Nous passâmes tous, en un seul morceau -heureusement (?)-, j'activai personnellement mon frein d'urgence pour m'arrêter après la ligne d'arrivée. J'étais arrivée dernière mais... ce fut un moment fort en émotion, et conduire n'était pas si mal, même si ce n'était pas un véhicule concret.

Je commençai à sortir de mon véhicule, aidée par mon Métalosse qui attendait avec mon fauteuil roulant, Gardevoir vint à son aide. Mais des forces de l'ordre arrivèrent vivement pour me plaquer au sol, j'échappai un cri de surprise -et légèrement de douleur-, mon Métalosse frappa ses deux immenses pattes avant au sol.

« Non ! Sapho, Précieuse, ne réagissez pas ! Revenez dans vos pokéballs ! »

Métalosse aurait voulu en découdre, et l'énervement se faisait sentir, Précieuse eut un regard noir, un regard que je n'eusse jamais vu, mais elle ferma les yeux, se résigna ; mes deux pokémons retournèrent dans leur pokéball. Celle de Précieuse devait être poussière, elle n'y était jamais allée...

Les forces me relevèrent.

« Je suis paraplégique... »

Et par chance, je ne savais pas comment interpréter cela, ils me mirent dans leur véhicule en plissant via un système mon fauteuil pour l'amincir un maximum. J'allai au poste de Feranium en ayant le regard vide.

« Pourquoi m'arrêtez-vous ? »

« Vous plaisantez j'espère ? Tous les dégâts causés par votre course ?! »

« … J'ai essayé de les éviter et d'aider. »

« Nous verrons cela au poste. »

Ils m'interrogèrent, j'exprimai que j'avais tout fait pour ne pas engendrer plus de dégâts, que j'avais même aidé d'autres participants à ne pas avoir de dommages collatéraux. Je ne pointerais pas du doigt celles et ceux qui avaient délibérément fait des dégâts mais bon...

« Vous avez le droit à un appel. »

Je pris le téléphone du bâtiment afin d'appeler Camille, j'avais retenu son numéro depuis. J'attendis que ça décrochât et dis :

« Coucou Camille. Je sais que tu ne peux pas me répondre, mais écoute-moi, je ne rigole pas, je suis au commissariat de Feranium, ils demandent une caution, pourrais-tu m'aider s'il te plaît... ? Je te raconterai après, mais en aucun cas, je ne suis une criminelle. Merci beaucoup. »

Je raccrochai juste après en soupirant ; ils me mirent en cellule.

Ironie du sort, je voyais mon fauteuil roulant mais j'étais sur le lit crasseux de la cellule. Mon fauteuil était du côté du bureau des forces de l'ordre, je soupirai légèrement.

La journée était passée. Elle avait été tranquille, sans accident. Mais elle avait été d'un ennui mortel. Camille avait épuisé toutes ses activités favorites en un rien de temps. Elle avait travaillé sa vielle à roue, puis son violon, puis essayé quelques trucs magiques, essayé d'entraîner ses Pokémon au combat, puis voulu faire des répétitions. Mais rien ne l'intéressait vraiment. Sa matinée était ainsi passée. Elle avait beaucoup de choses, mais rien de constructifs, ni d'intéressant. Rien de grandiose, et n'avait eu aucune évolution.

A midi, elle était restée vautrée sur son lit, à regarder le plafond, perdu dans son ennui. Elle ne parvenait pas à trouver ce qui lui manquait, ni ce qu'elle pouvait faire qui ne soit pas une routine. Elle voulait de l'aventure, mais elle ne savait pas où la trouver, ni comment la faire venir. Elle s'ennuyait, et ne pouvait se libérer.

Elle avait déjà vécu l'ennui par le passé. Mais jamais un ennui aussi grand. C'était tierrible, inéluctable et frustrant. Tout ce qu'elle aimait faire ne l'attirait pas et tout ce qu'elle pourrait faire ne lui venait pas à l'esprit. Elle fixait le plafond à la recherche d'une tâche. Elle trouva une marque et la suivi des yeux, c'est-à-dire qu'elle la fixa, en s'imaginant qu'elle bougeait.

Ses Pokémons étaient calmes aussi, pour ceux qui étaient dans la pièce en tout cas. Milo et Enya dormaient paisiblement. Pour les autres, c'était un vaste mystère. Même l'idée qu'ils puissent faire des bêtises et ravager la moitié de l'appartement qu'elle louait n'arrivait pas à la sortir de sa torpeur. En début d'après-midi, elle avait envoyé des message à Iris, mais la jeune femme ne répondait pas.

