you think you're so logical but you barely making sense
Éclair lumineux déchirant le ciel. Tu t’es réfugiée sous un abri bus après avoir acheté une carte de la ville dans laquelle tu te situais sans trop savoir ce que tu foutais là. Comme toujours, t’étais partie. Comme toujours, tu avais fui de cet appartement que tu partageais avec Izaiah. Parlant d’Izaiah, ces derniers temps, vous ne faisiez plus que vous croisez au détour d’un mur, d’un couloir, en un coup de vent seulement. À croire que tu faisais colocation avec un fantôme désormais – même si tu n’étais pas davantage présente. Et chaque fois que tu le voyais, il portait une nouvelle blessure justifiée par un mensonge bancal qui ne tenait pas la route. Tu ne comprenais pas vraiment ce qui se passait dans la vie de ton colocataire (et quelque part, ton sauveur), mais ça ne te regardait pas. Moins il était présent, moins il était heureux, plus tu avais le sentiment d’avoir le droit de frôler les nuages du bout de tes doigts et de t’enfoncer dans tes propres travers.
Tu n’avais pas dormi à l’appartement, d’ailleurs. À vrai dire, tu dormais de moins en moins à l’appartement. Tu craignais d’y croiser ce fantôme qu’était Izaiah. Il souriait toujours, acceptait toujours d’essuyer tes remarques acerbes d’un revers de la même sans jamais répliquer. Mais les blessures te tourmentaient. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit d’aller mal, il n’avait pas le droit de foutre sa vie en l’air comme ça, il n’avait pas le droit de te ressembler de près ou de loin. (Tu t’inquiétais). Et tu te jugeais coupable. Ta présence l’avait bousculé dans les nuages, dans la noirceur (tu ne savais pas l’élément déclencheur, alors tu assumais que tu l’étais). Cercle vicieux qui se répétait, mais t’allais pas le laisser crever lui.
Le grondement du tonnerre résonna brusquement et tu t’accroupis pour poser une main sur Asriel, ton Mygavolt, pour l’apaiser. Il fallait éviter de provoquer… une catastrophe. Électricité et eau ne faisaient jamais très bon ménage. Mais Asriel n’aimait pas les orages et vous aviez été prisonniers de cette tempête. Tu étais trempée, de la tête au pied, et tu bouillonnais de cette rage qui te caractérisait. Les coups de tonnerre ressemblaient à la détente que tu avais appuyé dans ce lieu misérable où on t’avait gardé prisonnière, provoquant douleur et colère dans tout ton être, amenant les souvenirs à affluer dans ton esprit et te donnant envie de tout détruire.
Tu avais, pour quelques secondes seulement, fermer les yeux pour respirer profondément. Fallait que tu trouves ton chemin pour revenir. Mais pour l’heure, tu t’étais assise, à l’abri de la pluie, frissonnant, et regardant les quatre pokémons que tu possédais. Le Fantyrm voulait rien savoir de retourner dans sa pokéball et tu n’avais pas la patience de te battre. Pour le Ramoloss et la Candine, tu avais estimé que l’eau ne pouvait pas leur faire de tort, bien au contraire, et tu devais t’admettre que tu te sentais davantage en sécurité entourée de tous tes pokémons. Habillée légèrement – avec des vêtements en bon état – tu n’étais pas vraiment vêtue pour affronter une telle température et tu t’étais perdue en plus. Qu’on te donne un cachet, un calmant. Qu’on te fournisse un peu de cette ivresse que tu désirais, que tu recherchais, qu’on t’injecte de quoi atteindre le ciel. On pouvait bien ajouter une cicatrice de plus à tes bras, ce n’était pas grave. Une piqûre pour apaiser le feu de ton esprit, une piqûre pour effacer les souvenirs, pour fuir le passé.
Ton esprit n’était rien de plus qu’un désastre total. Tu ne savais pas comment le gérer, comme te gérer. Tu passas une main dans tes cheveux. Cheveux courts. Tu les avais recoupés entre décembre et aujourd’hui. Vers.. début Avril. Tu leur avais fait subir de nouveau les ciseaux devant le miroir. Parce que ça te permettait de te contrôler un minimum quand la fureur, la peur et la souffrance décidaient d’élire domicile dans ta boîte crânienne. Toujours mieux que détruire l’appartement d’Izaiah non ? Faudrait peut-être que tu lui demandes ce qu’il en pense.
Nouvel éclair déchirant le ciel alors que tu t’étais posée pour déchiffrer les lettres qui se posaient sur la carte. C’était la carte des régions de Lumiris. Il y avait le petit X pour t’indiquer où tu te trouvais. F – o – r – t ; Fort. Tu y allais lettre par lettre, tu essayais de reconstituer les mots, c’était long, et ça te donnait mal à la tête. Soupir mourant sur tes lèvres. Si rentrer ne te tentait pas autant, tu aurais abandonnée depuis un moment et tu aurais déchiré cette carte que tu venais d’acheter. En plus, tu avais faim et soif. Et besoin de la chaleur de l’appartement, et de la sécurité. Tu étais vulnérable dehors, tu ne le supportais pas, ce sentiment. Franchement, comment lire pouvait être aussi compliqué ?
