J'ai hésité pendant longtemps avant de prendre ma décision. J'avais entendu parler, notamment grâce aux réseaux sur lesquels je vadrouillais parfois avec mon smartphone, qu'une grande course allait être organisée, avec pas mal de participants. La liste s'était complétée au fur et à mesure des jours, jusqu'à ce que je voies apparaitre le nom d'Ilian. Je m'étais donc demandé ensuite s'il était nécessaire ou légitime pour moi de me rendre à cette course pour l'y assister et l'encourager, mais surtout, si j'en avais envie. Cette question là avait vite trouvé sa réponse. Oui, je voulais assister à la course, parce qu'elle promettait d'être palpitante vu ce qui était annoncé. Oui, je voulais l'encourager, parce qu'il méritait des encouragements, lui qui était si timide, afin de se dépasser au mieux face aux autres concurrents. Oui, je voulais aussi encourager la majorité de ceux qui faisaient cette course. Parce que c'était courageux de leur part d'y participer. Parce que tout participant a bien besoin de supporters pour se donner à fond, non ?

Sac à dos sur les épaules et mes quatre compagnons avec moi, je quitte ma chambre d'hôtel de Sunyra, que j'ai louée pour cette occasion, mais aussi parce que ça fait quelques jours maintenant que je me trouve dans la ville, afin de la visiter comme tout touriste le doit. Je suis sur place, alors rien ne m'empêche d'aller assister à la course. Et si jamais ma présence pose souci -ce qui me semble peu probable- ou qu'un imprévu débarque, je pourrais toujours quitter la zone réservée aux spectateurs. Au minimum, je veux passer pour voir la totalité des concurrents, les encourager, Ilian particulièrement, avant de repartir.

Une fois proche des tribunes, ma mâchoire manque de se décrocher pour aller s'écraser sur le goudron. Par Arceus, qu'est-ce qu'il y a du monde ! Je ne m'attendais pas à ça. Et pourtant, c'était prévisible. En arrivant sur les gradins, je cherche une place assise des yeux, espérant que celle-ci ne soit pas trop mal placée. Je vais avoir du mal à la dénicher, je crois. Je me mets donc à zigzaguer entre toutes les personnes, supporters, familles, curieux ou je ne sais qui encore, priant pour voir une bonne place assise apparaître devant mes yeux observateurs.

Et puis mon regard tombe sur une silhouette familière, et un sourire prend place sur mon visage alors qu'elle scande un encouragement, suivi par d'autres de la part des autres spectateurs présents. Aïe, je viens de louper le départ, il faut que je me dépêche là. Je me faufile jusqu'à elle, et comme par miracle, il y a une place assise. Je prends place dessus, et salue rapidement mon amie d'enfance, qui comme je me le doutais, est venue elle aussi, avec moins d'hésitation que moi je pense.

– Hey Sasha ! Je me doutais bien que je trouverais ici.

Elle n'aurait manqué l'occasion d'encourager Ilian pour rien au monde, je crois. Pour rattraper mon retard, je lève les bras vers le ciel et hurle aussi fort que je le peux, peu importe que l'on m'entende ou non :

– Courage Ilian ! Courage à tous ! Allez !

Leur course n'a pas l'air d'être bien simple, d'ailleurs, avec toute cette boue. Mais ils peuvent y arriver ! Et voilà, je me suis retrouvée hypée par l'ambiance des gradins. Dans la masse des spectateurs, je lance des encouragements de la même façon que mon amie ou eux. En espérant que ceux-ci atteignent les participants et leur donnent la rage de vaincre, s'ils ne l'ont pas déjà.