Ema Villanova
Feat. Makoto Nijima - Persona 5
24 ans
Jeune diplômée
15/10 (Balance)
Aucune Faction
Almia
Habite Sunyra
Elle
Nébuleuse
Travailleuse
Serviable
Ordonnée
Anxieuse
Autoritaire
Têtue
Brune avec une coupe courte au carré et deux yeux bruns tirant sur le mauve. Pas bien grande, pas très extravagante. Elle passerait inaperçue si elle ne marchait pas la tête haute, laissant dans son sillon l’odeur délicate d’un parfum fleuri, sans hésiter à faire claquer ses talons. Pourtant…
Ema est une femme bâtie sur les faux semblants. Son ambition d’enfant s’est mue en obsession, et cette obsession en isolement. La mort de son père, elle l’a très mal vécue. Personne ne s’en est ravi, bien entendu, quoique quelques rapiats ont dû voir d’un bon œil que la place de commandant ranger se libère à Lumiris. Ema n’est pas de ces gens-là. Clairement pas.
À 24 ans, elle a l’âge d’être active. Vu ses capacités de travail, sa propension à toujours puiser dans le meilleur d’elle-même pour accomplir les tâches qu’elle se donne, cette jeune femme a tout pour s’accomplir.
Si seulement le chemin qu’elle arpentait ne s’embourbait pas dans un océan de ronces… Ema ne s’y retrouve pas. Que faire ? Que doit-elle faire ? Qui doit-elle devenir ?
Certains louent ses compétences, ses accomplissements, la qualité des clichés qu’elle vend sur sa boutique en ligne, et c’est ce qu’elle recherche au fond. D’aucun dirait qu’elle est autoritaire, calculatrice, arrogante, même. Mais si elle est ainsi, c’est qu’elle pense ne pas avoir le choix. Ema se voit comme un modèle pour ses frères, sa famille et ses plus proches amis, un soutien indéfectible. Comme ce qu’était son père, lorsqu’il œuvrait encore parmi les vivants.
Ema, c’est cette personne qui semble vivre dans un autre monde où tout est important, sauf son propre cœur. Pourtant, ce n’est pas faute de savoir qu’elle est complètement perdue. Sa sévérité envers les autres n’est rien en comparaison de ce qu’elle s’inflige. Ema est têtue et ne s’autorise pas de recevoir de l’aide. Elle s’est enfermée. Elle s’est isolée. Elle s’est rendue vulnérable, seule… Très seule…
Son cerveau allait exploser dans un flot incessant de pensées destructrices, le jour où elle a décidé de faire le saut de l’ange. Quelle libération, l’hospitalisation qui suivit… Une pause bien méritée…
Alors…
Si elle est capable de vouloir le bonheur des autres, pourquoi ne parvient-elle pas à chercher le sien ?
Pourquoi continue-t-elle de feindre le contrôle ?
Pourquoi ne réussit-elle à exister qu’en jouant le jeu de celle qu’elle voudrait être ou, plutôt… qu’elle pense vouloir être ?
Chaque fois qu’elle caresse Levin, son jeune Lixy, elle voit dans ses yeux la candeur d’un être qui a tout l’amour du monde à donner. Elle y voit un espoir. Elle y voit des possibilités. Afin de les saisir, il faut pourtant tendre la main.
Levin, lui, saute de ses genoux et avance en regardant derrière lui. Il l’appelle.
« Peut-être… murmure-t-elle. Peut-être que je peux te suivre, cette fois… ? »
Ema est une femme bâtie sur les faux semblants. Son ambition d’enfant s’est mue en obsession, et cette obsession en isolement. La mort de son père, elle l’a très mal vécue. Personne ne s’en est ravi, bien entendu, quoique quelques rapiats ont dû voir d’un bon œil que la place de commandant ranger se libère à Lumiris. Ema n’est pas de ces gens-là. Clairement pas.
À 24 ans, elle a l’âge d’être active. Vu ses capacités de travail, sa propension à toujours puiser dans le meilleur d’elle-même pour accomplir les tâches qu’elle se donne, cette jeune femme a tout pour s’accomplir.
Si seulement le chemin qu’elle arpentait ne s’embourbait pas dans un océan de ronces… Ema ne s’y retrouve pas. Que faire ? Que doit-elle faire ? Qui doit-elle devenir ?
