Comme promis, ou pas vraiment... j'apprenais le langage des signes, une petite heure par jour, avec un apprentissage sérieux et régulier. Je pouvais parler couramment, bon, par contre, je ne pouvais pas aller dans des sujets trop précis.


Comment allait réagir Camille ? J'avais tellement fait depuis, j'ai eu deux badges, j'ai participé à un concours, j'ai affronté des figures emblématiques de Lumiris... Et je devais aller voir une autre d'entre elle, la Reine de glace, Capucine.


Mais je voulais à tout prix revoir mon amie et qu'elle vît mon évolution. Je réfléchissais, nous nous étions contactées par message, quelques fois. Mais cette fois-ci, je n'en fis rien.



« Précieuse, tu vois le théâtre où Camille se reproduit ? Téléportes-y-nous, je te prie. Nous allons lui rendre une petite visite. »


Elle hocha la tête et nous voilà devant sa porte. Je souris en toquant, une fois qu'elle ouvrit la porte, je lui signai :


Coucou Camille -en faisant les lettres de l'alphabet avec ma main prothétique-, j'espère que tu vas bien. Tu veux venir dans ma pension, voir y dormir, si ça te dit ? J'ai beaucoup de choses à te dire, si tu veux bien.


Je réfléchis et lui montrai comment je l'appelai en langage des signes, une main vers la gorge et un signe vers le bas, signifiant qu'elle avait perdu la voix. J'avais appris que dans le langage des signes, on mimait quelque chose qui définissait la personne, en l'occurrence, la voix de mon amie disparue. Si c'était pour moi, ce serait la main et les jambes en moins.


J'étais tellement heureuse de la revoir, j'espérais tellement -aussi- qu'elle fût heureuse que je parlasse la langue des signes.

Le théâtre avait des difficultés. Elles étaient nombreuses et d’importances diverses. Et certaines trouvaient leurs sources chez Camille. La magicienne venait de découvrir son succès et sa notoriété. Elle avait fait quelques concours et s’était retrouvée à signer des autographes à la fin d’eux, perdu ou gagné. Certaines personnes la reconnaissaient même sans ses teintures et ses lentilles. Ses Pokémons commençaient aussi à attirer l’attention sur elle. Peu de jeunes personnes avaient autant d’Evolition, sa taille, sa façon de se déplacer et s’entrainer dans les parcs à la danse, la souplesse et la gymnastique.

Et là commençaient les problèmes du théâtre. Les salles étaient trop petites pour accueillir les gens. En un sens, le théâtre n’était pas très grand, ni très renommé. Et Camille venait de prendre conscience de ce fait aussi. Et elle allait partir. Changer de théâtre était triste puisque si elle en était là aujourd’hui c’était grâce à lui, mais il était temps de faire des tournées, de bouger et de viser plus gros. Elle reviendrait bien sûr, mais c’était une tête d’affiche qui partait tout de même.

C’était certainement un peu présomptueux de la part de Camille mais elle était convaincue que le succès de théâtre était grâce à elle.

Elle était en train de se changer après une répétition en costume. La loge avait une douche et s’était beaucoup plus simple pour elle d’enlever sa teinture et se laver ici. Son spectacle était bien plus épuisant que le précédent, elle bougeait beaucoup plus avec des numéros d’évasion qui demandaient beaucoup d’énergie. Se rhabiller quand on était plein de sueur n’est pas agréable.

Ainsi Camille se douchait, frottant ardemment ses cheveux pour leur retirer leur couleur rose et marron lorsqu’on frappa à sa porte. Sans réfléchir, la magicienne coupa l’eau et sortit précipitamment de la douche. Elle saisit une serviette et l’enroula autour de son torse et ventre, cachant sa nudité partiellement. Ses cheveux gouttaient et avaient un mélange étrange de noir, rose et marron. Ils donnaient la même impression quand on les regardait que s’ils avaient été recouverts de farine colorée et mal nettoyés.

Elle ouvrit la porte avec précipitation se montrant à moitié dans l’entrebâillement. Elle ne savait pas qui elle allait trouver derrière la porte, mais ne s’attendait certainement pas à devoir baisser les yeux sur Iris. Elle eut un instant d’arrêt avant de refermer la porte brusquement en se rendant compte qu’elle était nue, avec une simple serviette pour se cacher.

Elle regarda la pièce d’un regard pour ne trouver que ses Pokémons et rien de facile à mettre sous la main.

Elle rouvrit donc la porte, un peu moins, ne passant que sa tête en rougissant et souriant timidement. Elle fit un coucou de la main et fut surprise de voir Iris signer.

Tu as vraiment appris la langue des signes ? Fut tout ce qu’elle signa en ouvrant la porte en grand, sous le choc de la joie de voir son amie lui parlait comme ça.

Je souris en voyant la tête de mon amie. Elle devait penser à un fanatique trop oppressant, et se « cachait ». Je comprenais, enfin, gérant une pension, je ne pouvais pas me cacher donc... Mais je comprenais.


Mais je clignais plusieurs fois des yeux en la voyant ouvrir la porte... cachée partiellement par une serviette.