Mère nature et ses caprices. Mère nature et ses élément déchaînés, la colère, les pleurs. Un soleil si radieux au point d'avoir fermé les volets de ta petite demeure, protégeant les livres des rayons nocifs pourtant si fugace car le voilà maintenant caché par d'épais nuages, une grisaille devenue noire. Noir d'orage. Un éclair fend le ciel, le tonnerre se met à chanter et les pattes de Torii émettent ce bruit caractéristique des griffes sur le plancher, son petit coeur battant à tout rompre alors qu'il se cache tremblant sous une pile de livres. Torii si flamboyant le voilà devenu terne de peur. Tu le sais, l'eau, il déteste ça. Les orages l'effraient alors doucement tu t'approches le câline, le prend dans tes bras pour le poser dans ta chambre, le chiot se cachant sous ta couette. Et le tonnerre gronde. Encore.
Un frisson te parcourt, l'air frais entrant par la porte ouverte. Tu t'empresses de descendre la fermer, accusant l'humidité présente. La porte enfin close, tu restes quelques minutes à observer le ciel se déchirer. Quel sale temps et instinctivement tu serres tes épaules comme frigorifiée. Il n'en est rien mais tu n'es jamais trop aime cette sensation d'humidité. À cet instant tu n'aurais pas dit non à une étreinte chaleureuse mais comme bien des choses, tu allais faire l'impasse dessus, Torii avait besoin de toi. Tes pas te guident vers la cuisine, le bruit d'une casserole d'eau sur le feu, quelques herbes, des baies et du......miel absent. Te voilà les yeux hébétés devant ton pot de miel vide. Et tu pestes avant de fermer le bocal, éteindre le feu et vérifier que Torii était toujours là. Pas de bruits venant de la chambre d'Elijah, ton locataire devait être sortit. Pas besoin de te soucier d'Innocent, il n'était pas là. Tu attrapes un parapluie et te décides à affronter les éléments. Sans miel pas d'infusion et hors de question de laisser Torii dans cet etat. Direction les courses.
Abritée sous ton parapluie, tu t'y accroches, ton pot de miel fraîchement acheté bien sous le bras, luttant difficilement contre le vent, l'eau arrivant à passer sous ton abri de fortune pour te tremper bien que de façon moins importante si tu étais sortie sans. Tu n'échappera pas au bain en rentrant malgre tout. Et tu avances, la pluie n'aidait vraiment pas et ce vent qui joue sous la toile de tissu imperméable. Tu tires un peu sur le manche, une fois, deux fois. La troisième te perd et tu finis par lâcher l'objet qui s'envole joyeusement au milieu des gouttes. Voilà comment finir trempée et tu n'as aucun parapluie de rechange, tu serais de toute manière aussi humide qu'un pull sortit de la machine si tu tentais de revenir à la bibliothèque. Et tu grommelle, les dents serrées avant de te mettre à courir derrière l'objet fugueur. Et puis zut, hors de question de le laisser au vent, tu l'avais payé cher ce bout de tissu et de bois.
Te voilà donc à courir sous la pluie battante, les éclairs zebrant le ciel, illuminant par instant la noirceur du coton céleste. Et tu cours à la poursuite du fugueur, un sourire commençant à se dessiner lorsque tu vois le parapluie amorcer une fin de course dans un abri bus. Mais voilà que l'abri n'était pas vide et une crainte se dessine : la rencontre fracassante entre le toit portatif et la personne abritée. Alors tu prend une grande inspiration pour hurler, non pas pour effrayer mais avertir du dangers de collision.
- Attention au parapluie !!!
Tu accélères le pas jusqu'à arriver sous l'abri de fortune, les cheveux trempés comme pas possible, les vêtements aussi mouillé qu'après ta lessive, tu as bien piètre allure mais tu t'en moque, tes iris rubis se posent alors sur la jeune fille et ses pokémons. Perdus ?
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Déchiffrer les lettres. Une à une. Ta patience s’effaçait aussi rapidement que les éclairs apparaissaient dans le ciel et quelques larmes roulèrent sur tes joues, larmes que tu essuyas très rapidement. Hors de question que tu risques qu’on te voit pleurer. Tu refusais de montrer la moindre faiblesse. Tu n’étais pas faible. Tout simplement. C’était aussi simple que ça. Devant Izaiah, tu avais affiché cette faiblesse une seule fois et ça avait été la première et dernière fois. Pareillement concernant Lucian, ce garde du corps que tu avais rencontré. Qui t’avait… sauvé. Dans la noirceur d’une ruelle, quand quelque chose de vraiment mauvais s’en allait se passer, il t’avait sauvé. Et il t’avait vu dans un état de panique si déplorable, et les larmes qui ne voulaient cesser de couler.
Mais ces instants-là étaient plus que rares. Tu avais fini par laisser la carte se poser sur le sol et ton Ramoloss avait posé une patte sur le morceau de papier pour l’empêcher de partir au vent. Tu hochas légèrement la tête. C’était le seul remerciement dont tu étais capable. T’étais pas un ange, t’étais pas un enfant de cœur, t’étais pas douce et tendre, ni avec les êtres humains, ni avec les pokémons. Tu étais seulement plus calme avec ces derniers parce que eux n’avaient jamais été à l’origine de tes problèmes. Les êtres humains en étaient la cause principale.