Certains louent ses compétences, ses accomplissements, la qualité des clichés qu’elle vend sur sa boutique en ligne, et c’est ce qu’elle recherche au fond. D’aucun dirait qu’elle est autoritaire, calculatrice, arrogante, même. Mais si elle est ainsi, c’est qu’elle pense ne pas avoir le choix. Ema se voit comme un modèle pour ses frères, sa famille et ses plus proches amis, un soutien indéfectible. Comme ce qu’était son père, lorsqu’il œuvrait encore parmi les vivants.
Ema, c’est cette personne qui semble vivre dans un autre monde où tout est important, sauf son propre cœur. Pourtant, ce n’est pas faute de savoir qu’elle est complètement perdue. Sa sévérité envers les autres n’est rien en comparaison de ce qu’elle s’inflige. Ema est têtue et ne s’autorise pas de recevoir de l’aide. Elle s’est enfermée. Elle s’est isolée. Elle s’est rendue vulnérable, seule… Très seule…
Son cerveau allait exploser dans un flot incessant de pensées destructrices, le jour où elle a décidé de faire le saut de l’ange. Quelle libération, l’hospitalisation qui suivit… Une pause bien méritée…
Alors…
Si elle est capable de vouloir le bonheur des autres, pourquoi ne parvient-elle pas à chercher le sien ?
Pourquoi continue-t-elle de feindre le contrôle ?
Pourquoi ne réussit-elle à exister qu’en jouant le jeu de celle qu’elle voudrait être ou, plutôt… qu’elle pense vouloir être ?
Chaque fois qu’elle caresse Levin, son jeune Lixy, elle voit dans ses yeux la candeur d’un être qui a tout l’amour du monde à donner. Elle y voit un espoir. Elle y voit des possibilités. Afin de les saisir, il faut pourtant tendre la main.
Levin, lui, saute de ses genoux et avance en regardant derrière lui. Il l’appelle.
« Peut-être… murmure-t-elle. Peut-être que je peux te suivre, cette fois… ? »
Levin est un petit Lixy calme et attachant. Contrairement à sa nouvelle maîtresse, il a un tempérament calme et détendu, jovial et joueur. Il est jeune, quelques mois à peine, et issu d’une pension qui l’a retrouvé dans un carton au coin d’une rue, alors qu’il semblait à peine en âge d’ouvrir les paupières. Instinctivement, il cherche la compagnie et le contact, et Ema n’est pas avare de caresses. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps mais Levin sait déjà que sa place préférée pour une bonne sieste, c’est sur les cuisses d’Ema !
Levin
Lixy
Mâle
Cran
Bonport et son air iodé. Bonport et les falaises alentours, qui la donnaient à contempler comme un point insignifiant sur cette Almia verte et bleue qu’Ema avait si peu connue. Voilà les seules images sensorielles que la jeune femme avait conservées de sa région natale.
Elle n’avait que 5 ans lorsqu’elle l’avait quittée. Forcément, les souvenirs étaient vagues, à se demander s’ils n’étaient pas fantasmés. Accompagnée de son frère jumeau, Andréa, ils avaient volé pendant plusieurs heures aux côtés de leur père pour ne plus jamais retrouver Almia. Maman n’était pas venue, ce jour-là. Papa avait dit qu’elle se reposait.
Pour ne pas dire, en des mots d’adulte, qu’elle avait été internée après le divorce, l’empêchant d’obtenir le droit de s’occuper de ses enfants.
Deux ans après avoir atterri sur l’île principale de Lumiris et déposé leurs valises dans un bel appartement de Voltapolis, Ema et Andréa avaient beaucoup aimé jeter du riz sur leur père et une belle femme brune qui les avait autorisés à l’appeler « maman ». Son nom était cependant Noémi, et il ne serait pas autre chose. Quoi de plus normal, puisque ce n’était pas Maman.
Peu de temps après, un petit être, frêle mais vivace, avait commencé à accaparer toute l’attention de Noémi et son mari, le père d’Ema, Cassio. Entre son travail de ranger en chef à la base de Voltapolis et son nouvel enfant, il peinait parfois à dégager du temps pour ses jumeaux. Mais dès qu’il y parvenait…
« Papa, encore l’histoire des gros Zébliques !
— Zéblitz, idiot, pas Zébliques. T’es bête ! rétorqua la petite Ema à son frère.
