Alors que je surfais sur Dusk à la recherche d'un nouveau plan super génial, soit un stage photo ou des lieux de fouilles, je qui tombé sur une annonce. Un message privé pour être exact. Une heure, un lieu.
8 heure précise, dans un café de Mirawen. Ni plus ni moins, avant d'être supprimé précipitamment.
C'était plutôt étrange comme demande. Je m'imaginais déjà plein de scénarios de dingue, avec histoire de kidnapping ou l'otage avait réussi à envoyer un message ou, pire encore, un malfrat fréquentant bien trop le marché noir et le Darkmagnet.
  Et vous savez quoi ? Cela m'excitait bien trop ! Les aventures intenses de la semaine dernière aux Bois Hurlants me manquaient : C'était ça que je voulais au quotidien. Pas juste révolutionner la Recherche, mais bien de l'action ! Jouer au héros !
D'accord, mon côté Ranger refoulé avait tendance à bien trop refaire surface : Peut-être que mon oncle Damguan ne serait pas si déçu que cela finalement.
  Je n'avais même pas besoin de demander l'avis de Kyora, elle était évidemment d'accord ! Ce fut ainsi que nous nous rendîmes au lieu de rendez-vous le lendemain.

  Quelle surprise ! Arrivé au café, je fis la rencontre d'une dame et… de Lise Gray. La puissante dresseuse que j'avais accompagné dans ce litige au Bois Hurlants. Vivement, elle nous expliqua que nous devrions animer et la fête d'anniversaire de son fils adolescent et de ses trente invités ainsi que les servir. Après coup, je me demandais encore pourquoi cette annonce était postée en anonyme, et rapidement supprimée. Également pourquoi chuchotait-elle ? Très bizarre tout ça.

  Suivant l'horaire indiqué, je me suis rendu le jour J à l'adresse qu'elle nous avait donnée. Je remarquais la voiture de Lise au loin, tandis que je sortais de mon taxi, Kyora sautant du véhicule toujours aussi explosive d'enthousiasme et paya le chauffeur de manière presque tremblante avec ma carte. Je priais pour avoir assez. Après ce trouble peu important, je me tournais vers mon acolyte et la résidence… Je compris rapidement que nous avions affaire à une famille plutôt aisée, provenant sûrement de la population bourgeoise.
  Avant d'avancer, je remis en place ma tenue que j'avais modifiée pour l'occasion, histoire de vérifier que j'étais au top : j'avais retiré ma chère et tendre cape noire et portais une longue veste blanche chic avec une chemise rouge détaillé de brillant avec un jean bleu et des Converse bordeaux.
Ceci étant, je me rassurait : les invités n'étaient pas encore là. Mais après tout, je devais assuré face aux parents du môme.
  Je décidais d'entasser mes craintes en y faisant fi et me dirigeais d'un pas qui se voulait aussi motivé que la démarche de Kyora.

— Salut, ça va ? J'ai fait bonne route et toi j'imagine que oui ! (répondis-je avant de glousser) On est mal barré alors avec toi ! Heureusement que je sais y faire avec les enfants. Je fais déjà du baby-sitting sur Nemerya, pour arrondir mes fins de mois.

  Enfin, j'espérais qu'il n'y aurait pas d'entourloupe. Les enfants que je m'occupais étaient tous adorables, je ne voulais pas que ce couple me fasse découvrir mon premier cas désagréable.
  J'entendis le bruit d'une pokéball s'activer et un espèce de canidé blanc et rose apparut. Un Nympahli, un Pokémon mignon tout plein. Rapidement il vint se frotter à ma jambe et je lui rendis son affection en lui caressant le front doucement.
Kyora mit également sa main près de la tête du Pokémon, en esquissant un gloussement joyeux.
  Suite à l'information donnée par Lise, je m'exclamais :[/i]

— Ooooh Nylia, elle est trop mignonne ! Aucun enfant ne pourrait lui résister !

  Instinctivement, je me tournais vers Kyora. Elle dodelinait tranquillement de la tête en chantonnant jovialement. Les enfants pourraient l'adorer, mais je savais qu'elle avait un visage sombre aussi, comme les deux surfaces d'une pièce.


— À côté, je ne sais pas si Kyora saura s'y faire avec les enfants. Mais, elle restera mignonne, hein ? lâchais-je à son attention, de manière appuyée.

  J'attendis une forme d'affirmation puis je proposais à la jeune femme de nous rapprocher de l'entrée. Peut-être que les parents auront des indications plus claires à nous annoncer ou pourrions-nous faire la rencontre - comme un premier contact - avec l’heureux élu, avant d’être jeté dans le grand bain.

J'esquissais un sourire. Officieusement, j'étais plutôt content de refaire équipe avec notre Lise régionale. Son personnage était aussi attirant qu'il était agaçant, mais cela achevait le fait accompli de le trouver intriguant.
Elle approuva sur les savoirs-faires de Kyora avec les enfants. J'étais peut-être un peu dure avec elle alors que je savais qu'elle pouvait être sérieuse et sensée quand il le fallait. [/i]

— On peut y aller, oui, acquiesçais-je, unanime.

Sans même m'attendre, elle se dirigeait déjà vers les longs escaliers de marbre blanc de la demeure bourgeoisie de nos clients. J'étais plutôt émerveillé par le mécanisme des lumières à chacun de nos pas. Je forçais l'allure pour ne pas me laisser distancer et la rejoignis sur le seuil de l'entrée.
Ma coéquipière annonça alors notre arrivée et peu de temps après, nous entendions la mère de famille expliciter son action, sous les cliquetis du verrou coulissant.
Elle nous accueillit au sein de sa somptueuse résidence, vêtue d'une tenue tout aussi chic avec une nette préférence vers les couleurs chaudes. Je répondis à son sourire, sa bonne humeur, de bon cœur.
Suivant Lise, je serrais également la main aux deux propriétaires de la maison une fois nous avoir fait entrés dans leur immense et spacieux salon. Un lieu idéal pour s'y dérouler des festivités ou, du moins, des événements sociaux visant à rassembler ou fructifier des groupes.


— Bonsoir, madame et monsieur. Nous sommes donc là pour animer l'anniversaire de votre fils, saluais-je le plus poliment que je le pouvais, en tâchant d'être le plus affable possible.

Par ailleurs, j'ai encore pu une nouvelle fois remarquer qu'entre mes méthodes et celles de Lise, il y avait un fossé. Elle était très direct et ne voulait pas perdre de temps, tandis que moi j'étais plutôt dans l'optique d'un échange courtois de premier abord et m'assurer d'avoir les parents dans la poche tout du long.
Je décidais ensuite de rebondir et appuyer les propos de ma coéquipière.


— Oui, je pense que ça serait une bonne idée. Histoire de connaître notre lieu d'intervention, pour ne pas avoir de mauvaise surprise et ainsi gérer parfaitement la situation. Et ça serait aussi une bonne idée d'établir un premier contact avec l'élu de la soirée !