Quand tu entendis un hurlement qui disait de faire attention, tu sursautas (en même temps que le coup de tonnerre qui te donna envie d’hurler). Tu détestes les orages. Tu détestais les bruits forts. Tu ne les supportais pas, ça te provoquait des accès de colère et de rage que tu ne pouvais gérer. Et quand un parapluie arrêta sa course à quelques centimètres de toi, bloqué par Candine qui l’avait arrêté en tendant ses deux bras vers l’avant. Candine décida même de le prendre pour le tendre à sa propriétaire. C’était toujours amusant de considérer que tes pokémons avaient cette tendance à être toujours plus sociables et polis que ta personne, mais ce n’était pas surprenant. Les pokémons avaient toujours meilleurs fonds.
Nouvel éclair. Tu frissonnas. De froid, de peur, de rage. Alors que tu regardais cette nouvelle venue qui entrait dans ta bulle. Bon, pas physiquement parlant, elle ne s’était pas collée non plus, mais mentalement. Ta bulle mentale était si grande, si… facile à bousculer. Ton regard luisait d’une lueur mauvaise, de ce poison qui se promenait dans tes veines. Et ce n’était pas parce que la température était désagréable dehors que tu allais t’adoucir – c’était même tout le contraire. L’orage amplifiait chacun de tes défauts.
« Tu sais pas tenir un parapluie ? Il aurait pu me crever un œil si Candine n’avait pas été là ! » La concernée s’approcha et s’étira pour tendre l’objet de la dispute à la personne qui venait d’arriver. Eleanore, parfois, faudra que t’apprennes à te taire, et te calmer. Mais ce n’était pas pour aujourd’hui, n’est-ce pas ? Non, ce n’était définitivement pas pour aujourd’hui, parce que tu étais bien trop occupée à la fusiller du regard pour réfléchir. Et sa question ne vint clairement pas aider les choses. « Qu’est-ce que ça change à ta vie si ça va ou pas ? » Tu aurais juste pu répondre que t’étais perdue et que t’arrivais pas à lire la carte, que tu savais pas où tu étais. Mais non, t’avais beaucoup trop de fierté pour que ce soit le cas. « Tu peux t’en aller, maintenant que t’as récupéré ton arme. » C’était une pique qui n’était absolument pas nécessaire alors que tu posas tes yeux sur la carte. Tu ne savais même pas où était Voltapolis. Ton doigt se posa sur le X, et tu essayas de nouveau d’y déchiffrer les lettres. « Qu’est-ce que t’attends pour partir ? Une photo ? Des excuses ? »
Est ce que tu t'attendais à un sourire ou toute forme de politesse ? Non pas spécialement mais tu ne t'attendais pas non plus à une avalanche de reproches bien acides. Tu tend les bras en reprenant ton parapluie des mains d'un Candine tout en regardant étonnée la jeune fille. Ça pour râler elle savait faire. Une autre personne se serait sûrement confondue en excuses, courbée et dieu sait quoi. Pas toi. À la place, l'orage du ciel teinte aussi tes iris, leur donnant une lueur assez étrange. Tu croises tes bras, le pot de miel dans une main, ton parapluie dans l'autre et tu toises la jeune fille. Normalement, ta bienveillance devrait te rendre douce, normalement tu devrais te montrer compréhensive, comme une adulte raisonnable. Normalement....
- Bien le bonsoir mademoiselle ! En effet, savoir si vous allez bien ne changera rien à ma vie, l'orage grondera quand même, la pluie tombera quand même, des gens mourront quand même. Alors ouais, que t'ailles bien ou pas, ça changera rien. J'te remercie pour mon "arme" je me demandais qui j'allais eborgner ce soir. J'ai loupé ma cible on dirait.
Ironie quand tu nous tiens. Elle s'entendait parfaitement bien dans tes derniers mots. Si tu savais écouter en revanche te faire marcher sur les pieds pas vraiment. Et tu le fais bien comprendre. Ton regard est alors attiré par un bout de papier. Tu distingues quelques traits et tu lèves de suite ton regard vers la jeune fille. Elle n'était pas habillée pour le climat du coin, et sans chaussures. Puis tu vois ses pokémons et tu penses à Torii. Ton visage n'exprime aucun sourire cette fois, et pourtant tu vas laisser parler ce fond de gentillesse que tu as, ce qui te pousses à héberger un temps donné les âmes errantes. Tu ouvres grand ton parapluie et commences à tourner les talons.
- Je n'habite pas loin, tu trouveras de quoi te réchauffer, manger, boire, te reposer et retrouver ton chemin. Il fait pas bon rester dehors à Fort des Songes. Si t'as pas envie par orgueil pense à tes pokémons qui méritent pas de crever de froid dehors.
Le ton de ta voix est entre l'agacement et la douceur. Tu sens que la jeune fille est du genre sauvage alors tu focalise tes pensées sur les pokémons. Les pauvres ne pouvaient pas rester dehors ainsi. Oh bien sur, on pouvait lui sortir l'excuse de la Pokéball mais s'ils étaient dehors ce n'était pas pour y retourner et puis autant leur faire profiter de ce que tu prévoyais pour Torii. Tu sens malgré tout le besoin d'abattre de nouveaux arguments, hors de question de forcer la jeune fille à te suivre, c'était pas ton genre.