Prise de doute, la magicienne avait essayé de se consoler en se disait qu'Iris devait être occupée avec sa pension, et qu'elle n'avait pas le temps de lui répondre, ou qu'elle n'avait pas son téléphone. Elle préférait se répéter ça plutôt qu'imaginer Iris faire quelque chose de complètement fou et dangereux, impliquant des attaques de surpuissante, du feu, des combats et des fracas. Elle ne pouvait imaginer Iris faire quelque chose de dangereux. Alors, Camille espérait sincèrement que le téléphone de la fille était loin d'elle, pour ne pas penser à de potentiels dangers, qu'elle était peut-être sur le point de mourir d'un terrible péril ou pire, qu'Iris ne voulait plus être son ami.

Maintenant que ces théories étaient entrées dans son esprit, la magicienne n'arrivait plus à les faire sortir. Elle devait faire quelque chose pour se changer les idées. Elle bondit hors de son lit, mis ses baskets et sortit sans autre motivation que de faire quelque chose. Milo, suivi, évidemment, mais il fut le seul.

Camille n'avait pas réfléchit plus que cela, ni fait attention à ce qu'elle portait. Un pantalon de survêtement, épais, en tissu doux et grossier, un t-shirt d'une obscur équipe de sport, dont elle ignorait tout mais qu'elle avait pris un jour à son frère pour l'embêter et ne lui avait jamais rendu parce qu'il ne l'avait pas remarqué. Tout était trop grand pour elle, mais parfaitement confortable. Et pour chaussures... ses bottines à bouton. Rien n'allait d'un point de vue vestimentaire, mais elle n'en avait cure. Elle devait chasser l'idée qu'Iris ne voulait plus lui parler de sa tête.

Dehors, Elle passa une main dans ses cheveux noirs, et détachait et grimaça. Ils étaient gras et sale. Elle devait certainement ressembler à une clocharde du futur.

Elle se mit à marcher d'un pas rapide, Milo sur ses talons. Elle entra dans une librairie pour voir ce qu'il y avait à vendre et déambula dans les rayons. Elle ouvrit quelques livres, feuilleta quelques uns puis tomba sur le coin manga. Elle n'en avait jamais lu mais Melody lui en avait parlé, dans cette boutique de déguisement et elle avait été intriguée par cet univers plein de choses qui changeaient de formes et qui explosaient. Elle prit un tome un, d'une série au hasard et le lu. Puis elle continua. Personne ne vint l'embêter, jusqu'à ce que son téléphone sonne dans sa poche. Elle décrocha rapidement en voyant un appel d'Iris.

Elle porta le téléphone à l'oreille avec un grand sourire. Son amie ne l'avait pas oublié. Mais son sourire s'effaça en entendant Iris. Le commissariat de Feranium ? Mais c'était de l'autre côté du pays. Une caution ? Camille n'avait pas la moindre idée de ce qu'était une caution, sauf pour un appartement. L'idée qu'Iris soit une criminelle n'avait pas traversé l'esprit de Camille. Elle ne pouvait pas imaginer Iris faire quelque chose de répréhensible, mais d'un autre côté, la magicienne s'introduisait chez les gens en forçant les serrures et parfois repartait avec un bijou ou un bibelot et elle ne considérait pas ça comme du vol. Sa frontière du crime était assez vague.

Sans hésiter, la jeune femme sortit de la librairie, son livre à la main. Elle quitta la boutique en emportant sans le payer un tome 13 d'une histoire qu'elle lisait. Ce n'est qu'une fois dans le Taxi volant qu'elle se rendit compte de ce qu'elle avait dans les mains. Mais elle l'avait fait avec une telle conviction que personne n'avait pensé à l'arrêter.

Elle arrivai dans la nuit à Ferranium et elle frissonna. A Port-Corail, il avait fait doux toute la journée, mais la nuit, bien plus au nord, il faisait très froid. Grelottant, la jeune femme se dépêcha de pénétrer dans le commissariat. Elle se dirigea timidement et en tremblant vers l'accueil.

L'homme à l'accueil la regarda avec méfiance et la toisa. La jeune femme lui montra le message résumant la situation qu'elle avait écrit sur son téléphone pendant le trajet. Elle venait chercher Iris Lindsey, en tant que caution et qu'Iris n'était pas une criminelle.

L'homme la regarda et lui posa une série de questions, et lui demandant une pièce d'identité. Camille se figea, un bref instant puis trouva sa carte dans son porte-feuille. Finalement, l'homme alla chercher Iris.

J'avais ensuite passé le reste de ma journée à... ne rien faire. Et un ennui mortel s'était emparé de moi. Je remarquais aussi que je passais énormément de temps avec ma Gardevoir et que je n'étais pas souvent seule, ils m'avaient privée de mon fauteuil roulant, comme si c'était une arme, non, juste un de mes précieux outils pour vivre, presque littéralement. Sans fauteuil, je n'étais rien. Ce fauteuil représentait la moitié de moi, j'étais une demi-femme désormais.