Mon assurance presque prétentieuse me faisait presque rire intérieurement. Mais voilà, je n'étais pas à mon coup d'essai, je connaissais les tuyaux.
Les propriétaires acquiescèrent à notre demande et approuvèrent mes justifications et ils nous invitèrent à les suivre au sein de la maison. Comme on aurait pu s'y attendre avec l'extérieur, la demeure était véritablement immense, la richesse débordant dans tous les coins. J'espérais sérieusement ne pas avoir un gamin prétentieux et imbus de lui-même, se prenant pour un roi par le simple fait d'être né avec une cuillère d'or dans la bouche ; pour reproduire le cliché de l'enfant unique-gosse de riche. Imaginez, ses amis si c'était des intellectuels et qu'ils passaient leur soirée à faire des Trivial Poursuit !
Ils nous firent visiter la maison, avec les pièces de lieux de vie majoritairement au rez-de-chaussée et les encore majoritairement les chambres à coucher à l'étage, tout en adorant faire leur guide touristique pour exprimer l'histoire de leur patrimoine culturel et financier rien que pour me rappeler que je n'étais absolument de ce monde là. Ils nous indiquèrent en l'occurrence les cuisines, où, dans le frigo géant se trouvait les plats congelés - que nous n'aurons qu'à réchauffer - préparés par le chef cuisinier étoilé de la famille. Également, ils nous ont montré les toilettes, disposées un peu partout dans la résidence… Lieux supra importants, capitaux, majeurs pour la survie hors de chez soi.
Ah, et étrangement, ils nous ont interdit d'aller dans une pièce fermée à clé près de l'escalier menant à l'étage, où la porte était gravée de motifs étranges… et forcément intriguants.
Ensuite, nous étions montés à l'étage en direction de la chambre de l'adolescent. À l'étage, le silence était palpable sauf près d'une chambre où une musique bien trop forte et subjectivement insupportable retentissait.


— Hâte de voir notre homme , lachais-je, spontanément, en me voulant enthousiaste et cacher mes appréhensions sur le spécimen, cherchant alors une réaction rassurante provenant de Lise d'un vif regard.

Alors que nous allions faire la rencontre avec le spécimen aux goûts musicaux assez spéciaux, pour ne pas dire barbare, je captais le haussement d'épaules de Lise, levant les yeux au ciel. Son propos confirmaient ce qu'appuyaient ses gestes : En effet, elle semblait tout autant emballée que moi.
Plus j'approchais de la porte, plus ce sentiment dépréciateur grandissait.
Puis, après une entrée judicieusement contrôlée, la mère de famille prenant toutes ses précautions, nous entrions dans la chambre.
Alors, pour commencer, continuer d'appeler son enfant-qui-est-tout-de-même-un-ado, ça craignait un peu : 1) Ça annonçait par le biais de la mère poule une drôle d'image sur l'autonomie de l'enfant 2) Les pré-adolescents ne supportent pas d'être infantilisés puisqu'ils veulent qu'on les considère comme des grands.
Cependant, le visuel ne pouvait être qu'en raccord à tout ce que nous avions vu et entendu d'ici là. Un petit blond, avec un appareil dentaire, des tâches de rousseurs, une tenue que l'on apparentait davantage aux personnes provenant de « cités », avec les musique pleines d'insultes avec toujours le même rythme EXTRÊMEMENT forte… wow, je pense que je n'ai rien à ajouter, vous avez déjà compris le genre de spécimen qui nous faisait face. Le profil d'un adolescent casse-pieds, rebelle et insolent.
Pour répondre avec l'avis chuchoté, je soufflais à mon tour, en arquant un sourire malicieux :[/i]

— Charmant, t'as vu ça ?

Je faisais le fier, mais en réalité, je n'en menais pas large. Ça n'allait pas être une mince affaire en vue de l'étrange spécimen.
Moi qui croyais que les règles de vie, de politesse et de respect étaient poussées à l'extrême au sein de ces milieux fortunés, je fus grièvement déçu de voir les premières réactions du jeune homme. À peine avait-il daigné nous regarder, un vif hochement de tête avec une onomatopée, et à peine avait-il baissé la musique. Des réactions agaçantes, en somme.
Intérieurement, je fus ravi de voir Lise prendre les devants en éteignant la chaîne Hi-Fi. Je me mordais les lèvres pour ne pas que ma joie trop importante ne s'échappe de mon être.
Alors que nous saluions brièvement le fameux garnement, il s'isola de nouveau avec ses écouteurs, après avoir débité un tas d'insultes banalisées qui ne faisaient mal à personne. Ensuite, Madame la Comtesse nous présenta son enfant et les objectifs de la soirée : Le faire sociabiliser avec les invités. Évidemment, niveau portait, rien n'avait changé… Enfin si, elle atténuait vachement la réalité. La réalité était horrible, heureusement qu'on a des œillères quand on est une maman (ou un papa !). Et Esthekiel, c'est quoi ce nom ? Il ne pouvait pas s'appeler Jean-Charles de Compostelle ou un truc du genre ?!
Évidemment, il avait fallu que la discussion attire l'intéressé, ou plutôt l'irrite à un point qu'il se sente obligé d'intervenir. Il s'était redressé, parfaitement debout et droit, prenant un air supérieur. Il transpirait la prétention mais dans sa tenue, c'était si… comique et pourtant si horripiliant à la fois.
Pour qui se prenait-il ? Dans le cas où il ne connaissait sûrement pas dans quelle cour jouait Lise et qu'il savait parfaitement où était sa place et celle des classes moyennes.

Je choisis la méthode Lise et d'ignorer l'enfant même si j'avais le réflexe éducatif de vouloir lui expliquer les choses. Peut-être qu'être ignoré, relégué au dernier plan, lui fera un meilleur effet qu'une remontrance bienveillante. Je sautai alors aussi sur l'occasion qu'elle me présentait de filer d'ici, d'écourter sa présence. J'espérais qu'il se responsabiliera un minimum avec les invités ou que nous pourrions trouver du renfort parmi ceux-ci.


— Oui, nous avons encore quelques éléments à vérifier, notifier, afin de s'assurer que votre enfant et ses invités passent la meilleure soirée possible ! En fonction de vos directives, évidemment.

Les parents approuvèrent brièvement et nous sortions de la chambre, veillant à bien fermer la porte en sortant pour ne pas subir une autre diatribe peu élaborée du pauvre élu de la soirée. D'un pas soutenu moyennement rapide, nous descendions les escaliers pour retrouver le salon. Kyora sauta de mon épaule et se cala à côté de moi dans le canapé ultra moelleux où l'on pourrait presque se noyer dedans.
Le mari vaqua ensuite à ses occupations tandis que la femme réaffirmait ses directives, beaucoup plus claires et précises que durant notre entretien à Mirawen.
Bon, avec le baby-sitting, j'avais déjà l'habitude des procédés basiques : Personne à l'étage, surtout la chambre des parents ; on ne laisse pas le groupe sans surveillance ou on veille à ne pas les laisser face à un environnement non sécurisé ; ne pas utiliser de Pokémons qui pourraient inonder, enflammer, ou globalement endommager la maison à cause de leur corps ; on ne laisse pas les enfants dehors trop tard… Après, ce n'était plus des enfants, nous pouvions leur donner plus de libertés - c'était important pour qu'ils aient confiance et pour les responsabiliser.
On nous rappela également les plats à récupérer et chauffer, que l'heure du coucher allait entre minuit et une heure du matin - ou s'il y avait des extras qu'il ne faillait pas les laisser faire une nuit blanche. Ah et détail spécifique : Il ne fallait pas qu'Estekhiel reste dans sa chambre car l'objectif de la soirée était qu'il sociabilise. Je me retenais de dire « Vous pensez que des gens voudraient, ne serait-ce, le regarder ? » mais je me suis retenu car ce n'était absolument pas respectueux… et accessoirement, ça aurait pu me coûter mon job. Tant que j'avais ma paie, c'était le seul truc qui importait.
Une fois le rappel effectué, ils daignèrent enfin à partir, sans oublier de nous jauger jusqu'à ce que même ils fermèrent complètement la porte. Une bonne chose de faite !