- T'es paumée jeune fille, il fait un temps de merde, personne ne va sortir pour t'aider. J'ai pas l'intention de me mêler de ta vie, je te propose juste un abri et de quoi de requinquer sans rien en retour. À prendre ou à rester seule sous l'orage et la pluie.
Le choix était posé, simple. Et comme pour étayer tes propos, un nouvel éclair fend le ciel, illuminant un instant les lieux de cette lumière bleutée. Rien n'était fait pour vouloir rester dehors et avec les bois hurlants non loin, qui sait où la jeune fille risquait d'atterrir si elle continuait ? Tu n'as aucun doute sur le fait qu'elle soit perdue et rien de mieux que se poser au sec pour s'y retrouver.
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L’envie de l’encastrer dans n’importe quel mur qui vous entourait, ou de la faire passer au travers de la vitre de l’abri-bus, te traversa l’esprit. La faire taire était tout ce que tu voulais. Sa voix te tombait sur les nerfs. Elle aurait pu faire demi-tour, ne jamais répliquer à tes paroles. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à vouloir te faire chier ? Louper sa cible. T’avais quasiment envie de lui demander si elle te prenait pour une conne, mais la réponse était évidemment positive. Elle se moquait de toi. Et c’était très clairement la mauvaise température pour se moquer de toi. Nouveau coup de tonnerre et nouvel éclair déchirant le ciel. Tu serres les dents. Ton sang ne fait qu’un tour dans tes veines. T’as cette envie violente de lui fracasser le crâne sur le sol pour lui apprendre que se taire parfois, ça a beaucoup plus de sens et que c’est bien mieux. Ce qu’elle ne semble pas savoir.
Mais t’es encore là. T’es encore assise sur le sol, à l’abri de la pluie qui t’a déjà entièrement trempée, de même que tes pokémons. Le tonnerre gronde, les éclairs vous illuminent, et ton esprit se perd dans la fureur qui fait rage dans ton esprit, dans tout ton être. T’es impossible à gérer et tu es carrément insupportable. C’était souvent à se demander comment ton colocataire faisait. Tu te demandais où il se trouvait. Tu te demandais comment il allait. Sans doute qu’il était encore en dehors de l’appartement, en train de prétexte être à l’hôpital. Peut-être que c’était vrai et que vraiment, y’avait trop d’heures supplémentaires à faire. Mais s’il mentait pour les blessures, tu le soupçonnais être en mesure de mentir sur tellement d’autres détails. T’avait-il menti sur tout depuis le départ ? Doucement, ton esprit remettait tout en question… mais non. C’était que récemment que les blessures étaient apparues et rien ne t’avait laissé penser qu’il mentait, avant. Il n’aidait pas sa cause, par contre.
« Dommage ouais. » T’étais pas suicidaire. Non, tu tenais à la vie pour pouvoir détruire la vie des autres, mais parfois, tu te disais que ça pourrait être bien, de ne plus respirer. Sans te tuer toi-même, non, sans que ce soit volontaire de ta part, mais que quelqu’un le provoque. Qu’on ne te donne pas le choix. Tu te disais que ça pouvait toujours être utile, à vrai dire. Toujours agréable. Une pause de ta propre personne. Et les paroles de cette étrangère avaient fait ressurgir ces réflexions-là dans ton esprit tourmenté. Mais t’allais pas crever. Et si on te tuait, tu allais revivre seulement pour tuer la personne qui avait cru pouvoir te raser de cette terre. C’était aussi simple que ça. On ne se débarrassait pas de toi. Hors de question. « Mais t’avises pas de réessayer, parce que crois-moi qu’j’vais pas t’laisser t’en sortir indemne. »
Alors qu’elle se retourne et qu’elle continue de parler, tu la fusilles du regard. Tais-toi, tais-toi. Sa voix te donne des envies de meurtre. Tu dois respirer. Mais elle n’a pas tort, et c’est ce qui t’énerve le plus. Asriel n’aime pas les orages. Pas plus que tu ne les aimes toi. Tonnerre qui retentit alors que tu te lèves et tu figes. Tes yeux se perdent dans le vide. Tu revois le corps qui tombe, tu entends les hurlements. Ton regard est ailleurs, ton regard est effrayé, ton regard est torturé. Ta respiration s’était même accélérée légèrement avant que tu ne reviennes à cet instant présent, avant que sa voix te rappelle à la réalité.
« Asriel n’aime pas les orages. » Ta voix avait perdu de sa ferveur, elle avait perdu de son poison. Elle était presque vide et s’en était davantage effrayant. Tu ne voulais pas sortir de cet abri. Tu ne voulais pas avancer sous la pluie, sous les éclairs, sous les coups de tonnerre. T’avais cette terrible sensation que t’allais être happée par des les mains des fantômes de ton passé si tu osais faire un pas pour sortir. Tu ne pouvais calmer les battements de ton cœur alors que Candine attrapait la carte. Au final, la Croquine qui avait évolué n’était plus si désagréable dans ton quotidien. Tu avais appris à l’accepter. Izaiah serait ravi. « Pas loin, tu dis ? J’espère que t’as raison. J’ai pas envie d’me coltiner cette pluie pour quelqu’un qui sait pas combien de temps le sépare d’sa maison. »
Ta hargne sera la raison de ta perte, un jour. En attendant, tu dévisageais toujours l’extérieur sans avoir fait un seul pas. Ton Mygavolt attend sagement. Il sait que te forcer ne servira à rien. Dans 1… 2… 3… Tu mets un pied dehors.