— S’il-vous-plaît les enfants, ne commencez pas, ou je ne vous raconte rien… » soupira Cassio, habitué aux disputes de ses enfants.
Elles étaient souvent dues à Ema et ses remarques adressées à son jumeau. Le garçon prenait facilement la mouche, la fille faisait preuve de mauvaise foi… Ainsi naissaient les conflits qui se terminaient toujours par un séjour dans le « t-shirt de la fraternité ». Si enfin ils s’excusaient l’un à l’autre, c’était le début d’une nouvelle anecdote de ranger en chef.
Ema s’abreuvait de ces histoires. Elles étaient épiques, nourrissant un imaginaire de scènes dantesques mettant en scène, comme personnage principal, son père et son capstick. Un jour, elle serait comme lui. Comme Papa. Grande et forte et super classe. Comme lui, elle gravirait les échelons jusqu’à devenir commandante de la base ranger de Voltapolis !
La fillette devenue adolescente aimait lister à Cassio, sitôt qu’il rentrait à la maison après une longue journée, ses prouesses au collège. Un jour, elle vantait son élection comme déléguée de classe pour la quatrième année consécutive. Un autre, elle lui montrait à quel point elle avait appris à sauter haut.
« Parée pour la base ranger, ma fille ! scandait Cassio avec fierté en soulevant Ema dans les airs.
— Vu qu’elle pèse un Barloche, elle s’envolera au moindre battement d’ailes d’un Étouraptor, haha… ricanait Andréa tandis qu’il jouait à la console de l’autre côté du salon.
— T’es juste jaloux parce que tu fais pas mieux.
— Héhé, Ema c’est un Barloche ! se moqua son petit frère.
— Ema c’est un Barloche-euh ! » répétait le plus jeune garçon de la maisonnée, par mimétisme.
Chaque fois que ses frères s’alliaient pour la taquiner, la collégienne voyait rouge. Même si elle prétendait les détester, Ema voulait au plus profond d’elle les impressionner. Andréa, mais aussi Léo et Basile. Malheureusement… elle était bien plus douée pour être celle qu’on fait tourner en bourrique. Alors elle se calmait en faisant ses devoirs ou en jouant avec l’appareil photo de sa belle-mère.
Cassio s’en rendait compte et faisait tout pour la soutenir. Il savait que son métier n’était pas de tout repos et que, même en tant que commandant, il continuerait d’aller sur le terrain. Lumiris était une contrée nouvelle mais accueillante, pourtant loin d’être totalement apprivoisée. Ranger était un métier dangereux mais passionnant, et il était heureux que sa tendre fille désire marcher sur ses pas. Cependant, il était intraitable : chacun de ses enfants aurait un diplôme.
Un jour, alors qu’Ema et Andréa se disputaient les meilleures performances dans leur nouveau lycée, Noémi rentra à la maison. Dans une routine maîtrisée, la designer de mode assembla les éléments contenus dans différents tupperwares en un repas complet.
« Maman, on peut mettre les dessins animés ? Y a un épisode spécial ce soir, j’ai trop envie de le voir, demanda Léo avec les yeux pleins d’espoir.
— On a déjà dit que je ne voulais pas de télévision à table, chaton.
— Mais s’teuplaît, pour une fois !
— Elle a dit non, je crois, intervint Ema avec autorité.
— C’est pas toi qui décides, Ema ! » se défendit son frère.
Pour mettre fin à la dispute, trop fatiguée pour se battre, Noémi soupira et attrapa la télécommande. La première chaîne à s’afficher fut le journal télévisé. Breaking news.
Rien ne fut plus jamais pareil après ce jour.
Absolument rien.
Le poids de la Mémoire. Voilà le fardeau d’Ema. Après ce jour, où son père avait péri dans un terrible incendie de forêt sans que quiconque ait pu retrouver son corps, elle décréta qu’elle ferait tout pour reprendre le flambeau. C’était ce qu’elle se répétait tous les soirs avant de dormir. Il fallait qu’elle arrête de pleurer et qu’elle se batte pour son bonheur et celui de sa famille, c’était… le seul moyen de ne pas dépérir.
Le soir où elle apprit qu’elle ne passerait pas à la classe supérieure, elle rêva. Un cauchemar qui la hanta durant toute son adolescence. Un feu sanglant la dévorait, et elle ne pouvait rien y faire. Son esprit lui faisait ressentir, virtuellement, une intense douleur, sans jamais se réveiller. Elle vivait sa propre mort en boucle.