Je cherchais des mots à dire mais je préférais dire directement :


« Tu... Je te laisse te changer convenablement. On discutera après en langage des signes si tu veux. »


Je regardais ailleurs, nous étions certes des femmes et j'étais assez mature pour... supporter cela, je respectais son intimité tout de même.


Je mimai immédiatement.


Nous discuterons après être toi habillée. J'ai vraiment appris la langue des signes, pour toi.


J'avais certes appris, j'avais encore du mal à exprimer clairement mes idées mais au moins elle comprenait que j'avais appris mes leçons. Ce fut un mois de « bourrage de crâne » comme j'eusse entendu mais j'étais heureuse si elle l'était et elle semblait l'être. Gardevoir resta droite, ayant juste fait une révérence en la voyant sortir, étant une pokémon, elle n'avait pas cette gêne, mais elle ressentit mon petit embarras.

Attends une minute. Ne bouge pas. Signa Camille à Iris avant de refermer la porte et d’y plaquer son dos. Son regard balaya la pièce. Elle sentait l’eau lui couler depuis ses cheveux. Elle n’osa pas regarder dans le miroir l’état de décoloration de ses cheveux. Cela ne devait plus ressembler à grand-chose. Elle ne devait même pas être coiffer, ou avoir les cheveux propres. Elle se jeta sur son sac. Sous-vêtement, pantalon de survêtement, t-shirt.

Un coup d’œil au miroir. Ce n’était pas joli. Mouillé, encore mousseux. La magicienne se précipita sur sa brosse après avoir essuyé avec énergie ses cheveux avec une serviette. Un élastique et une queue de cheval. Rien n’allait ni dans sa tenue, ni dans sa coiffure. Difficile d’imaginer que Camille était une magicienne à la tenue élégante et à la grande souplesse. Elle avait plutôt l’air de la gamine de la cité vivant avec ses frères dans un trois pièces.

Faute de mieux, elle ouvrit de nouveau à Iris.

Désolée pour l’attente,signa-t-elle. Entre.

Camille fit un signe pour laisser entrer Iris. Immédiatement, les Evolis de Camille réagirent. Il y en avait deux nouveaux depuis la dernière fois. Le trio énergique trouva en la chaise roulante un nouveau terrain de jeu potentiel. Ils se mirent à gambader tout autour, Aquali, Voltali, et le futur Pyroli, que Camille avait réussi à garder en Evoli un peu plus longtemps. Ce dernier né chromatique était beaucoup trop jeune pour évoluer à son goût mais elle n’allait pas pouvoir le garder longtemps sous cette forme contre son gré.

Ca fait plaisir de te voir et d’apprendre que tu comprends la langue des signes. Mais je t’arrête avant que tu ne t’embarrasses et te compliques la vie. Tu n’as pas besoin de signer pour que je te comprenne. Tu peux parler si c’est plus simple pour toi. Je ne parle pas mais j’entends très bien. Tu es arrivée en ville depuis longtemps ?

J'attendis alors quand elle rentra de nouveau dans un petit rire, pour décompresser l'atmosphère.


Cela ne m'avait pas tant surprise, nous étions entre femmes, bon, la voir entièrement... non, ce n'était pas arrivé, le rouge aux joues me gagna mais je passai vite outre cela !


Je la vis sortir et souris en rentrant par la suite, suivie de Gardevoir qui fit un hochement de tête.


Je ris légèrement en voyant les Evolis et ceux évolués, je les saluai de la main.


« Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi mais je suis heureuse de vous revoir en forme. »


Je tendis les mains en regardant Camille mimer.


« Je peux parler oui, mais je ne te promets pas de tout comprendre parfaitement non plus... Ne m'en veux pas. »


Je souris bêtement avant de rire légèrement.


« Ce matin, nous avons utilisé les transports en commun et une petite téléportation de ma Précieuse. Je ne te dérange pas j'espère ? D'ailleurs, j'ai eu du mal à rentrer, j'ai insisté mais je pense que la sécurité a eu pitié de moi... »


J'eus un petit soupir en regardant ailleurs avant de la regarder.

Je ne t’en veux pas, ne t’en fais pas. C’est incroyablement gentil de ta part d’avoir appris. C’est plus agréable de signer que d’écrire, les conversations sont… plus fluides. Camille signa lentement ce dernier mot. Il n’était pas courant et elle n’était pas sûre qu’Iris la comprenne.

Les gars de la sécurité ne font pas vraiment attention. Ils sont très gentils et je n’ai pas vraiment de groupie. Et personne ne sait que je suis là de toute façon. Je ne vais pas rester je pense. Dans ce théâtre je veux dire.

Camille s’assit dans le fauteuil en face d’Iris.

Tu ne me déranges jamais. Les gens viennent rarement me voir. Je crois parfois me faire des amis, mais c’est juste temporaire. Les gens semblent m’oublier immédiatement après. Mais ça me va. Je n’aime pas trop attirer l’attention sur moi.

Je souris en la regardant mais j'eus une petite grimace. Je n'avais pas compris...


« Ne m'en veux pas, Camille. Mais je n'ai pas compris le dernier mot... »


Je lui avais tendu mon téléphone pour qu'elle me mît le mot et j'eus une révélation.



« Oh d'accord ! Je retiens ! Merci ! »


Je la regardais mimer. J'eus une petite tristesse et demandai alors timidement.