Personne ne t’attrape. Personne n’hurle. Y’a pas de détonation. Tu regardes partout autour de vous. Personne. Mais tu pouvais jurer que tu sentais des regards, des ombres attendant seulement que tu baisses ta garde pour pouvoir agir, pour vous attraper. Le trajet avait vraiment intérêt à être court, parce que tu ne supporterais pas cette situation bien longtemps. Surtout pas avec le tonnerre qui continuait de gronder. Tu ramènes tes bras contre ta poitrine pour te sécuriser un minimum alors que tes pokémons t’accompagnent. Enfin… le Fantyrm s’égare par moments, mais tu t’en fous. Il va retrouver son chemin, lui. « J’peux au moins savoir l’prénom d’la personne chez qui j’vais ? » La politesse ne t’étouffera jamais, ça c’était évident. Mais tu te réfugiais dans tes mots pour faire abstraction des pas que tu entendais.
L'aggressivite glisse sur toi comme l'eau tombant du ciel. Tu ignores les piques aussi acérées que les griffes d'un farfutet. Soit la jeune fille manque cruellement d'éducation ~et tu n'allais pas t'amuser à la faire, tu n'avais déjà pas envie d'éduquer des enfants qui seraient les tiens, c'était pas pour t'occuper d'éduquer les grands ~ soit elle avait un grain, soit un traumatisme important expliquant une telle attitude. Quoiqu'il en soit et fidèle a toi même, tu n'allais pas poser de questions, encore moins creuser. Si la demoiselle voulait parler elle le ferait d'elle-même. Tu laisses un ricanement s'échapper et cette fois ne réplique pas. Te démonter ? Bah voyons, tu te ferais un plaisir de trainer la jeune fille au hangar, au milieu des flics. Tu gardes cette option dans un coin de ta tête si vraiment tu commences à sentir un dangers mortel, Torii saura où trouver Innocent si la situation l'exige. Tu t'es malgré tout retournée pour la jauger, elle et surtout Asriel, le mygavolt. Effectivement, le laisser sous l'eau n'était pas une idée royale aussi, à peine les pieds hors de l'abri bus que tu abrite de suite le Pokémon sous ton parapluie.
- 2 minutes à pied en marchant vite.
Simple mais dénué d'agressivité. Elle avait baissé le ton, tu en fait de même. Alimenter un feu empoisonné n'était pas dans ta façon de faire alors tu contre mauvaise fortune bon coeur et laisse un peu de place sous la toile pour elle, l'orage continuant de zebrer le ciel. Et tu reprend la route, accompagnée cette fois, tu fais d'ailleurs en sorte de marcher suffisamment vite pour que les 2 minutes ne ressemblent pas à 2 heures. C'est donc avec un soupir de soulagement que tu ouvres la porte de ta bibliothèque pour laisser entrer les perdus.
- Bienvenue au Spirit song, je suis Ashura, la propriétaire. Suis moi.
Tu poses ton parapluie trempé dans un coin, inspire l'odeur caractéristique des livres, en enjambe quelques uns au sol. La porte à peine fermée que le bruit de l'extérieur se trouve étouffé. Pas de clients à cette heure ci, ton antre est silencieuse, à peine quelques murmures audibles derrière les étagères, les lumières tremblotantes. Tu invites la jeune fille à l'étage, lui fait parcourir le petit couloir pour l'emmener dans la salle de bain avec au choix baignoire ou douche. Tu ouvres un placard, en sort une grande serviette et un kimono, sûrement trop grand mais peu importe.
- Tiens, utilise la salle de bain comme bon te semble, ta une serviette et un kimono le poêle est allumé dans le salon on pourra mettre tes vêtements à sécher. Ton nom ?
La simplicité et le contact direct semblait être de mise alors tu vas à l'essentiel. Ta demeure est un mix assez hétéroclite de l'ancien avec quelques touches de modernité. Si ta salle de bain pourrait convenir a une demeure victorienne, la douche dénote avec son design moderne. Mais tu t'en moque, tout est utile. Tu laisses ton invitée pour rejoindre la cuisine, non sans avoir ouvert ta chambre, Torii toujours planqué sous la couette. Tu souris avant de rejoindre ta cuisine, le poêle non loin distillant une douce chaleur. Là tu prépares une infusion chaude, mélange de baies et de miel. Une bonne quantité pour requinquer pokémons et humains. Tu sors aussi de quoi manger, pain, chocolat, quelques fruits, beurre. Puis l'infusion prête, tu poses la théière sur la table. L'odeur devait avoir réveillé Torii qui se rue dans la cuisine, la queue battant. Tu souris mais ne le sers pas de suite. Les invités d'abord.