Au réveil, elle était tétanisée. Ce jour fut celui où, la peur lui nouant le ventre, elle décida d’aller à l’université plutôt que suivre une formation de ranger. Mais après avoir dit à tout le monde qu’elle le deviendrait, qu’elle entretiendrait la mémoire de son père, comment cette nouvelle serait-elle accueillie ? Elle pensait que ce choix serait vécu comme une trahison. Une marque de faiblesse.
C’était inenvisageable, compte tenu de l’identité de meneuse, l’ambition de l’élite, l’aura de fierté, qu’elle avait travaillé dur à forger. Elle ne devait pas décevoir sa famille. Elle devait être la meilleure possible.
Alors elle choisit un cursus au hasard. Ce n’était là que pour camoufler sa hantise, pour se donner du temps tout en faisant croire qu’elle le faisait pour elle et par envie. On lui conseilla une grande école de management, alors elle y candidata, prétextant qu’il en allait de ses qualités de future commandante. Évidemment. Tant qu’à faire.
Elle les réussit, ces études, bien sûr. Au prix de sa santé. Pourtant, elle faisait tout pour ne rien laisser paraître, si bien que même sa famille ne réalisait pas l’ampleur du problème. Ema s’engouffrait seule dans un enfer bâti de ses succès, sans laisser qui que ce soit lui tendre la main. Elle n’avait pas beaucoup d’amis, quelques-uns seulement, fidèles au poste. Pourtant, même eux peinaient à stopper la machine qu’elle était devenue.
C’est le jour de la remise des diplômes de sa grande école que la catastrophe arriva enfin, après avoir attendu tant d’années son tour. Toujours après l’annoncement d’une excellente nouvelle…
L’école était finie, désormais.
Il faudrait faire face à son avenir.
Devenir ranger ? Malgré ce cauchemar qui la hantait encore, parfois ? Malgré le manque de sommeil qui lui rongeait les sangs ?
Ou s’asseoir face à son grand bureau, dans cette grande entreprise qui promettait déjà de l’embaucher avec un salaire en or ? Salir à jamais la mémoire de son père ?
Ce jour-là, son diplôme en poche, Ema s’éclipsa. Personne ne la vit au bal de promotion, dans une grande salle des fêtes de la capitale.
Elle avait sauté du deuxième étage. Bilan : une jambe fracturée et un coup à la tête. Impossible pour elle d’entreprendre quoi que ce soit dans cet état, non ? Personne ne pourrait lui en vouloir de ne rien faire pendant quelques temps après ça, n’est-ce pas ?
Étrangement, son séjour à l’hôpital calma un peu l’anxiété qui la rongeait depuis plusieurs années. À l’hôpital, elle avait pu dormir, ç’avait été facile. Elle n’avait eu aucun travail à fournir, aucun devoir à rendre et, pour une fois, elle ne s’était pas forcée à en trouver. Pendant 2 semaines, Ema fut seule face à elle-même.
Elle sut qu’elle ne pourrait plus fuir continuellement.
Le jour de sa sortie, alors qu’Ema venait de recevoir la visite de sa chirurgienne et la prescription d’un mois et demi de rééducation, sa belle-mère et son frère jumeau lui rendirent visite, un panier à la main. Une couverture en recouvrait le contenu, mais lorsqu’il fut déposé doucement sur la petite table au lit d’Ema, elle se rendit compte qu’un petit être reposait tranquillement.
L’émotion emporta son cœur, cela put se lire dans ses yeux. Sa famille sourit car c’était devenu plutôt rare, après tout, de retrouver ce genre d’étincelle dans le regard de la jeune femme…
« Nous réfléchissions depuis quelques temps à t’offrir un Pokémon de compagnie, ton frère et moi. L’heure semble venue : te voilà diplômée et, pourtant, tu as plus que jamais besoin de quelqu’un qui soit toujours à tes côtés. Nous le savons bien. Alors… voilà.
— C’est un jeune Lixy, comme tu peux le voir, commenta son frère en posant une Pokéball et un livret sur le panier. Je compte sur toi pour le nommer et t’en occuper convenablement. Ne l’oublie pas comme tu oublies de manger. »
Quelques heures avaient passé dans cette chambre blanche et aseptisée. Ema était habillée et, munie d’une canne faite sur-mesure, presque prête à quitter l’enceinte reposante de cet hôpital. Pourtant, sa belle-mère s’enquit d’une question délicate. Une question qui n’avait encore jamais trouvé de réponse. Plutôt un sourire étrange ainsi que deux yeux mauve byzantin rivés sur le mur d’en face, chaque fois qu’elle était posée.