« Alors... tu avais peur que je ne revienne pas ? Tu avais peur que j'aie dit des paroles en l'air quand je disais te revoir, t'apprécier et apprendre la langue des signes ? »


Je pris un petit air triste, je n'étais pas vexée, ses expériences passées étaient compréhensibles et quand cela ne faisait que vous arriver, vous pensiez que tout le monde était ainsi. Je n'allais rien dire, je mimai alors :


Je t'apprécie réellement, Camille.


Pour dire son prénom, j'avais mis ma main vers mes cheveux et la retournai.


« J'ai appris qu'un prénom était soit épelé lettre par lettre, soit un signe bien distinct et accordé par la personne visée. J'ai fait un retournement avec ma main pour faire référence à tes cheveux qui changent de couleur quand tu es magicienne. Tu es d'accord ou tu as d'autres idées ? »


Je lui souris tendrement.

Camille regarda Iris et réfléchit, portant sa main gauche au menton. Comment trouver une autre façon de le dire.

Comme l’eau dans la rivière. Nos discussions deviennent comme l’eau dans la rivière. Elle coule bien.

Camille prit le téléphone pour indiquer le mot fluide et le resigna.

Camille eut un air surpris et fit de grands gestes négatifs de la tête et des mains.

Ce n’est pas ça. Mais on se connaissait à peine et puis, je ne t’ai pas donné de nouvelles non plus. J’aurai tout à fait compris que tu es pu oublier la fille qui… est entrée… par effraction chez toi.

En signant ça, Camille se rendit compte qu’Iris avait vraiment bien pris la chose.

Je t’apprécie réellement aussi. Et ça me fait vraiment plaisir de te voir. Tu pourras voir le spectacle en plus. Je te mettrai dans la loge royale. Non. Ce n’est pas une bonne idée, tu ne verrais pas bien les tours. On voir mieux en face. Je te réserverai une place de choix. On te videra une baignoire rien que pour toi et tes Pokémons. Tu veux ?

La magicienne regarda le geste d’Iris et applaudit.

J’aime beaucoup. Tu peux m’appeler comme ça si tu veux. Ma famille m’a nommée autrement.

Elle signa les mots Fraise et Chocolat.

C’est à cause des glaces. Je prends toujours fraise vanille et chocolat. D’où mon nom de scène et ma tenue. C’est rigolo non ? Et toi, comme je peux t’appeler ?

Des idées vinrent immédiatement à Camille mais elle risquait de blesser son amie. La langue des signes est parfois franche mais la magicienne n’était pas certaine qu’appeler Iris la fille à roulette ou quelque chose dans le genre lui plaise.

Que dis tu de ça ? Jolis yeux. Ou alors. Fleur du soleil. La botanique n’était pas facile en mime.

Camille avait d’abord montré ses yeux d’une main avec l’index et le majeur et signé le mot beau. Puis elle avait signé le mot fleur et soleil. En référence aux iris des yeux puis à l’iris, la plante.

J'essayais de suivre, je clignai des yeux en la voyant s'exprimer.


« Camille, Camille ! Ralentis tes gestes, s'il te plaît, j'ai encore beaucoup de mal, je te l'avoue. J'ai lentement appris, enfin, je visionnais encore et encore plusieurs fois. Toi, tu ne vas pas te rembobiner. »


J'eus un petit rire gêné, je ne voulais pas vexer mon amie. Je mettais toujours une bonne dizaine de secondes sur les longues prises de geste à les comprendre.


« Oublier la fille qui... rentrait... dans maison ? »


Je réfléchissais et eus une illumination.


« Oh, tu fais référence à notre rencontre qui sort du lot ? C'est oublié ! »


Je frottais mon front en la regardant. Grand sourire pour bien montrer que je m'en moquais totalement désormais.


« Fraise et Chocolat... C'est ça ? Oui. C'est insolite et à la fois touchant, j'apprécie. Ta tenue te va très bien ! »


Je la voyais chercher et j'eus un sourire sincère en la voyant faire.


« J'aime beaucoup. Mais je sais bien que tu as dû penser à « roulettes » ou « fauteuil roulant », je connais pas les signes pour ces mots, mais si tu veux utiliser cela, je ne me vexerai pas. Je suis en fauteuil, ce serait mentir que de me vexer. »


Je souris tendrement en hochant la tête.


« Il faut que je voie ton spectacle ! J'espère que tu n'es pas en retard, Camille. »


J'allais voir un spectacle, et la petite fille qui était enfermée en moi ressortait !

Camille rougit violemment et s’excusa. Elle avait fait un effort au début mais à mesure qu’elle signait, ses gestes s’étaient accélérés avec le plaisir de la discussion. C’était tellement rare et ces derniers temps, les rares fois où ça arrivait, c’était avec ses parents en visioconférence et ils comprenaient très bien la langue des signes.

Désolé. C’est la joie de parler. Oui, je parlais de notre rencontre. Je peux répéter si tu veux. Ou alors repasser à l’écrit.

La jeune femme espérait sincèrement que la réponse d’Iris serait non. Elle voulait continuer de signer plutôt que d’écrire. Ça allait plus vite et c’était tellement plus agréable.

Oui, j’y ai pensais. Mais je préfère Jolis yeux. C’est moins brute. Plus doux.

