Au plus le temps passait, au plus j’avais envie de découvrir de nouveaux horizons. Lumiris était une grande île et, par chance, était formée de biomes plutôt variés. Une aubaine pour quelqu’un comme moi qui voulait sans cesse voir des choses différentes : ici nous avions une forêt hantée, là une magnifique plage et puis, par là-bas au loin … Un volcan ! Bon un volcan éteint certes … Et puis désormais c’était complètement glacial là bas… Mais bon, c’était un volcan quand même ! Je n’étais pas spécialement féru de géologie mais il fallait admettre que ça, c’était quand même plutôt impressionnant ! En faisant quelques recherches sur cet endroit, j’avais appris bien de choses sur l’histoire de cette région. Ce lieu était le volcan Eneka et se trouvait non loin de la ville de Ferranium qui avait subit des attaques terroristes il y a quelques temps. Selon le pokéweb, les personnes derrière les attaques se faisait connaître sous le nom de "team Mistral".

Je n’avais aucune idée de ce que pouvait bien représenter cette fameuse "team Mistral" mais ils avait l’air vraiment dangereux ! Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité insatiable... En approfondissant le sujet, j’appris l’existence d’un endroit abandonné au sein duquel on pouvait aujourd’hui retrouver des traces du passage de cette organisation criminelle. J’avais trouvé un lieu digne de mon intérêt !

Pour aller retrouver ces vestiges, il me fallait rejoindre une toute petite île au Nord de Lumiris, sur laquelle se trouvait le fameux volcan pour y grimper et trouver la grotte dans laquelle se trouvaient les vieilles machines. Bien que parfois un peu inconscient du danger, je savais bien cette fois que je ne pourrais pas gravir seul la montagne aussi facilement. D’autant plus que la grotte givrée ne portait pas son nom pour rien : le climat y était particulièrement rude ! Il allait falloir trouver un guide pour m’y rendre sans danger.

Alors que je préparais mon expédition, j’avais laissé une annonce sur le réseau Dusk, y cherchant un ou plusieurs alpinistes expérimentés capable de m’amener à mon site d’exploration pour un prix raisonnable. En effet, avec le matériel dont j’allais avoir besoin pour ne pas geler sur place, j’allais entamer mes réserves de pokédollars… J’étais persuadé que cela en valait la peine: les tunnels gelés de la grottes étaient supposés être plein d’anciennes machines que j’avais envie de regarder de plus prêt !

Je n’avais eu qu’à attendre quelques jours pour recevoir une réponse très engageante ! Quelqu’un se proposait pour m’aider et à un prix particulièrement abordable. Il m’avait aussi prévenu qu’une autre personne nous accompagnerait dans notre ascension. Même si en lisant son message j’avais quelques craintes, je me rassurais vite : faire de l’alpinisme, de la spéléologie et découvrir d’anciens tunnels ne pouvaient que créer de la solidarité ! Et puis il valait toujours mieux ne pas être seul pour partir à l’aventure !

Deux semaines plus tard, le jour du rendez-vous, mon sac était fin prêt. J’avais tout ce dont j’avais besoin, ou du moins tout ce que je pensais utile : un cahier pour mes notes, un appareil photo qui n’attendait que d’être dégainé et de l’énergie à revendre. Comme le guide était en retard, je n’avais plus rien d’autre à faire que regarder le flanc de la montagne, en sirotant un jus de pomme chaud dans lequel étaient mélangés du gingembre, de la cannelle et d’autres épices. J’en avais remplis deux plein thermos de cette recette réconfortante pour être sûr de ne pas en manquer ! Le guide était en retard alors j’attendais, contemplant la montagne qui se dressait face à moi. Dire qu’il y avait un volcan éteint et des tas de machines usées là-dedans, à quelques heures de moi… Je ne pouvais m’empêcher de rêvasser en songeant à l’aventure que nous allions écrire.

Je me réveillais brusquement de mes rêveries en entendant un éclat de voix soudain. Quelqu’un s’était écrié « JAMAIS ». Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée … Cela me fit sourire pourtant : la femme qui venait de parler semblait seule, accompagnée uniquement par un petit pokémon. Peut-être qu’elle s’adressait à lui... Ou bien qu’elle pensait un peu trop fort... Dans tous les cas, je trouvais ça plus sympathique qu’autre chose. Alors que je retournais à mes pensées, je l’entendis une nouvelle fois parler d’une voix forte. Cette fois-ci, c’était incontestablement à moi qu’elle s’adressait pour me saluer avec entrain.

« Bonjour Lonnie ! Moi je m’appelle Ambroise mais je ne suis pas votre guide ? Je l’attends aussi en fait, il doit s’agir du même.J’espère qu’il ne nous a pas oublié et qu’il est simplement un petit peu en retard. Vous vous rendez aussi vers la grotte givrée ?»

En tout cas, ça me faisait plaisir de faire  un bout de chemin avec une personne aussi enjouée ! Elle avait l’air d’avoir le même genre de tempérament que mon Mustébouée : dynamique et toujours de bonne humeur ! Le premier aperçu que j’avais eu d’elle était plutôt positif, la compagnie d’une personne un petit peu excentrique rendrait la montée plus ludique. C’était donc avec beaucoup de sincérité que je lui rendis son sourire et lançai la conversation en attendant l’arrivée du retardataire.

