y avait beaucoup de chose qui lui échappait, il savait tout de même qu'un type comme lui, en caleçon, qui suivait une mineur... C'était pas ce qu'il y avait de plus rassurant. Heureusement d'ailleurs qu'il avait put poser son lourd manteau sur ses épaules...." 'fectiv'ment...." répondit-il simplement... Alors que la jeune fille filait rapidement pour aller voir où en était la "cuisson de ses vêtements".
Conall en profita un instant pour se perdre dans ses pensés, fixant d'un air absent la tasse qui contenait auparavant le chocolat chaud qu'on lui avait gracieusement offert. Néanmoins, ce fut une désagréable impression qui le tira de tout ça. Cette impression qu'on l'observe. Lorsqu'il tourna la tête, il aperçu un type plus loin, qui semblait l'observer avec intérêt. Un vieil homme, attablé seul, devant son café. A la peau abimé par le sel marin... Un Pêcheur ?... En tout cas, Conall eut l'impression de le connaitre, sans pour autant réussir à le replacer. Un ami de la famille ?... Pour le coup, il espérait bien que non. Alors sans plus de cérémonie, il détourna les yeux, s'agitant un peu, alors que l'envie de quitter l'île se faisait plus pressente. Heureusement, Astelle ne fut guère longue, revenant avec les affaires du géant. Conall se leva du coup, remettant mieux son manteau, avant de prendre le sac. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur, alors qu'elle expliquait la situation... Une odeur de fromage, de pomme de terre et de crème ?... " S'mieux qu'l'eau d'mer." maugréa-t-il, avant de se mettre en route pour rejoindre la petite pièce.
Conall n'était pas très à l'aise, a ce mouvoir ainsi dans un endroit qui ne lui appartenait pas, et qu'il ne connaissait pas. Mais bon. Il se changea donc, un peu perturbé par l'odeur de ses vêtements. ça changeait, de celle qu'il avait habituellement. Une fois de nouveau bien habillé, il retourna dans la salle principal du café, et récupéra le reste de ses affaire, jalousement gardé par Moro. Celle-ci avait regardé Conall d'un drôle d'air d'ailleurs, en sentant l'odeur qu'il avait sur lui. Ce fut après avoir récupéré des part de gratin, que le géant salua la gérante du commerce, avant de se mettre en route à la suite d'Astelle, non sans jeter un dernier regard en direction du vieil homme.
En tout cas, une chose était sûr, Astelle semblait aller bien mieux. Elle était dynamique, souriante, plutôt bavarde aussi. Le contraire même de ce qu'il avait put récupérer dans le port quelques temps auparavant. Néanmoins il se demandait toujours pourquoi elle avait agit ainsi. Le rattata ? Son regard s'attarda sur la petite créature violette, avant de regarder devant lui, écoutant les paroles de la jeune fille. Elle avait donc reprit la conversation. Difficile pour le géant de ce souvenir de tout les tenants d'ailleurs, mais il parvint à bien suivre. Bien que certaines choses l'étonne. La police avait le droit d'emmener au poste, une personne lambda qui n'avait même rien fait, juste parce qu'il avait une tête qui fait peur ? Peut-être était-il resté trop enfermé à Mirawen pour se rendre compte de ça, à Lumiris. Faut dire aussi qu'il avait grandit sans télévision, et donc, sans les informations régional..." Ils peuv' l'faire ?..." lâcha t-il entre deux phrases de la petite, sans réellement savoir si la question avait été entendu. Astelle lui demanda ensuite de lui faire confiance, avant de se tourner vers lui, le poing serré contre sa poitrine. Son travail hein ?... Voila qu'elle reprenait ses mots. Puis finalement, elle parla du fait qu'il devait y avoir sans doute un appareil compatible avec la taille de ses doigts. Chose sur laquelle il n'était guère convaincue par contre...
- Hmphr... - Il prit une étrange mimique, qui pourrait rappeler l'air renfrogné d'un Lougarok mal luné, puis finit par lâcher un soupire léger en fermant un instant les yeux - OK. J'vai t'faire confiance.
Autant qu'il pourra en tout cas. Mais bon. Que pouvait-il faire de plus ? Il n'y connaissait rien, à tout ça. A ces technologie, toujours plus développé chaque année.
Le petit groupé était donc arrivé devant la dracoposte de Port-corail. Gigantesque bâtiment que voila, accolé à un entrepôt où devaient s'amasser courrier et colis en tout genre. Néanmoins, ce n'était pas la grandeur du bâtiment qui attira son attention sur le coup. Mais bel et bien cette queue à l'entré, qui laissait présager une attente interminable. Ils allaient devoir attendre ? Si c'était le cas, il n'allait pas accepter de rester plus longtemps. Il fallait qui quitte les lieux. Qu'il ne laisse pas le temps à qui que ce soit de faire l'allé retour jusqu'à Mirawen, et donc prendre le risque de recroiser sa famille. Pas maintenant. Il n'était pas prêt pour ça. Heureusement, la jeune fille lui présenta une petite porte dérobée, avant de lui demander quelque petite chose. Prendre son air le moins professionnel ? Pour le coup il ne sut pas vraiment quoi faire. En soit c'était sa tête naturel. Néanmoins il tenta de se faire moins imposant qu'il ne l'était. Difficilement aussi. Quand au sourire.... Et bien... Disons que c'était le fiasco le plus total ? En tout cas, devant ce sourire forcé, qui n'avait absolument rien de convainquant, Moro ne put s'empêcher de laisser échapper une espèce de rire moqueur.