Camille regarda l’heure et leva un sourcil.

On a largement le temps. Je ne dois me préparer que dans une heure. Tout a été installé avant que tu n’arrives. J’aurai juste besoin de m’habiller et de me remaquiller et ce sera bon. Tu vas découvrir mes nouveaux tours. C’est le premier spectacle de ma rentrée. Mais je pense que ce sera le dernier que je fais ici. Je vais partir faire autre chose ailleurs. J’ai envie de faire une grande tournée dans l’île. Et toi, qu’est-ce que tu deviens ?

Je souris, je savais qu'elle aimait mimer. Elle accepterait vraisemblablement d'écrire si je lui demandais mais non.


« Pas besoin mais ralentis. Il me faut encore du temps pour assimiler, ta famille et toi, c'est mécanique, naturel, logique, moi je dois encore penser comme « Alors ce signe c'est ça, et tu as enchaîné avec ça alors ça veut dire ça, etc... ». Tu comprends ? Mais continue de mimer. »


Et elle enchaîna encore une longue série de signes, mais était plus lente. Je la remerciais intérieurement.


« Heureusement que j'ai étudié aussi le langage des signes au niveau théâtral et spectacle car sinon je ne comprendrais pas... »


Je réfléchissais.


« Attends, encore. Désolée. Tu veux faire un grand quelque chose mais je ne comprends pas... »


Je me sentis mal en lui tendant mon téléphone encore. Et j'eus compris.


« Les vidéos et livres ne m'avaient pas appris ce terme... Enfin. »


Je haussai les épaules en riant légèrement.


« Quant à moi... J'ai ouvert ma pension à Windoria, je trouve que c'est un endroit stratégique car c'est un lieu de passage et un bon endroit touristique. Je suis loin de la pension de Yokoss donc nous ne nous faisons pas une compétition, et ce n'était nullement mon intention. Ma pension fait plusieurs kilomètres carré, car elle est constituée de dômes qui constituent un environnement naturel pour les pokémons de chaque type. Il faudrait que je t'invite à venir, pour y dormir déjà, et que tu visites par toi-même. J'ai eu plusieurs pokémons depuis qui sont tous des amours. J'ai... frôlé la mort, Lise Gray m'a visé avec un ultralaser qui m'a littéralement frôlée. Et... je crois que c'est tout... »


Je réfléchissais.

Camille avait bien fait attention à garder un rythme de signe lent. Mais certains mots sont difficiles à retenir, à apprendre ou n’existent simplement pas en langue des signes. Certains signes se retrouvent avec plusieurs significations ou alors on prend un autre signe proche et on le modifie pour l’occasion. Pas étonnant qu’Iris ne saisisse pas.

La magicienne lui écrit le mot en question, ainsi qu’une partie de ce qu’elle venait de dire pour que son amie comprenne.

Ses yeux s’illuminèrent quand Iris lui dit qu’elle venait d’ouvrir sa propre pension. Une fierté et une joie pour son amie. Pour Camille, Iris venait de réaliser son rêve. Elle ne pouvait concevoir que quelqu’un puisse monter un projet si ambitieux sans vraiment le vouloir du fond de son cœur.

Toutefois, ses yeux s’agrandirent à mesure qu’Iris décrivait sa pension. Plusieurs hectares de pension ? Sous des dômes ? Mais ça a du coûté horriblement cher et pour l’entretenir ça doit prendre un temps fou. Sans oublier le déplacement entre chaque biome pour aller voir les Pokémons. En fauteuil roulant ? Mais c’était de la folie inconcevable. Il faut des employés pour ça, et des clients. Quand Camille regarde certains de ses tours aujourd’hui, jamais elle n’aurait pensé les faire il y a un an. Elle n’aurait pas eu assez de public pour couvrir les frais de développement.

Mais ce fut surtout la fin de l’histoire d’Iris qui finit d’achever Camille. Elle porta les mains à la bouche avec de grands yeux de stupeur.

Mais pourquoi elle a fait ça ? Elle est complètement folle ? Mais il faut l’arrêter.

Après un moment, Camille s’était un peu calmée.

Windoria tu as dit? Tu as peut-être croisé la championne locale. Ou peut-être pas. Son copain dit qu’elle n’aime pas les gens. Moi, elle me fait peur. Mais une pension près de sa réserve, ça fait double emploie non ? Et puis, c’est une énorme structure. D’où est-ce que tu sors cet argent ? Et combien de personnes tu emploies ?

Je secouai la tête, cette histoire avec Lise m'était passée.


« Elle est... peut-être pas folle. Mais cela m'a réveillée. Je suis davantage réfléchie, je pense. Et j'ai rencontré Capucine, oui. Elle n'est pas agréable oui... »


Je soupirai légèrement.


« Je l'ai suivie comme un toutou, elle esquivait mes questions ou répondait froidement. Elle s'est intéressée à un moment mais je pense plus qu'elle a fait ça par principe que par sincérité. Peut-être me trompe-je... »


Je haussai les épaules.