« J’aimerais réellement savoir… demanda-t-elle, inquiète. Comment t’est-il arrivé cela ?
— J’ai voulu grimper dans un arbre, ça faisait longtemps. Visiblement, je n’avais pas la bonne technique... »
… sourit tendrement Ema.
Elle n’avait que 5 ans lorsqu’elle l’avait quittée. Forcément, les souvenirs étaient vagues, à se demander s’ils n’étaient pas fantasmés. Accompagnée de son frère jumeau, Andréa, ils avaient volé pendant plusieurs heures aux côtés de leur père pour ne plus jamais retrouver Almia. Maman n’était pas venue, ce jour-là. Papa avait dit qu’elle se reposait.
Pour ne pas dire, en des mots d’adulte, qu’elle avait été internée après le divorce, l’empêchant d’obtenir le droit de s’occuper de ses enfants.
Deux ans après avoir atterri sur l’île principale de Lumiris et déposé leurs valises dans un bel appartement de Voltapolis, Ema et Andréa avaient beaucoup aimé jeter du riz sur leur père et une belle femme brune qui les avait autorisés à l’appeler « maman ». Son nom était cependant Noémi, et il ne serait pas autre chose. Quoi de plus normal, puisque ce n’était pas Maman.
Peu de temps après, un petit être, frêle mais vivace, avait commencé à accaparer toute l’attention de Noémi et son mari, le père d’Ema, Cassio. Entre son travail de ranger en chef à la base de Voltapolis et son nouvel enfant, il peinait parfois à dégager du temps pour ses jumeaux. Mais dès qu’il y parvenait…
« Papa, encore l’histoire des gros Zébliques !
— Zéblitz, idiot, pas Zébliques. T’es bête ! rétorqua la petite Ema à son frère.
— S’il-vous-plaît les enfants, ne commencez pas, ou je ne vous raconte rien… » soupira Cassio, habitué aux disputes de ses enfants.
Elles étaient souvent dues à Ema et ses remarques adressées à son jumeau. Le garçon prenait facilement la mouche, la fille faisait preuve de mauvaise foi… Ainsi naissaient les conflits qui se terminaient toujours par un séjour dans le « t-shirt de la fraternité ». Si enfin ils s’excusaient l’un à l’autre, c’était le début d’une nouvelle anecdote de ranger en chef.
Ema s’abreuvait de ces histoires. Elles étaient épiques, nourrissant un imaginaire de scènes dantesques mettant en scène, comme personnage principal, son père et son capstick. Un jour, elle serait comme lui. Comme Papa. Grande et forte et super classe. Comme lui, elle gravirait les échelons jusqu’à devenir commandante de la base ranger de Voltapolis !
La fillette devenue adolescente aimait lister à Cassio, sitôt qu’il rentrait à la maison après une longue journée, ses prouesses au collège. Un jour, elle vantait son élection comme déléguée de classe pour la quatrième année consécutive. Un autre, elle lui montrait à quel point elle avait appris à sauter haut.
« Parée pour la base ranger, ma fille ! scandait Cassio avec fierté en soulevant Ema dans les airs.
— Vu qu’elle pèse un Barloche, elle s’envolera au moindre battement d’ailes d’un Étouraptor, haha… ricanait Andréa tandis qu’il jouait à la console de l’autre côté du salon.
— T’es juste jaloux parce que tu fais pas mieux.
— Héhé, Ema c’est un Barloche ! se moqua son petit frère.
— Ema c’est un Barloche-euh ! » répétait le plus jeune garçon de la maisonnée, par mimétisme.
Chaque fois que ses frères s’alliaient pour la taquiner, la collégienne voyait rouge. Même si elle prétendait les détester, Ema voulait au plus profond d’elle les impressionner. Andréa, mais aussi Léo et Basile. Malheureusement… elle était bien plus douée pour être celle qu’on fait tourner en bourrique. Alors elle se calmait en faisant ses devoirs ou en jouant avec l’appareil photo de sa belle-mère.