Réduite à cet état, les idées noires me parcouraient, me rappelant l'accident, Cresselia, les tests de Flora pour savoir si mes jambes étaient réparables. Je ne savais pas quoi en penser.

Et alors que les sbires de Darkrai me torturaient, une voix me sortit de mes songes obscurs.

« Iris Lindley. Votre cautionnaire est là. »

Je me redressai et murmurai doucement...

« Camille... »

… avant de dire distinctement :

« Pourrais-je avoir mon fauteuil roulant ? Je ne peux réellement pas... marcher. »

Il soupira avant de me le ramener, je me mis dedans et mes pokéballs furent restituées. J'eus un petit soupir de soulagement. Il m'emmena vers Camille et je vins la serrer légèrement par la taille en m'approchant.

« Ce n'est pas ce que tu crois... »

Je reculai pour la regarder avec un sourire bête.

« C'est... compliqué. Je vais t'expliquer après. »

« Qu'on n'entende pas parler de vous, hormis de votre pension. »

« Je me doute... »

Murmurai-je envers moi-même. Et peut-être durant le tournoi qu'il y aura en septembre.

Je sortis vivement en faisant signe à Camille, et une fois dehors, je sortis immédiatement Gardevoir qui lança un mauvais regard dans la direction du commissariat.

« C'est bon, Précieuse. Ils n'ont fait que leur travail. Je peux les comprendre. »

Je haussai légèrement les épaules.

L'attente fut atrocement longue pour Camille. Elle n'avait dû en réalité pas excéder les cinq minutes, mais pour la jeune femme, cela avait été une éternité. Et si ce n'était Iris en réalité ? Si c'était un piège. Ou si Iris était vraiment une criminelle que c'était un autre piège pour qu'elle passe pour une complice ? Non, Iris n'était clairement pas une criminelle. Ce devait être un piège pour les emprisonner toutes les deux. Mais pour quelles raisons faire ça ? Et qui ? La caution avait été énorme à verser, mais Camille n'avait pas réfléchi à deux fois. Son amie étant innocente, cet argent ne sera jamais débité. C'était ce que pensait et espérait Camille.

Finalement, Iris arriva et Camille se précipita pour la prendre dans ses bras. Quand on est inquiet puis rassuré, mais qu'on ne peut pas le dire, il faut trouver d'autres moyens de l'exprimer. Les deux jeunes femmes sortirent, et Camille, une fois libérée de la pression policière, s'empressa de signer sa curiosité.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu as été attaquée ? Pourquoi ils t'ont enfermé alors ? Pour te protéger ? Ou ils se sont trompés. Mais comment ils ont pu se tromper ? Tu es connu et pas dangereuse. Est-ce qu'ils vont te surveiller ? Il faut qu'on te ramène chez toi ? Ou alors tu veux venir chez moi en attendant ? Est-ce que tu as le droit de te déplacer comme tu veux où tu dois rester enfermée chez toi ? Est-ce que je dois rester aussi chez moi ?

Elle avait tellement de questions, de doute et de peur. Elle n'avait jamais fait ça avant : entrer dans un commissariat, faire sortir quelqu'un, être caution. C'était un truc de film et Camille regardait très peu de film. Vraiment très peu. Elle préférait les concours et la magie. Et la sécurité d'un foyer calme.

Comme je le pensais et savais, elle m'avait serrée dans ses bras et j'avais tapoté son dos agréablement.

« A-Attends ! Tu signes trop vite encore ! »

Je ris légèrement avant de prendre une grande inspiration et dire :

« J'ai participé à une course, avec des caisses à savon, et disons que la plupart des participants ont utilisé des capacités pokémons pour améliorer leur course tout en ralentissant leurs adversaires. Le problème étant que j'ai utilisé aussi des capacités, mais la première fut un Ultralaser pour dégager une fumée épaisse, en visant bien évidemment le ciel, puis Poing Glace pour ralentir un concurrent qui avait tenté de me ralentir juste avant. Finalement je suis venue en aide à un participant car il devait... littéralement esquiver des météores brûlants. Précieuse l'a donc aidé. »

J'avais un petit sourire, l'histoire semblait sordide mais était bien réelle.

« Nous avons tous été arrêtés sans distinction, j'ai défendu le fait que mes capacités utilisées étaient à but défensif et protecteur mais ils n'ont rien voulu savoir. »

Je haussai les épaules.

« Merci d'être venue, je ne pouvais compter que sur toi. »

Il y avait bien Sasha, Jenna, mais Camille était la première à être apparue dans mon esprit.