« Dans tous les cas, elle sous-entendait que j'avais détruit le lieu naturel des pokémons, mais c'est faux. J'ai construit ma pension justement là où il n'y avait RIEN. Et rassembler des pokémons les ramènent en harmonie pour mieux les protéger et les chouchouter. Il y a des querelles, bien évidemment. Mais c'est facilement gérable et géré. Mes pokémons m'aident tout le temps. »


Je regardai Précieuse qui hocha la tête.


« Mes parents gagnent très bien leur vie. Je suis... une sorte de noble, ma famille n'est pas connue mais je ne suis pas du tout dépensière. Toutes les technologies récentes, je ne m'y intéresse pas. Je n'achète que pour vivre. Alors le reste, restait dans mon compte. Mes parents continuent de m'envoyer une bonne partie d'argent chaque mois. J'ai économisé depuis que je suis petite, sans réellement avoir d'objectif avec. Et la quasi-totalité d'argent est partie dans cette pension. Les verres des dômes sont renforcés pour résister aux attaques et aux différentes températures, le dôme de glace résiste au froid et tu ne peux pas le briser. Bon sauf si vraiment tu veux le faire, mais tu m'auras comprise. »


J'eus un petit rire.


« Je n'ai pas rencontré son copain. Je ne savais même pas qu'elle était en couple. Peut-être devrais-je le rencontrer aussi... »

Pas folle ? Elle t’a tiré dessus avec une attaque qui n’aurait rien laissé à ta famille. Elle doit avoir une bonne raison pour faire ça. On n’agresse pas les gens comme ça. Et je ne t’imagine pas lui dire quelque chose de méchant ou d’agressif. Il y a d’autres moyens de réveiller les gens.

Camille avait signé tout ça rapidement, pleine de colère avant de signer de nouveau, plus lentement et en geste plus simple pour que son amie comprenne toute son indignation.

La magicienne ne fit pas vraiment attention à ce que disait Iris concernant Capucine. Elle était trop énervée contre Lise et de toute façon, elle n’aurait pas grand-chose à dire de plus sur la championne de Glace, ne la connaissant pas vraiment.

Elle essaya de se calmer en imaginant la pension d’Iris. Elle essaya de s’imaginer un espace où il n’y avait rien au départ. Mais elle ne connaissait pas trop la région de Windoria ni vraiment les constructions et ce genre de chose ; Capucine devait savoir ce qu’elle faisait. La magicienne avait lu que la championne s’intéressait beaucoup au bien-être des Pokémons.

Je ne connais pas les pensions assez pour être sûre de ce que je dirais. Mais si tu t’en sors c’est tant mieux pour toi. J’ignorais que tu étais si riche. Ni que tu été de famille noble. Je dois avouer que je suis assez dépensière. Pas pour les choses inutiles, quoi que j’aime beaucoup la mode et aime bien avoir le choix dans mes tenues. Mais c’est surtout pour mes spectacles. Plein d’accessoire, de matériel pour mes tours. Certains de mes tours ne fonctionnent pas du premier coup, certains ne fonctionnent pas du tout.

Signant lentement pour que son amie comprenne.

Son copain est tellement gentil. C’est incompréhensible. Elle est super méchante alors que lui est gentil.

Camille regarda ses Pokémons.

J’y pense, tu ne connais pas tous mes Pokémons. J’ai plein de nouveau compagnon.

Elle prit son téléphone et écrit les noms de son équipe.

Milo, Enya, Furo, Nami et Rico. Elle montra d’abord deux Evoli puis un Evoli blanc, un aquali et un voltali. Elle lui présenta aussi un œuf.

Puis elle recommença à signer. Je commence à en avoir beaucoup et ça comence à être un peu le désordre. Pour les spectacles aussi. Je ne peux pas tous les mettre en scène et le dressage est difficile.

Je souris de manière gênée, cela me touchait qu'elle prenait autant à cœur cette histoire. Je caressai le bas de ma robe en hochant la tête, et elle pouvait continuellement voir que mes yeux essayaient de comprendre ses signes. Mais je comprenais ! C'était toujours difficile mais compréhensible.


« Je ne sais rien de son copain. Mais je te crois, je verrai si un jour, je le rencontrerai. »


Je tournai le regard vers ses pokémons et souris.


« Quels sont ceux qui avaient osé s'introduire par effraction chez moi ? »


Dis-je en riant légèrement, tendant ma main humaine pour les caresser s'ils venaient. Gardevoir semblait plus... apathique, plus froide, plus en retrait. Elle regardait juste ce qui se passait sans rien faire de plus.


« J'ai eu d'autres pokémons. Il faudrait que tu viennes voir ma pension pour rencontrer les miens aussi. Je n'ai malheureusement pas d'Evoli. Mais si j'en avais un, j'aimerais avoir un Mentali j'imagine... même si ses autres formes sont belles aussi. »


Oui, c'était un pokémon adorable naturellement.

Tu vas voir. Il est adorable. Super gentil, touchant et plutôt joli. C’est le jour et la nuit. Les opposés s’attirent on dirait bien. Si c’est vrai, tu crois que mon copain sera gentil ou méchant ? J’aimerai bien qu’il soit gentil, mais je n’aime pas l’idée que je sois méchante. Est-ce que je suis méchante ? [/b]

Elle signait lentement pour que son amie comprenne facilement.

A la demande d’Iris, Camille regarda ses Pokémons puis jeta un regard narquois à Iris.