Cassio s’en rendait compte et faisait tout pour la soutenir. Il savait que son métier n’était pas de tout repos et que, même en tant que commandant, il continuerait d’aller sur le terrain. Lumiris était une contrée nouvelle mais accueillante, pourtant loin d’être totalement apprivoisée. Ranger était un métier dangereux mais passionnant, et il était heureux que sa tendre fille désire marcher sur ses pas. Cependant, il était intraitable : chacun de ses enfants aurait un diplôme.
* * *
Un jour, alors qu’Ema et Andréa se disputaient les meilleures performances dans leur nouveau lycée, Noémi rentra à la maison. Dans une routine maîtrisée, la designer de mode assembla les éléments contenus dans différents tupperwares en un repas complet.
« Maman, on peut mettre les dessins animés ? Y a un épisode spécial ce soir, j’ai trop envie de le voir, demanda Léo avec les yeux pleins d’espoir.
— On a déjà dit que je ne voulais pas de télévision à table, chaton.
— Mais s’teuplaît, pour une fois !
— Elle a dit non, je crois, intervint Ema avec autorité.
— C’est pas toi qui décides, Ema ! » se défendit son frère.
Pour mettre fin à la dispute, trop fatiguée pour se battre, Noémi soupira et attrapa la télécommande. La première chaîne à s’afficher fut le journal télévisé. Breaking news.
Un terrible incendie ravage le Bois Hurlant
Onze rangers et trois pompiers manquent à l’appel
Onze rangers et trois pompiers manquent à l’appel
Rien ne fut plus jamais pareil après ce jour.
Absolument rien.
Le poids de la Mémoire. Voilà le fardeau d’Ema. Après ce jour, où son père avait péri dans un terrible incendie de forêt sans que quiconque ait pu retrouver son corps, elle décréta qu’elle ferait tout pour reprendre le flambeau. C’était ce qu’elle se répétait tous les soirs avant de dormir. Il fallait qu’elle arrête de pleurer et qu’elle se batte pour son bonheur et celui de sa famille, c’était… le seul moyen de ne pas dépérir.
Le soir où elle apprit qu’elle ne passerait pas à la classe supérieure, elle rêva. Un cauchemar qui la hanta durant toute son adolescence. Un feu sanglant la dévorait, et elle ne pouvait rien y faire. Son esprit lui faisait ressentir, virtuellement, une intense douleur, sans jamais se réveiller. Elle vivait sa propre mort en boucle.
Au réveil, elle était tétanisée. Ce jour fut celui où, la peur lui nouant le ventre, elle décida d’aller à l’université plutôt que suivre une formation de ranger. Mais après avoir dit à tout le monde qu’elle le deviendrait, qu’elle entretiendrait la mémoire de son père, comment cette nouvelle serait-elle accueillie ? Elle pensait que ce choix serait vécu comme une trahison. Une marque de faiblesse.
C’était inenvisageable, compte tenu de l’identité de meneuse, l’ambition de l’élite, l’aura de fierté, qu’elle avait travaillé dur à forger. Elle ne devait pas décevoir sa famille. Elle devait être la meilleure possible.
Alors elle choisit un cursus au hasard. Ce n’était là que pour camoufler sa hantise, pour se donner du temps tout en faisant croire qu’elle le faisait pour elle et par envie. On lui conseilla une grande école de management, alors elle y candidata, prétextant qu’il en allait de ses qualités de future commandante. Évidemment. Tant qu’à faire.
Elle les réussit, ces études, bien sûr. Au prix de sa santé. Pourtant, elle faisait tout pour ne rien laisser paraître, si bien que même sa famille ne réalisait pas l’ampleur du problème. Ema s’engouffrait seule dans un enfer bâti de ses succès, sans laisser qui que ce soit lui tendre la main. Elle n’avait pas beaucoup d’amis, quelques-uns seulement, fidèles au poste. Pourtant, même eux peinaient à stopper la machine qu’elle était devenue.
C’est le jour de la remise des diplômes de sa grande école que la catastrophe arriva enfin, après avoir attendu tant d’années son tour. Toujours après l’annoncement d’une excellente nouvelle…
L’école était finie, désormais.
Il faudrait faire face à son avenir.
Devenir ranger ? Malgré ce cauchemar qui la hantait encore, parfois ? Malgré le manque de sommeil qui lui rongeait les sangs ?
Ou s’asseoir face à son grand bureau, dans cette grande entreprise qui promettait déjà de l’embaucher avec un salaire en or ? Salir à jamais la mémoire de son père ?