- Hmphr... J'suis pas sûr qu'ce soit une bonne idée d'me faire sourire... - Il détourna un instant le regard, comme cherchant un échappatoire là dessus, puis reprit - S'vraiment obligé ?...
Néanmoins, alors qu'il reposait son regard sur la jeune fille, son attention fut attiré par les mouvements du rattata. Il observa la créature un instant, avant de froncer les sourcils et de ce retourner, pour observer les quais, un instant. Il n'aimait pas l'impression que laissait le petit rongeur... Cependant, le géant ne fit pas directement le lien avec la quasi noyade de la jeune fille et de la petite créature, pensant simplement qu'il devait se passer quelque chose de pas normal là bas...
Sourire implique une tension des muscles. Le mot tension est important. Lorsque Conall Quezac aligna ses mâchoires selon l’interprétation singulière qu’il se faisait d’un sourire, toute la tension présente dans le corps de cet individu colossal se concentra dans son visage. Cette contraction musculaire et nerveuse, que nul homme sensé n’appellerait raisonnablement un sourire : fit à la petite postière l’effet d’un coup de poing. — HYYYYYYYAAAAAAAAAAAH !? s’écria soudain Astelle d’une voix perçante. C’était super efficace ! A tel point que le choc l’avait fait bondir en arrière. Puis rebondir une deuxième fois. Puis lever les mains au ciel, toute entière figée dans un état de stupeur molle et apeurée. — Par-pardon… ! Vous aviez raison ! Gardez votre tête habituelle… ET NE REFAITES JAMAIS ÇA, même si on vous le demande ! Surtout si on vous le demande !
Troublé par cette agitation soudaine, un Mackogneur déposa son carton afin de venir voir ce qui se passait. Et qu’aperçut-il ? Une petite employée de la Dracoposte, terrorisée par un gros balèze. L’air lugubre, le pokémon se rapprocha au pas de course, ayant très mal interprété la situation.
Les regards se tournèrent dans leur direction. Astelle se rendit très vite compte de l’étendue de sa bêtise. En proie à la panique, elle se retourna précipitamment vers le pokémon pour chercher à désamorcer la situation. — Aaah ! N-non, j’ai juste été surprise… tout va bien ! s’expliqua-t-elle à grands renforts de bafouilles, sans succès. En désespoir de cause, la jeune fille voulut arrêter le Mackogneur d’un geste rassurant. D’un geste universel de paix, qu’il ne pourrait pas manquer de reconnaître. En désespoir de cause, elle lui montra ses pouces. — Vite, monsieur Conall : aidez-moi à le rassurer ! Il ne va jamais me trouver convaincante avec juste deux pouces ! C’est moitié moins que ce à quoi il est habitué… ! Invitant le géant à passer les bras par-dessus ses épaules, Astelle et Conall présentèrent maladroitement une combinaison de quatre pouces au Mackogneur alarmé, qui voyant ce signe de belle connivence, accepta de se calmer.
Pour empêcher un Mackogneur de vous tomber dessus à bras raccourcis…
...dites-lui pouce ! (x4)
— Fiouf… pour le sourire (des enfers), on va laisser tomber. Suivez-moi ! Profitant d’avoir obtenu la validation du Mackogneur, Astelle se précipita vers la porte de service, puis fit signe à Conall de se dépêcher de la rejoindre.
A l’intérieur, les Dracopostiers s’agitaient en tous sens. Et personne ne parut reconnaître la petite postière. Posséder l’uniforme semblait suffire à la rendre invisible à leurs yeux, et après avoir pris note des regards suspicieux que l’on adressait toutefois à son comparse, Astelle désigna au géant un carton vide, à se placer sur l’épaule, histoire de faire illusion. — Comme ça, on ne perdra pas de temps à s’expliquer à tout le monde. Attendez-moi ici. Je fais un saut au guichet pour emprunter le formulaire idoine, et hop, on file à la réserve !
***
— Non-non-non… marmonnait la petite postière, à moitié enfoncée dans un gros carton. Honnêtement, vous n’êtes pas assez branché pour porter un C-Gear ou une Pokémontre. Vous auriez l’air tarte.
— Le Type-RV a trop de petites touches… c’est pas un modèle compatible saucisses.
— Le Type-ROSA, lui, est pas mal… mais il garde une composante tactile, sans protection. Ce n’est peut-être pas l’idéal…
— Que penseriez-vous du Pokénav, ou d’un Pokématos, un peu comme le mien ? Regardez, il est bleu, parce qu’il est pour les garçons. Bonjour le sexisme suranné. Le mien est rose pour la même raison…
— J’aime bien le Pokénav. On dirait un peu un bouclier, vous ne trouvez pas ? Ça vous irait bien ! Ce n’est pas un modèle récent, mais c’est l’un des premiers à avoir été équipé pour la navigation. Même aujourd’hui, on peut facilement télécharger et sauvegarder des cartes dessus. Il n’a pas énormément de fonctionnalités, mais au moins, vous ne risquez pas de vous y perdre (sans mauvais jeu de mot).