— Y'a plus qu'à préparer quelques trucs avant de commencer et hâte de voir les invités ! m'exclamais-je, d'une joie nouvelle, presque comme un souffle libérateur avant de chuchoter. Histoire que ça remonte le niveau de ce qu'on a, pour que ça soit moins difficile à supporter…

J'esquissais un sourire, me mettant à glousser, et nous nous mettions au boulot.
Une fois les amuse-bouches installés et quelques verres en plastique sortis et quelques ajustements, de nouvelles têtes commençaient à apparaître devant la maison.
Par le biais de la fenêtre, me plaçant de tel point que l'on ne pouvait me voir, je voyais les enfants aux look étranges, extravagants, colorés, et évidemment riches et somptueux au possible, avec des Pokémons parfaitement accordés.
Je m'accoudais au canapé, histoire d'avoir une tenue avec un minimum de prestance tout en paraissant décontractée. Tourné vers la porte, je pris une grande inspiration en fermant les yeux, Kyora à mes côtés. Allons-y, la soirée promettait d'être pleines de surprises.

Alors que nous préparions le décor pour les festivités qui auront lieu incessamment sous peu, je ne pouvais m'empêcher de me sentir épier et juger. Esthekiel ne pouvait même pas s'empêcher de nous regarder, certes avec une moue désapprobatrice, mais ce qui prouvait qu'intimement, cela lui importait. L'entendre ruminer des mots absolument pas jolis me dérangeait, mais bon, nous n'étions pas ses parents. Cela serait parfaitement incongrue de le remettre à sa place, le fameux « T'es pas mon père ! » pourrait sortir bien trop vite.

Je commençais déjà à installer quelques mets et quelques verres non loin du bar où j'y avais déjà aligné plusieurs bouteilles (sans alcool, précisons-le), tandis que Lise partit se changer pour la soirée. Quant à moi, j'étais déjà en tenue de soirée, donc je n'avais pas à me changer. Veste blanche chic, chemise rouge, beau petit jean bleu de tailleur, et les Converse pour garder un style simple. Oui, on gardait toujours le style simple, on était pas des gens pompeux et surtout on ne voulait pas leur ressembler - du coup, on oubliait le noeud papillon même si je l'avais prévu.
Je restais bouche bée face à la tenue de Lise, une robe blanche, cuissardes noires, traîne en tissu… parfaitement dans son style, et cela lui allait à merveille. C'était vraiment une belle femme. [/i]

— Wow… tu es magnifique, Lise !

Par la suite, j'installais les meubles pour que ça soit agréable, mettant en évidence un espace vide pour danser ou simplement parler debout, rajouter quelques chaises à un endroit pour qu'il y en ai pour tout le monde, etc.
Alors qu'elle gonflait des ballons, ceci me tenta bien et je partis la rejoindre, ou je l'ai remplacé si elle n'avait plus envie de - ou de souffle pour - le faire : J'étais vraiment un enfant. Comme l'impression d'avoir de nouveau douze ans… sans pour autant avoir le même sale caractère que l'autre merdeux là.
Comme je faisais ça bien, j'essayais même de les faire tenir au plafond avec l'électricité statique.
Une fois terminé, je me jetais dans le canapé pour profiter de la dernière dizaine de minutes avant le rush, le moment qui demanderait d'être archi sociable jusqu'en fin, fin, de journée. J'esquissais un sourire malicieux, bien trop satisfait, dès lors que ma coéquipière se ramena avec un verre de vin qu'elle me tendit.

— Oooh très bonne idée ça ! Et oui, tu l'as dit, on en aura besoin !

Nous trinquions et buvons nos verres, plus doucement pour moi, question de sûreté professionnelle.

— Vas-y, occupe toi des invités, je vais m'occuper de Esthekiel. Il va voir de quel bois je me chauffe. Je te le ramène tout mignon.

Ma phrase sonnait comme un air de défi. Les enfants étaient tous corrects si on arrivait à les comprendre, à les manier. Simplement, d'autres étaient plus durs que d'autres. Esthekiel en faisait parti, il ne me facilitera pas la tâche, mais je trouverais bien un moyen de le dompter. Je n'étais pas un baby-sitter qui se faisait bouffer, j'avais toujours su bien m'occuper des enfants à ma charge, même les plus récalcitrants.
Je montais les escaliers, non pas sans crainte, et, inspirant grandement, j'étais prêt pour le bras de fer. Il allait tester le cadre, j'allais devoir résister et ne rien céder. Je l'appelais dans l'escalier pour commencer, n'entendant aucune musique à l'étage silencieux ou presque.

— Esthekiel ! Tes invités sont là, viens les accueillir !

Comme nous aurions pu nous en douter, il ne daigna pas me répondre. Toutefois, devant sa porte, je le voyais jouer avec des figurines. Je reconnaissais une princesse blonde guerrière, un ninja blond masqué, et un guerrier blond en tenue verte, qui semblaient se battre contre un gros monstre démoniaque.
Pris au dépourvu, il s'arrêta de jouer et m'afficha une moue boudeuse. Je commençais la conversation en lui parlant des figurines provenant d'une série de jeux et d'animes que j'adorais, ce qui eut l'air de lui plaire. D'accord, puisque nous étions pressés, j'avais rapidement fait bifurquer la conversation vers le fait qu'il devait descendre.
Son air aigri est alors réapparu, les insultes fusant, pas forcément envers moi mais envers le monde en général, même sa maison et ses parents en prenaient pour leur grade. J'ai répété plusieurs fois, sans succès, alors, j'eus l'idée de lui proposer un marché.
Je décroisais mes bras et m'approchais de lui, lui qui s'était réfugié sur son lit. Il tenta tout d'abord de me repousser avec ses pieds alors que je m'asseyais en douceur.

— Bon d'accord, tu ne veux pas de nous, à Lise et moi, ce qui peut se comprendre, on est des adultes et généralement les adultes vous privent de liberté. Et, visiblement, tu ne veux pas non plus de tes invités… Enfin, c'est ce que tu me dis. Mais, est-ce que ça ne serait pas plutôt que tu as peur d'aller vers les autres, de t'ouvrir ?

Il hocha presque timidement la tête, comme si, s'il se vendait trop, il risquait de perdre l'ascendant.

— Ce que je te propose, c'est que tu descendes avec moi, qu'on rencontre les autres. T'en fais pas, ils ont l'air vraiment gentil, et au pire tu seras avec moi. (Esthekiel allait repartir en crise:) ATTENDS ! Piaille pas tout de suite, et arrête, parle mieux stoplais, j'suis pas ton pote. Si tu fais l'effort d'être convenable, d'être poli et sympa avec les enfants, on pourrait t'offrir d'autres libertés.

Évidement, Esthekiel était intéressé mais dur en affaire.

— Par exemple, te laisser dormir plus tard, te laisser jouer à la console après la soirée, manger plus de sucreries que la dose exigé par tes parents,... On a plusieurs libertés qu'on peut te donner, mais c'est à toi de nous montrer qu'on peut te faire confiance.