Ne t’attends pas à ce que je dénonce mes propres Pokémons. Tu n’as aucune preuve. Ils sont tous innocents. D’ailleurs, je ne vois pas de quoi tu parles.

Camille fit mine de réfléchir, un doigt sur le menton, les yeux levés au ciel.

Est-ce que tu pourrais être plus spécifique ? Tu parles de quelle effraction ? On fait des roulements, pour éviter d’être trop nombreux chez toi.

Elle fit un clin d’œil pour appuyer sa blague.

Je ne me suis pas posée la question. Je pense qu’un Mentali serait pratique mais je crains que certaines personnes pensent que tous mes tours ne tournent qu’autour de ses pouvoirs psychiques. Alors que non. Mais pour l’instant je n’en ai pas. Je remarque aussi que tu as beaucoup de Pokémons Psy. On pourrait te prendre pour une championne.

Je hochai la tête car je comprenais, et même si un signe n'était pas clair, la phrase au complet me faisait comprendre le signe manquant.


Je souris en la regardant et eus un plus petit sourire à la mention du titre de championne.


« Oh tu sais, Camille, j'étais à deux doigts de l'être. Je suis allée voir Auguste, l'ancien champion, enfin, quand il avait arrêté ce titre, pour lui demander des conseils. Et je partais mal, je l'avais compris. Il a essayé d'être gentil avec moi et je le remercie mais j'avais compris que j'avais un long chemin à faire. Alors j'ai toutes les qualifications pour être championne, les papiers nécessaires, mais il a repris sa place. Le problème étant qu'il fait partie du top 10 voire top 3 des meilleurs dresseurs de Lumiris alors je n'aurai pas la prétention de l'affronter pour prendre sa place. Et puis... je ne suis pas ainsi. Je prendrai cette place quand elle sera disponible. »


J'eus un petit rire gêné.


« J'aurais aimé l'être, montrer qu'une femme handicapée peut devenir championne. Je n'allais pas être tyrannique, et de toute façon, rares sont ceux qui le sont, mais j'aurais aimé, crois-moi... »


J'eus un air mélancolique, nostalgique, triste... mais je repris un sourire.


« Mais j'aurais aimé un Mentali, ce serait parfait ! Il est magnifique. »


Je souris davantage en tapotant dans mes mains de joie.


Gardevoir repérait en attendant les deux Evolis qui s'étaient introduis chez moi, à Kishika. Mais elle ne fit rien de plus physiquement.

La magicienne écouta attentivement son ami lui raconter sa tentative retardée pour devenir championne Psy. Elle fronça les sourcils et réfléchit un petit moment de ce qu’elle comprit et connaissait du monde des champions d’arène.

Tu pourrais ne jamais l’avoir. Je ne suis pas spécialiste, je ne sais pas comment fonctionne les arènes vraiment. Mais… c’est ce qu’on est sensé faire. Prendre la place des autres quand on est meilleur. Je suis sûr qu’Auguste comprendrait et s’il veut vraiment sa place, il reviendra plus fort. C’est comme dans un concours. Si je perds, et bien je m’entraine pour réussir la prochaine fois.

Elle réfléchit un instant supplémentaire.

Imagine qu’il y ait déjà eu une pension à Windoria. Imagine que Capucine dans sa forêt avait aussi une pension. Tu n’aurais pas fait la tienne ?

Même sans être une personne de confrontation, Camille savait qu’on ne pouvait pas se contenter de prendre les places libres. Dans le spectacle, avoir la tête d’affiche voulait dire que quelqu’un d’autre ne l’aurait pas. Et si Camille aimait la magie, ça lui permettait aussi d’être dans un domaine avec peu de compétition. Mais finalement, elle avait tout de même compris que les places étaient limitées et qu’elle en occupait une même en dehors de son domaine.

On prend toujours la place de quelqu’un. Si tu veux, on peut s’entrainer ensemble. Je ne suis pas une combattante, mais j’ai des Evolis qui rêve de se battre. Rico, Faro, peut-être Nami. Mais ils devront se débrouiller car je ne peux pas leur donner d’ordres.

Je baissai la tête, Camille avait raison. Je relevai alors la tête dans un petit sourire un peu crédule.


« Je sais... Mais même en étant optimiste, je ne pourrai pas le battre pour le moment. Mais j'irai l'affronter et j'espère que notre combat sera mémorable. C'est un rêve bien bête... »


Je ris légèrement en regardant ailleurs. Rêveuse avant de me retourner vers elle. J'eus un nouveau sourire crédule.


« J'habitais à Kishika, avant, Camille. Et je suis partie installer ma pension ailleurs car il y avait celle de Yokoss. Nous aurions pu avoir un partenariat, ou quelque chose de similaire car il est hors de question qu'il y ait une concurrence quand le bien-être des pokémons est en jeu. Mais si Capucine avait une pension, je serais allée ailleurs. En soi, elle l'est, envers les pokémons Glace... Mais bon. »


Je haussai les épaules.


« Je suis quelqu'un de gentil, Camille. Et Auguste mérite amplement sa place, mais un jour, j'irai le voir. Pour son badge ? Le détrôner ? Je ne sais pas. Je te tiendrai au courant... »


Je souris sincèrement.