— Le pokématos, lui, est un petit peu plus complet depuis sa réédition HGAS. Il est moins lourd, déjà. Et de base, il permet entre autres d’écouter la radio. Vous pouvez aussi lui brancher un certain nombre de modules si vous contactez un spécialiste. Mais les deux choix sont solides. Ce sont les appareils les plus larges et robustes qu’on ait en stock. Vous pouvez les laisser tomber, les jeter sur quelqu’un ou vous en servir comme dessous de plat : ça ne posera aucun problème. (S’ils sont bien fermés, ils sont d’ailleurs hermétiques et protégés du sable comme de l’eau. De vraies briques. Par contre, ils coulent à pic.)
Pendant ces explications interminables, on avait invité Conall à remplir le formulaire. Assis par terre, à même le sol de la réserve, il faisait face à un carton retourné qui lui servait de table. Ainsi installé, il travaillait en silence, comme un bon petit écolier. Pour le dépanner, la jeune fille avait confié à son « nouvel élève » l’élégant stylo noir qu’elle conservait toujours dans la poche de poitrine de sa veste.
Le petit professeur Dumas.
La pipelette du service des télécommunications de la Dracoposte.
Rattata, de son côté, semblait avoir trouvé des compagnons de jeu dans un recoin des étagères, et grignotait du vieux carton en compagnie de ses cousins. Astelle ne s’en formalisait pas. On ne pouvait que très difficilement éviter la présence de pokérongeurs sur les quais. L’important était de bien délimiter les zones auxquelles ils pouvaient accéder.
— Alors, Pokématos ou Pokénav ? Faites votre choix ! Après, il ne me restera plus qu’à vous le configurer, y saisir votre identifiant, puis faire parvenir votre dossier à Voltapolis. L’appareil devrait être approuvé et activé d’ici une ou deux semaines, et ça vous fera une pièce d’identité solide, fraîchement entrée en base de données chez les Rangers !
Oui bon. Ce fut un fiasco total. Et le géant laissa échapper un léger soupire, hochant la tête lorsque la jeune fille lui avait fait savoir qu'il ne devait plus jamais faire ça. Il n'avait plus non plus l'envie de recommencer, si c'était pour que les gens hurlent face à lui... Enfin. Au vue du mouvement du rattata, le géant avait jeté un oeil en direction du quai, un instant, avant de se reporter sur Astelle, alors qu'elle s'exclamait, puis vers le Mackogneur qui s'approchait d'eux. AH ! En soit, Conall avait déjà dut se battre contre des pokemons agressif, en montagne. En soit... il n'avait jamais remporté le moindre combat contre eux. Et son corps en avait gardé multiple marque, dont cette cicatrice qui traçait son visage. Un Farfuret. Moro quand à elle, si elle n'avait pas montré les croc, c'était raidit, prête à passer à l'attaque. Mais heureusement, la postière eut visiblement la meilleur des réaction... D'ailleurs, Conall mit un peu de temps à comprendre, avant de se mettre en mouvement pour placer ses bras de chaque côté de la jeune fille, histoire de montrer ses pouces. pour en faire quatre donc. Et à dire vrai, il n'eut aucun espoir sur le fait que ça allait marcher. Alors lorsque le pokemon combat finit par se calmer...
- Ah... heu... Ouai. Ouai... St'une bon'idée...
Le géant s'attarda un instant sur le pokemon combat, puis emboita le pas de la jeune fille, entrant donc dans l'entrepot.
Alors non. Il n'était clairement pas à l'aise ici. Avec cet impression qu'il n'avait pas sa place en ces lieux. Cette impression fut plus forte d'ailleurs, lorsqu'elle lui désigna un carton à porter, pour ne pas à avoir à "s'expliquer". Hmph. Il ne fit rien pour la contredire néanmoins. Pourquoi le ferait-il ? Elle était là pour l'aider non ? Il attrapa donc le carton, fit en sorte de bien le fermer, puis le plaça sur son épaule. Un poids plus que plume, mais il devait faire illusion. Il doutait que s'il le tenait simplement d'une main, ça passerait sans soucis. En tout cas il attendit le temps qu'il faut, avant de la suivre jusqu'à la dites réserve.
______
Droit, et silencieux... Et toujours avec son carton d'ailleurs, le géant observait la jeune femme fouiller dans son carton. Sans comprendre le moindre mot qu'elle laissait échapper. Tout ces termes et ces noms... Bon sang, il avait l'impression d'être tellement dépassé... Ce qui en soit, était bien le cas. Dire qu'autrefois, il avait toujours été le premier au courant des sorties des nouvelles technologie. Et maintenant... Et bien, il y avait eut une bonne quinzaine d'année perdu dans les montagnes. Ça avait suffit à le perdre, il fallait croire. Mais bon. il c'était finalement assit au sol, avec son carton. Il fixait la feuille, essayant d'écouter en même temps ce qu'elle racontait. Exercice plutôt difficile, d'autant qu'il butait sur une chose. Son adresse. Il n'en avait pas. Ou plutôt, il refusait à prendre celle de sa famille...