Il semblait accepter, tout sourire. Je crois que je ne l'avais jamais vu sourire comme ça. Ceci étant, une fois devant l'escalier, je lui rappelais les règles du contrat et que s'il ne les respectait pas, je ne les respecterais pas non plus… et qu'il pourra faire n'importe quelle crise, ça n'y changera rien.
Puis, nous descendions d'un pas décidé. Ensuite, je présentais l'élu de la soirée à ses invités :

— Bonsoir les enfants, j'espère que vous allez bien ! Je vous présente le roi de cette soirée d'anniversaire, j'appelle Esthekiel !!

Il sauta sur lui-même en tendant les mains, faisant le beau. Son entrée en scène fracassante, presque trop prétentieux, me dérangeait mais au moins il avait décidé de descendre. Son arrivée fut saluée par l'ensemble des invités. Lise allait sans doute penser que je lui avais jeté un sort, c'était obligé ! Mais après tout, je savais y faire avec les mômes !

— Lise et moi, Khoren, sommes là pour que votre soirée soit la meilleure que vous n'ayez jamais été convié !

Je partis ensuite près du bar pour servir les enfants en boisson. Je voyais Esthekiel, encore calme, discutant avec quelques enfants auxquels je l'avais branché. Au plus profond de moi-même, j'espérais que la soirée soit aussi idyllique… Peut-être était-ce trop parfait ? Un mauvais pressentiment naissait également en moi : J'avais l'impression que c'était le calme avant la tempête.

Ce début de soirée se déroulait à merveille. Les enfants discutaient entre eux, mangeaient les quelques petits fours et buvaient leurs verres tranquillement ou nous demandaient pour les resservir. L'ambiance était paisible. Du moins, jusqu'à ce que le sacré phénomène qu'était Estekhiel, alors plutôt excentré et peu actif dans les conversations, réussit à se faire entendre de tout le monde.
Nous demandant à tous animateurs se respectant quelles activités avions nous préparé pour rythmer la soirée, mais sa voix était bien trop mielleuse. C'était un affront indirect que ce petit affreux nous faisait office, et nous allions devoir y répondre.
Je m'approchais de Lise, ma tête près de son oreille. Je pensais être le plus légitime à mener les choses, je savais faire. L'improvisation, c'était l'une des qualités les plus importantes de l'animateur ou du baby-sitter. Je lui soufflais à l'oreille, d'une voix perceptible uniquement par ma coéquipière.

— Lise, laisse-moi faire. Surtout, on fait comme si tout était préparé. On est confiants, ou on fait genre de.

Je me mettais en avant, agrandissant ma posture pour amplifier l'effet de l'assurance et de  « chauffeur de salle », prenant une voix plus imposée et forte.


— Les enfants ! En l'honneur de votre illustre hôte, nous vous avons prévu des petites choses pour vous amusez ! Et ainsi, passer une superbe soirée !  

Et là, Kyora sortit de sa Pokéball et lança quelques ondes psychiques. L'effet fut immédiat, un spot lumineux me mit en lumière, de la fumée colorée apparut, et des confettis pailletés brillantes jaillirent.
Il fallait toujours réussir son entrée. Peut-être que je n'aimais pas spécialement briller, mais autant bien assurer dans quelque chose que l'on connaît.
Ensuite, je m'avançais vers les enfants, faisant un petit tour de la salle histoire de considérer tout le monde et me relançais :


— Je vous proposerais bien un petit jeu ! J'ai vu qu'il y avait quelques petits ballons et plots, enfin ce qui pourrait en faire office au moins. Vous avez des idées ? Des envies ?

Les réactions, plutôt positives, retentirent de toutes parts, puis ce fut autour d'une cacophonique énumération de jeux de faire son entrée. Je tentais d'assimiler leurs dires pour voir lequel des jeu serait le grand gagnant, mais avec leurs réactions personnelles à chaque proposition n'aidait pas forcément. Du coup, technique d'animateur fourbe, je me fichais un peu de ce qu'ils disaient et proposais le jeu que j'avais prévu - après avoir évidemment vérifié qu'il a été cité, parce qu'autrement c'était galère de savoir exactement qui avait le plus de succès.
Je frappais dans mes mains avec, toujours, mon agréable sourire.


— Alors, alors, alors, ce que je vous propose, c'est… une balle aux prisonniers dans le jardin ! Avec vos Pokémons !

Les enfants avaient l'air majoritairement beaucoup emballé, malgré quelques soupirs et insultes chuchotées… de rage par notre hôte qui ne pensait pas du tout qu'on allait autant déchirés.
Nous nous dirigions alors vers le jardin, allumant alors les lumières pour éclairer le terrain, car la lumière de la Lune n'était guère suffisante. Le terrain, aussi grand et spacieux que la maison. Je n'avais jamais vu un jardin aussi entretenu. Du coup, puisqu'on jouait avec les Pokémons, il fallait de la place et le terrain de jeu  ressemblait limite à un terrain de foot.
Nous préparions le terrain avec des nains de jardin car la mère riche en faisait la collection, mais ils étaient hyper farfelus, goût spécial. Puis, je pris une bal que je lançais au milieu. Un Caninos avec une jeune fille renvoya la balle en faisant une tête, et juste après, je relançais une deuxième balle pour plus de challenge. Un Capumain d'un jeune garçon vint la rattraper avant de jongler avec et se lancer dans un jeu coopératif.

Ça bougeait bien, ça hurlait, et je sentais une joyeuse exaltation se dégager de l'atmosphère créée. Parfait. Nous étions chargés d'arbitrer et Kyora prenait son rôle carrément au sérieux, marchant d'une démarche très solennel et forcé en plissant les sourcils (en ayant lever la tête pour qu'on puisse voir) pour arborer un air sévère. À mourir de rire.
Puis, je balançais mon regard pour tomber sur Estekhiel. Vraiment  « étrangement  », monsieur état avec deux types de la même trempe que lui, collé aux bords du terrain. Nos regards se croisèrent, mon sourire abondamment satisfait rencontra son faciès d'enfant capricieux rageur, en mode  « Raaaah t'as gagné la bataille, mais pas la guerre ! ». Ça tombait bien, je n'avais pas encore misé mes dernières cartes.
Ensuite, je regardais Lise qui se débrouillait vraiment bien avec les enfants, malgré la crainte qu'elle avait - et que j'avais, je n'allais pas mentir, en vue du spécimen.  D'ailleurs, peut-être que Lise avait la côte, qu'on lui demandait des autographes, mais en vue de la réaction des enfants, j'avais marqué les esprits. Je pouvais compter ça comme une victoire personnelle.

Parfaitement sur le fait, je m'étais vu préparer une balle aux prisonniers sans nulle préparation. Lise était venue m'aider sur tout le long de la préparation et de l'animation de ce temps d'activité. D'ailleurs, je ne l'avais pas précisé mais comme j'adorais le challenge - les enfants aussi visiblement -donc nous avions constitué trois équipes. Après tout, le terrain le permettait largement. Je me rappelais de la réflexion de Lise à propos de ce dernier et du fameux Manoir Gray... pffff, je ne pouvais m'empêcher d'en rire. Je lui avais répliqué avec aplomb :

— Quoi ? Il est si immense que ça ton manoir ? Je ne crois que ce que je vois ! Après oui, j'imagine que ton manoir est plus esthétique.