« Vous avez déjà fait de l’alpinisme ou de la spéléologie auparavant ? »

Bon le sujet était un peu bateau mais il fallait bien commencer la discussion quelque part. D’autant que nous allions avoir le temps de papoter pour apprendre à nous connaître : entre la grimpette et l’exploration de la grotte, nous allions rester longtemps en petit comité. Et plus longtemps si ce fichu guide continuait à nous faire patienter !

Pile au moment où j’allais laisser échapper un soupir, une main se posa sur mon épaule alors que j’entendais un éclat de rire. Un grand homme à la carrure athlétique et au sourire éclatant se tenait derrière moi, gloussant en voyant la surprise s’afficher sur mon visage. Entre sa veste orange, ses cheveux teints en blonds et la marque de bronzage des lunettes de soleil sur son visage, il avait la parfaite dégaine d'un moniteur de ski. En somme, il avait l’air sympathique, bien qu’un peu trop tactile à mon goût. Il nous salua tout deux d’une voix mielleuse.

« Haha ! Voilà mes petits montagnards en herbe ! Prêts pour l’aventure ?! Je m’appelle Roch et c’est moi qui vais vous amener là-haut ! La balade est un peu longue mais vous ne serez pas déçu du paysage.»

Bien sûr que j’étais prêt ! Et depuis un bon moment ! C'est ce que je pensais mais étrangement, pas ce que j'ai répondu… J’ai plutôt bredouillé quelque chose qui ressemblait à "Bonjour monsieur" avant de prendre mon sac sur mes épaules pour m’apprêter à le suivre le long du sentier qui escaladait le premier pan de la montagne. Cette fois-ci, c’était vraiment le début de notre voyage.

Lonnie avait autant d'énergie à revendre que j'avais de rêves en tête : c'était une pile humaine ! Étonnamment, ça lui donnait un côté très attachant. Il devait y avoir au moins deux ou trois personnalités qui se battaient pour prendre le contrôle de son corps tant elle semblait réagir spontanément à ses propres paroles. Je n'avais presque pas besoin de parler puisqu'elle-même faisait les questions et les réponses. Point positif : elle n'avait pas l'air de manquer d'auto-dérision. Elle riait à ses propres blagues et de ses propres bêtises si bien que je supposais qu'elle ne prendrait pas mal mon sourire amusé mais pas moqueur.

Furin à ses côtés contrastait beaucoup avec le côté très expansif de sa dresseuse. Il se contentait de rester auprès d'elle, affichant constamment le sourire bienheureux des Korillons. Avait-il la moindre idée de ce qui se passait dans les pensées de Lonnie ? Je n'en savais rien. En tout cas, son visage était amusant notamment quand il avait regardé, sans bouger, le doigt qui s'était difficilement placé entre ses yeux. Forcément, avec autant de choses en même temps dans son esprit, Lonnie paraissait être un petit peu maladroite !

« La spéléologie se mange pas, mais on peut prendre des photos pendant ! C'est quand on explore des souterrains. »

Je ne savais pas si elle avait écouté ma réponse, mais elle avait l'air contente alors ça m'allait. Quand le guide arriva pour nous mener à la grotte, elle s'écria avec autant de vigueur qu'avant, confirmant ma pensée : elle devait être comme ça avec tout le monde. Avant même qu'il ne puisse répondre, elle éclata dans un fou rire tonitruant. Elle finirait internée un jour.

C'était impressionnant de constater comment la montée n'affectait aucunement la capacité de Lonnie à raconter tout ce qui pouvait lui passer par la tête. Moi, j'avais plutôt tendance à regarder en silence le paysage et elle était du genre à préférer "discuter en marchant" bien que l'on aurait plutôt dit qu'elle préférait marcher au détour d'une discussion. Roch prenait toutefois toujours le temps de lui répondre, chaque fois avec un grand sourire et beaucoup de patience.

« Des shinys ? Hum ... Oui bien évidemment, le Mont Yukori en regorge ! »

Il avait toujours une expression enjôleuse et n'annonçait que des bonnes nouvelles : il nous avait souvent fois rappelé que le plus dur était derrière nous, tellement que je finissais par croire que le plus dur avait été de partir à l'heure avec lui. Toutefois, je ne fis aucune remarque : j'avais choisi de grimper là-haut pour me mettre à l'épreuve, pour m'essayer à de nouvelles disciplines et profiter de ce périple pour en apprendre un peu plus sur Lumiris et ça n'était pas quelque chose d'aussi minime qui allait m'en empêcher.

Plus réservé que Lonnie, il m'arrivait tout de même de poser quelques questions au guide. Quels pokémons vivaient dans ces montagnes ? Y avait-il des villages en altitude ou, à tout le moins un refuge ? Depuis quand cette grotte était-elle abandonnée ? Ma curiosité avait besoin d'être satisfaite elle aussi.