- L'bouclier. S'bien... Un bouclier... - C'était en soit, la seule chose qu'il avait retenu de tout son speech. Il était en soit, incapable de savoir si son choix était le meilleur, ou non... Pourquoi faisait-il tout ça d'ailleurs ?... A oui. Pour éviter les soucis avec les autorités locale... - Mais y'a un blème... J'ai pas d'adresse fixe ici...
D'ailleurs, c'est en regardant de nouveau sa fiche, qu'il se rendit compte à quel point il avait perdu, concernant la plume. Lire et écrire était une chose qu'il savait faire, et dont il n'avait pas de soucis en particulier. Mais son écriture... Elle qui avait été si jolie, si fine et si légère... Voila qu'elle était à présent digne d'un homme des montagnes. Rude, mais lisible. C'était le principal ? Heureusement, il avait sut se montrer doux avec la plume que la jeune femme lui avait prêté, même s'il avait eut un peu de mal à bien le prendre en main, de peur de l'abimer.
- Je n'sais pas non plus ou j'srais... Dans une s'maine ou deux...
Sensible à sa confusion, Astelle se rapprocha timidement du géant. Même assis par terre, il était au moins aussi grand qu’elle. Avec douceur, elle déposa le PokéNav sur la table de fortune, et se pencha vers lui. De manière à pouvoir le regarder droit dans les yeux.
— Ce n’est pas grave du tout… dit la petite postière d’une voix pleine de velours. Regardez, vous allez cocher cette case-ci… et puis celle-là. Comme ça, les Centres Pokémons sauront que vous bénéficiez du statut spécial de Visiteur Invité de Lumiris. C’est le Doyen qui l’a mis en place pour faciliter l’intégration des étrangers. Ainsi, vous trouverez plus facilement un lit en passant dans les différents Centres Pokémons qui ponctueront votre périple.
Se méprenant peut-être sur son ton, la jeune fille poursuivit, comme si elle s’adressait à un enfant. — …ne soyez pas malheureux, d’accord… ? Astelle referma ses toutes petites mains sur les gigantesques battoirs de l’homme, afin qu’il saisisse sa plume avec plus de fermeté. — …et vous savez : les outils sont fait pour être utilisés. Bien sûr, s’ils cassent… c’est toujours un peu triste, mais on peut les remplacer. Lui lâchant ensuite les doigts, c’est en rosissant délicatement que la petite postière espérait qu’il terminerait de compléter le document sans plus de craintes ni d’hésitations. De toute façon… silencieuse à ses côtés, elle serait là pour l’aider, et pour répondre à toutes ses questions.
Après tout, c’était son travail. Sans rien lui en dire, elle ajouta son numéro de téléphone au répertoire du PokéNav.
***
Le formulaire complet et le PokéNav configuré, Astelle et Conall quittèrent la réserve en récupérant leur carton et leur Rattata. — Je m’occupe de tout, d’accord ? disait la jeune fille en se donnant fièrement une petite tape sur la poitrine. Rappelez-vous bien, d’ici une ou deux semaines, l’icône que vous voyez ici va changer de couleur. Ce sera le signe que le PokéNav est enregistré chez les Rangers et prêt à servir. Vous pourrez presser ce bouton ensuite, pour lancer un appel. Oui. Avec ces explications un petit peu malicieuses, Astelle venait de le piéger pour que le géant la contacte (malgré lui) à peine son PokéNav activé. De cette façon-là, elle pourrait immédiatement répondre à ses questions et lui fournir tout le support technique dont il aurait besoin !
L’étrange duo quittait le bâtiment de la Dracoposte pour émerger sous le soleil radieux des quais. Astelle plissa les yeux en raison de la forte luminosité, et puis… Rattata poussa un petit cri de bête blessée. La jeune fille se pétrifia.
Tout à coup, elle tremblait. Il avait suffit d'un instant pour que sa petite silhouette – pétillante de joie et de confiance – se fane. Comme une fleur dépérit sous l'ardeur du soleil.
Tout à coup, ses yeux se noyaient de larmes… qu’elle contenait de toute la force de sa volonté. Livide et malade, Astelle serrait les poings. Incapable de digérer ces émotions qui remontaient. Cette indignation à même de la faire suffoquer.
— …dites-moi, monsieur Conall, souffla Astelle d’une voix que la colère rendait rauque et vibrante. Combien est-ce que ça me coûterait, de vous engager comme garde-du-corps ? Je crois… que je suis sur le point de faire une grosse… non, une énorme bêtise…
Une larme brûlante roula sur sa joue, tandis que d’un regard enflammé... ...la petite postière contemplait un groupe de marins, qui regagnait tranquillement le pont de leur navire en traversant la passerelle.