J'étais entré à fond dans mon rôle. Alors même si je voyais Lise avec son verre de vin, moi, le mien, cela faisait depuis belle lurette que je l'avais abandonné. Conscience professionnelle oblige. Pis, j'étais trop énergique, prêt à ambiancier, pour défoncer ce mood avec de l'alcool. Peut-être que je n'étais pas quelqu'un d'aussi confiant en général mais là, je me sentais en plein dans mon élément.
Oui, là, avec les enfants, à les encourager, à les remettre sur la voie s'il y avait un problème, régler les conflits pour éviter que les rageurs ne nuisent à l'ambiance saine de la soirée ou qu'une fille envoie son Magby pour crâmer un Macronium qui avait juste bien lancé son coup.
Dès lors qu'elle s'approcha de moi, je laissais Lissa, Nylia et Kyora jouer aux pompom-girls ou aux arbitres, minimisant ma présence sur le jeu tout en gardant un œil attentif sur l'ensemble du jardin pour m'assurer quand même qu'il ne se passe rien de mauvais, car je sentais qu'elle voulait me demander quelque chose. Ma foi, j'en profitais pour prendre une gorgée d'eau de ma petite bouteille.
  J'écoutais ses propositions intéressantes. Je comptais leur faire faire une activité calme alors je regardais ma montre et cette horaire conditionnera mon choix.

— Je comptais terminer sur quelque chose d'un peu plus détente pour revenir à l'intérieur... OU plutôt après le gâteau et les cadeaux ? Je pense que ça serait pas mal... Attends, t'as vu la putain de pièce montée ?! Il a de la chance ce gosse. Et les cadeaux, mama... si énormes. Euh... autrement, il est pas tard encore, on pourrait bientôt changer de jeu. Ils ont bientôt fini. Mais oui, c'est super les chaises musicales. Du genre avec leurs Pokémons ? T'imagine, les gros Pokémons portent leur dresseur et si ils en ont des petits, c'est eux qui les porte. Ca pourrait être cool, enfin si ça te dit. Je te laisse l'animer ? Ou tu veux que je le fasse ? et que j'assure encore !

  Nous discutions brièvement mais intensément sur le déroulé futur de la soirée. Il fallait profiter de ce genre de moments où le groupe ne prenait pas entièrement l'attention de leurs encadrants pour que ceux-ci puissent organiser ou finaliser leurs programmes.
J'ajoutais tout de même avant de conclure et partir :

— Il ne faudrait pas qu'ils commencent à s'ennuyer et je perçois une baisse d'enthousiasme. Ce genre de jeux a tendance à fatiguer vite. Regarde, ils semblent se démarquer. Les Verts mènent, les Bleus pâtissent, et les Rouges résistent bien aux assauts et proposent quelques offensives...  Tu sais, les Verts, l'équipe d'Esthetruc... Par contre, d'ailleurs, lui et son petit trio, ils ont tendance à jouer un peu trop violement. Mais ça se régule suffisamment bien pour rester dans le cadre, et donc qu'on ai pas à les engueuler. J'ai bien envie de remettre sa fierté à sa place. Je rejoins l'équipe bleue pour remonter le niveau. Tu veux jouer ? Si ça te tente, rejoins la Rouge, qu'on éclate ce petit affreux.  

Mon sourire malicieux était presque sadique. Mais je n'aimais pas vraiment son attitude. D'accord, mission réussie, il avait réussi à sociabiliser mais pour mobiliser à faire des conneries ou à monopoliser la balle. Vous voyez, le genre.
Je m'amenais vers le terrain à petites foulées, puis rapidement, et m'inscrivais chez les Bleus.

— Maintenant, je suis Bleu ! Faut bien équilibrer les équipes ! et tous au abri ! Les prisons explosent, s'éjectent ! Elles n'existent plus ! Si vous êtes touchés, vous êtes fichus !

Ce genre d'annonce apportait autant de réactions positives que négatives, surtout que la moitié des participants étaient déjà éliminés. Faisant rager les prisonniers, mais ravir les joueurs toujours en lice qui voyaient leur côté compétiteur battre leur plein, et évidemment l'équipe perdante se voyait reconnaissante de l'aide d'un des encadrants.
Kyora lâcha ses pompons et débarqua sur le terrain, prête à tout pour gagner. Montée sur mes épaules, elle prit de l'élan et réussit à prendre la balle et la renvoyer chez les Verts et top ! Touché !
Après quelques actions, je repris la balle et usant de ma dextérité sportive, je relançais la balle chez les Verts et touchais l'un des membres du trip de sous-fifres d'Esthekiel. Dans le mille, et téma comment il rage !

Tandis que je voyais Lise s'approcher du terrain, je me vis rajouter, complétant mes précédentes consignes :

— Oui, il faut finir la partie ! Il nous faut une équipe gagnante ! Voilà pourquoi Nous ne pouvons pas revivre si nous sommes touchés.  

Rapidement, je repris le contrôle de la balle. D'accord, mon groupe se reposait pas mal sur moi et sur quelques bons éléments. Mais au moins, les Bleus n'allaient pas s'avouer vaincu. Et, je l'envoyais sur Lise. Elle croyait trop jouer la discrète ? Bah non, elle allait jouer. Je fis style de lui faire la passe mais ma passe devint un tir puissant, déjouer par Kyora pour déjouer sa trajectoire et bouleverser ses repères. Oui, c'était une feinte juste pour lui montrer que j'étais là pour gagner. Elle la récupérerait sûrement mais le message était clair : Que nous soyions collègues ou non, je n'allais pas être des plus cléments, j'étais là pour gagner.
   

La continuité de la soirée était prête, parfaitement orchestrée. J'avais rassuré Lise sur le fait que je serais là pour la soutenir si jamais elle ne se sentait pas à l'aise d'animer les chaises musicales. Désormais que nous sachions quoi faire, il était temps de s'amuser. Oui, en faire mordre le poussière à Esthekiel, qu'est-ce que j'en rêvais. Je n'étais pas quelqu'un de méchant ou qui voulait nuire donc "humilier" par le jeu restait une très bonne alternative à la frustration de la non-réaction.

Je profitais de la menace de Lise pour encourager mon équipe de nouveau. J'étais prêt à les mener à la victoire. L'avenir des Bleus en dépendait.

— Bien sûr que nous sommes là pour T'ECRASER. Tu ferais mieux d'avoir peur car de ma team, tu devrais craindre les revers.

Sur ce, un membre de mon équipe avec un Abra vint de récupérer la balle et éliminer un membre de l'équipe Rouge. Je tirais la langue à Lise, exposant mon immense maturité.

— Pourquoi devrons-nous faire mieux si nous arrivions déjà à tant d'exploits ? Ah si, les enfants, nous devons nous dépasser pour être sûr de pouvoir nous assurer la victoire.

Peu de temps de jeu après cela, un Bleu fut touché, mais je récupérais rapidement la balle et je pus enchaîner quelques attaques chez les Verts pour bien faire diminuer leur nombre. Avec évidemment, des tirs prévus chez les Rouges pour ne pas que nos vrais desseins ne soient découverts. Il fallait la jouer fair-play. Et si la jouer fair-play voulait dire commencer le travail d'après, soit éliminer les Rouges, autant s'en charger dès maintenant. Quant à moi, je faisais volontairement exprès de ne pas toucher les Rouges que je visais pour respecter notre accord ou alors je mettais Lise en difficulté pour m'offrir du challenge, mais mon équipe, qui ne connaissait rien à l'accord, se donnait à coeur joie d'éliminer les deux autres équipes adverses. Et même si je ne le faisais pas trop savoir, c'était tout de même plaisant car Lise ne pouvait rien dire : Je respectais le deal mais mon équipe n'était en aucun cas dépendant de ce deal.