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Tais-toi. Tu aurais voulu lui dire. Tu ne voulais rien savoir d’elle, de sa voix, des bruits de ses pas résonnant sur le trottoir aussi trempé que vous l’étiez. Mais tu n’avais pas la force de t’énerver, pas la force de puiser dans les braises que la pluie éteignait dans ton cœur, dans ton âme. Surtout qu’elle ne parlait pas, elle ne parlait pas. Même si tu entendais des murmures qui vous entouraient, des hurlements en arrière-plan. Des femmes qui appelaient à l’aide, des femmes que tu ne pouvais pas aider, des adolescentes aussi détruites et maltraitées que ta propre personne. Taisez-vous.
Tu étais la maître dans l’art de détruire tout ce qui t’entourait, maître dans l’art d’empêcher des amitiés de se former pour laisser ta propre existence couler dans l’océan le plus sombre. Maître dans l’auto-destruction la plus vile, la plus discrète. Tout détruire pour ne rien réussir, on ne pourrait jamais croire que c’était une destruction, n’est-ce pas ? C’était un comportement qui était si ancré en toi qu’on pourrait croire que ce n’était pas volontaire. L’était-ce ? Était-ce volontaire, au final ? Était-ce réellement ce que tu désirais ? C’était compliqué à déterminer. Tu étais compliquée à déterminer, après tout.
Éclairs et tonnerre qui se mélangeaient à la haine et la terreur de ton être. Pas à pas, continuer d’avancer. Pas à pas, continuer d’exister. Tu respirais. Tu avais toujours cherché à pouvoir respirer, et c’était toujours tout ce que tu avais souhaité et désiré. Mais en cet instant, ce cruel instant, il te semblait que chaque battement de ton cœur était muni de millions de petites aiguilles destinées à percer tes organes vitaux pour te laisser agonisantes. Deux minutes. Ça n’allait prendre que deux minutes qu’elle disait, en marchant. Deux minutes, deux longues minutes. Le temps, c’était toujours étonnant à quel point il devenait incroyablement instable et élastique selon la situation. Parfois, tout semblait passer en un éclair, si rapidement, si incroyablement rapidement, et parfois, c’était une goutte d’eau, une après l’autre, un sablier qui se faisait attendre, aux grains de sables bloqués. Comme là. Ce deux minutes eurent l’effet d’une longue heure laissant ce poison brûlant dans tes veines actif alors que tu la suivais sans parler.
Et quand elle t’intima de la suivre, une fois entrées, tu ne te fis pas prier, tu ne la fis pas répéter : tu la suivis tout simplement. C’était rare de te voir docile, rare de te voir silencieuse, mais tu n’avais pas la force de la rejeter. Pas pour le moment, pas en cet instant. Tu étais même prise de court quand elle te demanda ton prénom, alors que tu regardais tout partout autour de toi, alors que ton esprit se perdait, s’apaisait légèrement à l’abri de l’orage, à l’abri des souvenirs, à l’abri des bruits, de ces pas qui te pourchassaient, des voix que tu ne cessais d’entendre. you know you’re your own assassin
« Eleanore. » Tu t’appelais Eleanore désormais, n’est-ce pas ? Tu n’étais plus Ana. Tu n’étais plus l’enfant qui avait un jour existé, que tu avais oublié, enfermé à double tour dans ta mémoire pour ne plus jamais y penser. Pour ne plus jamais la voir surgir. Tu avais hoché la tête en laissant tes pokémons hors de la salle de bain – sauf Asriel qui ne te quittait pas. Tu avais laissé l’eau de la douche couler quelques instants (choisissant une douche et non pas un bain) avant de t’y plonger. Tu avais laissé la chaleur de l’eau dénouer tes muscles le plus possible, tu avais inspiré, expiré. Yeux fermés. Tu ne savais pas combien de temps tu avais passé sous l’eau chaude, mais tu finis par en sortir, éviter ton regard dans la glace. Éviter de te voir, de regarder ce visage, ce monstre que tu étais, que tu es devenue, qu’on a créé.
Tu prends ton temps pour essuyer ce corps avant de t’enrouler dans ce kimono légèrement trop grand pour toi. Mais c’est mieux que rien, n’est-ce pas ? Ton regard est lessivé, haineux et perdu. Un étrange mélange, un mélange particulier. Quand tu rejoins le salon où se trouve cette personne qui t’avait accompagné et accepté ici (mais tu ne la remercierais jamais), tu pus observer ta Croquine (Candine, Eleanore, ta Croquine a évoluée) et ton Fantyrm qui étaient très intéressés par la nourriture et les délicieuses odeurs qui se dégageaient alors qu’Asriel, lui, demeurait sagement à tes côtés. Comme toujours. Et le Ramoloss, lui, était seulement bien, paisible, tranquille. Il savait très bien communiquer ses émotions, tu savais très bien qu’il ferait savoir si quelque chose n’allait pas de son côté. Il vous observait tout simplement, tous.
« C’est quoi, comme pokémon ? » Tu n’étais pas du tout une experte en pokémon. Une experte en strictement rien, à vrai dire. Enfermée toute ta vie, ou plutôt la majeure partie de ton existence, tu n’avais pas appris à connaître ce monde. Alors tu ne savais pas. Et tu demandais. « Mes pokémons semblent apprécier l’odeur. » Le Fantyrm sentait désormais la théière, semblant se demander ce que ce pouvait bien être. Tu t’étais assise à même le sol en observant autour de toi. « C’est ici que tu vis ? » Tu ne t’étais pas excusée, tu ne l’avais pas remercié non plus, mais tu n’étais plus autant agressive. Ta voix n’était pas douce, non, elle était froide et tranchante, mais tu ne l’agressais plus verbalement. C’était mieux que rien, non ? Fallait qu’elle s’en contente.