Cocher là ? Ah oui. Il l'avait pas vue cet endroit. Sans un mot donc, se contentant juste d'acquiescer, il cocha la fameuse case. Un acte assez étrange pour lui, comme s'il venait de fuir, une nouvelle fois ce qu'il devrait forcément un jour, confronter. Et la deuxième case qu'il venait de cocher, ne faisait que l'enfoncer plus encore, dans ce cercle infernal dans lequel il c'était enfermé depuis de longues années maintenant. Il espérait juste, qu'avec son identité, ça ne finirait pas pour lui retomber dessus. Les "visiteurs"... Il n'en était pas un. Il était même natif de cette région. D'une famille encré à Lumiris, depuis bien plus longtemps que la plupart des gens pouvaient s'imaginer. Haussant un sourcil, Conall redressa la tête pour regarder la jeune femme, alors qu'elle lui demandait de ne pas être malheureux. Avant de regarder ces petites mains sur les siennes alors qu'elle lui donnait le feu vert pour ne pas ménager la plume. AH ! Non. Mauvaise idée. Il acquiesça en silence, mais continua à prendre soin de l'outil. Il savait, à quel point il pouvait être destructeur s'il ne faisait pas attention... Enfin. Du coup il termina de remplir les formulaires, avec l'aide d'Astelle, sans vraiment se préoccuper de ce qu'elle faisait, ne voyant donc pas qu'elle venait de rajouter quelque chose sur le téléphone qu'il allait récupérer...
Une fois que tout ça fut terminé, et acté, ils avaient finit par récupérer carton -qu'il déposera un peu avant de sortir - et rattata. Voila qui était donc fait. Maintenant, il ne restait plus qu'à aller chercher ce ticket, qui lui permettrait de quitter l'île de Port-corail. Et donc de commencer plus sérieusement ses recherches. Il écouta donc les paroles de la postière, avant d'acquiescer en se demandant pourquoi il devrait lancer un appel. Il ne le faisait déjà pas avec son portable actuel...
- Je.... Hmph. Ok.
Simple réponse. Sans aller plus loin. De toute façon, il y avait de forte chance qu'il ne comprenne pas vraiment l'explication.
Conall avait laisser échapper un grognement d'agacement ensuite, lorsque la lumière du soleil l'avait agressé. Hmph. Ce n'était pas agréable du tout. Mais il n'allait pas plus loin, se contentant de les laisser s'habituer de nouveau, avant de regarder un peu tout ces gens qui passaient par là. Du moins, jusqu'à ce qu'un couinement de la part du Rattata, comme s'il venait d'être blessé. Surprit, le géant c'était redressé, avant de regarder la petite créature et... Et bien, de voir cette jeune femme qui c'était montré tellement pétillante jusque là, s'enfoncer dans une mine bien différente. Elle avait l'air... En colère ? Pourquoi ? Comment ?... En tout cas, il fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle prit la parole. Lorsqu'elle lui demanda combien il demandait, pour être embauché... Sans un mot, il avait finit par suivre le regard d'Astelle, pour tenter de comprendre la situation, alors qu'elle continuait de lâcher ces mots. Ces mots qu'il n'aurait pas imaginer entendre de la bouche d'une personne comme elle. "Faire une énorme bêtise" ?... En tout cas, actuellement il voyait des gens sur le quai. Mais aussi des marins qui traversait la passerelle de leur navire... Il ne mit, évidement pas bien longtemps avant de faire le lien. S'il avait du mal à comprendre certaine chose, il était bien plus vif, lorsqu'il s'agissait de la sureté d'autrui...
- Rien. Rien d'tout. - Il venait de grommeler ses quelques mots, alors qu'il coulait un regard en direction de la Couafarel. Est-ce qu'elle était prête, elle aussi ?... En tout cas elle le semblait. Son regard rougeoyant, fixé sur d'éventuel cible... - N'fais juste rien d'violent. 'Kay ? J't'accompagne. Et s'il faut s'battre, j'm'en occup'rais.
Il n'était pas doué pour le sociable en règle général. Il ne l'était pas doué avec les technologie -et ne faisait pas d'effort en vérité. Il n'était pas non plus un champion des formulaires, de l'administration, des mathématiques... Mais ça. Il savait le faire.
- Mais faut qu'tu m'expliques l'bazar. 'Kay ?
Histoire qu'il puisse mieux comprendre la situation, même s'il avait sa petite idée sur l'histoire. Les marins et les rattatas... Il avait déjà entendu bien trop d'histoire à son gout, durant son enfance à Lumiris...
— N'fais juste rien d'violent. 'Kay ? J't'accompagne. Et s'il faut s'battre, j'm'en occup'rais. Elle hocha la tête. Mais l’écoutait-elle ? Suivant le groupe de marins sur les quais, Astelle paraissait en état de choc. C’était plus d’émotions qu’elle ne parvenait à en digérer. Comme une bête hurlante, la révolte grondait dans son estomac.
— Mais faut qu'tu m'expliques l'bazar. 'Kay ? La jeune fille se retourna brutalement. Sans contenir ses larmes cette fois. Avec un sanglot qui la déchirait, elle lui énonça la vérité crue. De quelques mots simples. Ce qu'elle avait vu. Ce qui lui soulevait le cœur de la sorte. Ce qu'elle ne pourrait jamais tolérer, ni pardonner.
***
Sans attendre, Astelle grimpa sur la passerelle qui reliait les docks au bateau. Se retournant en entendant le bois craquer dans leur dos, les trois marins affichaient une surprise un peu agacée. — Qu’est-ce que vous faites là ? — Ce Rattata… commença la petite postière, en cherchant le regard de celui qui portait un bandana rouge, et qui était aussi le coq du navire. — Raaah, encore ? Vire-moi cette saleté par-dessus bord, cracha le coq avec un geste négligent.