Elle avait ralenti sa vitesse d'exécution et je lui en remerciai intérieurement. C'était plus fluide pour moi -j'avais compris grosso modo ce qu'elle m'avait dit-. J'essayai de la rassurer d'abord avec un petit sourire.

« Je sais, je sais. Cela paraît exagéré... Disons qu'une fumée a été créée, j'ai lancé Ultralaser en l'air pour ne blesser personne, ça a dissipé la fumée. J'ai confiance en Gardevoir, jamais elle ne m'aurait touchée. Et Précieuse m'a énormément protégée, ne t'en fais pas. Je n'ai pas pris de risques insensés. Crois-moi Camille. »

Je ris à sa remarque et je secouai la tête.

« Promis, je n'ai aucun problème. C'est juste que je sais prendre des risques sans me blesser, heureusement d'ailleurs... »

Je la regardai et déglutis légèrement, je hochai timidement la tête.

« Pardon de t'avoir fait peur, je sais qu'emmagasiner tout ce que je viens de te dire d'un coup, ça doit être dur, je me serais inquiétée aussi si tu m'avais dit la même chose... je m'excuse Camille. Je ferai attention, je te le promets. »

Je caressai son bras avec un petit sourire, après tout, j'étais toujours entière et devant elle. Je pensais par le fait que ce n'était pas grave car j'étais toujours là, je n'avais pas d'égratignure, pas de membres cassés -pas d'autres que mes deux jambes du moins-, un sourire aux lèvres.

Les réponses d’Iris n’aidaient pas Camille à trouver ses méthodes moins exagérées. La magicienne connaissait beaucoup d’autres attaques qui auraient été plus efficaces pour chasser de la fumée, moins dangereuse et surtout moins épuisante pour Gardevoir qu’Ultralaser. C’était bien beau la confiance envers son Pokémon, mais ce n’était pas juste une descente en luge. On n’utilise pas Ultralaser dans une descente de luge.

Camille regarda fixement Iris avec scepticisme et une lueur de colère. Prendre des risques sans se blesser ressemblait plus à de la chance sur ce coup-là. Ce comportement fit réfléchir Camille sur la véritable origine des blessures d’Iris. Peut-être que son amie avait pris des risques complètement fous, et qu'elle avait eu un accident grave. Et maintenant, elle considérait tout comme si c'était sans risque. Peut-être Camille connaissait son amie moins bien qu'elle ne le pensait. Inutile de dire que c'était évidemment le cas, puisque Camille restait une personne relativement égocentrique. Mais cette idée la rendit triste car elle voulait connaître Iris, plus qu'elle ne la connaissait maintenant.

Ce n'est pas drôle. Ça aurait pu être très grave. Et je ne suis peut-être pas aussi douée que toi en combat ou en Pokémon, mais je sais qu'Ultralaser est exagéré pour chasser de la fumée. Je suis sûre que tu as voulu leur faire peur et leur montrer de quoi tu étais capable.

Elle avait essayé de garder un air sévère et boudeur, mais l'image d'Iris descendant une pente dans un véhicule improbable pendant que sa Gardevoir tirait des laser dans tous les sens s'imposa doucement dans son esprit.

Ils ont fait quoi de ton véhicule ? Il est cassé ?

Je voyais bien qu'elle n'était pas rassurée. Je voyais bien qu'elle n'était pas convaincue. Je voyais aussi qu'elle était en colère et je ne pouvais pas la contredire... Si la situation était inversée, je l'aurais disputée.

« Peut-être que le geste était abusé, en y réfléchissant, oui, nous aurions pu utiliser quelque chose d'autre... mais sur le coup, c'est ce qui m'est venu. Quant au véhicule... »

Je repensai à l'attaque de Bunji, j'eus un mince sourire.

« J'aurais été peut-être blessée sérieusement si j'avais été touchée, mais j'ai aidé un autre participant qui lui-même m'a aidée, mon véhicule était là à la fin mais... en piteux état. Je n'aurais pas continué éternellement. »

Je soupirai légèrement avant de secouer la tête.

« Ce n'était qu'une caisse créée pour l'occasion, je ne l'aurais pas gardée dans tous les cas. Pourquoi ? Tu aurais aimé voir à quoi elle ressemble ? J'ai pris une photo ! »

Je ris légèrement. Gardevoir n'avait pas apprécié la réflexion de Camille mais elle était visiblement énervée de la situation. Elle et Métalosse étaient prêts à en découdre contre les forces de l'ordre mais là, je n'aurais jamais quitté une cage noire.

« Tu veux venir à la pension ou faire quelque chose ? »

Je ne comptais pas la quitter comme ça comme si de rien était.