Puis, une enfant aux idées saugrenues et nécessairement imprudentes, eut la merveilleuse idée de geler le terrain pour le rendre glissant. J'allais devoir faire encore plus attention aux enfants pour veiller à ce qu'ils ne glissent pas, qu'ils ne se rétament pas sur la glace, et aussi... faire attention à moi. Parce que oui, je glissais et je n'étais pas toujours à l'aise.

— Le sol gelé, c'est pas sérieux. Faites attention de ne pas tomber les enfants ! et merci d'utiliser les Pokémons qui ont la faculté de faire réchauffer l'atmosphère pour rendre la sécurité au terrain, merci. Et SURTOUT pas d'attaques enflammées, merci, j'aimerais éviter un incendie.

Il m'a fallu quelques longues minutes pour me faire au terrain et ainsi recouvrir une totale attention. Des minutes qui purent me compter cher comme mon attention sur le jeu était beaucoup plus basse. Kyora réussit toute fois à décaler légèrement l'orientation des balles pour que je ne puisse pas me faire toucher. Elle avait trouvé la bonne place : Sur ma tête, comme ça, elle voyait tout et semblait avoir un sens parfait de l'équilibre en vue de comment je bougeais en plus.
Quand je ressortis le nez sur l'état actuel du jeu, je vis que les effectifs avaient sacrément diminué. Et que, même si ma présence avait permis de résister, les Bleus avaient sacrément perdu. Mais les Verts aussi, presque pire que les Bleus. J'étais alors revenu activement dans la bataille et j'ai concentré mes efforts sur mes équipes adverses. Je tapais un peu plus souvent chez les Rouges, le contrat commençant déjà à s'effilocher.

Lise finit alors par annoncer qu'il ne restait plus que deux Verts, dont notre adorable Esthekiel.

— J'avoue, il va falloir bien se défendre. Sinon, ça va être foutu.

J'adorais les commentaires rageurs de notre hôte, il prétextait une espèce de triche que nous niions évidemment pour rappeler que notre devoir était d'être équitable envers tout le monde et ne pas faire de favoritisme... Mais que l'important, c'était de faire gagner notre équipe, quoi.
Après un duel serré, je lançais la balle avec puissance sur la demoiselle futée. Et au dernier moment, alors qu'elle allait la toucher à coup sûr - mais elle aurait sûrement fait un coup de futée et se serait libérer -, la balle fit un revers pour fuser vers l'équipe Verte... direction pile sur Esthekiel. Déconcentré car il ne s'y attendait pas du tout, il ne put l'éviter. Et sa grande bouche s'éveilla jusqu'à la fin de la partie, même s'il s'était tout de même rangé parmi les per... prisonniers.
Sans même se concerter, Lise liquida le dernier Vert, ce qui signa la fin de l'équipe d'Esthekiel.

L'instant suivant, elle était déjà prête à me mettre la misère. Et j'étais prêt à la recevoir, Kyora prête à encaisser. Le choc des titans allait commencer.

— Alors les Rouges, prêts à perdre ? Lise, prête à ravaler ta fierté ? Et les Bleus, vous êtes prêts à monter sur le trône (de fer) ?  
   

   
L'équipe Verte avait été éliminée. Je ne le montrais pas car je ne le pouvais guère, mais un sentiment de satisfaction intense rayonnait en moi tellement j'étais fier de nous de cet exploit. La tête d'Esthekiel était un véritable régal cérébral. Mais, la bataille n'était pas fini et le garçon le plus déterminé de mon équipe n'hésita pas à me le rappeler. Alors, je profitais de ce moment pour remobiliser mes troupes. Nous allions gagner, je l'avais décidé. Iel n'était pas né-e celui ou celle qui me détrônerait à la balle aux prisonniers ! J'avais excellé toute mon enfance et, quoi qu'il arrive, je partirais en beauté.

— Les Bleus ! Il reste plus qu'une équipe et après c'est la victoire. On lâche rieeen !

Juste après, le déterminé frôla de peu Lise. Peut-être qu'elle était un peu perturbée par nos cris de guerre, peut-être avait-elle eu peur de perdre son ego dans la bataille. Peut-être. Elle ne put s'empêcher de nous menacer par la suite. Mais après quelques échanges, cette menace bien placée fut accompagnée par son action : Elle venait de faire une balle salle, un tir très très compliqué à esquiver.
Je n'en avais pas encore conscience car je croyais qu'elle visait l'un des deux amis du plus déterminé de mon équipe, avant qu'elle ne fuse vers moi en revers. COMPLICADO ! ALERTOROUGE ALERTOROUGE !
Kyora tenta de la faire bouger avec ses mini-ondes psychiques mais ce ne fut pas suffisant. Par la suite, des feuilles jaillir d'un Bulbizarre pour ralentir la balle. Les actions étaient vaines, j'allais me faire toucher.
Mais, avait-elle oublié que j'étais le Maître de la balle aux prisonniers ?

Prêt à bondir, j'ai sauté pour passer à l'horizontal et sentir l'air de la balle frôler mon jean. In extremis. Ce n'était pas passé loin. Kyora sauta pour me taper un super hight five. Je saluais Lise du regard, j'étais vraiment impressionné.

— D'accord c'était pas passé loin mais je suis toujours là. Les enfants, on continue. Il reste des Rouges. Faut pas les laisser prendre l'avantage !
Par la suite, un des plus nuls de mon équipe récupéra la balle et le donna au garçon le plus déterminé de l'équipe et celui-ci permit d'éliminer un membre des Rouges.

— Les Verts, n'hésitez pas à rejoindre vos tribunes. Vous êtes plutôt pour les Rouges ou l'équipe des meilleurs ? Après, vous pouvez vous mettre au centre mais c'est pas drôle si vous choisissez pas ! haha !  

Puis, des échanges continuèrent ou plusieurs enfants furent éliminés. Nous devions être autour de la dizaine, voire moins pas équipe. Les Rouges avaient une légère avance en terme numérique. Je récupérais la balle un peu plus souvent pour rééquilibrer - alors que j'essayais de m'effacer un peu, mais les Rouges essayaient régulièrement de me toucher - et je permis d'éliminer quelques Rouges d'affilée.
Copiant mon exemple, les Bleus sortirent un grand "BOUUUUUH !!!" avant de glousser d'un air moqueur, ne croyant pas un mot. Ils crièrent en cœur après leur victoire prochaine.

Hélas, rappelez-vous que j'avais rejoint l'équipe des moins expérimentés et que j'avais laissé à Lise l'équipe intermédiaire. Si les éléments forts étaient perdus, l'équipe bleue mordra la poussière à coup sûr. Et, je fus dépité quand le garçon le plus déterminé de mon équipe fut éliminé à cause d'une erreur d'inattention -  je m'étais permis de le complimenter personnellement et le déculpabiliser car je comprenais sa rage -  et la jeune fille qui était plutôt douée aussi. La dynamique des Bleus chuta après ses deux pertes, les Rouges allaient pouvoir nous liquider comme des lapins. Nous étions perdus, je devais déjà réfléchir à une victoire en beauté, à une remontée. J'allais devoir être plus actif sinon les Bleus perdront sans aucune chance.  