Ce jour-là, son diplôme en poche, Ema s’éclipsa. Personne ne la vit au bal de promotion, dans une grande salle des fêtes de la capitale.
Elle avait sauté du deuxième étage. Bilan : une jambe fracturée et un coup à la tête. Impossible pour elle d’entreprendre quoi que ce soit dans cet état, non ? Personne ne pourrait lui en vouloir de ne rien faire pendant quelques temps après ça, n’est-ce pas ?
Étrangement, son séjour à l’hôpital calma un peu l’anxiété qui la rongeait depuis plusieurs années. À l’hôpital, elle avait pu dormir, ç’avait été facile. Elle n’avait eu aucun travail à fournir, aucun devoir à rendre et, pour une fois, elle ne s’était pas forcée à en trouver. Pendant 2 semaines, Ema fut seule face à elle-même.
Elle sut qu’elle ne pourrait plus fuir continuellement.
Le jour de sa sortie, alors qu’Ema venait de recevoir la visite de sa chirurgienne et la prescription d’un mois et demi de rééducation, sa belle-mère et son frère jumeau lui rendirent visite, un panier à la main. Une couverture en recouvrait le contenu, mais lorsqu’il fut déposé doucement sur la petite table au lit d’Ema, elle se rendit compte qu’un petit être reposait tranquillement.
L’émotion emporta son cœur, cela put se lire dans ses yeux. Sa famille sourit car c’était devenu plutôt rare, après tout, de retrouver ce genre d’étincelle dans le regard de la jeune femme…
« Nous réfléchissions depuis quelques temps à t’offrir un Pokémon de compagnie, ton frère et moi. L’heure semble venue : te voilà diplômée et, pourtant, tu as plus que jamais besoin de quelqu’un qui soit toujours à tes côtés. Nous le savons bien. Alors… voilà.
— C’est un jeune Lixy, comme tu peux le voir, commenta son frère en posant une Pokéball et un livret sur le panier. Je compte sur toi pour le nommer et t’en occuper convenablement. Ne l’oublie pas comme tu oublies de manger. »
* * *
Quelques heures avaient passé dans cette chambre blanche et aseptisée. Ema était habillée et, munie d’une canne faite sur-mesure, presque prête à quitter l’enceinte reposante de cet hôpital. Pourtant, sa belle-mère s’enquit d’une question délicate. Une question qui n’avait encore jamais trouvé de réponse. Plutôt un sourire étrange ainsi que deux yeux mauve byzantin rivés sur le mur d’en face, chaque fois qu’elle était posée.
« J’aimerais réellement savoir… demanda-t-elle, inquiète. Comment t’est-il arrivé cela ?
— J’ai voulu grimper dans un arbre, ça faisait longtemps. Visiblement, je n’avais pas la bonne technique... »
… sourit tendrement Ema.
Pourquoi les Nébuleuses ?
Un chemin des possibles. L'attente d'une opportunité. Des réponses... Ema ère dans la nébuleuse de son esprit et s'y perd à chaque fois. Alors ce choix semble évident, pour sûr. Elle n'a pas le choix.
Pseudo(s): Khioné
Âge: 22 ans
Localisation: Au pays de la truffade
Pronom(s): Elle
Âge: 22 ans
Localisation: Au pays de la truffade
Pronom(s): Elle
Comment nous as-tu trouvé ? Ma grande nostalgie des jours où mon forum était vivant m'ont conduite aujourd'hui, après moult errances et pleurs face au crépuscule, à chercher un antre de bienveillance qui voudrait bien accueillir une RPiste inexpérimentée telle que moi. Et j'aime Pokémon.
Ton Pokémon préféré ? *panik*
As-tu un parrain ? Nan
Qu'attends-tu de Dusk Lumiris ? Enfin avoir des compétences en RP hihi (écrire dans son coin c'est pas ultra formateur en la matière)
Un dernier mot ? 3 jeux/sagas qui m'ont marquée : Pokémon, Tales of, FFXIV
Ton Pokémon préféré ? *panik*
As-tu un parrain ? Nan
Qu'attends-tu de Dusk Lumiris ? Enfin avoir des compétences en RP hihi (écrire dans son coin c'est pas ultra formateur en la matière)
Un dernier mot ? 3 jeux/sagas qui m'ont marquée : Pokémon, Tales of, FFXIV