Ce n’est pas ce que vous croyez

Avec Iris

Malgré le sourire et le ton enjoué d’Iris, Camille sentait bien tout le danger de la situation et son teint blêmissait à chaque mot. L’aveu d’excès de son amie lui paraissait être fait à contrecoeur, l’annonce du piteux état du véhicule montrait bien que la course n’avait pas été tendre. Le cœur de Camille se sera et dans son corps, un conflit se mit en branle. D’un côté, elle voulait pleurer de peur, bien que tout ça soit terminer, et de panique pour les risques inutiles et énormes qu’avait pris Iris et d’un autre côté, elle voulait se mettre en colère, giflait violement son amie pour se mettre en danger de manière aussi ridicule et partir en pleine rage.

Ses mains se mirent à trembler et ses yeux bougeaient par à-coup. Le calme qu’elle avait commencé à retrouver venait de nouveau de disparaitre. Camille avait essayé de s’intéresser à la course pour ne pas se faire de fausses idées sur les dangers qu’Iris avait couru, mais manifestement, ce fut l’effet inverse qu’elle rencontra. Maintenant, la magicienne n’était plus très sûre de vouloir s’intéresser à cette course.

L’image d’une Iris dans un véhicule bigarré et de son Gardevoir tirant dans tous les sens se superposa alors avec d’autres véhicules et des attaques bien plus destructrices, partant dans toutes les directions.

Je ne sais pas. Signa-t-elle avec brutalité.

Elle était maintenant en colère. C’était clair dans son esprit. Il avait longuement oscillé entre la peur, l’inquiétude et la panique. Maintenant, il avait décidé qu’il était en colère, sans aucun doute possible. Les dernières paroles insouciantes d’Iris avaient fini d’ancrer ce sentiment dans l’esprit de Camille.

Pourtant, elle ne voulait pas se fâcher avec son amie. Iris comptait beaucoup pour Camille. Mais Camille ne pouvait pas la laisser faire n’importe quoi au péril de sa vie. La jeune femme avait la certitude qu’elle aurait maintenant toujours la peur que son amie se mette encore en danger bêtement.

Moi je ne trouve pas ça drôle.

Elle voulait s’éclaircir les idées, mieux comprendre, ou même oublier. Mais ça ne servirait à rien et surtout ce n’était pas possible. Ses idées tournaient en rond dans sa tête. Partir ou rester. Reste figer ou réagir avec force. Dire quelque chose ou rester muette. Elle avait envie de pousser un râle de rage, mais cette idée lui faisait horreur.

Je n’y arrive pas. Je te vois maintenant tout le temps dans un accident. C’est une image qui reste. J’ai juste l’impression que je vais te perdre tout le temps. Dès l’instant où je vais m’éloigner de toi, il va se passer quelque chose qui va te faire du mal. Et moi, je ne veux pas te perdre. Tu comptes beaucoup trop pour moi.

Mettre des mots sur sa colère n’était pas facile.

Elle restait entêtée dans son énervement et je commençai à me sentir mal, vraiment.

Mes doigts vinrent jouer entre eux, sur mes jambes, j'avais vu tous ses signes mais je n'arrivais pas à répondre. Qu'importait mes dires, elle réussissait à trouver une raison de m'en vouloir -gentiment-. J'avalai ma salive.

« J-Je... »

Depuis combien de temps n'avais-je pas autant bégayé et que je m'étais sentie aussi mal ? Je ne savais pas mais cette sensation ne m'avait pas manquée du tout... Je relevai lentement le regard vers elle.

« Tu comptes aussi pour moi Camille. J'ai compris que tu étais très énervée mais... je ferai attention à l'avenir, je te le promets sur notre amitié. Ça ne se fait peut-être pas de promettre sur ça... mais voilà. Mais si tu veux être au courant de tout... »

Je la regardai avec un air plus assuré, prenant une grande inspiration avant de sortir :

« Je vais retourner affronter Capucine prochainement. Je veux récupérer ce badge. Pas pour lui prouver qu'elle est mauvaise ou je ne sais quoi, non. Juste pour prouver ma valeur de dresseuse. Rassure-toi, et je ne dis pas ça pour que tu t'énerves, Capucine s'est énormément adoucie. Tu me fais confiance, hein... ? »

J'eus un petit sourire, je perdis de nouveau ma confiance alors que j'essayais de toujours trouver quelque chose pour la réconforter ou ne pas l'inquiéter.

« Je te raccompagne et on parle un peu ? Pour se détendre de cette journée folle en émotion ? »

Ce n’est pas ce que vous croyez

Avec Iris

La réaction de la magicienne, loin d'apaiser les choses, ne faisait qu'empirer la situation dans son esprit. Maintenant, Iris semblait mal à l'aise, stressée et Camille se sentait coupable maintenant, de ne pas être capable de passer à autre chose. Mais les choses ne voulaient pas continuer leur chemin et sortir de sa tête. Elles revenaient tout le temps, en cycle, amenant de nouveau et si... à chaque passage. C'était une vraie torture.