« Allez les curieux ! On se fait une petite pause et puis on sera presque arrivés ! »

Encore une fois ... presque arrivés , je supposais que c'était pour nous garder motivés plus qu'autre choses. Toutefois, c'était plutôt bienvenu ! Même si j'aimais marcher, je commençais à avoir mal aux jambes. Prendre un petit moment pour laisser reposer les muscles et manger un morceau était plutôt agréable, d'autant que nous étions sur un joli plateau qui surplombait l'île. Le paysage et la mer en contrebas étaient simplement magnifiques. Je profitais de ce petit spectacle et de l'air vivifiant de l'altitude, assis sur une large pierre en grignotant l'un des biscuits que j'avais emporté avec moi.

« Tu en veux Lonnie ? J'ai aussi du jus de pommes épicé si tu aimes. »

Cela aurait été égoïste de ne pas partager avec elle, je n'allais pas la laisser sans une petite sucrerie pour se donner du courage. J'en avais largement assez pour nous deux et puis je commençais à cerner le personnage : elle n'aurait de toute façon pas tarder à m'en demander elle-même quand elle les aurait remarqué.

L’enthousiasme de Lonnie était communicatif : je comprenais bien l’obsession de notre « shiny huntress » pour les pokémons avec des pelages bariolés, même si je n’en étais pas aussi fan qu’elle je les trouvais tout de même très intrigants ! Si, comme l’avait prétendu Roch, il y en avait beaucoup qui trainaient dans le coin alors nous pouvions espérer observer un troupeau de Moumouflons à la laine arc-en-ciel ! Ou bien des Hexagel tout pailletés… Ça serait vraiment un beau souvenir ! Moi qui espérais avoir quelque chose à prendre en photo ou à raconter dans mon cahier, cette rencontre serait un beau sujet !

Au-delà de notre envie de continuer la marche pour observer des pokémons rares et prendre des jolies photos, nous avions en commun un certain attrait pour les sucreries ! Entre les biscuits et les gâteaux mon palais et mon estomac étaient comblés, on allait avoir de l’énergie à revendre pour prendre tous les clichés que nous souhaitions !

« Hum … non c’est juste du jus du pommes avec de la cannelle, du gingembre et du citron… Ah et un peu de clou de girofle aussi ! »

Elle n’avait pas vraiment écouté la recette mais ce n’était pas grave : à peine parlions-nous d’un sujet qu’elle fonçait déjà sur le suivant : en une minute nous étions passé des pokémons chromatiques au jus de pommes puis à la bière avant d’aller prendre une photo du magnifique paysage dans lequel nous prenions notre en-cas. C’est vrai que la vue était époustouflante : entre les pins enneigés, le village en contrebas et les vagues qui venaient se briser contre la base de la montagne, il y avait de quoi se sentir minuscule.

« Un verre de vin chaud ou du cacao c’est très bien aussi. »

Alors qu’elle immortalisait cet instant en pleine nature, je pris une grande inspiration, remplissant d’air mes poumons de l’air frais et pur que nous respirions à cette altitude. J’avais toujours préféré la campagne à la ville mais je n’avais encore jamais grimpé aussi haut sur une montagne. Je regardais moi aussi aux alentours, ébahit par ce spectacle et, alors que je remis mon regard vers Lonnie, je remarquais quelque chose d’étrange…

« Dis moi ... pourquoi tu prends tes photos d’aussi haut ? Tu ne regarde pas ce que tu photographie ? »

C’était presque amusant de la voir prendre ses photos de la sorte, ça devait donner un drôle d’effet. Je n’étais pas un grand photographe mais la mise au point devait être compliquée sans regarder ni cibler précisément avec son objectif et puis l’angle devait être vachement incliné si elle prenait son cliché en levant les bras. C’était peut-être un style qui lui plaisait …

« Tu me montres la photo ? »

Je me demandais vraiment quel pouvait être le résultat de sa capture ! Après avoir regardé, il était temps de remettre nos sacs à dos sur nos épaules et de reprendre notre route vers la grotte givrée. Les journées étaient longues mais il nous restait encore du chemin à faire avant de pouvoir commencer notre exploration de la caverne.

La marche était de plus en plus ardue, il fallait traverser des rivières qui, d’ordinaire gelées en hiver étaient à présent courante et bien plus dangereuses, parfois recouverte d’une surface de glace trop fine et fragile. Nous apercevions de plus en plus de creux dans la roche et bientôt, nous arrivâmes à la première cavité engoncée dans le flanc de la montagne.

« La grotte givrée, elle porte bien son nom… »

Stalactites, stalagmites et plaques de verglas étaient au rendez-vous ! Si la team Mistral avait vraiment voulu s’installer ici, ils avaient dû avoir bien froid là-dedans ! Personne pour venir les chercher et un excellent système de refroidissement certes mais bon, de là à grimper jusqu’ici pour faire tout cela, ils devaient avoir beaucoup de choses à cacher ! C’était à mon tour de dégainer l’appareil photo, le carnet et le stylo : je comptais bien farfouiller un bon moment ici avant de rentrer à la maison !

Titre de l’expédition : « Urbex et chasse aux shiny »

Par quel tunnel allait-on commencer ?