La pluie ruisselle, sauvage comme libérant un trop plein de frustration, une violence enfermée dans les méandres d'esprits tortueux. Une tempête en échos à la colère des hommes, les tristesses refoulées. Un maelströem d'émotions négatives reflétées dans le ciel. Et tu es là, dans la cuisine, chantonnant tout en préparant une collation et l'apportant dans le salon. Tu poses le tout sur la table basse et commences à allumer le poêle réchauffant lentement l'atmosphère feutrée de ta demeure. Quelques chuchotements auxquels tu ne prend plus garde, après temps d'années. tu places une chaise devant la source de chaleur, prête à accueillir les vêtements trempés et tu observes avec douceur les pokémons autour de toi, intrigués par ce que tu prépares. Tu aurais ben donné de suite à manger mais préférant laisser leur maîtresse les gérer tu les laisse simplement sentir l'odeur de tes préparatifs.
Eléanore prend son temps et tu la laisses gérer ses ablutions, prenant un livre dans ta bibliothèque et commençant à le feuilleter jusqu'à entendre la porte de la salle de bain s'ouvrir. Tu relèves la tête pour observer ton invitée dans ton kimono trop grand mais au moins elle est au sec. Tu lui montres alors la chaise près du point de chaleur et lui sourit gentiment.
- Tu peux mettre tes affaires à sécher là.
Pui tu commences à te verser une tasse de thé chaud, écoutant les questions de la jeune fille. Torii se lève et pose ses pattes sur la table basse, tu commences à ouvrir la bouche pour le rabrouer gentiment quand Thanatos, ton petit Embrylex arrive pour lui montrer qu'il ne fallait pas monter sur la table. Une belle découverte ce petit pokémon et un petit brin de douceur qui tempérait la vivacité de ton caninos.
- Le chiot orange et noir c'est un caninos, un chiot de type feu. Il s'appelle Torii, plutôt vif et fugueur mais intelligent quand il le veut. Lui c'est Thanatos, un Embrylex trouvé dans les ruines d'Akeos. Un peu l'opposé de Torii.
Un léger rire s'échappe en repensant à cette épopée puis tu te focalises sur le contenu de la table montant tour à tour ce que tu avais préparé à la fois pour vous et pour les pokémons.
- ça c'est une infusion de baies et de miel, mes pokémons en raffolent, je peux en donner aux tiens si tu veux, c'est aussi très bon pour nous. A côté il y a des fruits, du pain, du chocolat. Sert toi autant que tu veux.
Tu sers alors l'infusion tout en continuant la conversation, apaisée et plus sereine.
- Oui. Au rez de chaussée tu as ma bibliothèque, c'est là que je travaille en journée. Je vis à cet étage mais ce n'est pas que ma maison. Il m'arrive d'héberger temporairement des personnes de passages, offrir le gîte et le couvert au moins le temps d'une nuit. Cette maison est aussi un peu à mon frère, Iza et à un très vieil ami. Une sorte de refuge.
Un refuge qui cache malgré tout quelques trésors, essentiellement à la cave et ton arme à l'étage supérieur. Tu bois une gorgée de tisane avant d'ancrer tes iris rubis sur Eléanore.
you think you're so logical but you barely making sense
Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! La colère et la rage qui se mélangent, bouillant dans tes veines. Tu ne la connaissais pas, mais elle payait. Elle payait ton inconfort, elle payait tes souvenirs, elle payait. Elle payait comme tous ceux qui t’entouraient payaient. Dommages collatéraux d’un monstre incapable de se contenir. Pourtant, ici, maintenant, la hargne semblait s’apaiser légèrement pour laisser presque une conversation civilisée prendre la chance de s’installer. Il ne fallait pas trop espérer, tu n’allais pas perdre tes sarcasmes (tu n’en étais tout simplement pas capable). Tu n’allais pas laisser qui que ce soit voir au travers de cette armure, de tes murs (tu ne pouvais pas).
Tu hochas la tête quand elle t’indiqua où tu pouvais aller poser tes vêtements pour les faire sécher. Ici, à l’intérieur, tu te sentais davantage en sécurité que là où l’orage grondait. Mais c’était hors de question de lui dire, hors de question de lui en faire part – elle ne ferait qu’en prendre avantage. Parce que c’était ce que les autres faisaient, c’étaient ce que les humains faisaient, prendre avantage des faiblesses des autres aussitôt qu’ils les connaissaient. Tu ne la laisserais pas être en mesure de prendre avantage de tes faiblesses, de te dominer. Non, tu ne lui en laisserais pas l’occasion. Tu allais faire bien attention. Tu posas tes vêtements près du feu avant d’aller t’asseoir pas trop loin d’Ashura en regardant le pokémon qui se faisait montrer les bonnes manières par l’autre pokémon.. intéressant. Tu haussas légèrement les épaules avant de relever la tête pour observer celle qui avait accepté que tu sois son hôte pour la soirée, le temps que la tempête se calme – frissons parcourant ta colonne vertébrale. Tu entendais d’ici les coups de tonnerre et il te semblait revoir.. revoir cette arme dans ta main.