Malgré la promesse, les sourcils de la magicienne ne se détendirent pas. Son visage resta sévère. Elle devait réussir à chasser cette impression de colère, cette envie d'enfermer Iris dans une maison pour que jamais plus elle ne sorte ou de libérer cette tension d'une gifle aussi violente que destructrice, qui mettrait fin à leur amitié et à tout ce que Camille voulait conserver. La jeune femme n'était pas violente. Elle ne s'était jamais sentie comme ça. Même quand elle se battait avec son petit frère, même les quelques fois où elle l'avait giflé, elle n'avait pas été autant colère, aussi froidement tendue, aussi intérieurement stressée. Elle ne se sentait pas bien, incapable d'être raisonnable. Elle devrait peut-être s'excuser, comme Iris venait de le faire, mais elle n'y arrivait pas. Pour elle, Iris était en tort et Camille avait raison. Elle ne se rendait pas compte que le sujet pouvait être clos.

Elle se rendit compte qu'elle était allée trop loin lorsqu'Iris lui parla de son envie d'aller affronter Capucine. Camille ne voulait pas tout savoir, elle ne voulait pas qu'Iris lui dise tout ou lui demande la permission. Elle ne voulait pas de ce genre de relation avec elle. Elle ne voulait pas être la policière qui vérifie tout ce que fait son amie.

Elle signa en baissant la tête.

Je ne veux pas tout savoir. Je suis désolée.

Elle ne réagit pas, lorsqu'Iris lui dit qu'elle allait défier Capucine. Le sentiment d'inquisitrice qu'elle venait de ressentir lui avait retiré sa colère.

Oui, je te fais confiance. Ton histoire m'a fait très peur, c'est tout.

Le visage de Camille était maintenant profondément triste et déçu. Elle n'était pas déçue par Iris, mais par elle-même. Elle s'était énervée et ne comprenait pas pourquoi. Elle avait eu des idées terribles et méchantes, agressive contre sa meilleure amie.

Tu ne m'en veux pas ? Pour ma réaction excessive ?

Alors que je pensais faire face à la Camille âpre et acerbe -à sa manière- encore longtemps. Elle s'adoucit soudainement en signant, ses signes se faisant moins rapidement et violemment. J'eus toujours ce petit sourire mais encore une fois, je le perdis en la voyant perdre sa propre humeur.

« A-Ah ! Je ne dirais pas que je t'en veux mais cette réaction m'a énormément surprise oui. Je ne vais pas te le cacher... »

Je me mis devant elle et levai le doigt.

« Et non, ne t'en veux pas. Comme je l'ai dit plus tôt, si je venais te chercher dans un commissariat et que tu me racontais que ta vie était concrètement en danger, j'aurais certainement réagi de la même manière. Je me serais énervée car tu aurais été en danger. Donc ta réaction était normale. Enfin, pour moi, elle l'est si tu tiens à quelqu'un. »

Je soupirai et vins caresser son avant-bras avec un petit sourire.

« Tu es ma meilleure amie, Camille. Tu m'es très chère. »

Mon sourire finalement s'agrandit pour lui offrir un de mes plus beaux sourires.

« Et comme j'ai aussi dit, nous sommes toutes les deux là, en entier, c'est le plus important. »

Un nouveau petit rire en espérant adoucir cette atmosphère, Gardevoir s'était d'ailleurs mieux adoucie, malgré la remarque déplacée de Camille. J'aimerais dire à mon amie que la remarque n'était effectivement pas importante mais j'allais éviter de détruire ce cadre.

Ce n’est pas ce que vous croyez

Avec Iris

D'aussi loin que Camille s'en souvienne, elle n'avait jamais vraiment ressenti de choses comme ça pour une personne autre qu'un membre de sa famille. Impossible pour elle de doser convenablement la peur, la colère et l'inquiétude de perdre l'amitié d'Iris. C'était bien plus compliqué de se fâcher avec une amie, qu'avec son petit frère. Dans le second cas, les parents sont toujours là pour trancher, ou forcer la réconciliation. Et puis, la vie quotidienne vient effacer légèrement les outrages. Mais, là, si Iris décidait de ne plus parler à Camille, la magicienne n'aurait aucun moyen de se réconcilier avec elle. Peut-être en venant quémander tous les jours à sa porte.Car, Camille ne connaissait personne qui pourrait forcer Iris à la pardonner.

Cependant, Iris réaffirma leur amitié et cela souleva le cœur de Camille. Elle était sa meilleure amie, autant qu'Iris était celle de Camille. C'était une bonne chose à entendre. Et un regret pour Camille, car elles habitaient à l'opposé l'une de l'autre. Iris était la personne qui comptait le plus pour Camille dans tous Lumiris et probablement le monde entier, mais elles ne pouvaient se voir régulièrement.

