I'd be forever young, and never die, just like the gods above
un pied après l'autre, ta main qui caresse la rambarde à tes côtés, tu grimpes avec mollesse les marches le soleil qui éblouit ton visage fatigué par ta tournée à peine terminé
tu as livré le courrier à la majorité de la ville, accompagné de Macbeth qui lui, a passé plus de temps à s'assoupir dans le panier à l'arrière de ta moto qu'à t'aider
puis finalement arrivé à ta destination, tu regardes un peu autour de toi Marceau -tu aimes contempler la douceur des paysages, l'amertume sur le visage des gens
les mains qui se frôlent, les paroles qui se glissent entre eux et les sourires qui finissent par se dessiner pour s'élargir jusqu'aux rires
pendant que toi Marceau, tu ne restes qu'un spectateur, spectateur d'une pièce à laquelle tu ne participes plus, tu ne participeras pas, les doigts nichés au fond de tes poches et les yeux dans le vague à chercher le réconfort visuel dont tu as besoin et que tu ne trouves pas
ta route reprend Marceau, tu avances jusqu'à arriver à cette grande place inondé de gens et t'as le cœur qui se serre -la foule ne t'effraie pas tant que ça mais c'est toujours si oppressant lorsqu'on est seul d'y faire face, d'avancer dans une nuée de personnes qui foulent la terre ensembles pendant que toi
tu attends derrière sans te mouvoir
sans rien faire
seulement les yeux qui bougent au rythme des pas
et un sursaut
ton estomac qui se retourne et tu regardes Macbeth s'extirper de ton sac en bandoulière pour le voir s'échapper plus loin entre les pieds des passants
entre les pots de fleurs et toi Marceau qui accoure après lui, un peu essoufflé
tu chuchotes le nom du petit animal par peur de déranger -alors que les voix s'élèvent et que la tienne s'affaisse, tu retrouves ton compagnon au pied d'un garçon à lui mâchonner frénétiquement les chaussures
Pardon, il a un problème avec les baskets... Lâche-ça, petit monstre..
les pommettes qui rougissent et ton nez qui se fronce, tes sourcils suivent le mouvement Marceau
Macbeth il t'écoute jamais, il n'en fait qu'à sa tête et il a bien du détruire une dizaine de chaussures depuis ton arrivée ici
Macbeth il jouerait le bon rôle dans cette maudite pièce de théâtre -toi, tu ne serais que le figurant
triste habitude habituelle, tu n'y échappes plus
même à ce moment là, c'est Macbeth qui accapare l'attention et toi qui t'excuses
Marceau tu le soulèves et c'est un léger craquement qui se fait entendre -tes yeux s'écarquillent et c'est les lacets entre ses babines quand tu le relèves à hauteur de vos visages
et lui qui agite fièrement son nouveau trésor, les yeux illuminés de malice
t'as envie de fuir, t'es gêné et t'as l'impression que ton cœur bat trop vite, qu'il bat si rapidement qu'il va finir par éclater
ça cogne trop fort dans tout ton corps
J-je vais t'en racheter, je suis vraiment désolé il est complètement surexcité là.... T'abuses...
tes lèvres se pincent et tu détournes le regard, tes phalanges qui viennent extirper le lacet que tu rends honteusement au garçon en face de toi -tu n'as même pas pris le temps de le détailler
tandis que Macbeth lui, il se tourne vers cet inconnu et tend ses pattes, clamant qu'il devait être porter parce qu'il est capricieux et que Marceau l'a peut-être un peu trop bien gâté, un peu trop bien habitué
et le voilà à se jeter contre l'inconnu, à couiner et réclamer attention que Marceau lui apporte pourtant trop souvent
.. Il est collant, désolé encore...
des bafouillements remplis d'excuses, ta voix qui détonne légèrement et finalement c'est ton regard qui vient se planter dans ce garçon
et les joues moins rouges, et les pulsations qui offrent enfin l'accalmie au souffle de Marceau
tu tends ta main, l'échine droite
C'est Macbeth, et moi Marceau.
Mars
Place marchande