— Les Bleus, on a pas perdu ! Et surtout, on a pas encore gagné. C'est pas le moment de baisser les bras. C'est pas parce que vous avez perdu ceux que vous trouviez les plus forts que vous êtes nuls. C'est le moment de se révéler et de montrer que vous aussi, vous pouvez être "un fort"... ou "une forte" !  
   

   
Qui l'aurait cru que nous - ou du moins moi - amuseront aussi bien ? C'était vrai que le début de soirée avait quelque peu mal commencé mais finalement ça allait. Si on écartait l'élément gêneur, ça allait tout de suite mieux. Après... il fallait veiller à ce qu'il passe quand même un bon moment, autrement, on allait se faire saquer. Il parlait avec son nouveau crew, formant un petit quadruple, un trio de sbires avec leur maître... j'espérais qu'ils ne préparaient pas un mauvais coup. Je faisais toujours confiance aux enfants que je gardais ou animais, je leur donnais toujours une deuxième chance, alors je devais faire pareil et me détendre. Peut-être qu'ils ne discutaient que sur leur dernier jeu vidéo à la mode, expliquant leur débat passionné et enflammé.
Par ailleurs, Kyora se calquait sur Lissa généralement. Du coup, après une brève autorisation de ma part, elle partit secourir mes allié-é-s encore en jeu. Et, sans mentir, en vue de la perte de mes deux seuls éléments forts, Kyora allait vraiment devoir protéger nos Bleus sinon on allait perdre. Fort heureusement, j'avais déjà une technique en tête pour sauver l'honneur. Mon honneur, son humiliation.

Lise motivait son équipe. Elle allait devoir, car même si son équipe était plus forte, il fallait toujours remobiliser son équipe pour éviter les coups de mous. Elle semblait avoir lancer un assaut spéciale pour lapider mon équipe. Par chance, Kyora parvint à mobiliser les Pokémons de mon équipe et réussir à limiter la casse. Elle avait réussi sa mission : protéger ce qu'il restait à protéger, soit plus grand-chose actuellement puisqu'il ne restait plus qu'une petite poignée.

— On a réussi à survivre à leur attaque spéciale ! Félicitons-nous ! Les effectifs sont peut-être bien descendus, mais on est toujours là !

Toutefois, l'inévitable arriva. Nous n'avions fait que retarder l'évidence. Nos effectifs s'étaient considérablement réduits. Nous étions restés un peu plus longuement sous le nombre de trois mais rapidement mes deux enfants ont vite été éliminés. Je les complimentais sur leur performance, que je le pense vraiment ou non, mais après tout le but était de valoriser.

Je faisais face à Lise et la demoiselle au Pokémon de type Glace. Belle partie, vraiment. Et je voyais que Lise était prête à me mettre la misère. Mais, malgré la fatigue qui commençait à arriver, je restais agile et vif. Kyora m'aidait légèrement, disons qu'elle polissait les bords pour arrondir mon taux de chance de survie.
Dès que je récupérais la balle, j'ignorais totalement l'enfant, et tentais de viser Lise qui ne démordait évidemment pas. Elle était là pour gagner et... je pensais que j'allais lui faire ce présent. Mais est-ce qu'elle se sentira fière après ce coup là ?
Je regardais ma montre, l'heure tournait. Je regardais l'assemblée, les enfants commençaient à s'ennuyer et l'ennui les agaçait et les poussait à faire des conneries, il devait y avoir un dénouement, surtout si nous voulions faire une autre activité - et accessoirement éviter un carnage.

Alors, je m'approchais de la frontière avec l'équipe adverse, supprimant volontairement mes réflexes, tendant les bras vers le ciel.

— L'heure tourne, il est temps que la partie se termine et que l'on désigne un vainqueur. Alors... c'est avec un plaisir que je donne la victoire à l'équipe Rouge qui a sincèrement mérité cette victoire.

Alors que je parlais, la demoiselle de glace avait récupéré la balle et m'avait visé. Je n'avais, alors, pas essayé d'esquiver. Puis, j'annonçais officiellement la victoire des Rouges.

— VICTOIRE A L'EQUIPE ROUGE ! Merci à toutes et tous d'avoir joué, vous avez été superbes et motivés. Maintenant, pendant que je vais commencer à ranger le matériel avec quelques uns ou unes d'entre vous, je laisse Lise vous expliquer notre prochaine activité après une pause pour aller boire et manger quelques trucs.

Je venais de faire un pied de nez à Esthekiel qui venait de nous avouer qu'il allait demander si nous avions prévu autre chose car il trouvait qu'il était encore assez tôt. Jamais il n'allait avouer qu'il s'était amusé, ce chenapan !

Ensuite, je laissais Lise face à ses responsabilités, l'air malicieux, en lui rappelant que je pouvais toujours la soutenir si jamais elle avait quelques difficultés dans la présentation.
Puis, avec les membres de mon fan-club [- en animation, on finit toujours par en avoir -], nous rangions le matériel utilisé pour la balle aux prisonniers et nous commencions à ramener le matériel pour les chaises musicales.

Rappelez-vous, j'étais le roi de la balle aux prisonniers, même dans la défaite, je partais victorieux.

   

  Pour conserver l'esprit d'équipe et des équipes entre elles, nous nous étions tous serrés la main,  même Lise et moi en terme d'exemple. Elle me serra plus longuement et fortement, j'entendis bien son pic énervée. Mais wow, quel régal ! Mes yeux devaient pétiller de malice tellement j'étais content de mon coup. Je lui répondis, tout naturellement, lui exposant mon amabilité habituelle. Ma dernière question était murmurée de manière presque inaudible pour m'assurer que personne n'entende, presque sérieux, contrastant avec mon air enjoué, démontrant ma véritable émotion du moment. J'adorais faire ce métier, mais il ne fallait pas trop abuser à la longue, et les horaires, c'était les horaires.
 
— Désolé, c'est comme ça que ça se passe en animation. Sinon, on tient pas dans les temps. Tu ne voudrais pas finir trop tard quand même ?

Je trouvais aussi mignon la manière que Lissa et Kyora s'étaient saluées... sauf quand la première se permit d'éjecter l'autre. Je ne pus m'empêcher de la fusiller du regard. D'où est-ce qu'on shootait ma petite protégée ?

J'avais emmené un petit groupe d'enfants pour ranger notre précédente activité. En parallèle, Lise et des volontaires installaient la prochaine animation, les chaises musicales. Je fus revenu vers la fin de l'explication. Durant le trajet du retour, foulant l'herbe correctement taillé du jardin de cette famille assez fortunée, j'expliquais à ma petite équipe de volontaires l'activité, rajoutant que Lise pourrait sûrement rééxpliquer juste après pour eux.
Je répliquais alors à l'attention du roi de la soirée, espiègle :

— Alors, Esthekiel, t'es prêt à prendre ta revanche ? Hâte de voir ça avec tes petits camarades !  
   
Ensuite, je me rapprochais de ma collègue de la soirée et lui murmurais un petit commentaire positif.

—  T'as l'air de déchirer à ce que je vois ! Ca va, tu te débrouilles bien, j'ai rien à redire. Tu gères ! Du coup, je reste en soutien mais je te laisse mener le jeu. Cadeau. Mouack.