« Je t'inviterai chez moi, ça te va ? »


Je voulais assurément qu'elle vît ma pension.

Camille écouta Iris et Milo vint s’installait sur ses genoux et elle le caressa distraitement.

Ce n’est pas plus bête qu’un autre rêve. Comme celui de devenir une coordinatrice célèbre et la plus grande magicienne du monde. Si tu veux des rêves bêtes, j’en ai plein. Avoir un instrument bleu, un vert, avoir un violon. Avoir autant d’Evoli que possible. Voilà des rêves un peu bêtes. Être championne n’est pas bête.

Camille haussa les épaules. Le monde est injuste. Il mérite sa place, mais peut-être que tu la mérites plus que lui. Peut-être qu’il y a un autre artiste sur l’île qui mériterait sa place dans un théâtre mais qui était moins bon que moi et donc n’arrive pas à percer. Être gentil, c’est bien, mais pas quand ça empêche d’être heureux et de réaliser ses rêves.

La magicienne rougit légèrement. Désolé. Je ne suis pas quelqu’un de méchant. Mais quand il s’agit du spectacle, je peux être sans pitié. Ce rêve me tient tellement à cœur que je ne veux laisser ma place à personne. Je suis prête à tout pour y arriver.

J’aimerai vraiment visiter ta pension. Peut-être que je pourrais t’aider aussi. Ça serait amusant non ?

Camille regarda sa montre. C’est bientôt l’heure de mon spectacle. Tu veux m’aider à me préparer ? J’avais commencé à me démaquiller parce que j’avais une course à faire. Mais tu as été une bien meilleure surprise. Mais du coup, il faut que je me reprépare. Et tu vas pouvoir assister à un spectacle unique.

« Je te comprends... Je devrais viser plus haut, assurément. Je devrais me faire la promesse d'affronter Auguste et le détrôner mais pour le moment je vais attendre. Je vais rendre mes pokémons plus forts, et quand je serai prête, assurément, j'irai. Je te tiendrai informée. Je me dis que si j'y vais d'abord pour le badge, il peut se montrer plus... ouvert que si j'arrivais pour le détrôner. Tu vois ? »


Je soupirai légèrement avant de la regarder, je regardai l'heure aussi sur mon téléphone.


« Oh ? Eh bien je vais t'aider comme je peux. Il n'y a pas de souci. »


Quel plaisir et quelle petite fierté de se dire que j'avais aidé la grande Camille Gutenberg. J'eus un petit sourire. Et j'étais aussi contente qu'elle précisât qu'elle m'avait trouvée et que c'était une bonne chose. Ce genre de petits détails qui démontraient que nous étions de bonnes amies. Mais je n'allais pas le relever.


« Que dois-je faire ? »


Maquillage ? Brossage de cheveux ? Donner un avis ? Je ne savais pas mais j'attendais sa réponse avec grand plaisir. J'avais appris aussi la langue des signes du côté maquillage et mise en beauté.

Camille hocha la tête. La préparation était aussi importante que les objectifs. Cela ne servait à rien de vouloir viser la lune si on n’a pas une bonne fusée pour décoller, ni rien pour atterrir et repartir. C’était contre-productif et même dangereux. Pour un spectacle, il fallait parfaitement maîtriser son affaire, alors pour devenir champion, il fallait au moins être puissant et bien connaitre ses Pokémons, ses forces et ses faiblesses.

C’est important de ne pas faire n’importe quoi. Surtout quand on risque de blesser ses Pokémons. Et puis, il faut que ce soit un plaisir. Je ne veux pas te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas. Je n’y connais rien en arène ni en combat. J’ai l’impression d’insister, mais c’est parce que je tiens à toi et je ne veux pas que tu laisses tomber tes rêves.

Avec l’assentiment d’Iris pour se préparer, Camille bondit sur ses pieds. Elle fit signe à son amie de la suivre et se dirigea vers la table à maquillage.

Tu m’as surprise sous la douche, du coup, je ne me suis pas brossée les cheveux, ils vont certainement être emmêlée. Veux-tu me les brosser pendant que je prépare mon maquillage ?

La muette avait encore des traces de colorations dans les cheveux, et parmi ses mèches noires, des mèches roses et marron faisaient leur apparition. L’ensemble aurait pû être joli si cela avait été fait intentionnellement, mais ce n’était pas le cas. Le résultat était au mieux étrange, mais plutôt horrible. Comme si ses cheveux avaient vomi dans des couleurs étranges.

Camille s’assit et se rendit compte d’une chose. Tant qu’elle n’avait pas coloré ses cheveux, elle ne pouvait rien faire d’autres. Pas de maquillage, pas de vêtements. Rien. Juste attendre. Elle se sentit gênée.

En fait, je me rends compte que je n’ai pas besoin d’aide. Que je ne sais pas comment tu peux m’aider. Si tu me brosses les cheveux, je me retrouve à ne rien faire, parce que je dois me les teindre avec de faire autre chose. Et je ne voudrai pas que tu fasses… la servant.

Camille rougit violemment à cette idée.

Il était vrai qu'elle semblait prendre une douche. Je n'avais pas anticipé cette petite idée. Dans tous les cas, quand elle me parla de brosser ses cheveux, je me permis de prendre la brosse adéquate avant de m'approcher d'elle, je secouai la tête.