Ses grands yeux clairs s’arrondirent sous le choc.
« Je crois… que je suis sur le point de faire une grosse… non, une énorme bêtise… »
Bloquée dans un état d’incrédulité furieuse, Astelle revit la scène dans ses moindres détails. Le Matoufeu qui capture un Rattata, puis l’amène à son dresseur. Celui-ci s’en saisit… puis le frappe d’un coup sec sur le garde-fou, avant de le jeter à l’eau. Presque distraitement. Comme on jette un déchet.
Astelle vit rouge. — Draco-rage ! cria la petite postière, comme feule un animal blessé. Il n’avait fallu qu’une seconde pour qu’elle glisse la main sous sa casquette et la tende en direction du marin. Un petit Minidraco rose était juché sur le poing de la jeune fille. Et il n’avait pas l’air jouasse.
Le tir d’énergie pourpre percuta le coq en plein torse, le faisant basculer en arrière avec un hoquet de douleur. Le souffle coupé. Il l’avait frappé contre le garde-fou… avant de le jeter à l’eau… Eh bien… elle allait lui infliger exactement la même chose.
— Je vais vous montrer ce qu’il a pu ressentir… dit-elle d’une voix hachée, toute entière secouée par la violence de ses émotions.
Réagissant avec plus de spontanéité que les autres membres d’équipage, le Matoufeu s’élança en rugissant. D’une série de deux bonds vifs comme l’éclair, il prit appui sur le couvercle d’un tonneau d’eau douce, puis fondit sur la petite postière. Toutes griffes dehors.
Non. Clairement, l'histoire ne lui avait pas plus. Lui qui c'était toujours présenté comme protecteur du vivant... Même si techniquement, il avait toujours visé le fait de protéger les Hommes, il ne faisait finalement pas d'exception avec les pokemons. Quel qu'ils soient. Petit ou grand. S'ils avaient besoin d'aide, il tendrait la main, comme il le peut. Et les cicatrices qui couvraient son corps à présent, n'en était que la preuve. Il c'était entrainé tout ce temps dans les montagnes. Pour protéger et soutenir le vieil ermite, certes, mais aussi pour se renforcer. Et dans les montagnes, il n'était pas rare de ce confronter à des pokemons, même s'il avait toujours fait en sorte d'éviter les conflits. La violence ne réglait généralement pas grand chose. Même si parfois, certains avaient besoin qu'on le leur rentre bien dans le crâne. Et en l'occurrence, l'homme à qui ils avaient à faire, semblait faire partie de ce genre là...
Le géant avait donc suivit la petite postière, jusque sur le bateau. Silencieux, et gardant un calme olympien, il prenait le temps d'observer chacune des personnes à porté de vue, sur le pont de ce navire. Evidement, leur présence ne sembla pas ravir les trois hommes. Pas étonnant. Poser le pied sur un navire c'était comme poser les pieds dans une maison. Si vous étiez pas invité... Il se souvenait d'ailleurs que son père ne supportait pas ça. Que les gens se permettent de monter sur son propre navire... Pourtant, le géant n'en ressenti aucune honte. Sans doute à cause du fond de l'histoire ?... Allez donc savoir... En tout cas, à l'exclamation de celui qui semblait être leur leader, le géant s'attarda sur lui. Il n'avait donc, aucune considération ? Néanmoins, ce ne fut pas lui, qui l'inquiéta réellement sur le coup. Oh non... C'était plutôt l'état d'Astelle. Petite et fragile Astelle... Qui pourtant chauffait bien trop au gout du colosse... Alors lorsqu'elle avait tendu son minidraco en direction de l'agresseur, en demandant de l'attaquer directement, Conall c'était tendu. Pas de violence inutile... Même s'il le méritait, il ne pouvait le nier...
- Astelle...
Il avait lâché son nom comme un murmure, et alors qu'il voulut poser la main sur son épaule pour tenter de la calmer, il aperçu ce mouvement de côté... Celui d'un chat qui passait à l'attaque. Pour défendre son maitre, évidement...
Conall attrapa donc la postière de sa main gauche, la tirant rapidement derrière lui et plaça son bras droit devant lui pour encaisser l'attaque que le pokemon feu venait de lancer. Ainsi le félin se retrouva agrippé au bras droit du géant, crocs et griffes planté dans le cuir de sa longue veste. Heureusement, l'épaisseur de celui-ci agissait comme une sorte de bouclier...
- Hmphrr... Moro !
Dans le mouvement, le géant attrapa le pokemon d'Alola par la peau du coup, et d'un geste l'expédia en dehors du navire, histoire qu'il dégage sur le quai. Et répondant à l'appel, la couafarel c'était aussitôt mise en mouvement, descendant à son tour du navire pour faire face au félin. Tant qu'elle n'aurait pas de contre ordre, elle ne lâcherait pas le chat d'une semelle, montrant les crocs, prête à en découdre...
Conall était donc resté entre Astelle et l'autre imbécile, affichant un air bien sombre. Il posa un instant le regard sur la petite postière, avant de le poser sur leur ennemi du jour....
- y'a bien longtemps qu'j'ai pas été avec des marins... Mais j'sais une chose, c'est qu't'es loin d'en être un...