Nous tenions les commandes, nous contrôlions la musique. C'était nous qui menait le jeu. Les enfants semblaient enthousiastes, même si Esthekiel s'était quand même permis certaines mauvaises réflexions, du genre qu'il attendait avec impatience le gâteau. Pour cette manche, nous ne participions pas, question de simplicité pour l'organisation de la soirée.

Au cours du jeu, Lise me demanda si les enfants allaient être fatiguer, je ris avant de lui répondre.

— Oh ça, t'inquiète, pas. Il commence déjà à se faire tard un peu. Les deux activités vont bien les dépenser, mais pas totalement. Histoire d'éviter d'avoir des zombies pendant le gâteau et les cadeaux. Et si après ça ils en veulent encore, j'irais les faire se défouler dans le jardin. Les courses les fumeront totalement.

Kyora avait repris sa place sur mon épaule et ne voulait certainement pas y descendre après la réaction de Lissa. Elle se trouvait plus en sécurité en hauteur. Entre temps, j'observais le terrain de jeu. Les chaises musicales ne semblaient pas être le fort d'Esthekiel. Sa manière de jeu avait changé... il préparait quelque chose.
  
— Pssst Lise, faut qu'on tienne à l'oeil ce chenapan. Il a pas fini de nous embêter, je crois.  

 
Les chaises musicales avaient commencé. La chanson choisie rythmait le court de la partie, et dès lors qu'elle s'arrêtait, un élan d'action animait alors les enfants qui fusaient pour s'assoir sur les chaises ou les grands Pokémons jusqu'à ce que le dernier ou la dernière soit éliminé-e.
Je regardais attentivement les enfants. Puisque je laissais les rênes à Lise dans l'animation de l'activité, je me retrouvais dans le rôle de l'observateur et accessoirement du médiateur. Je me documentais davantage sur le déroulement du jeu, plus spécifiquement avec les joueurs. En bref, je pouvais mieux repérer les conflits car mon attention n'était pas demandée ailleurs.

— T'inquiète, tu mènes le jeu, je regarde beaucoup plus le terrain. Je tiens les jeunes, et surtout lui, à l'œil.  

Je me rapprochais des enfants, les saluant, et les dynamisais, tandis que je reprenais certaines personnes dans le respect des règles. Etrangement, à un moment, je fus particulièrement insistant auprès d'Esthekiel qui me sourit, l'air parfaitement enthousiaste et exagérément innocent.
D'autres enfants me disaient qu'ils s'amusaient bien à réagir avec Kyora qui se baladait aussi autour des chaises musicales. Dès lors que je recroisais Lise, celle-ci confirma mes soupçons.

— On est d'accord, Lise. Trop de messes basses quand nous ne regardons pas leur groupe. Ils mijotent quelque chose... et oui, au pire on ramène le gâteau. J'espère que t'as de vieux restes des concours pour que ça paraisse programmé, car va falloir être réactif s'il met son plan à exécution... enfin s'il en a un. Dans tous les cas, je te fais carrément confiance pour ta réactivité. OK pour une belle transition.

Je vis Kyora se rapprocher de Lissa. Le jeu a suivit son tour pour quelques tours et les petits amis d'Esthekiel se firent éliminés un à un. C'était bizarre, ils ne semblaient plus jouer fair-play, comme s'ils se laissaient perdre... ou peut-être que j'étais trop paranoïaque et qu'ils étaient juste nettement moins doués que les autres. Mais franchement, j'avais un doute.

Quand je regardais le jeu, il ne restait qu'Esthekiel en jeu parmi les membres de son petit groupe de chenapans. Il s'approchait de son Couafarel et restait beaucoup plus intensément de l'autre côté du terrain, derrière les gros Pokémons... Qu'est-ce qu'il faisait ? J'avais besoin d'un visuel. Sûrement que Lise aussi, elle ne voyait pas mieux que moi.
 

 
L'approbation de Lise sur ses capacités me mit immédiatement en confiance. Je savais qu'elle allait gérer si un couac parvenait durant l'activité. Mais, je croisais tout ce que l'on pouvait croiser pour qu'il n'y ait justement aucune perturbation quelconque. Cependant, c'était évidemment trop beau, bien trop demander pour cette fin de soirée. Pourquoi ? C'était vraiment le calme avant la tempête, je l'avais prédis. Pouvait-on vraiment faire confiance à un gosse de la trempe d'Esthekiel ? Je ne savais plus, j'avouais qu'il ébranlait mes principes éducatifs.

Le moment de son élimination fut l'instant où il se décida à passer à l'action. Passant par son Couafarel, ce dernier rugit pour énerver les Pokémons imposants et foutre un bordel monstre dans le jardin. Si nous ne réagissions pas très vite, cela allait être la décadence et nous ne pourrions dire adieu à notre récompense. Et si c'était la décadence, nous perdrons tout contrôle sur le cadre.
Lise intima le silence et j'ajoutais ma voix à la sienne, en canon à quelques secondes près, pour donner de l'ampleur à tout ceci.

Puis, j'eus l'honneur d'assister à la représentation de Gardevoir et Tarsal pour tromper le public et contrecarrer le plan d'Esthekiel et ses petits sbires. Enfin, juste le début puisque je devais ramener le gâteau. Je traversais le salon à la vitesse de la lumière, atteignais le frigo en trois enjambées presque sautées, et j'installais l'imposante pièce montée ainsi que des assiettes luxueuses et des cuillères en feuille d'or sur un chariot room-service orné d'or et je faisais le chemin en sens inverse aussi vite que je pouvais. J'eus juste le temps d'admirer le magnifique finale de cette prestation, et voir Kyora et Lissa unies en saluant le public. Finalement, pourquoi avais-je eu peur de ne pas avoir assez de temps ? Lise était parfaite, super timing. Je lui fis un signe OK avec mes doigts à travers de l'embouchure de la porte.
Peu de temps après, limite le temps de souffler que l'on annonçait déjà mon entrée en scène.

Habillé d'un chapeau de paille relié d'un bandeau rouge, des lunettes de soleil en forme d'étoile, et un collier de fausses fleurs hawaïennes colorées, Je marchais sur le chemin de pavés, des lunaires différemment colorés éclairaient mon passage tandis que de la fumée de différentes couleurs jaillirent de certains éléments décoratifs.

Une fois arrivé au terminus du parcours, Kyora sauta de l'épaule de Lissa et se mit à planer jusqu'à moi. Je me livrais à une petite chorégraphie sous des spots lumineux et quelques effets de fumée et je fis sortir un micro pour chanter une chanson d'ambiance, Kyora m'accompagnant à mes côtés. Un couplet, un refrain, vous emballez pas pour finir sous un emblématique "Joyeux anniversaire".

— JOYEUX ANNIVERSAIRE ESTHEKIEL, JOYEUX ANNIVERSAIRE ESTHEKIEEEEEEEEEL

Une fois la chanson terminée, nous coupions le gâteau et donnions une part à chacun des enfants ainsi rassemblés devant nous. Tout en le goûtant, je ne pus m'empêcher de m'extasier sur ce morceau gustatif. Je m'exclamais face à Lise, un peu à l'écart des enfants qui dégustaient leur part de gâteau.

— Huuuum qu'il est bon ! En même temps, vue comment ils sont friqués, heureusement qu'il est aussi exquis !  

Il allait falloir passer pour le deuxième tour. Ces enfants étaient des morphales, haha.