« Que la grande Camille Gutenberg que je connais personnellement et secrètement, se repose avant son spectacle. Ton énergie, tu dois la dépenser pour eux, prends du bon temps. »


Je lui souris avant de prendre ses cheveux et commencer à les brosser agréablement et tendrement. Ayant l'habitude de traiter mes cheveux avec tendresse, je savais y faire. D'ailleurs je sortis un petit vaporisateur afin d'en asperger les cheveux de mon amie et brosser par dessus.


« Ça va nourrir ton cheveu, il sera agréable, doux et brillant sans paraître faux. J'espère que ça aidera. »


J'eus un petit rire.


« Cela ne me gêne pas de m'occuper de tes cheveux, surtout pour un événement aussi important. Enfin, tu dois avoir l'habitude de faire des spectacles mais moi je suis heureuse de t'aider car tu une amie chère. Tu m'as vue évoluer et grandir, enfin, nous ne nous sommes pas vues énormément mais j'espère que tu me comprendras... »


Dis-je avec un air presque mélancolique.

Les gestes d’Iris étaient doux et c’était agréable de se faire brosser les cheveux. La gêne de Camille s’accentua avec la blague de son amie, mais cette gêne disparut rapidement avec le massage régulier que lui prodiguait Iris. La magicienne le fit durer un peu plus longtemps que nécessaire tant elle apprécia, fermant un bref instant les yeux.

Mais toute bonne chose a une fin. Avoir les cheveux parfaitement brossés n’était pas nécessaire. Il fallait juste qu’ils soient démêlés pour pouvoir être teint correctement. La jeune femme fit un signe à son amie, pour qu’elle arrête son traitement et lui demandant d’un autre geste d’attendre. Elle disparu dans la petite salle de bain, d’où provint par intermittence, un bruit d’écoulement d’eau.

Elle ressortit après une dizaine de minutes, les cheveux parfaitement teints, de rose et de marron. Le mélange avec ses yeux verts était étrange. Camille ressemblait à Camille sans vraiment y ressembler. Son regard émeraude donnait une identité à son visage. Cela d’une jeune fille souriante et bienveillante, mais ses cheveux bicolores en donnaient une autre, celle d’une jeune fille un peu bizarre, avec des goûts étranges, peut-être une passion pour les rites bizarres et la scarification, les mangas pour fille louches. Pour ceux qui connaissait Camille en civil et magicienne, il était compliqué de définir qui elle était à cet instant. Rien de surnaturelle. La jeune femme avait tellement travaillé son image, afin de garder son anonymat, que ces deux identités se dissociaient profondément.

Elle se dirigea vers un valet de chambre auquel était suspendu sa tenue de spectacle. Elle se saisit de son corset et de son pantalon, et disparut de nouveau dans la salle de bain. Quelques secondes plus tard, la magicienne revint avec un sourire. Elle était habillée, mais juste de son pantalon et de son corset, laissant ses épaules à nues.

Désolé, je ne devrais plus disparaitre maintenant. Signa-t-elle.

Elle prit sa veste, et l’enfila, dissimulant le haut de son corps, son décolleté en partie et sa poitrine. Elle fit un geste des bras en arrière pour bien faire descendre le dos et rajusta le col. Elle s’assit, pour mettre des chaussettes puis enfiler ses bottes. Elle referma chaque bouton, l’un après l’autre puis se leva d’un bond. Elle tourna sur elle-même.

Tu en penses quoi ?Elle tourna de nouveau. Plus qu’une petite touche de maquillage.

Elle noua ses cheveux puis se maquilla brièvement. Fond de teint, un de maquillage sous les yeux et ce fut tout. Elle se redressa et tapa dans ses mains. Immédiatement, les Evolis se rassemblèrent autour d’elle, comme s’ils avaient attendu le signal depuis longtemps.

Nous sommes prêts et dans les temps.

Je hochai la tête quand elle me fit signe de s'éclipser. J'attendis alors sagement, Gardevoir toujours à mes côtés. Je voyais les changements petit à petit quand elle sortit pour x ou y raison. J'attendis impatiemment.

Quand elle revint et me signa, je ris légèrement.

« Tu fais ton nécessaire, je ne vais pas t'en vouloir. »

Je la vis finir de s'habiller et hochai la tête.

« Parfait, tu as fini. Enfin, ne m'implique pas, je ne suis qu'une spectatrice chanceuse d'être dans les coulisses d'une star. »

Dis-je avec un clin d'oeil. Les deux personnes étaient tellement différentes, je voulais dire, je savais qui c'était mais en trente minutes, même pas, c'était une autre personne. Elle gardait ainsi son anonymat. C'était admiratif.

« Tes Evolis sont réactifs et bien éduqués... Bref, je ne suis pas là pour juger cela. Je suis là pour apprécier un spectacle, celui d'une magicienne. »

Je fis un clin d'oeil.

« Je vais dans le public, je te revois après, j'espère, tu réussiras à me retrouver, et j'espère qu'on se reverra. Non mais. »

Dis-je pour rire un coup avant de partir en faisant un signe de la main. Je mimai un « Bonne chance » avant d'aller dans le public, gardant le secret de connaître la personne.