Oh, le Quezac ce tenait bien droit, sur toute sa hauteur, toisant l'homme face à lui, avec un air particulièrement accusateur. Le monde de la mer... Il n'y avait pas mit les pieds depuis ses dix-huit ans et pourtant... Certaines choses ne c'étaient pas effacé de son esprit. Comme le fait qu'il n'y avait rien de plus important que les Rattatas à bord d'un navire... Pour la simple raison que si le navire venait à prendre l'eau, ils étaient les seuls à pouvoir vous alarmer le plus rapidement possible, en quittant les calles... Il se souvenait d'ailleurs, que son père prenait grand soin de ceux qui avaient élue domicile dans les calles du sien... Ils étaient comme un gage de survie, d'une certaine façon... Enfin. Après avoir bien fixé leur cible, il avait finit par tourner les yeux vers les deux autres, comme pour leur signaler que s'ils souhaitaient réellement en découdre, il répondrait présent sans hésiter...
Ce qu’elle faisait, c’était mal. Elle en était persuadée. Alors, pourquoi… ? Elle pouvait sentir tout son corps se détendre : électrisé. La peur : effacée. Le nœud cruel qui lui tordait l’estomac : dénoué. Astelle se sentait plus libre qu’elle ne l’avait jamais été.
Elle se tortilla pour échapper à la poigne de Conall, et y laissa sa veste. L’instant d’après, en suivant l’exemple du Matoufeu, elle bondissait à son tour sur le tonneau d’eau douce. — Si vous voulez lui présenter vos excuses… c’est le moment ! Le regard terrible, elle désignait d’un doigt vindicatif le coq, qui se relevait à peine. — Va chier, merdeuse ! — J’espérais que vous diriez ça, chuchota-t-elle. Senpai, Surf !
Un halo aquatique enveloppa les écailles du Minidraco. Émettant un petit « pyon ! » méchant, le pokédragon déferla sur le trio de marins. Trombe soudaine, il conjura un volume d’eau tel qu’une vague s’abattait sur le pont, soulevant tonneaux, cordages et autres balais qui traînaient par terre ! D’un coup de queue virulent, Mini-senpai s’improvisa timonier de cette petite rivière en crue, et se jeta par-dessus bord : emportant les trois hommes dans son sillage ! Pour tout vous dire : les deux autres marins, qui hésitaient encore à en venir aux mains face à Conall, ne méritaient peut-être pas de finir eux-aussi à l’eau.
Fatalement, les cris attirèrent l’attention du reste de l’équipage, occupé à charger le matériel en cale. Mais cette agitation attira également l’attention… de l’homme qui se reposait dans la cabine du capitaine. Un rude gaillard basané. Au poil ayant prématurément blanchi. Réveillé par l’altercation, il passa la tête par le hublot… et sourcilla en croyant reconnaître un visage familier. — Quezac… ? Le capitaine du navire de commerce se rhabilla précipitamment en se demandant dans quel genre de dispute stérile ses loups de mer étaient encore partis s’encanailler. A chaque fois qu’ils revenaient d’une traversée un peu longue… ça ne manquait pas.
***
— Attends un peu qu’on remonte, gamine ! s’exclamaient les trois marins jetés à l’eau. — Oh… mais vous ne remonterez pas, répondit la petite postière avec un sourire qui avait quelque chose de terriblement malicieux.
Enfin, pas avant de passer un bon coup à la lessiveuse...
Juchée sur son tonneau, Astelle s’empara d’un curieux cristal bleuté dans sa besace. Derrière-elle, Conall se découvrait désormais cerné par deux nouveaux marins. Ceux-ci s’emparèrent de leur pokéball d’un air hésitant… mais en voyant ce que la jeune fille s’apprêtait à faire, ils libérèrent précipitamment leurs pokémons.
Le Rattata, toujours dissimulé dans la poche de la veste d’Astelle, bondit rejoindre la petite postière, puis l’escalada pour se poser sur sa tête. Il poussa un petit cri, de détresse, de peur et de colère. Dans l'eau, les yeux du coq s’arrondirent.Peut-être comprenait-il seulement maintenant ce qu’on lui reprochait. Dans son état normal… Astelle s’en serait sûrement rendu compte, et aurait saisi cette opportunité d’ouvrir le dialogue.
Mais la jeune fille n’était pas dans son état normal. Son regard flamboyait. Toutes ces émotions qui l’avaient déchirée de l’intérieur… toute cette révolte qui hurlait à ce qu’on punisse l’injustice… toute cette peine dans laquelle elle s’étranglait, impuissante… réclamaient un exutoire.
Comment ce genre de comportement pouvait-il être toléré ? Qui pouvait pardonner une chose pareille ? Ces individus… méritaient une bonne leçon. Elle en était convaincue. Alors… si les adultes étaient trop… « raisonnables » pour leur donner la punition qu’ils méritaient. Astelle, elle, choisirait d’être déraisonnable. Même toute seule. Même si on devait la critiquer. La punir. Et la brimer.
Elle tourna un regard triste vers son sauveur. Même si elle devait manquer à sa parole… …et perdre un ami.
D’un geste ondoyant et gracile, ses bras esquissèrent les mouvements de la danse Alolane qui permettraient à l’Aquazélite de libérer son pouvoir.