Se concentrer sur les paroles de cette étrangère pour ne pas dériver, pour ne pas déchanter. Se concentrer sur les paroles pour ne pas trop se perdre dans des souvenirs qui ne sont pas les plus agréables. « Caninos, type feu. Compris. Et l’Embrylex, c’est un type roche ? » Tu observais le pokémon en te disant que ce serait un type qui lui irait à merveilles. Mais tu pouvais totalement te tromper. Tu n’étais pas la plus éduquée, après tout, et ça se voyait très rapidement. Tu ne pourrais pas le démentir. Pas du tout même. Tu hoches la tête. « Je pense que mes pokémons seraient contents. » Parce que tu refusais l’aide sous toutes ses formes – ou presque – pour toi, mais pas pour les pokémons. Tu n’allais pas imposer tes choix à des formes de vies qui n’avaient strictement rien demander. Asriel semblait très pressé de goûter cette infusion.
Puis, ton cœur qui manque un battement, tes yeux qui clignent plusieurs fois et tu te demandes si tu ne devenais pas folle. Si tu avais bien entendu, si tu n’étais pas dû pour te nettoyer les oreilles. Toutes les paroles s’étaient effacées pour n’en garder qu’une seule. Iza. Et ça ne pouvait pas être une coïncidence. « Iza. Izaiah ? » Tu avais froncé les sourcils en attrapant un fruit pour qu’Asriel puisse manger. « J’explorais. » Ou une façon bien à toi de dire que tu t’étais tout simplement perdue. Parce que tu ne connaissais pas du tout la région. Mais hors de question de l’admettre. « Izaiah est ton frère ? Je.. ne savais pas qu’il avait une sœur à Lumiris. » Il ne t’en avait jamais parlé et tu te sentais presque… trahie. Toi qui lui avais ouvert ton cœur cette nuit-là, dans le noir de la chambre qu’il te laissait habiter. Lui ne t’avait même pas dit qu’il avait une sœur ? « Vous êtes proches tous les deux ? »
Il est des rencontres assez spéciales, des rencontres où tu te mures dans le silence et le secret et il y a des rencontres où tu te montres plus bavarde, plus ouverte, plus avenante même. Difficile d'établir avant si le courant passera, difficile de dire à l'avance si tu passeras de l'un à l'autre. Tu peux être la douceur et la joie et devenir l'instant d'après la colère et le froid. Cette rencontre là tu la place sous un signe positif, simple.
Tu as donc laissé Eleanore se sécher avant de lui présenter par la suite à la fois ses deux petits et le contenu du plateau. Tu ne parles pas de Hel et Hypnos, la funécire et le cryptero. La première furetait dans les étagères en bas quand au second, il n'était pas loin derrière elle, caché à veiller qu'elle ne fasse pas de bêtises. Des petits êtres pleins de vie qui découvraient jour après jour leur nouveau domicile, apprivoisant les couloirs, les pièces, les odeurs et le passage entre le calme du matin et l'activité de l'après-midi.
Tu souris alors à la jeune fille lorsqu'elle mentionne le type de l'embrylex. Tu hoches la tête positivement.
- Exact, type roche, il possède aussi le type sol. Je dois reconnaître que ça lui va bien.
Tu souris à cette pensée puis tourne ton visage vers la jeune fille puis sur ses pokémon. Tu verses donc l'infusion dans autant de récipient que tu avais d'invités pokémons et leur donne, laissant ensuite les baies à dispositions. Torii se précipite sur le sien et avale à grandes lampées le précieux liquide pendant que l'embrylex émet un léger son comme un appel avant de boire sa part. Apparaissent alors en sautillant une funécire suivit du cryptero. Hypnos use de lévikinésie pour apporter à la petite Hel son breuvage pendant que tu écoute la question d'Ela.
- Frère de coeur pas de sang même si pour moi c'est tout comme. Peut-être pour cette raison qu'il ne t'as jamais parlé de moi ou il m'a oublié. Ravie en tout cas de rencontrer quelqu'un de sa connaissance en espérant que ton exploration aboutisse. J'ai quelques cartes en bas, je peux les monter si tu en as besoin.
Un léger rire s'était échappé en parlant de ton frère. Oh tu ne lui tenais pas rigueur de pas t'avoir mentionné, il pouvait se passer tellement de choses, on pouvait avoir tellement de pensées en tête à certains instant qu'une information pouvait rapidement passer à la trappe. D'ailleurs toi-même tu n'as pas parlé d'Iza à Inno. Comme quoi. Quoiqu'il en soit tu ne rebondis pas sur le sens caché des paroles, tu reste avenante, simple n'allant pas au delà de ce que la jeune fille voulait dire, ne cherchant ni à interpréter, ni à forcer quoique ce soit.
Tu lui ouvrais ta porte pour cet instant mais tu n'en oubliais pas ton crédo de vie : chacun sa vie, ses pensées, ce qu'il veut ou ne veut pas dire et à chacun de respecter la distance et les barri_res d'autrui. Tu sais pertinemment que si quelqu'un a besoin de parler il le fera tout seul quand il jugera le moment opportun. Ou ne le fera jamais. Mais l'un dans l'autre, tu ne prenais jamais ombrage ni du silence, ni des paroles.