Il y eut un petit instant de flottement, où Camille ne signa rien pour répondre à Iris, qui devait certainement attendre une réponse. Puis la coordinatrice se décida.

Tu parlais d'aller à la pension. Et je me disais à l'instant... On habite loin l'un de l'autre. Alors, comme moi je n'ai pas vraiment de maison à moi, peut-être que je pourrais.

La signification des signes se perdit dans les rougissements de Camille et ses tremblements. Elle voulait proposer de trouver un appartement à Windoria, pour y vivre, et qu'Iris l'aide à le trouver. Mais elle se sentait un peu gêner de le faire alors qu'elle venait juste de s'énerver. Camille avait l'impression de changer d'humeur constamment et beaucoup trop vite. Mais elle voulait revenir sur quelque chose de plus gai avec son amie.

Elle laissa un petit blanc, m'étais-je mal exprimée par hasard ? Je regardai ses signes et entrouvris légèrement les lèvres avant de sourire tendrement en la regardant.

La surprise m'avait légèrement eue mais c'était une grande et bonne nouvelle pour moi !

« Tu sous-entends que tu aimerais habiter à Windoria ? Fais-le d'abord pour toi, pas pour moi. Si la région te donne envie, ce sera avec plaisir que j'aimerais te voir beaucoup plus souvent ! »

Je collai mes paumes de main ensemble avec un grand sourire mais je réfléchis à certaines conséquences. Je lui en fis part :

« Si tu souhaites que je t'héberge le temps que tu trouves, voire que tu emménages, ce sera avec grand plaisir ! »

Je souris tendrement en pensant bien sûr mes propos.

Il était vrai que j'habitais à Kishika avant, j'étais assez proche d'elle mais maintenant, j'étais très loin. On pouvait toujours se voir tous les jours mais on aurait certainement plus de temps de voyage que de se voir. Cela me réchauffa le coeur en la voyant agir ainsi.

Ce n’est pas ce que vous croyez

Avec Iris

La magicienne devrait être habituée mais le délice des réaction d'Iris était toujours présent. Son amie semblait toujours heureuse, quelque soit l'annonce. Ou presque. Il fallait admettre que la moindre petite bonne nouvelle semblait provoquer toujours l'enthousiasme.

Camille s'agitait, un peu gênée par sa propre audace et elle passait d'un pied sur l'autre, se balançant. Aux questions d'Iris, Camille connaissait les réponses. Non, elle ne voulait pas spécialement vivre à Windoria. La ville ne lui plaisait pas vraiment, de même que le climat. Elle était aussi habituée à sa vie à Fort des Songes. Mais d'un autre côté, elle n'avait pas d'ami là-bas. Iris lui manquait souvent, peut-être même tout le temps. Alors non, Windoria ne lui plasait pas. Mais la possibilité de voir Iris plus souvent était une raison bien suffisante pour venir dans la région.

Les deux jeunes femmes pourraient s'inviter à dîner, s'entraîner, discuter, faire des soirées. Ses pensées s'arrêtèrent comme le balancement de son corps.

Vivre chez Iris ? Comme une longue pyjamas party ?

Déjà rouge, Camille rougit encore plus. Ses mains se mirent à trembler car elle ne savait pas quoi répondre. Elle savait pertinemment que la proposition d'Iris était sincère et que la jeune femme serait heureuse de l'avoir avec elle. Mais Camille n'en était pas moins gênée.

Quant à emménager complètement chez son amie. Rien que l'idée lui faisait des papillusion dans le ventre et lui donnait le vertige. Ce serait extraordinaire de vivre toujours avec Iris. Mais c'était aussi très soudain.

Le malaise, la gêne et le bonheur se disputaient le visage de Camille.

Elle réfléchissait à ce que je disais, elle semblait même hésiter. Son rougissement me fit légèrement rire mais rapidement, je baissai mes lèvres, n'étant pas sûre qu'elle fût heureuse en cet instant...

« Camille ! Je vois que cela semble te travailler énormément mais tu peux refuser. Je te propose ça en tant qu'amie, bonne amie, que meilleure amie même. Si tu penses que ta présence me gênerait, sache que jamais je ne t'aurais proposé. J'ai beau t'adorer au plus haut point, mais si je me sentais mal à l'aise, je n'aurais rien dit. Réfléchis-y alors sérieusement, confirme-moi juste avant, que je ne te voie pas arriver avec plusieurs valises devant ma porte... »

J'eus un léger rire sincère, espérant détendre l'atmosphère, caressant son bras avec affection.