Le corps de Mini-senpai se mit à luire, tandis que semblable à un terrible prédateur marin... Le dragon torpilla en direction du trio de naufragés !
Les flots convulsèrent.
Le Super Tourbillon Abyssal se déchaîna dans les eaux de la baie de Port-Corail. Et cet incident ne serait pas sans conséquences.
Ah bon sang ! Dire qu'il avait voulut être discret, pour son retour à Lumiris... Dire qu'il avait espéré ne pas faire de vague, ne pas être reconnu, ne pas... Que son retour n'arrive pas aux oreilles de sa famille. Mais il y avait eut ce rattata. Ou plutôt ce stupide marin. Le premier battement d'aile d'un prismillon, qui avait débuté la tempête... Alors entre ce type au café qui l'avait dévisagé, alors qu'il avait exposé ses tatouages si particuliers, et maintenant tout ce remue ménage... Il était persuadé que d'autre pourraient faire le lien. Peut-être trop de paranoïa ? Son regard c'était un instant posé sur les deux marins qui hésitaient encore à passer au main. Tentative de les dissuader, tentative de juste leur montrer qui ne leur ferait rien si tout pouvait se passer dans le calme. Tentative qui fut démonté par la postière d'ailleurs. Le géant ne put rien faire. Il perdit la jeune fille, se retrouvant avec la veste dans ses mains, et n'eut que le temps de se déplacer sur le côté, évitant la vague du minidraco qui venait de balayer le pont... En emportant les trois hommes. Evidement. En soit, Conall ne se faisait pas de soucis pour eux. Les marins ne sachant pas nagé étaient rare. Voir inexistant.
En tout cas, côté quai, même Moro c'était retourné, abandonnant son combat. Au même titre que le Matoufeu qui n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de voir. Pour le coup, les deux pokemons se regardèrent, comprenant chacun que c'était partie à un stade, que ça n'aurait jamais dut atteindre. La chienne posa d'ailleurs le regard sur son maitre. Et elle comprit. Elle comprit que la jeune fille avait été bien trop loin, au regard du géant. Et elle comprit aussi, que la suite n'allait pas vraiment améliorer les choses. Oh non. Parce que visiblement Astelle n'en avait pas finit.
Un Cristal Z. Une fichu attaque Z. Comme-ci le surf n'était pas suffisant ?! Et ces deux marins là, qui venaient d'arriver pour venir en aide à leurs camarades tombé à l'eau.... En sortant leur pokemon, qui se montrèrent bien rapidement menaçant, ils avaient empêché le géant d'agir. Et alors qu'Astelle lançait sa capacité, les iris de Conall, pourtant d'une couleur chatoyante, devinrent glaciale... Aussi froide que ces montagnes qui l'avaient vue évoluer au fil du temps...
- ÇA SUFFIT !
Lui qui n'avait guère besoin de hausser la voix pour se faire entendre généralement, tant elle était grave, lorsqu'il avait lâché ces mots, cela eut l'effet d'un coup de tonnerre. Sans doute que le capitaine avait put l'entendre. Sans doute avait-il put rapprocher ce timbre de voix à Jörgen Quezac -le père de Conall- bien qu'elle se montrait bien moins enroué et abimé par le temps. Conall c'était rapidement rapproché du bord pour vérifier que tout allait bien pour les marins à l'eau. D'ailleurs, un des pokemons libéré, un gamblast, n'avait pas attendu pour plonger et leur venir en aide.... Heureusement, l'attaque n'avait pas été aussi puissante qu'il se l'était imaginer. Et heureusement. Mais une gamine qui perdait aussi vite le contrôle, avec un pokemon qui pouvait se montrer assez puissant et dangereux, ça risquait de devenir vite problématique...
Le géant c'était donc retourné vers Astelle, l'attrapant cette fois des deux mains, pour mieux l'empêcher de continuer ces conneries. Et lui qui c'était montré aussi effacé, aussi discret, qui semblait si peu confiant, avait changé du tout au tout. Il était en colère. Non, il n'était pas déçu -du moins pas pour l'instant- triste ou autre "petite" chose du genre, il était juste en colère. Une colère bien froide, mais qui le rendait plus impressionnant encore qu'il l'était déjà.
- Vas falloir t'calmer. Tu t'rend compte qu't'aurais put les buter ?! J'peux comprendre qu't'es en colère, mais c'est... c'est... hmph... - Bien sûr qu'il ne trouvait pas vraiment ces mots. Même calme, il avait souvent du mal à aller bien plus loin que de simple réponse, ou quelques questions... Pourtant... pourtant il ne pouvait pas laisser les choses comme ça... - T'aurais pu les buter bordel ! Sont pas des pok'mons ! - Oh, bien sûr que ces propos pouvaient être déformé, et mal comprit... C'était son fardeau... C'était sa malédiction... - Tu t'montres aussi... aussi.... hmphr... Aussi con qu'eux en f'sant ça !
C'est bien sur ces derniers mots, que cette froideur dans son regard laissa passer une lueur de déception... Oui... Maintenant qu'il avait put lâcher un peu la pression, c'était le premier sentiment qui avait réussi à se frayer un chemin au milieu de tout ça...