« Comme je te l'ai toujours dit, à n'importe quelle heure de la journée, ma porte t'est grande ouverte. Et si je ne suis pas là, mes pokémons t'accueilleront sans problème. Ils savent à quel point je t'apprécie. »

Je souris toujours avant de reprendre la route.

Je me retournai une nouvelle fois vers elle en cillant un peu, je la voyais hésitante. Après tant d'émotions en aussi peu de temps, je comprenais qu'on avait du mal à formuler nos mots -ou signes- sans vexer ou se faire mal comprendre.

J'entrouvris les lèvres à sa proposition.

« Tu... »

J'avais aussi tiqué sur sa bouche qui s'était ouverte, comme un réflexe d'une personne dotée de parole. Ce devait être alors un réflexe humain... qui étais-je pour juger ?

Je secouai intérieurement la tête et par réflexe, je signai :

Tu es ma meilleure amie aussi.

« Et bien sûr que j'accepte de t'accueillir. J'ai largement assez de place et sans problème, je t'accepte, Camille. »

Je m'approchai pour venir la serrer dans mes bras -enfin, j'avais la tête vers ses hanches- mais je fermai les yeux.

« Le fait que tu me le demandes me fait réaliser que je le voulais aussi, en soi. Avec tes horaires de magicienne et mes horaires désobligeants de la pension, on se voyait très peu. Mais maintenant, nous serons ensemble donc nous nous verrons trèèèèès souvent ! C'est parfait. »

Je serrai davantage mon étreinte -sans rendre ça désagréable-.

Gardevoir nous regarda et garda un air tendre.

Cette embrassade appréciable, dont j'avais savouré chaque instant... C'était dans ce genre d'étreinte que je me rendais compte que c'était désormais elle, ma meilleure amie numéro une. Celle dont je mentionnerai si on me disait que je devais garder une personne.

Je souris à son signe alors, je signai en retour.

Notre chez nous.

Je repris la route avec mon fauteuil roulant.

« Nous avons besoin de repos, maintenant. Toutes les deux, de fortes émotions nous ont traversé aujourd'hui et surtout en cette fin de soirée... »

Je souris doucement, ça aurait pu être pire...

« Tout est bien qui finit bien... »

Pensai-je alors.

« Camille, Camille... C-Calme-toi ! »

Je ris légèrement, j'avais remarqué ses hésitations, sa peur, ses gestes aléatoires. J'enchaînai alors :

« J'ai compris habiter avec quelqu'un, payer, chambres, frigo. Doooonc, si j'essaie de comprendre, je vais répondre : Tu ne paies rien, je ne t'héberge pas comme une auberge ou je ne sais quoi, je t'accueille car tu es ma meilleure amie, mais si un jour, tu décides de partir pour, je ne sais pas, aller dans une autre région ou habiter avec ton futur petit ami car tu n'es pas à l'abri de tomber amoureuse, alors tu pourras partir. Le fait d'habiter avec moi n'a pas à t'effrayer, je ne suis pas une tyran et je ne vais pas changer. Pour la chambre... soit tu dormiras à l'étage, avec la salle de bain remplie de bonnes choses comme un jacuzzi, douche, etc... soit avec moi. Dans les deux cas, ce sont de grands lits confortables. Je ne bouge normalement pas en dormant. »

Je lui souris et mis ma main sur une des siennes.

« Tout va bien, il n'y a pas de test ou je ne sais quoi. Détends-toi, Camille. D'accord ? »

Un taxi Corvaillus atterrit proche de nous dans un croassement sombre.

« Ils sont enfin arrivés. Nous allons rentrer plus rapidement, sinon nous en aurions eu pour des heures. »

« Je t'ai proposée donc si tu veux ta chambre, bien sûr. »

Je lui souris, Gardevoir m'avait placée dans le taxi, rabattant le plus possible mon fauteuil roulant pour le ranger dans un compartiment du taxi volatil.

« Mes amis... Beaucoup sont occupés, rares sont ceux qui ont dormi ici. Donc cela m'étonnerait, tu le sauras, promis ! Après tout, nous allons habiter ensemble. »

Je regardai aussi le paysage de temps à autre.

« Pour ce soir, ce sera parfait alors. Je préparerai un peu ta chambre quand tu iras récupérer tes affaires. »

Je lui souris, le taxi entama sa descente pour se poser dans un terrain proche de la pension.

« Merci beaucoup ! »

Gardevoir m'aida de nouveau pour me remettre dans mon fauteuil, Sidérella fonça pour saluer Camille et ma personne, je lui souris.

« Il est rare de te voir en dehors de la pension. »

Elle imita quelqu'un qui dormait avant de repartir.

« Tous les nouveau-nés dorment, adorable... Bref, allons-y ! »